Mme Raymonde Poncet Monge. Non, en Europe, c’est l’Espagne !
M. le président. La parole est à Mme Corinne Narassiguin, pour la réplique.
Mme Corinne Narassiguin. Monsieur le ministre, après cette nouvelle provocation d’Israël, juin, c’est trop tard !
C’est maintenant que la France doit reconnaître l’État palestinien, sans contrepartie et sans condition. C’est maintenant que le droit international doit s’imposer. Les criminels de guerre doivent être jugés par la Cour pénale internationale. C’est maintenant que nous devons agir. Sinon, c’est tout un peuple qui disparaîtra, dans notre silence coupable. (Applaudissements sur les travées des groupes SER, CRCE-K et GEST.)
agression d’un élu en gironde
M. le président. La parole est à Mme Florence Lassarade, pour le groupe Les Républicains. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)
Mme Florence Lassarade. Ma question s’adresse à M. François-Noël Buffet, ministre auprès du ministre d’État, ministre de l’intérieur.
Samedi dernier, Anthony Rolland, conseiller municipal à Gauriaguet, en Haute Gironde, a été violemment agressé alors qu’il tentait d’intervenir pour mettre fin à un rodéo urbain impliquant une quinzaine de jeunes âgés de 15 à 18 ans.
L’élu, qui s’était rendu sur le terrain de ball-trap de la commune après avoir failli être percuté par l’une de ces motos, a été pris à partie. Selon le parquet, il a d’abord été frappé à l’aide d’un objet métallique, puis roué de coups au sol jusqu’à perdre connaissance. Face à cette agression d’une violence inouïe, je tiens à réaffirmer tout mon soutien à Anthony Rolland, ainsi qu’au maire de Gauriaguet.
Ce drame relance le débat sur la sécurité des élus locaux. En mars 2024, le Parlement a adopté une proposition de loi renforçant la sécurité des élus locaux et la protection des maires, que vous aviez déposée et soutenue avec détermination à l’époque où vous siégiez encore sur les travées du Sénat. Ce texte visait à renforcer la protection des élus en alignant les sanctions encourues en cas de violence sur celles qui sont prévues pour les atteintes contre les dépositaires de l’autorité publique, comme les membres des forces de l’ordre.
Ce contexte préoccupant s’inscrit dans une tendance plus large : selon une enquête du Centre de recherches politiques de Sciences Po (Cevipof), 28 % des maires envisagent de ne pas se représenter en 2026 et 30 % restent indécis.
Qu’un élu de la République soit pris pour cible par un groupe de jeunes est inacceptable. Face à la multiplication de ces actes, les élus expriment de plus en plus le besoin d’un accompagnement renforcé et réclament la reconnaissance d’un véritable statut de l’élu local. Il est essentiel que les agressions dont ils sont victimes fassent l’objet de sanctions exemplaires, y compris à l’encontre de mineurs.
Monsieur le ministre, quelles sont les mesures que vous envisagez de mettre en œuvre pour enrayer ces violences et combattre le sentiment d’impunité de ces adolescents ? (Applaudissements sur des travées du groupe Les Républicains. – Mme Sylvie Vermeillet applaudit également.)
M. le président. La parole est à M. le ministre auprès du ministre d’État, ministre de l’intérieur.
M. François-Noël Buffet, ministre auprès du ministre d’État, ministre de l’intérieur. Madame la sénatrice Lassarade, vous avez cité le conseiller municipal Anthony Rolland, mais je souhaite également rappeler que Philippe Buisson, maire de Libourne, a été lui aussi victime d’une agression très récemment.
En moyenne, 2 000 plaintes ou signalements d’élus pour violences sont recensés chaque année, et leur nombre est malheureusement en augmentation. S’agissant de l’agression de M. Anthony Rolland, quatre individus ont été identifiés, dont deux mineurs ; deux d’entre eux sont actuellement en garde à vue. Pour ce qui concerne M. Philippe Buisson, le maire de Libourne, je tiens à souligner la gravité des faits : l’auteur présumé a menacé de « mettre une balle dans la tête du maire »… Il a été interpellé et des perquisitions sont en cours.
