M. Pierre Ouzoulias. Exactement !
M. Louis Vogel. C’est pourquoi l’on ne peut que regretter que la loi de programmation de la recherche ne soit qu’en partie respectée et que les établissements ne soient, une nouvelle fois, mis à contribution.
Plus globalement, seuls 158 millions d’euros sont aujourd’hui envisagés sur les 501 millions d’euros par an prévus dans la loi de programmation. L’objectif d’atteindre 25 milliards d’euros de budget en 2030 paraît complètement inatteignable.
En définitive, la loi de programmation de la recherche est aujourd’hui la loi de programmation la moins bien respectée de toutes, et de loin !
Par comparaison, la mission « Sécurités », à laquelle sont alloués 3,5 % de crédits supplémentaires, soit 587 millions d’euros et 17,3 milliards d’euros de budget, permettra de respecter les engagements de la loi du 24 janvier 2023 d’orientation et de programmation du ministère de l’intérieur (Lopmi).
Les crédits de la mission « Défense », fixés à 50,5 milliards d’euros, en augmentation de 3,3 milliards d’euros par rapport à la loi de finances pour 2024, porteront l’effort national de défense à 2 % du PIB à l’horizon 2025.
Les crédits de la mission « Justice » s’élèveront à 11,9 milliards d’euros en autorisations d’engagement et 12,5 milliards d’euros en crédits de paiement, ce qui représente, à périmètre constant, une augmentation de 2 % des crédits de paiement.
Au-delà du symbole, le non-respect de la trajectoire de la loi de programmation pour la recherche entraîne des conséquences tout à fait concrètes.
Aucun financement n’est prévu ni pour de nouvelles chaires de professeur junior permettant d’attirer les meilleurs talents, ni pour augmenter le nombre de contrats doctoraux financés par l’État, ni pour abonder les crédits des appels à projets de l’ANR. L’objectif des 3 % du PIB dédié à la recherche, dont 1 % de recherche publique, ne pourra donc malheureusement être atteint.
À cette situation générale s’ajoutent des difficultés de financement pratiques, qui affectent directement nos établissements.
Les nouvelles augmentations de charges non compensées, décidées par l’État, mais supportées par les universités, représenteront plus de 500 millions d’euros en 2025.
Ces coûts supplémentaires, dans un contexte où 60 universités sur 72 sont déjà en déficit, pourraient conduire des établissements à effectuer des coupes drastiques dans les ressources humaines, voire à fermer des sites universitaires dans les territoires – je pense notamment aux universités de proximité, essentielles pour assurer la justice sociale – et à arrêter les investissements en matière scientifique, pédagogique, de vie étudiante et liés aux transitions.
La détérioration des capacités de formation et de recherche des établissements aura un impact direct sur l’économie des territoires.
Le budget proposé ne répond pas non plus à l’urgence des besoins – Vanina Paoli-Gagin l’a rappelé – en matière de santé physique et mentale des étudiants et ne permet pas de commencer, comme prévu, la deuxième phase structurelle de la réforme des bourses.
Le constat est donc alarmant – il faut le souligner –, mais tout n’est pas pour autant négatif.
Dans ce budget, le financement des organismes nationaux de recherche est consolidé, avec une augmentation de 87 millions d’euros prévue entre 2024 et 2025, même si le corollaire est la baisse des autorisations d’engagement de la mission « Recherche et enseignement supérieur » de 2 %.
Ensuite, on relève que plus de 42 millions d’euros de crédits nouveaux sont alloués à la restauration étudiante, ce qui est important.
Enfin, plus de 16 millions d’euros sont budgétés pour la montée en charge de la loi du 13 avril 2023 visant à favoriser l’accès de tous les étudiants à une offre de restauration à tarif modéré, présentée par notre collègue Pierre-Antoine Levi, et pour la compensation du repas à 1 euro.
Surtout, monsieur le ministre, mes chers collègues, ce qui doit guider notre décision aujourd’hui, c’est que notre pays a besoin d’un budget. Il n’est plus temps de tergiverser.
