Article 14 quinquies (nouveau)
L’article 139 de la loi n° 2010-1657 du 29 décembre 2010 de finances pour 2011 est abrogé.
Mme la présidente. Je suis saisie de deux amendements identiques.
L'amendement n° 11 est présenté par M. Marini, au nom de la commission des finances.
L'amendement n° 121 est présenté par MM. S. Larcher et Antoinette, Mme Bricq, M. Marc, Mme M. André, MM. Angels, Auban, Demerliat, Frécon, Haut, Hervé, Krattinger, Masseret, Massion, Miquel, Rebsamen, Sergent, Todeschini et les membres du groupe socialiste, apparentés et rattachés.
Ces deux amendements sont ainsi libellés :
Supprimer cet article.
La parole est à M. le rapporteur général, pour présenter l’amendement n° 11.
M. Philippe Marini, rapporteur général de la commission des finances. Cet amendement tend à rétablir l’affectation d’une fraction du produit de la TGAP « Granulats » aux collectivités concernées, conformément à notre vote intervenu voilà quelques mois dans le cadre de la discussion du projet de loi de finances pour 2011.
L’Assemblée nationale a malencontreusement supprimé cette disposition. J’invite donc le Sénat à revenir au texte que nous avons voté, et ce pour des raisons évidentes.
Les communes et intercommunalités sur le territoire desquelles existent des sites d’extraction subissent certaines nuisances. Il en résulte à l’évidence des besoins particuliers de différentes natures, sur le réseau routier, par exemple, et ce retour financier que nous réclamons depuis de nombreuses années ne serait que justice.
Mme la présidente. La parole est à M. Jean-Étienne Antoinette, pour présenter l'amendement n° 121.
M. Jean-Étienne Antoinette. Cet amendement, identique à celui de M. le rapporteur général, a pour objet de rétablir l’article adopté lors de l’examen du projet de loi de finances pour 2011, sur l’initiative des sénateurs socialistes, tendant à attribuer une fraction du produit de la TGAP « Granulats » aux communes affectées par les opérations d’extraction.
Cette mesure visait en effet à encourager le développement de l’activité d’extraction de matériaux, dans une logique respectueuse de l’environnement.
Nous avions donc adopté le principe d’un reversement d’une partie de la TGAP issue de l’extraction de granulats aux communes sur le territoire desquelles sont extraits les matériaux soumis à la taxe et aux communes concernées par les risques et inconvénients que l’extraction de ces matériaux peut causer.
Ces recettes nouvelles, d’environ 25 millions d’euros, encourageraient les collectivités territoriales à accueillir ce type d’activité sur leur territoire,…
M. Philippe Marini, rapporteur général de la commission des finances. Absolument !
M. Jean-Étienne Antoinette. … tout en leur permettant de financer à la fois l’entretien de leur réseau de voirie municipale et leurs opérations de protection de l’environnement.
Le rapporteur général de l’Assemblée nationale a décidé de supprimer cette mesure, non parce qu’il était en désaccord avec le fond, mais parce que la nouvelle dotation serait incluse dans l’enveloppe fermée des dotations soumise au gel en valeur prévu par la loi de programmation des finances publiques pour les années 2011 à 2014.
Cette inclusion aurait pour conséquence d’exercer une pression sur les autres dotations et de diminuer à due concurrence d’autres prélèvements sur recettes versés aux collectivités territoriales.
Nous rappelons ici que nous nous sommes opposés à l’adoption du gel en valeur des concours financiers de l’État qui fait des dotations aux collectivités une variable d’ajustement du budget de l’État.
Cet argument ne peut donc être retenu pour nier l’intérêt qu’il y a d’affecter une part de la TGAP « granulats » aux communes, notamment à celles qui doivent faire face à des externalités négatives du fait de l’activité d’extraction et qui ne bénéficient pour l’heure d’aucune mesure de compensation.
