3. Que penser de cet accord ?
Le
volet financier du rapprochement doit être apprécié en
gardant à l'esprit que les problèmes soulevés par
l'évaluation des entreprises sont à ce point complexes qu'une
part d'incertitude subsiste toujours, inévitablement
. Il faut donc
dépasser l'idée d'estimer l'équilibre d'un échange
à partir de l'ambition d'en établir la stricte équivalence
financière. Celle-ci est techniquement hors de portée.
En outre, d'autres considérations sont à prendre en compte et,
en particulier, le coût d'un non-accord
. Or, en l'espèce
celui-ci aurait été sans doute fort élevé de part
et d'autre, l'isolement d'Aérospatiale pouvant être
considéré comme annonciateur d'une perte patrimoniale pour l'Etat.
Une première méthode aurait pu consister à s'appuyer sur
la valeur de marché de Lagardère SCA. Sur cette base,
l'évaluation financière des apports de Lagardère SCA
aurait reposé sur le rapprochement de la contribution de MHT au
résultat du groupe et à appliquer le taux ainsi obtenu à
la capitalisation boursière du groupe.
Selon cette méthode, la valeur de MHT serait ressortie à environ
2,6 milliards d'euros (17 milliards de francs) au 30 juin 1998. En
effet, à cette date, le résultat d'exploitation de MHT
s'élevait à 140 millions d'euros, soit 57,5 % du
résultat d'exploitation d'un groupe dont la capitalisation
boursière s'élevait alors à 4,5 milliards d'euros.
Ainsi, accorder 33 % du capital de la future entité à
Lagardère serait équivalent à valoriser
Aérospatiale à hauteur de 5,2 milliards d'euros
27(
*
)
Hors la participation de l'entreprise
au capital de Dassault Aviation, la valeur d'Aérospatiale serait ainsi
de l'ordre de 4,3 milliards d'euros (28,3 milliards de francs), soit
près de 27 fois le résultat d'exploitation de l'entreprise en
1997, 20 fois son résultat consolidé et 27 fois le
résultat net d'Aérospatiale en 1998.
Cette approche qui paraît soutenir l'idée que les
évaluations entreprises à l'occasion de la fusion ne manqueraient
pas d'un certain réalisme n'a toutefois pas été choisie
à titre principal par les négociateurs et n'a donc pas
été retenue comme telle par la CPT au cours de son examen.
Les raisons qui ont conduit à retenir une autre méthode
résultent d'abord de la relativité de l'exercice mentionné
plus.
Le rapport cours-bénéfice d'une entreprise est susceptible
d'évoluer considérablement. Ainsi ce ratio est aujourd'hui pour
Boeing de 30,3 mais il a oscillé dans les cinq ans passés entre
un sommet de 48,9 et un point bas de 14,2.
En outre, il fallait tenir compte de la dynamique de chaque entreprise dont
rend mal compte une situation observée statiquement.
C'est la raison pour laquelle la méthode centrale d'évaluation
utilisée à l'occasion de l'apport de MHT a plutôt
consisté à actualiser les flux de trésorerie
prévisionnels des deux entreprises dans les cinq années à
venir sur la base de l'estimation de leurs plans de développement
(business plan).
L'on ne peut conférer à une telle méthode classiquement
utilisée dans de telles négociations plus de vertus qu'elle n'en
a.
Pas plus qu'en macro-économie, la prévision
micro-économique ne peut se prévaloir du statut de la science
exacte.
L'exercice confine à l'art mais a pour avantage mais aussi pour
handicap, de reposer sur le consensus. Or, celui-ci est plutôt le
résultat de la négociation que son fondement.
A partir de là, il va de soi que la silhouette du départ de
chaque partie à la négociation profile celle-ci et
détermine donc largement ses résultats.
Ces remarques ne sont pas purement
« intellectuelles »,
« théoriques ».
Elles visent à rendre
intelligibles
les termes d'une négociation qui ont été
fortement déterminés par les événements qui ont
entouré la présentation des comptes d'Aérospatiale pour
1998.
La soudaine révision à la baisse des performances de cette
entreprise a joué un rôle considérable dans la
négociation
en favorisant la position de Lagardère SCA
et, finalement, le bon accueil réservé à ses
prétentions.
