Mme la présidente. Je mets aux voix les amendements identiques nos 1191 et 1390.
(Les amendements ne sont pas adoptés.)
Mme la présidente. Je suis saisie de quatre amendements et d'un sous-amendement faisant l'objet d'une discussion commune.
L'amendement n° 1373 rectifié, présenté par Mme Berthet, M. Belin, Mmes Aeschlimann et Belrhiti, MM. Lefèvre et H. Leroy, Mme Petrus et MM. Saury, Sido et Somon, est ainsi libellé :
Alinéa 22
Supprimer cet alinéa.
La parole est à Mme Martine Berthet.
Mme Martine Berthet. Je le retire.
Mme la présidente. L'amendement n° 1373 rectifié est retiré.
Les deux amendements suivants sont identiques.
L'amendement n° 656 rectifié est présenté par Mme Imbert, au nom de la commission des affaires sociales.
L'amendement n° 757 rectifié bis est présenté par Mmes Bourguignon et Guidez, MM. Dhersin, Henno, Levi et Pillefer, Mme Billon, M. Canévet, Mme de La Provôté, MM. Duffourg et Haye et Mmes Patru, Vermeillet, Sollogoub et Antoine.
Ces deux amendements sont ainsi libellés :
I. – Alinéa 22
Rédiger ainsi cet alinéa :
3° Le dernier alinéa du I de l'article L. 5125-4 est complété par les mots : « ou pour la création d'une seule antenne par le ou les pharmaciens titulaires d'une officine d'une commune limitrophe ou d'une officine parmi les plus proches géographiquement » ;
II. – Compléter cet article par un paragraphe ainsi rédigé :
…. – Le 3° du II entre en vigueur le 1er juillet 2027.
La parole est à Mme la rapporteure, pour présenter l'amendement n° 656 rectifié.
Mme Corinne Imbert, rapporteure. Cet amendement tend à réajuster le dispositif envisagé par le Gouvernement pour autoriser l'ouverture d'antennes d'officines dans la limite d'une antenne par officine, plutôt que de permettre l'ouverture de nouvelles officines.
Cette réponse apparaît plus adaptée ; elle préserve la structure et la solidité du réseau officinal. L'encadrement proposé permet, par ailleurs, de protéger le secteur officinal d'une progression de la financiarisation, puisque cet amendement tend à limiter la possibilité de création à une seule antenne par pharmacie. Il n'est ainsi pas question que des enseignes ouvrent plusieurs antennes dans notre pays.
Enfin, il est prévu d'appliquer ces dispositions à partir du 1er juillet 2027, dans l'attente du déploiement des antennes en cours à titre expérimental.
Nous avons voté, tout à l'heure, l'élargissement de l'expérimentation à l'échelle nationale. C'est pourquoi je laisse passer un peu plus d'un an pour que cette expérimentation s'achève – de manière concluante, je l'espère – avant d'inscrire le dispositif dans la loi.
Mme la présidente. La parole est à Mme Brigitte Bourguignon, pour présenter l'amendement n° 757 rectifié bis.
Mme Brigitte Bourguignon. Je rejoins les propos de Mme la rapporteure, même si j'ai défendu l'amendement n° 1002 rectifié de Bernard Delcros.
Je suis disposée à entendre qu'on ne souhaite pas d'assouplissement pour les créations d'officines dans les territoires les plus en difficulté. Toutefois, je sais que, dans nos villages, la priorité n'est pas de créer des officines, mais surtout de ne pas perdre la dernière présence pharmaceutique locale.
En ouvrant des officines classiques là où l'activité n'est pas suffisamment viable, ne courons-nous pas le risque de leur fermeture ?
M. Jean-Baptiste Lemoyne. Exactement !
Mme Brigitte Bourguignon. Les antennes rattachées à une officine existante constituent donc une solution de terrain plus souple : un comptoir, un pharmacien référent et un modèle économique solide.