C’est pourquoi nous proposons de restaurer cette nouvelle recette pour les communes et de supprimer l’article adopté à l’Assemblée nationale.
Mme Nicole Bricq. Très bien !
Mme la présidente. Quel est l’avis du Gouvernement ?
M. François Baroin, ministre. M. le rapporteur général, dont l’une des qualités est de manier fort subtilement la langue française, a évoqué le fait que l'Assemblée nationale avait « malencontreusement » effacé ce dispositif.
C’est en réalité avec beaucoup de détermination et de résolution que le rapporteur général de la commission des finances, Gilles Carrez, a demandé la suppression de cette disposition.
Comme vous le savez, mesdames, messieurs les sénateurs, le reversement d’une partie de la TGAP « granulats » pèserait sur la dotation globale de fonctionnement et la péréquation, sans toutefois augmenter les concours aux collectivités, dont l’évolution resterait conforme à la norme « zéro valeur ».
Vous connaissez le degré d’implication de votre homologue à l'Assemblée nationale au sein du comité des finances locales, monsieur Marini. Vous savez aussi que nous avons décidé, dans le cadre des économies budgétaires, de geler les dotations de l’État aux collectivités locales, tout en préservant la péréquation – je rappelle que nous avons augmenté de près de 60 millions d’euros la dotation de solidarité rurale.
On doit certes à la vérité de reconnaître que la somme en jeu – un peu plus de 20 millions d’euros – n’est pas excessive. Elle est malgré tout suffisamment importante pour ne pas prendre le risque de déstabiliser ce dispositif de péréquation, qui repose sur un équilibre fragile.
Mme la présidente. La parole est à M. le rapporteur général.
M. Philippe Marini, rapporteur général de la commission des finances. Une fois n’est pas coutume, je conteste avec conviction la position du Gouvernement.
La mesure en cause ne s’appliquerait qu’au 1er janvier 2012 et la question des variables d’ajustement pourrait très bien être traitée en loi de finances pour 2012 – nous avons déjà procédé de la sorte.
Vous évoquez la péréquation, monsieur le ministre, mais n’est-il pas justifié que des communes ou intercommunalités qui acceptent le développement sur leur territoire de sites d’extraction en retirent un bénéfice ?
N’avons-nous pas besoin dans ce pays de trouver des sites d’extraction pour les granulats et les matériaux ? Croyez-vous qu’il soit facile de trouver de tels sites, notamment au regard des nuisances qu’ils peuvent engendrer ?
Il me semble que cette question doit justement s’apprécier dans une logique de péréquation et d’intéressement des collectivités territoriales à l’activité économique.
Mme Nicole Bricq. Bien sûr !
M. Philippe Marini, rapporteur général de la commission des finances. Il ne doit pas y avoir beaucoup de sites d’extraction sur le territoire de la très belle commune urbaine dont M. le rapporteur général de l'Assemblée nationale est aussi le maire…
Mme Nicole Bricq. Moi, j’en ai !
M. Philippe Marini, rapporteur général de la commission des finances. Dès lors, il n’est peut-être pas suffisamment attentif aux problèmes que peuvent rencontrer les collectivités concernées. J’espère pouvoir le convaincre du bien-fondé de cette mesure, mais je n’en suis pas totalement sûr.
Dans cet esprit, nous serions heureux, mes chers collègues, que vous souteniez les efforts de la commission, qui viennent à l’instant d’être relayés par notre collègue Jean-Étienne Antoinette et le groupe socialiste.
C’est un sujet sur lequel nous pouvons, me semble-t-il, tous nous retrouver.
Mme la présidente. Je mets aux voix les amendements identiques nos 11 et 121.
(Les amendements sont adoptés.)
Mme la présidente. En conséquence, l'article 14 quinquies est supprimé.
