SEANCE DU 11 OCTOBRE 2000


QUESTIONS ORALES REMISES À LA PRÉSIDENCE DU SÉNAT (Application des articles 76 à 78 du réglement)


Reconnaissance de la médecine anthroposophique

908. - 11 octobre 2000. - M. Hubert Haenel demande à Mme le secrétaire d'Etat à la santé et aux handicapés de bien vouloir lui préciser quelles actions ont été prises par la France dans l'esprit de la résolution du 27 mai 1997 du Parlement européen en vue de s'engager dans un processus de reconnaissance de la médecine anthroposophique tout en veillant à protéger les malades de toutes déviances. Quelles conséquences le Gouvernement tire-t-il de la directive européenne 92/73 qui réglemente expressément deux types de médicaments : homéopathiques et anthroposophiques ? Si aux yeux du Gouvernement, comme il lui a été indiqué dans la réponse à sa question écrite n° 22731 en date du 10 février 2000, la médecine anthroposophique serait, non pas une médecine non conventionnelle mais une simple application d'une idée mystique traditionnelle de l'Occident... suspecte de sectarisme et de charlatanisme.

Maintien à domicile des personnes âgées

909. - 11 octobre 2000. - M. Georges Mouly attire l'attention de Mme le ministre de l'emploi et de la solidarité sur la circulaire DAS-RVZ n° 2000/210 du 6 juin dernier, relative aux centres locaux d'information et de coordination (CLIC), fixant les modalités d'expérimentation du maintien à domicile des personnes âgées dans les vingt-six sites choisis pour l'an 2000 ainsi que la programmation pluriannuelle 2001-2005. Il lui demande s'il peut être espéré que le calendrier prévisionnel sera respecté comme suit : novembre 2000, bilan d'activité des sites pilotes et validation du cahier des charges détaillé ainsi que de la procédure de labellisation ; décembre 2000, publication du cahier des charges et appel à projet pour la campagne 2001. Il lui demande en outre si les spécificités du milieu rural pourront être prises en compte en terme de seuils de population couverte et de territoire.

Financement des réseaux de distribution d'eau potable

910. - 11 octobre 2000. - M. Bernard Piras attire l'attention de M. le ministre de l'équipement, des transports et du logement sur la réglementation qui encadre le financement des réseaux de distribution d'eau potable. Il apparaît que pour l'extension des réseaux publics nécessitée par des projets de constructions nouvelles, le code de l'urbanisme organise trois dispositifs permettant de financer tout ou partie des réseaux d'eau potable rendus directement nécessaires par des projets de construction ou de développement urbain. Il s'agit des articles L. 332-6-1-2°-d (coût des travaux), L. 332-9 (PAE, plan d'aménagement d'ensemble) et L. 311-4-1 (ZAC, zone d'aménagement concerté). Exceptées ces trois hypothèses, il semble que, faute de base légale, les collectivités publiques, communes ou groupements de communes, ne peuvent instituer de droits ou taxes de branchement. Depuis toujours, le financement des collectivités publiques chargées de la distribution d'eau potable est assuré par différentes recettes dont « les droits de branchement ». Il s'interroge pour l'avenir. A cet égard, il est clair que la disparition de ce revenu pour les collectivités, mais surtout pour les syndicats intercommunaux, risque de créer des difficultés financières importantes, susceptibles de compromettre leur équilibre budgétaire et d'alourdir fortement le prix de l'eau. Il lui demande si une réforme est envisagée pour lever toute ambiguïté sur ces droits de branchement.

Fiscalité applicable aux retraites mutualistes
des anciens combattants

911. - 11 octobre 2000. - M. Philippe de Gaulle interroge M. le secrétaire d'Etat à la défense, chargé des anciens combattants, sur la modification par certains centres des impôts de la fiscalité applicable à la retraite mutualiste des anciens combattants. En effet, les versements supplémentaires qu'effectuent chaque année les anciens combattants pour suivre l'évolution du plafond majorable leur ouvrent droit à un nouveau montant de rente qui excède, pour beaucoup d'entre eux, le plafond défiscalisé. En conséquence, la fraction de rente excédentaire est alors soumise à la fiscalité des rentes viagères à titre onéreux, ce que personne ne conteste, en tenant compte de la date d'entrée en jouissance de chaque nouveau titre de retraite correspondant au dernier versement. Or, cette année, pour la première fois des adhérents se voient attribuer des redressements fiscaux basés sur une date d'entrée en jouissance à la date initiale de la première retraite à capital définitif, soit généralement lorsqu'ils ont atteint un âge entre cinquante et cinquante-neuf ans, et non pas d'après l'année de l'investissement concerné. Cette nouvelle position de certains centres d'impôts est sans fondement. Il lui demande d'examiner ce problème de manière à ce que la question soit réglée avant le 31 décembre prochain, date limite des recours fiscaux des intéressés et l'établissement de leur déclaration d'impôt de l'année.

