SEANCE DU 25 NOVEMBRE 2002


M. le président. L'amendement n° I-170, présenté par M. Foucaud, Mme Beaudeau, M. Loridant et les membres du groupe communiste républicain et citoyen, est ainsi libellé :
« Après l'article 11, insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - Le 1° de l'article 1467 du code général des impôts est complété par deux alinéas ainsi rédigés :
« c) L'ensemble des titres de placement et de participation, les titres de créances négociables, les prêts à court, moyen et long termes. Ces éléments sont pris en compte pour la moitié de leur montant figurant à l'actif du bilan des entreprises assujetties. Pour les établissements de crédits et les sociétés d'assurance, le montant net de ces actifs est pris en compte après réfaction du montant des actifs représentatifs de la couverture des risques, contrepartie et obligations comptables de ces établissements.
« La valeur nette des actifs, déterminée selon les dispositions du précédent alinéa, est prise en compte après réfaction de la valeur locative des immobilisations visées au a. »
« II. - L'article 1636 du même code est ainsi rédigé :
« Art. 1636. - Le taux grevant les actifs définis au c de l'article 1467 est fixé à 0,5 %. Il évolue chaque année, pour chaque entreprise assujettie, à proportion d'un coefficient issu du rapport entre la valeur relative aux actifs définis au c de l'article 1467 au regard de la valeur ajoutée créée par l'entreprise. »
« III. - 1. Le II de l'article 1648 A bis du même code est complété par un alinéa ainsi rédigé :
« ...° la moitié du produit résultant de l'imposition des actifs définis au c de l'article 467, suivant les règles fixées par l'article 1636. »
« 2. Le I de l'article 1648 B bis du même code est complété par un alinéa ainsi rédigé :
« ... ° de la moitié du produit résultant de l'imposition des actifs défnis au c de l'article 1467, suivant les règles fixées par l'article 1636. »
« IV. - 1. Dans le deuxième alinéa du 1 du I ter de l'article 1647 B sexies du même code, après les mots : "la base", sont insérés les mots : "à l'exception de celle définie par le c de l'article 1467".
« 2. Le premier alinéa du 4° du 1 de l'article 39 du même code est complété in fine par les mots : "et de l'imposition résultant de la prise en compte des actifs financiers définis au c de l'article 1467, selon les règles fixées par l'article 1636". »
La parole est à M. Thierry Foucaud.
M. Thierry Foucaud. Il s'agit d'un amendement important qui concerne les actifs financiers.
Par cet amendement, nous vous proposons une modernisation de la taxe professionnelle, à laquelle il est urgent de procéder.
En effet, les différentes mesures, suppression de la part « salaires » et de la part « recettes », ont à ce point entamé les bases de taxe professionnelle qu'aujourd'hui se pose la question de l'avenir de cette taxe. Vous vous la posez vous-même, d'ailleurs.
Or, n'en déplaise au MEDEF, qui prône sa disparition, la taxe professionnelle a toute sa place dans notre fiscalité ; c'est le seul impôt local sur les entreprises, mais c'est aussi celui qui appréhende le mieux leur capital.
Pour la grande majorité des élus locaux, vous le savez, l'existence d'un impôt local sur les entreprises est une nécessité.
Nous vous proposons donc d'inclure les actifs financiers dans la base de la taxe professionnelle.
C'est à la fois une mesure réaliste, que vous connaissez, puisque nous l'avons déjà exposée, au regard de l'économie d'aujourd'hui, mais aussi une mesure volontariste, qui vise à garantir une croissance durable et à lutter contre la financiarisation de l'économie.
Il s'agit d'une mesure réaliste, car la richesse financière est une source de rendement fiscal énorme, même avec de très faibles taux. Or elle est, nous disait M. Delevoye, il y a quelques années, nettement sous-fiscalisée.
Même dans vos rangs, l'idée qu'il faut prendre un peu plus à ce niveau fait son chemin : dans ce projet de loi de finances, vous en convenez vous-mêmes, lorsque vous présentez la réduction du taux de l'avoir fiscal comme une mesure de rendement fiscal.
Voilà qui nous donne bon espoir, et nous vous invitons, bien sûr, à aller plus loin.
Le montant des actifs financiers des entreprises reste très élevé aujourd'hui, d'un niveau proche de celui qui existait lorsque nous avons pour la première fois présenté notre proposition.
Nous avions alors calculé qu'avec un taux de 0,3 % l'inclusion des actifs financiers permettait de tripler le montant de la dotation forfaitaire, après péréquation de chaque collectivité. Cela permettrait d'apporter une réponse aux besoins criants de financement des collectivités locales.
Il s'agit également d'une mesure volontariste, car elle vise à orienter l'argent des entreprises vers les investissements productifs, vers l'emploi, plutôt que vers la finance.
Les récents déboires de grands groupes, qui avaient priviligié une croissance externe parfois complètement fictive, sont là pour en témoigner : une économie qui dépend à ce point du monde de la finance n'est pas solide. La croissance s'y dégonfle comme une baudruche, car elle est déconnectée de l'économie réelle.
Et ceux qui aujourd'hui produisent, investissent, embauchent, contribuent plus aux budgets publics locaux que ceux qui spéculent : plus une entreprise possède d'actifs financiers, moins ses actifs productifs sont proportionnellement élevés. C'est une situation absurde, quand on sait que les collectivités locales sont en première ligne pour réparer les dégâts sociaux découlant de cette spéculation.
Voilà pourquoi nous vous invitons - je ne dirai pas à « tobiniser » la taxe professionnelle - mais à voter cet amendement.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. Cet amendement rituel est complètement inopportun, car il va à l'encontre de l'attractivité du territoire. La commission y est donc défavorable. (Très bien ! sur les travées du RPR.)
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Alain Lambert, ministre délégué. Défavorable.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° I-170.

