ACCORD AVEC L'ESPAGNE CONCERNANT LA CONSTRUCTION ET L'EXPLOITATION D'UNE LIGNE FERROVIAIRE À GRANDE VITESSE

Adoption d'un projet de loi

M. le président. L'ordre du jour appelle la discussion du projet de loi (n° 201, 1996-1997), adopté par l'Assemblée nationale, autorisant l'approbation de l'accord entre le Gouvernement de la République française et le gouvernement du Royaume d'Espagne concernant la construction et l'exploitation de la section internationale d'une ligne ferroviaire à grande vitesse entre la France et l'Espagne (façade méditerranéenne). [Rapports n°s 252 et 253 (1996-1997).]
Dans la discussion générale, la parole est à M. le ministre.
M. Pierre Moscovici, ministre délégué auprès du ministre des affaires étrangères, chargé des affaires européennes. Monsieur le président, monsieur le rapporteur, mesdames, messieurs les sénateurs, l'accord signé à Madrid le 10 octobre 1995 par la France et l'Espagne concernant la construction et l'exploitation de la section internationale d'une ligne ferroviaire à grande vitesse entre les deux pays concrétise la volonté des deux gouvernements de favoriser leurs échanges en développant le réseau ferroviaire à grande vitesse dans le cadre du réseau transeuropéen de transports et des schémas directeurs nationaux de lignes ferroviaires.
Cette volonté s'est en fait manifestée dès 1992, lors du sommet franco-espagnol d'Albi. Elle a été réaffirmée lors du sommet de Tolède en novembre 1993, lorsque les ministres français et espagnol des transports ont décidé la réalisation d'une ligne ferroviaire à grande vitesse à écartement international entre Montpellier et Barcelone.
Celle-ci a été inscrite à l'ordre du jour des réunions européennes au sommet de Corfou et d'Essen parmi les quatorze projets prioritaires retenus au titre de l'initiative européenne de croissance, et un groupement européen d'intérêt économique, un G.E.I.E., a été créé le 6 avril 1995 entre les chemins de fer français et espagnols afin de finaliser les études relatives à ce projet. Cet accord conclut les études menées conjointement par la France et l'Espagne sur cette liaison par l'adoption des dispositions que je vais énoncer.
Tout d'abord, au sein de la ligne nouvelle entre la France et l'Espagne, le tronçon Perpignan - Figueras est défini comme la « section internationale » que les deux Etats envisagent de réaliser en concession à une ou plusieurs sociétés, le reste de la liaison étant du strict ressort de chaque Etat.
Ensuite, cette section internationale est prévue à double voie et à écartement international. Elle est conçue pour permettre à la fois un trafic de voyageurs et un trafic de marchandises. Elle représente une portion de ligne nouvelle de 26,6 kilomètres en France entre la frontière - le Perthus - et Perpignan. Du côté espagnol, le choix de limiter la section internationale à Figueras résulte d'un souci de symétrie de part et d'autre de la frontière.
Par ailleurs, la réalisation de cette section internationale permettra, grâce à un raccordement à la ligne existante à Perpignan, une exploitation de services dans la continuité du réseau existant.
Enfin, du côté espagnol, en revanche, l'exploitation d'une liaison jusqu'à Barcelone sans rupture de charge nécessite la création d'une ligne nouvelle à écartement international entre Figueras et Barcelone. Cette ligne devra être achevée en même temps que la construction de la section internationale.
Une fois la section internationale réalisée dans les conditions prévues par l'accord, il sera possible d'exploiter des liaisons Perpignan - Barcelone, Montpellier - Barcelone ou même Londres - Barcelone.
Pour ce qui concerne la France, l'obligation « conditionnelle » correspondante sera limitée à la réalisation du raccordement à la ligne existante à Perpignan, accompagnée de quelques investissements de capacité nécessaires entre Montpellier et Perpignan.
L'Espagne prend, elle, un engagement financièrement plus lourd puisqu'il s'agit bien d'obligations conditionnelles en ce qu'elles ne produisent tous leurs effets que le jour où les Etats engageront effectivement la construction de la section internationale.
En vue de préparer la réalisation de la section internationale, il est créé une commission intergouvernementale. Son rôle consistera à piloter les études nécessaires pour préparer la concession.
Ces études à venir, dont une partie sera confiée au groupement européen d'intérêt économique créé entre les deux réseaux, permettront de définir les conditions techniques, juridiques et financières d'une telle concession.
Compte tenu de l'inscription de ce projet sur la liste des projets prioritaires des réseaux transeuropéens, un soutien financier de l'Union européenne est attendu pour cette réalisation en complément du soutien financier déjà obtenu pour les études à mener.
Telles sont, monsieur le président, monsieur le rapporteur, mesdames, messieurs les sénateurs, les principales observations qu'appelle l'accord du 10 octobre 1995 entre le Gouvernement de la République française et le gouvernement du Royaume d'Espagne concernant la construction et l'exploitation de la section internationale d'une ligne ferroviaire à grande vitesse entre la France et l'Espagne - façade méditerranéenne - qui fait l'objet du projet de loi aujourd'hui soumis à votre approbation.