En dépit de toutes les remarques que je viens de formuler, le groupe Les Indépendants votera donc les crédits de la mission « Recherche et enseignement supérieur ».
Pour autant, le Sénat ne peut se contenter de la situation actuelle. La mission d’inspection sur le modèle économique des universités, qui avait été annoncée par Sylvie Retailleau en mai dernier et qui devait faire une place aux crédits européens, comme l’a très justement souligné Jean-François Rapin, devient plus indispensable que jamais. Il faut toucher à la structure, au système, car on ne peut pas continuer comme cela.
Il est grand temps de repenser le modèle de financement et la gouvernance de nos universités, pour leur faire jouer tout leur rôle sur le plan de la formation, de la recherche et de l’innovation. Quand on pense au nombre de start-up qui se créent dans notre pays et qui le quittent ensuite, faute de soutien financier, mais aussi à tous les chercheurs français qui obtiennent leur prix Nobel en travaillant dans des laboratoires étrangers, on se dit qu’il est grand temps de réagir ! (Applaudissements sur les travées du groupe INDEP.)
M. Jacques Grosperrin. Très bien !
M. le président. La parole est à M. Jacques Grosperrin. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)
M. Jacques Grosperrin. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, au préalable, permettez-moi d’avoir une pensée pour M. Patrick Hetzel, qui aura été ministre chargé de l’enseignement supérieur et de la recherche seulement trois mois et deux jours. Espérons, monsieur le ministre, que votre mandat ne sera pas aussi bref…
Je fais partie non pas de ceux qui militaient pour un ministère de plein exercice, mais de ceux qui souhaitent depuis très longtemps un grand ministère de l’intelligence, en quelque sorte, réunissant l’enseignement supérieur et la recherche, car celui-ci permettra certainement d’obtenir une plus grande fluidité et de régler quelques problèmes : le continuum bac-3/bac+3, Parcoursup, la formation dispensée par les universités ou encore le recrutement d’enseignants par le ministère de l’éducation nationale. Nous avons besoin d’établir davantage de connexions et de fluidité entre le lycée et l’enseignement supérieur.
Je regrette, bien sûr, la valse des ministres de l’éducation nationale et de l’enseignement supérieur, qui n’est ni satisfaisante ni de nature à rassurer nos étudiants.
Je ne suis pas certain que la censure de décembre dernier ait été de nature à rassurer nos élèves, nos étudiants, nos professeurs et les étudiants étrangers, qui doutent désormais de la capacité de la France de former des étudiants de grande qualité dans un contexte si instable.
En tout cas, monsieur le ministre, vous trouverez au Sénat une institution exigeante, respectueuse, sensible à notre jeunesse, à l’innovation et, plus largement, à notre souveraineté.
J’évoquerai quelques chiffres concernant ce budget de 26,8 milliards, répartis en trois programmes : premièrement, 15,3 milliards d’euros pour le programme 150 « Formations supérieures et recherche universitaire », en augmentation de 0,7 % par rapport à 2024 ; deuxièmement, 3,2 milliards d’euros pour le programme 231 « Vie étudiante », en diminution de 2,3 % par rapport à 2024 ; troisièmement, 8,3 milliards d’euros pour le programme 172 « Recherches scientifiques et technologiques pluridisciplinaires ».
L’effort budgétaire est maîtrisé, monsieur le ministre, malgré une situation économique fortement fragilisée. La sanctuarisation des crédits alloués à cette mission montre la bonne volonté du Gouvernement. Toutefois, et vous l’entendrez de nombreuses fois ce matin sur toutes les travées du Sénat, les présidents d’université ne cessent de nous alerter sur la situation économique de leurs établissements.
De nombreux chiffres circulent, mais une certitude se profile : une grande majorité de présidents d’université devront présenter un budget en déficit pour cet exercice.
L’université de Franche-Comté, par exemple, supporte depuis 2022 près de 5 millions d’euros de charges supplémentaires liées aux mesures salariales.