Articles additionnels après l'article 14 quinquies
Mme la présidente. L'amendement n° 17 rectifié, présenté par M. Marini, au nom de la commission des finances, est ainsi libellé :
Après l’article 14 quinquies, insérer un article additionnel ainsi rédigé :
Le 5 de l’article 77 de la loi n° 2009-1673 du 30 décembre 2009 de finances pour 2010 est complété par un alinéa ainsi rédigé :
« Toutefois, les décisions relatives soit aux taux, soit aux produits, selon le cas, des impositions directes perçues par les collectivités territoriales et organismes compétents prises entre le 1er mai et le 30 juin 2011 inclus sont réputées valables. »
La parole est à M. le rapporteur général.
M. Philippe Marini, rapporteur général de la commission des finances. Cet amendement à caractère technique vise à rappeler que les lois de finances pour 2010 et 2011 ont prévu le report au 30 avril 2011 de la date limite que doivent respecter les collectivités territoriales pour voter les taux des impositions locales.
Malgré cet assouplissement, il semblerait que 220 cas de votes postérieurs à la date du 30 avril 2011 aient été recensés.
Pour remédier à cette situation, la commission des finances a proposé, dans un accès de faiblesse (Sourires.), que l’on fasse preuve d’une certaine indulgence à l’égard des collectivités territoriales et organismes qui auraient délibéré avant le 30 juin.
Dans tous les cas, faute de délibération avant la fin du mois, leurs finances seraient réglées par le préfet et la chambre régionale des comptes.
Mme la présidente. Quel est l’avis du Gouvernement ?
Mme la présidente. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi de finances rectificative, après l'article 14 quinquies.
L'amendement n° 18 rectifié, présenté par M. Marini, au nom de la commission des finances, est ainsi libellé :
Après l’article 14 quinquies, insérer un article additionnel ainsi rédigé :
I. - L’article 78 de la loi n° 2009-1673 du 30 décembre 2009 de finances pour 2010 est ainsi modifié :
1° Le IV du 1.1 du 1 est complété par un alinéa ainsi rédigé :
« Lorsqu’une commune est devenue membre au 1er janvier 2011 d’un établissement public de coopération intercommunale faisant application de l'article 1609 nonies C du code général des impôts, le montant de la dotation de compensation calculée conformément aux II, III et au présent IV est versé au profit de cet établissement public. »
2° Le IV du 2.1 du 2 est complété par un alinéa ainsi rédigé :
« Lorsqu’une commune est devenue membre au 1er janvier 2011 d’un établissement public de coopération intercommunale faisant application de l'article 1609 nonies C du code général des impôts, la part communale du prélèvement ou du reversement sur les ressources calculée conformément au III et au présent IV, minorée des reversements perçus par la commune en 2010 au titre du 2° du II de l’article 1648 A du code général des impôts dans sa rédaction en vigueur au 31 décembre 2009, est mise à la charge ou est versée au profit de cet établissement public. »
II. - Le I entre en vigueur au 1er janvier 2011.
La parole est à M. le rapporteur général.
M. Philippe Marini, rapporteur général de la commission des finances. Lors du vote de la réforme de la taxe professionnelle, un cas de figure, parmi d’autres, a été oublié : celui où une commune isolée ou appartenant antérieurement à un établissement public à fiscalité additionnelle devient membre d’un établissement public de coopération intercommunale à fiscalité propre unique au 1er janvier 2011.
En l’état actuel du droit, la commune bénéficie deux fois des compensations : une fois à travers l’attribution de compensation, une autre fois en conservant le bénéfice, à son niveau individuel, de la dotation de compensation de la réforme de la taxe professionnelle, la DCRTP et du fonds national de garantie individuelle de ressources, le FNGIR.
Afin de remédier à ce problème, voire à cette absurdité et de préserver l’équilibre budgétaire entre les communes et les EPCI, cet amendement prévoit que les communes isolées ou membres d’intercommunalités à fiscalité additionnelle qui ont rejoint au 1er janvier 2011 une intercommunalité à fiscalité professionnelle unique transfèrent à cette dernière, le cas échéant, le montant de DCRTP qu’elles percevaient et le prélèvement ou le reversement de FNGIR dont elles étaient l’objet.