(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. L'amendement n° I-171, présenté par M. Foucaud, Mme Beaudeau, M. Loridant et les membres du groupe communiste républicain et citoyen, est ainsi libellé :
« Après l'article 11, insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« L'article 1472 A bis du code général des impôts est abrogé. »
La parole est à M. Thierry Foucaud.
M. Philippe Marini, rapporteur général. Même avis, même vote !
M. Thierry Foucaud. Monsieur le rapporteur général, soyez sérieux !
M. Jacques Chaumont. Il l'est toujours !
M. Thierry Foucaud. Il est toujours sérieux sauf quand il se trompe, qu'il ne se souvient pas de ce qu'il a dit l'année précédente et qu'il faut lui rappeler ses propos pour qu'il prenne au sérieux les amendements qu'on lui présente !
M. Philippe Marini, rapporteur général. Je me rappelle très bien mes propos, ce sont les circonstances qui changent !
M. Thierry Foucaud. Je souhaite simplement évoquer ici la suppression de l'abattement de 16 %.
On entend souvent, dans le cadre du débat sur la réforme des finances locales, que l'Etat verse trop aux collectivités au titre des différents abattements, dégrèvements, etc. Il en ressort que cette contribution doit être revue à la baisse, fondue dans la masse des dotations - c'est déjà le cas en matière de taxe professionnelle - et qu'elle n'est pas un dû aux collectivités locales.
Nous considérons que ce n'est pas ainsi que le problème doit être posé.
Il nous faut, aujourd'hui, faire l'inventaire de ces différentes mesures et en estimer le bien-fondé au regard non seulement du coût de la mesure pour l'Etat et les collectivités, mais aussi de la justice fiscale et de l'efficacité économique.
De ces points de vue, l'abattement de 16 % est un exemplaire cadeau fiscal aux entreprises : ses effets sur l'investissement et l'emploi ont été plus que douteux, alors qu'il fait perdre chaque année des sommes considérables aux collectivités locales.
Nullement ciblé, assorti d'aucune contrepartie en matière d'emploi ou d'investissement « pérenne », l'abattement de 16 % ne peut soutenir la croissance. Il n'a nullement entraîné une vague d'investissements massifs. Il a coûté cher à l'Etat, bien plus encore aux collectivités locales.
En effet, concernant la compensation accordée aux collectivités locales au titre de cet abattement, nul doute que le compte n'y est pas. Et nous ne sommes pas les seuls à le dire.
L'écart entre la compensation accordée et la perte que subissent les collectivités locales est aujourd'hui du simple à plus du triple. En 2002, l'Etat a versé un peu plus d'un milliard d'euros, alors que cette mesure faisait perdre aux collectivités près de quatre milliards d'euros.
Voilà pourquoi nous vous invitons à adopter cet amendement, qui permettra par ailleurs de redonner un peu de consistance à la taxe professionnelle.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. Cet amendement conduirait à alourdir très sensiblement les charges des entreprises. Il induirait probablement des délocalisations, se retournerait contre l'emploi. Il est bien entendu tout à fait contraire aux impératifs d'attractivité économique de notre territoire. De ce fait, cet amendement inopportun ne peut que recevoir l'avis très défavorable de la commission.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Alain Lambert, ministre délégué. Cet amendement va effectivement à l'encontre de la politique que souhaite mener le Gouvernement. J'observe par ailleurs que cet amendement ne prévoit pas de supprimer la compensation versée aux collectivités locales en contrepartie de la mesure proposée, ce qui n'est pas admissible non plus. Je demande donc à M. Foucaud de le retirer. A défaut, j'émettrais un avis défavorable.
M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° I-171.

(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président. L'article 12 sera examiné à l'issue du débat sur les recettes des collectivités locales, mardi 26 décembre 2002, l'après-midi.
La suite de la discussion est renvoyée à la prochaine séance.

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