SEANCE DU 15 JANVIER 2002


M. le président. Je suis saisi de trois amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion commune.
L'amendement n° 207 rectifié bis, présenté par MM. Laffitte, Girod, François-Poncet, Joly, Trégouët et Fourcade est ainsi libellé :
« Après l'article 15 septdecies, insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - Après les mots : "d'établissements d'enseignement supérieur", la fin du premier alinéa de l'article L. 211-7 du code de l'éducation est ainsi rédigée : "relevant des divers ministres ayant la tutelle de tels établissements".
« II. - Les pertes de recettes résultant du I sont compensées à due concurrence par la création d'une taxe additionnelle aux droits visés aux articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
L'amendement n° 507 rectifié, présenté par Mmes Beaufils, Borvo, Mathon et les membres du groupe communiste républicain et citoyen, est ainsi libellé :
« Après l'article 15 septdecies, insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - Dans le premier alinéa de l'article L. 211-7 du code de l'éducation, après la mention : "L. 614-3", sont insérés les mots : ", les autres formations de santé visées à l'article L. 635-1 et les formations dispensées pour les établissements visés à l'article L. 756-1,".
« II. - Le même alinéa est complété par les mots : "ou du ministre de l'emploi et de la solidarité".
« III. - L'augmentation du prélèvement sur recettes résultant de l'application du I et du II ci-dessus est compensée à due concurrence par la création d'une taxe additionnelle aux droits prévus aux articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
L'amendement n° 655, présenté par M. Collomb, est ainsi libellé :
« Après l'article 15 tervicies, insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - Dans le premier alinéa de l'article L. 211-7 du code de l'éducation, après la référence "L. 614-3", sont insérés les mots : ", des autres formations de santé visées à l'article L. 635-1 et des formations dispensées pour les établissements visés à l'article L. 756-1,".
« II. - Le même alinéa est complété par les mots : "ou du ministre de l'emploi et de la solidarité".
« III. - L'augmentation du prélèvement sur recettes résultant de l'application du I et du II ci-dessus est compensée à due concurrence par la création d'une taxe additionnelle aux droits prévus aux articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
La parole est à M. Laffitte, pour défendre l'amendement n° 207 rectifié bis.
M. Pierre Laffitte. Cet amendement est présenté par un certain nombre de sénateurs notamment MM. Trégouët et Fourcade, qui sont tous les deux très concernés par ce problème.
Il concerne les établissements d'enseignement supérieur qui voudraient confier leur maîtrise d'ouvrage à des collectivités locales. Or il existe actuellement une différence entre les établissements d'enseignement supérieur qui sont sous tutelle du ministère de l'éducation nationale ou du ministère de l'agriculture et de la pêche et ceux qui dépendent d'autres ministères. Ces derniers ne peuvent pas, contrairement aux autres, confier la maîtrise d'ouvrage à une collectivité locale, tout en laissant celle-ci bénéficier du FCTVA ou fonds de compensation pour la taxe sur la valeur ajoutée.
Il importe de remédier à cette anomalie en étendant ces avantages à des écoles telles que les écoles des mines, des télécommunications, des ponts et chaussées et autres.
M. le président. La parole est à M. Bret, pour défendre l'amendement n° 507 rectifié.
M. Robert Bret. Notre amendement a le même objet que l'amendement précédent. Nous nous rallions pleinement aux explications de M. Laffitte.
M. le président. La parole est à M. Collomb, pour défendre l'amendement n° 655.
M. Gérard Collomb. Le code de l'éducation dispose, dans son article L. 211-7 : « ... l'Etat peut confier aux collectivités territoriales ou à leurs groupements la maîtrise d'ouvrage de constructions ou d'extensions d'établissements d'enseignement supérieur relevant du ministre chargé de l'enseignement supérieur ou du ministre de l'agriculture. (...)
« Les collectivités territoriales ou leurs groupements bénéficient du fonds de compensation pour la taxe sur la valeur ajoutée au titre des dépenses exposées en application du premier alinéa du présent article. »
Ainsi, des conventions peuvent être passées entre l'Etat et les collectivités territoriales pour la réalisation d'équipements et d'établissements d'enseignement supérieur. Les dépenses engagées sont, de ce fait, éligibles au FCTVA.
Il serait souhaitable que cette disposition, uniquement réservée aux établissements qui se trouvent sous la tutelle du ministère de l'éducation nationale ou du ministère de l'agriculture et de la pêche, puisse également bénéficier aux structures d'enseignement supérieur placées sous l'autorité du ministère de la santé. En effet, ce dernier nous a demandé de pouvoir participer, parce qu'il y avait un risque de fermeture pour raisons de sécurité, à la réparation de l'école de santé Rockefeller, placée sous le contrôle de l'université Lyon I, qui a souhaité confier la maîtrise d'ouvrage à la communauté urbaine.
Si nous participons pour moitié à la rénovation de ce qui n'appartient théoriquement qu'à l'Etat, nous souhaiterions au moins pouvoir bénéficier du FCTVA.
