Séance du 4 mai 2000






après l'article 21

M. le président. « Art. 21. - Le chapitre II du titre III du livre III du code de l'urbanisme est ainsi modifié :
« 1° Il est inséré deux articles L. 332-11-1 et L. 332-11-2 ainsi rédigés :
« Art. L. 332-11-1 . - Le conseil municipal peut instituer une participation pour le financement de tout ou partie des voies nouvelles et des réseaux réalisés pour permettre l'implantation de nouvelles constructions.
« Le coût de l'établissement de la voie, du dispositif d'écoulement des eaux pluviales, de l'éclairage public et des réseaux d'eau potable, d'électricité et d'assainissement est réparti au prorata de la superficie des terrains nouvellement desservis, pondérée des droits à construire lorsqu'un coefficient d'occupation des sols a été institué, et situés à moins de quatre-vingt mètres de la voie.
« La participation n'est pas due pour les voies et réseaux compris dans le programme d'équipements publics d'une zone d'aménagement concerté créée en application de l'article L. 311-1 ou d'un programme d'aménagement d'ensemble créé en application de l'article L. 332-9.
« Les opérations de construction de logements sociaux visées au II de l'article 1585 C du code général des impôts peuvent être exemptées de la participation.
« Le conseil municipal arrête par délibération pour chaque voie nouvelle la part du coût des travaux mise à la charge des propriétaires riverains.
« Art. L. 332-11-2 . - La participation prévue à l'article L. 332-11-1 est due à compter de la construction d'un bâtiment sur le terrain.
« Elle est recouvrée, comme en matière de produits locaux, dans des délais fixés par l'autorité qui délivre le permis de construire.
« Toutefois les propriétaires peuvent conclure avec la commune une convention par laquelle ils offrent de verser la participation avant la délivrance d'une autorisation de construire.
« La convention fixe le délai dans lequel la voie et les réseaux seront réalisés et les modalités de règlement de la participation. Elle précise le régime des autres contributions d'urbanisme applicables au terrain, les dispositions d'urbanisme, les limitations administratives au droit de propriété et l'état des équipements publics existants ou prévus.
« La convention est, dès publication de la délibération du conseil municipal l'approuvant, créatrice de droit au sens des dispositions du deuxième alinéa de l'article L. 160-5.
« Si la demande de permis de construire prévue à l'article L. 421-1 est déposée dans le délai de cinq ans à compter de la signature de la convention et respecte les dispositions d'urbanisme mentionnées par la convention, celles-ci ne peuvent être remises en cause pour ce qui concerne le cocontractant de la commune ou ses ayants droit.
« Si la voie ou les réseaux n'ont pas été réalisés dans le délai fixé par la convention, les sommes représentatives du coût des travaux non réalisés sont restituées au propriétaire, sans préjudice des indemnités éventuelles fixées par les tribunaux. » ;
« 2° Le d du 2° de l'article L. 332-6-1 est ainsi rédigé :
« d) La participation au financement des voies nouvelles et réseaux prévue à l'article L. 332-11-1 ; »
« 3° Le a et le b du 1° et le b du 2° de l'article L. 332-6-1 sont abrogés.
« Toutefois, l'abrogation du prélèvement pour dépassement du plafond légal de densité prend effet lors de la suppression du plafond légal de densité intervenue dans les conditions fixées au II de l'article 22. »
Sur cet article, je suis saisi de treize amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune. Mais, pour la clarté du débat, je les appellerai successivement.
Par amendement n° 442 rectifié bis , MM. Poniatowski, Revet, Cléach, Emin et les membres du groupe des Républicains et Indépendants proposent de supprimer cet article.
La parole est à M. Poniatowski.