M. Emmanuel Hamel. Projet de loi que nous allons approuver !
M. le président. La parole est à M. le rapporteur.
M. André Rouvière, rapporteur de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, l'accord relatif à la ligne ferroviaire à grande vitesse entre la France et l'Espagne, signé lors du sommet franco-espagnol de Madrid le 10 octobre 1995, concerne le tronçon à statut international de cette ligne, long d'une cinquantaine de kilomètres, qui se situera entre Perpignan et Figueras.
L'accord s'insère dans le projet plus vaste de liaison à grande vitesse entre Montpellier et Barcelone. Ce projet baptisé TGV sud-européen est un élément très important pour la coopération franco-espagnole.
Je rappelle simplement que la France est le premier partenaire économique de l'Espagne, son premier client comme son premier fournisseur, et également le premier investisseur. La question des infrastructures de transport occupe une place centrale dans ces relations.
En effet, les échanges entre les deux pays, en forte expansion, mais aussi, plus largement, l'intégration de l'Espagne et de la péninsule ibérique dans l'espace européen dépendent largement de l'amélioration des communications terrestres, qui sont tributaires du franchissement de la barrière pyrénéenne. Pour l'Espagne, plus encore que pour la France, l'amélioration des communications transpyrénéennes représente un enjeu vital.
La modernisation des infrastructures ferroviaires constitue un impératif, tant elles paraissent inadaptées aux besoins des échanges franco-espagnols.
La quasi-totalité du trafic ferroviaire entre la France et l'Espagne s'écoule par deux lignes qui passent par Irun à l'Ouest et Port-Bou à l'Est. La seule ligne franchissant la partie centrale des Pyrénées, par La Tour de Carol et Puigcerda, ne reçoit qu'un trafic marginal.
Ces liaisons ferroviaires souffrent d'un double handicap : l'inévitable rupture de charge liée à la différence d'écartement entre les voies espagnoles et les voies françaises et l'état du réseau ferré espagnol qui ne permet pas de liaisons rapides avec Madrid et les grandes agglomérations du pays.
L'inadaptation de ces liaisons explique la très faible part du rail dans la circulation entre les deux pays. Pour les moderniser, l'Espagne s'est engagée dans un ambitieux programme de réseau à grande vitesse impliquant la réalisation de lignes nouvelles à écartement standard - cela est très important - et leur raccordement au réseau européen. Une première ligne à grande vitesse fonctionne entre Madrid et Séville depuis 1992.
Je rappelle, par ailleurs, que les schémas directeurs espagnol et français prévoient deux liaisons nouvelles à grande vitesse entre les deux pays : l'une sur la façade méditerranéenne, par Montpellier et Barcelone, l'autre sur la façade atlantique, entre Bordeaux et Madrid. Elles constituent les deux branches d'un même projet, le TGV sud-européen, inscrit depuis 1990 au réseau européen de trains à grande vitesse et retenu en 1994, lors du sommet d'Essen, parmi les quatorze grands projets d'infrastructures prioritaires de l'Union européenne.
La liaison par la façade atlantique se limite actuellement à la ligne Paris-Tours.
Permettez-moi à cet égard, monsieur le ministre, de vous poser une question, même si elle n'entre pas tout à fait dans le cadre de la présente discussion. Vous serait-il possible, aujourd'hui ou ultérieurement, de nous indiquer s'il existe un calendrier prévisionnel concernant cette liaison de la façade atlantique ?
M. le président. Très bonne question ! (Sourires.)
M. André Rouvière, rapporteur. La liaison par la façade méditerranéenne est, en revanche, déjà largement entamée. Le TGV relie Paris et Valence. Les travaux sont engagés entre Valence et Nîmes, ainsi que, du côté espagnol, sur certaines sections entre Madrid et Barcelone. Les acquisitions foncières sont en cours entre Nîmes et Montpellier et l'avant-projet d'itinéraire entre Montpellier et la frontière a été approuvé en 1995.
Tous ces éléments permettent de mesurer l'importance de l'accord du 10 octobre 1995, qui doit donner l'impulsion décisive pour la réalisation rapide du tronçon Perpignan-Barcelone.
Concernant la section internationale, longue de 52,7 kilomètres, entre Perpignan et Figueras, dont 26,6 kilomètres entre Perpignan et la frontière, l'accord définit trois caractéristiques majeures : il s'agit d'une ligne nouvelle à grande vitesse, à écartement européen standard et conçue pour un trafic mixte, voyageurs et marchandises.
Ce dernier élément mérite d'être souligné : il est novateur et très important pour l'avenir dans la mesure où, jusqu'à présent, la grande vitesse ne concerne, en France, que le trafic voyageurs.