Concernant le phénomène des rodéos urbains, qui est en lien avec l’agression de M. Rolland, 4 295 opérations de lutte ont été menées depuis le début de l’année, soit une hausse de 12 %.
Pour répondre à votre question précise, des avancées ont déjà été engagées. La création en 2023 du Centre d’analyse et de lutte contre les atteintes aux élus (Calaé) a permis la mise en œuvre de plusieurs mesures supplémentaires. En 2024, un texte visant à protéger les élus – vous avez eu la gentillesse de rappeler que j’en étais l’auteur – est venu renforcer ce dispositif.
Toutefois, ce n’est pas tout. Un travail est en cours sur un texte relatif au statut de l’élu, qui sera prochainement débattu au Parlement. Celui-ci viendra compléter les protections existantes, notamment pour les élus locaux, et répondre à vos préoccupations.
Enfin, je tiens à mentionner la stratégie nationale de prévention de la délinquance, qui sera prochainement publiée. Elle vise à répondre à une donnée préoccupante : 51 % des auteurs de violences sont aujourd’hui des mineurs. Cette stratégie est élaborée en lien avec la politique de continuité de sécurité que je mène avec le ministre d’État.
M. le président. Il faut conclure, monsieur le ministre.
M. François-Noël Buffet, ministre. Notre objectif est d’intervenir au plus tôt, afin de mieux identifier les profils à risque et de les réorienter. (Applaudissements sur des travées du groupe Les Républicains.)
M. le président. La parole est à Mme Florence Lassarade, pour la réplique.
Mme Florence Lassarade. Je vous remercie de votre réponse, monsieur le ministre. Le sujet, c’est l’autorité. Les jeunes mineurs cherchent, par la provocation, à voir celle-ci émerger. Il faut en tenir compte. Et les élus, surtout, doivent comprendre qu’ils ne doivent pas se rendre seuls sur ce type de terrain, car cela aggrave le risque : ils doivent y aller à plusieurs.
financement de l’islam politique par l’union européenne
M. le président. La parole est à Mme Nathalie Goulet, pour le groupe Union Centriste. (Applaudissements sur les travées du groupe UC.)
Mme Nathalie Goulet. Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, vous avez aimé quand la Commission européenne a délégué les programmes Erasmus à l’association Al Sharq, directement liée aux Frères musulmans et aux deux universités islamiques de Skopje et de Gaziantep, qui ont applaudi aux massacres du 7 octobre.
Vous avez aimé les financements par centaines de milliers d’euros à l’association Enar (European Network Against Racism, ou Réseau européen contre le racisme), qui a touché plus de 12 millions d’euros ces dernières années, et à Islamic Relief, qui a reçu 6,4 millions d’euros.
Vous allez adorer la nouvelle production européenne, le Coran européen (L’oratrice brandit un exemplaire de l’ouvrage.) : 10 millions d’euros, soit 60 000 euros la page, pour nous montrer que le Coran était indispensable à l’Europe des Lumières… Cette magnifique publication est complétée par un accord, signé en novembre 2024, qui prévoit 10 millions d’euros supplémentaires de financement, cette fois pour les sciences occultes dans l’islam.
Monsieur le ministre chargé de l’Europe, rien n’y fait, ni les questions écrites, ni les questions orales, ni les rappels au règlement, ni les interventions lors de la discussion du projet de loi de finances… Je n’arrive pas à obtenir que vous diminuiez les subventions à l’Union européenne pour éviter ces dérives. Pourtant, la Cour des comptes européenne s’interroge toujours sur 7,5 milliards d’euros de subventions, dont elle considère qu’elles sont versées à des projets dépourvus de lien avec les valeurs de l’Union européenne.