Cet amendement ne complique en rien la situation qui a été évoquée ; il tend à préciser et à sécuriser le dispositif de l'article 21. Peut-être permettra-t-il d'apporter la preuve de l'utilité de cette mesure.
Mme la présidente. Le sous-amendement n° 832 rectifié ter, présenté par Mmes Guillotin, M. Carrère et Pantel, MM. Bilhac, Cabanel et Daubet, Mme N. Delattre, MM. Fialaire, Gold, Grosvalet et Guiol, Mme Jouve, MM. Masset et Roux et Mme Girardin, est ainsi libellé :
Amendement n° 656 rectifié, Alinéa 3
I. – Remplacer le mot :
Le
par le mot :
Au
II. – Remplacer les mots :
est complété par
par les mots :
, après le mot : « voie », sont insérés les mots : « de création, » et sont ajoutés
La parole est à Mme Véronique Guillotin.
Mme Véronique Guillotin. Ce sous-amendement tend à rétablir les deux possibilités : la création d'une antenne ou celle d'une officine.
J'ai entendu les remarques de Mme la rapporteure, mais ce dispositif est conforme à la proposition de loi tendant à préserver l'accès aux pharmacies dans les communes rurales que Maryse Carrère avait déposée et qui a été votée dans cet hémicycle en avril 2024.
Mme la présidente. L'amendement n° 852 rectifié sexies, présenté par MM. Lévrier, Lemoyne, Chasseing et Khalifé, Mmes Schillinger, Duranton et Havet, MM. Buis et Rambaud et Mme Lermytte, est ainsi libellé :
I. – Après l'alinéa 22
Insérer un alinéa ainsi rédigé :
3° bis Le dernier alinéa du I de l'article L. 5125-4 est complété par les mots : « ou pour la création d'une antenne par l'un des pharmaciens titulaires d'une officine d'une commune limitrophe ou d'une officine parmi les plus proches géographiquement, dans la limite d'une antenne par officine » ;
II. – Compléter cet article par un paragraphe ainsi rédigé :
…. – Les 3° et 3° bis du II entrent en vigueur le 1er janvier 2027.
La parole est à M. Martin Lévrier.
M. Martin Lévrier. Il s'agit sensiblement de la même proposition. Je souhaite simplement m'assurer que, pour les communes de moins de 2 500 habitants, s'il existe une officine, celle-ci puisse être remplacée soit par une antenne, soit par une nouvelle officine.
J'avais en effet le sentiment, à l'écoute des propos de Mme la rapporteure, que je respecte profondément au demeurant, que seule une antenne était envisageable. Il serait regrettable, me semble-t-il, de se limiter à cette solution.
Mme la présidente. Quel est l'avis de la commission ?
Mme Corinne Imbert, rapporteure. L'amendement que j'ai présenté remplace effectivement la création d'officines par la création d'antennes d'officines, vous l'avez compris.
J'émets par conséquent un avis défavorable sur le sous-amendement n° 832 rectifié ter, ainsi que sur l'amendement n° 852 rectifié sexies.
Mme la présidente. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Stéphanie Rist, ministre. Je suis favorable à la coexistence des deux dispositifs.
Vous connaissez mon attachement aux antennes ; je considère qu'il s'agit du modèle le plus efficace. Il n'en demeure pas moins que, dans certains cas, la création d'une officine de plein exercice peut s'avérer nécessaire dans une commune de moins de 2 500 habitants.
Par conséquent, je serai favorable aux amendements nos 656 rectifié et 757 rectifié bis de Mmes Imbert et Bourguignon, à la condition qu'ils soient modifiés par l'adoption du sous-amendement n° 832 rectifié ter.
Si tel n'était pas le cas, mon avis serait alors défavorable.
Mme la présidente. La parole est à Mme la rapporteure.
