Séance du 3 mars 1999






CONVENTION DOUANIÈRE
AVEC LA SLOVAQUIE

Adoption d'un projet de loi

M. le président. L'ordre du jour appelle la discussion du projet de loi (n° 150, 1998-1999) autorisant l'approbation de la convention d'assistance administrative mutuelle entre le Gouvernement de la République française et le Gouvernement de la République slovaque pour la prévention, la recherche et la poursuite des fraudes douanières. [Rapport n° 190 (1998-1999).]
Le président du groupe d'amitié France-Slovaquie est particulièrement heureux de présider la séance au cours de laquelle est examiné ce projet de loi.
Dans la discussion générale, la parole est à M. le ministre.
M. Charles Josselin, ministre délégué à la coopération et à la francophonie. Monsieur le président, mesdames, messieurs les sénateurs, la convention d'assistance administrative mutuelle pour la prévention, la recherche et la poursuite des fraudes douanières, signée en mai 1998 avec le gouvernement de la République slovaque procède de la même démarche que l'accord conclu avec l'Afrique du Sud, dont il vient d'être question.
Je ne crois donc pas utile d'insister sur la priorité que constitue la lutte contre les fraudes douanières et les trafics illicites et sur les moyens qui sont mis en oeuvre pour y parvenir, car le dispositif de l'accord franco-slovaque est semblable à celui de l'accord passé avec l'Afrique du Sud : échange de renseignements, de documents, enquêtes menées sur demande d'une des parties, témoignages devant les tribunaux.
S'agissant de la Slovaquie, l'accord s'inscrit toutefois dans un contexte différent : celui de l'essor considérable des échanges commerciaux avec l'Europe centrale et orientale et du rapprochement entre l'Union européenne et les pays de la zone.
Notre administration douanière a entrepris de mettre en place un réseau de conventions bilatérales pour acoompagner le mouvement et établir des contacts réguliers sur une base juridique stable et contraignante avec les Etats concernés. Depuis 1996, sept accords ont ainsi été signés respectivement avec la Pologne, l'Ukraine, la République tchèque, la Russie, la Hongrie, la Macédoine et la Slovaquie. Les trois premiers sont entrés en vigueur, les autres sont en cours d'approbation en France comme chez ses partenaires.
Si la Slovaquie n'a pas suivi le mouvement d'ensemble de développement des relations commerciales du continent, son ouverture est néanmoins réelle et devrait s'accentuer.
Les échanges bilatéraux reposent essentiellement sur de grands contrats remportés par des entreprises françaises, mais le commerce courant se développe, tout particulièrement en ce qui concerne les voitures, les pièces détachées et les produits agricoles.
Cette expansion a facilité les fraudes de toute nature. On peut relever principalement des minorations sur des exportations de viande ou d'alcool vers la Slovaquie.
En outre, située sur la route des Balkans, la Slovaquie est devenue un pays de transit et de stockage de stupéfiants. En effet, une quantité importante de l'héroïne en provenance du Moyen-Orient, acheminée par voie routière vers l'Europe occidentale, y transite, et des dépôts de drogue ont été constitués par des organisations criminelles sur le sol slovaque.
L'ouverture de relations avec les douanes slovaques a d'ores et déjà permis de mettre en oeuvre un « ciblage » des camions TIR à destination de la France.
La convention franco-slovaque devrait permettre une meilleure perception des droits et taxes, d'assurer une protection plus efficace des entreprises contre les menaces d'irrégularités liées aux échanges internationaux et de protéger la sécurité et la santé des consommateurs. Elle est, à ce titre, un élément important de nos relations bilatérales.
Telles sont les principales observations qu'appelle la convention d'assistance administrative mutuelle pour la prévention, la recherche et la poursuite des fraudes douanières signée par le Gouvernement de la République française et le Gouvernement de la République slovaque, objet du projet de loi soumis à votre approbation. (Applaudissements.)
M. le président. La parole est à M. le rapporteur.
M. Daniel Goulet, rapporteur de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, le texte qui nous est soumis a pour objet de donner une base juridique claire à la coopération entre les administrations douanières française et slovaque, afin de lutter plus efficacement contre les fraudes douanières et les trafics illicites divers. Ces mécanismes permettront d'accompagner favorablement l'essor significatif des échanges commerciaux entre nos deux pays.
