SEANCE DU 20 NOVEMBRE 2002
M. le président.
« Art. 27. - I. - A l'article L. 162-16 du code de la sécurité sociale, après
le premier alinéa, sont insérés trois alinéas ainsi rédigés :
« Pour les médicaments figurant dans un groupe générique prévu au 5° de
l'article L. 5121-1 du code de la santé publique, la base de remboursement des
frais exposés par les assurés peut être limitée à un tarif forfaitaire de
responsabilité arrêté par les ministres de la santé et de la sécurité sociale
après avis du comité économique des produits de santé institué par l'article L.
162-17-3 du présent code.
« Lorsque le tarif forfaitaire s'applique, le plafond mentionné à l'article L.
138-9 est fixé à 2,5 % du prix des médicaments.
« Les dispositions du cinquième alinéa du présent article ne s'appliquent pas
aux médicaments remboursés sur la base d'un tarif forfaitaire. »
« I
bis.
- Dans la première phrase de l'avant-dernier alinéa de
l'article L. 162-16 du même code, le mot : "deuxième" est remplacé, par deux
fois, par le mot : "cinquième" et le mot : "troisième", par deux fois, par le
mot : "sixième".
« II. - 1. Avant la dernière phrase du sixième alinéa (5°) de l'article L.
5121-1 du code de la santé publique, il est inséré une phrase ainsi rédigée :
"En l'absence de spécialité de référence, un groupe générique peut être
constitué de spécialités ayant la même composition qualitative et quantitative
en principe actif, la même forme pharmaceutique, et dont le profil de sécurité
et d'efficacité est équivalent". »
« 2. Le deuxième alinéa (1°) de l'article L. 5121-20 du même code est complété
par les mots : "et les modalités de création de groupes génériques en l'absence
de spécialité de référence, ces groupes étant définis au 5° de l'article L.
5121-1". »
La parole est à M. Guy Fischer, sur l'article.
M. Guy Fischer.
Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, je tiens à
expliquer la position des sénateurs communistes sur l'article 27, qui prévoit
la diminution du remboursement des médicaments dont une version générique est
commercialisée. En effet, les produits de marque ne seront désormais plus
remboursés que sur la base du prix de leur version générique. La différence -
c'est l'un des points essentiels de ce projet de loi de financement de la
sécurité sociale - restera à la charge du patient.
Cette mesure, couplée au déremboursement de médicaments dont l'efficacité
médicale est jugée insuffisante, devrait permettre de réaliser des économies
sur le poste « médicament ». Cependant, les enjeux sont beaucoup plus
larges.
En effet, la politique du médicament ainsi menée entre dans le cadre du
partage des rôles entre assurance maladie de base et assurance maladie
complémentaire.
Les assurances du secteur de la santé ont tout intérêt à se précipiter dans la
brèche ainsi ouverte dans notre système obligatoire en remboursant les frais
liés à l'automédication ou en créant des options pour le remboursement de la
différence entre les médicaments de marque et les génériques.
A terme, dans cette logique concurrentielle, les mutuelles, elles aussi,
seront amenées à faire de même. Par conséquent, elles n'ont pas intérêt à jouer
le jeu du générique en tant que base d'un forfait de remboursement, car,
contrairement à ce qu'elles souhaitent, les économies escomptées ne serviront
pas à mieux prendre en charge l'optique ou les frais dentaires, notamment.
A cet égard, nous nous interrogeons. Quels seront les moyens véritables qui
seront dégagés en matière de dentisterie, par exemple, quand on sait que,
aujourd'hui, bon nombre de Français, notamment les plus modestes, sont
confrontés à des difficultés sans précédent pour accéder aux soins dentaires ou
à l'optique ?
Vos choix, monsieur le ministre, pénalisent les patients, qui accéderont
désormais aux médicaments et aux soins en fonction de leurs moyens et de la
hauteur de leur couverture complémentaire. Ils sont dangereux en termes de
santé publique.
L'expérience des pays voisins, la Belgique ou l'Allemagne, montre de quelles
dérives sont à l'origine les décisions de ce type.
En Allemagne, les forfaits en matière de remboursement ne concernaient
initialement que les « médicaments identiques », le concept s'est depuis élargi
aux « médicaments comparables ». De telles dérives sont, à notre sens,
inacceptables.
En Belgique, on compte jusqu'à dix-sept génériques pour un médicament
princeps. Or nous savons que des différences existent sur les formules
chimiques, sur les odeurs, sur les enrobages, qui peuvent induire pour le
patient des effets gênants.
Vous le voyez, la matière n'est pas simple, elle est même très technique.
Nous avons évoqué hier un des problèmes liés à la fabrication, je veux parler
de la délocalisation de la production des médicaments génériques, notamment en
Chine. Nous avons insisté sur la nécessité de prendre des assurances pour que
nous ayons la même qualité.
M. Nicolas About,
président de la commission des affaires sociales.
C'est le discours de
l'industrie pharmaceutique ! Vous défendez maintenant les grands groupes,
monsieur Fischer ?
M. Guy Fischer.
Monsieur About, je n'ai pas la prétention de connaître aussi bien que vous les
problèmes de l'industrie pharmaceutique mais je tenais, au nom de mon groupe, à
soulever ces problèmes, qui sont bien réels.
Enfin, monsieur le ministre, en choisissant de favoriser les produits
déremboursés, mais connus des patients, vous incitez à un fort développement de
l'automédication, alors que vous souhaitez agir contre les maladies
iatrogènes.
Les laboratoire présents, quant à eux, sur des créneaux considérés comme moins
prioritaires ne manqueront pas d'adapter leur stratégie et continueront, par
conséquent, à accroître leurs profits.
Cet énième plan d'économie, centré sur le médicament, ne saurait nous
convenir. Certes, encore une fois, nous n'avons pas la prétention de porter un
jugement définitif sur ce problème complexe, mais nous sommes ici au coeur du
débat : le remboursement est l'une des préoccupations majeures des Français,
gros consommateurs de médicaments, mais ces mêmes médicaments sont l'une des
causes principales, à en croire certains, du déficit de l'assurance maladie.
Nous ne demandons qu'à être convaincus, monsieur le ministre, mais nous ne
voterons pas cet article.
M. le président.
La parole est à M. le ministre.
M. Jean-François Mattei,
ministre.
Je réponds immédiatement à M. Fischer, afin qu'il ne croie pas
que je néglige son intervention, mais je préciserai, amendement après
amendement, ma position, puisque l'ensemble des sujets qu'il a abordés seront
traités au cours de l'examen desdits amendements.
Vous avez raison, nous sommes au coeur du problème, et nous décidons
aujourd'hui de la bonne gestion de notre sécurité sociale dans l'intérêt des
malades.
M. Nicolas About,
président de la commission des affaires sociales.
Absolument !
M. le président.
Je suis saisi de dix amendements qui peuvent faire l'objet d'une discussion
commune.
