4. La taxation des émissions de CO2 doit être coordonnée à l'échelle internationale
Si un
pays décide de
manière isolée
l'introduction d'une
taxe sur le CO
2
compensée par la baisse d'autres
prélèvements, il modifie la
compétitivité
de
ses secteurs exportateurs
31(
*
)
:
- d'un côté la compétitivité-prix des branches
intensives en énergie (industrie lourde, transports internationaux) est
détériorée ;
- de l'autre, la compétitivité-prix des activités peu
intensives en énergie est accrue.
La résultante de ces deux effets est incertaine, mais probablement
défavorable. En effet, les pertes de compétitivité sont
concentrées
sur certains secteurs, où elles exercent un
impact suffisamment sensible pour conduire à des délocalisations
d'activités, tandis que les gains de compétitivité sont
plus diffus, et dans l'ensemble modestes, de sorte que leur impact est
réduit.
La plupart des modèles suggèrent ainsi que les effets de
l'introduction d'une taxe sur les émissions de CO
2
sont moins
favorables lorsque cette taxe est mise en oeuvre de manière
isolée, que lorsque la réforme fiscale est coordonnée dans
un ensemble de pays interdépendants.
L'introduction d'une taxe sur le CO
2
dans la France seule pourrait
ainsi y freiner la croissance, dans des proportions toutefois très
modestes, comme l'illustrent les simulations ci-dessous.
SIMULATION À L'AIDE DES MODÈLES HERMÈS
ET
MIDAS
|
||
|
Mesure mise en oeuvre en France seule |
Mesure mise en oeuvre à l'échelle européenne européens |
|
Résultats pour la France |
|
P.I.B. |
- 0,03 |
0,18 |
Emploi (milliers) |
+ 89 |
+ 116 |
Solde budgétaire (en % du P.I.B.) |
- 0,05 |
+ 0,36 |
Solde commercial (en % du P.I.B.) |
0,39 |
0,40 |
Cela
explique que, parmi les pays de l'OCDE, seuls le Danemark, la Finlande, les
Pays-Bas, la Norvège et la Suède aient adopté des taxes
sur l'énergie ou le CO
2
explicitement destinées
à réduire les émissions de CO
2
32(
*
)
. En outre, ces systèmes de
taxes comportent de nombreuses
exemptions
ou modérations de taux,
concernant notamment l'électricité, les industries lourdes et les
entreprises qui sont fortement utilisatrices d'énergie et/ou qui sont
exposées à la concurrence internationale, ce qui en réduit
d'ailleurs l'efficacité pour la maîtrise des émissions de
CO
2
.
L'instauration d'une taxe sur les émissions de CO
2
doit donc
s'effectuer dans la mesure du possible de manière
coordonnée
à l'échelle internationale.
La plupart des simulations macroéconométriques suggèrent
à cet égard que l'
Union européenne
pourrait
constituer une échelle suffisante, sous réserve d'exemptions
spécifiques à certaines activités très intensives
en énergie et exposées à la concurrence des autres pays
industrialisés.
En effet, l'Union européenne constitue à la fois une zone
suffisamment fermée pour que l'impact macroéconomique des
variations de compétitivité vis-à-vis du reste du monde
soit relativement faible, et une zone suffisamment intégrée pour
que la redistribution du produit de l'écotaxe sous la forme d'une baisse
des charges sociales exerce un effet d'entraînement mutuel sur la
croissance et l'emploi dans les pays membres.