Mme Corinne Imbert, rapporteure. Je ne souhaite pas relancer le débat, mais j'ai foi dans le dispositif des antennes d'officines. Je considère qu'il constitue le meilleur outil pour assurer le service et l'accès aux soins, notamment aux médicaments, dans ces communes de moins de 2 500 habitants désormais dépourvues d'officines.
Cela renvoie à la question essentielle posée par Bernard Jomier : pourquoi n'y a-t-il plus d'officines dans ces communes ? Aujourd'hui, des pharmacies proposées à l'euro symbolique ne trouvent pas de repreneur ; nous devons en avoir conscience.
Dès lors, si demain quelqu'un crée une officine et que son modèle économique se révèle défaillant, qu'adviendra-t-il ? Elle fermera, sera rachetée et transférée. Le territoire n'y aura rien gagné.
À l'inverse, une antenne garantira, à mon sens, la pérennité de l'accès aux médicaments dans un territoire donné. Posez-vous la question des raisons de la disparition des pharmacies ! (Mme Brigitte Bourguignon s'exclame.) Notre objectif est bien d'assurer la pérennité de l'accès aux médicaments.
Mme la présidente. La parole est à M. Cédric Vial, pour explication de vote.
M. Cédric Vial. Ce sujet est très important. L'objectif demeure de faciliter l'accès aux soins, singulièrement dans les territoires ruraux. Or certains d'entre eux, très vastes, ne comptent aucune commune de 2 500 habitants et il est nécessaire d'y maintenir une offre, car la population globale est supérieure à ce seuil, bien qu'aucune commune ne l'atteigne isolément, je le redis.
Mme Anne-Sophie Romagny. Eh oui !
M. Cédric Vial. J'entends la nécessité de ne pas déstabiliser un maillage territorial vieux de quatre-vingts ans. Comme je l'indiquais, la situation a été figée : les officines existantes dans les petites communes peuvent perdurer.
Toutefois, si nous ne prenons pas en compte l'impossibilité actuelle de remplacer une pharmacie qui disparaît dans l'une de ces communes, nous brisons ce maillage. Pour le préserver, il est impératif d'autoriser la réinstallation d'une pharmacie dans ces localités, naturellement sous certaines conditions.
Nous modifions ici l'article L. 5125-4 du code de la santé publique, lequel conditionne l'installation à une desserte d'au moins 2 500 habitants.
Une complexité demeure, madame la ministre : la justification de ce chiffre. Il s'appuie en substance sur le nombre de cartes Vitale. Or cette donnée protégée est détenue par l'administration, et non par le pétitionnaire souhaitant s'implanter.
Je suis également favorable aux amendements de Mmes Imbert et Bourguignon modifiés par le sous-amendement de Mme Guillotin.
Bien que soutenant le principe des antennes de pharmacie, je considère que celles-ci ne sauraient constituer l'unique solution. L'installation d'une officine de plein exercice doit rester possible. Le droit actuel autorise l'installation par transfert ; la création représente une facilitation supplémentaire.
À la rigueur, je me rangerais à la proposition de Mme la rapporteure si vous pouviez nous assurer, madame la ministre, de votre vigilance pour rendre possibles les implantations par transfert.
Actuellement, dans les territoires, les ARS, ainsi que l'ordre et les syndicats de pharmaciens consultés, émettent systématiquement un avis négatif. Pouvons-nous obtenir l'assurance de cette facilitation ? À défaut, il nous faudra voter en faveur de la création d'officines.
Mme la présidente. La parole est à Mme Véronique Guillotin, pour explication de vote.
Mme Véronique Guillotin. J'entends bien l'argument de la plus grande facilité et de la stabilité économique de l'antenne. Cela m'évoque les maisons de santé : nous évoluons vers ce modèle qui, à l'évidence, me semble devoir être promu ; pour autant, il demeure, dans certains lieux, des médecins, même jeunes, qui font le choix de s'installer seuls.
