SEANCE DU 5 AVRIL 2001
M. le président.
Par amendement n° 173 rectifié
bis
, MM. César, Cornu, Flandre,
Neuwirth, Rispat et Valade proposent d'insérer, après l'article 37, un article
additionnel ainsi rédigé :
« Le code rural est ainsi modifié :
« I. - A la fin du huitième alinéa (7°) de l'article L. 143-2, les mots :
"dans le cadre de conventions passées avec l'Etat en application de l'article
L. 512-6 du code forestier" sont supprimés.
« II. - Le 6° de l'article L. 143-4 est ainsi modifié :
«
a)
Le premier alinéa est ainsi rédigé :
« Les acquisitions de surfaces boisées de moins de quatre hectares, sauf :
»
«
b)
Dans le deuxième alinéa
(a)
, les mots ; "dépendant de la
même exploitation agricole" sont supprimés.
«
c)
Le quatrième alinéa
(c)
est supprimé.
« III. - Dans le premier alinéa de l'article L. 143-7, les mots : "après avis
motivé de la commission départementale d'orientation de l'agriculture et de la
chambre d'agriculture" sont remplacés par les mots : "après avis motivé de la
commission départementale d'orientation de l'agriculture, de la chambre
d'agriculture et, pour la mise en oeuvre des dispositions de l'article L. 143-2
du code rural, du centre régional de la propriété forestière". »
La parole est à M. César.
M. Gérard César.
J'ai conscience de soulever par cet amendement un problème important, qui fait
suite à la tempête de décembre 1999.
Nous nous sommes en effet aperçus, après la tempête, que des propriétaires ne
connaissaient pas les limites de leurs bois. Comment peuvent-ils, dans ces
conditions, procéder à la replantation ?
La mise en vente de parcelles boisées de faible dimension peut présenter une
opportunité de constitution de lots de taille plus importante, notamment dans
des périmètres en cours d'aménagement. Si une part de ces regroupements
s'effectue spontanément, il convient néanmoins de les amplifier en cherchant,
avec les professionnels forestiers, à tirer le meilleur parti de certaines
mutations par attribution prioritaire aux voisins contigus.
Les SAFER, ou sociétés d'aménagement foncier et d'établissement rural,
disposent déjà d'un droit de préemption, limité par l'article L. 143 du code
rural, sur les parcelles boisées droit qu'il convient d'adapter pour accroître
leurs concours à l'amélioration du parcellaire forestier dans des périmètres
arrêtés après concertation avec les centres régionaux de la propriété
forestière et les chambres départementales d'agriculture.
J'ajoute que les SAFER ont été créées par les lois d'orientation de 1960 et de
1962, le général de Gaulle étant alors Président de la République et Edgard
Pisani ministre de l'agriculture.
L'amendement n° 173 rectifié
bis
vise donc à ne plus lier l'exercice de
la préemption à des conventions passées avec l'Etat ou à des autorisations de
défrichement, et à plafonner son usage à des biens de moins de quatre hectares,
qu'ils soient liés ou non à une exploitation agricole.
En outre, les périmètres et les modalités de mise en oeuvre sont fixés pour
une durée limitée par décret, après consultation de la commission
départementale d'orientation agricole, de la chambre d'agriculture et du centre
régional de la propriété forestière.
Je souhaite que cet amendement puisse être adopté, car il permettra de régler
le sort des petites parcelles.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe François,
rapporteur.
La commission émet un avis très défavorable.
En effet, cet amendement a pour objet d'étendre le droit de préemption des
SAFER en matière forestière pour des parcelles de moins de quatre hectares.
Je suis tout à fait conscient des difficultés que soulève la mise en place
d'une procédure efficace pour remédier au morcellement du patrimoine forestier
privé. Néanmoins, je suis parfaitement hostile à l'extension des règles
d'intervention des SAFER, car je suis favorable à une procédure encourageant
les propriétaires volontaires, par un mécanisme favorisant les ventes ou les
échanges de parcelles ayant pour objet une restructuration. Des amendements ont
d'ailleurs été déposés par M. du Luart en vue de la suppression du droit
d'enregistrement en cas d'apport de petites parcelles à un groupement
forestier.
Je maintiens que le remembrement forestier répond à des spécificités qui ne
sont pas celles du remembrement agricole. Ne confondons pas les genres !
Je signale également que les propriétaires forestiers sont très hostiles à cet
amendement tendant à l'élargissement du rôle des SAFER.
M. Ladislas Poniatowski.
Les SAFER ne sont pas des monstres !
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean Glavany,
ministre de l'agriculture et de la pêche.
Le Gouvernement émet également
un avis défavorable, même s'il le fait de façon moins brutale que M. le
rapporteur !
(Sourires.)
M. Gérard César.
Je n'en attendais pas moins de vous, monsieur le ministre !
M. Jean Glavany,
ministre de l'agriculture et de la pêche.
C'est peut-être la solidarité
du Sud-Ouest !
En tout cas, je pense que M. César pose une vraie question. La réponse qu'il y
apporte n'est pas adéquate, mais il faut que l'on trouve une solution. Nous y
travaillons d'ailleurs et tentons d'élaborer un dispositif. Dans l'attente de
ce dernier, je suivrai l'avis du rapporteur, considérant comme lui qu'il vaut
mieux écarter cette disposition.
M. le président.
Je vais mettre aux voix l'amendement n° 173 rectifié
bis.
M. Alain Vasselle.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Vasselle.
M. Alain Vasselle.
Je souhaite intervenir pour abonder dans le sens à la fois de M. le
rapporteur, et de M. le ministre.
Comme l'a dit M. le rapporteur, il s'agit là de préoccupations fondamentales.
La forêt n'est sans doute pas comparable au foncier, notamment au foncier
agricole. En revanche, il est un aspect - il n'a peut-être rien à voir avec
l'examen du texte présent, mais il est étroitement lié au droit de propriété -
qu'il convient de prendre en compte : l'exercice du droit de chasse. Je
constate, en effet, comme nombre de chasseurs, que l'existence d'enclaves, de
petites parcelles, finit par porter une véritable atteinte à l'exercice
raisonnable du droit de chasse et à une bonne gestion des espèces.
Par conséquent, le Gouvernement a raison d'étudier attentivement cette
question pour trouver une solution qui permette de concilier la préservation
des droits du propriétaire et une véritable gestion du bien foncier et de la
forêt, en particulier de la faune.
M. le président.
Monsieur César, l'amendement est-il maintenu ?
M. Gérard César.
Non, je le retire, monsieur le président.
M. le président.
L'amendement n° 173 rectifié
bis
est retiré.
Vote sur l'ensemble