M. Ladislas Poniatowski. Cet amendement vise, en effet, à supprimer purement et simplement l'article 21.
Cet article peut sembler inquiétant en ce qu'il prévoit qu'une voie nouvelle peut être intégralement payée par les quelques riverains concernés. Or, normalement, la voirie communale est payée par le budget communal, c'est-à-dire par l'ensemble des contribuables, ou par une communauté intercommunale lorsque ces compétences lui sont transférées. J'y voyais un réel risque d'inégalité. Cependant, d'après les explications que j'ai pu obtenir, en fait, le système proposé apporterait une certaine souplesse. Il existe déjà d'ailleurs dans les deux départements d'Alsace et en Moselle. A cet égard, j'avais été frappé de constater que M. Hoeffel est l'un de ceux qui ont déposé le plus d'amendements tendant à améliorer encore un dispositif qu'il pratique et qui semble lui convenir.
Aussi, monsieur le secrétaire d'Etat, avant de retirer volontiers l'amendement n° 442 rectifié bis , je souhaiterais obtenir des assurances sur le mécanisme qui existe en Alsace et en Moselle et dont vous nous proposez l'extension à l'ensemble du territoire national.
Il s'agit, dans mon esprit, d'apporter une certaine souplesse pour des voiries nouvelles, plus précisément, je l'imagine, pour de petites voies nouvelles, qui ne représentent pas un coût énorme.
M. le président. Par amendement n° 765, M. Hérisson propose de rédiger ainsi les deux premiers alinéas du texte présenté par le 1° de l'article 21 pour l'article L. 332-11-1 du code de l'urbanisme :
« Le conseil municipal peut instituer une participation pour permettre l'implantation des constructions nouvelles, pour le financement de tout ou partie des équipements publics suivants : établissement d'une voie nouvelle ou amélioration d'une voie existante, création ou extension du dispositif d'écoulement des eaux pluviales, de l'éclairage public et des réseaux d'eau potable, d'électricité et d'assainissement.
« Le coût est réparti au prorata de la superficie des terrains nouvellement desservis, pondérés des droits à construire lorsqu'un coefficient d'occupation des sols a été institué et situés à moins de quatre-vingts mètres de la voie. »
La parole est à M. Hérisson.
M. Pierre Hérisson. Dans sa rédaction actuelle, telle qu'elle est issue des travaux de l'Assemblée nationale, le texte est manifestement trop tourné vers l'extension en périurbain et ne prend pas en compte les besoins des communes lorsque les équipements publics font défaut. Il est proposé de permettre de répartir sur l'ensemble des riverains d'une voie nouvelle ou existante le coût de l'établissement ou de l'amélioration de la voie, ainsi que l'établissement ou l'extension des réseaux qui y sont associés, nécessaires pour permettre des constructions nouvelles.
M. le président. Par amendement n° 600, M. Ambroise Dupont et les membres du groupe des Républicains et Indépendants proposent de rédiger comme suit le premier alinéa du texte présenté par le 1° de l'article 21 pour l'article L. 332-11-1 du code de l'urbanisme :
« Le conseil municipal, le conseil général ou le conseil communautaire de la communauté d'agglomération ou de communes ayant compétence en ce domaine, peuvent instituer une participation pour le financement de tout ou partie des voies nouvelles et des réseaux réalisés pour permettre l'implantation de nouvelles constructions. »
La parole est à M. Ambroise Dupont.
M. Ambroise Dupont. Le présent projet de loi instaure une taxe pour participation à la réalisation des voiries nouvelles et des réseaux. Cette disposition, qui est une juste contrepartie à la plus-value foncière engendrée par la création des équipements publics, ne paraît concerner que les seules voies communales. Or, dans les agglomérations, les voies et les équipements structurants d'intérêt commun sont, le plus souvent, réalisés par le groupement intercommunal d'agglomération, par le département, voire par une mise en commun des moyens financiers de ces différentes collectivités territoriales.
Il me paraîtrait utile que le projet de loi reconnaisse et prenne en compte cette maîtrise d'oeuvre supracommunale des voies nouvelles d'agglomération. Ce souci permettrait, par ailleurs, de mieux gérer le développement urbain autour de ces voies, très attractives pour le développement économique, les commerces, les services et autres activités. Ce sont des espaces très convoités, qui seront les « entrées de villes » des agglomérations.
