Mme la présidente. La parole est à M. Damien Michallet, pour la réplique.

M. Damien Michallet. Madame la ministre, nous nous accordons sur l’analyse, mais comprenez néanmoins la frustration du Parlement : cela fait plus de trois mois que nous demandons d’être des acteurs !

Cela étant, vous semblez avoir pris un engagement : celui de revenir devant nous, d’une manière ou d’une autre, pour rouvrir ce débat. C’est précisément ce que nous attendons, car il est absolument nécessaire de remettre ce sujet sur la table.

C’est tout le sens de mes propos. L’image des boîtes jaunes a fonctionné, car elle parle à chacun. Elle a suscité votre réaction – en cela, elle a été utile. Mais ce que nous souhaitons, collectivement, c’est bien une loi postale, un débat, un vote.

Mme la présidente. La parole est à M. Laurent Burgoa. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

M. Laurent Burgoa. Madame la présidente, madame la ministre, mes chers collègues, je remercie la commission des affaires économiques pour l’organisation de ce débat que j’estime nécessaire. La question du service public postal mérite en effet toute notre attention.

En tant que fils de postier, je suis très profondément attaché à La Poste, comme nombre de sénateurs sur l’ensemble de ces travées, non seulement pour ce qu’elle a été, mais aussi pour ce qu’elle pourrait devenir.

Ce service public fait face à un défi immense : le recours au courrier papier continue de diminuer rapidement, ce qui fragilise le modèle économique du service postal. Dans le même temps, l’aide de l’État se réduit ou, du moins, ne répond pas à l’ampleur des besoins.

Nous nous retrouvons face à une équation très difficile : volumes et recettes sont en décrue, tandis que les missions, elles, restent à un niveau égal, voire progressent.

Alors, que faire ? Il faut regarder la réalité en face et accepter qu’une simple augmentation des compensations publiques ne peut pas constituer, à elle seule, une réponse durable. La Cour des comptes l’a clairement souligné dans son rapport de mai 2023, dans lequel elle appelait, à raison, à une redéfinition en profondeur du cadre et du contenu des missions confiées à La Poste.

Il est donc impératif, madame la ministre, de conduire une réflexion aussi ambitieuse que lucide – et cela, dans un cadre démocratique clair, en y associant clairement le Parlement. Le temps presse.

La mission actuelle de La Poste en tant que prestataire du service universel postal arrive à son terme au 31 décembre 2025. Nous savons que le groupe peut encore s’appuyer sur ses compétences, sur ses infrastructures et, surtout, sur son ancrage territorial pour assurer des missions profondément humaines. Mais il faut lui redonner un cap et lui garantir des moyens adaptés.

La diversification des activités de La Poste est aujourd’hui une nécessité vitale. Des initiatives pertinentes ont déjà été lancées : portage de repas à domicile, visites aux aînés isolés ou encore accueil dans les maisons France Services.

Toutes ces missions répondent à un besoin réel des populations, notamment dans les zones rurales ou périurbaines. La Poste est souvent, hélas ! le dernier service public de proximité encore présent dans ces territoires. Et c’est bien cela qu’il faut préserver.

Mes chers collègues, il ne s’agit pas là d’un débat technique, mais d’une discussion de fond sur le rôle que nous voulons confier à La Poste dans les années à venir, sur les moyens que nous voulons lui accorder et sur la manière dont nous concevons le service public postal du XXIe siècle.

Madame la ministre, en tant que dernier orateur de ce débat, je vous le demande comme les précédents intervenants : quelle est la position du Gouvernement sur le projet de loi postale, tant attendu, qui sera prochainement présenté au Parlement ?

Mme la présidente. La parole est à Mme la ministre.

Mme Amélie de Montchalin, ministre auprès du ministre de léconomie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique, chargée des comptes publics. Vous êtes valeureux d’avoir assisté à ce débat jusqu’à son terme : je salue votre persévérance, et je vous remercie pour nos échanges.

Vous le voyez : le Gouvernement ne prévoit ni coup de rabot ni coup de Trafalgar. Au contraire, notre ambition est de donner au groupe La Poste, que les Français connaissent, valorisent et apprécient, les moyens de son ambition et de son développement, et ce dans un cadre transparent et démocratique.