Pour 2025, ses responsables évaluent leurs dépenses supplémentaires à 3 millions d’euros pour ce qui est du compte d’affectation spéciale (CAS) « Pensions », et à 1,2 million d’euros du fait des mesures dites Guerini de revalorisation du point d’indice, soit au total 4,2 millions d’euros non compensés pour l’année 2025. Ils estiment que, de 2022 à 2025, plus de 9 millions d’euros de charges n’ont pas été compensés, ce qui est inacceptable. Et je ne parle ici ni des surcoûts liés à l’énergie, qui ne relèvent pas de votre périmètre, monsieur le ministre, ni des dépenses de fonctionnement.
Lors de ma rencontre avec la présidente de cette université me sont apparues, plus largement, les difficultés de l’université française, contrainte de faire appel à ses fonds de roulement, qui sont actuellement d’une durée de quinze jours en moyenne. Selon la direction générale de l’enseignement supérieur et de l’insertion professionnelle (Dgesip), la baisse de ces fonds propres a atteint 1,8 milliard d’euros entre décembre 2023 et septembre 2024. L’accélération de cette évolution affecte fortement les missions universitaires, à commencer par la santé et l’inclusion.
Il devient difficile de financer les projets liés à la santé mentale des étudiants, à l’inclusion et à la lutte contre les violences sexistes et sexuelles.
Il devient difficile, également, de financer les infrastructures, car il y a une saturation des équipements, comme les bibliothèques universitaires, incapables d’accueillir plus d’étudiants alors même qu’elles sont devenues – on le sait – leur deuxième maison.
Enfin, il est impossible aux universités d’avancer sur la question de la transition écologique.
Des solutions existent, radicales.
La première serait de baisser les capacités d’accueil sur Parcoursup, donc le nombre de places pour les futurs bacheliers. Le voulez-vous ?
La deuxième serait de fermer des sites universitaires délocalisés dans les petites villes, comme ceux de Vesoul ou de Dole en Franche-Comté. Le voulez-vous ? Cette question concerne aussi les territoires.
La troisième consisterait à arrêter la rénovation du patrimoine immobilier. Le voulez-vous ?
Enfin, la quatrième solution pourrait être de réduire le niveau de service des bibliothèques universitaires. Le voulez-vous ?
Je ne pense pas, monsieur le ministre, que vous souhaitiez prendre de telles mesures ! La France est dans une situation budgétaire inédite, mais les universités ne doivent pas devenir le parent pauvre de ce grand ministère. Il vous faudra donc faire des choix.
J’en viens aux crédits de la recherche, qui sont globalement maintenus.
La loi du 24 décembre 2020 de programmation de la recherche pour les années 2021 à 2030 et portant diverses dispositions relatives à la recherche et à l’enseignement supérieur a contribué à augmenter le nombre de contrats doctoraux lors de l’année universitaire 2023-2024, en revalorisant le salaire des doctorants ; nous nous en félicitons.
Le secteur de la recherche est préservé, comme nous l’a expliqué la rapporteure pour avis Alexandra Borchio Fontimp. Il nous faut absolument être attentifs au vivier des doctorants, qui contribue à faire de la France une nation à la pointe des innovations technologiques futures et qui participe à la compétitivité, mais surtout à la souveraineté de notre pays.
Avec 2,3 % de son PIB consacré à la recherche, la France est en deçà de la moyenne des pays de l’OCDE, qui se situe à ce jour à 2,72 %, mais aussi de l’objectif de 3 % fixé dans le programme-cadre européen Horizon Europe. Nous devons impérativement retrouver l’État stratège qui nous permet d’évoluer sur la scène internationale et travailler plus ardemment sur les partenariats public-privé (PPP).
Je ne saurai conclure mon propos sans parler de l’amélioration des conditions de vie étudiante, qui constitue un enjeu crucial.