L'amendement n° 68, présenté par MM. Cazeau, Godefroy, Chabroux et Vantomme,
Mme Campion, M. Domeizel, Mme Printz et les membres du groupe socialiste et
apparentée, est ainsi libellé :
« Supprimer cet article. »
L'amendement n° 18, présenté par M. Vasselle, au nom de la commission des
affaires sociales, est ainsi libellé :
« Avant le I de cet article, ajouter un paragraphe additionnel ainsi rédigé
:
« ... - Au deuxième alinéa de l'article L. 162-16 du code de la sécurité
sociale, les mots : "l'écart de prix entre la spécialité délivrée et la
spécialité la moins chère du même groupe générique ne peut être supérieur à un
montant déterminé par la convention prévue à l'article L. 162-16-1 du présent
code ou, à défaut, par un arrêté des ministres chargés de la sécurité sociale,
de la santé et du budget" sont remplacés par les mots : "la délivrance de cette
spécialité ne doit pas entraîner une dépense supplémentaire pour l'assurance
maladie supérieure à la dépense qu'aurait entraînée la délivrance de la
spécialité générique la plus chère du même groupe". »
L'amendement n° 19, présenté par M. Vasselle, au nom de la commission des
affaires sociales, est ainsi libellé :
« Avant le I de cet article, ajouter un paragraphe additionnel ainsi rédigé
:
« ... - Au troisième alinéa de l'article L. 162-16 du code de la sécurité
sociale, les mots : "un montant ou à un pourcentage déterminé par la convention
prévue à l'article L. 162-16-1. A défaut, ce montant ou ce pourcentage est
arrêté par les ministres chargés de la sécurité sociale, de la santé, de
l'économie et du budget" sont remplacés par les mots : "la dépense qu'aurait
entraînée la délivrance de la spécialité générique la plus chère du même
groupe". »
L'amendement n° 105, présenté par M. Darniche, est ainsi libellé :
« Rédiger ainsi le deuxième alinéa du texte proposé par le I de cet article
pour insérer trois alinéas après le premier alinéa de l'article L. 162-16 du
code de la sécurité sociale :
« Lorsque le tarif forfaitaire s'applique aux médicaments figurant dans un
groupe générique, le plafond mentionné à l'article L. 138-9 applicable aux
spécialités génériques reste fixé à 10,74 % du prix fabricant hors taxes. Il en
est de même pour la spécialité de référence, en cas d'alignement du prix de
celle-ci sur le tarif forfaitaire. »
L'amendement n° 20 rectifié, présenté par M. Vasselle, au nom de la commission
des affaires sociales, est ainsi libellé :
« Après les mots : "est fixé à 2,5 % du prix", rédiger comme suit la fin du
deuxième alinéa du texte proposé par le I de cet article pour être inséré après
le premier alinéa de l'article L. 162-16 du code de la sécurité sociale : "de
ces médicaments dès lors que leur prix est supérieur ou égal au tarif
forfaitaire de responsabilité. Lorsque leur prix est inférieur au tarif
forfaitaire de responsabilité, ce plafond est fixé à 10,74 %". »
L'amendement n° 22 rectifié, présenté par M. Vasselle, au nom de la commission
des affaires sociales, est ainsi libellé :
« Rédiger comme suit le I
bis
de cet article :
« I
bis.
- Le quatrième alinéa du même article est ainsi rédigé :
« En cas d'inobservation des dispositions des cinquième et sixième alinéas du
présent article, le pharmacien verse à l'organisme de prise en charge, après
qu'il a été mis en mesure de présenter ses observations écrites, et si, après
réception de celles-ci, l'organisme maintient la demande, une somme
correspondant à la dépense supplémentaire mentionnée aux cinquième et sixième
alinéas du présent article, qui ne peut toutefois être inférieure à un montant
forfaitaire déterminé par la convention prévue à l'article L. 162-16-1. A
défaut, ce montant est arrêté par les ministres chargés de la sécurité sociale,
de la santé, de l'économie et du budget. »
L'amendement n° 120, présenté par M. Leclerc, est ainsi libellé :
« Rédiger ainsi le 1 du II de cet article :
« 1. - Le sixième alinéa (5°) de l'article L. 5121-1 du code de la santé
publique est remplacé par les dispositions suivantes :
« 5° Sans préjudice des dispositions des articles L. 611-2 et suivants du code
de la propriété intellectuelle,
«
a)
Spécialité générique d'une spécialité de référence, celle qui a la
même composition qualitative et quantitative en principe actif, la même forme
pharmaceutique et dont la bioéquivalence avec la spécialité de référence est
démontrée par des études de biodisponibilité appropriées. La spécialité de
référence et les spécialités qui en sont génériques constituent un groupe
générique.
«
b)
En l'absence de spécialité de référence, un groupe générique peut
être constitué de spécialités ayant la même composition qualitative et
quantitative en principe actif, la même forme pharmaceutique et dont le profil
de sécurité et d'efficacité est équivalent.
« Pour l'application du présent 5°, les différentes formes pharmaceutiques
orales à libération immédiate sont considérées comme une même forme
pharmaceutique. »
L'amendement n° 63 rectifié, présenté par MM. Gournac et Murat, est ainsi
libellé :
« I. - Compléter le texte proposé par le 1 du II de cet article pour insérer
une phrase avant la dernière phrase du sixième alinéa (5°) de l'article L.
5121-1 du code de la santé publique par une phrase ainsi rédigée : "A cet
effet, l'inscription au répertoire des produits génériques mentionné à
l'article L. 5143-8 et la commercialisation d'une spécialité ne pourront
intervenir qu'à la suite de l'inspection physique des conditions de fabrication
tant de ladite spécialité que de ses matières premières par les services
compétents de l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé".
»
« II. - En conséquence, à la fin du premier alinéa du 1 du II de cet article,
remplacer les mots : "il est inséré une phrase ainsi rédigée :" par les mots :
"sont insérées deux phrases ainsi rédigées :". »
L'amendement n° 119 rectifié, présenté par M. Leclerc, est ainsi libellé :
« I. - Compléter le texte proposé par le l du II de cet article pour insérer
une phrase avant la dernière phrase du sixième alinéa (5°) de l'article L.
5121-1 du code de la santé publique par une phrase ainsi rédigée : "A cet
effet, l'inscription à ce répertoire et la commercialisation d'une spécialité
ne pourront intervenir qu'à la suite de l'inspection physique des conditions de
fabrication tant de ladite spécialité que de ses matières premières par les
services compétents de l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de
santé". »
« II. - En conséquence, à la fin du premier alinéa du 1 du II de cet article,
remplacer les mots : "il est inséré une phrase ainsi rédigée :" par les mots :
"sont insérées deux phrases ainsi rédigées :". »
L'amendement n° 121, présenté par M. Dériot et les membres du groupe de
l'Union centriste, est ainsi libellé :
« I. - Compléter le texte proposé par le 1 du paragraphe II de cet article
pour la phrase à insérer dans le sixième alinéa de l'article L. 5121-1 du code
de la santé publique par un alinéa ainsi rédigé :
« A cet effet, l'inscription au répertoire des produits génériques mentionné à
l'article L. 5143-8 et la commercialisation d'une spécialité ne pourront
intervenir qu'à la suite de l'inspection physique des conditions de
fabrication, mais aussi des contrôles physico-chimiques et bactériologiques de
tous les stades de la fabrication de ces produits. »
« II. - En conséquence, dans le premier alinéa du 1 du II de cet article,
remplacer les mots : "une phrase ainsi rédigée :" par les mots : "une phrase et
un alinéa ainsi rédigés :". »
La parole est à M. Jean-Pierre Godefroy, pour défendre l'amendement n° 68.
M. Jean-Pierre Godefroy.
L'article 27 prévoit de modifier le code de la sécurité sociale pour créer un
remboursement sur la base d'un tarif forfaitaire.
