RAPPEL AU RÈGLEMENT
Mme Hélène Luc.
Je demande la parole pour un rappel au règlement.
M. le président.
La parole est à Mme Luc.
Mme Hélène Luc.
Monsieur le président, mon rappel au règlement se fonde sur l'article 36 de
notre règlement.
Depuis huit jours, les chauffeurs-routiers salariés et leurs organisations
syndicales sont en grève pour obtenir la réduction du temps de travail, la
hausse des salaires, le paiement à 100 % des heures travaillées, la retraite à
cinquante-cinq ans.
Ces revendications sont soutenues très largement par la population : ainsi,
selon un sondage, 87 % des personnes interrogées considèrent qu'elles sont
plutôt justifiées et 74 % se sentent solidaires du mouvement.
Ces revendications font l'objet de négociations entre patronat et
représentants des salariés, négociations dans lesquelles le Gouvernement est
directement impliqué depuis hier.
Or nous avons appris ce matin qu'après quatorze heures de discussion la
situation n'avait pas évolué d'un iota et que le patronat restait
intransigeant, complètement sourd à ces légitimes revendications.
S'il est un secteur où la législation du travail n'est pas respectée, c'est
bien celui du transport routier : tout le monde a présents à l'esprit des
exemples de chauffeurs-routiers travaillant quatorze, voire seize heures par
jour pour respecter des engagements ; tout le monde a en tête des exemples de
chauffeurs-routiers obligés de dépasser des vitesses limites sous la pression
de leur patron.
Le respect de la sécurité s'accommode mal du libéralisme débridé et de la
concurrence exacerbée qui sévit dans ce secteur.
M. Emmanuel Hamel.
C'est hélas vrai !
Mme Hélène Luc.
Je vous remercie de le reconnaître, monsieur le sénateur.
Alors que les négociations vont reprendre dans deux heures, je demande au
Gouvernement, au nom des sénateurs du groupe communiste républicain et citoyen,
de ne pas parier sur l'enlisement d'un tel conflit, ce qui ne ferait
qu'aggraver la situation pour les routiers et pour d'autres Français.
Il est de la responsabilité du Gouvernement de faire respecter la législation
du travail, ainsi que le paiement de toutes les heures travaillées ; il est
aussi de la responsabilité du Gouvernement de débloquer les moyens nécessaires
à l'application du droit au départ à la retraite à cinquante-cinq ans. Voilà
qui serait de nature à faire avancer réellement la négociation et le règlement
de ce conflit.
J'espère, monsieur le ministre, que vous aurez à coeur de me répondre.
M. le président.
Madame Luc, je vous donne acte de votre déclaration, tout en soulignant que
nous sommes en l'occurrence un peu loin d'un rappel au règlement !
Mme Hélène Luc.
Cela n'empêche pas M. le ministre de me répondre, mais il semble qu'il ne le
veuille pas !
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