Séance du 6 octobre 1999
SERVICE PUBLIC DE L'ÉLECTRICITÉ
Suite de la discussion
d'un projet de loi déclaré d'urgence
M. le président.
L'ordre du jour appelle la suite de la discussion du projet de loi (n° 243,
1998-1999), adopté par l'Assemblée nationale après déclaration d'urgence,
relatif à la modernisation et au développement du service public de
l'électricité. [Rapport n° 502 (1998-1999).]
Dans la discussion des articles, nous en sommes parvenus à l'article 5.
Article 5
M. le président.
« Art. 5. - I. - Les charges imputables aux missions de service public
assignées aux producteurs d'électricité font l'objet d'une compensation dans
les conditions ci-après.
« Ces charges comprennent :
« 1° Les surcoûts qui peuvent résulter des contrats issus des appels d'offres
prévus à l'article 8 ou de l'obligation d'achat prévue à l'article 10 de la
présente loi, par référence aux coûts d'investissement et d'exploitation évités
à Electricité de France ;
« 2° Les surcoûts de production, dans les zones non interconnectées au réseau
métropolitain continental, qui, en raison des particularités du parc de
production inhérentes à la nature de ces zones, ne sont pas couverts par la
part relative à la production dans les tarifs de vente aux clients non
éligibles ou par les éventuels plafonds de prix prévus par le I de l'article 4
;
« 3° Les surcoûts des recherches et du développement nécessaires à
l'accroissement des capacités de transport des lignes électriques, en
particulier de celles destinés à l'interconnexion avec les pays voisins et à
l'amélioration de leur insertion esthétique dans l'environnement.
« Ces charges sont calculées sur la base d'une comptabilité appropriée tenue
par les opérateurs qui les supportent. Cette comptabilité est contrôlée à leurs
frais par un organisme indépendant agréé par la commission de régulation de
l'électricité. Les ministres chargés de l'économie et de l'énergie arrêtent le
montant des charges sur proposition de la commission de régulation de
l'électricité.
« La compensation de ces charges est assurée par un fonds du service public de
la production d'électricité, géré par la Caisse des dépôts et consignations
dans un compte spécifique. Les frais de gestion exposés par la Caisse sont
imputés sur le fonds.
« Le fonds est alimenté par des contributions dues par les producteurs ou
leurs filiales et par les organismes de distribution, lorsque ces différents
opérateurs livrent à des clients finals installés sur le territoire national,
par les producteurs d'électricité produisant pour leur propre usage pour une
puissance supérieure à un seuil fixé par décret, ainsi que par les clients
finals importateurs d'électricité ou qui effectuent des acquisitions
intracommunautaires d'électricité. Les installations de production
d'électricité d'une puissance installée inférieure ou égale à 3 mégawatts sont
dispensées de contribution au fonds.
« Le montant des contributions supportées par les redevables mentionnés
ci-dessus est calculé au prorata du nombre de kilowattheures livrés à des
clients finals établis sur le territoire national ou produits par les
autoproducteurs pour leur propre usage. Les charges visées aux 1° à 3°
supportées directement par les redevables sont déduites du montant de leurs
contributions brutes ; seules sont versées au fonds les contributions
nettes.
« Le fonds verse aux opérateurs qui supportent les charges visées aux 1° à 3°
ci-dessus une contribution financière nette destinée à couvrir ces charges. Le
montant des contributions nettes que les redevables et les opérateurs versent
ou reçoivent est arrêté par les ministres chargés de l'économie, du budget et
de l'énergie, sur proposition de la commission de régulation de
l'électricité.
« Les contributions sont recouvrées par la Caisse des dépôts et consignations
selon les modalités prévues pour les créances de cet établissement. Lorsque le
montant des contributions ne correspond pas au montant des charges de l'année,
la régularisation intervient l'année suivante. Si les sommes dues ne sont pas
recouvrées dans un délai d'un an, elles sont imputées sur le fonds au cours de
l'année suivante. Les frais de gestion justifiés par la caisse sont arrêtés par
les ministres chargés de l'économie et de l'énergie et sont imputées sur le
fonds.
« II. - Dans le cadre du monopole de distribution, les charges qui découlent
des missions mentionnées au II de l'article 2 en matière d'exploitation des
réseaux publics et au 1° du III de l'article 2 en matière de cohésion sociale
sont réparties entre les organismes de distribution par le fonds de péréquation
de l'électricité institué par l'article 33 de la loi n° 46-628 du 8 avril 1946
précitée.
« Ces charges comprennent :
« 1° Tout ou partie des coûts supportés par les organismes de distribution et
qui, en raison des particularités de leurs réseaux ou de leur clientèle, ne
sont pas couverts par la part relative à l'utilisation de ces réseaux dans les
tarifs de vente aux clients non éligibles et par les tarifs d'utilisation des
réseaux publics de distribution ;
« 2° La participation au dispositif institué en faveur des personnes en
situation de pauvreté ou de précarité ;
« 3° La participation, dans le cadre de la contribution à la sécurité
publique, aux moyens mis en oeuvre dans les quartiers en difficulté pour
renforcer la présence du service public et contribuer à la médiation
sociale.
« III. - En cas de défaillance de paiement par un redevable des charges
prévues au I ou au II ci-dessus, le ministre chargé de l'énergie prononce une
sanction administrative dans les conditions prévues par l'article 39 de la
présente loi.
« IV. - Des décrets en Conseil d'Etat précisent les modalités d'application du
présent article. »
Par amendement n° 40, M. Revol, au nom de la commission, propose, à la fin du
premier alinéa du I de cet article, de remplacer les mots : « font l'objet
d'une compensation dans les conditions ci-après » par les mots « sont
intégralement compensées ».
La parole est à M. le rapporteur.
M. Henri Revol,
rapporteur de la commission des affaires économiques et du Plan.
Il est
souhaitable d'indiquer très clairement que les charges relatives au service
public de la production sont intégralement compensées.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Christian Pierret,
secrétaire d'Etat à l'industrie.
Favorable, pour les raisons déjà
exposées à propos d'amendements identiques portant sur d'autres articles.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 40, accepté par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Par amendement n° 41, M. Revol, au nom de la commission, propose de rédiger
comme suit le troisième alinéa (1°) du I de l'article 5 :
« 1° Les surcoûts qui résultent, le cas échéant, des contrats consécutifs aux
appels d'offres ou à la mise en oeuvre de l'obligation d'achat, mentionnés aux
articles 8 et 10 de la présente loi, par rapport aux coûts d'investissements et
d'exploitation évités à Electricité de France ; »
Cet amendement est assorti de trois sous-amendements.
Le sous-amendement n° 310 rectifié, déposé par MM. Lefebvre, Le Cam, Mme
Terrade et les membres du groupe communiste républicain et citoyen vise, dans
le texte proposé par l'amendement n° 41, après les mots : « coûts
d'investissement et d'exploitation », à insérer les mots : « de production
».
Le sous-amendement n° 210 rectifié
bis
, présenté par MM. Bohl, Dulait,
Bécot, Arnaud, Hérisson, Cornu et César tend à compléter le texte de
l'amendement n° 41 par les mots : « ou le cas échéant, aux coûts évités aux
distributeurs non nationalisés mentionnés à l'article 23 de la loi n° 46-628 du
8 avril 1946 précitée ».
Le sous-amendement n° 230 rectifié
bis
, présenté par M. Pintat, a pour
objet de compléter le texte proposé par l'amendement n° 41 par les mots : « ou,
le cas échéant, à ceux évités aux distributeurs non nationalisés mentionnés à
l'article 23 de la loi n° 46-628 du 8 avril 1946, qui seraient concernés. »
La parole est à M. le rapporteur, pour présenter l'amendement n° 41.
M. Henri Revol,
rapporteur.
Il s'agit d'un amendement purement rédactionnel.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Christian Pierret,
secrétaire d'Etat.
Favorable.
M. le président.
La parole est à M. Lefebvre, pour défendre le sous-amendement n° 310
rectifié.
M. Pierre Lefebvre.
Avec ce sous-amendement, nous abordons la question épineuse de l'obligation
d'achat auquel est soumise EDF auprès de producteurs privés.
Cette procédure aboutit actuellement à une situation tout à fait inacceptable,
tant pour EDF, qui se voit imposer des coûts sans justification économique -
cela représenterait pour l'opérateur public une charge de plus de 5 milliards
de francs par an - que pour les usagers qui, par la tarification du kilowatt,
participent au financement de certains producteurs - je pense essentiellement
aux cogénérateurs - qui seraient rentables sur le marché.
