SEANCE DU 18 AVRIL 2001


M. le président. « Art. 59. - Le livre II du même code est ainsi modifié :
« 1° Après le deuxième alinéa de l'article L. 225-37, il est inséré un alinéa ainsi rédigé :
« Sauf disposition contraire des statuts, le règlement intérieur peut prévoir que sont réputés présents pour le calcul du quorum et de la majorité les administrateurs qui participent à la réunion du conseil par des moyens de visioconférence dont la nature et les conditions d'application sont déterminées par décret en Conseil d'Etat. Cette disposition n'est pas applicable pour l'adoption des décisions prévues aux articles L. 225-47, L. 225-53, L. 225-55, L. 232-1 et L. 233-16. » ;
« 2° Après le deuxième alinéa de l'article L. 225-82, il est inséré un alinéa ainsi rédigé :
« Sauf disposition contraire des statuts, le règlement intérieur peut prévoir que sont réputés présents pour le calcul du quorum et de la majorité les membres du conseil de surveillance qui participent à la réunion du conseil par des moyens de visioconférence dont la nature et les conditions d'application sont déterminées par décret en Conseil d'Etat. Cette disposition n'est pas applicable pour l'adoption des décisions prévues aux articles L. 225-59, L. 225-61 et L. 225-81. »
Par amendement n° 50 rectifié, M. Marini, au nom de la commission, propose, dans la première phrase du troisième alinéa de cet article, de remplacer les mots : « le règlement intérieur peut prévoir » par les mots : « le conseil d'administration peut décider ».
La parole est à M. le rapporteur.
M. Yann Gaillard, rapporteur. La commission propose d'assouplir davantage le dispositif prévu en permettant l'utilisation des moyens de visioconférence au sein des conseils d'administration, même si ces derniers n'ont pas modifié le règlement intérieur afin de prévoir cette faculté. Seule une disposition expresse des statuts interdirait l'utilisation de la visioconférence pour faciliter la réunion du conseil de surveillance.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Marylise Lebranchu, garde des sceaux. La visioconférence est une bonne chose à condition qu'il y ait des règles et qu'elles soient établies. Il est important, par conséquent, que le règlement intérieur du conseil d'administration qui est adopté par tous les membres du conseil d'administration prévoie les modalités selon lesquelles cette possibilité sera utilisée. Il ne faut pas que ces règles soient modifiées à la tenue de chaque conseil, que l'on ait une sorte de pratique à géométrie variable qui ferait que tous les membres du conseil ne seraient pas équipés du bon matériel au bon moment. Il s'agit, par exemple, pour le comité d'entreprise, qui peut assister aux séances du conseil, d'être prévenu et équipé en fonction de la décision qui va être prise.
C'est pourquoi nous restons défavorables à la suppression de l'obligation d'établir dans ce cas un règlement intérieur. Il ne s'agit pas d'une procédure lourde à mettre en oeuvre, il s'agit de la simple égalité de tous devant un progrès technologique.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 50 rectifié.
M. Yann Gaillard, rapporteur. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur.
M. Yann Gaillard, rapporteur. En réalité, nous ne sommes pas très éloignés. Nous voulons laisser une grande liberté d'organisation sauf dans le cas où les statuts interdiraient l'utilisation de la visioconférence. C'est cela qui est protecteur, notamment des règles de vote. Mais à partir du moment où les statuts n'ont pas prévu les cas d'interdiction de la visioconférence, on peut donc organiser celle-ci librement. Autrement dit, c'est une obligation négative. Or, vous, vous prévoyez une obligation positive.
Mme Marylise Lebranchu, garde des sceaux. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à Mme le garde des sceaux.
Mme Marylise Lebranchu, garde des sceaux. L'obligation par absence de règles peut conduire à une situation qui, sûrement, serait absurde : une entreprise décide à neuf heures du matin de prendre la décision, à neuf heures trente, avec une réunion par visioconférence, de fermer des magasins dans un pays ; cela peut se produire en aussi peu de temps. Si le règlement intérieur n'a pas prévu expressément que la visioconférence est de droit et que chacun doit être équipé, effectivement une telle décision pourrait être prise dans un pays que je ne nommerai pas.
M. Yann Gaillard, rapporteur. Je demande la parole.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur.
M. Yann Gaillard, rapporteur. Tout compte fait, madame la ministre, vous nous avez convaincus : nous retirons notre amendement.
Mme Odette Terrade et M. Robert Badinter. Très bien !
Mme Marylise Lebranchu, garde des sceaux. Merci, monsieur le rapporteur.
M. le président. L'amendement n° 50 rectifié est retiré.
Par amendement n° 51 rectifié, M. Marini, au nom de la commission, propose, dans la première phrase du dernier alinéa de l'article 50, de remplacer les mots : « le règlement intérieur peut prévoir » par les mots : « le conseil de surveillance peut décider ».
La parole est à M. le rapporteur.
M. Yann Gaillard, rapporteur. Il s'agit d'appliquer au conseil de surveillance le dispositif prévu par l'amendement n° 51 rectifié pour le conseil d'administration. Je suppose que Mme le ministre fera la même réponse que précédemment et que, là encore, nous serons amenés à retirer l'amendement.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Marylise Lebranchu, garde des sceaux. En l'occurrence, je suis favorable à la sagesse de M. le rapporteur !
M. le président. Si j'ai bien compris, vous retirez donc l'amendement n° 51 rectifié, monsieur le rapporteur ?
M. Yann Gaillard, rapporteur. En effet, monsieur le président, je le retire.
M. le président. L'amendement n° 51 rectifié est retiré.
Personne ne demande la parole ?...
Je mets aux voix l'article 59.

(L'article 59 est adopté.)

Article 60