M. le président. L'amendement n° 1495 rectifié, présenté par M. M. Vallet, Mme Canalès, MM. Bourgi, P. Joly, Cozic, Michau et Lurel, Mme Poumirol, MM. Redon-Sarrazy, Omar Oili et Ros, Mme Bonnefoy, MM. Pla et Temal, Mmes Bélim et G. Jourda, MM. Mérillou, Cardon, Tissot et Bouad, Mmes Rossignol et Conway-Mouret et M. Roiron, est ainsi libellé :

Après l'article 20

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

Dans un délai de six mois à compter de la promulgation de la présente loi, le Gouvernement remet au Parlement un rapport portant sur l'application de l'article 29 de la loi n° 2022-1616 du 23 décembre 2022 de financement de la sécurité sociale pour 2023.

Ce rapport dresse un bilan de l'application des mesures relatives à la santé mentale des jeunes, notamment en milieu rural. Il présente l'état d'exécution des crédits du fonds d'intervention régional (FIR) et des sous-objectifs de l'objectif national de dépenses d'assurance maladie (ONDAM) consacrés à la psychiatrie et à la prévention, et évalue leur impact sur l'accès aux soins de santé mentale des jeunes en milieu rural.

La parole est à Mme Marion Canalès.

Mme Marion Canalès. Par cet amendement, mon collègue Mickaël Vallet réclame la même chose que Mme Le Houerou : un bilan de l'application des mesures relatives à la santé mentale des jeunes en milieu rural.

Sa démarche se fonde également sur le rapport de l'Igas de cette année : ma collègue Annie Le Houerou a souligné la grande vulnérabilité des jeunes ruraux.

On pourrait relier cette demande aux enjeux de lisibilité du FIR ; Mme la ministre y a fait référence voilà quelques instants.

Pour ma part, je la relierai plutôt aux tensions actuelles sur nos missions locales. Si ces dernières sont des acteurs de l'insertion, elles ne font pas que cela.

Nous savons très bien que les missions locales sont là pour lever les freins à l'insertion – c'est leur vocation première –, mais aussi aux mobilités, au logement, à la santé et, de plus en plus, en matière de santé mentale de ces jeunes.

Dans le cadre de l'examen du PLF, nous serons amenés à évoquer largement les missions locales. Certains collègues auront peut-être la tentation, sous couvert de « rationalisation », de les regrouper sur des territoires de plus en plus vastes.

Si c'est le cas, j'alerterai notre Haute Assemblée. J'ai été présidente d'une mission locale dite « urbaine », mais composée de 44 territoires ruraux. Si l'on élargit encore le périmètre des missions locales, celles-ci ne pourront plus mener leurs actions en matière d'insertion, mais également – c'est l'objet de l'amendement de M. Vallet – de santé mentale des jeunes, en particulier de nos jeunes ruraux, qui sont a fortiori plus éloignés des dispositifs.

Cette demande de rapport est donc aussi une manière d'alerter nos collègues sur la santé mentale de nos jeunes dans les territoires ruraux et sur les outils qui permettent de les accompagner.

M. le président. Quel est l'avis de la commission ?

Mme Corinne Imbert, rapporteure. Je laisserai Mme la ministre vous répondre sur l'importance des missions locales. J'ai bien entendu le message qui est exprimé au travers de ces deux amendements tendant à la remise d'un rapport, mais l'objectif visé n'est pas celui du PLFSS en tant que tel.

Vous avez raison, les jeunes ruraux ne sont pas les premiers bénéficiaires de l'action des missions locales, même si ces dernières sont très investies via leurs antennes et ont des équipes très engagées.

Je vous renvoie, chers collègues, au rapport qu'avaient réalisé nos collègues Jean Sol, Daniel Chasseing et Céline Brulin sur la santé mentale, que la commission des affaires sociales avait adopté. Cet excellent rapport, comme tous les travaux que produit le Sénat, vaut tous ceux que l'on pourrait demander dans le cadre du projet de loi de financement de la sécurité sociale.

En conséquence, la commission émet un avis défavorable.

M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?

Mme Stéphanie Rist, ministre. Nous abordons un sujet majeur à fort retentissement, celui de la santé mentale des jeunes. Il existe actuellement 149 maisons des adolescents (MDA). Notre objectif est qu'un de ces établissements au moins soit présent dans chaque département. Nous avons à ce jour atteint 92 % de la couverture et nous poursuivrons les efforts qui ont été réalisés en ce sens.

