SEANCE DU 30 OCTOBRE 2001


QUESTIONS ORALES REMISES À LA PRÉSIDENCE DU SÉNAT (Application des articles 76 à 78 du réglement)


Violence dans les stades et les manifestations sportives

1170. - 26 octobre 2001. - M. Jean-Claude Carle appelle l'attention de Mme le ministre de la jeunesse et des sports sur la recrudescence de la violence dans les stades et lors de manifestations sportives. Il évoque non tant la violence survenant lors d'une compétition que les actes de vandalisme et les agressions perpétrés par une minorité de jeunes extérieurs aux associations sportives. Ces agissements, qui se nourrissent d'un sentiment d'impunité, ont fait naître une insécurité latente qui affecte la vie associative locale et décourage le bénévolat. De fait, 91 % des mineurs auteurs de délits peu graves et 85 % de ceux qui commettent des délits graves n'ont jamais été détectés par la police. Ils ne sont malheureusement pas le propre des banlieues et des grandes cités urbaines. Dans le département de Haute-Savoie, dont il est l'élu, des difficultés croissantes se font jour pour organiser les rencontres sportives dominicales ou plus simplement les entraînements et les cours d'initiation en semaine. Témoins, les clubs et associations sportives de Marmaz, petite commune de 5 000 habitants, située dans un périmètre urbain couvert par un contrat de ville. En dépit de la présence renforcée de la gendarmerie et des pompiers, il n'est pas un week-end qui ne soit émaillé d'incidents en tous genres. Des incidents qui se soldent à chaque fois par des dégradations matérielles coûteuses pour les clubs locaux et par un climat d'insécurité peu propice à une pratique saine du sport. Ces actes de violence sont inadmissibles car ils constituent non seulement des infractions aux lois mais aussi une atteinte aux valeurs et à l'éthique sportives. Certes, le ministère de la jeunesse et des sports a pris l'initiative d'un renforcement de l'arsenal législatif. En particulier dans la loi n° 98-146 du 6 mars 1998 qui permet que les individus utilisant le sport pour manifester leur violence et leur rejet des autres soient condamnés par la justice et interdits d'accès aux stades. De même avec la Commission nationale de prévention et de lutte contre la violence dans le sport créée conjointement avec le ministère de l'intérieur. Il n'empêche. Ces mesures visent avant tout la vilence dans le sport. Le problème dont il est question ici a trait à la violence autour du sport, les activités sportives devenant à la fois le prétexte et l'objet de manifestations de violence. Devant un tel phénomène, tant les dirigeants associatifs que les élus locaux s'avouent désarmés. Dans le cas de la commune de Marmaz, l'effort de prévention est déjà en cours, mais il ne suffit pas. Aujourd'hui, c'est du soutien des pouvoirs publics dans le domaine de la sanction et de la réparation dont ils ont besoin. C'est pourquoi il lui demande quelles mesures le Gouvernement entend prendre dans ce domaine pour appuyer les collectivités locales et les associations dans leur mission, et permettre ainsi au sport de demeurer un vecteur d'intégration et d'épanouissement.

Difficultés des communes en matière de travaux d'assainissement

1171. - 2 octobre 2001. - M. Jean-Pierre Raffarin attire l'attention de M. le ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement sur les difficultés rencontrées par de nombreuses communes dans le cadre des travaux d'assainissement.