Cette socialisation des coûts, par l'entremise du prix du kilowatt, est une
véritable aubaine pour des producteurs privés qui bénéficient de l'obligation
d'achat.
Le décret du 20 mai 1955, modifié par celui du 20 décembre 1994, prévoyait la
possibilité de suspendre de tels contrats d'achat pour une durée limitée
lorsqu' « il est constaté que les moyens de production existants sont
suffisants pour faire face, à tout instant, à la demande correspondante dans
des conditions économiques satisfaisantes de production, transport et
distribution ». L'article 10 du projet de loi fait également mention de cette
éventualité.
Par ailleurs, le décret de 1994 précise que l'obligation pour EDF de passer un
contrat est permanente en ce qui concerne les énergies renouvelables, les
déchets, mais, surtout, la cogénération.
Or tout un chacun peut reconnaître que nombre de cogénérateurs sont
parfaitement rentables et n'ont pas, par principe, besoin de traitement de
faveur de la part des pouvoirs publics.
C'est ainsi qu'EDF qui est en mesure de livrer de l'électricité à moins de
vingt centimes le kilowattheure se voit contrainte d'acheter de l'électricité à
plus de trente centimes auprès de ces produceurs qui s'assurent ainsi une
véritable rente financière sur le dos des usagers.
Ce système est donc tout à la fois injustifié pour les cogénérateurs, qui
profitent indûment de l'argent public, injuste socialement, car les usagers
supportent ce surcoût et, enfin, périlleuse pour l'entreprise EDF, qui voit ses
comptes grevés au détriment de ses missions de service public et de sa
compétitivité sur les marchés internationaux.
En proposant de faire assumer le surcoût par l'ensemble des producteurs, il
convient donc d'être sérieux dans l'évaluation des coûts évités par EDF.
De ce point de vue, le mode de calcul actuel conduit à surestimer ces coûts
pour, en quelque sorte, minorer le surcoût et ainsi légitimer l'obligation
d'achat.
C'est la raison pour laquelle l'article 5, dans sa rédaction actuelle, ne peut
nous satisfaire puisqu'il prolonge la même ambiguïté à cet égard.
Nous proposons que seuls les coûts de production évités soient pris en compte,
sans intégrer les dépenses de transport et de distribution, qui peuvent être
surévalués selon les critères de proximité des installations retenues. C'est
ainsi que l'on peut jouer aisément - pour ne pas dire tricher - avec le
véritable coût moyen de production d'EDF.
Pour éviter une fois de plus les excès du passé, nous demandons donc au Sénat
d'adopter cette proposition de bon sens.
M. le président.
La parole est à M. Bohl, pour défendre le sous-amendement n° 210 rectifié
bis
.
M. André Bohl.
Les distributeurs non nationalisés, tout comme Elecricité de France, sont
tenus de conclure un contrat d'achat de l'électricité produite par les
installations autorisées à leur réseau de distribution.
Les surcoûts à prendre en compte pour la compensation prévue à l'article 5
doivent être déterminés par référence aux coûts évités à Electricité de France
et aux distributeurs non nationalisés, permettant ainsi d'assurer la parité
entre tous les distributeurs. C'est l'objet de ce sous-amendement.
M. le président.
La parole est à M. Pintat, pour présenter le sous-amendement n° 230 rectifié
bis
.
M. Xavier Pintat.
Ce sous-amendement a le même objet que celui de M. Bohl. Il vise à lever toute
ambiguïté en harmonisant la rédaction de l'article 5 avec celle de l'article 10
du projet de loi aux termes de laquelle les distributeurs non nationalisés sont
tenus comme EDF à l'obligation d'achat d'électricité.
Il s'agit d'une obligation spécifique imposée aux 140 entreprises non
nationalisées pour l'électricité produite par des installations qui utilisent
des déchets, des énergies renouvelables, des techniques de cogénération. Cette
obligation d'intérêt général n'est certes pas novatrice mais elle induit des
charges et doit donc, en contrepartie, bénéficier d'une compensation financière
telle que prévue à l'article 5.
N'oublions pas que l'accomplissement de toute mission d'intérêt général doit
pouvoir s'effectuer dans des conditions économiques acceptables. L'obligation
d'achat imposée aux distributeurs non nationalisés fait partie de ces missions.
Par conséquent, ces distributeurs doivent pouvoir disposer des mêmes moyens de
compensation ouverts à EDF en raison du surcoût généré par cette obligation,
puisque l'Assemblée nationale, je le rappelle, a décidé, en première lecture,
d'étendre à ces distributeurs non nationalisés l'obligation de conclure un
contrat d'achat avec les producteurs qui en font la demande.
Cette précision rédactionnelle permet de lever toute ambiguïté.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission sur les sous-amendements n°s 310 rectifié,
210 rectifié
bis
et 230 rectifié
bis
?
M. Henri Revol,
rapporteur.
La commission est défavorable au sous-amendement n° 310
rectifié et favorable au sous-amendement 210 rectifié
bis
ainsi qu'au
sous-amendement 230 rectifié
bis
; toutefois, elle a décidé de retenir
plutôt le sous-amendement de M. Pintat, le sous-amendement de M. Bohl étant
ainsi satisfait.
M. le président.
Monsieur Bohl, votre sous-amendement est-il maintenu ?
M. André Bohl.
Je le retire au profit de celui de M. Pintat, dont la rédaction me semble
meilleure.
M. le président.
Le sous-amendement n° 210 rectifié
bis
est retiré.
Quel est l'avis du Gouvernement sur les sous-amendements n°s 310 rectifié et
230 rectifié
bis
?
M. Christian Pierret,
secrétaire d'Etat.
Le Gouvernement considère que le sous-amendement n°
310 rectifié de M. Lefebvre est intéressant. Il a pour objet d'exclure les
coûts d'achat d'électricité des opérateurs de service public de la référence
par rapport à laquelle les surcoûts dus à l'obligation d'achat sont calculés.
Cette disposition risque donc de défavoriser les opérateurs de service public
concernés.
J'ai confié à M. Syrota - comme je l'ai indiqué hier soir au Sénat - une
mission visant à préciser les méthodes d'évaluation de ces surcoûts en vue de
garantir un bon accomplissement des missions de service public concernées dans
des conditions équitables pour tous les opérateurs du secteur. Cette mission
devrait apporter une réponse transparente et mûrie à une question difficile,
question à laquelle le sous-amendement se propose de répondre.
C'est pourquoi je préférerais qu'on attende les résultats de la mission de M.
Syrota, qui ne doivent pas être précontraints dès à présent. Toutefois, comme
je pense qu'il existe une véritable dynamique politique dans le sous-amendement
défendu par M. Lefebvre, je m'en remets à la sagesse du Sénat.
Quand au sous-amendement n° 230 rectifié
bis
de M. Pintat, j'y suis
favorable.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix le sous-amendement n° 310 rectifié, repoussé par la
commission et pour lequel le Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat.
(Le sous-amendement n'est pas adopté.)
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix le sous-amendement n° 230 rectifié
bis
, accepté par la
commission et par le Gouvernement.
(Le sous-amendement est adopté.)
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix, ainsi modifié, l'amendement n° 41, accepté par le
Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Par amendement n° 311,MM. Lefebvre, Le Cam, Mme Terrade et les membres du
groupe communiste républicain et citoyen proposent, à la fin du quatrième
alinéa (2°) du paragraphe I de l'article 5, de remplacer les mots : « ou par
les éventuels plafonds de prix prévus par le I de l'article 4 ; » par les mots
: « ou dans les éventuels plafonds de prix prévus par le I de l'article 4 ;
».
La parole est à M. Lefebvre.
M. Pierre Lefebvre.
Le quatrième alinéa du paragraphe I de l'article 5 concerne les zones non
interconnectées au réseau métropolitain continental, c'est-à-dire, en réalité,
les petits réseaux isolés des départements et territoires d'outre-mer et de la
Corse.
Sur ce point, l'article 24-3 de la directive 96/92 stipule que : « Les Etats
membres qui, après l'entrée en vigueur de la présente directive, peuvent
prouver que des problèmes importants se posent pour l'exploitation de leurs
petits réseaux isolés, peuvent demander à bénéficier de dérogations aux
dispositions pertinentes des chapitres IV, V, VI et VII, qui pourront leur être
accordées par la Commission. »
Cela implique que, le cas échéant, l'éligibilité des gros consommateurs situés
hors métropole peut ne pas s'exercer au travers de l'ATR et donc que des règles
spécifiques peuvent leur être imposées au titre de l'insularité et des
obligations du service public.