J'ajoute que, dans l'utilisation des dotations de l'Etat en faveur de la voirie communale, nous connaissons des difficultés pour financer les projets des communes dans le cadre de l'intercommunalité.
Cet amendement permettrait de lever un obstacle sur lequel nous butons tous les jours.
M. le président. Je suis maintenant saisi de trois amendements présentés par MM. Hoeffel et Amoudry.
L'amendement n° 883 rectifié tend, au début du premier alinéa du texte présenté par le 1° de l'article 21 pour l'article L. 332-11-1 du code de l'urbanisme, à remplacer les mots : « Le conseil municipal peut » par les mots : « Les assemblées délibérantes des collectivités territoriales et établissements publics de coopération intercommunale compétents peuvent. »
L'amendement n° 881 vise, au début du dernier alinéa du texte présenté par le 1° de l'article 21 pour l'article L. 332-11-1 du code de l'urbanisme, à remplacer les mots : « Le conseil municipal arrête » par les mots : « Les assemblées délibérantes des collectivités territoriales et établissements publics de coopération intercommunale compétents arrêtent ».
L'amendement n° 882 a pour objet, dans le dernier alinéa du texte présenté par le 1° de l'article 21 pour l'article L. 332-11-1 du code de l'urbanisme, après les mots : « voie nouvelle » d'insérer les mots : « et pour chaque réseau réalisé ».
Ces amendements sont-ils soutenus ?...
M. Louis Althapé, rapporteur. Je reprends ces amendements au nom de la commission, monsieur le président.
M. le président. Il s'agira donc des amendements n°s 883 rectifié bis , 881 rectifié et 882 rectifié.
Vous avez la parole, monsieur le rapporteur, pour les défendre.
M. Louis Althapé, rapporteur. L'amendement n° 883 rectifié bis a pour objet d'éviter une confusion entre les compétences des communes et celles des établissements publics de coopération intercommunale, concernant notamment le financement des réseaux d'eau d'assainissement et d'électricité. Il convient de permettre à chaque collectivité compétente, en particulier s'il s'agit d'un groupement de communes, de maîtriser ce financement lors d'opérations qui requièrent son intervention.
Monsieur le président, pour éviter toute confusion, je souhaite transformer cet amendement en sous-amendement à l'amendement n° 765.
M. le président. Je suis donc saisi d'un sous-amendement n° 883 rectifié bis , présenté par M. Althapé, au nom de la commission des affaires économiques, et tendant, au début du premier alinéa du texte proposé par l'amendement n° 765 pour le premier alinéa de l'article L. 332-11-1 du code de l'urbanisme, à remplacer les mots : « Le conseil municipal peut » par les mots : « Les assemblées délibérantes des collectivité territoriales et établissements publics de coopération intercommunale compétents peuvent ».
Veuillez poursuivre, monsieur le rapporteur.
M. Louis Althapé, rapporteur. Les amendements n°s 881 rectifié et 882 rectifié ont le même objet que les sous-amendement n° 883 rectifié bis .
M. le président. Je suis maintenant saisi de deux amendements identiques.
Le premier, n° 690 rectifié, est présenté par Mme Bardou, MM. Le Breton et Pintat.
Le second, n° 930, est déposé par M. Hérisson.
Tous deux tendent à compléter in fine le texte proposé par le 1° de l'article 21 pour l'article L. 332-11-1 du code de l'urbanisme par un alinéa ainsi rédigé :
« Lorsque la réalisation d'un équipement mentionné au deuxième alinéa ne relève pas de la compétence de la commune, la délibération du conseil municipal instituant la participation doit intervenir après accord de la collectivité territoriale ou de l'établissement public de coopération compétent pour cet équipement. »
L'amendement n° 690 rectifié est-il soutenu ?...
La parole est à M. Hérisson, pour présenter l'amendement n° 930.