La possibilité d'acheminer, sans rupture de charge et par une ligne nouvelle à grande vitesse, des marchandises jusqu'à Barcelone devrait être un élément décisif pour rééquilibrer la part du transport ferroviaire dans les échanges avec l'Espagne et pour limiter un trafic de poids lourds en augmentation constante, avec tous les effets que cela induit sur l'environnement.
M. Roland Courteau, rapporteur pour avis de la commission des affaires économiques et du Plan. Absolument !
M. André Rouvière, rapporteur. Je crois également important de souligner que, par cet accord, la France et l'Espagne s'engagent à raccorder au réseau européen standard la section internationale dès sa mise en service, afin d'assurer une continuité de la liaison Montpellier-Barcelone.
Si cela suppose, du côté français, un simple embranchement sur la ligne actuelle à Perpignan, l'engagement est beaucoup plus lourd pour l'Espagne, qui devra obligatoirement réaliser dans le même temps une ligne nouvelle de 120 kilomètres entre Figueras et Barcelone. Il est bien entendu indispensable que la partie espagnole respecte cet engagement, faute de quoi la construction de la section internationale ne présenterait plus aucun intérêt.
La mise en oeuvre effective de l'accord repose en grande partie sur la commission intergouvernementale qu'il institue.
Celle-ci sera chargée de poursuivre les études techniques et financières et de lancer la mise en concession du projet. Le choix de la concession est cohérent avec les orientations nouvelles en matière de lignes à grande vitesse, qui préconisent la recherche de modes de financement spécifiques pour la réalisation de nouvelles infrastructures. C'est la commission intergouvernementale qui préparera le contrat de concession en prévoyant les conventions techniques, juridiques et financières ainsi que la durée de la concession.
Il est clair que le projet ne pourra entrer dans sa phase concrète de réalisation qu'une fois la commission intergouvernementale mise en place. De ce point de vue, on ne peut que regretter le retard pris dans la ratification de l'accord, alors que le texte a été transmis au Sénat dès la fin du mois de janvier.
La commission des affaires étrangères a statué sur l'accord du 10 octobre 1995 au mois de mars. Elle a considéré que ce texte apportait des perspectives concrètes à un projet essentiel pour les relations franco-espagnoles et pour l'ancrage de la péninsule ibérique à l'ensemble européen.
Ce progrès majeur pour les communications entre la France et l'Espagne résultera autant de la grande vitesse elle-même que du raccordement de l'Espagne au réseau à écartement européen et donc de la suppression de cette fameuse rupture de charge si pénalisante pour les relations ferroviaires avec l'Espagne.
La réalisation de cette liaison ouvrira des perspectives nouvelles pour les régions concernées, au premier rang desquelles le Languedoc-Roussillon et la Catalogne, mais aussi la région toulousaine.
Le gain de temps prévu est considérable puisque la durée du trajet sera ramenée de trois heures six minutes, à cinquante minutes entre Barcelone et Perpignan, de quatre heures quarante à deux heures vingt entre Barcelone et Montpellier et de neuf heures trente-cinq à cinq heures trente-cinq entre Barcelone et Paris.
Cette liaison contribuera au développement de relations franco-espagnoles déjà intenses.
Elle présente, enfin, une dimension européenne évidente, qui vaut au TGV sud-européen de figurer parmi les quatorze grands projets d'infrastructures prioritaires de l'Union européenne.
Pour cet ensemble de raisons, la commission des affaires étrangères a unanimement approuvé ce projet de loi.
Au-delà de cet avis très favorable, nous voudrions cependant faire part au Gouvernement d'une double préoccupation. Tout d'abord, quel sera le calendrier de réalisation de la ligne Perpignan-Figueras ? L'horizon 2004 a été évoqué à plusieurs reprises pour la mise en service. Cette échéance sera-t-elle respectée, alors que, comme je l'ai déjà indiqué, les Espagnols auront également à assurer dans le même temps la prolongation de la ligne jusqu'à Barcelone ?
Il nous semble que, compte tenu du caractère bien délimité du projet, de son coût évalué à 4 milliards de francs, dont 2,9 milliards de francs à la charge de la France, de son intérêt européen, de la part qu'il réserve au transport de fret, toutes les conditions sont réunies pour qu'il fasse l'objet d'une attention prioritaire. Les gains de temps attendus sont considérables.
Notre seconde préoccupation concerne la réalisation de la ligne à grande vitesse entre Montpellier et Perpignan, pour laquelle aucune échéance n'est évoquée.
Depuis l'approbation de l'avant-projet sommaire en mai 1995, la procédure est au point mort. Il en résulte pour les régions concernées de très graves inconvénients car, en l'absence de précisions supplémentaires sur le tracé, toutes les transactions foncières, tous les projets d'aménagement des particuliers, des entreprises ou des collectivités sont actuellement suspendus. Cela devient très préoccupant pour les uns et pour les autres. Nous assistons, dans la zone susceptible d'être traversée, à un véritable gel des terrains, qui va se prolonger tant que les procédures n'avanceront pas. Les propriétaires et les riverains sont ainsi gravement pénalisés.