Monsieur le secrétaire d'Etat, je souhaiterais connaître la position du
Gouvernement et surtout savoir si vous entendez saisir l'opportunité que vous
offre la directive pour demander des exemptions pour les îles non
interconnectées.
Sans remettre en cause la notion de « prix plafonds » - elle permet de tenir
compte des retards de développement de ces îles qui enregistrent un taux de
chômage élevé - il est probable qu'EDF, qui vend d'ores et déjà son électricité
à perte, verra lui échapper les éventuelles productions autonomes « bon marché
», dont le coût de revient est moindre.
Il est pourtant assez logique que le surcoût dû à l'exercice de la solidarité
nationale en matière de tarification ne soit pas un handicap pour EDF, qui sera
désormais en concurrence avec d'autres producteurs.
Cependant, les plafonds de prix prévus à l'article 4 doivent intégrer
également les charges de transport et de distribution des kilowattheures
concernés. Les surcoûts de production doivent donc être évalués par rapport à
la part relative à la production dans ces prix plafonds.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Henri Revol,
rapporteur.
Défavorable, monsieur le président.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Christian Pierret,
secrétaire d'Etat.
Dans la logique du projet de loi, les plafonds de prix
pour la fourniture aux clients éligibles dans les zones non interconnectées au
réseau métropolitain continental ne portent que sur la partie « production » de
la prestation et non sur la partie « utilisation » des réseaux.
L'utilisation des réseaux fait par ailleurs l'objet de tarifs, prévus à
l'article 4, qui prennent en compte l'ensemble des coûts liés au réseau et qui
seront péréqués sur le plan national.
L'amendement proposé ne me paraît donc pas cohérent avec l'architecture
tarifaire proposée par le projet de loi. Par ailleurs, pour répondre à la
question de M. Lefebvre, je crois que, lorsque la directive ouvre des facultés
ou des possibilités d'adaptation, elles sont étudiées.
Il est cependant trop tôt, sur une matière aussi complexe et qui relève d'une
analyse des coûts extrêmement serrée, pour arrêter une position de principe.
Monsieur Lefebvre, je vous donne la garantie que le Gouvernement étudiera la
question très avant, comme vous le souhaitez. Mais, pour l'instant, étant donné
ce que je viens d'indiquer, il serait préférable que vous retiriez votre
amendement.
S'il devait être maintenu, le Gouvernement se prononcerait contre.
M. le président.
Monsieur Lefebvre, l'amendement n° 311 est-il maintenu ?
M. Pierre Lefebvre.
Etant donné les précisions que vient de fournir M. le secrétaire d'Etat et ses
engagements d'étudier cette question, nous retirons notre amendement.
M. le président.
L'amendement n° 311 est retiré.
Je suis saisi de deux amendements identiques.
L'amendement n° 42 est présenté par M. Revol, au nom de la commission.
L'amendement n° 260 est déposé par M. Valade et les membres du groupe du
Rassemblement pour la République.
Tous deux tendent à supprimer le cinquième alinéa (3°) du I de l'article 5.
La parole est à M. le rapporteur, pour défendre l'amendement n° 42.
M. Henri Revol,
rapporteur.
Au cours de ses travaux, l'Assemblée nationale a inclus dans
les charges compensées par le fonds du service public de la production les
coûts de recherche et développement du transport.
A l'évidence, cette adjonction n'est pas cohérente avec la logique interne du
texte. C'est pourquoi le présent amendement tend à supprimer le cinquième
alinéa du paragraphe I de l'article 5.
Il semble néanmoins utile de prendre en compte ces coûts. Notre amendement est
donc un amendement de coordination avec l'amendement n° 38, qui donnait une
nouvelle rédaction du paragraphe II de l'article 4.
M. le président.
La parole est à M. Valade, pour présenter l'amendement n° 260.
M. Jacques Valade.
Les charges liées aux recherches et au développement des réseaux incombent aux
gestionnaires des réseaux de transport et de distribution, et doivent être
répercutés sur les tarifs d'utilisation. Elles ne relèvent donc pas des
missions de service public. C'est pourquoi nous demandons aussi la suppression
du cinquième alinéa du paragraphe I de l'article 5.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement sur les amendements n°s 42 et 260 ?
M. Christian Pierret,
secrétaire d'Etat.
Favorable.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix les amendements identiques n°s 42 et 260, acceptés par le
Gouvernement.
M. Pierre Lefebvre.
Le groupe communiste républicain et citoyen vote contre.
(Les amendements sont adoptés.)
M. le président.
Par amendement n° 312,MM. Lefebvre, Le Cam, Mme Terrade et les membres du
groupe communiste républicain et citoyen proposent, à la fin de la deuxième
phrase du sixième alinéa de l'article 5, de remplacer les mots : « agréé par la
commission de régulation de l'électricité » par les mots : « agréé par le
ministre chargé de l'énergie après consultation du conseil supérieur de
l'électricité et du gaz »
La parole est à M. Lefebvre.
M. Pierre Lefebvre.
Avant de défendre mon amendement, je souhaite faire une remarque liminaire,
monsieur le président.
Hier soir, M. Valade se plaignait que ses amendements n'aient pas trouvé grâce
auprès de la commission !
M. Jacques Valade.
J'ai bien fait !
M. Pierre Lefebvre.
Qu'est-ce que je pourrais dire, moi, qui attends encore une explication de la
commission sur son refus d'examiner nos amendements ! Cette façon d'agir de M.
le rapporteur est assez désagréable.
(Protestations sur les travées du RPR.)
Pour ce qui est des amendements n°s 312 et 313, ils ont pour finalité de
limiter les compétences de la commission de régulation de l'électricité à ce
qu'exige la directive, sans remettre pour autant en cause le caractère
indépendant de cette commission.
Il est inacceptable, en effet, que le ministre chargé de l'énergie, qui arrête
les orientations de la politique énergétique nationale, soit pieds et poings
liés face aux propositions de la CRE.
Non seulement le secrétaire d'Etat ne peut contester les propositions de la
commission, mais, en plus, celle-ci n'est absolument pas tenue d'observer les
contre-propositions du Gouvernement.
Une fois de plus, l'autorité de régulation est en situation d'occuper une
place prépondérante dans la politique énergétique en ne laissant qu'une marge
de manoeuvre très faible au ministre compétent. Nous proposons donc que la CRE
se contente de formuler des avis et que ce soit le ministre qui donne son
agrément aux propositions de cet organisme indépendant, chargé de contrôler la
comptabilité des charges dues par les opérateurs.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Henri Revol,
rapporteur.
M. Lefebvre a perdu la mémoire : hier, à l'ouverture de la
discussion des articles, le premier amendement adopté a été un amendement de M.
Lefebvre...
M. Jacques Machet.
Eh oui !
M. Henri Revol,
rapporteur.
... et il avait reçu un avis favorable de la commission, bien
entendu !
Qu'il me pardonne si je n'ai pas été assez explicite dans la justification des
avis de la commission. Mais M. Lefebvre est membre de la commission des
affaires économiques et il sait bien que les avis ont été rendus de façon très
argumentée.
En ce qui concerne plus particulièrement l'amendement n° 312, malheureusement
la commission a émis un avis défavorable.
M. le président.
Vous allez chagriner M. Lefebvre, monsieur le rapporteur.
Quel est l'avis du Gouvernement sur l'amendement n° 312 ?
M. Christian Pierret,
secrétaire d'Etat.
La commission de régulation de l'électricité a
notamment pour mission d'évaluer le montant des charges de service. Il est donc
normal que lui revienne la possibilité d'agréer les organismes indépendants
chargés de contrôler la comptabilité des opérateurs qui exercent les missions
de service public concernés.
Cette disposition ne porte en rien préjudice, monsieur Lefebvre, aux
compétences attribuées par ailleurs par la loi aux différents ministres
compétents, en particulier au ministre chargé de l'énergie, en matière de
contrôle.
Je ne suis donc pas d'accord avec vous. Je veux en effet réaffirmer
l'indépendance et le rôle de la CRE, sans toutefois, et je m'en suis expliqué
hier soir, réduire le rôle du ministre chargé de l'énergie en ce qui concerne
la définition de la politique nationale de l'énergie.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 312, repoussé par la commission et par le
Gouvernement.
(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président.
Je suis saisi de deux amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion
commune.
Par amendement n° 261, M. Valade et les membres du groupe du Rassemblement
pour la République proposent, dans la dernière phrase du sixième alinéa du I de
l'article 5, de remplacer les mots : « sur proposition » par les mots : « après
avis conforme ».