M. Pierre Hérisson. Il convient de prendre en compte l'hypothèse, fréquente dans la pratique, du transfert, par la commune, de la compétence en matière de réseaux d'eau potable, d'assainissement, d'électricité. notamment à un établissement public de coopération intercommunale. A cette fin, le présent amendement permet de coordonner la délibération du conseil municipal instituant la participation avec l'intervention des EPCI ou des concessionnaires.
M. le président. Par amendement n° 884, MM. Hoeffel et Amoudry proposent, dans le troisième alinéa du texte présenté par le 1° de l'article 21 pour l'article L. 332-11-2 du code de l'urbanisme, de remplacer les mots : « la commune » par les mots : « la collectivité territoriale ou l'établissement public de coopération intercommunale mentionné à l'article L. 332-11-1 du code de l'urbanisme ».
L'amendement est-il soutenu ? ...
M. Louis Althapé, rapporteur. Je le reprends, monsieur le président.
M. le président. Il s'agira donc de l'amendement n° 884 rectifié.
Vous avez la parole pour le présenter, monsieur le rapporteur.
M. Louis Althapé, rapporteur. L'amendement proposé a pour objet d'éviter une confusion entre les compétences des communes et celles des établissements publics de coopération intercommunale, concernant notamment le financement des réseaux d'eau, d'assainissement et d'électricité. A cet effet, il faut permettre à chaque collectivité compétente, en particulier s'il s'agit d'un groupement de communes, de maîtriser ce financement lors d'opérations qui requièrent son intervention.
M. le président. Par amendement n° 886, MM. Hoeffel et Amoudry proposent, dans le cinquième alinéa du texte présenté par le 1° de l'article 21 pour l'article L. 332-11-2 du code de l'urbanisme, après les mots : « de la délibération du conseil municipal » d'insérer les mots : « ou de l'assemblée délibérante de l'établissement public de coopération intercommunale compétent ».
L'amendement est-il soutenu ? ...
M. Louis Althapé, rapporteur. Je le reprends, monsieur le président.
M. le président. Il s'agira donc de l'amendement n° 886 rectifié.
Vous avez la parole pour le défendre, monsieur le rapporteur.
M. Louis Althapé, rapporteur. Cet amendement a le même objet que le précédent.
M. le président. Par amendement n° 929 rectifié, M. Hérisson propose de rédiger comme suit le texte présenté par le 2° de l'article 21 pour le d du 2° de l'article L. 332-6-1 du code de l'urbanisme :
« d) La participation au financement des voies nouvelles et réseaux prévue à l'article L. 332-11-1 ; la participation en cas de travaux d'extension des réseaux concernant une voie existante, ou la participaption demandée pour la réalisation des équipements des services publics, industriels ou commerciaux concédés, affermés ou exploités en régie rendus nécessaires pour la réalisation de l'opération. Lorsque la capacité de ces équipements excède les besoins de l'opération, seule la fraction du coût proportionnelle à ces besoins peut être mise à sa charge ; ».
La parole est à M. Hérisson.
M. Pierre Hérisson. Il convient de préciser qu'une collectivité maître d'ouvrage de travaux d'extension sur des réseaux existants d'électricité, d'eau ou d'assainissement pourra continuer à percevoir une participation pour ces travaux lorsqu'ils concernent une voie existante.
M. le président. Par amendement n° 691 rectifié, Mme Bardou, MM. Le Breton et Pintat proposent de rédiger ainsi le texte présenté par le 2° de l'article 21 pour le d du 2° de l'article L. 332-6-1 du code de l'urbanisme :
« d) La participation au financement des voies nouvelles et réseaux prévue à l'article L. 332-11-1 ou la participation demandée pour la réalisation des équipements des services publics industriels ou commerciaux concédés, affermés ou exploités en régie rendus nécessaires pour la réalisation de l'opération. Lorsque la capacité de ces équipements excède les besoins de l'opération, seule la fraction du coût proportionnelle à ces besoins peut être mise à sa charge. »
Cet amendement est-il soutenu ?...