Les conseils locaux de santé mentale (CLSM), à l'échelle du bassin de vie de la commune, permettent d'établir une cartographie faisant état de l'offre de soins disponible et des délais d'accès.

En outre, 103 projets territoriaux de santé mentale, inclus dans la feuille de route du Gouvernement, permettent d'apporter des réponses pour chaque territoire, sur la base d'un diagnostic local.

Du reste, comme vous le savez, ce projet de loi de financement de la sécurité sociale prévoit de renforcer la pédopsychiatrie à hauteur de 35 millions d'euros en 2026.

Quant à la labellisation des maisons du réseau France santé, elle a pour premier objectif de rendre visibles les points d'accès aux soins. Les jeunes pourront ainsi, quel que soit leur lieu de résidence, y compris en milieu rural, pousser la porte de ces services pour obtenir une réponse à leur demande.

Ce sujet est particulièrement important. Le Gouvernement sait que les missions locales ont leur importance, comme l'a rappelé le ministre du travail devant le Parlement. Il n'empêche que, en l'état, il émet un avis défavorable sur ces amendements.

M. le président. La parole est à Mme Anne-Sophie Romagny, pour explication de vote.

Mme Anne-Sophie Romagny. Je connais la doctrine du Sénat sur les demandes de rapport et je la respecte totalement. Néanmoins, je tenais à apporter mon soutien à ma collègue Canalès.

Étant vice-présidente d'une mission locale exclusivement rurale qui concerne 72 communes, j'observe que de nombreux problèmes se posent en matière de santé mentale. Or ils passent sous les radars, car notre territoire, de toute évidence, n'est pas considéré comme un quartier prioritaire de la politique de la ville (QPV).

Nous devons réellement conduire un travail à la maille sur le sujet de la santé mentale des jeunes, surtout en zone rurale, afin de lever les freins à la mobilité, à l'accès aux soins et au logement qui les tiennent à l'écart, en dépit de nos préoccupations très louables.

M. le président. La parole est à Mme Laurence Rossignol, pour explication de vote.

Mme Laurence Rossignol. L'examen du PLFSS nous permet de parler de santé publique. Si nous demandons des rapports à cette occasion, c'est parce que nous n'avons pas d'autre espace parlementaire pour le faire.

Madame la ministre, au-delà des jeunes en souffrance, ce sont leurs parents qui doivent être pris en charge. Tous les parents qui ont des enfants en grande difficulté – je pense notamment à ceux qui tentent de se suicider – se trouvent seuls et désemparés. Ces deux volets sont indissociables l'un de l'autre.

Je sais bien que le PLFSS alloue cette année des millions d'euros supplémentaires à la pédopsychiatrie, mais cela suffira-t-il ? Il n'est pas normal que les parents d'un gamin – il s'agit le plus souvent d'une fille – qui tente de se suicider n'aient pas les moyens, quarante-huit heures après une mesure d'hospitalisation, de l'adresser dans un parcours de soins. Il va sans dire que cette situation provoque le burn-out et la solitude des parents.

M. le président. La parole est à M. Daniel Chasseing, pour explication de vote.

M. Daniel Chasseing. Dans le cadre de la préparation de notre rapport sur la santé mentale, avec mes collègues Céline Brulin et Jean Sol, nous avons visité des hôpitaux et mené un certain nombre d'auditions. À cette occasion, nous avons constaté qu'il y a aujourd'hui 40 % de pédopsychiatres de moins qu'en 2010. En outre, sur les 1 600 médecins scolaires que le budget prévoit de rémunérer, seuls 700 sont en exercice.

Enfin, on compte moins d'infirmières scolaires et les professionnels des centres médico-psychologiques (CMP) sont débordés.

Au cours de nos travaux, nous avons observé que, dans les Pyrénées-Orientales et en Seine-Maritime, les hôpitaux avaient embauché des infirmiers en pratique avancée (IPA) formés à la psychiatrie. Il se trouve que ces derniers apportent une aide précieuse aux équipes mobiles des CMP.

Après la parution de notre rapport, j'ai modestement élaboré un amendement visant à ce que le Gouvernement propose que les hôpitaux procèdent à des embauches, sans les imposer, afin d'assurer une meilleure prise en charge de la santé mentale. Or cet amendement a été rejeté : voilà pourquoi je souhaitais de nouveau l'évoquer dans le cadre de cette explication de vote.

M. le président. La parole est à Mme Céline Brulin, pour explication de vote.

Mme Céline Brulin. Ces demandes récurrentes de rapport sont, pour chacun d'entre nous, une manière de mettre en lumière certains sujets de santé publique. À cet égard, je constate que la santé mentale, notamment celle des jeunes, préoccupe bon nombre de sénateurs.

