SEANCE DU 26 JUIN 2001
M. le président.
La parole est à M. Courteau, auteur de la question n° 1111, adressée à M. le
ministre de l'agriculture et de la pêche.
M. Roland Courteau.
Monsieur le ministre, nous savons pouvoir compter sur vous dans l'Aude et en
Languedoc-Roussillon ; vous nous l'avez régulièrement démontré.
Dans l'Aude notamment, nos vignerons ont toujours suivi la voie de l'effort,
de la qualité et du savoir-faire. Hier encore, sous l'égide du président du
conseil général, était lancé à Carcassonne un nouveau produit, le « vin du Pays
cathare ».
Confrontés au défi de la mondialisation, dans un contexte quasi général de
crise de la viticulture aux causes multiples et aux effets parfois sévères, nos
vignerons proposent aujourd'hui, de façon responsable, un contrat de filière
avec les pouvoirs publics, dans l'esprit de la règle du « donnant-donnant » que
vous avez établie avec eux.
Ils veulent une fois de plus montrer la voie, celle qui permettra à la
viticulture de sortir rapidement de la crise par le haut et de manière
durable.
Bref, il y a l'urgence du présent, terriblement angoissant, et l'indispensable
poursuite du travail sur l'avenir.
L'urgence du présent commande, monsieur le ministre, de revenir rapidement à
une situation d'équilibre par la mise en place renforcée du dispositif
conjoncturel de distillation - articles 29 et 30 - pour permettre, en outre,
d'orienter favorablement la prochaine campagne.
Mais, dans le même temps, la profession souhaite l'organisation d'une table
ronde avec la distribution, les opérateurs de la filière et les pouvoirs
publics. J'y vois, monsieur le ministre, une piste très intéressante.
Les vignerons attendent également des réunions de travail avec le ministère de
l'agriculture pour organiser l'avenir sur la base des quatre ou cinq axes du
contrat de filière viticole proposé.
Au-delà des mesures conjoncturelles, le premier axe de ce contrat vise à
conforter le nécessaire retour à l'équilibre par une méthode expérimentale de
maîtrise des quantités produites basée sur l'approche nouvelle des quotas ou de
la coresponsabilité.
Cependant, monsieur le ministre, de tels efforts de maîtrise des quantités
produites ne peuvent se concevoir sans la réciproque sur le plan national et
européen. Cela suppose de revenir sur la réforme de l'Organisation commune du
marché du vin. Nous sommes prêts à travailler sur ce sujet à vos côtés.
Les autres axes de ce contrat de filière concernent les soutiens
nécessairement renforcés aux investissements en direction de la reconversion
variétale, des outils de transformation et de la reconquête des marchés. Ces
investissements permettront de mieux produire, tout en rationalisant la
production pour mieux l'adapter au marché, ce qui implique de mieux communiquer
- autre axe fort des propositions avancées.
A cette fin, nous envisageons des contrats de soutien pour investir dans les
forces de vente, relancer la consommation à l'étranger et élaborer un message
positif réhabilitant, autour des thèmes vin, culture, patrimoine et santé,
l'image du vin face à l'agressivité des campagnes anti-alcooliques et aux
interdits excessifs de la loi Evin. Sur ce sujet, j'ai d'ailleurs déposé, avec
Raymond Courrière et André Vezinhet, une proposition de loi, sur laquelle je
reviendrai ultérieurement.
En tant que parlementaire de l'Aude, je souhaiterais, monsieur le ministre,
connaître les décisions que vous envisagez pour sortir rapidement de la
crise.
J'aimerais aussi savoir les suites que vous entendez donner à ce « contrat
citoyen » proposé par les viticulteurs avec le soutien de leurs élus pour
sortir durablement de la crise et favoriser le nouvel élan de notre
viticulture.
M. le président.
La parole est à M. le ministre.
M. Jean Glavany,
ministre de l'agriculture et de la pêche.
Monsieur le sénateur, je suis
très heureux que vous me donniez l'occasion de faire avec vous le point de la
situation difficile que connaît la viticulture française. J'essaierai de
répondre aussi précisément que possible à l'ensemble des questions que vous
m'avez posées.
En ce qui concerne les mesures conjoncturelles, j'ai obtenu satisfaction sur
les mesures immédiates de résorption des excédents que j'avais proposées dès le
mois d'avril aux représentants de la profession et que j'ai adaptées pour tenir
compte de leurs propositions. Je viens d'obtenir de la Commission européenne la
mise en place d'un contingent de distillation de crise de 1,5 million
d'hectolitres. Lors du Conseil des ministres de l'agriculture des 18 et 19
juin, j'ai également pu recueillir l'accord unanime de mes collègues sur une
aide nationale qui permettra de porter à vingt francs par degré par hectolitre
le prix des vins destinés à la distillation. Dans un premier temps seront
concernés 1,5 million d'hectolitres auxquels s'ajouteront de nouveau 1,5
million d'hectolitres relevant de la distillation « alcool de bouche » pour la
prochaine campagne. Au total, 3 millions d'hectolitres seront donc retirés du
marché au cours des trois mois à venir.
Je souligne l'importance des moyens consentis par la collectivité nationale
pour réduire l'excédent qui pèse sur le marché : ce sont près de 800 millions
de francs qui auront été dépensés pour l'élimination d'environ 4 millions
d'hectolitres de vin. C'est tout à fait considérable, et il faut remonter très
loin dans le passé pour trouver des mesures d'une telle ampleur.