Notre collègue Stéphane Piednoir a montré dans son rapport que les conditions matérielles et sanitaires des étudiants s’aggravaient et qu’un tiers d’entre eux déclaraient sauter un repas. C’est inacceptable ! En réponse, la loi d’initiative sénatoriale du 13 avril 2023 visant à favoriser l’accès de tous les étudiants à une offre de restauration à tarif modéré, dite loi Levi, a été mise en œuvre : le tarif « très social » du repas au restaurant universitaire est de 1 euro, tandis que le tarif « social » est de 3,30 euros.
J’en viens au sujet des bourses d’enseignement supérieur sur critères sociaux (BCS). Monsieur le ministre, il vous faut clarifier votre position sur ce deuxième volet de la réforme et sur son accès.
La recherche et l’enseignement supérieur sont des investissements abordés sous le prisme de l’excellence. Nous devons faciliter l’insertion par l’apprentissage. Se pose d’ailleurs une autre question : quel sera le devenir de l’apprentissage ?
Il nous faudra renforcer les liens entre les acteurs de la recherche et le tissu économique local. Cette synergie entre le monde académique et les entreprises, que nous attendons tous, est nécessaire.
Vous le savez, monsieur le ministre, les chantiers sont nombreux. Soutenez-les avec ambition, rigueur et audace !
Comme mes collègues du groupe Les Républicains, je voterai les crédits de cette mission, en étant attentif aux mesures susceptibles de répondre aux préoccupations que nous venons d’exposer. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)
M. Stéphane Piednoir. Très bien !
M. le président. La parole est à Mme Marie-Laure Phinera-Horth.
Mme Marie-Laure Phinera-Horth. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, avec l’examen de cette mission, nous abordons des crédits alloués à des thématiques qui permettront à notre pays de renforcer sa prospérité dans les années à venir.
Nos établissements d’enseignement supérieur forment nos enfants en leur donnant les compétences et connaissances nécessaires, afin qu’ils s’épanouissent professionnellement et participent à la réussite collective de notre pays. En outre, la recherche constitue notre principal levier pour promouvoir l’innovation dans tous les domaines de la société.
Notre groupe a toujours promu un certain sérieux budgétaire, et nous connaissons le contexte de nos finances publiques, avec l’impérieuse nécessité de faire des économies. Mais je tiens à exprimer mon regret de constater, au dernier moment, une telle coupe budgétaire dans les crédits d’une mission aux enjeux si importants.
Cela dit, venons-en aux points positifs de cette mission.
Entre 2022 et 2025, les crédits de la mission ont augmenté de 1,8 milliard d’euros. Pour cette année, les moyens alloués permettent de poursuivre la montée en charge des mesures de la loi de programmation de la recherche.
Ainsi, les opérateurs voient leurs effectifs augmenter de 284 équivalents temps plein (ETP). Quant à la revalorisation indemnitaire annuelle à destination des personnels de la recherche, source de notre attractivité par rapport à nos voisins et concurrents, elle se poursuit, tout comme la revalorisation des financements de la recherche sur appels à projets autour de plusieurs axes scientifiques et disciplinaires.
Autre point à saluer dans le contexte budgétaire actuel : le montant total versé en 2025 au réseau des Crous sera, à périmètre constant, en augmentation de 30 millions d’euros.
Toutefois, la hausse de 4 points en 2025 des cotisations de l’État employeur aura un impact sur le programme 150 de près de 200 millions d’euros. Nous saluons l’effort du Gouvernement, qui a choisi de compenser la moitié de ce coût à hauteur de 100 millions d’euros, même si le reste à charge reste élevé pour les universités.
Afin de lutter contre la précarité étudiante, le groupe RDPI salue la poursuite du soutien aux étudiants, notamment ceux dont la situation est la plus modeste, par la pérennisation du ticket de restauration universitaire à 1 euro pour les étudiants boursiers. Permettez-moi, à cet égard, d’avoir une pensée pour les étudiants guyanais qui ont accepté de rester dans notre territoire pour poursuivre leurs études.