Le marché du médicament est administré. Le médicament fait l'objet d'une
décision de remboursement assortie de la fixation du taux de remboursement ;
son prix est ensuite fixé par convention. Le présent article propose de fixer,
sous certaines conditions, un tarif unique de remboursement, quel que soit le
prix du médicament délivré conformément à la prescription.
La politique de développement de la délivrance de médicaments génériques a
d'abord impliqué le pharmacien puis, plus récemment, le prescripteur : ayant
débuté avec l'attribution d'un droit de substitution pour les pharmaciens, elle
s'est poursuivie par la réglementation de la prescription en dénomination
commune, ce qui offre l'avantage de laisser au médecin sa liberté de
prescripteur.
Le dispositif ici proposé franchit un nouveau pas en faisant appel à la
responsabilisation des assurés sociaux.
L'assurance maladie remboursera, dans les groupes du répertoire des
génériques, le même montant, que le médicament soit un princeps ou un
générique.
On peut se demander où est la responsabilité de la personne malade face à un
prescripteur de soins. Que se passera-t-il si le médecin n'a pas prescrit de
générique et si le pharmacien ne l'a pas proposé ? C'est le patient qui sera
pénalisé lors du remboursement.
Il faudrait responsabiliser le médecin et le pharmacien au même titre que le
patient. D'ailleurs, en juin dernier, l'augmentation du tarif de la
consultation avait été accordée en échange de l'engagement des médecins de
prescrire des médicaments génériques.
Il n'est pas question pour moi de remettre en cause la revalorisation du
tarif, qui était nécessaire.
Comme je l'ai entendu lors des auditions auxquelles a procédé la commission
des affaires sociales, pour que la prescription de médicaments génériques soit
à la hauteur de l'effort de l'Etat en faveur des médecins, il faudrait passer
de 8 % de médicaments génériques - le taux actuel - à 21 %.
Aujourd'hui, ce contrat est balayé, puisque les médicaments génériques sont
imposés par la loi. La méthode est tout à fait critiquable : les professionnels
de santé ont bénéficié, pour certains d'entre eux, d'une revalorisation
équivalente à un SMIC par mois, et ce sans aucune réelle contrepartie.
Devant si peu de rigueur, comment peut-on avoir l'ambition de maîtriser les
dépenses et de fixer un objectif de progression de l'ONDAM de 5,3 % ?
Cette extension pénalise les médicaments sous brevet et prive les entreprises
du retour sur investissement qui est indispensable au financement de la
recherche. On risque de cantonner la recherche aux seuls domaines où il
n'existe pas d'alternative thérapeutique.
En déresponsabilisant les médecins et les pharmaciens de l'absolue nécessité
de prescrire des génériques, et donc en les démobilisant, vous risquez de
rompre cette dynamique, que vous souhaitez, monsieur le ministre, et que nous
souhaitons aussi.
C'est parce que nous refusons cette démobilisation et que nous craignons la
pénalisation du patient que nous vous demandons, mes chers collègues, de voter
la suppression de l'article 27 tel qu'il est rédigé.
M. le président.
La parole est à M. Alain Vasselle, rapporteur, pour défendre les amendements
n°s 18 et 19.
M. Alain Vasselle,
rapporteur.
Vous avez exprimé, à plusieurs reprises, votre souci d'aller
vers une simplification, monsieur le ministre.
C'est précisément dans cet esprit que la commission des affaires sociales a
déposé les amendements n°s 18 et 19.
L'amendement n° 18 vise à faciliter la délivrance des génériques lorsque le
pharmacien est confronté à une prescription en dénomination commune, afin
d'éviter qu'il ne délivre le princeps face à une prescription en dénomination
commune dans un groupe générique, ce qui serait, bien entendu, contraire à la
volonté du prescripteur et préjudiciable à l'assurance maladie.
La loi a mis en place un dispositif dit « de tunnel » qui se révèle en
pratique inapplicable. En effet, le pharmacien est censé délivrer une
spécialité dont le prix ne doit pas être supérieur d'un certain montant à la
spécialité la moins chère du même groupe générique. Imaginez le travail du
pharmacien !
L'amendement n° 18 vise donc à instituer une règle simple, facilement
applicable par le pharmacien et contrôlable par l'assurance maladie : dès lors
que les génériques ne peuvent être admis à remboursement que si leur prix
fabricant est inférieur à celui du princeps d'un pourcentage fixé par le comité
économique des produits de santé, toutes les spécialités du groupe répondant à
ce critère doivent pouvoir être délivrées par les pharmaciens et remboursées
par l'assurance maladie.
L'amendement prévoit donc que le pharmacien doit délivrer une spécialité
n'entraînant pas une dépense supplémentaire pour l'assurance maladie supérieure
à la dépense qu'aurait entraînée la délivrance de la spécialité générique la
plus chère du même groupe.
Cela devrait grandement simplifier la tâche des pharmaciens au moment de la
délivrance du médicament et l'utilisation du générique.
L'amendement n° 19 a exactement le même objet, si ce n'est qu'il vise le
pouvoir de substitution du pharmacien.
M. le président.
L'amendement n° 105 n'est pas soutenu.
La parole est à M. Alain Vasselle, rapporteur, pour présenter les amendements
n°s 20 rectifié et 22 rectifié.
M. Alain Vasselle,
rapporteur.
L'amendement n° 20 rectifié concerne les marges dont
bénéficient les pharmaciens sur la vente des médicaments.
Vous savez qu'il avait été institué un dispositif faisant apparaître un
différentiel entre les produits génériques et les produits princeps. Le
précédent gouvernement avait ménagé une marge supérieure pour les génériques,
afin que les pharmaciens ne soient pas tentés de ne pas jouer le jeu.
L'article 27 ramène à 2,5 % le plafond des remises autorisées dont bénéficient
les pharmaciens pour tous les médicaments d'un groupe générique auxquels serait
appliqué un tarif forfaitaire de responsabilité.
Le plafond, aujourd'hui, est de 10,74 %. Or il peut arriver que le pharmacien
conserve une possibilité de substitution, notamment si le prix d'un générique,
voire d'un princeps, passe sous le niveau du tarif forfaitaire. Dans ce cas, il
faut inciter le pharmacien à pratiquer la substitution, puisqu'elle permettrait
de délivrer une spécialité à un prix inférieur au tarif forfaitaire de
responsabilité, ce qui représenterait une économie pour l'assurance maladie.
Je rappelle que notre préoccupation majeure est d'assurer le même niveau et la
même qualité de soins aux patients, tout en veillant à ce que cela pèse le
moins possible sur les dépenses de l'assurance maladie.
Cet amendement tend à maintenir le plafond de remise à 10,74 % pour garder un
caractère incitatif à la vente de ces produits dont le prix serait inférieur au
tarif forfaitaire. Sans une incitation financière forte, il est à craindre, en
effet, qu'aucun pharmacien ne prenne la peine de délivrer une spécialité dont
le prix serait inférieur au tarif de référence.
Nous restons dans l'esprit des dispositions antérieures et nous nous
inscrivons dans la perspective qui nous est commune à tous, à savoir une
meilleure maîtrise des dépenses de médicament.
En ce qui concerne l'amendement n° 22 rectifié, il s'agit d'un amendement de
coordination.
M. le président.
La parole est à M. Dominique Leclerc, pour présenter l'amendement n° 120.
M. Dominique Leclerc.
Monsieur le ministre, nous sommes au coeur de votre politique du médicament.
Si nous revenons quelques années en arrière, nous voyons que le médicament
générique a été difficile à appréhender par les uns et par les autres, et je ne
parle pas du grand public, qui doit les consommer !