La signification des comptes d'une entreprise de production d'avions est encore
plus relative que celle de toute autre entreprise. On le démontrera
aisément à partir de l'évolution assez
déconcertante des résultats d'Aérospatiale entre 1997 et
1998.
Le résultat d'exploitation d'Aérospatiale est en effet
passé entre ces deux exercices de 1.078 à 409 millions de
francs, et ce malgré une hausse du chiffre d'affaires dans un contexte
où la contribution d'Airbus au résultat, historiquement positive,
s'est soldée par une perte (- 68 millions de francs contre un
profit de 1131 millions en 1997).
Les facteurs de variation du résultat de l'entreprise entre 1997 et
1998 sont étroitement liés à des événements
exceptionnels dont la récurrence semble établie du moins sur
courte période et pour certains d'entre eux.
a) Un ressaut de provisions : le problème des garanties commerciales « hors-bilan »
C'est
probablement le cas
des provisions
qui
ont été
considérablement augmentées de 650 millions de francs pour la
seule activité Airbus, sous l'effet d'exigences nouvelles du GIE. Cet
effort de provisionnement, brutal, semble résulter de la
considération d'engagements « hors-bilan »
constitués par les garanties sur les valeurs résiduelles offertes
aux clients d'Airbus.
Au terme de ces garanties (qui peuvent porter sur le paiement des loyers, la
valeur résiduelle des avions ou la participation au financement de la
vente de certains appareils), si le prix touché par le détenteur
d'un appareil au moment de sa revente éventuelle est inférieur
à la valeur résiduelle garantie par le constructeur lors de la
vente, celui-ci « rembourse la différence » à
son acquéreur.
L'ampleur des provisions passées à ce titre en 1998 peut
à bon droit susciter quelques interrogations
sur
elles-mêmes (ces provisions sont-elles justifiées ?
sont-elles passées de la même manière dans les autres
entreprises du GIE Airbus ?), mais aussi sur les conditions dans
lesquelles les comptes de l'entreprise ont pu être certifiés dans
le passé.
b) Des charges de R &D évaluées de façon pénalisante
Mais, il
faut aussi tenir compte
des frais de recherche-développement
autofinancés
par l'entreprise pour comprendre l'évolution
négative de son résultat en 1998. Ce type de charges qui a
joué un rôle important dans les évaluations ne peut
être quant à lui jugé entièrement récurrent
puisqu'il dépend en particulier des décisions des pouvoirs
publics
28(
*
)
De
527 millions d'euros en 1997, ces charges sont passées à
587 millions lors de l'exercice écoulé pour l'ensemble du
groupe. La variation de ce poste de charges paraît intégralement
dû à l'augmentation des remboursements d'avances consenties par
l'Etat au titre des premiers programmes Airbus. Elle s'élèverait
à 622 millions de francs, les remboursements passant de 1.155
à 1.777 millions entre les deux années sous revue.
Même si une telle évolution est la résultante d'un mode de
soutien public garantissant les intérêts de l'Etat et conforme aux
engagements de la Communauté européenne, elle est symptomatique
d'un système de financement public de l'industrie aéronautique
mal adapté aux exigences de compétitivité des entreprises.
On renverra sur ce sujet aux conclusions d'un précédent rapport
de la commission des finances
29(
*
)
dont les conclusions ont
été malheureusement beaucoup négligées.
En tout état de cause, l'effet des remboursements d'avances sur les
comptes d'Aérospatiale est très lourd.
Dans un contexte où le montant des charges de
recherche-développement supportées par Aérospatiale est
considérable, il s'élève à 7 % de son chiffre
d'affaires contre seulement 1,5 % pour British Aérospace et
5,5 % pour DASA, il faut souligner que cet effort est sensiblement plus
réduit pour MHT (3,4 % du chiffre d'affaires consolidé) dont
les activités de recherche sont plus souvent financées sur des
ressources externes.
Si les caractéristiques de l'activité d'Aérospatiale
expliquent le niveau relativement élevé par rapport à la
situation de MHT des charges de recherche-développement de l'entreprise,
la comparaison du niveau de ces charges par rapport à la moyenne des
entreprises comparables invite à approfondir cet aspect du dossier.