Traçé de la branche Est du TGV Rhin-Rhône

1172. - 30 octobre 2001. - M. Gilbert Barbier attire l'attention de M. le ministre de l'équipement, des transports et du logement sur les conséquences pour le bassin dolois du traçé prévu pour la branche Est du TGV Rhin-Rhône. Le traçé retenu par le comité de pilotage crée une ligne nouvelle reliant Mulhouse à Dijon et deux gares nouvelles localisées à Meroux et Auxon, respectivement proches de Belfort et Besançon. Le traçé entre Mulhouse et Besançon ne semble pas rencontrer d'objections particulières, sinon le problème de l'entrée dans cette dernière agglomération. De nombreux bisontins souhaitent en effet une desserte directe de la ville via la gare actuelle de Besançon-Viotte. En revanche, le traçé entre Besançon et Dijon soulève de vives inquiétudes de la part des élus jurassiens. En premier lieu, en excluant la ville de Dole, il ne fait aucun cas des intérêts de la population Nord-Jura. En second lieu, il pose la question du devenir de la desserte de Dole. Certes, des assurances ont été données par le président de Réseau ferré de France et le préfet de région, notamment le maintien du trafic actuel entre Dole et Paris et le report des TGV ne pouvant stationner à Dijon, mais seront-elles suffisantes. Enfin, ce traçé ne tient pas compte de l'articulation future entre les branches Est et Sud du TGV Rhin-Rhône. Il est vrai que les hypothèses émises dans les premières études menées sur la branche Sud sont, une fois de plus, défavorables à Dole et à sa région. Le compte rendu du débat public remis en octobre 2000 au ministère de l'aménagement du territoire et de l'environnement recommandait d'ailleurs « des concertations complémentaires quant au choix de la variante de raccordement de la branche Sud à la branche Est, traitant spécifiquement du cas de Dole ». La déclaration d'utilité publique de la branche Est devrait intervenir d'ici à la fin de l'année ou début 2002. Compte tenu des difficultés soulevées pour l'entrée dans Besançon et le traçé entre cette agglomération et Dijon, ne sertait-il pas plus sage de geler la décision concernant cette portion ? Cela ne remettrait pas en cause la réalisation des travaux sur la première tranche entre Petit-Croix et Besançon, sur laquelle un concensus existe, et permettrait de réétudier une solution qui aborde le raccordement avec la branche Sud et réponde aux attentes des Nord-Jurassiens et des Bisontins. Peut-être pourrait-on envisager de façon sérieuse la possibilité d'aménager la ligne existante entre Besançon, Dole et Dijon ? Monsieur le ministre de l'équipement, des transports et du logement peut-il faire part de son opinion sur une telle proposition et indiquer où en sont les concertations sur la branche Sud ?

Manque de personnel dans les services
de la direction départementale de la concurrence,
de la consommation et de la répression des fraudes (DDCCRF)
de la Dordogne

1173. - 13 octobre 2001. - M. Bernard Cazeau attire l'attention de M. le ministre de l'économie, des finances et de l'industrie sur le manque de personnel dans les services de la direction départementale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DDCCRF) de la Dordogne. En effet, au sein de l'administration que le ministre dirige, la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes connaît une actualité chargée, ses missions étant en prise directe avec plusieurs événements marquants des périodes récentes et en cours (enquêtes relatives à la sécurité alimentaire des consommateurs, examen du respect des règles de la concurrence, protection du consommateur dans le cadre du passage à l'euro). Les compétences de la DGCCRF s'accroissent tant qualitativement, au fil des aléas de notre vie économique, que quantitativement. La direction départementale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DDCCRF) de la Dordogne en est un bon exemple. Elle est aujourd'hui en proie à de sérieuses inquiétudes face à une croissance de l'activité de ses services qu'aucune dotation en personnel n'est venue compenser. On assiste même a contrario à une réduction tendancielle des effectifs : 25 agents en 1998, 23 en 2000, 21 en 2001 et 20 en prévision pour 2002. Il ne saurait suffisamment insister sur les spécificités géographiques et économiques du département de la Dordogne qui rendent indispensable une action soutenue de la DDCCRF. L'espace périgourdin est très étendu, puisque le département est le 3e de France en superficie, ce qui alourdit considérablement les missions de terrain des agents de la DDCCRF. Le tissu urbain est par ailleurs très émietté, on compte 557 communes qui sont autant d'usagers des services d'aide aux collectivités qu'offre la DDCCRF. L'économie locale est pour une bonne partie centrée sur le tourisme de l'agroalimentaire, deux secteurs où la défense des consommateurs est indispensable. Enfin, la démographie périgourdine est marquée par un fort vieillissement de la population, l'information sur l'euro tournée vers le public fragile que constituent les personnes âgées, est donc impérative. En Dordogne, comme partout en France, la DCCRF participe activement à la réalisation d'une économie régulée, normée et respectueuse de son environnement juridique et social que le Gouvernement appelle de ses voeux. Il apparaît en conséquence indispensable que les moyens nécessaires à la concrétisation de ce dessein soient mis en oeuvre. Il lui demande donc simplement si des créations de postes sont envisageables dans cette administration en Dordogne. Et, si oui, à quelle échéance.