Je reprends vos termes, monsieur ministre : l'accord de cet été était «
donnant, donnant » ; je ne vous ai jamais entendu dire « au franc le franc »,
mais les résultats, en quelques semaines, ont été spectaculaires. Nous n'avons
comme référence que le mois d'août, et j'aimerais connaître les données à la
date d'aujourd'hui.
Comme M. le rapporteur l'a rappelé, il faut des encouragements, « une carotte
» si j'ose dire, et la règle du jeu la plus simple possible. La commission a
évité de s'engager dans des démarches trop compliquées.
Dans le passé, nous avons beaucoup débattu sur la réalité d'un générique. Nous
avons mis un certain temps à appréhender le princeps : il y a une molécule
identique supportée par un excipient qui peut être différent. Dans la pratique,
tout ce qui est autour de la molécule, donc du principe actif, reste aléatoire
et comporte une marge de subjectivité.
Prenons garde, monsieur le ministre : il y a une seule définition du
générique, à savoir un princeps et une molécule portée par un substrat, quel
qu'il soit.
Alors que vous nous proposez, peut-être par opportunité, pour appréhender
certaines classes de médicaments, une nouvelle définition du générique, il
convient de rester cohérent. Ce n'est pas uniquement de la dialectique. Il y a
une logique thérapeutique, il y en a bien d'autres.
Il y a un princeps, une molécule, et le fait d'instaurer une nouvelle classe
de génériques, en vue peut-être de toucher certains produits qui n'ont pas de
parents, me semble relever d'une logique que, je le répète, j'ai du mal à
appréhender.
M. le président.
La parole est à M. Alain Gournac, pour présenter l'amendement n° 63
rectifié.
M. Alain Gournac.
Monsieur le ministre, je vous ai écouté hier avec beaucoup d'attention au
sujet des médicaments génériques. Je suis d'accord avec vous.
Comme vous l'avez dit vous-même, il aurait fallu y penser avant ! Pourquoi, en
effet, rembourser certains médicaments quand des économies pourraient être
réalisées en remboursant les médicaments génériques ?
Néanmoins, il faut faire très attention aux conséquences. Les Français étant
des gens tout à fait raisonnables, ils vont très vite se tourner vers ces
médicaments. Il est par conséquent nécessaire, en termes de santé publique, de
s'assurer de la qualité des molécules.
Je reviens d'un voyage au Vietnam, où j'ai pu constater que les médicaments
étaient imités jusque dans leur conditionnement ! Dans ces conditions, comment
s'assurer de la qualité des médicaments expédiés en France ? C'est la raison
pour laquelle, tout en incitant nos compatriotes à adopter les médicaments
génériques, nous devons nous assurer de la qualité des molécules au regard de
la santé publique.
C'est un point qui doit retenir toute notre attention, d'autant plus que le
développement de ces médicaments va créer une demande croissante de prix bas.
Il faut pouvoir contrôler des médicaments importés, dont la production serait
délocalisée dans des pays où les exigences de fabrication ne sont pas toujours
scrupuleusement appliquées, où l'approvisionnement en principes actifs auprès
des courtiers est simple.
Par cet amendement, nous voulons nous assurer que les normes de fabrication
des médicaments génériques seront strictement respectées.
M. Roland Muzeau.
C'est bien un amendement de l'industrie pharmaceutique !
M. le président.
La parole est à M. Dominique Leclerc, pour présenter l'amendement n° 119
rectifié.
M. Dominique Leclerc.
Cet amendement s'apparente à celui de M. Gournac.
Je pense qu'il faut définir le médicament générique avec beaucoup de rigueur.
Aujourd'hui, et à juste titre, le médicament générique représente un marché.
Et, comme l'a indiqué M. Gournac, nous devons être attentifs à la qualité du
produit.
Dans le domaine de la biologie, les démarches de qualité impliquent des
accréditations drastiques qui coûtent cher. Il en va certainement de même dans
l'industrie, qui fabrique une spécialité.
Or, là encore, l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé
n'aura pas les moyens techniques et financiers de vérifier la conformité des
produits dont la fabrication est délocalisée. En termes de santé publique, ce
point doit retenir notre attention.
Du générique, oui, mais pas n'importe comment, pas au détriment de la santé de
nos concitoyens !
M. le président.
La parole est à M. Gérard Dériot, pour présenter l'amendement n° 121.
M. Gérard Dériot.
Je remarque que le médicament qui, nous le savons, n'est pas un produit comme
les autres, intéresse l'ensemble de nos collègues, quelles que soient les
travées sur lesquelles ils siègent.
MM. Gilbert Chabroux et Guy Fischer.
C'est vrai !
M. Gérard Dériot.
C'est très réconfortant pour l'ancien pharmacien que je suis !
(Sourires.)
Il s'agit non pas de répondre à un lobby, c'est évident, mais tout
simplement de faire face à un risque pour la santé publique, et ce pour deux
raisons.
Premièrement, la décision d'élargir le terme de générique à des groupes de
produits qui n'ont pas de rapport avec la spécialité princeps me semble
préjudiciable au développement futur du médicament générique, auquel tout le
monde est attaché.
M. Alain Gournac.
Bien sûr !
M. Gérard Dériot.
Il a été extrêmement long et difficile de faire admettre aux patients que les
médicaments génériques équivalaient exactement aux spécialités qu'ils
utilisaient auparavant.
En élargissant la définition, non seulement nous rompons avec la définition
d'origine, mais les médecins et les pharmaciens auront beaucoup de mal à
expliquer à leurs patients qu'il s'agit des mêmes spécialités,...
M. Alain Gournac.
Eh oui !
M. Gérard Dériot.
... ce qui, à mon avis, va aller à l'encontre du développement des
spécialités génériques et de leur crédibilité.
Deuxièmement, certains produits autres que les médicaments génériques
d'origine se rapportant à des molécules princeps ont déjà des prix de vente
relativement faibles, même si leur consommation est importante.
Si le prix de vente de ces produits est peu élevé, la marge commerciale l'est
également. Je crains que nous ne poussions les fabricants de génériques à se
tourner vers des pays où les coûts de fabrication sont nettement moindres, mais
où les conditions de fabrication n'ont rien à voir avec celles de l'industrie
pharmaceutique française, à laquelle nous pouvons rendre hommage.
En effet, et heureusement, nous n'avons jamais connu de véritable accident
parce que les contrôles appliqués par la profession sont draconiens, dans le
respect de la qualité.
L'expérience montre que, pour réaliser des économies certes nécessaires, nous
pouvions parfois être conduits à des extrémités difficilement supportables.
J'ai eu l'honneur de présider la commission d'enquête du Sénat sur les farines
animales. Nous avons eu à connaître des dérives qui, sous le prétexte de
réaliser quelques économies, ont eu des conséquences graves pour la santé
publique.
Faire fabriquer des produits pharmaceutiques dans des pays qui n'ont pas les
mêmes conditions de fabrication et de contrôle que les nôtres est tout aussi
dangereux.
J'ai acheté récemment auprès d'un constructeur français une voiture neuve qui
est tombée en panne sept fois en un mois ! Les composants électroniques étaient
tout simplement fabriqués dans les pays auxquels je faisais référence. Ce n'est
pas grave ! Dans le domaine du médicament, en revanche, la première « panne »
risque - je le crains - d'être grave.
