SEANCE DU 15 MAI 2001
M. le président.
La parole est à M. Gérard Larcher, auteur de la question n° 1049, adressée à
M. le ministre de l'intérieur.
M. Gérard Larcher.
La sécurité est une réelle préoccupation de nos concitoyens et, dans ce
domaine, la réussite gouvernementale ne me paraît pas particulièrement
éclatante.
Mais c'est plus précisément de Rambouillet que je veux parler ici.
Le 13 juillet 1999, nous avons signé avec le ministère de la justice, les
transporteurs et les bailleurs sociaux un contrat local de sécurité, qui est
mis en oeuvre très concrètement par l'ensemble des partenaires.
Ce contrat comprend un volet « protection sociale », impliquant la ville, les
bailleurs sociaux, le centre communal d'action sociale, avec la participation
du conseil général pour l'action de prévention et d'éducation, un volet
technique, pris en charge par la collectivité, qu'il s'agisse du renforcement
de l'éclairage ou de la vidéo-surveillance du secteur considéré comme le plus
sensible, à savoir celui qui est situé autour de la gare - laquelle se trouve
sur la ligne Montparnasse-Chartres - ainsi qu'un volet « surveillance et
répression », qui me donne l'occasion de saluer l'excellente collaboration
entre la police d'Etat et la petite police municipale, permettant la mise en
place de brigades cyclistes ; j'ajoute, à cet égard, que le maire et le
commissaire principal se rencontrent au moins deux fois par mois pour faire le
point.
En juillet 2000, M. le préfet des Yvelines, lors de la réunion portant
évaluation des contrats locaux de sécurité dans les Yvelines, constate que le
contrat local de sécurité de Rambouillet est sans doute celui qui vit le mieux,
selon les termes du procès-verbal. Pour ma part, je souhaiterais néanmoins un
engagement plus important et plus déterminé du ministère de la justice. Trop de
dossiers, en effet, restent sans réponse ; je pense en particulier au rappel à
la loi pour les primo-délinquants qui est trop rarement effectué.
Cependant, lors de cette même réunion de juillet 2000, le préfet des Yvelines,
reconnaissant la situation de sous-effectif, prend, au nom de l'Etat,
l'engagement de doter la circonscription de police de Rambouillet, qui comporte
cinq communes urbaines et péri-urbaines - Le Perray-en-Yvelines, Les
Essarts-le-Roi, Saint-Rémy-l'Honoré, Gazeran et Rambouillet - lors de la sortie
des nouvelles promotions à l'automne 2000.
Qu'en est-il de l'effectif et de son évolution par rapport à celle de la
population ? En 1990, on comptait 66 fonctionnaires de tous niveaux pour 1 837
faits constatés sur la circonscription. Au 1er septembre 1996, il y avait 69
fonctionnaires pour 2 096 faits constatés. Au 1er mai 2001, on ne dénombre plus
que 63 fonctionnaires pour 2 609 faits constatés !
Ainsi, en dix ans, alors que la population de la circonscription a crû de 10
%, que le nombre de faits délictueux constatés a augmenté de 40 %, les
effectifs de fonctionnaires ont diminué de trois unités !
Pour être complet, je précise qu'il y a deux adjoints de sécurité et policiers
auxiliaires de plus par rapport à 1990, mais zéro par rapport à 1996.
Les services du ministère de l'intérieur ont pris la décision, et je m'en
réjouis, de mettre en place la police de proximité. Ils ont estimé les besoins
supplémentaires à six ou sept fonctionnaires.
Aussi la demande que j'adresse à M. le ministre de l'intérieur est-elle
quadruple.
Comment compte-t-il remplir les engagements que l'Etat a signés le 13 juillet
1999 ? Car ce n'est pas moi qui ai tenu le stylo !
Comment compte-t-il mettre en place réellement la police de proximité ? Quand
et avec quels moyens ? Je souligne que la ville, en ce qui la concerne, a
rempli ses engagements, y compris pour les locaux.