Monsieur le ministre, allons-nous enfin faire en sorte que les contribuables français et européens cessent d’entretenir ces associations proches des Frères musulmans ? (Applaudissements sur les travées des groupes UC et Les Républicains. – M. Bernard Fialaire applaudit également.)
M. le président. La parole est à M. le ministre délégué chargé de l’Europe.
M. Benjamin Haddad, ministre délégué auprès du ministre de l’Europe et des affaires étrangères, chargé de l’Europe. Madame la sénatrice Goulet, je veux tout d’abord vous remercier de votre engagement et de votre mobilisation constante en la matière. Vous le savez, je partage votre combat. Nous avons eu l’occasion d’échanger à de nombreuses reprises.
Je veux le dire de façon très claire, l’Union européenne est une union de valeurs : la démocratie, l’État de droit, la liberté et, bien entendu, la laïcité. Pas un euro d’argent du contribuable français ou européen ne doit aller à quelque forme de promotion de l’islam radical, des Frères musulmans ou de l’islam politique. C’est précisément le combat que nous menons à Bruxelles. (Marques de scepticisme sur les travées du groupe Les Républicains.)
Je voudrais vous faire part des quelques initiatives que nous avons prises, même s’il faut aller plus loin, puisque – vous l’avez souligné à juste titre – la Commission européenne continue de manquer de vigilance sur la transparence des fonds européens. (Exclamations ironiques sur les mêmes travées.)
L’an dernier, nous avons obtenu l’inclusion d’un article dans le règlement financier de l’Union européenne qui permet de suspendre l’attribution de fonds européens aux bénéficiaires incitant à la discrimination, à la haine ou à la violence. Mais, comme vous l’avez indiqué, ce n’est pas suffisant, puisque le règlement est encore largement inappliqué, faute de rigueur dans le contrôle par la Commission européenne ou certaines agences décentralisées. C’est le cas, par exemple, d’Erasmus+, que vous avez évoqué.
C’est pourquoi je défends, avec des partenaires européens, une initiative pour exiger de la Commission un meilleur contrôle des financements européens. Nous vous y associerons étroitement.
La Commission européenne doit impérativement mettre en place une procédure de filtrage rigoureuse et faire respecter un engagement de l’ensemble des bénéficiaires à respecter nos valeurs, à l’image du contrat d’engagement républicain qui existe aujourd’hui en France.
Madame la sénatrice, vous le savez, vous pouvez compter sur mon engagement. J’ai fait du combat pour nos valeurs européennes et contre l’islam politique une priorité depuis que je suis ministre des affaires européennes. Je continuerai de le mener et de faire preuve de la plus grande vigilance. (MM. François Patriat et Loïc Hervé applaudissent.)
M. le président. La parole est à Mme Nathalie Goulet, pour la réplique.
Mme Nathalie Goulet. Monsieur le ministre, je vous remercie. Le rapport de la Cour des comptes européenne est absolument accablant.
À ce propos, où est donc passé le rapport sur la dangerosité des Frères musulmans de l’ambassadeur Gouyette et du préfet Courtade, qui avait été demandé par Gérald Darmanin et qui a été remis à Bruno Retailleau ? Il serait bon que nous puissions en prendre connaissance.
En ce qui concerne les Frères musulmans, je pense que le très récent exemple jordanien doit nous appeler à une vigilance absolue. Cessons d’être naïfs ! (Applaudissements sur les travées des groupes UC et Les Républicains.)
M. le président. La parole est à M. Olivier Paccaud, pour le groupe Les Républicains. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)
M. Olivier Paccaud. Ma question s’adresse à Mme la ministre d’État, ministre de l’éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche.
L’école est « la mère des batailles », avait dit un ancien Premier ministre. Or cette école, où se façonne la France de demain, se porte mal : raréfaction des enseignants par manque d’attractivité, baisse de niveau, violences, harcèlement… Que de maux !