Bien entendu, cette mesure portant sur le ticket de restauration universitaire sera très appréciée. Aussi, je voudrais renouveler mon soutien aux étudiants guyanais qui, depuis des années, militent pour la création d’un Crous : cette structure permettrait de répondre aux préoccupations spécifiques de nos étudiants.
Dans un objectif de production d’énergie décarbonée, nous sommes favorables à la relance de la filière nucléaire par le biais d’un renforcement des moyens alloués au CEA.
Face au réchauffement climatique, qui provoque partout dans le monde et sur notre territoire des catastrophes jamais vues par le passé, nous nous devons d’accentuer nos efforts et nos moyens, afin d’accompagner la recherche et l’innovation sur les sujets de transition écologique et énergétique.
Dans le secteur de la recherche publique, qui constitue une politique nationale prioritaire dont le caractère stratégique a été réaffirmé dans la LPR, nous défendrons un amendement visant à augmenter les crédits en faveur de la recherche clinique sur les cancers pédiatriques.
Un premier effort avait été réalisé par le gouvernement de l’époque dans le projet de loi de finances pour 2019 ; cinq ans plus tard, il permet d’entrevoir de réels espoirs d’avancées thérapeutiques. C’est pourquoi il est désormais temps d’élargir et d’amplifier cet effort en prévoyant un fléchage complémentaire.
Toujours pour aider les plus fragiles, nous soutiendrons une hausse des crédits destinés à l’accessibilité étudiante à l’université, sachant que la quasi-totalité des étudiants en situation de handicap sont inscrits en faculté.
Enfin, alors que le gouvernement Barnier avait fait de la santé mentale une grande cause nationale, le Premier ministre François Bayrou a également désigné ce sujet comme une priorité de son action. Nous devons agir dans ce domaine, notamment en créant des postes d’enseignant-chercheur en pédopsychiatrie dans chaque faculté de médecine, afin de pallier le manque criant de professionnels.
En ces temps de contraintes budgétaires, notre rôle est d’être à la hauteur de nos responsabilités. Dans cette perspective, le groupe RDPI appelle à adopter les crédits de la mission « Recherche et enseignement supérieur ».
M. le président. La parole est à M. Bernard Fialaire.
M. Bernard Fialaire. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, la recherche et l’enseignement supérieur doivent rester une priorité, un investissement essentiel, pour un pays comme le nôtre qui tire sa richesse du travail et de l’intelligence de ses citoyens. En période de crise économique et financière, cette priorité doit être affirmée encore davantage.
Que dire de cette mission « Recherche et enseignement supérieur », dans le contexte de contraintes budgétaires que nous connaissons tous ?
Bien sûr, on regrettera de ne pouvoir poursuivre la trajectoire des crédits promis dans la loi de programmation de la recherche, sur laquelle il est grand temps, monsieur le ministre, de faire un point d’étape et de faire jouer la clause de revoyure annoncée.
Bien sûr, on regrettera que les universités soient poussées dans leurs derniers retranchements, c’est-à-dire contraintes de prélever dans leurs fonds de réserve, ce qui plonge un grand nombre d’entre elles dans une situation très inquiétante.
Bien sûr, on regrettera de ne pouvoir créer les chaires de professeurs juniors attendues et mettre en place des rémunérations de chercheurs et d’enseignants qui soient à la hauteur de leur talent, ce qui permettrait d’éviter la fuite des cerveaux.
Bien entendu, nous ne pouvons pas, hélas ! offrir à tous les étudiants, quelle que soit leur situation personnelle et familiale, des repas à 1 euro. Je me réjouis que le dispositif perdure pour les boursiers. Rappelons qu’aucun autre pays n’offre des repas à 3,30 euros à ses étudiants…
L’extension des conditions de repas subventionnés à tous les étudiants, quel que soit leur lieu d’étude, est une avancée de la loi Levi, dont je salue l’auteur qui est aussi notre collègue ; cela mérite d’être souligné.
Il y a, monsieur le ministre, des économies qui ne demandent pas de sacrifices budgétaires. Il s’agit, par exemple, de la simplification des démarches administratives de la recherche, à condition, bien sûr, de ne pas complexifier cette simplification réclamée par tous les chercheurs.