Par amendement n° 313, MM. Lefebvre, Le Cam, Mme Terrade et les membres du
groupe communiste républicain et citoyen proposent, dans la dernière phrase du
sixième alinéa de l'article 5, de remplacer les mots : « sur proposition » par
les mots : « après avis ».
La parole est à M. Valade, pour présenter l'amendement n° 261.
M. Jacques Valade.
Cet amendement prévoit que le montant des charges imputées à l'ensemble des
opérateurs sera fixé par la commission de régulation de l'électricité.
M. le président.
La parole est à M. Lefebvre, pour présenter l'amendement n° 313.
M. Pierre Lefebvre.
J'ai déjà défendu cet amendement.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission sur les amendements n°s 261 et 313 ?
M. Henri Revol,
rapporteur.
La commission est favorable à l'amendement n° 261, qui
apporte une précision très utile.
En revanche, elle est défavorable à l'amendement n° 313, qui limite le pouvoir
de la commission de régulation de l'électricité.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement sur les amendements n°s 261 et 313 ?
M. Christian Pierret,
secrétaire d'Etat.
Je m'en tiendrai très exactement à la bissectrice du
segment formée par l'amendement de M. Valade et celui de M. Lefebvre
(Sourires)
: je serai en désaccord avec l'un et avec l'autre, m'en
tenant à une position médiane.
M. Jacques Valade.
Médiatrice !
M. Christian Pierret,
secrétaire d'Etat.
Permettez-moi, monsieur le président, d'apporter une
rectification importante : il s'agit bien, effectivement, de la médiatrice !
(Nouveaux sourires.)
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 261, accepté par la commission et repoussé
par le Gouvernement.
M. Pierre Lefebvre.
Le groupe communiste républicain et citoyen vote contre.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
En conséquence, l'amendement n° 313 n'a plus d'objet.
Par amendement n° 43, M. Revol, au nom de la commission, propose de remplacer,
dans la première phrase du septième alinéa du I de l'article 5, le mot : « géré
», par les mots : « dont la gestion comptable et financière est assurée ».
La parole est à M. le rapporteur.
M. Henri Revol,
rapporteur.
Il s'agit d'un amendement de précision.
La Caisse des dépôts gère le fonds du point de vue technique et comptable.
Elle n'est pas appelée à statuer en opportunité sur l'utilisation des crédits
qui l'alimentent, pas plus qu'elle n'est appelée à effectuer un contrôle de
légalité de l'utilisation de ces dépenses ou à jouer le rôle du contrôleur
financier.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Christian Pierret,
secrétaire d'Etat.
C'est un amendement excellent !
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 43, accepté par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Par amendement n° 44, M. Revol, au nom de la commission, propose d'insérer,
dans la première phrase du huitième alinéa du I de l'article 5, après les mots
: « leurs filiales », les mots : «, par les fournisseurs ».
La parole est à M. le rapporteur.
M. Henri Revol,
rapporteur.
Nous souhaitons indiquer que les fournisseurs de courant
sont, eux aussi, assujettis au financement du fonds du service public.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Christian Pierret,
secrétaire d'Etat.
Cet amendement qui rectifie une omission, me paraît
excellent.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 44, accepté par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Je suis suivi de trois amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion
commune.
Par amendement n° 45, M. Revol, au nom de la commission, propose, dans la
première phrase du huitième alinéa du I de l'article 5, après les mots : « sur
le territoire national, » de supprimer les mots : « par les producteurs
d'électricité produisant pour leur propre usage pour une puissance supérieure à
un seuil fixé par décret, ».
Par amendement n° 314, MM. Lefebvre, Le Cam, Mme Terrade et les membres du
groupe communiste républicain et citoyen proposent, dans la première phrase du
huitième alinéa du I de l'article 5, de supprimer les mots : « pour une
puissance supérieure à un seuil fixé par décret ».
Par amendement n° 424, le Gouvernement propose, dans la première phrase du
huitième alinéa du I de l'article 5, de remplacer les mots : « pour une
puissance supérieure à un seuil fixé » par les mots : « au-delà d'une quantité
d'électricité produite annuellement, et fixée ».
La parole est à M. le rapporteur, pour présenter l'amendement n° 45.
M. Henri Revol,
rapporteur.
Les producteurs industriels d'électricité pour leur propre
compte ont réalisé des installations de cogénération - c'est le cas, par
exemple, des verreries, des cimenteries, des sites de production chimiques -
qui concourent à éviter de surdimensionner tant les installations de production
que les réseaux de transport de courant. Il n'apparaît pas opportun de les
faire contribuer au financement du fonds du service public de la production au
titre de leur autoconsommation.
Cet amendement est coordonné avec l'amendement n° 46 portant sur la première
phrase du neuvième alinéa du paragraphe I de l'article 5.
M. le président.
La parole est à M. Lefebvre, pour présenter l'amendement n° 314.
M. Pierre Lefebvre.
Dans le cadre de la discussion générale, j'attirais votre attention, monsieur
le secrétaire d'Etat, sur l'incohérence du projet de loi avec, d'une part, des
améliorations substantielles en termes de service public et, d'autre part, des
reculs graves par rapport au projet initial, reculs qui vont au-delà des
exigences de la directive elle-même.
L'Assemblée nationale a jugé bon d'accorder une dispense de contribution au
fonds du service public pour certaines autoproductions ainsi que pour les
installations d'une puissance inférieure ou égale à 3 mégawatts.
Non seulement cette dérogation en faveur des petits producteurs crée une
distorsion de concurrence entre les opérateurs mais, de surcroît, il y a un
risque grave de voir toute une frange de la production privée d'électricité
échapper à l'effort collectif de financement de certaines missions de service
public.
Sous le prétexte de diversification des sources d'énergie, on créerait ainsi
un sytème dual dans lequel se propageraient de multiples installations en
dehors du champ du service public.
En outre, des groupes seront tentés, inévitablement, de privilégier
l'exploitation de plusieurs installations de moins de 3 mégawatts pour profiter
de cette exonération de charges de service public. Ce risque est d'autant plus
réel que le paragraphe II de l'article 6 prévoit, pour de tels producteurs, la
possibilité de s'installer sans autorisation des pouvoirs publics.
Ainsi, les installations de moins de 3 mégawatts ne seraient soumises à aucune
obligation technique de sécurité ni à aucune obligation de participation aux
missions de service public.
A aucun moment, la directive ne nous oblige à une telle différenciation selon
la taille des installations. Je rappelle en outre que cette disposition n'était
pas évoquée dans le texte de loi initial. Aussi, nous demandons au Gouvernement
d'accepter les amendements que nous proposons dans l'intérêt du service public
et de son financement et de la validité de la programmation pluriannuelle des
investissements.
On ne peut, en effet, admettre qu'une partie - non négligeable - de la
production électrique échappe de la sorte à tout contrôle et à toute
obligation, ce qui irait à l'encontre des orientations de la politique
énergétique de notre pays.
M. le président.
La parole est à M. le secrétaire d'Etat, pour défendre l'amendement n° 424 et
donner l'avis du Gouvernement sur les amendements n°s 45 et 314.
M. Christian Pierret,
secrétaire d'Etat.
Cet amendement est destiné à améliorer la cohérence de
la rédaction actuelle en fixant le seuil de contribution des autoproducteurs au
fonds de charges du service public de la production, dont nous venons de
débattre avec les deux amendements précédents, en fonction du nombre de
kilowattheures produits pour leur propre usage, dans la mesure où l'assiette de
contribution est fixée en kilowattheures, et non par rapport à la puissance
d'installation.
Je vous prie de m'excuser de ces précisions techniques, monsieur le président,
mais elles seront très brèves.
La production théorique annuelle d'une installation de 40 mégawatts est de 240
000 kilowattheures ou 240 gigawattheures. Selon les données partielles fournies
par l'Union des industries consommatrices d'énergie l'UNIDEM, qui concernent
les entreprises grandes consommatrices d'électricité, la répartition est la
suivante : 75 % des sites se situent entre 12 et 40 mégawatts, 25 % des sites
sont au-delà de 40 mégawatts, dont un peu moins de la moitié au-delà de 60
mégawatts. Il est donc naturel de fixer un seuil.
Pour gagner du temps, permettez-moi d'en venir maintenant au jugement que
porte le Gouvernement sur les amendements n° 45 et 314.