La santé mentale a été déclarée grande cause nationale par l'exécutif en 2025. Pourtant, et cela me chagrine, alors que nous approchons de la fin de l'année, ce PLFSS n'est pas celui que nous attendions pour traduire en actes cet engagement.

La ministre a certes rappelé que 35 millions d'euros seraient alloués à la pédopsychiatrie en 2026. Toutefois, le montant de cette enveloppe, rapporté à la centaine de départements que compte notre pays, n'est pas tout à fait à la hauteur.

Daniel Chasseing l'a dit, les délais d'attente dans les CMP sont insupportables pour les familles. Certains malades font un séjour aux urgences, puis se retrouvent livrés à eux-mêmes. On les renvoie chez eux avec quelques médicaments en poche, en leur disant : « Débrouillez-vous ! »

Beaucoup de problèmes dans notre société ont un lien avec l'état de santé mentale de l'ensemble de la population, en particulier les jeunes. D'où la nécessité d'un investissement beaucoup plus important.

Chacun d'entre nous – je pense surtout à vous, madame la ministre – doit œuvrer à redonner ses lettres de noblesse à la psychiatrie, qui compte aujourd'hui parmi les spécialités les moins choisies par les jeunes médecins.

À ce jour, beaucoup d'établissements manquent terriblement de psychiatres et de pédopsychiatres. Dans ces conditions, veillons à ce que cette grande cause nationale qu'est la santé mentale ne soit pas uniquement un supplément d'âme et se traduise concrètement.

M. le président. La parole est à M. Jean Sol, pour explication de vote.

M. Jean Sol. Je veux compléter les propos de Daniel Chasseing et de Céline Brulin, avec lesquels j'ai réalisé ce rapport sur la santé mentale qui nous a beaucoup appris. Certes, celle-ci a été érigée en grande cause nationale, mais, comme nous l'avons indiqué dans le titre de notre rapport, il n'existe « pas de "grande cause" sans grands moyens ».

Madame la ministre, au-delà de cet amendement qui concerne à juste titre la santé mentale des jeunes – le suicide est la première cause de décès chez les jeunes –, nous devons veiller à protéger les adultes et nos aînés. Toutes les catégories socioprofessionnelles sont en réalité concernées.

Notre rapport avait relevé un manque d'hétérogénéité dans la prise en charge des patients par les CMP, en fonction des départements : dans certains territoires, les rendez-vous en CMP peuvent être obtenus en trois mois ; dans d'autres, les malades doivent attendre plus d'un an. Vous conviendrez que cela n'est pas admissible et qu'il faut agir.

Les conseils locaux de santé mentale qu'a évoqués Mme la ministre jouent un rôle important sur notre territoire. Cependant, eu égard à la pénurie de psychiatres et de pédopsychiatres, on ne peut que s'interroger sur la prise en charge effective de l'ensemble des problèmes de santé mentale.

C'est la raison pour laquelle nous devons encourager le développement des parcours d'IPA, en nous assurant qu'une formation en matière de santé mentale est bien dispensée.

M. le président. La parole est à Mme la ministre.

Mme Stéphanie Rist, ministre. Je vous remercie d'avoir évoqué les IPA, en faveur desquels vous connaissez mon engagement. Sur les 2 400 IPA que compte notre pays, 600 exercent en psychiatrie. De toute évidence, ce nombre n'est pas suffisant et il faut encore l'augmenter.

Nous savons combien l'intervention des IPA est efficace sur le terrain, en coordination avec les médecins traitants et les psychiatres du territoire. La qualité de la prise en charge et de l'accès aux soins s'en trouve améliorée. Compte tenu de ces éléments, vous pouvez compter sur mon engagement pour augmenter le nombre d'IPA formés dans notre pays.

Mme Rossignol a raison : l'accompagnement ne peut être utile que si la prise en charge concerne à la fois les enfants malades et leurs parents, notamment lorsqu'il s'agit d'adolescents.

Vous l'avez dit, l'année 2025 est celle de la santé mentale. Que cela ne nous fasse pas oublier l'année suivante, ainsi que celles qui précèdent. Je rappelle en effet que le financement, après avoir beaucoup diminué, a été largement rehaussé ces cinq dernières années. Encore une fois, il faut poursuivre les efforts qui ont été engagés en ce domaine.