Certains d'entre vous ont sans doute regardé dimanche dernier le reportage
réalisé par l'émission
Capital
relatif à la fabrication de décorations
de Noël en Chine. Vous avez dû remarquer dans quelles conditions celles-ci
étaient peintes : au pistolet, par quatre personnes qui ne portaient pas de
masque, sans aspiration - sans même parler de la composition de la peinture
!
Tout cela pour vous dire que la législation relative à l'industrie n'est pas
la même partout, notamment dans le domaine de l'industrie pharmaceutique.
C'est pourquoi il est absolument nécessaire que les conditions de fabrication
et de contrôle des produits auxquels certains pensent - vous-même, monsieur le
ministre, les avez cités à l'Assemblée nationale - soient vérifiées tout au
long de la chaîne de fabrication, de la même manière que dans l'industrie
pharmaceutique française.
Je voudrais ajouter une dernière remarque. Des politiques de santé ont été
mises en place ces dernières années, à juste raison, afin de mieux prendre en
charge la souffrance des patients. Il n'est pas étonnant que certains produits
antalgiques très répandus finissent par représenter des masses de remboursement
importantes pour la sécurité sociale, alors qu'ils pourraient être répartis
dans d'autres catégories de produits. Il faut le dire !
Il en est de même pour l'aspirine qui est prescrite non pas pour la «
bobologie » de tous les jours, mais pour accompagner le traitement des maladies
cardiovasculaires en tant qu'anti-agrégant plaquétaire et qui se retrouve
forcément en grande quantité dans les remboursements de la sécurité sociale.
Bref, monsieur le ministre, je souhaitais attirer l'attention sur le fait que
l'élargissement de la définition des génériques ne doit pas se faire au
détriment des conditions dans lesquelles ces produits seront fabriqués et, par
voie de conséquence, au détriment de la santé publique.
(Très bien ! sur les
travées de l'Union centriste et du RPR.)
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Alain Vasselle,
rapporteur.
L'amendement n° 68 vise à supprimer l'article 27. Nous ne le
souhaitons pas. M. Godefroy et ses collègues ne s'étonneront donc pas que nous
y soyons défavorables.
M. Nicolas About,
président de la commission des affaires sociales.
Bien sûr !
M. Alain Vasselle,
rapporteur.
En ce qui concerne l'amendement n° 120, M. Leclerc a
développé une argumentation assez technique. C'est pourquoi nous sollicitons
l'avis du Gouvernement. Nous allons laisser les techniciens s'expliquer entre
eux sur cette question importante !
(M. le ministre sourit.)
Les amendements n°s 63 rectifié, 119 rectifié et 121 sont de même nature.
Leurs auteurs ont développé successivement leurs arguments pour tenter de
convaincre la commission et le Gouvernement.
Nous n'y sommes pas insensibles. En effet, monsieur le ministre, que se
passe-t-il en dehors des frontières de l'Hexagone ? Je ne doute pas que le
Gouvernement soit bien informé sur ces questions.
La préoccupation de nos collègues est légitime : il faut s'assurer que tout
produit générique, ou princeps, qui entre en France soit conforme aux exigences
de sécurité sanitaire.
M. Adrien Gouteyron,
rapporteur pour avis.
Certes !
M. Alain Vasselle,
rapporteur.
Monsieur le ministre, si vous pouviez nous donner les
assurances qui s'imposent dans ce domaine, vous lèveriez les inquiétudes de nos
collègues, qui accepteraient peut-être alors de retirer leurs amendements. Il
vous faudra être suffisamment convaincant !
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Jean-François Mattei,
ministre.
Si vous me le permettez, monsieur le président, je m'exprimerai
depuis la tribune : M. le rapporteur vient d'indiquer que je devais être
convaincant ; un Méridional, pour être convaincant, doit pouvoir s'exprimer «
avec les mains » !
M. le président.
Comme je vous comprends, monsieur le ministre ! Je vous en prie.
M. Jean-François Mattei,
ministre.
Vous avez réclamé, monsieur Godefroy la suppression du forfait
de remboursement. Il doit s'agir, comme il est d'usage dans cette maison, d'un
amendement d'appel pour engager un débat ! Vous avez soutenu le gouvernement
précédent. Je rappelle, sans aucun esprit de polémique, les propos que tenait à
l'époque M. Bernard Kouchner : « Au regard des forfaits génériques, il n'y a
pas de gouvernement de gauche, il n'y a pas de gouvernement de droite : il y a
un gouvernement du bon sens ».
C'est tout simplement ce à quoi j'ai fait allusion. Il ne vous viendrait pas à
l'esprit, car vous avez sans doute la responsabilité de la gestion de fonds
publics, de ne pas choisir ce que vous pouvez acheter, à l'identique, deux fois
moins cher...
En vous écoutant tout à l'heure, je me faisais la réflexion suivante : vous
avez certainement un stylo bille, mais je ne suis pas sûr que ce soit un Bic.
C'était pourtant le princeps, ce n'est qu'ensuite que sont apparus les
génériques que vous avez peut-être en poche et avec lesquels vous écrivez aussi
bien.
Il faut lever un grave malentendu. Pour ce faire, je renchérirai sur les
propos de ceux qui, comme MM. Dériot, Leclerc, Gournac ou d'autres, vous ont
mis en garde en soulignant avec beaucoup de talent qu'il y aurait une grande
ambiguïté à laisser supposer, au sujet des génériques, qu'il ne s'agirait pas
de médicaments !
M. Nicolas About,
président de la commission des affaires sociales.
Eh oui !
M. Jean-François Mattei,
ministre.
Il s'agit bien de médicaments, et donc toutes les règles de
sécurité, de fabrication, de qualité valent pour le générique comme pour le
princeps ! L'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé en
est responsable, de même que
Food and Drug Administration
aux Etats-Unis
procède à des inspections, y compris dans les usines dont vous avez vu,
savamment présentées - naturellement sans la moindre arrière-pensée - des
montages vidéo montrant l'abomination.
Monsieur Dériot, vous avez rappelé que vous présidiez la commission d'enquête
du Sénat sur les farines animales. Permettez-moi d'indiquer à mon tour que j'ai
été le rapporteur de la commission d'enquête sur le même sujet, en 1977, à
l'Assemblée nationale. Autrement dit, j'ai le même amour que vous de la qualité
et je refuse de la sacrifier pour réaliser quelques économies.
Je dis simplement que, pour une même molécule, avec une efficacité et des
garanties de qualité égales, nous avons autre chose à faire avec l'argent
public !
Je vous rappelle que le coût d'un traitement par le Glivec, médicament
innovant pour la leucémie myéloïde chronique, est stupéfiant : il s'élève - je
m'exprime en francs - à 200 000 francs par personne et par an ! Je pourrais
citer le Remicade, destiné à soigner les polyarthrites rhumatoïdes invalidantes
survenant chez les personnes âgées. Le coût de ce médicament innovant, qui
transforme la vie des patients concernés, est de 60 000 francs par personne et
par an !
En matière de politique du médicament, quelques intervenants l'ont souligné,
pour la première fois depuis longtemps, ce gouvernement donne un cap à
l'industrie pharmaceutique.
Ce cap, c'est celui de l'innovation.
Ainsi, les moyens des hôpitaux pour l'achat de médicaments innovants sont
accrus de 200 millions d'euros, ce qui permettra aux patients, y compris
ambulatoires, d'accéder plus rapidement à ces médicaments. En outre, la
procédure du « dépôt de prix » raccourcira le délai de mise sur le marché et
aidera les industries de la pharmacie à lutter contre la concurrence déloyale.