Si je connais peut-être moins le monde de la pharmacie que le secteur médical, je rappelle tout de même qu'il s'agit de professionnels indépendants. Celui qui s'installe a conscience de la responsabilité individuelle qu'implique l'exercice isolé ; ce n'est pas une collectivité qui procède à son installation.
J'entends donc les objections, mais, en adepte de la liberté, j'estime qu'il faut tenter de faire coexister les deux dispositifs.
Mme la présidente. La parole est à Mme la rapporteure.
Mme Corinne Imbert, rapporteure. Je souhaite apporter une précision concernant la teneur du texte et de l'article auquel notre collègue Cédric Vial faisait allusion.
Le droit en vigueur autorise aujourd'hui la création, par voie de transfert ou de regroupement, d'une officine dans une commune de moins de 2 500 habitants, dès lors qu'elle dessert une population d'au moins 2 500 habitants. Il ne s'agit donc pas de la population municipale stricto sensu, mais bien de la population desservie.
Nous proposons d'ajouter la possibilité de créer une antenne par une officine d'une commune limitrophe ou parmi les plus proches géographiquement. La rédaction que je vous soumets n'écrase donc pas le texte actuel ; elle s'inscrira dans le droit à compter du 1er juillet 2027, à l'issue de l'expérimentation des antennes de pharmacie.
Cette proposition ne revient nullement sur la possibilité de création par voie de transfert ou de regroupement dans les communes de 2 500 habitants ayant perdu une officine, puisque c'est bien ce sujet qui se trouve au cœur du débat.
Mme la présidente. La parole est à M. Martin Lévrier, pour explication de vote.
M. Martin Lévrier. Il s'agit avant tout d'un problème de compréhension dans la présentation. Mon amendement et le sous-amendement de Mme Guillotin sont quasiment identiques.
À la rigueur, je consens à modifier mon amendement pour qu'il corresponde à la proposition de Mme Guillotin, mais la nuance qui anime notre débat m'échappe complètement. Sur le fond, il me semble important de conserver les deux possibilités dont on parle.
Mme la présidente. La parole est à M. Daniel Chasseing, pour explication de vote.
M. Daniel Chasseing. Ne serait-il pas possible de prévoir que, lors du rachat d'une licence, l'acquéreur serait obligé, dans certains cas et en fonction du nombre d'habitants, de maintenir une antenne ?
Mme la présidente. La parole est à Mme Anne-Sophie Romagny, pour explication de vote.
Mme Anne-Sophie Romagny. J'ai déposé un amendement sur le même sujet qui sera examiné un peu plus tard, mais je souhaite intervenir dès à présent, parce que la question est importante.
Je citerai un cas très précis de mon département, la Marne. Depuis le début de cette discussion, alors que nous évoquons ces transferts, l'exemple de cette commune me vient à l'esprit : il s'agit d'une localité de moins de 2 500 habitants, dont le médecin a fait valoir ses droits à la retraite.
La pharmacienne qui y est installée souhaite en conséquence transférer son activité, c'est-à-dire déménager, vers une autre commune de moins de 2 500 habitants, faute de commune de 2 500 habitants à la ronde, car elle risque d'être contrainte de fermer en l'absence d'un médecin.
Elle voudrait simplement déplacer sa pharmacie de huit kilomètres, dans une commune de 938 habitants exactement qui dispose d'une maison de santé pluriprofessionnelle (MSP), d'un cabinet de kinésithérapie et, désormais, d'une crèche.
L'officine actuelle ne se situe pas sur l'axe pendulaire du secteur. Par conséquent, les patients n'effectuent pas le détour nécessaire de dix minutes pour récupérer leurs médicaments au sortir de la consultation médicale.
Cette pharmacienne souhaite donc simplement déménager sa structure à huit kilomètres, dans une commune de moins de 2 500 habitants, alors qu'elle exerce déjà dans une commune de la même strate. Or l'ARS lui oppose une fin de non-recevoir.