Hier, à la demande de la commission des finances du Sénat, la Cour des comptes a rendu un rapport sur lequel je vous invite à méditer. Son titre est évocateur : L’Éducation prioritaire, une politique publique à repenser.
L’éducation prioritaire, c’est 21 % des élèves français, 25 % des enseignants et 2,6 milliards d’euros de budget spécifique, avec d’importants efforts récents, comme le dédoublement des classes ou la hausse notable des primes pour les personnels concernés. Mais les résultats sont très mitigés.
Ainsi, le déterminisme social en matière de réussite scolaire reste malheureusement beaucoup plus fort en France que chez nos voisins, et 70 % des enfants issus de milieux défavorisés sont hors éducation prioritaire.
Plus que l’égalité des droits, la République, c’est l’égalité des chances. Or l’éducation prioritaire est censée la renforcer – en vain.
Alors que, depuis dix ans, les prédécesseurs de Mme la ministre d’État, aujourd’hui absente, doivent réformer la carte de l’éducation prioritaire, n’est-il pas temps de s’y atteler, de remettre le système à plat, de revoir concrètement les critères de classement, qui excluent aujourd’hui la ruralité, d’introduire de la progressivité dans l’allocation des aides et, last but not least (Exclamations amusées.),…
M. le président. C’est du vieux français ! (Sourires.)
M. Olivier Paccaud. … de passer à une logique d’écoles ou d’établissements prioritaires, et non plus de réseaux d’éducation prioritaire ? (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)
M. Max Brisson. Très bien !
M. le président. La parole est à M. le ministre délégué chargé des relations avec le Parlement.
M. Patrick Mignola, ministre délégué auprès du Premier ministre, chargé des relations avec le Parlement. Monsieur le sénateur Paccaud, je vous prie d’excuser l’absence de Mme la ministre d’État, qui aurait voulu vous remercier d’avoir mis votre puissance rhétorique, parfois dans la langue de Shakespeare,…
M. Olivier Paccaud. Yes ! (Sourires.)
M. Patrick Mignola, ministre délégué. … au service du plus beau combat, le plus grand qui vaille dans la République. Pour reprendre une phrase que répète régulièrement le Premier ministre : « La naissance ne peut pas être un verdict. »
Que l’on soit né en zone d’éducation prioritaire, donc en zone urbaine dense, ou en zone rurale, le rôle de l’éducation prioritaire et des 2,6 milliards d’euros qui sont consacrés à cette politique publique doit en effet être revisité, sur la base à la fois de ce que la Cour des comptes a constaté et du travail qui est actuellement réalisé – je puis vous le confirmer – au sein du ministère de l’éducation nationale.
En effet, nous pouvons relever que le dédoublement des classes de grande section de CP et CE1 a été réalisé et qu’il a commencé à produire des effets positifs à certains endroits. Pour autant, les politiques d’évaluation doivent être approfondies, et il faut effectivement mettre à l’ordre du jour la révision de la carte de l’éducation prioritaire, qui date de 2014.
C’est bien le travail qui est actuellement mené au sein du ministère de l’éducation nationale. Il sera partagé – je peux en prendre l’engagement ici au nom de Mme la ministre d’État, sous l’autorité du Premier ministre – avec les parlementaires et les élus locaux.
M. le président. La parole est à M. Olivier Paccaud, pour la réplique.
M. Olivier Paccaud. Je me félicite de cette nouvelle.
La procrastination n’est jamais la solution. Vous connaissez, je pense, la célèbre formule du docteur Henri Queuille, qui a siégé dans cet hémicycle : « Il n’est pas de problème dont une absence de solution ne finisse par venir à bout. » Puisse-t-elle ne pas être la devise du ministère de l’éducation nationale ! (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains, ainsi que sur des travées du groupe UC.)
situation des universités et de la recherche
M. le président. La parole est à M. David Ros, pour le groupe Socialiste, Écologiste et Républicain. (Applaudissements sur les travées du groupe SER.)