Par amendement n° 1051, M. Althapé, au nom de la commission des affaires économiques, propose, dans le 3° de l'article 21, de supprimer les mots : « et le b du 2° ».
La parole est à M. le rapporteur.
M. Louis Althapé, rapporteur. Il s'agit d'un amendement rédactionnel.
M. le président. Par amendement n° 703, M. Leclerc propose de supprimer le dernier alinéa de l'article 21.
Cet amendement est-il soutenu ?...
Quel est l'avis de la commission sur les amendements n°s 442 rectifié bis , 765, 600, 930 et 929 rectifié ?
M. Louis Althapé, rapporteur. Sur l'amendement n° 442 rectifié bis , la commission s'en remet à la sagesse du Sénat.
Elle est favorable à l'amendement n° 765, sous réserve de l'adoption de son sous-amendement n° 883 rectifié bis , qui prévoit une rédaction globale. Elle est, de même, favorable aux amendements n°s 600, 930 et 929 rectifié, qui de toute manière n'auront plus d'objet.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement sur les amendements n°s 442 rectifié bis et 765 ainsi que sur le sous-amendement n° 883 rectifié bis et sur les amendements n°s 600, 881 rectifié, 882 rectifié, 930, 884 rectifié, 886 rectifié, 929 rectifié et 1051 ?
M. Claude Bartolone, ministre délégué. Je commencerai par donner à M. Poniatowski les raisons qui m'amèneront à émettre un avis défavorable sur son amendement, et qui sont à l'opposé de celles qui ont incité M. Hérisson à déposer ses amendements.
La position du Gouvernement est la suivante : lorsque des communes réalisent des voiries pour rendre constructible une zone qui ne l'était pas, ces travaux apportent une plus-value considérable aux terrains concernés. Il n'est pas anormal que les propriétaires, lorsqu'ils construisent, contribuent au financement de cette voirie. Ils sont d'ailleurs eux-mêmes bien souvent demandeurs de ces travaux, alors que la commune n'a pas les moyens de les préfinancer. La réforme vise à répondre à ce besoin, et seulement à ce besoin.
Un mécanisme semblable existe en Alsace-Moselle. Le Gouvernement s'en est inspiré tout en essayant d'en corriger un certain nombre de défauts.
Monsieur Hérisson, je suis également défavorable à l'amendement n° 765 parce qu'il va au-delà du système en vigueur en Alsace-Moselle en ce qu'il a pour objet d'étendre la participation pour financement des voies nouvelles aux travaux d'amélioration d'une voie existante. Un tribut plus élevé serait donc réclamé aux riverains.
Le texte proposé par le Gouvernement, qui transpose, je le répète, un mécanisme existant en Alsace-Moselle, permet le financement de voies nouvelles ou la viabilisation d'une voie existante non équipée. Il n'est pas souhaitable d'étendre au-delà cette participation pour mettre à la charge des propriétaires des travaux d'amélioration relevant de l'entretien des réseaux.
Nous faisons bien la différence entre des dépenses qui relèvent de l'entretien des réseaux et celles qui, par leur réalisation, apportent une plus-value certaine aux terrains riverains concernés.
Quant à l'amendement n° 600, j'en demande le retrait au profit de l'amendement n° 1046 du Gouvernement, qui va être examiné tout à l'heure. Sachez cependant, monsieur le rapporteur, monsieur Ambroise Dupont, que nous prenons en compte les remarques qui ont justifié le dépôt de vos amendements.
Le problème posé par ces amendements est réel. Il faut prévoir les modalités selon lesquelles les mécanismes de participation sont mis en place en cas de compétence des EPCI. Le problème se pose également pour les plans d'aménagement d'ensemble comme pour la nouvelle participation. C'est pourquoi le Gouvernement a déposé un amendement tendant à insérer un article additionnel après l'article 21 et qui règle l'ensemble de cette question.
