SEANCE DU 16 OCTOBRE 2001
M. le président.
La parole est à M. Courteau, auteur de la question n° 1105, adressée à M. le
ministre délégué à la santé.
M. Roland Courteau.
Monsieur le président, je vous adresse à mon tour nos félicitations.
Monsieur le secrétaire d'Etat, je dresserai un premier constat : 180 000
personnes meurent chaque année d'une maladie cardio-vasculaire, première cause
de mortalité en France.
Pourtant, selon la Fédération française de cardiologie, il suffirait, pour
sauver de nombreuses vies, de prendre un certain nombre de mesures : une
meilleure diffusion de l'information sur ces maladies, une éducation sanitaire
des jeunes, un renforcement de la lutte contre le tabagisme, l'installation de
défibrillateurs dans certains lieux publics - aéroports, gares, stades et
salles de spectacle -, enfin, une formation développée aux « gestes qui sauvent
».
Le deuxième constat que je dresserai porte sur le diagnostic de mort subite
qui concernerait chaque année quelque 60 000 personnes. Or, nous le savons
tous, face à une détresse cardiorespiratoire, chaque minute compte. Dès lors,
toujours selon la fédération française de cardiologie, la chaîne d'urgence que
doit déclencher l'appel immédiat du 18 ou du 15 gagnerait à être renforcée par
une intervention efficace du premier témoin, et ce d'autant que la majorité des
accidents surviennent dans le cadre du cercle familial.
Cette intervention du premier témoin dans l'attente des secours passe, bien
sûr, obligatoirement par la formation d'une population plus nombreuse « aux
gestes qui sauvent », ce qui implique un accès simple aux techniques de base de
l'urgence cardiologique.
Or, dans ce domaine, beaucoup reste à faire puisque seulement moins de 6 % des
Français connaissent les gestes à accomplir en cas d'urgence. Certaines
initiatives ont donc été prises - notamment par la fédération française de
cardiologie - pour inciter les Français à suivre cette formation afin que les «
gestes qui sauvent » deviennent des gestes citoyens. Ces initiatives, qui ont
rencontré un réel succès, méritent d'être amplifiées et nécessitent le soutien
des pouvoirs publics pour faciliter l'accès du plus grand nombre à une
formation dont la gratuité s'impose.
Sachez enfin que des hommes et des femmes d'expérience estiment que les 180
000 décès déplorés chaque année en France des suites de maladies
cardio-vasculaires ne relèvent pas de la fatalité et ne constituent pas
davantage une situation figée.
Voilà pourquoi, monsieur le secrétaire d'Etat, je souhaiterais connaître la
position du Gouvernement concernant, d'abord, l'intensification d'une politique
de prévention, la formation « aux gestes qui sauvent » et, enfin, développer
l'application de certaines instructions données par le ministère de l'éducation
nationale en 1997, qui préconisent l'enseignement des gestes élémentaires de
secourisme dans les écoles et dans les collèges.
M. le président.
La parole est à M. le secrétaire d'Etat.
M. Guy Hascoët,
secrétaire d'Etat à l'économie solidaire.
Monsieur le sénateur, je tiens
tout d'abord à vous prier de bien vouloir excuser M. le ministre délégué à la
santé, que je remplace aujourd'hui.
Comme vous l'avez indiqué, les maladies cardio-vasculaires représentent la
première cause de mortalité en France, avec près de 180 000 décès par an, dont
25 % affectent des personnes de moins de soixante-quinze ans. On estime le
nombre d'infarctus du myocarde annuel à environ 120 000.
L'arrêt cardiaque qui survient hors contexte hospitalier est de pronostic
gravissime. Son taux de survie est inférieur à 5 % et l'on estime à environ 40
000 le nombre de décès annuel. Il survient dans 85 % des cas à domicile et,
dans 35 % des cas, durant le sommeil.
Afin d'améliorer ce pronostic, différentes mesures ont déjà été prises, telles
que l'attribution de nouveaux moyens humains et financiers pour les SAMU, ou
services d'aide médicale urgente, la formation accrue des urgentistes, ainsi
que l'habilitation, après une formation, de personnes qui ne sont pas médecins
à utiliser des défibrillateurs semi-automatiques et la diffusion de ces
appareils. Une étude est d'ailleurs actuellement en cours pour déterminer
l'intérêt de la mise en place d'un défibrillateur implantable chez des sujets à
risque.
Toutefois, au regard des défis de santé publique que représentent les
pathologies cardio-vasculaires et la filière de prise en charge, notamment dans
l'extrême urgence, c'est dans le cadre d'une démarche globale que le
Gouvernement s'inscrit. Un programme de lutte contre les maladies
cardio-vasculaires, qui viendra renforcer de manière spécifique le programme
national nutrition santé, est en cours d'élaboration avec la fédération
française de cardiologie. Il comprendra bien entendu, dans sa partie
prévention, des actions relatives à l'apprentissage des « gestes qui sauvent ».
Le ministre délégué à la santé présentera ce programme en février prochain.
Je précise cependant que de nombreuses actions sont déjà en cours, en
particulier au sein de l'éducation nationale.
Depuis 1997, un programme national s'appuyant sur une brochure pédagogique
réalisée par les SAMU et intitulée
Apprendre à porter secours
est
développé par les enseignants au sein de l'école primaire. Son application est
très suivie depuis 1998. Il est accompagné d'une affiche -
Protocole
d'alerte au SAMU en cas d'urgence
- qui constitue un aide-mémoire pour
effectuer une démarche d'alerte et déterminer la conduite à tenir face à une
situation d'urgence.
Par ailleurs, un programme national de formation de formateurs et
d'apprentissage des premiers secours est actuellement développé dans les
établissements du premier et du second degrés avec l'appui du service de la
promotion de la santé en faveur des élèves. Aujourd'hui, vingt-huit académies
disposent d'une équipe de formateurs. La formation est sanctionnée par une
attestation de formation aux premiers secours délivrée par la préfecture.
Enfin, comme vous l'avez dit, la fédération française de cardiologie propose
des formations qui vont dans le même sens, ce dont le Gouvernement se
félicite.
M. Roland Courteau.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. Courteau.
M. Roland Courteau.
Il s'agit là effectivement d'un réel sujet de préoccupation, mis en lumière
par un sondage fédération française de cardiologie-IFOP : un Français sur deux
se sent concerné par les maladies cardio-vasculaires, mais 62 % des personnes
de moins de trente-cinq ans s'estiment insuffisamment informées ; en outre, 81
% des personnes interrogées - ce chiffre est révélateur - se déclarent prêtes à
suivre une formation sur les gestes d'urgence.
Je suis convaincu dès lors que le contexte est aujourd'hui propice à une
action accrue en vue de combattre ce fléau, action au niveau tant de la
prévention que de la formation aux gestes qui sauvent.
DÉMOGRAPHIE MÉDICALE