La liaison Montpellier-Perpignan constitue, certes, un projet de grande ampleur. Il existe cependant des solutions qui permettraient de dissocier les décisions en matière foncière de la réalisation de l'infrastructure, par exemple la conduite d'un programme d'intérêt général.
Il est important que le Gouvernement se prononce sur cette question afin de ne pas laisser les populations concernées dans une incertitude très préjudiciable à la vie économique de la région.
Sous le bénéfice de ces observations, mes chers collègues, la commission des affaires étrangères vous demande d'adopter le présent projet de loi. (Applaudissements.)
M. le président. La parole est à M. le rapporteur pour avis.
M. Roland Courteau, rapporteur pour avis de la commission des affaires économiques et du Plan. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, il n'est pas fréquent que la commission des affaires économiques souhaite se saisir d'un projet de loi autorisant l'approbation d'un accord international. Tel a pourtant été le cas pour celui-ci. Cela s'explique par ses incidences en matière d'aménagement du territoire et de développement économique.
Cet accord prévoit, on l'a dit, la construction de 26,6 kilomètres de ligne nouvelle entre le Perthus et Perpignan et presque autant du côté espagnol. La réalisation de la section sera effectuée par une société concessionnaire dont le statut reste à déterminer, le reste de la liaison demeurant du ressort de chaque Etat.
C'est l'accord signé le 10 octobre 1995 à Madrid qui a prévu la création et l'exploitation de la section internationale, entre Perpignan et Figueras, d'une ligne TGV à écartement européen.
La signature de cet accord avait été précédée par le sommet franco-espagnol d'Albi de 1992, puis par ceux de Tolède et de Foix.
Ainsi, la ratification de cet accord, qui permet la construction et l'exploitation d'une ligne à grande vitesse entre la France et l'Espagne par la façade méditerranéenne, constitue bien un événement très attendu des deux côtés de la frontière.
En effet, dès la réalisation de cette section internationale de 52 kilomètres environ, dont un tunnel de 8 kilomètres, Montpellier ne sera plus qu'à deux heures vingt de Barcelone, au lieu de quatre heures quarante actuellement, et Paris à cinq heures trente-cinq de Barcelone, contre neuf heures trente-cinq aujourd'hui, Narbonne ne sera qu'à une heure trente-cinq de Barcelone et à trois heures quarante-cinq de Paris, Perpignan sera à quarante-cinq minutes de Barcelone.
Il est également à noter que cette liaison à grande vitesse franco-espagnole ne pâtira plus de la différence d'écartement des voies. L'effet positif sera immédiat : dès la réalisation du tronçon Barcelone - Perpignan, un réel équilibrage entre les différents modes de transports est attendu, tant en ce qui concerne les voyageurs que le fret, sur l'axe Montpellier-Narbonne-Perpignan-frontière espagnole.
Bref, avec la ratification de cet accord, une porte s'ouvre sur la Catalogne et l'Espagne toute entière.
Cependant, on ne peut saisir toute la dimension de l'accord de Madrid si l'on n'a pas présent à l'esprit que la section internationale de Figueras à Perpignan n'est que le premier élément d'un projet à grande vitesse plus complet, reliant Barcelone jusqu'à Montpellier.
C'est donc au regard d'un projet global - qui comprend une première phase, la liaison Perpignan-Figueras, objet du présent projet de loi, et une deuxième phase, la liaison Perpignan-Montpellier - que nous avons, dans notre rapport, analysé les implications économiques de l'accord, selon une logique non seulement française mais aussi européenne, tant sur l'axe Londres-Paris-Montpellier-Barcelone-Madrid-Séville qur sur la liaison ferroviaire Rhin-Rhône-Méditerranée.
Vu sous cet angle, il s'agit en effet du plus européen de tous les projets européens en cours, tant par l'immense marché des transports qu'il représente que par la cohésion qu'il apporte.
C'est d'ailleurs, selon les experts, le projet le plus rentable, qui présente de surcroît l'immense avantage d'être le plus « phasable ». Il s'agit bien là d'une liaison stratégique à l'échelle de l'Europe.
En prolongeant la ligne TGV Méditerranée Valence-Nîmes-Montpellier jusqu'à la frontière espagnole, un tel projet se coulerait dans « l'arc méditerranéen », favorisant les échanges avec l'ensemble de l'Europe et rapprochant le marché européen des forces industrielles viticoles et agricoles des régions Languedoc-Roussillon et Midi-Pyrénées.
En, effet, cette ligne TGV Languedoc-Roussillon, que nous appellons de nos voeux et qui relierait Montpellier à Barcelone, constituerait, grâce au tronçon Montpellier-Narbonne, avec ses raccordements au réseau existant, une partie de la relation transversale à grande vitesse « grand Sud », entre Montpellier et Toulouse.
Il est clair que l'effet TGV, en divisant par deux les temps de parcours depuis l'Europe du Nord, aura un impact considérable, sur les plans touristique et économique, pour ces régions du Sud.