Le moment viendra de réviser notre loi postale. Entretemps, trois échéances me semblent essentielles : la désignation du successeur du président du groupe, Philippe Wahl, que je remercie solennellement pour le travail qu’il a mené depuis douze ans ; le renouvellement du contrat de présence postale associant l’État, La Poste et l’AMF, qui a souhaité que sa révision n’intervienne que dans un délai supplémentaire d’un an ; enfin, le projet de loi postale.

Ces questions soulèvent des enjeux budgétaires, qui seront étudiés lors de l’examen du projet de loi de finances. Je me réjouis donc, à cette occasion, de revenir échanger avec vous sur le partage de l’effort budgétaire et sur les moyens à consacrer à cette mission d’importance dans notre vie quotidienne.

Conclusion du débat

Mme la présidente. En conclusion du débat, la parole est à Mme la présidente de la commission.

Mme Dominique Estrosi Sassone, présidente de la commission des affaires économiques. Je salue l’ensemble de mes collègues qui sont restés jusqu’à la fin de ce débat.

Madame la ministre, je vous remercie pour votre présence et vos interventions, et pour la conscience dont vous avez fait preuve en répondant à chacun des sénateurs avec un souci de transparence, de vérité et de loyauté. Sachez que nous y sommes très sensibles. Jusqu’ici, les propos qui nous avaient été adressés sur le projet de loi postale étaient restés évasifs. En outre, nous n’étions pas certains de recevoir une ministre qui connaisse aussi bien le sujet dans le cadre de ce débat.

Il me semble que l’ensemble de mes collègues sont satisfaits de vos annonces, même si nous attendons désormais qu’elles se concrétisent.

Chacun a reconnu que ce débat sur l’avenir du groupe de La Poste, inscrit à l’ordre du jour par la commission des affaires économiques, était nécessaire et même incontournable. Je me réjouis donc qu’il ait eu lieu, bien que l’on puisse regretter qu’il se soit tenu à une heure si tardive, comme l’a dit Damien Michallet, et que les travées aient été aussi peu fournies.

D’ici au 25 juin prochain, la commission des affaires économiques aura à se prononcer sur la nomination du successeur de Philippe Wahl proposée par le Président de la République. Nous ferons preuve d’une grande attention lors de l’audition qui y sera consacrée, et plusieurs des questions que nous vous avons posées seront probablement soulevées à cette occasion.

À mon tour, je salue le travail colossal qu’a accompli Philippe Wahl. Les sénateurs issus de tous les groupes ont entretenu avec lui des relations de travail constructives, dans un climat de grande transparence, durant douze ans, afin de relever des défis majeurs. Alors que le recours au courrier papier diminuait drastiquement, M. Wahl a su internationaliser et diversifier les activités du groupe.

Chacun ici, en particulier Patrick Chaize et Damien Michallet, qui sont particulièrement impliqués sur ce sujet, a compris qu’une loi postale était attendue. Si nous en ignorons le calendrier, nous savons désormais que ce texte est selon vous nécessaire et que le Parlement ne sera pas contourné dans ce débat fondamental pour nos territoires, nos collectivités locales et l’ensemble de nos concitoyens. Je vous en remercie très sincèrement.

Plus que jamais, le Sénat restera mobilisé sur le devenir du groupe La Poste, auquel il reste particulièrement attaché. (Applaudissements.)

Mme la présidente. Mes chers collègues, nous en avons terminé avec le débat sur l’avenir du groupe La Poste.

6

Ordre du jour

Mme la présidente. Voici quel sera l’ordre du jour de la prochaine séance publique, précédemment fixée à aujourd’hui, mercredi 28 mai 2025 :

À quinze heures :

Questions d’actualité au Gouvernement.

À seize heures trente :

Débat sur le thème « Terres rares et matériaux critiques : quel potentiel dans les territoires français et quelle stratégie pour renforcer notre approvisionnement ? » ;

Débat sur le thème « Quelle politique de protection et d’accompagnement des élèves dans les établissements scolaires, avec quelles modalités de contrôle ? ».

Personne ne demande la parole ?…

La séance est levée.

(La séance est levée le mercredi 28 mai 2025, à zéro heure trente.)

Pour le Directeur des comptes rendus du Sénat,

le Chef de publication

FRANÇOIS WICKER