Ce cas de figure existe dans plusieurs départements et l’adoption de cet amendement permettrait de résoudre des situations qui apparaissent incompréhensibles aux yeux des élus locaux.
Mme la présidente. Quel est l’avis du Gouvernement ?
Mme la présidente. La parole est à Mme Nicole Bricq, pour explication de vote.
Mme Nicole Bricq. À travers l’amendement n° 18 rectifié, M. le rapporteur général entend régler le problème des communes isolées ou appartenant antérieurement à un EPCI à fiscalité additionnelle qui seraient devenues membres d’un EPCI à fiscalité propre unique au 1er janvier 2011.
Il propose que les communes concernées transfèrent à l’EPCI à fiscalité unique ses dotations de compensation. En retour, elles bénéficieraient de la part de l’EPCI de l’attribution de compensation. Dans son intention, cela permettrait de préserver l’équilibre budgétaire entre communes et EPCI.
Nous faisons a priori confiance au rapporteur général et nous ne nous opposerons pas à cet amendement.
Je souligne toutefois que, une fois encore – c’était aussi le cas avec l’amendement n° 17 rectifié –, il doit corriger les oublis et les bévues de la réforme de la taxe professionnelle, qui, conçue dans la précipitation, a davantage traduit le souci d’alléger la fiscalité des entreprises que celui de préserver les finances des collectivités territoriales.
Il nous faudra encore plusieurs années pour corriger cette réforme, et je vais d’ailleurs dès à présent participer à cette grande œuvre collective, à travers toute une série d’amendements qui vont suivre.
Nous constatons tous les jours sur le terrain le caractère hémiplégique de cette réforme : le Gouvernement n’a pensé qu’aux entreprises, et non aux collectivités !
Mme la présidente. La parole est à M. le rapporteur général.
M. Philippe Marini, rapporteur général de la commission des finances. Je vous remercie de votre confiance, Mme Bricq. Elle est particulièrement bien placée en l’espèce, puisque mon amendement vise notamment à résoudre le cas de la communauté de communes de l’agglomération creilloise, dirigée par vos amis. Vous voyez que je peux faire preuve d’œcuménisme ! (Sourires.)
Mme Nicole Bricq. Quel grand cœur !
M. Philippe Marini, rapporteur général de la commission des finances. Je remercie également M. le ministre d’avoir reconnu le bien-fondé de cette démarche.
Mme la présidente. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi de finances rectificative, après l'article 14 quinquies.
L'amendement n° 127 rectifié bis, présenté par M. Marc, Mmes Bricq et M. André, MM. Angels, Auban, Demerliat, Frécon, Haut, Hervé, Krattinger, Masseret, Massion, Miquel, Rebsamen, Sergent, Todeschini et les membres du groupe Socialiste, apparentés et rattachés, est ainsi libellé :
Après l’article 14 quinquies, insérer un article additionnel ainsi rédigé :
I. – Le I du 1.4 de l’article 78 de la loi n° 2009-1673 du 30 décembre 2009 de finances pour 2010 est ainsi modifié :
1° Le deuxième alinéa est ainsi modifié :
a) À la première phrase, les mots : « jusqu’au 30 juin 2011 » sont remplacés par les mots : « pendant le délai de reprise mentionné à l’article L. 174 du livre des procédures fiscales » et les mots : « jusqu’à la même date » sont remplacés par les mots : « pendant le même délai » ;
b) À la seconde phrase, les mots : « pour le 31 juillet 2011 » sont remplacés par les mots : « pour le 15 mars, le 31 juillet ou le 30 novembre de l’année de la correction » ;
2° Au troisième alinéa, les mots : « jusqu’au 30 juin 2011 » sont remplacés par les mots : « pendant le délai de reprise mentionné à l’article L. 174 du livre des procédures fiscales ».