Pour des raisons exactement identiques à celles que j'ai invoquées dans le
débat précédent, je suis hostile à la fois au fait d'exclure les
autoproducteurs de la contribution au fonds de péréquation de la production et
de les inclure tous au dispositif de contribution au fonds du service public de
la production.
Je m'en tiendrai donc à une position - de barycentre cette fois-ci - située
entre les deux extrêmes énoncés tout à l'heure par MM. Lefebvre et Revol :
l'amendement du Gouvernement me paraît équilibré et bien répondre à la
préoccupation et des uns et des autres. Chacun pourrait donc se rallier à cette
proposition de seuil, qui me paraît efficace.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission sur les amendements n°s 314 et 424 ?
M. Henri Revol,
rapporteur.
Monsieur le président, je voudrais que M. le secrétaire
d'Etat me confirme - c'est important - que le seuil sera bien fixé à 40
mégawatts.
M. Christian Pierret,
secrétaire d'Etat.
Oui !
M. Henri Revol,
rapporteur.
S'il s'agit d'une assurance tout à fait ferme et solennelle,
nous retirons l'amendement n° 45.
M. Christian Pierret,
secrétaire d'Etat.
« Je le jure ! »
(Sourires.)
L'assurance est
ferme et solennelle : c'est bien à 40 mégawatts que nous fixerons le seuil.
M. le président.
L'amendement n° 45 est retiré.
Monsieur Lefebvre, l'amendement n° 314 est-il maintenu ?
M. Pierre Lefebvre.
Je le retire, monsieur le président.
M. le président.
L'amendement n° 314 est retiré.
Quel est l'avis de la commission sur l'amendement n° 424 ?
M. Henri Revol,
rapporteur.
Favorable.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 424, accepté par la commission.
(L'amendement est adopé.)
M. le président.
Je suis saisi de deux amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion
commune.
Par amendement n° 315, MM. Lefebvre, Le Cam, Mme Terrade et les membres du
groupe communiste républicain et citoyen proposent de supprimer la dernière
phrase du huitième alinéa du I de l'article 5.
Par amendement n° 262, M. Valade et les membres du groupe du Rassemblement
pour la République proposent, dans la dernière phrase du huitième alinéa du I
de l'article, après les mots : « 3 mégawatts », d'insérer les mots : « ainsi
que les intallations visées à l'article 10 de la présente loi ».
La parole est à M. Lefebvre, pour présenter l'amendement n° 315.
M. Pierre Lefebvre.
Cet amendement a été défendu en même temps que l'amendement n° 314.
M. le président.
La parole est à M. Valade, pour défendre l'amendement n° 262.
M. Jacques Valade.
Cet amendement a pour objet de prévoir une exonération des charges pour la
production décentralisée afin de favoriser son développement et de contribuer
ainsi, dans le cadre des objectifs de la politique énergétique, à l'aménagement
du territoire et à la protection de l'environnement.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission sur les amendements n°s 262 et 315 ?
M. Henri Revol,
rapporteur.
La commission est favorable à l'amendement n° 262. En
revanche, elle est défavorable à l'amendement n° 315, qui prévoit que toutes
les petites installations devront contribuer au fonds du service public de la
production ; cela ne nous semble pas réaliste.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Christian Pierret,
secrétaire d'Etat.
L'amendement n° 262 tend à exonérer de contribution au
fonds les installations visées à l'article 10. Il me paraît donc inutile de le
présenter à l'occasion de la discussion de l'article 5.
Je suis défavorable à l'amendement n° 315, car la philosophie du texte n'est
pas de faire participer au fonds de service public de la production les très
petits producteurs, ceux qui ont une puissance installée inférieure à 3
mégawatts. Il faut être raisonnable : ils n'ont pas une assise et une puissance
économique suffisantes pour participer au financement du fonds !
Je suis donc défavorable à ces deux amendements et j'invite M. Valade à
retirer son amendement n° 262, qui trouvera, selon moi, satisfaction à
l'article 10.
M. le président.
Monsieur Valade, l'amendement n° 262 est-il maintenu ?
M. Jacques Valade.
J'ai très envie de le maintenir. Pourquoi, en effet, ne pas préciser les
choses à l'article 5 ? Nous trouverons la confirmation à l'article 10. Soit !
Mais nous avons intérêt à adopter maintenant cet amendement.
Je ne pense pas que le Gouvernement soit défavorable à cet amendement. Selon
lui, cette disposition n'est tout simplement pas à sa place. Je le maintiens
pourtant.
M. Christian Pierret,
secrétaire d'Etat.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. le secrétaire d'Etat.
M. Christian Pierret,
secrétaire d'Etat.
Permettez-moi, monsieur le président, de donner, en
deux mots, une explication plus détaillée.
La disposition proposée me paraît inutile s'il s'agit d'exonérer de
contribution au fonds du service public de la production les installations qui
bénéficient de l'obligation d'achat instituée par l'article 10, dans la mesure
où ces installations qui ne livrent pas - c'est là le point important -
d'électricité aux clients finals ne sont pas soumises à la contribution de
l'article 5.
Toutefois, si ces installations alimentent directement des clients éligibles
parce qu'elles n'ont pas demandé à bénéficier de l'obligation d'achat, il
serait légitime, dans un souci d'égalité devant la loi, qu'elles contribuent au
fonds au même titre que tous les producteurs.
La première partie de mon raisonnement répond à l'esprit qui sous-tend
l'amendement n° 262, lequel sera satisfait à l'article 10. La disposition est
donc, je le répète, inutile.
M. Henri Revol,
rapporteur.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. le rapporteur.
M. Henri Revol,
rapporteur.
Je confirme tout à fait l'avis favorable de la commission,
qui pense que c'est bien à l'article 5 qu'il faut inscrire une telle
disposition.
M. le président.
Je vais mettre aux voix l'amendement n° 315.
M. Henri Weber.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Weber.
M. Henri Weber.
Sans répéter les propos de M. le secrétaire d'Etat, nous trouvons, nous, que
le compromis élaboré par l'Assemblée nationale est bien supérieur. C'est
pourquoi nous sommes défavorables à cet amendement.
M. le président.
Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 315, repoussé par la commission et par le
Gouvernement.
(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président.
Je vais mettre aux voix l'amendement n° 262.
M. Henri Weber.
Je demande la parole contre l'amendement.
M. le président.
La parole est à M. Weber.
M. Henri Weber.
Si cet amendement était adopté, à l'article 5 ou à un autre, il ne resterait
plus grand monde pour financer les surcoûts liés aux charges du service public
de la production d'électricité ! Nous sommes donc défavorables à cet
amendement.
M. le président.
Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 262, accepté par la commission et repoussé
par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Je suis saisi de trois amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion
commune.
Par amendement n° 46, M. Revol, au nom de la commission, propose, après les
mots : « sur le territoire national », de supprimer la fin de la première
phrase du neuvième alinéa du I de l'article 5.
Par amendement n° 263, M. Valade et les membres du groupe du Rassemblement
pour la République proposent, à la fin de la première phrase du neuvième alinéa
du I de l'article 5, de remplacer les mots : « ou produits par les
autoproducteurs pour leur propre usage » par les mots : « et transportés sur le
réseau public de transport ».
Par amendement n° 425, le Gouvernement propose, dans la première phrase du
neuvième alinéa du I de l'article 5, de remplacer les mots : « ou produits »
par les mots : « au-delà de la quantité mentionnée à l'alinéa précédent ».
La parole est à M. le rapporteur, pour défendre l'amendement n° 46.
M. Henri Revol,
rapporteur.
Il s'agit d'un amendement de coordination avec l'amendement
n° 45.
M. le président.
La parole est à M. Valade, pour présenter l'amendement n° 263.
M. Jacques Valade.
Par cet amendement, nous proposons que le montant des contributions supportées
par les producteurs et les fournisseurs d'électricité soit calculé sur la base
de la production d'électricité transportée sur le réseau. Ce mode de calcul
présente l'avantage de rendre plus transparents les coûts de production et de
favoriser la production décentralisée, ce qui contribue aux objectifs mêmes du
projet de loi.
M. le président.
La parole est à M. le secrétaire d'Etat, pour présenter l'amendement n°
425.
M. Christian Pierret,
secrétaire d'Etat.
Il s'agit d'un amendement de coordination avec
l'amendement gouvernemental n° 424, qui fixe le seuil de contribution des
autoproducteurs au fonds du service public de la production.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission sur les amendements n°s 263 et 425 ?
M. Henri Revol,
rapporteur.