Afin d’assurer le bien-être des étudiants, il faut prévoir, pour la date de leur inscription ou de leur rentrée universitaire, un temps plus solennel consacré à la présentation de la contribution de vie étudiante et de campus (CVEC), qu’ils doivent connaître.
Par ailleurs, comme nous l’avons recommandé, avec Pierre-Antoine Levi, dans notre rapport intitulé Antisémitisme dans l’enseignement supérieur : dénoncer le climat, prévenir les dérives et sanctionner les actes, le rappel des droits, mais également des devoirs, de chacun face aux discriminations de toute sorte – violences sexuelles et sexistes, racisme, antisémitisme, discrimination anti-LGBT, etc. – doit être assorti de dispositifs clairs de signalement et d’accompagnement.
Un bon climat pour suivre ses études, avec des enseignants reconnus et rémunérés à leur juste valeur, est la condition de réussite des générations qui auront à relever des défis considérables – techniques, économiques, sociaux, dans la santé, l’espace, etc. – face à l’intelligence… très artificielle. (Sourires.)
Aussi, pour ce qui est de ce budget, faut-il faire contre mauvaise fortune bon cœur ?
Certes, il est préservé. Mais encore faut-il qu’il ne soit pas raboté par des amendements traduisant davantage le souci de l’équilibre financier immédiat que celui de l’avenir d’une croissance qu’alimenteront, seuls, l’innovation et l’investissement dans la recherche.
M. Pierre Ouzoulias. Très bien !
M. Bernard Fialaire. Je parle ici de la recherche publique, mais aussi de la recherche privée, qui doit être privilégiée par rapport aux redistributions de dividendes de la richesse produite.
Monsieur le ministre, remettez aussi de l’ordre dans ces officines privées hautement profitables qui bernent des étudiants et leurs familles en proposant des formations discutables, voire contestables !
M. Jacques Grosperrin. C’est sûr !
M. Bernard Fialaire. Je ne confonds pas ces officines avec les établissements d’enseignement supérieur privé d’intérêt général qui, eux, méritent d’être soutenus.
Je souhaite profiter de cette intervention pour revenir sur le concours de première année de médecine, ce parcours d’accès spécifique santé (Pass) qui n’autorise pas le redoublement et exclut, de fait, les enfants issus de populations socialement éloignées de la culture et du vocabulaire médicaux, donnant un avantage certain à une frange favorisée de la population.
M. Pierre Ouzoulias. C’est vrai !
M. Bernard Fialaire. Offrons aussi aux universités de médecine, au travers du tutorat et du soutien, les moyens d’être une alternative aux officines qui prospèrent en créant des inégalités insupportables pour un enseignement prétendument gratuit – pour la seule ville de Lyon, celles-ci réalisent un chiffre d’affaires de 2 millions d’euros !
En dépit de tous ces impératifs d’amélioration, les membres du groupe du RDSE voteront ces crédits, sous réserve – je le répète – que ceux-ci ne soient pas amputés par un coup de rabot trop violent. (Applaudissements sur les travées du groupe RDSE. – M. Pierre-Antoine Levi applaudit également.)
M. le président. La parole est à M. Pierre-Antoine Levi.
M. Pierre-Antoine Levi. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, à l’heure où la compétition internationale s’intensifie et où les innovations technologiques se multiplient, notre système d’enseignement supérieur et de recherche doit affirmer son excellence. La formation de notre jeunesse et le rayonnement de notre recherche sont des atouts essentiels pour notre souveraineté et notre compétitivité.
C’est dans ce cadre et dans un contexte budgétaire très contraint que nous examinons aujourd’hui les crédits de la mission « Recherche et enseignement supérieur ».
