SEANCE DU 13 DECEMBRE 2000


CONVENTION DE SÉCURITÉ SOCIALE
AVEC LE CHILI

Adoption d'un projet de loi

M. le président. L'ordre du jour appelle la discussion du projet de loi autorisant la ratification de la convention de sécurité sociale entre la République française et la République du Chili (n° 400, 1999-2000). [Rapport n° 34 (2000-2001).]
Dans la discussion générale, la parole est à Mme le ministre.
Mme Ségolène Royal, ministre déléguée à la famille et à l'enfance. Monsieur le président, monsieur le rapporteur, mesdames, messieurs les sénateurs, le coup d'Etat militaire du 11 septembre 1973 contre le président constitutionnel Salvador Allende et la féroce répression qui s'ensuivit entraînèrent plus de 8 000 opposants politiques et leurs familles à se réfugier en France.
Depuis le rétablissement durable de la démocratie, ceux-ci sont retournés dans leur pays et ils souhaitent, à juste titre, pouvoir bénéficier pleinement de la prise en compte de leur activité professionnelle en France au moment de la liquidation au Chili de leurs droits à pension de retraite.
En conséquence, les autorités chiliennes demandaient depuis longtemps la conclusion d'une convention de sécurité sociale.
Dans un premier temps, une circulaire du ministère des affaires sociales du 29 juillet 1996 avait réglé le problème des anciens réfugiés chiliens, en levant la condition de résidence en France qui s'imposait à eux lorsqu'ils souhaitaient faire liquider leur pension. Puis, la loi du 11 mai 1998, dite loi « Reseda », a ensuite étendu cette dispense à tous les étrangers.
Toutefois, ces dispositions ne permettaient pas la coordination de régimes de sécurité sociale en matière de pension, que seul un accord international pouvait autoriser.
C'est la raison pour laquelle le Gouvernement a ouvert en 1998 des consultations avec la Chili, qui ont abouti, à l'issue de deux sessions de négociations, à la signature de la présente convention le 25 juin 1999.
Cet instrument présente la particularité d'être le premier conclu par notre pays avec un pays d'Amérique latine pour relier les régimes vieillesse français aux régimes chiliens.
Destiné, notamment, à coordonner les risques vieillesse, invalidité et survie, il doit faciliter l'obtention, pour toute personne qui a été affiliée aux régimes de sécurité sociale des deux Etats, d'une pension de retraite qui prenne en compte les périodes d'assurance accomplies en France et au Chili indépendamment de sa nationalité ou de son lieu de résidence.
La convention pose également le principe de l'affiliation à la législation de l'Etat où est exercée l'activité professionnelle, tout en prévoyant la possibilité pour les travailleurs salariés d'être détachés, c'est-à-dire soumis à la législation de leur Etat d'origine, pour une durée de deux ans renouvelable une fois.
Elle constitue, enfin, un précédent dans la mesure où, pour la première fois, une convention prévoit que les pensionnés des deux régimes peuvent bénéficier des soins de santé s'ils viennent à résider sur le territoire de l'autre Etat.
Telles sont, monsieur le président, monsieur le rapporteur, mesdames, messieurs les sénateurs, les principales dispositions de cette convention entre la France et le Chili en matière de sécurité sociale, signée à Santiago le 25 juin 1999 et qui fait l'objet du projet de loi aujourd'hui soumis à votre approbation.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur.
M. Hubert Durand-Chastel, rapporteur de la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées. Monsieur le président, madame la ministre, mes chers collègues, nous sommes invités à examiner un projet de loi autorisant la ratification d'une convention de sécurité sociale signée entre la République française et la République du Chili.
Je ne reviendrai pas sur son dispositif, qui vient d'être présenté par Mme la ministre. Permettez-moi cependant de vous faire part des observations suivantes, qui militent en faveur de la ratification de cette convention, déjà ratifiée par le Parlement chilien.
L'actualité récente, marquée par l'alternance démocratique avec l'élection du président Ricardo Lagos l'année dernière et la volonté des Chiliens de panser les plaies de leur histoire récente, s'inscrit dans la consolidation de l'état de droit.