En effet, à l'horizon 2010 et dans l'hypothèse où le schéma européen des lignes à grande vitesse serait achevé, il suffirait d'une heure trente pour rallier Barcelone depuis Narbonne, de trois heures pour se rendre de Montpellier à Paris, de deux heures quinze pour aller de Toulouse à Barcelone et de quatre heures pour voyager entre Toulouse et Turin.
D'ores et déjà, la réalisation du tronçon Figueras-Perpignan permettra de répondre, d'une manière satisfaisante, à la demande de transport, sans cesse en accroissement sur cet axe, mais la seconde phase, correspondant à la liaison Perpignan-Montpellier, devra obligatoirement suivre, avec notamment ses raccordements vers Carcassonne et Toulouse.
Actuellement, les flux de transport à travers la frontière franco-espagnole, dans les deux sens, font apparaître - cela a été souligné par M. Rouvière - la part modeste qu'occupe le transport ferroviaire, avec 3,8 % des voyageurs contre 32 %, par exemple, pour le transport par autocar.
S'agissant du fret, on enregiste actuellement un trafic de 2 millions de tonnes pour le transport ferroviaire, contre 26 millions de tonnes pour la route et 20 millions de tonnes pour les transports maritimes. C'est dire si la part du trafic qui revient au transport ferroviaire est actuellement faible sur cet axe.
Les experts de la SNCF ont estimé que, lors de la mise en service de la ligne TGV Barcelone-Perpignan, le trafic sur cet axe nord-sud atteindrait près de 4 millions de voyageurs, puis 6 millions à 7 millions en 2010.
Quant au trafic du fret par le rail, il pourrait être de l'ordre de 5 millions à 6 millions de tonnes à l'horizon 2005.
Dans ces conditions, on peut donc envisager des incidences nettement favorables en termes de développement des sites ferroviaires de Perpignan, de Narbonne, de Béziers et de Montpellier, ou encore des plates-formes multimodales existantes ou à créer.
S'il fallait avancer des arguments supplémentaires justifiant la réalisation d'un projet complet de ligne TGV Figueras-Perpignan et Perpignan-Montpellier, on les trouverait aisément, mes chers collègues, en prenant en compte les problèmes de saturation que connaissent les axes routiers entre Montpellier, Narbonne, Perpignan et la frontière.
Certaines études démontrent que l'évolution des trafics routiers devrait conduire, dès l'an 2000, à des problèmes de saturation nécessitant la construction, au droit de Montpellier, d'un détournement autoroutier doublant l'autoroute A 9 et la mise à deux fois trois voies de l'autoroute jusqu'à la frontière, voire son doublement sur certains tronçons.
En effet, le trafic actuel de transit atteint, à Montpellier, 60 000 véhicules légers par jour, et peut culminer à 90 000 véhicules quotidiens en été. Le trafic de poids lourds est, quant à lui, de 9 500 unités par jour.
En outre, à la frontière franco-espagnole, on enregistre le passage de 5 500 poids lourds par jour, dont 53 % transitent par la France. Ce nombre pourrait atteindre 10 200 en 2005 et, dès 2015, en l'absence de liaison ferroviaire, la contribution des poids lourds au trafic frontalier serait supérieure à celle des véhicules légers, avec plus de 17 000 poids lourds en moyenne journalière. La contribution du ferroviaire à cette « décongestion » pourrait donc être déterminante et permettrait de freiner la croissance du nombre des poids lourds. La réalisation de la ligne à grande vitesse Perpignan-Barcelone passant sous les Pyrénées y contribuera.
Cependant, sa mise en service vers 2004 entraînera elle-même, sur le réseau ferré languedocien, une augmentation importante de la circulation journalière de TGV ou d'autres trains de voyageurs ou de fret.
Etant donné ces problèmes de capacité du réseau ferroviaire, et si l'on veut « décongestionner » les axes routiers, il faudra bien considérer la réalisation de la ligne noiuvelle Saint-Jean-de-Védas-Narbonne comme une priorité. Ce n'est pas mon collègue M. Vezinhet qui me contredira sur ce point ! Elle permettrait d'acheminer de 8 millions à 9 millions de tonnes par jour, soit l'équivalent de 2 400 camions. N'oublions pas non plus la réalisation, notamment, de la gare TGV Plaine-de-l'Aude, qui doit être assortie de raccordements véritablement structurants...
Pour en revenir à l'accord franco-espagnol, j'aborderai, en conclusion, le problème du financement et de la mise en concession du tronçon Figueras-Perpignan.
Le coût global de l'investissement, cela a été précisé à plusieurs reprises, sera de l'ordre de 4 milliards de francs, dont un milliard de francs pour la partie espagnole et quelque 3 milliards de francs pour la partie française. Il faut noter que la participation des Etats s'accompagne de l'octroi de fonds européens, à hauteur de 400 millions de francs.