Le budget du ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche pour 2025 atteint ainsi 26,8 milliards d’euros, en hausse de 49 millions d’euros par rapport à 2024. L’amendement « rabot » de dernière minute réduit quelque peu cette hausse. Ces crédits visent à soutenir plusieurs objectifs stratégiques : l’amélioration des conditions de vie étudiante, le financement de la recherche d’avenir et l’accompagnement des établissements d’enseignement supérieur.
Je me félicite de voir figurer dans ce budget des mesures concrètes destinées aux étudiants, notamment les 550 millions d’euros alloués pour réformer les bourses sur critères sociaux, renforcer l’accès à la restauration universitaire et accompagner les étudiants en situation de handicap. Ces initiatives témoignent d’une volonté forte de lutter contre la précarité étudiante tout en favorisant la réussite pour tous.
À ce titre, je me réjouis particulièrement que figure et soit renforcé dans ce projet de loi de finances le dispositif issu de ma proposition de loi visant à garantir l’accès à une restauration à tarif modéré pour tous les étudiants ne bénéficiant pas de restauration universitaire à proximité, qui entrera en application en février prochain. Une enveloppe de 38 millions d’euros est ainsi prévue pour garantir à chaque étudiant l’accès à une restauration à tarif modéré, en partenariat avec les structures locales ou au travers d’une aide individuelle.
Cette avancée législative permettra de répondre à une problématique majeure d’égalité entre les étudiants sur tout le territoire.
Je vous remercie, monsieur le ministre, d’avoir sacralisé dans ce projet de budget cette enveloppe très attendue par nos étudiants. Je remercie aussi très sincèrement votre prédécesseur, Patrick Hetzel, d’avoir mis en œuvre ce dispositif dès son arrivée au ministère. Je salue enfin mon collègue Jean Hingray, qui était rapporteur de cette proposition de loi.
En matière de logement étudiant, je note avec satisfaction que la dotation d’investissement du Centre national des œuvres universitaires et scolaires (Cnous) permettra de réhabiliter 12 000 places d’hébergement, répondant ainsi à une problématique cruciale pour la réussite de nos étudiants.
Par ailleurs, je souhaite évoquer un autre sujet qui me tient particulièrement à cœur. Avec mon collègue Bernard Fialaire, je porte actuellement une proposition de loi relative à la lutte contre l’antisémitisme dans l’enseignement supérieur, qui sera examinée par le Sénat le 20 février prochain. Ce texte vise à renforcer les dispositifs existants pour combattre ce fléau et à promouvoir un environnement académique respectueux et inclusif.
M. Laurent Lafon. Très bien !
M. Pierre-Antoine Levi. Nous resterons particulièrement attentifs à l’évolution des crédits permettant la mise en œuvre de ces dispositifs.
En matière de recherche, compte tenu du contexte budgétaire, seul un tiers de la marche 2025 de la LPR sera atteint. Nous espérons que la clause de revoyure prévue dans la LPR sera désormais appliquée, pour faire un bilan de la première phase et cadrer précisément la deuxième.
Ce budget permet de financer les grandes infrastructures de recherche, telles que celles qui sont dédiées à l’énergie, à l’environnement et à l’intelligence artificielle, tout en renforçant les collaborations internationales, en particulier dans le cadre du programme-cadre européen Horizon Europe.
Concernant la santé étudiante, je tiens à souligner les efforts significatifs déployés pour l’accompagnement psychologique.
Les fragilités psychologiques, exacerbées par la crise sanitaire, nécessitent des mesures concrètes et pérennes. Le dispositif Santé Psy Étudiant est ainsi renforcé avec une dotation de 15 millions d’euros pour 2025, permettant de consolider le réseau des psychologues conventionnés et d’augmenter le nombre de consultations gratuites.
Les services de santé universitaires voient également leurs moyens renforcés pour recruter des psychologues supplémentaires et développer des actions de prévention.
Pour toutes ces raisons, et avec la conviction que ce budget contribue à l’avenir de notre jeunesse et à la compétitivité de notre pays, le groupe Union Centriste votera en faveur de ces crédits. (Applaudissements sur les travées du groupe UC. – M. Stéphane Piednoir applaudit également.)