Cette stabilité politique se conjugue également avec un dynamisme économique, que certaines grèves sporadiques n'ont guère entamé. Modèle économique pour l'ensemble du continent sud-américain, le Chili a su tirer les enseignements des crises de 1991 et 1998 et adapter ses infrastructures économiques et financières au nouveau contexte issu de la mondialisation.
Destination de premier plan pour les entreprises françaises, qui y détiennent plus de 3 % des parts de marché et dont les implantations enregistrent une hausse annuelle de plus de 10 %, le Chili accueille une communauté de près de 6 500 Français, soit un nombre de ressortissants comparable à la population chilienne présente sur notre territoire. Le rapprochement entre nos deux pays est un fait.
La présente convention permettra de remédier aux situations difficiles engendrées par l'absence de coordination des branches vieillesse et invalidité entre la France et le Chili.
Ce texte répondra avant tout à une double exigence d'équité et de réciprocité.
Jusqu'à présent, le ressortissant de l'un des deux Etats qui avait auparavant exercé une activité en France et au Chili ne recevait, pour le risque réalisé, qu'une prestation ne prenant en compte que les périodes accomplies dans un seul Etat. En matière de pensions vieillesse, l'absence de dispositif spécifique demeurait préjudiciable pour les milliers de Français ayant travaillé au Chili, ainsi que pour les milliers de Chiliens qui, ayant quitté leur pays à partir de 1973, ont exercé une activité professionnelle en France et, à ce titre, contribué à notre régime général.
En coordonnant les deux régimes distincts que sont le régime français par répartition et le régime chilien basé essentiellement sur la capitalisation, la présente convention permettra de remédier à cette situation.
Cette convention est ainsi techniquement innovante : la qualité d'ayant droit dépasse le simple statut de ressortissant et concerne désormais toute personne dont les cotisations sont perçues par les systèmes chilien et français.
En outre, la coordination des prestations d'invalidité mise en place par la présente convention apporte une notable amélioration à la situation des personnes confrontées à l'absence de prestations.
C'est pourquoi, en raison de certaines déficiences inhérentes au système de santé chilien, la présente convention garantit aux Chiliens résidant en France le remboursement total d'examens complémentaires reconnus nécessaires par nos institutions pour une prise en charge plus efficace.
Il existe encore entre les Français de l'étranger et ceux de la métropole certaines différences de prestations vieillesse à cotisation mixte. La présente convention répond ainsi à une exigence d'équité selon laquelle le versement continu d'une cotisation est la source d'un droit ultérieur à prestations.
Les relations entre la France et le Chili s'intensifient et la communauté française implantée au Chili s'accroît chaque année de plus d'une centaine de nouveaux expatriés. La présente convention répondra aux attentes de nos compatriotes, tout en garantissant aux cotisants chiliens la juste contrepartie de leur cotisation effective à notre système social.
Il convient, enfin, de rappeler qu'un tel dispositif repose, en dernier ressort, sur la réciprocité entre les deux systèmes sociaux concernés. Puisque nos partenaires chiliens ont déjà ratifié ce projet de loi, c'est au nom de cette exigence de réciprocité que je vous invite, mes chers collègues, à adopter le présent projet de loi.
M. le président. Personne ne demande plus la parole dans la discussion générale ?...
La discussion générale est close.
Nous passons à la discussion de l'article unique.
« Article unique. - Est autorisée la ratification de la convention de sécurité sociale entre la République française et la République du Chili, signée à Santiago le 25 juin 1999, et dont le texte est annexé à la présente loi. »
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article unique du projet de loi.

(Le projet de loi est adopté.)
M. le président. Je constate que ce projet de loi a été adopté à l'unanimité.

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