II. – La perte de recettes résultant pour les collectivités territoriales du I ci-dessus est compensée, à due concurrence, par une majoration de la dotation globale de fonctionnement.
III. – La perte de recettes résultant pour l’État du paragraphe précédent est compensée, à due concurrence, par la création d’une taxe additionnelle aux droits prévus aux articles 575 et 575 A du code général des impôts.
La parole est à Mme Nicole Bricq.
Mme Nicole Bricq. Cet amendement vise à harmoniser les délais d’actualisation de la compensation relais sur le délai de reprise de trois ans.
Actuellement, il est prévu que le montant de la compensation relais perçue en 2010 puisse être corrigé, sur la base des redressements de taxe professionnelle ou de cotisation foncière des entreprises émis jusqu’au 30 juin 2011.
Or cette disposition est dérogatoire au droit commun, puisque l’article L. 174 du livre des procédures fiscales prévoit que les omissions et erreurs concernant la taxe professionnelle, la cotisation foncière des entreprises, la CFE, et la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises, la CVAE, peuvent être réparées par l’administration jusqu’à l’expiration de la troisième année suivant celle au titre de laquelle l’imposition est due.
Nous avons donc un délai de reprise de droit commun de trois ans et un délai restreint dans le cas de la compensation relais, limité au 30 juin 2011.
On ne comprend pas la justification de cette mesure dérogatoire à la pratique de l’administration fiscale, si ce n’est de faciliter le travail de cette dernière, laquelle se trouve bien en peine pour mettre en œuvre cette réforme alors qu’elle subit dans le même temps une réduction drastique de ses effectifs dans le cadre de la RGPP. Les services n’en peuvent plus !
Cette limitation à la reprise est d’autant plus pénalisante que le montant de la compensation versée en 2010 conditionne le montant de la dotation de compensation de la réforme de la taxe professionnelle et du fonds national de garantie individuelle des ressources, versé à compter de 2011. J’insiste donc sur le fait que la perte pour les collectivités locales est pérenne.
Par conséquent, notre amendement propose une solution de justice pour les collectivités, à savoir l’application du droit commun, en permettant que le délai de reprise court pendant une durée de trois ans. Ce serait bon pour les collectivités territoriales, mais aussi pour vos agents, monsieur le ministre, à qui l’on demande toujours de faire plus avec moins de moyens.
Mme la présidente. Quel est l’avis de la commission ?
M. Philippe Marini, rapporteur général de la commission des finances. La commission émet un avis défavorable en raison de l’extrême complexité de cette opération qui nous paraît ingérable.
M. Jean-Marc Todeschini. Quand on veut, on peut !
Mme la présidente. Quel est l’avis du Gouvernement ?
Mme la présidente. Je mets aux voix l'amendement n° 127 rectifié bis.
(L'amendement n'est pas adopté.)
Mme la présidente. L'amendement n° 124 rectifié bis, présenté par M. Marc, Mmes Bricq et M. André, MM. Angels, Auban, Demerliat, Frécon, Haut, Hervé, Krattinger, Masseret, Massion, Miquel, Rebsamen, Sergent, Todeschini et les membres du groupe socialiste, apparentés et rattachés, est ainsi libellé :
Après l’article 14 quinquies, insérer un article additionnel ainsi rédigé :
Le livre des procédures fiscales est ainsi modifié :
1° Après le a bis) de l’article L. 135 B, il est inséré un a ter) ainsi rédigé :
« a ter) Le détail par contribuable des éléments qui composent la compensation relais définie au II de l’article 1640 B du code général des impôts, selon les modalités qui auraient été appliquées si la taxe professionnelle avait été acquittée en 2010 ; »
2° Au dernier alinéa de l’article L. 135 J, le mot : « onzième » est remplacé par le mot : « dernier ».
La parole est à Mme Nicole Bricq.
Mme Nicole Bricq. Cet amendement vise à permettre aux collectivités territoriales d’obtenir le détail, auprès de l’administration fiscale, de la composition de la compensation relais qu’elles ont perçue en 2010.