Conséquences de l'épidémie de « vache folle »
pour les petits éleveurs

912. - 11 octobre 2000. - M. Jean-Pierre Demerliat interroge M. le ministre de l'agriculture et de la pêche sur les conséquences de la maladie de la vache folle pour les petits éleveurs. Il est tout à fait indispensable que les préoccupations de sécurité sanitaire pour les consommateurs priment sur toute autre considération et nécessitent sans doute que tout le troupeau soit abattu quand un cas de la maladie de Creutzfeld-Jacob est décelé. Néanmoins, les autorités ne doivent pas ignorer le traumatisme psychologique et la catastrophe économique que représente l'abattage complet d'un troupeau pour un petit éleveur. Il s'interroge donc sur les limites d'une telle politique et se demande notamment si, avec les nouveaux procédés pour déceler la maladie, un traitement aussi radical ne peut être évité afin d'assurer la survie économique de ces agriculteurs. Il souhaiterait que le débat soit engagé sur les véritables causes de cette maladie et que les véritables responsables soient clairement identifiés afin d'atténuer la suspicion qui pèse aujourd'hui presque entièrement sur les agriculteurs.

Financement des services d'incendie et de secours

913. - 11 octobre 2000. - M. Joseph Ostermann attire l'attention de M. le ministre de l'intérieur sur le financement des services d'incendie et de secours (SDIS). La réforme portant départementalisation des SDIS instituée en 1996 a prévu un large financement par les collectivités locales, l'Etat, quant à lui, réservant une part de la dotation globale d'équipement (DGE) (350 MF sur trois ans) à l'aide à l'équipement des SDIS. Or, depuis 1996, on assiste à l'explosion des budgets des SDIS . Ainsi, dans le département du Bas-Rhin, ce dernier a augmenté de 10 % par an depuis 1996. Pour 2001, une augmentation de plus de 20 % est prévue. Cette forte croissance est due non seulement à une remise à niveau en matière de matériels, de structures et d'équipements mais aussi et surtout à la multiplication de mesures nouvelles en matière de régime de service, de régimes indemnitaires ainsi qu'au renforcement des services de santé. Les collectivités locales sont par conséquent contraintes de financer des dépenses supplémentaires que leur impose l'Etat sans contrepartie. Or, celles-ci n'étaient pas préparées à faire face à ces dépenses nouvelles et ne peuvent, par conséquent, pas les assumer. Dans le rapport qu'il vient de remettre au Gouvernement, le député de la Somme Jacques FLEURY conclut lui-même que pour de nombreux élus l'incidence du coût des SDIS devient insupportable dans la fiscalité locale. Les 350 MF de DGE attribués par l'Etat ne peuvent suffire, et ce d'autant plus que la suppression de la vignette automobile prive les départements de 12 MF de recettes fiscales. Il lui demande par conséquent s'il ne conviendrait pas, avant de présenter tout nouveau projet de loi sur la sécurité civile qui impliquerait encore de nouvelles dépenses, de prévoir une contribution supplémentaire de la part de l'Etat. Il rappelle que la sécurité demeure une des missions régaliennes de l'Etat.

Ventes de terrains par l'Assistance publique de Paris

914. - 11 octobre 2000. - Mme Nicole Borvo attire l'attention de Mme le ministre de l'emploi et de la solidarité sur le devenir des terrains libérés par les hôpitaux Laënnec, Boucicaut et une partie de Broussais après la création de l'hôpital européen Georges-Pompidou. Ces terrains appartiennent à l'Assistance publique-hôpitaux de Paris (AP-HP). Leurs emprises est d'environ 110 000 m². Ils sont situés au coeur de Paris, respectivement dans les 7e, 15e et 14e arrondissements. Les instructions des autorités de tutelle de l'AP-HP conduisent celle-ci à céder ces terrains afin d'autofinancer le nouvel hôpital Georges-Pompidou. En ce qui concerne l'hôpital Laënnec, la Cogedim pourrait acheter l'ensemble du site de Laënnec y compris la partie historique sans condition suspensive pour un montant de 500 millions de francs. Ce promoteur y prévoirait la création, d'un hôtel quatre étoiles dans une partie des bâtiments classés monuments historiques, la réalisation d'une maison de retraite privée de luxe, la construction de 170 logements ultrarésidentiels, vendables entre 50 000 et 60 000 francs le mètre carré. Il y aurait seulement 50 logements prêt locatif intermédiaire (PLI) et 10 logements prêt locatif aidé (PLA) alors que le 7e arrondissement est parmi les arrondissements où le logement social est quasi absent. Tous ces projets interviennent alors qu'il est important de préserver le domaine public et de contenir la spéculation immobilière. Il y a, à Paris, de très importants besoins collectifs, de mixité sociale et d'équipements. C'est particulièrement vrai dans les 7e, 15e et 14e arrondissements où ces terrains se trouvent. Faut-il rappeler que la récente convention Etat-ville de Paris sur le logement signée en mars 1999 par M. le secrétaire d'Etat au logement stipule que : « lorsque les terrains appartiennent à des établissements publics, des protocoles tripartites seront recherchés afin de définir les objectifs de production de logements sociaux. » C'est pourquoi elle lui demande de contribuer à l'arrêt des procédures en cours et d'organiser une consultation entre l'Etat, la région, la ville de Paris et l'AP-HP en vue de se saisir d'une occasion pour satisfaire les besoins collectifs, de mixité sociale et d'équipements de la capitale.