Compte tenu des assurances que nous avons obtenues de M. le
secrétaire d'Etat quant au seuil de 40 mégawattheures, la commission ne peut
qu'être défavorable à l'amendement n° 263.
En revanche, elle est favorable à l'amendement n° 425, qui est un amendement
de coordination avec l'amendement n° 424.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement sur les amendements n°s 46 et 263 ?
M. Christian Pierret,
secrétaire d'Etat.
Pour les raisons déjà évoquées dans la discussion
précédente, je suis en désaccord avec les amendements n°s 46 et 263, préférant
l'amendement n° 425 du Gouvernement.
M. le président.
Je vais mettre aux voix l'amendement n° 46.
M. Henri Revol,
rapporteur.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. le rapporteur.
M. Henri Revol,
rapporteur.
Je retire cet amendement par coordination, monsieur le
président.
M. le président.
L'amendement n° 46 est retiré.
Je vais mettre aux voix l'amendement n° 263.
M. Jacques Valade.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Valade.
M. Jacques Valade.
En réalité, je souhaite interroger M. le rapporteur. Il m'a semblé entendre
que la commission était défavorable à cet amendement. Je pensais plutôt qu'elle
le considérait comme satisfait.
M. le président.
Qu'en est-il, monsieur le rapporteur ?
M. Henri Revol,
rapporteur.
Les deux amendements n'ont pas le même objet. L'amendement de
M. Valade vise le transport.
M. Jacques Valade.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. Valade.
M. Jacques Valade.
Autant je comprends la position de M. le secrétaire d'Etat, autant j'ai un peu
de peine à comprendre celle de M. le rapporteur. Si la commission considère que
l'explication donnée par le Gouvernement est satisfaisante, je retire mon
amendement ; mais si la commission est fondamentalement opposée à cet
amendement, je le maintiens.
M. le président.
Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 263, repoussé par la commission et par le
Gouvernement.
(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 425, accepté par la commission.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Par amendement n° 316, MM. Lefebvre, Le Cam, Mme Terrade et les membres du
groupe communiste républicain et citoyen proposent, dans la seconde phrase de
l'avant-dernier alinéa du I de l'article 5, de remplacer les mots : « sur
proposition » par les mots : « après avis ».
La parole est à Mme Luc.
Mme Hélène Luc.
Le texte initial du projet de loi prévoyait de ne donner à la CRE que la
possibilité de formuler un avis. L'Assemblée nationale a souhaité étendre les
pouvoirs de cette commission. Celle-ci serait ainsi chargée de proposer le
montant des contributions et versements versés ou reçus via le fonds du service
public.
Mon ami Pierre Lefebvre a indiqué, à l'occasion de l'examen de l'article
précédent, que notre groupe s'inscrivait dans une tout autre logique,
c'est-à-dire celle qui tend à restreindre les attributions de la CRE sans pour
autant s'éloigner des exigences de la directive, qui laisse dans ce domaine une
relative marge de manoeuvre aux Etats.
Pour vous convaincre, mes chers collègues, je ferai deux observations montrant
qu'un simple avis de la CRE serait suffisant.
D'une part, en vertu des articles 25 et 26, les opérateurs électriques, dont
EDF, sont soumis aux obligations de séparation et de transparence de leurs
comptabilités « de l'ensemble de leurs activités ». Ces comptes sont ensuite
mis à la disposition du public et transmis à la CRE.
Par conséquent, la commission de régulation aura toute latitude pour vérifier
et contrôler d'éventuelles iniquités dans la redistribution et la contribution
aux fonds du service public.
D'autre part, puisque nous touchons ici directement à certaines des missions
de service public et à leur financement, il nous paraît logique et préférable
d'accorder l'initiative de la décision aux ministres concernés, qui sont
garants de la pérennité et de la continuité du service public de
l'électricité.
A ce titre, je me permets de rappeler que l'article 1er confirme que « le
service public de l'électricité est organisé, chacun pour ce qui le concerne,
par l'Etat et les communes ou leurs établissements publics de coopération ».
Pourquoi, dès lors, confier à l'Etat la responsabilité de garantir l'exercice
des missions de service public et lui refuser ensuite d'avoir la maîtrise des
moyens de les financer ?
Bien évidemment, la CRE jouerait pleinement son rôle d'alerte en émettant un
avis.
A vouloir ainsi, par des mesures successives, réduire à une « peau de chagrin
» les compétences du ministre - j'espère que vous serez d'accord avec moi,
monsieur le secrétaire d'Etat -, je crains qu'à terme l'idée même d'une
politique énergétique nationale digne de ce nom ne perde de sa substance.
En conséquence, je vous demande, mes chers collègues, d'adopter notre
amendement, qui reste fidèle à l'esprit de la directive et s'inscrit dans la
volonté des auteurs de ce projet de loi de conforter et de développer le
service public de l'électricité.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Henri Revol,
rapporteur.
Défavorable, bien entendu, et - je ne l'ai peut-être pas dit
à chaque fois à M. Lefebvre - si la commission est défavorable à ses
amendements, c'est parce qu'ils visent à limiter les pouvoirs de la CRE, alors
que, au contraire, dans le cadre de l'ouverture à la concurrence dans lequel la
commission de régulation jouera un rôle majeur d'arbitrage, elle souhaite
renforcer à la fois l'indépendance et les pouvoirs de cette commission.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Christian Pierret,
secrétaire d'Etat.
Dans le texte de l'article 5 tel qu'il résulte des
travaux de l'Assemblée nationale, la commission de régulation est chargée de
faire une proposition. Cela signifie que l'évaluation des charges est de toute
manière, dans tous les cas de figure, arrêtée par le ministre. Que la
Commission de régulation propose un montant n'empiète en aucune manière sur le
domaine de l'exécutif, puisque ce sont les ministres chargés respectivement de
l'économie et de l'énergie qui arrêtent le montant des charges, ainsi que le
précise l'alinéa visé.
J'ai le sentiment que Mme Luc a entière satisfaction puisque le rôle du
ministre reste prépondérant.
J'ai affirmé hier soir, tout au long du débat, qu'il était important pour le
ministre de définir les termes de la politique énergétique. La CRE a, en
l'occurrence, une fonction plutôt technique que décisionnelle.
M. le président.
Personne ne demande la parole ? ...
Je mets aux voix l'amendement n° 316, repoussé par la commission et par le
Gouvernement.
(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président.
Par amendement n° 47, M. Revol, au nom de la commission, propose de
compléter
in fine
le I de l'article 5 par un alinéa ainsi rédigé :
« La commission de régulation de l'électricité évalue chaque année dans son
rapport annuel le fonctionnement du fonds du service public de la production.
»
La parole est à M. le rapporteur.
M. Henri Revol,
rapporteur.
Le fonds du service public de la production sera géré par la
Caisse des dépôts et consignations. A ce titre, il figurera dans le rapport
annuel de cette institution.
Il apparaît souhaitable qu'en outre la commission de régulation de
l'électricité émette de façon régulière une appréciation sur l'activité de ce
fonds et sur l'évolution de ses produits et de ses charges, ainsi que sur
l'adéquation des premiers avec les secondes.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Christian Pierret,
secrétaire d'Etat.
Favorable.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 47, accepté par le Gouvernement.
M. Pierre Lefebvre.
Le groupe communiste républicain et citoyen vote contre.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Par amendement n° 211 rectifié, MM. Bohl, Arnaud, Bécot, Dulait, Hérisson,
Cornu et César proposent, dans le premier alinéa du II de l'article 5, après
les mots : « en matière », d'insérer les mots : « de développement et ».
La parole est à M. Bohl.
M. André Bohl.
La mission définie au II de l'article 2 concerne le développement et
l'exploitation des réseaux publics de transport et de distribution.
Pour le financement des charges résultant de cette mission, au-delà de la
seule exploitation des réseaux, il convient de prendre également en
considération leur développement, c'est-à-dire le premier établissement,
l'extension, le renforcement et le perfectionnement des ouvrages de
distribution.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Henri Revol,
rapporteur.
La commission est défavorable à cet amendement pour les mêmes
raisons que celles qui ont été évoquées à l'amendement n° 206 sur l'article
4.
En effet, cet amendement mettrait à mal le système de péréquation des charges
d'investissement sur le réseau, qui est actuellement géré par le FACE.
Cet amendement instituerait une « concurrence » entre le FACE et le FPE. Il
encouragerait un transfert éventuel des crédits de l'électrification rurale
vers l'électrification urbaine.