Je vous demande, mes chers collègues, de bien vouloir prendre en compte l'un des rares amendements déposés sur ce texte par le maire de Lyon.
M. le président. Quel est l'avis de la commission sur ces trois amendements ?
M. Daniel Hoeffel, rapporteur. Ces trois amendements se situent dans une optique résolument novatrice et je tiens à saluer l'intention de leurs auteurs, en particulier l'initiative de M. Laffitte, tout en formulant une mise en garde : nous devons souhaiter que l'adoption de ces mesures ne conduise pas l'Etat à se désengager du secteur de l'enseignement supérieur au détriment des collectivités territoriales et de leurs finances. Ce ne serait pas la première fois qu'un transfert de compétences ne s'accompagnerait pas du transfert intégral des moyens financiers correspondants.
Par conséquent, nous nous en remettons à la sagesse de la Haute Assemblée sur l'amendement n° 207 rectifié bis .
Cette position nous conduit à souhaiter que les auteurs des amendements n°s 507 rectifié et 655, qui vont dans le même sens, acceptent de les retirer au profit de cet amendement n° 207 rectifié bis , ce qui pourrait faire de l'adoption de cet amendement une action conjointe et convergente des différents auteurs.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Daniel Vaillant, ministre de l'intérieur. Le code général des collectivités territoriales exclut du bénéfice du FCTVA les travaux effectués par les collectivités locales pour le compte de l'Etat.
Toutefois, la loi du 4 juillet 1990 relative aux droits et obligations de l'Etat et des départements concernant les instituts universitaires de formation des maîtres, à la maîtrise d'ouvrage de constructions d'établissements d'enseignement supérieur et portant diverses dispositions relatives à l'éducation nationale, à la jeunesse et aux sports déroge à ce principe d'exclusion du FCTVA. En effet, son article 18, codifié à l'article L. 211-7 du code de l'éducation, prévoit la possibilité pour les collectivités locales de bénéficier des attributions du fonds pour les dépenses d'investissement qu'elles réalisent en vue de la construction d'établissements d'enseignement supérieur relevant soit du ministère de l'éducation nationale, soit du ministère de l'agriculture et de la pêche.
L'extension de cette dérogation à d'autres ministères ne peut être envisageable dès lors que le texte de 1990 précité visait essentiellement à répondre aux besoins de la démographie étudiante et à la rénovation de l'enseignement post-secondaire, notamment par le dévelopement des instituts universitaires de formation des maîtres et des universités.
En vertu de cette augmentation, j'émets un avis défavorable sur ces trois amendements.
M. le président. Je vais mettre aux voix l'amendement n° 207 rectifié bis.
M. Gérard Collomb. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Collomb.
M. Gérard Collomb. Je veux préciser qu'il s'agit de rénover, à Lyon, l'école d'infirmières Rockefeller, qui, dans la période que nous connaissons actuellement de pénurie permet de former 2 000 infirmières par an.
Un avis négatif du Gouvernemnt entraînerait le retrait de la communauté urbaine de cette opération, qui est prévue dans le cadre d'un contrat de plan Etat-région. Le ministère de l'emploi et de la solidarité procèderait alors seul à la réhabilitation de cet établissement. A l'heure actuelle, nos commissions de sécurité sont vivement sollicitées pour donner un avis de fermeture immédiate.
M. Pierre Laffitte. Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président. La parole est à M. Laffitte.
M. Pierre Laffitte. Je voudrais préciser, à mon tour, qu'il s'agit, dans ce cas particulier, d'un certain nombre d'établissements d'enseignement supérieur prestigieux qui, pour la plupart, offrent des formations professionnelles faisant cruellement défaut en France, notamment les formations d'ingénieurs, des télécommmunications ou des mines.
Permettez-moi de penser tout particulièrement ici à la région Provence-Alpes-Côte d'Azur, qui vous est chère aussi, monsieur le président. (Sourires.)
Plusieurs démarches ont été entreprises. Ainsi, M. Vauzelle a écrit à M. le ministre de l'économie, des finances et de l'industrie afin de lui marquer son intérêt pour la question ; j'ai moi-même pris contact avec M. Fabius, qui m'a fait savoir, par son directeur de cabinet, qu'il était favorable à ce qu'un amendement d'origine parlementaire puisse être introduit. Je m'étonne donc de cet avis défavorable du Gouvernement sur un dispostif, à mon sens, fondamental et d'intérêt national.
J'ajoute que, d'une certaine façon, cet amendement entraînerait une diminution des charges de l'Etat, puisque, dans la plupart des cas, les collectivités locales avaient décidé d'investir - je réponds là à M. le rapporteur - notamment parce qu'il leur paraissait fondamental que le nombre des ingénieurs formés augmente.
M. Jean-Pierre Vial. Très bien !
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 207 rectifié bis, repoussé par le Gouvernement et pour lequel la commission s'en remet à la sagesse du Sénat.

(L'amendement est adopté.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, après l'article 15 septdecies, et les amendements n°s 507 rectifié et 655 n'ont plus d'objet.

Article additionnel après l'article 15 septdecies
ou avant l'article 15 octodecies