D'autres mesures sont en cours de négociation dans le cadre de l'accord
sectoriel.
L'un d'entre vous parlait hier des plateaux de la balance. Il y a deux
plateaux dans une balance, et je souhaiterais qu'on ne retienne pas seulement
les mesures qui visent à ramener le bon sens dans nos dépenses de médicaments
pour voir ce vers quoi doit se tourner notre industrie pharmaceutique. Si l'on
en juge par son état actuel, elle a parfois du mal à soutenir la compétition,
et c'est donc bien la preuve que le chemin suivi jusqu'alors n'était pas
toujours le meilleur.
J'ai confiance dans notre industrie pharmaceutique ; elle a besoin d'être
soutenue, non pas pour empiler des produits dépassés ou en tout cas anciens,
mais pour innover.
Monsieur Dériot, vous m'avez poussé dans mes retranchements.
Vous n'avez pas nommé de spécialités, mais savez-vous à combien revient le
kilogramme de paracétamol en gros ?
M. Guy Fischer.
A combien ?
M. Jean-François Mattei,
ministre.
A 4 euros, alors que la boîte de douze comprimés est vendue 2
euros. Je vous laisse évaluer la marge...
Chaque année, nous dépensons 200 millions d'euros pour ces spécialités, ce qui
signifie que, quand bien même nous ne ferions que 10 % d'économie, soit 20
millions d'euros, nous pourrions satisfaire la moitié des demandes des
infirmières quant à leurs indemnités kilométriques.
Je ne « comptaille » pas, je cherche comment placer aussi utilement et aussi
justement que possible l'argent dont je dispose.
Je préfère que les produits qui sont tombés dans le domaine commun soient
vendus au prix le plus bas possible afin que nous puissions, non pas faire des
économies mais utiliser cet argent à satisfaire les demandes, par exemple des
sages-femmes : 6 millions d'euros environ y suffiraient, ce qui signifie que
l'on aurait près de quatre fois les sommes nécessaires pour donner satisfaction
aux sages-femmes si l'économie était de 10 % seulement.
Il n'y a donc pas lieu d'hésiter un seul instant, d'autant que le générique,
je le répète, a la même efficacité puisque c'est le même produit.
Je ne suis donc pas favorable à l'amendement n° 68, monsieur Godefroy.
J'approuve les amendements n°s 18 et 19, car ils contiennent des dispositions
cohérentes, et M. Vasselle a fort bien décrit l'effet « corridor » qu'il faut
supprimer.
Je ne suis en revanche pas sûr de pouvoir suivre M. Vasselle pour ce qui est
de l'amendement n° 20 rectifié, dont je souhaite le retrait.
Cette affaire de remise impose un bref rappel : il y a à peu près trois ans,
les pharmaciens ont obtenu, au terme d'une négociation, une augmentation que je
qualifierai d'intéressante de leur marge bénéficiaire, augmentation en
contrepartie de laquelle ils devaient substituer des génériques aux princeps
pour arriver à 35 % d'économies.
Ils n'y sont pas parvenus, et le contrat n'est donc pas rempli. Je ne les
critique d'ailleurs pas : c'est en grande partie le fait des patients, qui
voulaient « leur » pilule, et des médecins, qui faisaient les « mauvaises têtes
» et refusaient de prescrire des génériques, tout en n'aimant pas beaucoup que
des médicaments soient substitués à ceux qu'ils avaient prescrits par les
pharmaciens.
Dès lors qu'un forfait est institué, il n'y a plus de contrat, d'où mon idée
première de revenir à la marge de 2,5 %. A l'Assemblée nationale, on m'a fait
remarquer que c'était un peu brutal, objection que j'ai acceptée.
C'est la raison pour laquelle je vous présente un amendement tendant à insérer
un article additionnel après l'article 27, qui prévoit - avec l'accord
d'ailleurs des pharmaciens, en tout cas de ceux avec qui j'ai discuté - une
période de transition. Ce n'est donc qu'au bout de deux ans que nous
reviendrons aux dispositions antérieures, car il n'y aura alors plus de
difficultés particulières.
Telles sont les raisons pour lesquelles je souhaite que l'amendement n° 20
rectifié soit retiré.
Je suis favorable à l'amendement n° 22 rectifié.
Quant à l'amendement n° 120, il soulève une question qui nous a beaucoup
occupés. J'avais initialement prévu des classes thérapeutiques. Or les
laboratoires m'ont fait comprendre que c'était « pousser le bouchon » un peu
trop loin. Ils sont d'accord pour les produits, mais, manifestement, élargir
l'appellation « générique » à des classes thérapeutiques leur paraît excessif.
Nous avons donc supprimé les classes thérapeutiques.
En revanche, il y a deux produits, l'aspirine et le paracétamol, qui n'ont pas
de produits pinceps, mais que je veux néanmoins, parce qu'ils sont depuis très
longtemps dans la pharmacopée, faire entrer dans le régime générique pour
pouvoir faire les économies nécessaires.
M. Nicolas About,
président de la commission des affaires sociales.
Il y en a d'autres !
M. Jean-François Mattei,
ministre.
L'amendement n° 120, monsieur Leclerc, ne me satisfait donc
pas.
Quant aux trois derniers amendements, j'y ai répondu par anticipation. Il y a
des dispositions réglementaires, et j'ai ici le détail de toutes les
inspections réalisées par l'Agence française de sécurité sanitaire des produits
de santé, l'AFSSAPS, au cours des années 2001 et 2002 : quarante inspections,
dont vingt sur les matières premières. Dans la pratique, l'AFSSAPS affecte
environ deux tiers de ses ressources de contrôle à assurer une surveillance de
marché par contrôle effectif des spécialités génériques commercialisées,
c'est-à-dire le titre en principe actif et le profil de dissolution.
Mon sentiment est que les amendements n°s 63 rectifié, 119 rectifié et 121
tendraient à faire accroire l'idée selon laquelle le générique ne serait pas
tout à fait un médicament comme les autres, ce que je ne saurais laisser faire.
(Applaudissements sur les travées du RPR.)
M. René-Pierre Signé.
Même avec les mains, vous n'avez pas été convaincant !
(Sourires.)
M. le président.
La parole est à M. Gilbert Chabroux, pour explication de vote sur l'amendement
n° 68.
M. Gilbert Chabroux.
Il faut en revenir à l'essentiel. L'amendement n° 68 n'est pas un amendement
d'appel : c'est un amendement de suppression de l'article 27.
Nous ne voulons pas de la création du forfait générique...
M. Adrien Gouteyron,
rapporteur pour avis.
Et voilà !
M. Gilbert Chabroux.
... et ce n'est pas en pratiquant l'amalgame et en entretenant la confusion
que vous nous convaincrez.
M. Nicolas About,
président de la commission des affaires sociales.
On avait cru comprendre
!
M. Gilbert Chabroux.
Certainement pas, et je crois que vous n'avez pas très bien compris non plus
ce qui a été fait auparavant.
Il est vrai que c'est le gouvernement précédent qui a développé les
génériques, et rendu possible la prescription en DCI et instauré le droit de
substitution du pharmacien. Mais en aucun cas le gouvernement précédent n'a
envisagé d'instituer un tarif forfaitaire de remboursement pouvant s'appliquer
aux médicaments qui ont une version générique !