J'observe que, dans les dix départements où la maîtrise d'ouvrage a été
transférée des collectivités locales à EDF, les collectivités support d'un
distributeur non nationalisé continuent à bénéficier des aides du FACE quand il
s'agit de commune rurales. Quant aux communes urbaines, si elles ne reçoivent
rien du FACE, c'est parce que leur réseau est dense et rentable : la
rentabilité du développement du réseau est fonction croissante de la densité de
population !
Par ailleurs on a souvent évoqué les menaces qui pèsent sur le FACE ; je n'y
reviendrai pas.
Enfin, dernier inconvénient, ce sont des élus locaux qui attribuent les
subventions du FACE. Ces élus n'auraient plus rien à dire dès lors que les
subventions seraient attribuées par le FPE, qui est géré par EDF et les
distributeurs non nationalisés.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Christian Pierret,
secrétaire d'Etat.
Le Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat.
Cet amendement vise à inclure les charges de développement dans le fonds de
production de l'électricité. Il s'agit, si je ne me trompe, d'un amendement de
coordination avec deux amendements, l'un à l'article 2, l'autre à l'article 4,
qui ont été repoussés.
J'étais favorable hier à ces deux amendements ; dans ma logique, je suis donc
plutôt favorable à celui-ci.
M. le président.
Je vais mettre aux voix l'amendement n° 211 rectifié.
M. André Bohl.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Bohl.
M. André Bohl.
Il faudrait éviter - j'essaie de le faire - de confondre certains objets.
De quoi est-il question ?
Le 1° du paragraphe II de l'article 5 précise qu'il s'agit de « tout ou partie
des coûts supportés par les organismes de distribution et qui, en raison des
particularités de leurs réseaux ou de leur clientèle, ne sont pas couverts par
la part relative à l'utilisation de ces réseaux dans les tarifs de vente aux
clients non éligibles et par les tarifs d'utilisation des réseaux publics de
distribution ».
Il ne s'agit en aucune façon d'une compétition entre le réseau rural et le
réseau urbain. Le problème est de faire en sorte que les frais de développement
devenus caducs en raison de l'éligibilité de certains clients puissent être
pris en charge par le fonds de péréquation de l'électricité, qui n'a rien de
commun avec le fonds d'amortissement des charges d'électrification.
M. le président.
Personne ne demande plus la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 211 rectifié, repoussé par la commission et
pour lequel le Gouvernement s'en remet à la sagesse du Sénat.
(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président.
Je suis saisi de deux amendements identiques.
L'amendement n° 48 est présenté par M. Revol, au nom de la commission.
L'amendement n° 3 rectifié est déposé par MM. Besson, Pastor, Sergent et
Weber.
Tous deux tendent, dans le troisième alinéa (1°) du II de l'article 5, à
remplacer les mots : « de leurs réseaux » par les mots : « des réseaux publics
de distribution qu'ils exploitent ».
La parole est à M. le rapporteur, pour présenter l'amendement n° 48.
M. Henri Revol,
rapporteur.
Il s'agit d'un amendement rédactionnel, visant à souligner
que les réseaux appartiennent aux collectivités locales concédantes.
M. le président.
La parole est à M. Besson, pour présenter l'amendement n° 3 rectifié.
M. Jean Besson.
Il s'agit simplement de préciser la rédaction du texte en indiquant, comme le
propose également M. le rapporteur, que les réseaux appartiennent aux
collectivités locales ayant compétence dans le domaine de la distribution
d'électricité.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement sur ces deux amendements identiques ?
M. Christian Pierret,
secrétaire d'Etat.
Le Gouvernement y est favorable.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix les amendements identiques n°s 48 et 3 rectifié, acceptés par
le Gouvernement.
(Les amendements sont adoptés.)
M. le président.
Je suis saisi de deux amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion
commune.
Par amendement n° 49, M. Revol, au nom de la commission, propose de supprimer
le dernier alinéa (3°) du II de l'article 5.
Par amendement n° 4, MM. Besson, Pastor, Sergent et Weber proposent de rédiger
comme suit le dernier alinéa (3°) du II de l'article 5 :
« 3° La participation, dans le cadre de la contribution à la sécurité publique
et à l'aménagement du territoire, aux moyens mis en oeuvre dans les zones
définies à l'article 42 de la loi n° 95-115 du 4 février 1995 modifiée
d'orientation pour l'aménagement et le développement du territoire, pour
consolider la présence du service public et contribuer à la médiation sociale.
»
La parole est à M. le rapporteur, pour présenter l'amendement n° 49.
M. Henri Revol,
rapporteur.
Les dépenses visées concernent la politique de la ville. Or
c'est au budget de l'Etat de financer des emplois-ville dans les quartiers en
difficulté. Il n'est pas logique qu'une telle dépense soit ainsi débudgetisée
et mise à la charge du fonds du service public de la production
d'électricité.
M. le président.
La parole est à M. Besson, pour défendre l'amendement n° 4.
M. Jean Besson.
Cet amendement a tout d'abord pour objet de préciser la notion de « quartier
en difficulté », ce qui est maintenant possible grâce aux définitions ajoutées
à la loi du 4 février 1995 d'orientation et de développement du territoire par
la loi n° 99-533 du 25 juin 1999.
Il vise également à étendre la disposition à certaines zones rurales, où l'on
observe que l'insécurité augmente avec l'éloignement des agences
administratives, techniques ou commerciales des divers services publics.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission sur l'amendement n° 4 ?
M. Henri Revol,
rapporteur.
La commission des affaires économiques, après en avoir
longuement débattu, a émis un avis défavorable.
Cet amendement tend à tirer les conséquences financières des missions que
l'Etat a confiées à l'EDF, missions qui relèvent en fait de la politique de la
ville. EDF finance ainsi plus de trois cents médiateurs sociaux dans les
quartiers en difficulté, ce qui revient, je le repète, à une
débudgétisation.
De plus, cet amendement vise à étendre ce dispositif aux zones rurales en
difficulté, par référence à la loi de 1995 d'orientation pour l'aménagement et
le développement du territoire. Mais ce n'est là qu'une manière d'afficher une
apparente symétrie.
M. Ladislas Poniatowski.
Tout à fait !
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement sur les amendements n°s 49 et 4 ?
M. Christian Pierret,
secrétaire d'Etat.
J'avais cru comprendre hier soir, au cours d'un débat
d'une exceptionnelle qualité, que l'ensemble des sénateurs, sur quelques
travées qu'ils siègent, étaient favorables au renforcement des missions de
service public. D'ailleurs, l'intitulé du texte fait bien référence à la
modernisation et au développement du service public de l'électricité.
Cette question ne devrait donc pas être à la source d'un affrontement
politique entre majorité et opposition sénatoriales. Il s'agit d'un mouvement
de la nation, qui tient compte du rôle eminemment dynamique, essentiel, que
joue Electricité de France, service public, dans une politique qui a été, au
moins au regard de ses objectifs, celle de tous les gouvernements qui se sont
succédé à la tête de notre pays, politique qui doit aujourd'hui être
renforcée.
C'est pourquoi il m'apparaît étrange, je le dis en toute amitié à M. le
rapporteur, de vouloir maintenant supprimer une dispositon qui prévoit, pour
les distributeurs d'électricité, l'exercice d'une mission de service public
dans les quartiers en difficulté et une contribution à la médiation sociale.
Je ne pense pas qu'il y ait, entre le Gouvernement et le Sénat, une opposition
politique fondamentale sur cette question, mais je ne peux qu'être en désaccord
avec la position adoptée par la commission.
L'amendement n° 4 m'apparaît comme décisif. Il est une contribution importante
du groupe socialiste à l'amélioration du texte issu des travaux de l'Assemblée
nationale. Il permet de réaliser une avancée significative puisqu'il étend aux
zones rurales la mutualisation des charges concernant le renforcement de la
présence du service public et le développement de la médiation sociale.
Rappelons que les zones définies par la loi du 4 février 1995 d'orientation
pour l'aménagement et le développement du territoire concernent notamment les
territoires ruraux de développement prioritaire, les zones urbaines sensibles
et les régions ultra périphériques dans les départements d'outre-mer.
Je pense vraiment que le Sénat devrait prendre en considération le mouvement
qui est inscrit dans ce texte et voter celui-ci pour bien montrer son accord au
fond avec ce qui a été dit hier soit à la tribune.
M. Henri Revol,
rapporteur.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. le rapporteur.
M. Henri Revol,
rapporteur.
Quand nous assistons à la fermeture de gendarmeries, d'écoles
et de différents autres services publics en milieu rural, nous pensons qu'il
vaudrait mieux que l'Etat y consacre des crédits plutôt que de demander à EDF
de payer un certain nombre de médiateurs sociaux supplémentaires.