La feuille de route sur la santé mentale et la psychiatrie doit nous permettre de mieux détecter les jeunes en difficulté et de leur proposer une meilleure prise en charge, afin d'assurer leur récupération et reconstruction. C'est précisément sur ce sujet que le Gouvernement travaille.

Par ailleurs, je souhaite relancer le comité interministériel sur la santé mentale. J'espère, dans ce cadre, pouvoir proposer des avancées très concrètes d'ici à la fin de l'année.

M. Sol l'a rappelé, la prise en charge diffère selon les départements. Cela peut être lié à plusieurs éléments, comme la démographie et l'engagement. Quelquefois, les projets sont conduits sur l'initiative des CPTS.

Il faut aussi pouvoir compter sur l'accompagnement des agences régionales de santé, qui sont capables de lancer une dynamique sur ces sujets.

Du reste, les différences de prise en charge peuvent aussi dépendre des compétences exercées par les départements.

Je ne doute pas que vous reviendrez sur cette question dans le cadre de ce budget.

M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 783 rectifié.

(L'amendement n'est pas adopté.)

M. le président. Je mets aux voix l'amendement n° 1495 rectifié.

(L'amendement n'est pas adopté.)

M. le président. Je suis saisi de deux amendements identiques.

L'amendement n° 555 rectifié bis est présenté par Mme Deseyne, M. Milon, Mme Lassarade, M. de Nicolaÿ, Mme Richer, MM. Bonhomme, Panunzi, H. Leroy et Lefèvre, Mme Gosselin, M. Piednoir, Mme Bellamy, MM. Houpert et Burgoa, Mmes Muller-Bronn et Malet, M. Grosperrin, Mmes Evren, Bonfanti-Dossat et Canayer, M. Genet, Mmes Aeschlimann et Pluchet et M. Gremillet.

L'amendement n° 856 rectifié bis est présenté par MM. Iacovelli, Buis et Rambaud et Mmes Schillinger et Havet.

Ces deux amendements sont ainsi libellés :

Après l'article 20

Insérer un article additionnel ainsi rédigé :

Dans un délai de six mois à compter de la promulgation de la présente loi, le Gouvernement remet au Parlement un rapport évaluant l'impact de l'obésité sur les branches de sécurité sociale, notamment au regard des coûts associés à l'obésité et ses complications, des dépenses liées aux indemnités journalières et aux arrêts de travail, et des effets de cette pathologie sur les cotisations sociales. Ce rapport identifie les leviers de prévention et d'accompagnement susceptibles de limiter l'impact financier de l'obésité sur le système de protection sociale.

La parole est à Mme Chantal Deseyne, pour présenter l'amendement n° 555 rectifié bis.

Mme Chantal Deseyne. Nous souhaiterions connaître l'impact de l'obésité sur l'ensemble de nos comptes sociaux, afin de mieux alerter le public, car nous ne disposons que d'informations relativement parcellaires sur ce sujet.

Ainsi, nous demandons au Gouvernement de nous remettre un rapport. Celui-ci permettra d'identifier les leviers de prévention et d'accompagnement de l'obésité.

Toutefois, je sais d'avance quel sera l'avis de la commission sur cet amendement, compte tenu de sa position constante. C'est pourquoi je le retire, monsieur le président.

M. le président. L'amendement n° 555 rectifié bis est retiré.

La parole est à M. Xavier Iacovelli, pour présenter l'amendement n° 856 rectifié bis.

M. Xavier Iacovelli. Pour ma part, je ne retirerai pas mon amendement, car je pense qu'il est très important d'avoir des données chiffrées sur les conséquences économiques et sociales de l'obésité.

L'obésité n'est pas seulement un problème de santé publique, elle a aussi des impacts significatifs sur notre système de protection sociale : elle augmente le nombre et la durée des arrêts de travail, complique la reprise d'activité et réduit la participation des individus concernés au financement des régimes sociaux.

Selon plusieurs études soutenues par la Ligue nationale contre l'obésité, le Collectif national des associations d'obèses (CNAO) et le Cercle de recherche et d'analyse sur la protection sociale (Craps), les coûts indirects de l'obésité – qui incluent les indemnités journalières, les arrêts de travail, les dépenses liées aux maladies chroniques et les pertes de production – représenteraient plusieurs milliards d'euros chaque année.

Hier, nous disions déjà que 125 milliards d'euros sont déboursés pour le traitement des maladies liées à l'obésité et au surpoids. En outre, les recettes de la sécurité sociale sont affectées en raison d'une activité professionnelle réduite et de parcours d'emploi plus discontinus.