Je souligne à ce propos que les fonds publics pourront être facilement récupérés, grâce notamment à l'augmentation du PIB national qui sera engendrée par le projet. Le calendrier de mise en concession devrait permettre une désignation du concessionnaire en juillet 1999 et un début des travaux en 2000, pour une mise en service en 2004.
Je souhaite par ailleurs indiquer, à titre personnel et à la suite des auditions auxquelles j'ai procédé, que plusieurs interrogations et remarques se sont fait jour, notamment à propos de l'éventuelle contribution des collectivités publiques, de la durée de la concession et du caractère privé ou public du concessionnaire.
Pour ma part, et toujours à titre personnel, je souhaite préciser qu'il importe que cette concession soit publique. Un communiqué du ministère des transports en date du 27 juillet dernier paraît d'ailleurs indiquer que l'on s'orienterait dans cette voie. Je m'en réjouis.
Ma dernière remarque sera relative à la position adoptée par trois départements concernés par le projet, lesquels demandent que la DUP porte sur l'ensemble du tracé Montpellier-Le Perthus, et non pas seulement sur le tronçon Perpignan-Le Perthus. Je veux espérer que cette demande sera satisfaite.
En conclusion, les analyses montrent qu'un trafic même faible suffirait à rentabiliser un tel montage, avec des contributions publiques limitées. L'hypothèse la plus probable est cependant que le trafic sera significatif.
En tout état de cause, les perspectives ouvertes par ce projet sont plus qu'encourageantes, et l'accroissement espéré des échanges entre la péninsule Ibérique et le reste de l'Europe est prometteur. Il devrait permettre de financer, dans une seconde phase, le tronçon Perpignan-Montpellier, sur lequel j'insiste bien évidemment.
Tous ces éléments conduisent donc la commission des affaires économiques à donner un avis favorable sur le projet de loi qui nous est soumis. (Applaudissements.)
M. le président. La parole est à M. Blanc.
M. Paul Blanc. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, il est bien évident que je ne pouvais que me réjouir de l'inscription à l'ordre du jour de nos travaux du projet de loi, adopté par l'Assemblée nationale, autorisant l'approbation de l'accord entre le Gouvernement de la République française et le Gouvernement du Royaume d'Espagne concernant la construction et l'exploitation de la section internationale d'une ligne ferroviaire à grande vitesse entre la France et l'Espagne. Il s'agit, je l'espère, de la dernière étape d'une longue, trop longue procédure dont je ne referai pas l'historique, mais dont je ne peux que déplorer l'extrême lenteur.
En effet, le texte a été discuté et adopté par l'Assemblée nationale le 29 janvier 1997, et il n'est examiné par le Sénat que le 14 octobre. Je crois qu'il nous faudra inventer la navette à grande vitesse...
Cela étant, ce projet est essentiel pour le développement de la région Languedoc-Roussillon et du département des Pyrénées-Orientales, bien entendu, mais aussi pour le sud de l'Europe. En effet, il permettra l'accélération des échanges, la multiplication des voies de communication et l'accès à l'ensemble du réseau européen, puisque l'accord retient l'écartement européen pour la construction de cette nouvelle ligne raccordant enfin la péninsule Ibérique au reste du continent. Cette ligne constitue en effet, à nos yeux, le meilleur moyen de prolonger, en quelque sorte, le TGV Rhin-Rhône, ainsi que la ligne TGV Lyon-Turin.
Au-delà, cette convention aura des répercussions économiques très importantes et immédiates dans l'optique du pacte régional pour l'emploi, puisque le recours aux travailleurs locaux sera privilégié sur le chantier. Bien entendu, les élus de la région ne peuvent que s'en réjouir.
Il ne vous reste plus, monsieur le ministre, qu'à faire en sorte que, très rapidement, l'enquête d'utilité publique soit effectivement engagée. A titre personnel, je souhaiterais que cette enquête porte sur le tronçon Montpellier-frontière espagnole.
En effet, comme l'ont souligné MM. Rouvière et Courteau, nous sommes actuellement confrontés à de sérieux problèmes fonciers. Ainsi, dans le département des Pyrénées-Orientales, des terres agricoles de très grande valeur seront traversées par la nouvelle ligne, et les propriétaires doivent être fixés le plus rapidement possible sur le sort qui les attend, de façon qu'ils puissent redéployer les activités de leur exploitation agricole.
En conclusion, je me réjouis que ce texte soit enfin discuté par notre assemblée. Je souhaite bien entendu qu'il soit adopté à l'unanimité, ce dont je ne doute pas un seul instant. (Applaudissements sur les travées du RPR, des Républicains et Indépendants et de l'Union centriste, ainsi que sur les travées socialistes.)
M. Emmanuel Hamel. Belle conviction !
M. le président. La parole est à M. Vezinhet.
M. André Vezinhet. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, depuis l'élargissement de l'Europe à l'Espagne et au Portugal, voulu par François Mitterrand, la région Languedoc-Roussillon a perdu sa peu enviable condition de cul-de-sac de l'Europe et trouvé une vocation, bien préférable, de passage obligé entre le nord et le sud de l'espace européen.