Comment compte-t-il anticiper le départ en cours ou prévu pour les semaines
qui viennent de 10 fonctionnaires sur 66, alors que le mouvement n'aura lieu
qu'au mois de septembre prochain ? Je signale, à ce sujet, mon désaccord et
celui du maire de Gazeran quant à la réorganisation envisagée du secteur de
police qui remettrait Gazeran dans le secteur de gendarmerie - et nous avons,
bien entendu, pour la gendarmerie, le plus grand respect - alors que les zones
d'activités de Rambouillet et Gazeran sont imbriquées et qu'il y a une gare à
Gazeran située aussi sur la ligne Montparnasse-Chartres qui est elle-même
surveillée par la police de l'air et des frontières.
Voilà des questions de fond, sur lesquelles j'attends des réponses concrètes
et non pas simplement des paroles d'apaisement. Nous avons besoin d'effectifs
pour la circonscription de police de Rambouillet. Nous connaissons une
croissance des faits délictueux et il est nécessaire que nous bénéficiions de
la mise en place de la police de proximité.
J'attends de l'Etat qu'il remplisse ses engagements !
M. le président.
La parole est à M. le ministre.
M. Jean-Claude Gayssot,
ministre de l'équipement, des transports et du logement.
Monsieur le
sénateur, dans votre comparaison, vous avez évoqué les chiffres de 1990 et de
2000. Il eût été intéressant que vous citiez également les chiffres de 1997.
M. Gérard Larcher.
Me permettez-vous de vous interrompre, monsieur le ministre ?
M. Jean-Claude Gayssot,
ministre de l'équipement, des transports et du logement.
Je vous en
prie.
M. le président.
La parole est à M. Gérard Larcher, avec l'autorisation de M. le ministre.
M. Gérard Larcher.
J'ai tous les chiffres, monsieur le ministre, car c'est un dossier que je suis
de près.
En 1997, nous avions 66 fonctionnaires - au lieu de 63 aujourd'hui - pour un
effectif total de 72 - au lieu de 73 aujourd'hui - en incluant les policiers
auxiliaires.
Je ne manipule donc pas du tout les dates en fonction des gouvernements. Je
prends les faits parce que ce qui préoccupe les cinq maires de la
circonscription, c'est la sécurité de leurs concitoyens et non pas les
équilibres politiques de l'instant.
M. le président.
Veuillez poursuivre, monsieur le ministre.
M. Jean-Claude Gayssot,
ministre de l'équipement, des transports et du logement.
Je note tout de
même une légère augmentation du chiffre global par rapport à 1997.
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur, qui n'a pu se libérer ce matin,
m'a demandé de vous communiquer la réponse suivante.
Même si une légère augmentation de la délinquance a pu être constatée au cours
de l'année 2000 dans la circonscription de Rambouillet, le taux de criminalité
n'en reste pas moins inférieur à la moyenne nationale et à celui des
circonscriptions de même importance démographique.
L'affirmation à Rambouillet d'une présence policière accrue demeure une
priorité pour les services de police, qui y déploient une activité soutenue de
jour comme de nuit, tant dans le domaine préventif que dans le domaine
répressif.
Durant l'année 2000, par rapport à 1999, une hausse du nombre des fait
élucidés, des gardés à vue et des personnes mises en cause a été constatée, et
cette tendance se confirme pour les trois premiers mois de l'année 2001.
Cependant, pour lutter davantage contre les incivilités, la délinquance des
mineurs et les délits de voie publique qui exacerbent le sentiment d'insécurité
de la population, le Gouvernement est déterminé à ne rien négliger qui puisse
garantir l'autorité de l'Etat, ainsi que le droit fondamental à la sécurité.
Aussi la politique engagée depuis le colloque de Villepinte en octobre 1997 et
au travers des conseils de sécurité intérieure repose-t-elle principalement sur
les deux outils différents mais complémentaires que sont la police de proximité
et les CLS, les contrats locaux de sécurité ; vous avez d'ailleurs soutenu
cette démarche puisque vous avez demandé la mise en oeuvre d'un tel contrat.
La signature d'une convention de coordination entre la police nationale et la
police municipale le 28 novembre 2000 et celle d'un contrat local de sécurité
le 13 juillet 1999 traduisent les efforts des services de l'Etat et de la ville
de Rambouillet pour améliorer la sécurité des personnes et des biens et
développer une action partenariale.