M. David Ros. Ma question s’adresse à M. le ministre chargé de l’enseignement supérieur et de la recherche.
Lundi dernier, le Président de la République, dans le cadre de son discours à la Sorbonne Choisir l’Europe, Choisir la France pour la Science, a annoncé la levée d’une enveloppe budgétaire dédiée de 100 millions d’euros. Si l’on doit saluer la mobilisation de la communauté politique et scientifique française pour accueillir des chercheurs étrangers et, plus particulièrement, américains, des précisions et des engagements s’imposent.
Certes, cette annonce à la Sorbonne, dans l’une des plus anciennes universités européennes, traduit l’ambition d’une renaissance, celle d’une Europe des Lumières, du savoir et de la connaissance. Elle s’inscrit dans la continuité de la démarche impulsée sous la présidence de François Hollande, avec l’instauration du programme d’accueil en urgence des scientifiques en exil (Pause) et vient compléter ce qui est en mis en œuvre par le CNRS, les organismes de recherche et plusieurs universités françaises de premier rang.
Néanmoins, elle se heurte à d’autres annonces récentes nettement moins enthousiasmantes. Je pense à l’annulation de près de 500 millions d’euros de crédits pour la mission « Recherche et enseignement supérieur », alors même que le nombre d’étudiants continue d’augmenter, ou encore à celle des 225 millions d’euros du programme France 2030. Et voilà que l’on apprend la capacité du Gouvernement à mobiliser 100 millions d’euros sur ce même programme, mais sur des crédits non encore fléchés !
Monsieur le ministre, le Gouvernement peut-il nous éclairer quant à cette mobilisation de 100 millions d’euros ? Quelles années budgétaires de rattachement ? Quelles répercussions sur le programme France 2030 ? Quelles conditions de sélection des scientifiques et des thématiques retenues ? Quel statut et quels salaires pour les scientifiques accueillis ? Quelle pérennité du dispositif ?
Enfin, compte tenu de la situation de nos universités, qui en majorité connaissent de grandes tensions, voire une précarité financière, comme vous le savez, qu’est-il envisagé pour que cette terre d’accueil ne se transforme pas en terre de lamentations pour nos chercheurs et enseignants-chercheurs actuellement en poste ? (Applaudissements sur les travées des groupes SER et CRCE-K.)
M. Pierre Ouzoulias. Très bien !
M. le président. La parole est à M. le ministre délégué chargé des relations avec le Parlement.
M. Patrick Mignola, ministre délégué auprès du Premier ministre, chargé des relations avec le Parlement. Monsieur le sénateur Ros, dans le droit fil de ce que j’ai indiqué tout à l’heure à la sénatrice Souyris – je vous prie une nouvelle fois de bien vouloir excuser l’absence du ministre Philippe Baptiste –, je ne puis que vous donner raison sur la chance formidable que représente pour nos universités l’éventuel accueil de chercheurs venus du monde entier, notamment du continent américain.
Ces chercheurs sont menacés à la fois dans leur liberté académique et en raison de la baisse des moyens mis à leur disposition par l’administration américaine. C’est le sens du programme Choose Europe for Science, que vous avez cité, à juste titre, dans la langue de Molière… (Sourires.)
M. Mickaël Vallet. Il n’y a pas de quoi rire, monsieur le ministre !
M. Patrick Mignola, ministre délégué. L’annonce de cette semaine a été une surprise, mais elle représente aussi une chance formidable.
Je tiens à vous rassurer sur l’aspect budgétaire. Une augmentation de 300 millions d’euros du budget des universités a été décidée par l’ensemble des groupes parlementaires, à la suite, notamment, des discussions avec le vôtre dans la perspective du projet de loi de finances pour 2025. Ces 300 millions d’euros supplémentaires sont bien confirmés.
Outre les 6 milliards d’euros que j’évoquais tout à l’heure, les 19 milliards d’euros dont fait partie le programme France 2030 sont également confirmés jusqu’en 2030.