On se plaît désormais, cela a été rappelé à plusieurs reprises, à imaginer et surtout à prévoir la réalisation de liaisons ferroviaires rapides entre Londres et Madrid, entre l'Europe de l'Est ou l'Italie et la péninsule Ibérique.
Pour arriver à ce résultat, il aura fallu rassembler bien des volontés. Nous avons connu, M. Paul Blanc le rappelait à l'instant, l'alternance de moments de doute et de moments d'espoir. Dans cette optique, l'initiative de M. Jacques Delors visant à lancer de grands travaux européens, incluant la liaison TGV Nord-Sud, a été déterminante.
Cependant, je me souviens encore de cette réunion organisée à la préfecture de région à Montpellier, où nous avions connu la déception de ne pas voir retenu lors du sommet européen d'Athènes notre projet de liaison entre Perpignan et Barcelone. Tous les parlementaires de la région Languedoc-Roussillon, ainsi que le maire de sa capitale, Georges Frêche, et les maires des grandes villes, avaient fait connaître avec force leur volonté que, lors du sommet de Corfou, cette mesure soit inscrite parmi les priorités.
Il fallait notamment que fut levé le verrou qui s'opposait à la création de la liaison internationale Perpignan-Barcelone. Vous nous avez, monsieur le ministre, ainsi que MM. les rapporteurs, exposé tout à l'heure les modalités de la levée de cet obstacle. C'est à ce sujet qu'est consacré aujourd'hui notre débat, dix mois après que l'Assemblée nationale en eut débattu. Je déplore moi aussi ce délai, imposé, peut-être, pour les raisons que l'on sait...
Cependant, monsieur le ministre, de grâce, conduisons les opérations rapidement !
Ratifions d'abord l'accord international relatif à la réalisation de la liaison Perpignan-Figueras, qui fait l'objet de notre discussion.
Ensuite, en concertation avec votre collègue du Gouvernement, M. Gayssot, préparons les DUP pour le tronçon de Perpignan à la frontière, ainsi que pour les non moins indispensables tronçons de Montpellier à Béziers puis de Narbonne à Perpignan.
M. Roland Courteau, rapporteur pour avis. Très bien !
M. André Vezinhet. Ces deux dernières DUP ouvrent des perspectives de liaison ferroviaire respectivement de Narbonne à Toulouse, comme l'a dit M. Courteau - c'est un sujet d'actualité dans notre région - et de Béziers à Neussargues puis à Clermont-Ferrand.
Comme vous le savez, monsieur le ministre, si les réservations de terrain ne sont pas effectuées longtemps à l'avance, nous rencontrerons d'extrêmes difficultés, dans une région où les terres agricoles occupent une surface importante et où une démographie galopante conduit à la réalisation de très nombreux projets immobiliers. De réelles difficultés existent donc pour libérer les espaces nécessaires à l'emprise des voies de liaison.
Bien entendu, nous faisons une entière confiance, côté espagnol, et à la volonté du gouvernement central du Royaume d'Espagne, à Madrid, et à celle de la Generalitat de Catalogne, pour faciliter la traversée du territoire catalan espagnol.
Pour toutes les raisons que je viens d'exposer, qui s'ajoutent celles qui ont été avancées par MM. André Rouvière et Roland Courteau, j'exprime, au nom du groupe socialiste, notre pleine approbation du texte qui nous est soumis. (Applaudissements sur les travées socialistes. - M. Emmanuel Hamel applaudit également.)
M. le président. La parole est à M. Pagès.
M. Robert Pagès. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, au risque de décevoir, je tiens, au nom du groupe communiste républicain et citoyen, à faire part de mon inquiétude quant à certains points de l'accord entre la France et l'Espagne concernant la construction et l'exploitation de la section internationale d'une ligne ferroviaire à grande vitesse entre ces deux pays.
Plus précisément, mon inquiétude concerne, comme chacun s'en doute, les dispositions relatives à la concession. En effet, comme cela est mentionné dans le rapport n° 252 de notre excellent collègue M. Rouvière, selon l'accord, « les parties se déclarent désireuses de permettre à l'initiative privée de participer à la construction et à l'exploitation de la liaison ». Par ailleurs, l'accord « ne prévoit pas quelle sera la part de capitaux privés dans la structure qui sera chargée de la concession ».
Dans ces conditions, on ne peut que s'interroger sur les évolutions possibles en termes de perte de coût public, d'ouverture à la concurrence et de libéralisation à terme, avec toutes les conséquences négatives que l'on connaît sur l'emploi et, surtout, sur la qualité des services.
Nous nous félicitons, bien entendu, des garanties obtenues à ce sujet par le ministre français des transports lors de sa rencontre avec son homologue espagnol à l'occasion du sommet d'Ibiza en juillet dernier, même si, au regard d'un risque de privatisation lancée, elles ne nous suffisent pas.