Aussi, je demanderai aux auteurs des amendements n°s 600, 690 rectifié, 881 rectifié, du sous-amendement n° 883 rectifié bis et des amendements n°s 884 rectifié, 886 rectifié et 930, qui ne répondent que partiellement à cette question, de bien vouloir les retirer au profit de l'amendement n° 1046 présenté par le Gouvernement et qui sera examiné après l'article 21.
M. le président. Monsieur le ministre, vous leur demandez de prendre un risque qu'ils ne sont peut-être pas prêts à prendre ! (Sourires.)
M. Claude Bartolone, ministre délégué. Monsieur le président, si cela peut rassurer les auteurs de ces amendements, je précise que, sur le fond, nous sommes d'accord. C'est pour tenter de tenir compte des problèmes posés en ce qui concerne tant les EPCI que les plans d'aménagement d'ensemble que nous proposons cette rédaction.
Cela étant dit, afin de faciliter le débat, je peux demander la réserve de ces différents amendements afin qu'ils soient examinés en même temps que l'amendement n° 1046.
M. le président. C'est ce que je me permettais de vous suggérer, sans le dire, monsieur le ministre. (Sourires.) Auparavant, nous allons statuer sur l'amendement n° 442 rectifié bis, le sous-amendement n° 883 rectifié bis et l'amendement n° 765.
Monsieur Poniatowski, l'amendement n° 442 rectifié bis est-il maintenu ?
M. Ladislas Poniatowski. Monsieur le ministre, avec l'encadrement bien précis que vous avez donné - je suis conscient qu'une voirie nouvelle apporte un plus à des riverains - et si l'on ne taxe que ceux-là parce qu'ils ont gagné en termes d'intérêts, je suis disposé à retirer mon amendement. Cependant, et ma réaction est la même que la vôtre, monsieur le ministre, il ne faut pas commencer à charger le baudet !
En effet, l'amendement suivant montre bien que vous ouvrez une porte très intéressante, qui introduit une souplesse, pour permettre à des collectivités locales de créer une voirie nouvelle non pas dans l'intérêt général de la commune mais dans l'intérêt de riverains. Cependant, on ne doit pas profiter de cette nouvelle rédaction pour ajouter d'autres éléments à cet instrument nouveau, expérimenté dans trois départements français et qui pourrait être étendu à l'ensemble du pays.
Cela étant dit, je retire l'amendement n° 442 rectifié bis.
M. le président. L'amendement n° 442 rectifié bis est retiré.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix le sous-amendement n° 883 rectifié bis, accepté par la commission.

(Le sous-amendement est adopté.)
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 765.
M. Alain Vasselle. Je demande la parole contre l'amendement.
M. le président. La parole est à M. Vasselle.
M. Alain Vasselle. Je suis opposé à cet amendement pour la simple et unique raison qu'il prévoit, comme l'a fait remarquer très justement M. le ministre, une contribution financière pour l'amélioration d'une voie existante, la création ou l'extension du dispositif d'écoulement des eaux pluviales, de l'éclairage public et des réseaux d'eau potable, d'électricité et d'assainissement.
Je comprends la démarche qui tend à permettre de faire appel à une contribution financière des promoteurs de constructions nouvelles ou de constructions individuelles sur un terrain déclaré constructible mais qui va au-delà de la viabilité existante de la commune et compte tenu des plus-values potentielles dont pourraient bénéficier ceux qui se trouveraient « en dent creuse », si je puis dire, entre plusieurs constructions.
Vouloir étendre cette disposition à des aménagements de voies existantes, c'est aller un peu trop loin, me semble-t-il.
Pour ma part, je préfère m'en tenir à l'esprit de la rédaction initiale du texte qui a été adopté par l'Assemblée nationale. Je note au passage que la commission des affaires économiques et la commission des lois du Sénat n'ont pas jugé opportun de le modifier, ce qui semble laisser à penser que la Haute Assemblée, à travers ses commissions, a considéré que ce texte était équilibré.