Mesures en faveur des éleveurs de bovins

1174. - 30 octobre 2001. - M. Jean-Pierre Masseret souhaite obtenir de M. le ministre de l'agriculture et de la pêche des précisions concernant 2 des 23 mesures décidées par le Gouvernement en faveur des éleveurs de bovins, malmenés par la crise qui frappe leur profession : des précisions concernant la mesure n° 9 sur le dégagement de marché sur les jeunes veaux ; des précisions sur la mesure n° 22 relatives aux aides financières directes favorisant le maintien du troupeau de vaches allaitantes.

TVA applicable à la restauration collective
et aux repas servis aux personnes âgées

1175. - 30 octobre 2001. - M. Jean-Claude Peyronnet attire l'attention de M. le ministre de l'économie, des finances et de l'industrie sur les dispositions relatives à la TVA applicable à la restauration collective. Par un arrêt en date du 27 mars 2000, le Conseil d'Etat a estimé que les décisions ministérielles des 23 mars 1942 et 19 mars 1943 exonérant, sous certaines conditions, les cantines d'entreprises et les cantines d'administrations des taxes sur le chiffre d'affaires étaient incompatibles avec les objectifs définis par la sixième directive des Communautés européennes. En application de cette décision de justice, une instruction fiscale publiée au Bulletin officiel des impôts 3 1-501 du 30 mars 2001 a soumis, sous certaines conditions, ces cantines au taux réduit de TVA tout en maintenant l'exonération pour les cantines scolaires, universitaires et, pour les cantines hospitalières, aux repas servis aux patients. Cependant, l'instruction fiscale du 30 mars 2001 ne comprend pas de dispositions particulières pour les maisons de retraite et les services de portage de repas à domicile pour personnes âgées. La question se pose alors de savoir si les résidents des maisons de retraite seront assimilés sans distinction à des patients d'un établissement de santé emportant exonération des repas servis ? Par ailleurs, les prestations de portage à domicile des repas pour les personnes âgées se sont multipliées ces dernières années. En l'absence de précision, doit-on en déduire que ces prestations seront soumises au taux normal TVA. Quand bien même ces prestations ne seraient soumises qu'au taux réduit, une telle solution ne semble pas satisfaisante. Dans ces conditions, et alors que la prise en charge de la dépendance des personnes âgées va déjà lourdement peser sur le budget des départements, il souhaiterait tout d'abord savoir si les résidents d'une maison de retraite seront pour l'assujettissement à la TVA assimilés à des patients d'un établissement de santé. Ensuite, il souhaiterait que le Gouvernement prenne l'engagement de ne pas soumettre à la TVA les repas préparés par les cantines administratives et hospitalières et servis à domicile aux personnes âgées.

Devenir de l'industrie nucléaire

1176. - 30 octobre 2001. - M. Philippe Richert attire l'attention de M. le ministre de l'économie, des finances et de l'industrie sur le devenir de l'industrie nucléaire en France. A l'heure où nos voisins d'Outre-Atlantique ont subi des attaques inimaginables, ne faut-il pas penser - sans catastrophisme - que les centrales nucléaires puissent être des cibles potentielles d'attaques terroristes sur notre territoire. Sachant que les documents de sûreté nucléaire français sont sans équivoque quant à l'incapacité de résistance d'une centrale nucléaire à la chute d'un avion de ligne, l'heure na-t-elle pas sonné de repenser de manière globale la politique énergétique de la France, d'autant plus que le Gouvernement ne cesse de mettre en avant le développement durable comme priorité au coeur de bon nombre de ses actions ? Par ailleurs, en ce qui concerne le cas plus particulier de la centrale nucléaire de Fessenheim, les six générateurs de vapeur des réacteurs arrivent en fin de vie. Actuellement, une enquête publique est ouverte en vue de l'obtention d'une autorisation de les entreposer sur le site. Leur remplacement, non prévu lors de la conception de la centrale, paraît donc imminent et sans appel, sans compter le coût estimé à près de 4 milliards de francs. Il souhaiterait savoir si le ministre envisage une concertation, avec l'ensemble des parties concernées (élus, population, associations), sur la pérennisation de cette installation sur le sol alsacien.