Nous sommes favorables - je le dis très clairement - à la construction de cette section internationale de ligne ferroviaire, mais avec des garanties affirmées de service public, dans un souci d'amélioration des transports trans-européens grâce à la coopération interétatique, et non dans une logique étroite de rentabilité et de concurrence.
La concession, par sa nature même, ne nous semble pas offrir les garanties, bien au contraire, pour éviter l'ouverture aux capitaux privés, donc leur prédominance dans les décisions à prendre.
Pour l'ensemble de ces raisons, et malgré, je le répète, notre attachement à la construction de cette ligne, nous nous abstiendrons lors du vote sur ce projet de loi.
M. Pierre Moscovici, ministre délégué. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le ministre.
M. Pierre Moscovici, ministre délégué. En autorisant l'approbation de cet accord, le Sénat va prendre une décision importante en vue de la construction de la section internationale d'une ligne ferroviaire à grande vitesse, décision qui, comme l'a dit M. Vezinhet, supprime un verrou.
J'ai pris note des observations formulées par plusieurs d'entre vous et concernant le délai qui s'est écoulé entre le vote de l'Assemblée nationale et celui qui va intervenir dans quelques instants. Cela s'explique aussi en grande partie par une dissolution à grande vitesse. (Sourires.)
J'ai noté les exigences, les ambitions et les inquiétudes qui se sont fait jour dans le débat ; j'en ferai part au ministre de l'équipement, des transports et du logement, mon excellent collègue M. Jean-Claude Gayssot, qui connaît mieux que personne ce dossier.
Il s'agit bien de lancer un réseau transeuropéen qui aura un caractère structurant et permettra de contribuer au désenclavement de cette belle région. Personnellement, je n'aurais pas osé dire, pour y avoir vécu et travaillé, qu'elle a été à un quelconque moment de son histoire le « cul-de-sac de l'Europe » ; je ne le crois pas.
Je formulerai quelques remarques ponctuelles sur diverses questions qui ont été évoquées au cours du débat.
S'agissant de la liaison Tours-Bordeaux, le Gouvernement a lancé les études préliminaires au TGV-Aquitaine qui constitue la première phase du TGV sud-européen en direction de l'Espagne. Ces études se déroulent actuellement. Elles font suite au débat sur la légitimité du projet qui a donné lieu à un cahier des charges de l'infrastructure. Celui qui occupe le fauteuil de la présidence en cet instant est bien au courant de ce projet...
M. le président. Monsieur le ministre, je suis avec beaucoup d'attention votre déclaration, qui est parfaitement conforme à la réalité.
M. Pierre Moscovici, ministre délégué. La consultation des collectivités se déroulera au cours du premier semestre de 1998. Tels sont les éléments dont je dispose en matière de calendrier.
En ce qui concerne le projet dont nous parlons aujourd'hui et sur le calendrier y afférent, il est encore un peu tôt pour répondre avec précision. Il appartiendra à la commission intergouvernementale de prendre les décisions de mise en oeuvre.
Mais il faut être conscient que la réalisation du programme TGV nécessite des investissements considérables, qu'il faudra sans aucun doute étaler dans le temps.
S'agissant du tronçon Montpellier-Perpignan, le ministre des transports est bien conscient des difficultés provoquées localement, pour les riverains notamment, depuis l'approbation de l'avant-projet sommaire au mois de mai 1995.
A cet effet, le ministre des transports s'est attaché à lancer une concertation avec les collectivités territoriales concernées - plusieurs d'entre vous y ont fait allusion - et, par ce biais, à chercher des solutions permettant de lever ou de réduire ces sujétions.
Cela se traduit par une réduction de la bande, c'est-à-dire du tracé issu de l'avant-projet sommaire, réduction dont l'étude a été demandée à la SNCF. Cela se traduit aussi par la mise en place d'un fonds qui permettra de procéder aux acquisitions foncières les plus urgentes et les plus justifiées. L'Etat participera activement à la mise en place de ce fonds.
Quant aux conditions de la concession, elles seront fixées ultérieurement. Il faudra en effet examiner la question posée par M. Pagès, au nom du groupe communiste républicain et citoyen, et relative à la capacité à mettre en place des organismes publics ou des financements privés. Cette question sera bien sûr évoquée, comme je l'ai dit, avec le ministre compétent pour l'essentiel, c'est-à-dire le ministre de l'équipement, des transports et du logement, M. Jean-Claude Gayssot. (Applaudissements sur les travées socialistes. - M. Blanc applaudit également.)
M. le président. Personne ne demande plus la parole dans la discussion générale ?...
La discussion générale est close.
Nous passons à la discussion de l'article unique.
« Article unique. _ Est autorisée l'approbation de l'accord entre le Gouvernement de la République française et le Gouvernement du Royaume d'Espagne concernant la construction et l'exploitation de la section internationale d'une ligne ferroviaire à grande vitesse entre la France et l'Espagne (façade méditerranéenne), signé à Madrid le 10 octobre 1995, et dont le texte est annexé à la présente loi. »