SEANCE DU 16 JANVIER 2002
M. le président.
« Art. 18. - I.- L'article L. 2123-3 du code général des collectivités
territoriales est ainsi rédigé :
«
Art. L. 2123-3
. - Les pertes de revenu subies par les conseillers
municipaux qui exercent une activité professionnelle salariée ou non salariée
et qui ne bénéficient pas d'indemnités de fonction peuvent être compensées par
la commune ou par l'organisme auprès duquel ils la représentent, lorsque
celles-ci résultent :
« - de leur participation aux séances et réunions mentionnées à l'article L.
2123-1 ;
« - de l'exercice de leur droit à un crédit d'heures lorsqu'ils ont la qualité
de salarié ou, lorsqu'ils exercent une activité professionnelle non salariée,
du temps qu'ils consacrent à l'administration de cette commune ou de cet
organisme et à la préparation des réunions des instances où ils siègent.
« Cette compensation est limitée à soixante-douze heures par élu et par an ;
chaque heure ne peut être rémunérée à un montant supérieur à une fois et demie
la valeur horaire du salaire minimum de croissance. »
« II. - Aux articles L. 2123-4, L. 2123-5, L. 2123-6, L. 2123-7 et L. 2123-8
du même code, la référence : "L. 2123-3" est remplacée par la référence : "L.
2123-2". »
L'amendement n° 58, présenté par M. Hoeffel, au nom de la commission des lois,
est ainsi libellé :
« Compléter le troisième alinéa du texte proposé par le I de l'article 18 pour
l'article L. 2123-3 du code général des collectivités territoriales par les
mots : ", dans la limite du crédit d'heures prévu pour les conseillers de la
commune". »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Daniel Hoeffel,
rapporteur.
Il s'agit d'une précision concernant la compensation des
pertes de revenu pour les non-salariés, qu'évoquait tout à l'heure notre
collègue M. Vasselle.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Daniel Vaillant,
ministre de l'intérieur.
Favorable.
M. le président.
Je vais mettre aux voix l'amendement n° 58.
M. Alain Vasselle.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Vasselle.
M. Alain Vasselle.
Tout à l'heure, j'ai un peu hâtivement déploré l'insuffisance, dans le présent
texte, des propositions en faveur des non-salariés. Je fais amende honorable en
reconnaissant ici, monsieur le ministre, que vous réalisez une avancée à cet
égard, et je remercie M. le rapporteur de conforter, par son amendement, cette
initiative du Gouvernement.
Au demeurant, c'est une initiative que le Sénat avait déjà prise, même si,
voilà un an, il n'était pas allé aussi loin que j'aurais pu le souhaiter.
Quoi qu'il en soit, aujourd'hui, un premier pas est fait dans la bonne
direction. A chaque jour suffit sa peine ! Nous mesurerons avec le temps les
effets de l'application de ce dispositif et nous verrons comment il sera
apprécié par les non-salariés. Nous pourrons toujours, si cela s'avère
nécessaire, aller plus loin pour faire en sorte que la situation soit
comparable, sur le plan économique, entre les fonctionnaires, les retraités et
les non-salariés, en vue d'assurer une meilleure représentation de la société
civile dans les différentes assemblées.
M. le président.
Je mets aux voix l'amendement n° 58, accepté par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
L'amendement n° 431 rectifié, présenté par Mmes Beaufils et Borvo, M. Bret,
Mme Mathon et les membres du groupe communiste républicain et citoyen, est
ainsi libellé :
« I. - Rédiger comme suit le quatrième alinéa du texte proposé par l'article
18 pour l'article L. 2123-3 du code général des collectivités territoriales
:
« Cette compensation est limitée à soixante-douze heures par élu et par an.
»
« II. - Compléter cet article par deux paragraphes ainsi rédigés :
« ... - Les charges découlant pour les communes de l'absence de plafond pour
la compensation des pertes de revenus visées à l'article L. 2123-3 du code
général des collectivités territoriales sont compensées par le relèvement de la
dotation globale de fonctionnement.
« ... - L'augmentation du prélèvement sur recettes découlant de l'application
du paragraphe ci-dessus est compensée à due concurrence par la création d'une
taxe additionnelle aux droits prévus aux articles 575 et 575 A du code général
des impôts. »
La parole est à Mme Mathon.
Mme Josiane Mathon.
Cet amendement vise clairement à faciliter l'exercice du mandat électoral.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Daniel Hoeffel,
rapporteur.
Par coordination avec notre position précédente, avis
défavorable.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Daniel Vaillant,
ministre de l'intérieur.
Défavorable.
M. le président.
Je mets aux voix l'amendement n° 431 rectifié, repoussé par la commission et
par le Gouvernement.
(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président.
L'amendement n° 59, présenté par M. Hoeffel, au nom de la commission des lois,
est ainsi libellé :
« Compléter
in fine
le texte proposé par le I de l'article 18 pour
l'article L. 2123-3 du code général des collectivités territoriales par un
alinéa ainsi rédigé :
« Les pertes de revenu subies du fait de l'assistance à des réunions, soit sur
convocation du représentant de l'Etat dans le département, soit à la demande
d'une collectivité territoriale dont il n'est pas l'élu, par un élu local qui
ne bénéficie pas d'indemnité de fonction, peuvent être compensées par l'Etat ou
la collectivité ayant sollicité sa participation, dans les limites prévues à
l'alinéa précédent. »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Daniel Hoeffel,
rapporteur.
Cet amendement reprend une disposition déjà votée par le
Sénat lors de la précédente session.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Daniel Vaillant,
ministre de l'intérieur.
Cet amendement aurait pour effet de faire
prendre en charge des compensations financières non par la collectivité dont
l'élu relève mais par celle qui est à l'initiative de la réunion, qu'il
s'agisse de l'Etat ou d'une autre collectivité.
La participation d'un élu local à des réunions organisées sur l'initiative
d'une autre collectivité que la sienne fait partie intégrante de ses missions :
son mandat le conduit fréquemment à représenter ainsi sa collectivité. Dès
lors, il est naturel que la charge des dépenses afférentes à ses fonctions
incombe à la collectivité dont l'élu est issu.
En faisant interférer, dans le financement de l'une des garanties liées à
l'exercice de mandats locaux, d'autres collectivités que celle dont relève
chaque élu, et
a fortiori
l'Etat, l'amendement introduit une confusion
dans le dispositif, confusion qui non seulement nuirait à sa lisibilité mais
serait, de surcroît, de nature à porter atteinte à l'indépendance de l'élu
concerné.
Par ailleurs, en ce qui concerne l'Etat, le fait d'indemniser des élus locaux
pour leur participation aux réunions qu'il organise créerait un précédent qui
pourrait entraîner des demandes reconventionnelles de la part de très nombreux
responsables associatifs ou de particuliers qui siègent dans les commissions
départementales. Cela serait susceptible de peser lourdement sur le budget de
l'Etat, plus particulièrement sur celui des préfectures, donc sur les
contribuables.
M. René Garrec,
président de la commission des lois.
De toute façon, c'est sur eux que
repose la charge !
M. Daniel Vaillant,
ministre de l'intérieur.
J'émets donc un avis défavorable.
M. le président.
Je mets aux voix l'amendement n° 59, repoussé par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Je mets aux voix l'article 18, modifié.
(L'article 18 est adopté.)
Article additionnel après l'article 18