Séance du 24 février 2000







M. le président. La parole est à M. Dreyfus-Schmidt.
M. Michel Dreyfus-Schmidt. Ma question s'adresse à M. Christian Pierret, secrétaire d'Etat à l'industrie.
Monsieur le secrétaire d'Etat, ce n'est pas la première fois, ni, je le crains, la dernière que vous êtes interrogé sur les perspectives de l'évolution de l'emploi chez ABB-Alstom Power, en particulier sur ses sites français, que ce soit Belfort, cher à mon coeur comme à celui de M. le ministre de l'intérieur, ici présent ! Lyz-lez-Lannoy - cher au coeur de notre amie Dinah Derycke - ou La Courneuve.
C'est que, porte-parole naturels des travailleurs concernés, de leurs familles et des collectivités locales, bref, des populations tout entières, nous plaçons en vous nos espoirs, nous attendons de vous que vous fassiez tout, pour éviter que des femmes et des hommes perdent leur bien actuellement le plus précieux, c'est-à-dire leur emploi.
La dot qu'Alstom a apportée dans son mariage avec le britannique GEC d'abord, avec l'helvético-suédois Asea Brown-Boveri ensuite, est faite du produit du travail de ses cadres, de ses employés et de ses ouvriers, et aussi des aides que l'Etat français lui a amplement apportées.
Si ABB-Alstom a le pouvoir de supprimer des emplois, elle n'en a pas moralement le droit.
Elle n'a pas non plus le droit de faire planer plus longtemps la menace de mesures draconniennes, que des « fuites » amplifient chaque jour.
Monsieur le secrétaire d'Etat, vous avez rendu publics les entretiens que vous avez eus, en compagnie de M. le ministre de l'économie et des finances, avec M. Darmon, président d'ABB-Alstom Power. Nous vous avouons qu'ils ne nous rassurent pas.
Ma question est précise : accepteriez-vous d'inviter le président Darmon à rencontrer en votre présence les parlementaires des sites concernés ? (Applaudissements sur les travées socialistes et sur les travées du groupe communiste républicain et citoyen.)
M. le président. La parole est à M. le secrétaire d'Etat.
M. Christian Pierret, secrétaire d'Etat à l'industrie. Monsieur le sénateur, à la suite de la fusion, en 1999, des activités de production d'équipements énergétiques des groupes ABB et Alsthom, des inquiétudes fortes - vous venez de vous en faire le relais à juste titre - pèsent sur l'évolution de l'emploi dans le nouveau groupe ABB-Alstom Power.
Ces inquiétudes sont liées à la nécessité pour le nouveau groupe de rationaliser l'outil de production et à la concurrence des sites de production des pays à bas coût de main-d'oeuvre.
Ces inquiétudes pèsent en particulier sur les sites de Belfort et de Lys-lez-Lannois, qui sont déjà profondément touchés par les restructurations industrielles. Comme vous le dites, les perspectives sont plutôt inquiétantes, et mon collègue Jean-Pierre Chevènement et moi-même sommes très attentifs à cette question.
C'est pourquoi, avec M. Christian Sautter, nous avons tenu à faire part au P-DG de ABB-Alstom Power de nos vives préoccupations. Nous lui avons demandé de revoir très nettement à la baisse le nombre des postes dont la suppression semble aujourd'hui envisagée, de prendre toutes les dispositions nécessaires pour assurer, dans l'optique d'un dialogue permanent, l'avenir de chacun des salariés, pour permettre une pérennisation et une diversification de l'activité économique sur les sites concernés.
Pour répondre précisément à votre question, monsieur le sénateur, j'indique que, d'après mes informations, le président Darmon devrait très prochainement entamer une concertation avec les représentants des personnels des établissements concernés sur les conditions de la restructuration que le groupe envisagerait.
Quant à moi, monsieur Dreyfus-Schmidt, je suis évidemment tout prêt à accéder à votre demande et à vous recevoir avec l'ensemble des partenaires des sites concernés pour étudier l'avenir de ceux-ci et pour prendre toute mesure de restructuration nécessaire.
Bien entendu, le groupe ABB-Alstom Power ne peut s'exonérer de sa responsabilité vis-à-vis des salariés et des régions concernées. Cependant, l'Etat fera son devoir pour que cette phase soit moins dure pour les salariés, qui constituent en effet la noblesse de l'industrie française,...
M. Dominique Braye. Et les charges !
M. Christian Pierret, secrétaire d'Etat. ... moins dure aussi pour les régions qui risquent d'être touchées. (Applaudissements sur les travées socialistes.)

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