Nous n'avions pas le même objectif.
Vous avez une divergence profonde avec Bernard Kouchner, même si vous
n'hésitez pas à l'appeler en renfort. Vous avez déclaré : « Un acteur du
système de santé ne paraît pas suffisamment impliqué, le patient. Le
développement du forfait de remboursement devrait corriger cette anomalie et
intéresser le patient au développement du médicament générique. »
M. Nicolas About,
président de la commission des affaires sociales.
Eh oui !
M. Gilbert Chabroux.
Comme l'a dit Jean-Pierre Godefroy, cela signifie en clair, que si le médecin
ne prescrit pas un médicament générique et si le pharmacien ne procède pas à la
substitution, le patient paie de sa poche la différence de prix entre le
médicament princeps et sa version générique.
Le patient est donc placé dans un rôle nouveau qui lui impose de s'informer
sur l'existence de génériques et d'en demander la prescription à son médecin.
Bref, vous renversez les rôles ! Cela ne relève pas de la responsabilisation,
mais, tout bonnement, de la pénalisation du patient.
Nous nous opposons énergiquement à cet article 27, dont nous demandons la
suppression. Nous sommes contre un dispositif qui fait peser tout le poids de
la responsabilité sur le patient et qui peut être source de démobilisation pour
le corps médical. Faut-il rappeler que ce dernier a obtenu une importante
augmentation des tarifs de consultation et de visite à domicile, théoriquement
en contrepartie de la prescription des génériques ?
Le risque est donc bien réel d'instituer une médecine à deux vitesses. Nous
nous y opposerons !
(Applaudissements sur les travées du groupe socialiste
et sur celles du groupe CRC.)
M. le président.
La parole est à M. le président de la commission des affaires sociales.
M. Nicolas About,
président de la commission des affaires sociales.
Je crois, monsieur
Chabroux, que nous n'avons pas entendu le même ministre lorsque nous avons
entendu Bernard Kouchner.
M. Claude Domeizel.
Mais si !
M. Nicolas About,
président de la commission des affaires sociales.
J'ai entendu Bernard
Kouchner nous dire ici que son texte portait sur les « droits et devoirs du
malade ». Curieux, n'est-ce pas, monsieur Chabroux ? Cela signifie que le
malade a des devoirs, que le patient a un rôle à jouer.
J'ai lu la loi que M. Kouchner nous a fait voter : le médecin ne saurait
imposer au patient un traitement contre son accord, toute thérapeutique doit
être le résultat d'un échange entre le patient et le médecin, l'accord
préalable du malade étant absolument indispensable.
(Murmures sur les travées du groupe socialiste.)
J'ai bien lu : rien ne peut être imposé au malade, il doit y avoir un
échange. C'est vous qui l'avez demandé, et le Sénat a rappelé à plusieurs
reprises que le texte portait non seulement sur les droits mais également sur
les devoirs du malade.
Vous reprochez à M. le ministe de citer M. Kouchner, et vous prétendez que ce
n'est pas ce que vous vouliez. C'est pourtant un système que vous avez
vous-mêmes mis en place. L'échec, c'est de ne pas avoir réussi à aller où
souhaitait nous amener M. Kouchner.
Aujourd'hui, M. Jean-François Mattei nous dit qu'il faut faire mieux, qu'il
faut donner un peu de corps, un peu de substance au texte de M. Kouchner et
faire en sorte que le malade, le patient, l'usager assume pleinement ses
responsabilités.
Je trouve que c'est courageux, mais il est vrai qu'il y a une nouveauté dans
ce gouvernement : nous avons un ministre de la santé qui ne se contente pas de
promettre. Il tient !
(Applaudissements sur les travées du RPR.)
M. le président.
Je mets aux voix l'amendement n° 68.
(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président.
Je mets aux voix l'amendement n° 18.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Je mets aux voix l'amendement n° 19.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Monsieur Vasselle, l'amendement n° 20 rectifié est-il maintenu ?
M. Alain Vasselle,
rapporteur.
J'ai bien entendu la demande de M. le ministre, mais
peut-être n'ai-je pas été suffisamment clair dans l'exposé des motifs de
l'amendement n° 20 rectifié.
M. André Vezinhet.
Vous n'êtes jamais clair !
M. Alain Vasselle,
rapporteur.
Je rappelle à nos collègues de l'opposition, et en
particulier à M. Chabroux, que, en l'état actuel du texte, la création du tarif
forfaitaire n'est qu'une possibilité. Il n'est pas dit que lorsque le texte
entrera en application le ministre s'empressera d'appliquer le tarif
forfaitaire. C'est peut-être ce à quoi nous aboutirons à terme, mais, comme l'a
indiqué à juste titre M. le président de la commission des affaires sociales,
si les patients prennent leurs responsabilités en ce qui concerne la
consommation des soins et des médicaments, il n'y aura aucune raison
d'appliquer de manière systématique le tarif forfaitaire.
Ce que je propose à travers cet amendement, avec l'accord de la commission des
affaires sociales, ne vaut que dans le cas où le ministre appliquerait le tarif
forfaitaire. Dans ce cas - et seulement dans ce cas -, s'il existe sur le
marché français des produits génériques dont le prix est inférieur au tarif
forfaitaire, le pharmacien doit être incité à délivrer le produit le moins cher
du groupe générique, plutôt que celui qui correspond au tarif forfaitaire.
La branche maladie retrouvera ainsi la maîtrise des dépenses de
médicaments.
Certains craignent que l'industrie pharmaceutique ou les laboratoires ne
mettent sur le marché un produit dont le prix serait de un ou de deux centimes
inférieur au tarif forfaitaire. Ils voient là un effet pervers, mais ce serait
tant mieux pour la branche maladie, tant mieux pour le patient, tant mieux pour
les cotisants !
Si toute l'industrie pharmaceutique fixait le prix de ses produits en dessous
du tarif forfaitaire, nous aurions gagné, car tel est bien l'objectif que nous
souhaitons atteindre, mes chers collègues.
Monsieur le ministre, vous souhaitez le retrait de l'amendement n° 20
rectifié, et comme la commission des affaires sociales m'a demandé de le
retirer dans cette hypothèse, je le retire, mais, je tiens à vous le dire,
c'est sans conviction personnelle ; s'il n'avait tenu qu'à moi, je l'aurais
maintenu.
M. Nicolas About,
président de la commission des affaires sociales.
Nous y reviendrons l'an
prochain !
M. le président.
L'amendement n° 20 rectifié est retiré.
La parole est à M. le ministre.
M. Jean-François Mattei,
ministre.
Monsieur Vasselle, je comprends votre contrariété. Croyez bien
que, sur ce sujet, nous avons essayé de rapprocher les points de vue.
Ce que je regrette, monsieur le président - mais vous n'y êtes pour rien ! -
c'est que l'amendement n° 168 n'ait pas été appelé en même temps que
l'amendement n° 20 rectifié, car il a exactement le même objet, tout en
proposant autre chose que celui de M. Vasselle.
Je propose donc à la Haute Assemblée d'adopter l'amendement n° 168, qui vise
surtout à prévoir une période transitoire avant que l'on en revienne, en
principe, à la marge initialement fixée.
Voyons comment les choses évolueront. Je rappelle que, si le forfait de
remboursement peut être introduit, ce n'est pas une obligation. Si le forfait
devient la règle, nous pourrons revenir sur ce point. Je ne suis pas hostile à
votre schéma, et je le comprends d'autant mieux que nous nous sommes heurtés à
ces mêmes difficultés à l'Assemblée nationale.