Les tableaux ci-dessous récapitulent, le premier, l'évolution du
chiffre d'affaires consolidé d'Aérospatiale, le second,
l'évolution des frais de recherche et développement de
l'entreprise.
Evolution détaillée du chiffre d'affaires consolidé d'Aérospatiale de 1996 à 1998
(En millions d'euros)
|
1998 |
1997 |
1996 |
|||
|
Niveau |
En % |
Niveau |
En % |
Niveau |
En % |
Aéronautique |
|
|
|
|
|
|
Airbus |
4.180 |
50 % |
4.116 |
48 % |
3.102 |
40 % |
ATR |
310 |
3,7 % |
337 |
3,9 % |
387 |
5 % |
Aviation légère |
52 |
0,6 % |
54 |
0,6 % |
54 |
0,7 % |
Maintenance |
413 |
4,9 % |
398 |
4,6 % |
361 |
4,7 % |
Hélicoptères |
1.698 |
20,3 % |
1.554 |
18,1 % |
1.458 |
18,8 % |
Autres avions |
266 |
3,2 % |
234 |
2,7 % |
193 |
2,5 % |
Total aéronautique |
6.919 |
82,7 % |
6.693 |
78 % |
5.555 |
71,6 % |
Espace et défense |
|
|
|
|
|
|
Espace et lanceurs stratégiques et spatiaux |
850 |
10,2 % |
772 |
9 % |
749 |
9,7 % |
Missiles tactiques |
524 |
6,3 % |
489 |
5,7 % |
589 |
7,6 % |
Divers |
60 |
0,7 % |
54 |
0,6 % |
17 |
0,2 % |
Total espace et défense |
1.434 |
17,2 % |
1.315 |
15,3 % |
1.355 |
17,5 % |
Divers |
12 |
0,1 % |
9 |
0,1 % |
12 |
0,2 % |
Total (hors activités cédées) |
8.365 |
100 % |
8.017 |
93,4 % |
6.922 |
89,2 % |
Evolution des frais de recherche et développement d'Aérospatiale entre 1996 et 1998
(En millions d'euros)
|
1998 |
1997 |
1996 |
|||
|
Niveau |
En % |
Niveau |
En % |
Niveau |
En % |
Aéronautique |
791 |
62 % |
685 |
40,9 % |
646 |
34,2 % |
Espace et défense |
479 |
37,5 % |
984 |
58,8 % |
1.234 |
65,3 % |
Divers |
6 |
0,5 % |
5 |
0,3 % |
10 |
0,5 % |
Total |
1.276 |
100 % |
1.675 |
100 % |
1.889 |
100 % |
Dont |
|
|
|
|
|
|
Financés en externe |
689 |
54 % |
1.148 |
68,5 % |
1.360 |
72 % |
Autofinancés |
587 |
46 % |
527 |
31,5 % |
329 |
28 % |
Ces
données permettent de tirer plusieurs conclusions.
Sur courte période
30(
*
)
,
il n'existe pas de causalité rigoureuse entre le chiffre d'affaires et
les frais de recherche-développement.
Deux observations le montre assez :
La croissance de l'activité d'Aérospatiale sur la période
récente s'est déroulée dans un contexte de
réduction des frais de recherche-développement.
Les montants relatifs par secteurs d'activité des charges de
recherche-développement sont sans liens avec les sources relatives de
l'activité de l'entreprise.
On est ainsi amené à considérer que les charges de
recherche-développement étant
à court terme
indépendantes de l'activité peuvent être
aménagées assez librement, ce qui en fait un poste de charges
ajustable à des fins comptables au moins jusqu'à un certain point.
L'analyse des frais de recherche-développement d'Aérospatiale
montre que ces dernières années le poids des charges
associées aux activités Espace et Défense, a
été sensiblement réduit et n'atteint plus que 38,8 %
de leur niveau de 1996. Cependant, par rapport à la part dans
l'activité totale de cette division (environ 17 %), les frais de
recherche-développement qui y sont consacrés restent, quoique de
façon atténuée, disproportionnés (37,5 % des
charges totales de recherche-développement en 1998 contre 65,3 % en
1996). On pourrait en conclure que cette situation réserverait quelques
marges d'économies à l'entreprise désormais largement
débarrassée des coûts de développement
d'Ariane V.