En effet, beaucoup d’élus ont trouvé de nombreuses erreurs dans les documents transmis, par ailleurs rarement lisibles, et ont exprimé le besoin de savoir de quoi était faite cette compensation relais, afin de pouvoir en vérifier le montant.
Or, ces élus ont vu leur demande rejetée au motif que cette « compensation relais pouvait être assimilée à un transfert d’impôt d’État ». J’ai ici la lettre adressée à un élu, en l’occurrence le président du syndicat d’agglomération nouvelle Ouest Provence que nous avons reçu en commission des finances.
L’argument technique qui leur est opposé est particulièrement critiquable, alors même que la compensation relais prend en compte pour son calcul les bases et les taux de taxe professionnelle adoptés par les collectivités territoriales.
En réalité, la véritable justification nous semble ailleurs. Elle a été donnée par le Gouvernement lors de la défense d’un amendement identique à l’Assemblée nationale. Le Gouvernement a refusé l’amendement au motif que « simplement, la direction générale des finances publiques n’est pas capable, en l’état, de répondre à cette sollicitation. » C’est très contrariant…
Et voilà, on ne peut plus voter de lois puisque l’administration n’est plus en mesure de les mettre en œuvre ! Quel aveu ! C’est, une fois encore, une conséquence de la réduction des effectifs et de la complexité de la réforme de la taxe professionnelle.
Nous considérons que la demande d’information des élus locaux est pleinement légitime. Elle l’est d’autant plus que le montant de la compensation relais détermine la compensation perçue à compter de 2011. Aussi, toute erreur diminuant le montant de la compensation relais entraîne une perte de recettes pérenne.
C’est pourquoi nous demandons, par notre amendement, que les collectivités puissent avoir connaissance du détail des bases de calcul de la compensation relais.
Mme la présidente. Quel est l’avis de la commission ?
M. Philippe Marini, rapporteur général de la commission des finances. La commission n’était pas forcément mal disposée à l’égard de cet amendement, mais notre collègue Nicole Bricq a été tellement sévère, en particulier pour la révision générale des politiques publiques et pour l’action que nous nous efforçons de mener pour rationnaliser le service public (Mme Nicole Bricq s’exclame.) qu’il est difficile de faire autrement que de s’en remettre à l’avis du Gouvernement.
Mme la présidente. Quel est l’avis du Gouvernement ?
M. François Baroin, ministre. Le Gouvernement émet un avis défavorable pour deux raisons.
La première raison est d’ordre technique. La compensation relais a été calculée pour chaque collectivité, conformément à la loi, à partir du produit d’une taxe professionnelle fictive pour 2010 ou du produit de la taxe professionnelle de 2009, la collectivité étant assurée d’obtenir le plus élevé des deux montants.
La compensation a donc été établie sous forme non pas d’un rôle détaillé, vous le savez, mais de données agrégées afin d’aboutir à la comparaison des deux masses. La réalisation informatique de ce calcul détaillé serait particulièrement complexe, longue et coûteuse dans un contexte budgétaire qui est fortement contraint, je ne vous apprends rien. Elle ne pourrait être prise en charge financièrement qu’avec un lissage sur plusieurs années, ce qui lui enlèverait naturellement toute sa pertinence.
La seconde raison tient à ce que certaines collectivités territoriales ont déjà la possibilité de disposer de tous les éléments de calcul pour la compensation relais.
Il y a l’information relative aux produits de la taxe professionnelle de 2009 dans les conditions applicables avant la réforme. Les services de l’État peuvent leur communiquer – je l’ai répété à de nombreuses occasions – le détail du calcul de la deuxième composante de la compensation relais, c’est-à-dire, le rôle général des cotisations foncières des entreprises pour 2010.
Mme la présidente. Je mets aux voix l'amendement n° 124 rectifié bis.
(L'amendement n'est pas adopté.)