Il sera toujours temps, le moment venu, si le Parlement le juge nécessaire, d'aller au-delà, mais il ne me paraît pas souhaitable de le faire dès à présent.
M. Pierre Hérisson. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Hérisson.
M. Pierre Hérisson. L'argumentaire que vient de développer notre collègue Vasselle pose malgrés tout un problème.
En effet, nous nous apprêtons à autoriser la participation financière pour la création de voies nouvelles qui ne sont pas forcément d'intérêt général - vous l'avez rappelé vous-même, monsieur le ministre. Or, quand on regarde la configuration existante de la voirie des communes rurales, périurbaines, rurbaines, on constate qu'elle dessert, de part et d'autre, des terrains qui sont ouverts à l'urbanisation. Cela voudrait dire que le versement de la contribution est subordonné à la création d'une voie nouvelle, alors qu'il en existe une. Or, dans la plupart des cas, il s'agit d'une voie non dotée des réseaux d'eau, d'électricité ou d'assainissement.
Au motif que la voie existe, on ne pourrait pas recourir à la contribution, alors que c'est à cette voie que l'on doit, vous l'avez dit tout l'heure, monsieur le ministre, l'essentiel de la plus-value apportée au terrain. Il ne serait donc pas possible d'accéder à la contribution au seul motif que la voirie de base existe. Il s'agit d'un problème un peu technique. Ce dispositif interdit les contributions légitimes que peuvent apporter les propriétaires de terrains ouverts à l'urbanisation. Or, aujourd'hui, le maillage de la voirie communale, qui a, pour l'essentiel, reçu un revêtement de bitume depuis un certain nombre d'années, doit être reconstruit. En effet, il faut ouvrir la route pour y faire passer les réseaux, la reconstruire, souvent apporter divers aménagements, notamment des trottoirs et l'éclairage public.
Au seul motif que la voirie existe, on ne pourrait accéder à la contribution ? J'y vois une injustice notoire, comme un certain nombre d'élus. J'ai en effet déposé cet amendement au nom de l'ensemble des collègues maires qui sont concernés par des zones de développement.
Monsieur le ministre, je vous demande de réfléchir à cet argumentaire.
M. Ambroise Dupont. Il a raison !
M. Claude Bartolone, ministre délégué. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le ministre.
M. Claude Bartolone, ministre délégué. Monsieur Hérisson, j'ai bien réfléchi. D'un côté, dans le cadre de ce qui existe en Alsace-Moselle, la participation réclamée aux propriétaires qui peuvent dégager une plus-value compte tenu de la nouvelle valeur de leur terrain va aux communes. Il me paraît normal que les propriétaires participent au budget des communes qui font un effort et apportent une plus-value aux terrains concernés.
Dans le cas que vous évoquez, les sommes en jeu reviennent à ceux qui ont la responsabilité des réseaux. En effet, ce sont les concessionnaires qui ont obtenu le marché qui doivent assumer l'entretien du réseau dans le cadre de leur concession.
La situation est donc totalement différente : d'un côté, certaines municipalités font un effort pour améliorer la situation de la commune et reçoivent une contrepartie ; de l'autre côté, cela aboutirait à payer deux fois des concessionnaires qui, dans le cadre de leur concession, ont inclu dans le niveau de leurs services le coût d'éventuelles réparations.
Pourraient ainsi être mises sur le dos des propriétaires des sommes qui ne sont pas modestes. Il y a là une grande différence.
M. Patrick Lassourd. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Lassourd.
M. Patrick Lassourd. Je suis préoccupé par le fait que cet amendement ne précise pas quel est le propriétaire qui devra assumer la contribution.
Un sénateur du RPR. Le propriétaire riverain !