Une part de ces économies a été absorbée par la
croissance des frais de recherche-développement de l'activité
aéronautique en raison du développement des versions
allongées de l'A340, si bien que le montant des charges de
recherche-développement de l'aéronautique s'élève
à 791 millions d'euros (5,2 milliards de francs) en 1998. Ces
frais ne peuvent être considérés comme entièrement
récurrents. Ils ont vocation à diminuer à mesure de
l'achèvement des programmes en cours, ce qui offrira à son tour
quelques marges.
Cependant,
il est important d'observer que l'effort de réduction
globale des charges de recherche-développement d'Aérospatiale
qui a fait passer le niveau de cette catégorie de coûts de
27,3 % du chiffre d'affaires consolidé en 1996 à 15,2 %
en 1998
n'a pas permis de diminuer le coût nominal des charges
autofinancées par l'entreprise qui ont augmenté
, passant de
529 à 587 millions d'euros.
Leur poids relatif s'est atténué passant de 7,6 % à
7 % du chiffre d'affaires mais, comme on le voit, très
légèrement, puisque la montée en puissance des frais de
recherche-développement aéronautique s'est accompagnée
d'une augmentation des coûts à autofinancer passés de
28 % à 46 % du total.
C'est une évolution contraire qui a marqué sur ce point les
coûts de recherche-développement supportés par MHT qui,
surtout, possèdent des caractéristiques très
différentes.
Evolution détaillée du chiffre d'affaires consolidé de MHT de 1996 à 1998
(en millions d'euros)
|
1998 |
1997 |
1996 |
|||
|
Niveau |
En % |
Niveau |
En % |
Niveau |
En % |
Recherche et développement totale |
|
|
|
|
|
|
Espace |
1.262 |
39,4 |
1.287 |
40,7 |
1.285 |
43,1 |
Systèmes de missiles |
1.157 |
36,2 |
1.063 |
33,6 |
895 |
30,0 |
Systèmes, services et télécommunications |
781 |
24,4 |
810 |
25,7 |
803 |
26,9 |
Total |
3.200 |
100,0 |
3.160 |
100,0 |
2.983 |
100,0 |
Evolution des frais de recherche et développement de MHT entre 1996 et 1998
(en millions d'euros)
|
1998 |
1997 |
1996 |
|||
|
Niveau |
En % |
Niveau |
En % |
Niveau |
En % |
Recherche et développement totale |
|
|
|
|
|
|
Espace |
122 |
32,2 |
118 |
29,6 |
100 |
28,8 |
Systèmes de missiles |
183 |
48,3 |
193 |
48,5 |
161 |
46,4 |
Systèmes, services et télécommunications |
74 |
19,5 |
87 |
21,9 |
86 |
24,8 |
Total |
379 |
100 |
398 |
100 |
347 |
100 |
Dont autofinancée |
109 |
28,8 |
119 |
29,9 |
107 |
30,8 |
Dont financée en externe |
270 |
71,2 |
279 |
70,1 |
240 |
69,2 |
Investissements |
64 |
|
89 |
|
79 |
|
Pour
un chiffre d'affaires correspondant à un peu plus de deux fois celui
réalisé par Aérospatiale dans les activités
comparables de cette entreprise, le montant total des charges de R-D de MHT se
situe très en-dessous des charges similaires d'Aérospatiale,
même depuis la réduction mentionnée plus haut.
Cet avantage relatif est amplifié par l'importance des charges
financées par des sources externes, les frais de recherche
autofinancées ne dépassant pas 30 % en, moyenne sur la
période.
c) D'autres variables cruciales : les problèmes de change
Outre
ces évolutions intégrées dans les comptes de l'entreprise,
d'autres variables-clefs censées influer sur les comptes futurs ont
été prises en compte dans les négociations.
Il s'est essentiellement
agi de questions relatives au change des
devises
. Une partie considérable du chiffre d'affaires
d'Aérospatiale est réalisée à partir de ventes
libellées en dollar. Dans le même temps, les charges
supportées par l'entreprise sont principalement exprimées en
francs. Selon les analyses financières de la direction de l'entreprise,
le point mort est atteint lorsque le cours du dollar contre franc se situe aux
alentours de 5 francs.