Mme la présidente. Je suis saisie de trois amendements faisant l'objet d'une discussion commune.
Les deux premiers sont identiques.
L'amendement n° 131 rectifié est présenté par Mme Bricq, MM. Bel et Marc, Mme M. André, MM. Angels, Auban, Demerliat, Frécon, Haut, Hervé, Krattinger, Masseret, Massion, Miquel, Rebsamen, Sergent, Todeschini et les membres du groupe socialiste, apparentés et rattachés.
L'amendement n° 164 rectifié ter est présenté par Mme Gourault, M. Jarlier et les membres du groupe Union centriste.
Ces deux amendements sont ainsi libellés :
Après l’article 14 quinquies, insérer un article additionnel ainsi rédigé :
L’article 1650 A du code général des impôts est ainsi modifié :
1° Le premier alinéa du 1 est complété par une phrase ainsi rédigée :
« Pour l’année 2012, par dérogation aux dispositions de l’article 1639 A bis, la délibération prévoyant la création de la commission doit être prise avant le 31 décembre 2011. » ;
2° Le 4 est complété par deux phrases ainsi rédigées :
« Par dérogation, les commissions créées entre le 1er octobre et le 31 décembre 2011 exercent leurs compétences à compter du 1er avril 2012. La nomination des membres intervient avant le 1er avril 2012. »
La parole est à Mme Nicole Bricq, pour présenter l’amendement n° 131 rectifié.
Mme Nicole Bricq. Il s’agit de repousser la date limite de désignation des membres des commissions intercommunales des impôts directs.
Dans le cadre de la révision des valeurs locatives des locaux professionnels adoptée en loi de finances rectificative pour 2010, les intercommunalités doivent constituer des commissions intercommunales des impôts directs, qui seront chargées de donner leur avis sur les choix opérés par la commission départementale des valeurs locatives des locaux professionnels. Leur rôle est donc essentiel et la plus grande attention doit être portée à leur création.
La mise en place de ces commissions était jusqu’alors facultative pour les intercommunalités. Maintenant qu’elle devient obligatoire, les groupements ont jusqu’au 1er octobre 2011 pour créer et désigner les membres de ces commissions, afin qu’elles puissent engager leur travail dès le début de l’année 2012.
Or, vous n’êtes pas sans savoir, mes chers collègues, qu’une autre réforme occupe actuellement fortement les élus locaux dont nous sommes : l’achèvement à marche forcée de la carte de l’intercommunalité !
Selon le calendrier prévu, le schéma départemental de coopération intercommunale doit être arrêté par le préfet dans chaque département, avant le 31 décembre 2011.
Nous savons que ces nouveaux schémas entraîneront la scission ou le regroupement de nombreux groupements existants et le rattachement des communes isolées à des intercommunalités.
L’établissement de ces schémas pose de nombreux problèmes et ils sont parfois vivement contestés par les élus locaux. Ce n’est pas le sujet aujourd'hui, mais je vous brosse le contexte.
Par conséquent, comment les élus intercommunaux peuvent-ils désigner, avant le 1er octobre 2011, les membres de la commission intercommunale des impôts directs, alors même qu’ils ignorent encore le périmètre qui sera retenu pour les groupements de communes à la fin de l’année ?
Cette incohérence dans le calendrier pourrait conduire à la désignation, dans une commission intercommunale des impôts directs, de représentant de communes au titre du groupement auquel elle appartient aujourd’hui, alors même que cette commune pourrait dans quelques mois appartenir à un autre groupement.
C’est une situation ubuesque. C’est pourquoi notre amendement, qui est un amendement de bon sens, vise à repousser la date limite de délibération pour les intercommunalités au 31 décembre 2011 – la même date que pour les schémas intercommunaux – en espérant qu’à cette date les communes et groupements y verront plus clair dans le futur schéma départemental de coopération intercommunale.
L’amendement n° 160 rectifié bis de notre collègue Laurent Béteille prévoit une date différente, celle du 30 novembre 2011.