Dans un contexte de prévalence croissante de l'obésité, il est essentiel de disposer d'une analyse complète et consolidée de son impact sur les dépenses et les recettes de notre système social.

Le rapport demandé permettra aux pouvoirs publics, notamment le Parlement et le Gouvernement, de mieux comprendre les déterminants économiques et sociaux de l'obésité. Il contribuera à identifier les leviers efficaces de prévention et d'accompagnement, afin de limiter le coût collectif de cette maladie.

Je rappelle que la Haute Autorité de santé et l'Organisation mondiale de la santé considèrent l'obésité comme une maladie multifactorielle. Or notre pays ne la reconnaît toujours pas comme affection de longue durée, si bien qu'elle n'est pas prise en charge à 100 % par la sécurité sociale.

Bref, ce rapport sera un outil de connaissance et de pilotage indispensable. Il nous aidera non seulement à agir de manière éclairée et stratégique contre l'obésité et ses conséquences économiques et sociales, mais aussi à soutenir notre modèle social.

Il est important que le législateur que nous sommes dispose de données fiables et chiffrées – j'insiste sur ce point, même si la commission émettra un avis défavorable.

M. le président. Quel est l'avis de la commission ?

Mme Corinne Imbert, rapporteure. Je remercie Chantal Deseyne d'avoir retiré son amendement, malgré l'intérêt qu'elle porte au sujet de l'obésité. Nos collègues l'ont rappelé, l'obésité est un véritable enjeu de santé publique, mais pas seulement.

Je rappelle que l'assurance maladie développe des actions de prévention. En témoigne le dispositif « Mission : retrouve ton cap », qui vise à prévenir le surpoids et l'obésité chez les enfants et les jeunes adultes.

Il y a quelques années, l'assurance maladie n'était pas la seule à s'engager sur ces questions. Ainsi, la Mutualité sociale agricole (MSA) avait mis en place, dans les écoles, le programme « Bien manger, bien bouger », qui constituait une opération de sensibilisation très utile.

En outre – Mme la ministre en parlera sûrement –, le ministère chargé de la santé a publié en 2023 un rapport formulant plusieurs recommandations pour améliorer la prévention et la prise en charge de l'obésité en France.

Vous avez raison, il y a un sujet de prise en charge au quotidien des personnes obèses ou présentant un risque de morbidité important. L'accompagnement et le transport des individus concernés pour subir des examens, entre autres, peuvent poser problème.

Nous avons véritablement intérêt à nous pencher sur cette question, même si nous parlons de cas extrêmes. En attendant, les actions de sensibilisation dans les écoles doivent être plus fréquentes pour assurer que les enfants se nourrissent bien et bougent suffisamment et ne tombent pas dans l'obésité.

Je vous remercie de nous alerter sur l'ensemble de ces problèmes. Reste que la commission émet un avis défavorable.

M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?

Mme Stéphanie Rist, ministre. J'aurai l'occasion, en décembre prochain, de présenter les résultats de la feuille de route sur l'obésité que mes prédécesseurs avaient lancée l'été dernier, après avoir travaillé avec la médecin Judith Aron, une spécialiste du sujet.

Nous serons ainsi en mesure de renforcer l'offre, de mieux coordonner les parcours et d'améliorer la prise en charge des maladies associées, en ciblant en particulier les jeunes. Je sais l'intérêt que vous portez à ce sujet important.

Du reste, un travail est actuellement mené sur le transport des personnes en situation d'obésité. Je relève, cette année, qu'un nombre moins important d'amendements ont été déposés sur ce sujet. Cela montre que les acteurs se sont concertés pour avancer.

Compte tenu de ces éléments, le Gouvernement sollicite le retrait de cet amendement ; à défaut, il émettra un avis défavorable.

M. le président. La parole est à M. Bernard Jomier, pour explication de vote.

M. Bernard Jomier. Au travers de son amendement, Chantal Deseyne demande d'identifier des leviers de prévention. Je vous invite, chers collègues, à vous pencher sur le Nutri-score. Une abondante littérature scientifique a prouvé qu'il était efficace en matière de prévention.

M. Olivier Rietmann. Il est une catastrophe, vous voulez dire !

M. Bernard Jomier. Le Nutri-score n'est ni une interdiction ni une taxe. Je n'aurai pas la cruauté de vous rappeler que les groupes UC et Les Républicains ont voté, vendredi, par scrutin public, contre les amendements visant à rendre obligatoire l'affichage du Nutri-score.