Je ne reviendrai pas sur le dispositif de la convention elle-même, que M. le ministre vient de rappeler. Je voudrais, en quelques mots, évoquer la nouvelle situation politique de la Slovaquie.
Ce pays a donné au monde, après sa séparation d'avec la République tchèque, une image politique troublée, largement imputable à la personnalité quelque peu autoritaire de son Premier ministre.
M. Xavier de Villepin, président de la commission. C'est le moins qu'on puisse dire !
M. Daniel Goulet, rapporteur. La Slovaquie a fait une entrée hésitante dans la démocratie : l'intimidation des médias et la radicalisation des rapports avec la minorité hongroise du pays en ont été les signes les plus visibles.
Il en est résulté pour la jeune République slovaque une mise à l'écart sévère, par la communauté internationale, des processus d'intégration à l'Union européenne, à l'OTAN ou encore à l'OCDE.
Les élections du mois de septembre dernier ont heureusement modifié la donne ; la nouvelle majorité en place entend définir une orientation différente pour le pays : consécration de la liberté des médias, affirmation de l'indépendance judiciaire, ouverture à l'égard de la minorité hongroise et modernisation institutionnelle. Une attitude diplomatique plus conciliante permettra aussi à la Slovaquie d'améliorer ses relations toujours complexes avec ses voisins hongrois et tchèque.
La forte croissance de l'économie slovaque n'est pas sans produire des effets positifs pour nos échanges commerciaux bilatéraux : les exportations françaises vers la Slovaquie ont connu un essor considérable, qui nous laisse encore toutefois à la septième place des fournisseurs de ce pays. Nous y sommes, en revanche, le quatrième investisseur, grâce à une présence active des entreprises françaises.
Ces liens commerciaux doivent prendre une plus grande ampleur à l'avenir et la présente convention, à sa façon, permettra d'y contribuer.
Je vous invite, en conséquence, mes chers collègues, à adopter ce projet de loi.
M. le président. La parole est à M. Hamel.
M. Emmanuel Hamel. Monsieur le président, vous me permettrez de parler ici sous l'autorité du président du groupe d'amitié France-Slovaquie, puisque vous avez vous-même fait allusion à ces fonctions que vous exercez par ailleurs.
Monsieur le ministre, je vous interpelle pour vous demander de faire en sorte que le Gouvernement, quelles que soient les difficultés qu'éprouve actuellement la République slovaque, accorde plus d'attention et réponde avec plus de célérité à l'espoir profond que nourrit ce pays de voir la France témoigner une plus grande compréhension des problèmes qu'il rencontre et adopter une attitude plus positive devant son voeu d'être associé au processus d'intégration européenne.
Les Slovaques placent en effet en la France un grand espoir.
Aujourd'hui même, alors que nous pouvions entendre le magnifique discours de M. le Président de la République tchèque, nous étions également honorés de la présence de M. l'ambassadeur de Slovaquie en France. Celui-ci est venu dans cette enceinte notamment pour se faire l'écho de cet espoir : la Slovaquie souhaite vivement que la France contribue plus activement à l'intégration de la Slovaquie au sein de l'Europe.
Monsieur le ministre, puisque l'intégration de votre domaine dans celui du Quai d'Orsay fait pratiquement de vous un ministre des affaires étrangères, soyez l'homme qui favorise l'amélioration des relations entre la France et la Slovaquie, ainsi que l'intensification de notre amitié avec ce pays ! (Très bien ! et applaudissements sur les travées du RPR, des Républicains et Indépendants et de l'Union centriste, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)
M. le président. Personne ne demande la parole dans la discussion générale ?...
La discussion générale est close.
Nous passons à la discussion de l'article unique.
« Article unique. - Est autorisée l'approbation de la convention d'assistance administrative mutuelle entre le Gouvernement de la République française et le Gouvernement de la République slovaque pour la prévention, la recherche et la poursuite des fraudes douanières signée à Paris le 27 mai 1998, et dont le texte est annexé à la présente loi. »
Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'article unique du projet de loi.

(Le projet de loi est adopté.)

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