J'entends les débats, mais il est question ici d'une officine existante, vouée à la fermeture, car elle manque d'un flux suffisant. Si elle s'installait huit kilomètres plus loin, à côté de la MSP, elle assurerait sa viabilité. Elle demande juste à pouvoir déménager et cela lui est refusé. La situation est infernale !
Nous sommes en milieu rural ; j'entendais notre collègue Vial souligner tout à l'heure que nous ne disposons pas nécessairement de communes de 2 500 habitants à proximité. La loi doit tenir compte de ces cas. Nos territoires sont très hétérogènes, ils ne comptent pas systématiquement de grosses communes.
Mme la présidente. La parole est à Mme la ministre.
Mme Stéphanie Rist, ministre. Dans l'idée de répondre précisément à ces sollicitations et de tenter d'avancer vers un compromis, je sollicite une courte suspension de séance.
Mme la présidente. Mes chers collègues, nous allons interrompre nos travaux pour quelques instants.
La séance est suspendue.
(La séance, suspendue à dix-sept heures cinquante, est reprise à dix-huit heures.)
Mme la présidente. La séance est reprise.
La parole est à M. Martin Lévrier, pour explication de vote.
M. Martin Lévrier. Compte tenu des explications qui ont été données, je comprends les difficultés que pose le dispositif que je proposais d'introduire.
Je retire donc l'amendement n° 852 rectifié sexies, madame la présidente, et j'apporte mon soutien au sous-amendement de Mme Guillotin, car il me paraît important que la création d'officines soit possible. Si nous ne permettons plus que l'ouverture d'antennes, il ne sera pas possible de revenir en arrière.
Mme Véronique Guillotin. Nous sommes d'accord !
Mme Stéphanie Rist, ministre. Pour que les choses soient parfaitement claires, la rapporteure vous propose de généraliser la possibilité d'ouvrir des antennes, ce qui ne pose pas de difficulté.
Si cet amendement est adopté seul, il ne sera en revanche pas possible de créer une nouvelle officine dans les communes de moins de 2 500 habitants.
Mme la présidente. La parole est à M. Jean-Baptiste Lemoyne, pour explication de vote.
M. Jean-Baptiste Lemoyne. Les termes du débat sont clairs : faut-il, dans les communes de moins de 2 500 habitants, permettre uniquement l'ouverture d'antennes d'officines ou bien y autoriser aussi, en sus de ces antennes, la création de nouvelles officines ?
Le Sénat est la chambre des territoires et je crois que, sur toutes les travées, nous avons à cœur, mes chers collègues, de faire confiance au terrain et à l'analyse locale pour trouver les meilleures solutions.
C'est pourquoi j'estime qu'il ne faut se priver d'aucun outil : dans certains territoires, l'ouverture d'une antenne sera la bonne solution, tandis que, dans d'autres, ce sera la création d'une nouvelle officine, le cas échéant la réouverture d'une officine précédemment fermée.
Il me paraît donc important de laisser ces deux options ouvertes. Faisons confiance aux élus, aux professionnels et aux ordres.
Mme la présidente. La parole est à Mme Frédérique Espagnac, pour explication de vote.
Mme Frédérique Espagnac. La possibilité d'ouvrir des antennes me paraît indispensable – elle est d'ailleurs demandée par de nombreux pharmaciens pour préserver l'équilibre économique de leur officine.
Comme Jean-Baptiste Lemoyne, je souhaite insister sur la confiance qui doit être accordée aux territoires. En tant que vice-présidente de l'Association nationale des élus de la montagne (Anem), je puis témoigner des grandes difficultés que rencontrent certains territoires qui ne peuvent pas rouvrir leur officine.
