SEANCE DU 30 OCTOBRE 2001
M. le président.
L'article 34 a été supprimé par l'Assemblée nationale.
L'amendement n° 15, présenté par M. Hoeffel, au nom de la commission, est
ainsi libellé :
« Rétablir l'article 34 dans la rédaction suivante :
« Après l'article L. 243-3 du code des juridictions financières, il est inséré
un article L. 243-4 ainsi rédigé :
«
Art. L. 243-4. -
La chambre régionale des comptes statue dans les
formes prévues aux articles L. 241-13 et L. 241-14 sur toute demande en
rectification d'observations définitives sur la gestion qui peut lui être
présentée par les dirigeants des personnes morales contrôlées ou toute autre
personne nominativement ou explicitement mise en cause. »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Daniel Hoeffel,
rapporteur.
La commission propose de rétablir l'article 34 dans la
rédaction adoptée par le Sénat en première lecture.
Nous souhaitons en effet que la règle de bon sens permettant aux ordonnateurs
ou aux personnes mises en cause par une lettre d'observations définitives d'en
demander la rectification soit inscrite dans la loi, au lieu d'être simplement
admise par la jurisprudence.
M. Jacques Oudin.
Très bien !
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Florence Parly,
secrétaire d'Etat.
Comme l'a indiqué M. le rapporteur, cette disposition
est d'ores et déjà admise par la jurisprudence en cas d'erreur manifeste. Par
ailleurs, elle me paraît redondante au regard des dispositions qui sont prévues
par les articles 31 et 32, et qui permettent à l'ordonnateur de faire valoir
son point de vue, tant avant qu'après l'établissement des observations
définitives par les chambres régionales des comptes.
Par conséquent, le Gouvernement est défavorable à cet amendement.
M. le président.
Je vais mettre aux voix l'amendement n° 15.
M. Jacques Oudin.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Oudin.
M. Jacques Oudin.
Je suis toujours étonné d'entendre dire que, sous prétexte que la
jurisprudence a admis certaines dispositions, le législateur n'a plus à
légiférer, surtout lorsque le débat a lieu au sein d'une assemblée
parlementaire !
Si les faits sont acquis par la jurisprudence, nous pouvons parfaitement
légiférer pour les inscrire maintenant dans la loi. C'est la raison pour
laquelle je voterai, bien évidemment, cet amendement.
M. Michel Charasse.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Charasse.
M. Michel Charasse.
Madame le secrétaire d'Etat, je comprends bien votre position, mais je
voudrais vous raconter brièvement ce dont j'ai été témoin dans ma région
lorsque j'exerçais les fonctions qui sont aujourd'hui les vôtres.
J'avais pris une décision de portée générale concernant la non-imposition des
rémunérations au titre des frais de représentation accordées à certains agents
supérieurs des grandes collectivités locales, tels que les secrétaires
généraux.
L'ancien directeur du conseil général de mon département a été mis en cause
par une chambre régionale des comptes au titre de l'indemnité qu'il avait
touchée et dont, par décision ministérielle, j'avais souligné le caractère non
imposable. L'administration fiscale a été saisie par la chambre régionale des
comptes au stade de la lettre d'observations provisoires.
Ce fonctionnaire en retraite, à qui étaient réclamés 150 000 ou 200 000 francs
d'impôts en retard m'a demandé de l'assister devant la chambre régionale des
comptes. Je m'y suis rendu et j'ai témoigné devant la chambre, qui siégeait à
huis clos, en indiquant que j'avais pris une décision écrite. La chambre
régionale des comptes n'était pas obligée de le savoir, mais je le lui ai bien
précisé. Or elle a maintenu tout de même sa décision, ce qui revient à dire
qu'elle a jugé un acte ministériel.
Si l'on ne peut pas obtenir de rectification dans ce cas-là, je me demande ce
qui se passe !
Cela rend parfaitement valable, malgré les inconvénients que vous avez pu
signaler par ailleurs, la démarche de la commission. En effet, si les chambres
régionales des comptes peuvent s'arroger le droit de juger les actes
ministériels, où allons-nous ? Il ne manquera plus qu'elles libèrent les
assassins et le parcours sera complet !
Par conséquent, je vais voter l'amendement n° 15, et je pense que mes amis le
feront aussi.
M. Christian Cointat.
Très bien !
M. le président.
Je mets aux voix l'amendement n° 15, repoussé par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
En conséquence, l'article 34 est rétabli dans cette rédaction.
Article 35