M. Patrick Lassourd. Le propriétaire riverain, j'entends bien. Mais est-ce le propriétaire promoteur d'un lotissement ou est-ce le propriétaire acquéreur d'un lot, celui qui va construire ? Un article ultérieur précise que la contribution est due dès lors qu'une construction est commencée dans le lotissement. Cet article, aucune des commissions, aucun de nous n'a proposé de l'amender, mais je me demande s'il ne serait pas prudent, et donc préférable, de préciser que la contribution est due par le promoteur, qu'il s'agisse d'un promoteur particulier sur un lot ou d'un promoteur de lotissements sur plusieurs lots. Il répercuterait ensuite sa contribution sur les acquéreurs finaux.
M. Dominique Braye. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Braye.
M. Dominique Braye. On touche là à un problème important. Pour ma part, je me rallierai à mon collègue M. Pierre Hérisson, et prie mon collègue et ami Alain Vasselle de bien vouloir m'en excuser. Le fait de maintenir les mots « établissement d'une voie nouvelle ou amélioration d'une voie existante » permettra en effet d'éviter nombre de contentieux. A partir de quand peut-on parler d'amélioration s'agissant, par exemple, d'un chemin de terre ? S'agit-il d'une voie nouvelle alors qu'il n'y a pas de réseaux ? Il faut donc conserver ces mots.
Monsieur le ministre, en parlant des concessions, vous êtes passé d'un problème tout à fait général à un cas excessivement particulier ! Nous légiférons sur un problème d'ordre général. On peut être en fermage, on peut être en régie directe, on peut être en concessions, et même en matière de concessions, s'il s'agit de réseaux nouveaux, certaines ne les prennent pas en charge. Enfin, il y a des formes de concessions avec lesquelles on aura peu de chances de se trouver dans le cas que vous avez présenté !
Je crois que l'on peut faire confiance aux élus pour éviter les contentieux et - puisque, en fait, c'est le conseil municipal qui décidera - pour ne pas instituer une taxe qui soit illégitime.
C'est pourquoi, pour ma part, je voterai l'amendement tel qu'il est présenté.
M. Pierre Hérisson. Je demande la parole.
M. le président. Je ne peux vous la donner, monsieur Hérisson, car vous avez déjà expliqué votre vote.
M. Pierre Hérisson. Je souhaite rectifier mon amendement, monsieur le président.
M. le président. Dans ces conditions, vous avez la parole.
M. Pierre Hérisson. Je souhaite en effet rectifier mon amendement en insérant, après les mots « de tout ou partie des équipements publics », les mots « non concédés ». En effet, M. le secrétaire d'Etat semble considérer que l'ensemble du territoire national a été concédé, s'agissant des voies et des divers réseaux. Or ce n'est pas le cas !
M. le président. Je suis donc saisi d'un amendement n° 765 rectifé, présenté par M. Hérisson, et tendant à rédiger ainsi les deux premiers alinéas du texte présenté par le 1° de l'article 21 pour l'article L. 332-11-1 du code de l'urbanisme :
« Le conseil municipal peut instituer une participation pour permettre l'implantation des constructions nouvelles, pour le financement de tout ou partie des équipements publics non concédés suivants : établissement d'une voie nouvelle ou amélioration d'une voie existante, création ou extension du dispositif d'écoulement des eaux pluviales, de l'éclairage public et des réseaux d'eau potable, d'électricité et d'assainissement.
« Le coût est réparti au prorata de la superficie des terrains nouvellement desservis, pondérés des droits à construire lorsqu'un coefficient d'occupation des sols a été institué et situés à moins de quatre-vingts mètres de la voie. »
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Claude Bartolone, ministre délégué. Il demeure défavorable.
M. Louis Althapé, rapporteur. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur.
M. Louis Althapé, rapporteur. Monsieur le président, je demande une suspension de séance d'une dizaine de minutes.
M. le président. Le Sénat va, bien sûr, accéder à votre demande, monsieur le rapporteur.
La séance est suspendue.
(La séance, suspendue à dix-sept heures quarante-cinq, est reprise à dix-sept heures cinquante-cinq.)ned