Plus le cours du dollar est élevé, plus, toutes choses
égales par ailleurs, les performances d'Aérospatiale sont
bonnes
. Dans l'évaluation de l'entreprise, la variable de change
était donc centrale.
La valeur anticipée du cours du dollar n'ayant pas été
communiquée à votre rapporteur et ne figurant pas dans l'avis de
la CPT, on ne peut faire autrement que de supputer la solution retenue. A cet
égard, on ne peut que supposer qu'elle a consisté dans une cote
intermédiaire entre une valeur de l'ordre de 5,50 - 5,60 francs pour un
dollar compte tenu des couvertures de risques de change pratiquées en
1999.
Une telle option amène une observation. L'hypothèse pourtant
envisageable d'une montée en puissance des opérations
commerciales libellées en euros n'a pas été retenue lors
de la négociation. Or, sa réalisation aurait pour effet
d'insensibiliser plus ou moins totalement les comptes d'Aérospatiale aux
évolutions de change.
Mais la question du change a également été à
l'origine d'une charge imprévue pour Aérospatiale. L'existence
d'un risque de change résiduel a ainsi été
« découverte »
à l'occasion des
négociations.
Dès lors qu'une entreprise ne maîtrise pas ses recettes du fait de
variations possibles du change, il existe un risque de change que la prudence
commande de couvrir. Or, il est apparu que cette couverture n'était pas
entièrement organisée au delà de l'année 1999, un
volant d'affaires de l'ordre de 12 milliards de dollars restant non couverts.
La poursuite de la politique prudentielle d'Aérospatiale, c'est à
dire l'objectif de garantir des recettes sur la base d'un cours de 1 dollar
contre 5,50 francs
31(
*
)
,
supposait de compléter les mécanismes de gestion du risque au
delà de 1999. Les coûts de ce parachèvement ont
été estimés à environ 300 millions de dollars
compte tenu de l'économie fiscale associée à cette charge.
Cette charge a été prise en compte dans la négociation, la
décision ayant été prise de passer en totalité les
coûts de l'extension de la couverture de change en charges dès
1999
32(
*
)
.
*
* *
Une
constatation s'impose, celle du cumul des événements
défavorables pour les comptes d'Aérospatiale survenus à
l'occasion de l'opération de fusion.
Ce faisceau de coïncidences ne peut pas conduire à conclure que des
manipulations artificielles auraient permis de réduire la valeur de
l'entreprise pour favoriser la bonne fin de la négociation. Mais, il
témoigne certainement de choix, certes pas arbitraires, mais discutables
qui ont pu peser sur la base à partir de laquelle a été
conduite l'évaluation du dynamisme de l'entreprise.
D'un autre côté, certaines prérogatives accordées au
nouvel arrivant pourraient paraître exorbitantes si elles
n'étaient pas provisoires.
Il reste que l'équilibre de l'opération doit être
jugé à l'aune de l'importance stratégique d'une
réorganisation du paysage industriel français qui n'est pas sans
effet sur la valeur patrimoniale de la participation du secteur public dans
l'entreprise.
A ce sujet, les conditions de la mise sur le marché d'une fraction de
cette participation - 17 % - approuvées par la Commission des
participations et des transferts laissent penser que l'Etat n'a pas tiré
tout le parti des perspectives d'une entreprise dont le potentiel devrait
être mieux exploité à l'avenir.
La sur-souscription du placement réservé aux institutionnels
(plus de 35 fois) et pourtant offert au prix le plus élevé de la
fourchette prévue dans le cadre du pré-placement, le bond du
titre le premier jour de sa cotation et l'introduction d'une clause de
revalorisation du produit de la cession consentie au bénéfice du
Consortium de réalisation(CdR), principal vendeur dans cette
opération en témoignent.
Dans une perspective patrimoniale et stratégique, il aurait
été souhaitable de mieux valoriser le nouveau groupe.
Il reste à souhaiter que la recomposition du paysage aéronautique
français soit approfondie ce qui suppose un meilleur arrimage des avions
de combat et de prolonger la logique des concentrations horizontales.