Mme Sophie Primas. Pour de bonnes raisons !

M. Bernard Jomier. Je n'ai aucun problème avec votre demande de rapport. Néanmoins, celui-ci conclura que nous disposons déjà d'un outil qui fonctionne très bien. Bref, je vous invite à y réfléchir, mes chers collègues ! (Mme Sophie Primas s'exclame.)

M. le président. La parole est à Mme Marion Canalès, pour explication de vote.

Mme Marion Canalès. Il est évident qu'il faut des actions de sensibilisation, comme le dispositif « Bien manger, bien bouger », et des actions de prévention, comme le Nutri-score, qui constitue un parfait outil.

Mais n'oublions pas les débats que nous avons eus dans la nuit de jeudi à vendredi concernant le sucre dans l'alimentation. Xavier Iacovelli est parfaitement cohérent avec l'amendement qu'il avait alors défendu, celui qui visait à instaurer une taxe sur les sucres ajoutés dans les produits alimentaires destinés aux nourrissons et aux enfants âgés de 1 à 3 ans.

Nous nous réjouissons que sa proposition ait été adoptée ; encore faut-il qu'elle soit maintenue au cours de la navette. Je rappelle toutefois que cet amendement ne concerne pas tous les produits alimentaires.

On aura beau inciter les enfants de 7 ans – ceux en classe de CE1 – à manger sainement et à bouger suffisamment, la responsabilité du sucre dans le fléau de l'obésité continuera d'exister. À cet égard, je regrette que le Sénat, au cours de ces débats, n'ait pas suffisamment avancé en matière de fiscalité comportementale pour faire bouger les industriels.

M. le président. La parole est à M. Xavier Iacovelli, pour explication de vote.

M. Xavier Iacovelli. En fin de compte, je vais retirer cet amendement, car je sais le sort qu'il lui sera réservé. Mme la rapporteure a raison d'affirmer que la prévention est nécessaire, mais il y a aussi du vrai dans ce que dit notre collègue Canalès : on aura beau mettre en place tous les dispositifs de prévention que l'on souhaite, celle-ci ne fonctionnera jamais si nous ne garantissons pas une alimentation saine.

Au-delà de cette question, le rapport que nous demandons permettrait d'évaluer les conséquences économiques de la prise en charge, éventuellement à 100 %, d'un certain nombre de maladies liées à l'obésité.

La question du transport des personnes obèses a été évoquée. Chantal Deseyne et moi-même étions allés visiter un centre destiné à la prise en charge des personnes atteintes d'obésité. À cette occasion, nous avions constaté qu'un trajet en ambulance bariatrique entre Montreuil et l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière, distants d'à peine six kilomètres, coûtait 1 600 euros ! C'est un scandale !

Il y a un véritable travail à faire en ce domaine. Le Gouvernement doit s'engager non seulement à réguler ces transports, mais aussi à nous fournir les éléments économiques et sociaux de l'impact réel de l'obésité. Ce n'est que comme cela que nous pourrons mener les actions qui s'imposent pour lutter contre cette maladie.

M. le président. La parole est à Mme Laure Darcos, pour explication de vote.

Mme Laure Darcos. J'appelle votre attention, madame la ministre, sur le fait que, depuis trois ans, le dispositif « 30 minutes d'activité physique quotidienne », destiné à tous les élèves de l'enseignement primaire et secondaire, n'est absolument pas appliqué.

Ce dispositif visait, dans la veine de la préparation des jeux Olympiques, à sensibiliser les élèves au surpoids. On essaie d'ailleurs d'en faire autant vis-à-vis des parents, en organisant des jeux de piste qui ont lieu pendant le week-end.

Les professeurs qui se sont saisis du dispositif – sachant que ces trente minutes peuvent être fractionnées – considèrent que les enfants ont une bien meilleure concentration lors des activités scolaires. Pourtant, personne ne l'a mentionné : j'ai l'impression qu'il est passé aux oubliettes, noyé dans la pile des autres dispositifs.

En conséquence, soit nous le supprimons, soit nous l'imposons aux établissements scolaires, mais nous ne pouvons pas nous contenter d'un entre-deux.

M. le président. L'amendement n° 856 rectifié bis est donc retiré.

Mes chers collègues, nous allons maintenant interrompre nos travaux ; nous les reprendrons à quatorze heures trente.

La séance est suspendue.

(La séance, suspendue à douze heures cinquante-cinq,

est reprise à quatorze heures trente, sous la présidence de Mme Anne Chain-Larché.)