Monsieur Vasselle, je salue donc votre contribution ; elle nous sera peut-être
utile dans un an.
M. Nicolas About,
président de la commission des affaires sociales.
Très bien !
M. le président.
Je mets aux voix l'amendement n° 22 rectifié.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Monsieur Leclerc, l'amendement n° 120 est-il maintenu ?
M. Dominique Leclerc.
Monsieur le ministre, vous avez rappelé avoir renoncé à la notion de classe
thérapeutique. Dieu en soit loué, car ce dispositif était inapplicable !
M. Jean-François Mattei,
ministre.
Dont acte !
M. Dominique Leclerc.
Pourquoi, tout à l'heure, ai-je employé le mot « rigueur » à propos de la
définition du générique ? Parce qu'il était totalement irréaliste d'escompter
une progression très rapide de la diffusion des médicaments génériques : trop
d'esprits devaient d'abord être convaincus. Si le simplisme doit être combattu,
la simplification est en revanche essentielle, comme l'a rappelé M. Vasselle,
dans la démarche de promotion du générique.
Par ailleurs, sur le plan légal, la responsabilité de la prescription incombe
au seul médecin, et il n'appartient pas au pharmacien de substituer un
générique au princeps. Soyons clairs sur ce point !
D'une façon générale, je me réjouis que la nouvelle politique du médicament
prenne en considération, pour la première fois, toute la chaîne : la molécule,
le fabricant - avec l'obligation de qualité, d'innovation et de performance qui
s'impose à lui - l'environnement économique. Dans l'intérêt du malade, nous
devons veiller à ce qu'une gamme complète soit proposée ; je pense notamment
ici au cas des médicaments orphelins.
S'agissant de la distribution, on a évoqué hier les grossistes répartiteurs.
In fine
, un système doit être mis en place sur l'ensemble du territoire,
qui comprendra parfois des dépositaires. Chacun doit trouver sa place, et il ne
faudrait pas que l'un des maillons de la chaîne soit favorisé au détriment des
autres. A cet égard, il serait bon que tous les acteurs soient consultés
simultanément lors de l'élaboration de cette chaîne du médicament, afin
d'éviter toute spoliation. Ce point me semble essentiel.
Cela étant dit, je retire bien entendu l'amendement n° 120, qui visait
simplement à mettre en exergue l'importance du sujet abordé.
En conclusion, je soulignerai que, si nous sommes ici au coeur du débat au
regard de la nécessaire rigueur, le médicament ne représente que 17 % des
dépenses de santé. Il faut donc raison garder ! Nous devons faire preuve de la
même vigilance, de la même attention, de la même rigueur dans tous les autres
domaines de la santé, en ayant toujours pour objectif que chaque intervenant
trouve sa place. Il s'agit, finalement, de maintenir un degré de qualité élevé
en termes de santé publique
M. Nicolas About,
président de la commission des affaires sociales.
Très bien !
M. Jean-François Mattei,
ministre.
Je vous remercie, monsieur le sénateur.
M. le président.
L'amendement n° 120 est retiré.
Monsieur Gournac, maintenez-vous l'amendement n° 63 rectifié ?
M. Alain Gournac.
J'ai écouté une nouvelle fois avec beaucoup d'attention vos arguments,
monsieur le ministre, mais je ne puis partager votre point de vue lorsque vous
affirmez que, si les amendements que certains de mes collègues et moi-même
avons déposés devaient être adoptés, cela risquerait de compromettre la
sécurité des Français au regard des médicaments génériques.
Il est nécessaire que de tels débats se tiennent dans cet hémicycle, et je
suis donc très satisfait que deux de mes collègues aient également soulevé la
question du contrôle des médicaments génériques. Nous devons aboutir à des
certitudes sur ce point, et les Français auront alors le sentiment que leurs
représentants sont très attentifs, examinent les problèmes et posent des
questions afin que le ministre apporte des éclaircissements.
S'agissant de la fixation des prix, je croyais qu'elle intervenait par le
biais d'un accord avec vos services, monsieur le ministre. C'est du moins ce
que j'avais compris.
Par ailleurs, n'oublions pas la recherche dans le domaine du médicament.
Sachez, mes chers collègues, que l'industrie pharmaceutique française est
observée dans le monde entier, parce qu'elle est capable de découvrir et de
mettre sur le marché des molécules nouvelles. La question du prix du médicament
est certes importante, monsieur le ministre, mais elle n'est pas la seule. Nous
devons donc être très attentifs à tous les aspects de la filière, car s'il est
bien sûr nécessaire de garantir la qualité et la sécurité du médicament, il
convient également de permettre le développement de nos laboratoires
pharmaceutiques. Sinon, leurs concurrents étrangers en profiteront !
Cela étant dit, monsieur le ministre, je vous remercie de toutes les
informations que vous nous avez communiquées. Il était bon qu'un débat puisse
s'engager,...
M. Jean-François Mattei,
ministre.
Bien sûr !
M. Alain Gournac.
... et je peux maintenant retirer mon amendement.
(Exclamations sur les
travées du groupe socialiste.)
MM. Nicolas About,
président de la commission des affaires sociales
et Alain Vasselle,
rapporteur.
Très bien !
M. le président.
L'amendement n° 63 rectifié est retiré.
Monsieur Leclerc, l'amendement n° 119 rectifié est-il maintenu ?
M. Dominique Leclerc.
Bien entendu, je le retire.
(Nouvelles exclamations sur les mêmes
travées.)
M. André Vezinhet.
Sortez les mouchoirs !
M. Dominique Leclerc.
Je voudrais toutefois indiquer, à la suite des propos d'Alain Gournac, que si,
voilà deux décennies à peine, la France tirait gloire de ce que son industrie
pharmaceutique découvrait trois ou quatre des vingt à trente molécules
nouvelles mises chaque année sur le marché mondial, notre pays a disparu de ce
« palmarès » depuis un certain nombre d'années. Je suis désolé de devoir le
souligner ! Cela est regrettable, non seulement pour la recherche, mais aussi
pour la prospérité d'une industrie qui est source d'emplois, donc de
progrès.
M. Guy Fischer.
Les laboratoires français ont été absorbés !
M. le président.
L'amendement n° 119 rectifié est retiré.
Monsieur Dériot, l'amendement n° 121 est-il maintenu ?
M. Gérard Dériot.
Je vais continuer la série !
(Rires sur les travées du groupe
socialiste.)
Mes chers collègues, M. le ministre nous a transmis une information dont nous
ne disposions pas forcément auparavant !
En effet, si l'on revient à la définition première du générique sans faire
référence aux équivalents thérapeutiques, nos craintes en seront quelque peu
apaisées.
S'agissant des prix des médicaments, je pensais moi aussi, comme mon collègue
Alain Gournac, que c'était vous que les fixiez,...
M. Alain Gournac.
Oui !
M. Gérard Dériot.
... et que vous aviez par conséquent toute latitude pour intervenir si un prix
était manifestement trop élevé. Dès lors, pourquoi mettre en place une « usine
à gaz » ?
Cela étant, à la lumière des indications que vous avez fournies, monsieur le
ministre, je retire l'amendement.
(M. le président de la commission
applaudit.)
M. le président.
L'amendement n° 121 est retiré.
Je mets aux voix l'article n° 27, modifié.
(L'article 27 est adopté.)
Article additionnel après l'article 27