Le dispositif France Ruralités Revitalisation (FRR), sur lequel Bernard Delcros et moi-même avons travaillé avec d'autres collègues et que le Sénat a adopté, permet notamment aux territoires difficiles d'accès ou connaissant d'importantes hausses de population durant l'hiver ou l'été de bénéficier de conditions particulières – cela devrait aussi concerner les officines de pharmacie.
En tout état de cause, il me paraît fondamental de faire confiance aux territoires. Je soutiendrai donc le sous-amendement n° 832 rectifié ter.
Mme la présidente. La parole est à Mme la rapporteure.
Mme Corinne Imbert, rapporteure. La création d'officines donne lieu à un débat animé !
Je souhaite attirer votre attention, mes chers collègues, sur un problème de cohérence. Lors du scrutin public sur l'amendement n° 1002 rectifié, nous avons rejeté, il y a quelques minutes, la possibilité de créer de nouvelles officines dans les communes d'au moins 1 000 habitants.
Si le sous-amendement n° 832 rectifié ter, qui tend à autoriser la création de nouvelles officines dans des communes de moins de 2 500 habitants, était adopté, de telles créations seraient permises dans les communes de moins de 1 000 habitants.
Mme la présidente. La parole est à Mme Nadia Sollogoub, pour explication de vote.
Mme Nadia Sollogoub. Je partage votre analyse, madame la rapporteure. Par l'amendement n° 1002 rectifié, mon collègue Bernard Delcros s'inscrivait dans une démarche tout à fait similaire à celle qui a présidé au dépôt du sous-amendement n° 832 rectifié ter par Mme Guillotin.
La généralisation de l'ouverture d'antennes est une très bonne chose, je crois que nous en sommes tous d'accord. Ce modèle est sans doute appelé à devenir universel ou, du moins, à être le plus fréquent.
Mais je rejoins M. Lemoyne : la situation est telle qu'il nous faut garder le champ des possibles ouvert. En effet, nous ne pouvons pas nous priver des initiatives qui pourraient émerger localement, même si, vu d'ici, nous pouvons avoir du mal à imaginer qu'elles puissent naître.
Mme la présidente. Je mets aux voix le sous-amendement n° 832 rectifié ter.
J'ai été saisie d'une demande de scrutin public émanant de la commission.
Je rappelle que l'avis de la commission est défavorable et que celui du Gouvernement est favorable.
Il va être procédé au scrutin dans les conditions fixées par l'article 56 du règlement.
Le scrutin est ouvert.
(Le scrutin a lieu.)
Mme la présidente. Personne ne demande plus à voter ?…
Le scrutin est clos.
Voici, compte tenu de l'ensemble des délégations de vote accordées par les sénateurs aux groupes politiques et notifiées à la présidence, le résultat du scrutin n° 51 :
| Nombre de votants | 340 |
| Nombre de suffrages exprimés | 319 |
| Pour l'adoption | 139 |
| Contre | 180 |
Le Sénat n'a pas adopté.
Je mets aux voix les amendements identiques nos 656 rectifié et 757 rectifié bis.
J'ai été saisie d'une demande de scrutin public émanant de la commission.
Je rappelle que l'avis de la commission est favorable et que celui du Gouvernement est défavorable.
Il va être procédé au scrutin dans les conditions fixées par l'article 56 du règlement.
Le scrutin est ouvert.
(Le scrutin a lieu.)
Mme la présidente. Personne ne demande plus à voter ?…
Le scrutin est clos.
Voici, compte tenu de l'ensemble des délégations de vote accordées par les sénateurs aux groupes politiques et notifiées à la présidence, le résultat du scrutin n° 52 :
| Nombre de votants | 340 |
| Nombre de suffrages exprimés | 339 |
| Pour l'adoption | 321 |
| Contre | 18 |
Le Sénat a adopté.
