III. UNE INDUSTRIE EXIGEANTE
Le moins
qu'on puisse en dire est que l'industrie aéronautique commerciale est un
secteur exigeant, ce dont rend compte le qualificatif employé à
son sujet aux Etats-Unis de « sporty business ».
Le taux de mortalité des entreprises en témoigne ainsi d'ailleurs
que la prééminence sur ce marché de deux entités
seulement : Airbus et Boeing.
Ce duopole, certes imparfait et incomplet, a été engendré
par la nature même et les caractéristiques de cette
activité industrielle. Celles-ci posent à l'évidence la
question de la perpétuation d'un duopole d'autant que celui-ci reste
très déséquilibré.
A. LES CYCLES DU MARCHE DES APPAREILS COMMERCIAUX
Le
chiffre d'affaires des industriels du secteur dépend des commandes des
compagnes aériennes et aussi, de plus en plus, des entreprises de
leasing
. La demande de ces entreprises dépend de leurs situations
financières respectives, elles-mêmes très liées
à l'état de la croissance économique qui est cyclique.
Certes, d'autres facteurs plus structurels sont susceptibles de jouer -comme
l'ancienneté de la flotte installée ou les changements de
réglementation-, mais l'alternance de phases d'expansion et de
dépression demeure la règle.
Commandes : évolution 1989-1997
Le
graphique ci-dessus illustre l'ampleur des retournements. Même si les
excès de 1988-1989 semblent avoir été corrigés au
cours de la récente reprise et si le graphique ci-après
démontre que les fluctuations sont moins grandes pour les livraisons,
les mouvements du marché restent un défi permanent pour les
industriels.
Cette réalité s'inscrit dans les subtilités des contrats
aéronautiques faits de commandes, d'options plus ou moins fermes, de
conversions en cours des contrats vers des appareils différents par leur
nature ou encore d'engagements de reprises d'appareils.
Le caractère cyclique du marché des appareils commerciaux suscite
deux difficultés majeures pour les industriels.
D'une part, la lisibilité des industriels est réduite ce dont ont
suffisamment rendu compte les développements consacrés aux
perspectives du marché à moyen terme.
D'autre part, il est susceptible d'exister en permanence un effet de ciseau
entre les coûts supportés par les industriels et leurs revenus,
ceux-ci venant généralement à fléchir à
l'instant même où les charges sont à leur plus haut.