Le Gouvernement est donc animé des mêmes intentions que vous : si d’autres veulent éteindre les lumières, l’Europe et la France sont là pour éclairer des leurs une partie du monde, voire le monde entier. (M. François Patriat applaudit.)
M. le président. La parole est à M. David Ros, pour la réplique.
M. David Ros. Avec la volonté affichée du Président de la République, et comme le Premier ministre a indiqué que le Gouvernement n’était pas méchant, je ne doute pas que les crédits envisagés dans le projet de loi de finances pour 2026 seront à la hauteur des besoins des universités ! (Sourires sur les travées du groupe SER.)
Après le dispositif Pause, il faut maintenant accélérer ! (Sourires et applaudissements sur les mêmes travées.)
partenariats internationaux avec la syrie et le gabon
M. le président. La parole est à M. Jean-Luc Ruelle, pour le groupe Les Républicains. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)
M. Jean-Luc Ruelle. Faut-il recevoir des terroristes à l’Élysée ? Pour le Président de la République, la réponse est manifestement oui. Emmanuel Macron reçoit en effet aujourd’hui Ahmed al-Charaa, nouvel homme fort de Damas. Cela nous renvoie à la tente bédouine de Kadhafi dans les jardins de l’hôtel Marigny en 2007.
M. Rachid Temal. Sous Sarkozy !
M. Jean-Luc Ruelle. Rappelons simplement les faits d’armes de celui qui s’est autoproclamé président à titre transitoire de la République arabe syrienne. Il est l’un des chefs militaires de l’État islamique d’Irak, futur Daech, fondateur du front Al-Nosra, qui a prêté allégeance à Al-Qaïda, et le commandant en chef du groupe islamiste Hayat Tahrir al-Cham, tombeur du régime de Bachar el-Assad.
Tel est le pedigree sulfureux d’une véritable star du djihadisme mondial, présent sur ses listes de sanctions pour terrorisme et pour qui Emmanuel Macron a dû demander exceptionnellement à l’ONU une exemption de quelques heures pour lui permettre de se déplacer à Paris.
Ahmed al-Charaa dit avoir remisé son turban de djihadiste. On ne peut que douter de ce soudain repentir : persécutions et massacres de minorités alaouites et druzes tolérés ou encouragés par ses milices ; nomination de proches à des postes de pouvoir, contrairement à la promesse d’ouverture de son gouvernement ; distribution de passeports syriens aux « anciens » djihadistes étrangers.
Ahmed al-Charaa n’a rien d’un modéré. Il incarne l’islamisme radical qui ensanglante notre pays. Le recevoir, c’est légitimer ce pouvoir violent ; c’est trahir les morts, les minorités et tous ceux qui espéraient un autre avenir pour le Levant.
Par ailleurs, je souhaiterais vous faire part d’un regret plus personnel. Samedi dernier s’est tenu à Libreville l’investiture de Brice Oligui, élu président pour deux années d’une transition réussie, marquant le rétablissement de l’ordre constitutionnel et le retour du Gabon dans le concert des nations.
Des liens avaient été noués ici même, au Sénat. Dès 2024, le président Larcher, précurseur dans la reprise du dialogue avec le Gabon, avait reçu la présidente du Sénat gabonais, Paulette Missambo. Le Président de la République était donc grandement attendu à Libreville. Il y a brillé par son absence.
M. le président. Il faut conclure, mon cher collègue.
M. Jean-Luc Ruelle. Je ne puis m’empêcher de remettre en perspective ce rendez-vous manqué et la réception ce jour d’Ahmed al-Charaa.
M. le président. La parole est à M. le ministre délégué chargé de l’Europe.
M. Benjamin Haddad, ministre délégué auprès du ministre de l’Europe et des affaires étrangères, chargé de l’Europe. Monsieur le sénateur Ruelle, vous m’interrogez sur deux sujets différents. Je vous répondrai donc de manière distincte.