M. Christian Pierret,
secrétaire d'Etat.
Nous y consacrons déjà beaucoup de crédits !
M. le président.
Je vais mettre aux voix l'amendement n° 49.
M. Ladislas Poniatowski.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Poniatowski.
M. Ladislas Poniatowski.
Je ne suis, bien sûr, absolument pas d'accord avec ce que vient de nous dire
M. le secrétaire d'Etat, malgré le ton un peu suppliant qu'il a employé pour
nous appeler au consensus.
Je rappelle que le texte visé ne faisait pas partie du projet que le
Gouvernement a présenté à l'origine. C'est l'Assemblée nationale qui a ajouté
cet alinéa concernant la politique de la ville et les problèmes d'insécurité
dans les quartiers difficiles.
Bien entendu, nous sommes tous prêts à reconnaître qu'il y a de grandes
difficultés dans un certain nombre de quartiers ; nous le constatons tous dans
nos départements respectifs.
Mais ce n'est pas une raison de mettre EDF « à toutes les sauces » !
Après lui avoir fait prendre part à l'aménagement du territoire, à la
politique fluviale, voilà que vous voulez maintenant, monsieur le secrétaire
d'Etat, lui imposer des missions qui relèvent strictement de la compétence de
l'Etat.
S'il faut augmenter les effectifs de gendarmes ou d'accompagnateurs sociaux,
c'est à l'Etat d'assumer cette responsabilité ! Mais arrêtons d'utiliser EDF,
pardonnez-moi l'expression, comme une « pompe à fric » !
Quant à l'amendement n° 4, c'est ce que j'appellerai un « amendement de
rattrapage ». Il est tellement flagrant qu'il s'agit de donner un coup de main
financier à l'Etat pour l'aider à assumer une charge qui lui incombe
indiscutablement, s'agissant de la politique de la ville, que pour rendre les
choses plus supportables, on met une petite touche rurale, en expliquant que
les problèmes d'insécurité se posent aussi en zone rurale. Et il est bien vrai
que les gendarmeries ou les commissariats de police des petites villes ont des
effectifs insuffisants ! Mais il s'agit surtout de mieux faire passer cette
participation d'EDF à la politique de la ville.
Voilà pourquoi, monsieur le président, mes chers collègues, je soutiens
résolument l'amendement n° 49 et je suis tout à fait opposé à l'amendement n°
4.
M. Philippe Marini.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Marini.
M. Philippe Marini.
Il y a quelques instants, au sein de la commission des finances, nous
examinions le rapport de notre collègue Michel Mercier sur les crédits aux
collectivités locales regroupés dans le fascicule « ministère de
l'intérieur-décentralisation ». Nous avons ainsi pu prendre la mesure des
problèmes résultant des propositions qui nous sont faites en matière
d'évolution de la dotation globale de fonctionnement et de la dotation de
solidarité urbaine, ce qui nous a amenés à évoquer les quartiers en
difficulté.
Il est bien évident que le cadre dans lequel il faut traiter les problèmes de
ces quartiers, c'est la loi de finances, notamment dans ses dispositions
relatives aux concours financiers de l'Etat aux collectivités territoriales.
C'est là que les responsabilités doivent être prises !
Or nous constatons que, dans le projet de loi de finances pour 2000, les
collectivités territoriales sont, par rapport à la croissance et aux marges de
manoeuvre qu'elle dégage, des laissés-pour-compte. Nous constatons également la
poursuite de nombreux transferts de charges et nous voyons que fort grandes
sont en effet les difficultés pour maintenir l'équilibre social, l'harmonie
dans un certain nombre de secteurs du territoire.
Appartient-il à EDF de venir relayer un effort défaillant de l'Etat ?
De la même façon, lorsque nous examinions, voilà quelques mois, le projet de
loi concernant la réforme des caisses d'épargne, nous avons pu observer qu'on
voulait faire faire aux caisses d'épargne des efforts en direction des
catégories sociales défavorisées, efforts qui ne relèvent nullement de leur
objet social. C'était exactement la même démarche que celle qui nous est
proposée aujourd'hui, à partir d'amendements ayant la même origine. C'était le
même sacrifice que l'actuel gouvernement avait été amené à consentir à
l'Assemblée nationale, auprès de certains membres de sa majorité plurielle,
pour des raisons de symbole et pour arriver à négocier des votes.
Dès lors, monsieur le secrétaire d'Etat, ne vous étonnez pas que, quelles que
soient vos exhortations, la majorité du Sénat ne vous suive pas dans cette
démarche, et que nous restions tout à fait soudés à notre commission.
M. Christian Pierret,
secrétaire d'Etat.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. le secrétaire d'Etat.
M. Christian Pierret,
secrétaire d'Etat.
Nous sommes là, en effet, dans un débat de fond, qui
va me conduire à proposer un sous-amendement à l'amendement n° 4 de M.
Besson.
Il s'agit ici de faire contribuer Electricité de France non au fonctionnement
des services publics en général - ont été évoqués à l'instant, notamment, des
services publics liés à la sécurité ou à la politique de la ville - mais bien
au service public de l'électricité.
En l'occurrence, dans cette partie de l'article 5, lorsque nous parlons d'EDF,
nous parlons d'un monopole qui s'adresse, comme les distributeurs non
nationalisés, à des clients captifs. Ce monopole est chargé d'un service
public, celui de la distribution d'énergie électrique.
Il convient donc d'être cohérent avec la vision partagée par l'ensemble du
Sénat en réaffirmant, à travers ce texte, les objectifs politiques, économiques
et sociaux généraux du service public de l'électricité. Aucun groupe n'est
allé, hier contre ce raisonnement.
M. Ladislas Poniatowski.
Il s'agit de missions de l'Etat !
M. Christian Pierret,
secrétaire d'Etat.
Je rejoins donc M. Poniatowski : il faut en effet que
ce texte soit strictement circonscrit à l'objet du projet de loi.
C'est pourquoi je propose, dans le texte proposé par M. Besson, après les mots
: « pour consolider la présence du service public », d'ajouter les mots : « de
l'électricité ».
M. Philippe Marini.
Et il faut supprimer : « et contribuer à la médiation sociale » !
M. Christian Pierret,
secrétaire d'Etat.
Effectivement, on peut, en outre, supprimer : « et
contribuer à la médiation sociale ». Ce n'est pas un problème.
« Pour consolider la présence du service public de l'électricité » : cela
correspond bien, mesdames, messieurs les sénateurs, à votre pratique
quotidienne, à la pratique de tous les élus, que ce soit à Compiègne, monsieur
Marini, ou ailleurs.
(Sourires.)
Que se passe-t-il, lorsque des
personnes sont en difficulté économique ? L'aide que peut leur apporter le
service public de l'électricité porte sur la facture.
Comme le texte réaffirme le droit à l'électricité et parce qu'il s'agit d'un
monopole destiné à servir la grande idée du service public, je considère que
l'amendement de MM. Besson, Pastor, Sergent et Weber est fondamental, sous
réserve de bien lui faire dire ce qu'il veut dire, c'est-à-dire de le limiter
au service public de l'électricité.
M. Ladislas Poniatowski.
De toute façon, il tombera si le Sénat adopte l'amendement n° 49 !
M. le président.
Je suis donc saisi d'un sous-amendement n° 441, présenté par le Gouvernement,
et tendant, à la fin de l'amendement n° 4, à remplacer les mots : « et
contribuer à la médiation sociale. » par les mots : « de l'électricité. »
Quel est l'avis de la commission sur ce sous-amendement n° 441 ?
M. Henri Revol,
rapporteur.
Je maintiens l'avis défavorable de la commission.
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 49, repoussé par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
En conséquence, l'amendement n° 4 et le sous-amendement n° 441 n'ont plus
d'objet.
Par amendement n° 50, M. Revol, au nom de la commission, propose, dans le III
de l'article 5, de remplacer le mot : « charges » par le mot : « contributions
».
La parole est à M. le rapporteur.
M. Henri Revol,
rapporteur.
Il s'agit d'un amendement rédactionnel. Les « contributions »
sont des produits versés au fonds.
M. Jean-Marc Pastor.
Quelle qualité de rédaction !
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Christian Pierret,
secrétaire d'Etat.
Favorable !
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'amendement n° 50, accepté par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 5, modifié.
(L'article 5 est adopté.)
TITRE II
LA PRODUCTION D'ÉLECTRICITÉ
Article 6