Exonération de cotisations sociales pour les entreprises
implantées dans les zones franches urbaines

1177. - 30 octobre 2001. - M. Jean-Paul Alduy attire l'attention de M. le ministre délégué à la ville sur l'application des dispositions relatives aux exonérations de cotisations sociales pour les entreprises implantées dans les zones franches urbaines. Les lois n° 96-987 du 14 novembre 1996, relatives à la mise en oeuvre du pacte de relance de la ville, et n° 2000-1108 du 13 décembre 2000, sur la solidarité et le renouvellement urbains édictent, dans les mêmes termes, que l'exonération de cotisations sociales est applicable pendant une période de cinq ans à compter de la délimitation de la zone franche urbaine, de la date d'implantation ou de la création d'entreprise dans la zone franche urbaine. Elles stipulent toutefois que, en cas d'embauche, au cours de cette période, l'exonération est applicable, pour ces salariés, pendant une période de cinq ans à compter de la date d'effet du contrat de travail. Le livret d'information sur l'intérêt de s'implanter en zone franche urbaine, réalisé en février 1997 par le ministère de l'aménagement du territoire, de la ville et de l'intégration et largement diffusé auprès des collectivités et des entreprises, reprend les termes de la loi sous forme de questions-réponses : « pour les salariés embauchés durant la période de cinq ans pendant laquelle l'entreprise bénéficie du régime de la zone franche, l'exonération vaut pour cinq ans à compter de la date d'effet du contrat ». Or, se basant sur l'annexe d'une circulaire du 17 mars 1997, les services de l'URSSAF, récemment interrogés à ce propos, excluent pour les salariés embauchés après le 31 décembre 2001, même s'ils l'ont été durant la période pendant laquelle l'entreprise bénéficie du régime de la zone franche. Cette interprétation restrictive contredit l'esprit même de la loi en favorisant les entreprises qui bénéficient encore des autres exonérations du régime zone franche après le 31 décembre 2001 sans l'incitation à l'embauche que représente l'exonération sur les cotisations sociales. De surcroît, si les nouvelles embauches à compter du 1er janvier 2001 ne sont plus susceptibles d'exonérations sur les charges sociales, il n'y a plus lieu de les comptabiliser pour le respect de la clause d'embauche de 20 % de salariés issus de la zone franche, donc plus de nécessité, pour les entreprises bénéficiant encore du régime zone franche et dont la masse salariale augmente, d'embaucher des salariés issus de ces secteurs en crise. L'Etat (préfecture de région), s'agissant du calcul du plafond d'aides de toute nature consenties à certaines entreprises, a lui-même comptabilisé les exonérations sur les cotisations sociales portant sur des embauches postérieures au 31 décembre 2001. Tout porte donc à croire que l'interprétation restrictive de la loi est erronée et, à l'heure où des modalités souples de sortie du régime des zones franches urbaines sont envisagées, il serait préjudiciable pour l'Etat, les collectivités locales, les entreprises, postérieurtement à leur décision d'implantation fondée sur la prévision de ces exonérations, et les salariés concernés, de remettre en cause le régime initial prévu par la loi. Aussi, il lui demande de confirmer que pour les salariés embauchés durant la période de cinq ans pendant laquelle l'entreprise bénéficie du régime de la zone franche et ce, même après le 31 décembre 2001, l'exonéraion de cotisations sociales vaut pour cinq ans à compter de la date d'effet du contrat de travail et de tout mettre en oeuvre afin que la loi soit appliquée.