Tout d’abord, j’ai eu l’honneur de représenter la France et le Président de la République à l’investiture du président Oligui ce week-end au Gabon. J’ai transmis personnellement les félicitations et un message d’amitié et de respect du Président de la République au président Oligui.
Vous l’avez rappelé, la transition est réussie, et les liens d’amitié entre nos deux pays sont forts. Nous souhaitons approfondir la coopération avec le Gabon. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle le Président de la République a adressé une invitation au président Oligui, qui se rendra en visite officielle à Paris dans les prochains mois.
Nous sommes donc clairement aux côtés du peuple gabonais dans cette transition réussie.
Ensuite, j’ai déjà évoqué la Syrie en réponse à la question du sénateur Hervé. Sur ce sujet, nous n’avons qu’une seule boussole : la défense de nos intérêts, en particulier la sécurité des Français.
À la suite de la visite du ministre de l’Europe et des affaires étrangères à Damas, nous avons obtenu de la part du gouvernement de transition syrien un certain nombre d’engagements, par exemple sur la lutte contre la dissémination des armes chimiques, ce qui a été partiellement fait. Le dialogue avec nos alliés kurdes dans la lutte contre le terrorisme a été engagé. Et la promesse d’intégrer les différents groupes ou communautés qui composent la Syrie au sein d’un gouvernement représentatif a été tenue.
À présent, il s’agit d’aller plus loin. Le dialogue est extrêmement exigeant. Nous le menons sans aucune naïveté, avec réalisme et lucidité, pour défendre nos intérêts.
Si M. Ahmed al-Charaa est reçu aujourd’hui à Paris, c’est d’abord pour s’assurer que les responsables des massacres qui ont été commis sur la côte occidentale de la Syrie – vous y avez fait référence – contre les communautés chrétiennes, alaouites ou druzes soient traduits devant la justice. C’est aussi pour continuer et approfondir notre coopération dans la lutte contre le terrorisme de Daech, qui est notre priorité depuis dix ans.
M. le président. Il faut conclure, monsieur le ministre délégué.
M. Benjamin Haddad, ministre délégué. En effet, si la Syrie se fracturait et s’effondrait, un tapis rouge serait déroulé au retour de Daech.
M. le président. Il faut vraiment conclure !
M. Benjamin Haddad, ministre délégué. C’est notre seule boussole. Notre pays a une responsabilité dans ce dialogue.
avenir de la filière hydrogène
M. le président. La parole est à M. Michel Canévet, pour le groupe Union Centriste. (Applaudissements sur les travées du groupe UC.)
M. Michel Canévet. En 2018 et, surtout, en 2020, les gouvernements avaient présenté une stratégie nationale ambitieuse pour l’hydrogène décarboné, voulant faire de la France le leader européen en matière d’hydrogène décarboné et d’énergies renouvelables.
Les objectifs quantitatifs ont été accrus en 2023, et de nombreux acteurs économiques se sont lancés dans la production d’hydrogène décarboné. Je pourrais ainsi évoquer, dans le Finistère, l’entreprise H2X Ecosystems, ou, à l’échelle nationale, Forvia, Symbio ou McPhy, qui ont engagé des travaux de production extrêmement significatifs dans la mobilité, un secteur dans lequel la décarbonation, nous le voyons, est particulièrement difficile.
Le gouvernement allemand vient de présenter l’ambition d’une autoroute hydrogène, investissant environ 19 milliards d’euros. En Espagne et en Suède, l’ambition est de produire de l’hydrogène à des conditions particulièrement compétitives.
Dans notre pays des inquiétudes s’expriment actuellement. En effet, on ne sent pas dans le projet de programmation pluriannuelle de l’énergie une volonté de soutenir cette filière, qui pourrait pourtant devenir une filière d’excellence pour la France.
Quelle est la position effective du Gouvernement en la matière ? (Applaudissements sur les travées du groupe UC.)