3. Comment répartir les efforts entre les pays ?
Il est
difficile de définir un critère optimal pour la
répartition des efforts de maîtrise des émissions entre
pays.
Le critère
a priori
le plus conforme à
l'équité consisterait à partager un plafond
d'émissions mondial
au prorata
de la
population
des pays.
La mise en oeuvre de ce critère n'est toutefois par aussi simple qu'il
n'y paraît : faut-il par exemple accroître les quotas des pays
démographiquement dynamiques, au détriment de ceux qui
maîtrisent la fécondité de leur population ?
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EXEMPLES DE RÈGLES D'ALLOCATION DES QUOTAS À
L'ÉCHELLE INTERNATIONALE
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Règle |
Avantages |
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1. |
Droits acquis . Quotas alloués d'après les parts d'émissions des pays/régions dans une année donnée. |
Relativement facile à définir et à mesurer. |
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2. |
Règle égalitaire . Quotas alloués à proportion du poids démographique de chaque pays/région dans une année donnée. |
Facile à mesurer et conforme au principe de l'égalité des droits en matière d'utilisation de l'atmosphère. |
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3. |
Règle d' efficience . Quotas alloués à proportion de l'inverse de l'intensité de carbone relative des pays/régions, mesurée par le ratio des émissions de C0 2 au PIB, pondérée en fonction de la population. |
Avantage les pays qui utilisent des sources d'énergie plus efficientes émettant moins de carbone. |
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4. |
Règle redistributive . Quotas alloués en proportion inverse du PIB par habitant du pays/de la région, pondéré en fonction de la population. |
Avantage
les pays pauvres en engendrant un flux positif de
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5. |
Règle d' équité et d' efficience . Quotas alloués en proportion inverse de la consommation de combustibles fossiles par habitant d'un pays/d'une région. |
Tend à avantager les pays en développement démunis et les pays qui favorisent les sources d'énergie exemptes de carbone et l'utilisation rationnelle de l'énergie. |
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RÉPARTITION INITIALE DES QUOTAS
50(
*
)
SUIVANT DIFFÉRENTES
RÈGLES D'ALLOCATION (EN % DU TOTAL)
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Droits acquis |
Critère égalitaire |
Efficience |
Critère redistributif |
Équité |
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États-Unis |
27.1 |
7.9 |
15.4 |
0.2 |
1.9 |
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Japon |
6.8 |
3.9 |
11.0 |
0.2 |
4.0 |
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Communauté européenne |
16.6 |
10.2 |
19.8 |
0.7 |
4.1 |
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Autres pays de l'OCDE (1) |
6.0 |
4.0 |
7.7 |
0.3 |
4.5 |
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Chine |
12.2 |
35.1 |
18.2 |
42.0 |
20.6 |
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Ex-Union soviétique |
20.9 |
9.1 |
2.7 |
2.8 |
2.3 |
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Inde |
3.0 |
26.1 |
23.8 |
52.7 |
59.2 |
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Europe de l'Est |
7.3 |
3.8 |
1.5 |
1.1 |
3.5 |
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(1) À l'exclusion du Mexique. |
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SIMULATION DES TRANSFERTS FINANCIERS INDUITS EN 2050 ENTRE
GRANDES ZONES PAR LE CHOIX D'UNE RÈGLE D'ALLOCATION
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Région |
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Règle d'allocation des quotas |
OCDE |
Ex-Union soviétique et Europe de l'Est |
Chine et Inde |
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Droits acquis |
14 |
22 |
-36 |
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Critère égalitaire |
-90 |
-29 |
119 |
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Efficience |
5 |
-57 |
52 |
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Critère redistributif |
-176 |
-58 |
234 |
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Équité |
-130 |
-52 |
182 |
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Source OCDE. |
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Les simulations ci-dessus suggèrent que l'allocation des quotas nationaux sur la base de l'égalité " pure " (au prorata du nombre d'habitants), se traduirait par des transferts au profit des pays en développement, dont le montant serait plusieurs fois supérieur au montant actuel de l'ensemble de l'aide au développement. |
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En
outre, ce critère ne tient compte ni des
responsabilités
historiques en matière de changement climatique, ni des
capacités
technologiques ou financières des
différents États, ni de ce que les
effets
du changement
climatique sont très différenciés, (certains pays froids
en seraient peut-être même bénéficiaires).
Enfin, la répartition des efforts selon un critère
égalitaire se traduirait par des
transferts
au profit des pays en
développement, dont le montant total pourrait être
supérieur au niveau actuel de l'aide au développement et
équivalent aux transferts induits par les chocs pétroliers au
profit des pays de l'OPEP, ce qui ne paraît par de nature à
réunir l'
adhésion
des pays industrialisés.
Ces problèmes d'équité entraînent le risque de
comportements de "
passagers clandestins
" : quel que
soit le critère retenu, à défaut d'autorité
coercitive à l'échelle internationale, certains pays refuseront
de s'associer aux efforts collectifs de maîtrise des émissions ou
auront la tentation de s'affranchir de leurs obligations, tout en
espérant bénéficier des efforts consentis par les autres.