Dans le prolongement de cette dynamique, et pour répondre à l'un des objectifs
définis dans le CLS de Rambouillet, cette circonscription est associée, depuis
février 2001, à la nouvelle doctrine d'emploi et d'action policière que
constitue la police de proximité puisqu'elle est retenue dans la deuxième vague
de généralisation.
Dans cette perspective, des moyens budgétaires et matériels substantiels et en
accroissement ont été définis et seront affectés au cours de l'année 2001.
Par ailleurs, en termes de personnel, le service - qui comptait, au 1er avril
2001, 66 fonctionnaires de tous grades, dont 50 gradés et gardiens de la paix,
assistés de 10 adjoints de sécurité - a vu ses effectifs s'accroître de 8
fonctionnaires et adjoints de sécurité depuis le 1er janvier 1999. L'objectif à
atteindre au 31 décembre 2001 a été fixé à 56 agents du corps de maîtrise et
d'application.
Une telle évolution témoigne d'ores et déjà de la volonté du Gouvernement de
doter la circonscription de Rambouillet des moyens nécessaires à la lutte
contre la délinquance.
Enfin, la mise en place depuis novembre 2000 d'un poste de police de proximité
situé aux abords de la gare de Rambouillet - ce qui me concerne également, en
tant que ministre des transports - permettra de mieux prendre en compte la
demande de sécurité exprimée à la fois par la population locale et par les
usagers des transports en commun.
M. Vaillant suivra avec une attention particulière la situation de cette
circonscription lors des futurs mouvements de personnels et de la poursuite du
programme emplois-jeunes, afin que l'application du contrat local de sécurité
et la mise en place d'une police de proximité soient une réussite dans votre
ville, monsieur le sénateur.
M. Gérard Larcher.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. Gérard Larcher.
M. Gérard Larcher.
Monsieur le ministre, j'ai noté les bonnes intentions du Gouvernement et
l'attention particulière que M. le ministre de l'intérieur porte à ce dossier.
Je peux vous assurer que je porterai la même attention aux suites qui lui
seront données.
J'attends une réponse concrète : oui ou non aurons-nous les sept
fonctionnaires nécessaires pour assurer la police de proximité ?
La réponse doit être claire. Il ne s'agit pas ici de mettre en cause le
travail des agents de sécurité, auxquels il convient d'ailleurs de rendre
hommage. Mais, alors qu'au 1er janvier 2001 nous disposions de 83 postes avec
les adjoints de sécurité et les policiers auxiliaires, au 1er mai, il n'y en
avait que 74 et, au 1er juin, il n'y en aura plus que 73 !
Nous ne pouvons pas fonder une politique de stabilité des effectifs sur les
adjoints de sécurité et les policiers auxiliaires : nous avons besoin de
fonctionnaires, et de fonctionnaires de métier.
Et ce n'est pas - prétexte permanent ! - parce que la situation serait
meilleure qu'ailleurs qu'il peut en aller autrement ! Nous connaissons, par un
effet de desserrement, une croissance de 40 % et nous accueillons des jeunes
provenant de secteurs en difficulté ; nous le faisons sans les stigmatiser,
mais cette situation n'en appelle pas moins une réponse concrète - pas des
paroles ! - c'est-à-dire une véritable présence policière.
J'ai entendu les engagements du ministre. Je vais suivre l'évolution de la
situation et nous ferons le bilan lors d'une autre séance de questions orales
avant la fin de l'année, car j'entends être intransigeant sur ce sujet. Je
suis, certes, un homme de dialogue, mais en la matière, les engagements doivent
absolument être tenus.
Quel sens aurait un contrat si l'un des contractants ne cessait d'échapper à
ses obligations ? La ville de Rambouillet, vous l'avez rappelé, monsieur le
ministre, a tenu, elle, ses engagements. Elle entend les tenir tous et même
aller au-delà si nécessaire. Elle a pour seule préoccupation non pas le débat
politicien, mais la sécurité des habitants des cinq communes de sa
circonscription.
M. le président.
Mes chers collègues, l'ordre du jour de ce matin étant épuisé, nous allons
maintenant interrompre nos travaux ; nous les reprendrons à seize heures.
La séance est suspendue.
(La séance, suspendue à midi, est reprise à seize heures vingt, sous la
présidence de M. Christian Poncelet.)