2. Rétablir la notion de maîtrise de l'énergie
A long
terme, la maîtrise des émissions de gaz à effet de serre
passe par le
renouveau
des politiques publiques de maîtrise de
l'énergie. Très prégnante dès la fin des
années 1970, la notion "
d'économie
d'énergie
" s'est en effet progressivement estompée au
cours des dix dernières années, en raison de la baisse des prix
de l'énergie, mais aussi de la contraction des moyens spécifiques
dévolus à l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de
l'énergie (ADEME
)
.
La réduction, après le premier choc pétrolier, des moyens
publics affectés à la maîtrise de l'énergie, n'est
pas propre à la France, mais elle y a pris une ampleur
particulière.
Alors que l'ADEME
104(
*
)
avait
fait la preuve de sa capacité à agir efficacement sur les
comportements, les
crédits
d'intervention
en faveur de la
maîtrise de l'énergie ont ainsi été
divisés par 40
entre 1983 et 1993. En outre, l'ADEME a dû
mettre en oeuvre en 1987 un
plan social
qui a réduit ses
effectifs de 30 %, puis en 1991 une fusion avec l'Agence nationale pour la
récupération et l'élimination des déchets et avec
l'Agence pour la qualité de l'air, qui s'est traduite par un
transfert
massif de personnels et de compétences de la
maîtrise de l'énergie vers la protection de l'environnement. Le
rapport du Comité interministériel de l'évaluation des
politiques publiques relatif à la maîtrise de
l'énergie
105(
*
)
soulignait ainsi que la stabilité des missions et des moyens
indispensables à l'ADEME pour constituer des équipes capables
d'animer les politiques d'aide à la R&D et la diffusion des
technologies les plus efficientes, ne lui avait jamais été
accordée jusqu'ici.
Par ailleurs, la contraction des moyens publics consacrés à la
maîtrise de l'énergie s'est prolongée plus longtemps en
France que dans les autres pays industrialisés, notamment aux
Etats-Unis, où les efforts publics de R&D en matière
d'économie d'énergie ont réaugmenté dés la
fin des années 1980.
Au total, la Commission d'enquête du Sénat relative à la
politique énergétique de la France
106(
*
)
concluait ainsi à la
nécessité de
conforter
l'ADEME dans ses
missions
de
maîtrise de l'énergie et de
renforcer
les
moyens
budgétaires consacrés à la maîtrise de
l'énergie. Votre rapporteur ne peut donc que se féliciter des
inflexions
récentes en ce sens, qu'il conviendrait de prolonger.
Mais la
légitimité
des politiques publiques de
maîtrise de l'énergie doit également être
repensée
. En effet, ces politiques ne peuvent plus, comme par le
passé, reposer sur l'ambition de réduire notre dépendance
et notre facture énergétiques. La maîtrise de
l'énergie doit être
refondée
à partir du
principe de précaution
, qui nous invite à réduire
nos émissions de gaz à effet de serre pour freiner le changement
climatique, d'une part ; à économiser les énergies
fossiles et à diversifier notre approvisionnement pour réduire la
vulnérabilité énergétique de l'humanité,
d'autre part.
Il conviendrait aussi de réorienter les efforts publics de R&D vers
le développement des énergies d'avenir pauvres en CO
2
(comme la pile à combustibles), et surtout vers la maîtrise de
l'énergie, au détriment de l'amélioration des techniques
d'exploitation des énergies fossiles non renouvelables et riches en
CO
2
107(
*
)
.
LES
DÉPENSES D'INTERVENTION ET DE R&D
|
||||
Années |
Intervention |
Recherche |
Total |
|
1974 |
0 |
0 |
0 |
|
1975 |
132 |
0 |
132 |
|
1976 |
473 |
0 |
473 |
|
1977 |
447 |
0 |
447 |
|
1978 |
494 |
0 |
494 |
|
1979 |
1 541 |
202 |
1 743 |
|
1980 |
1 378 |
257 |
1 635 |
|
1981 |
1 255 |
308 |
1 563 |
|
1982 |
1 100 |
318 |
1 418 |
|
1983 |
2 760 |
469 |
3 229 |
|
1984 |
3 128 |
374 |
3 502 |
|
1985 |
1 637 |
358 |
3 995 |
|
1986 |
963 |
289 |
1 252 |
|
1987 |
639 |
195 |
834 |
|
1988 |
410 |
172 |
582 |
|
1989 |
348 |
158 |
506 |
|
1990 |
446 |
218 |
664 |
|
1991 |
397 |
173 |
573 |
|
1992 |
372 |
198 |
570 |
|
1993 |
194 |
193 |
387 |
|
1995 |
150 |
120 |
271 |
|
1996 |
150 |
120 |
270 |
|
1997 |
75 |
120 |
195 |
|
1998 |
75 |
120 |
195 |
|
1999 |
400 |
200 |
600 |