Pour ce qui concerne la maîtrise des volumes, des efforts équilibrés doivent
être réalisés entre les vins de pays et les vins d'appellation d'origine, qui
commencent à connaître des difficultés.
Dans ce contexte, après avoir pris connaissance des propositions faites par le
conseil de direction de l'ONIVINS, l'Office national interprofessionnel des
vins, et par le comité « vins » de l'INAO, l'Institut national des appellation
d'origine, j'ai décidé d'accorder environ 4 000 hectares de droits nouveaux aux
vignobles d'appellation d'origine et 1 500 hectares aux vins de pays.
Cet effort permet de garantir le droit à la croissance des seuls vignobles
dont la situation économique est satisfaisante et d'accompagner le
développement des jeunes agriculteurs.
J'ai pris bonne note de la décision du comité « vins » de l'INAO de limiter à
90 hectolitres par hectare les rendements des parcelles destinées à la
production de vins de table dans les zones mixtes et je souhaite
l'établissement rapide d'un véritable rendement maximal de production pour
toutes les appellations d'origine contrôlée. Par ailleurs, je salue les mesures
proposées par le conseil de direction de l'ONIVINS en termes de limitation des
rendements pour les vins de pays. Il s'agit, je le dis clairement, d'un geste
qui va dans le bons sens.
J'appuie, monsieur le sénateur, votre volonté d'aller encore plus loin dans
cette direction et de lancer une grande campagne d'information des vignerons
afin de prévenir de nouveaux déséquilibres de marché. En effet, l'Etat peut
encourager les vignerons dans cette voie, voire prendre des dispositions
réglementaires contraignantes, mais, pour être efficace, une prise de
conscience collective des vignerons est absolument indispensable.
La profession a fait des propositions constructives sur ces sujets. Je ne peux
que l'encourager à rechercher avec les services du ministère les outils et les
moyens juridiques qui permettront de les traduire concrètement en recherchant
toujours la simplicité et la compatibilité avec les réglementations
européennes.
Je souhaite que des mesures spécifiques soient mises en oeuvre en direction
des exploitations les plus fragiles. C'est ainsi que les directions
départementales de l'agriculture et de la forêt ont commencé l'instruction des
dossiers concernant les jeunes agriculteurs fragilisés par la crise. Par
ailleurs, je me réjouis que les contrats territoriaux d'exploitation, les CTE,
connaissent un réel succès dans cette filière et viennent accompagner les
efforts des vignerons en termes de qualité, de préservation de l'environnement
et des paysages comme de mise en oeuvre de véritables projets de développement
des territoires.
Enfin, je considère que l'Etat et les professionnels de ce secteur doivent
mettre sur pied rapidement un véritable plan pluriannuel de modernisation et
d'adaptation de cette filière.
Nos objectifs doivent être d'améliorer la qualité et de faire en sorte que
l'amont et l'aval de la filière puissent construire ensemble de véritables
projets de développement fondés sur la demande des marchés. Pour ce faire, nous
disposons des nouveaux outils prévus dans l'organisation commune de marché mais
aussi des contrats territoriaux d'exploitation. En outre, les outils d'aval
doivent être encore renforcés et doivent mettre davantage l'accent sur les
actions de promotion de nos produits.
Nous devons collectivement mettre sur pied une stratégie commerciale et
j'attends beaucoup du rapport que doit me transmettre M. Jacques Berthomeau
dans les semaines à venir et de la réunion de travail qui sera organisée par
l'ONIVINS le 11 juillet 2001 avec les producteurs, les négociants et les
distributeurs.
Dans cet esprit, sur les sujets liés à l'information du consommateur, au
commerce et à la distribution, mon collègue et ami François Patriat, ici
présent, secrétaire d'Etat aux petites et moyennes entreprises, à l'artisanat
et à la consommation, entamera prochainement un cycle de réunions avec tous les
acteurs de la filière, du producteur au consommateur.
Je crois que, tous ensemble, nous pouvons utiliser cette crise comme un
aiguillon et faire en sorte qu'elle permette de mettre sur pied un plan de
développement pluriannuel qui aide notre pays à conforter sa place de leader et
à conserver les 80 000 vignerons qui constituent en France le socle de cette
filière.
Tels sont, monsieur le sénateur - j'ai été un peu long, je vous prie de m'en
excuser - les éléments qui me paraissent constituer ce que vous appelez ce «
contrat citoyen » qui doit lier les pouvoirs publics aux vignerons français.
M. Roland Courteau.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. Courteau.
M. Roland Courteau.
Je remercie M. le ministre de sa réponse. Je le remercie également de son
investissement personnel dans un dossier qui concerne le secteur essentiel de
l'économie d'un certain nombre de départements. En effet, la vitiviniculture
représente un enjeu fondamental en termes économiques, d'emploi et
d'aménagement durable du territoire.
Je vous remercie de votre soutien, monsieur le ministre.
CONSÉQUENCES DE LA LOI SUR LE NOMBRE DE DÉLIVRANCES DE CERTIFICATS D'URBANISME
ET DE PERMIS DE CONSTRUIRE, EN PARTICULIER DANS LES ZONES RURALES