L'amendement n° 1192, présenté par Mmes Brulin, Apourceau-Poly, Silvani et les membres du groupe Communiste Républicain Citoyen et Écologiste - Kanaky, est ainsi libellé :
Après l'alinéa 22
Insérer un alinéa ainsi rédigé :
...° À la fin de la seconde phrase du premier alinéa de l'article L. 6315-1, les mots : « indiquer à ses patients le confrère auquel ils pourront s'adresser en son absence » sont remplacés par les mots : « s'assurer de la continuité des soins, y compris la nuit, les week-ends et les jours fériés dans le territoire » ;
La parole est à M. Gérard Lahellec.
M. Gérard Lahellec. Face aux difficultés d'accès aux soins, les gouvernements successifs ont pris des mesures, assez illisibles et inefficaces, de participation volontaire à la continuité des soins ou d'obligation d'une à deux journées par mois, dans des zonages aussi assez mal définis.
Selon une enquête de la Fédération hospitalière de France (FHF), 70 % des personnes qui se rendent aux urgences le font parce qu'il leur est impossible d'obtenir un rendez-vous chez un médecin généraliste ou spécialiste de ville dans un délai raisonnable. Si les urgences hospitalières sont saturées, c'est donc pour partie en raison de l'incapacité de la médecine de ville à répondre aux besoins des patients.
Nous n'opposons pas médecine de ville et hôpitaux, mais nous estimons qu'il faut rééquilibrer la permanence des soins. Nous proposons à cette fin de rétablir une telle permanence le soir et les week-ends.
Dans une situation de tension et de pénurie d'effectifs, il est certes compliqué de mettre en œuvre une telle mesure. On nous dit toutefois que la situation devrait s'améliorer demain. Dès lors, le moment n'est-il pas venu de remettre en œuvre cette permanence des soins ? Tel est l'objet de cet amendement.
Mme la présidente. Quel est l'avis de la commission ?
Mme Corinne Imbert, rapporteure. Mon cher collègue, le Sénat aura l'occasion de se prononcer sur la disposition que vous proposez lors de l'examen de la proposition de loi visant à lutter contre les déserts médicaux, laquelle est en cours de navette, après avoir été adoptée en première lecture par l'Assemblée nationale.
Je rappelle du reste que la permanence des soins en ambulatoire est aujourd'hui assurée avec une couverture supérieure à 95 %.
L'avis est donc défavorable.
Mme la présidente. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Stéphanie Rist, ministre. Le sujet que vous soulevez est très important pour nos concitoyens, monsieur le sénateur.
Le devoir de participation des médecins ne s'exerce pas à l'échelle de leur territoire, la gestion collective incombant aux conseils départementaux de l'ordre des médecins. J'ai eu des échanges récemment avec le président du Conseil national de l'ordre des médecins, qui est très engagé sur ce sujet.
Comme l'indiquait Mme la rapporteure, la permanence des soins est assurée sur 97 % du territoire. Il nous faut encore améliorer cette couverture sur les 3 % du territoire restant, et faire en sorte que ce ne soient pas toujours les mêmes médecins qui répondent présents.
En tout état de cause, je demande le retrait de cet amendement ; à défaut, j'émettrai un avis défavorable.
Mme la présidente. L'amendement n° 1363 rectifié, présenté par Mme Romagny, MM. Menonville, Courtial, Henno et Cambier, Mmes Bourguignon et Billon, MM. Lemoyne et Dhersin, Mmes Guidez et Antoine, MM. Chevalier et Fargeot, Mme Sollogoub, MM. Duffourg et Chasseing, Mme Lermytte, M. Genet et Mme Saint-Pé, est ainsi libellé :
Après l'alinéa 22
Insérer deux alinéas ainsi rédigés :
...° Le I de l'article L. 5125-4 est complété par un alinéa ainsi rédigé :
« Le transfert d'une officine, d'un même bassin de vie, peut être autorisé dans les communes de moins de 2 500 habitants équipées d'un pôle de santé ou d'une maison de santé pluridisciplinaire en fonctionnement. »
La parole est à Mme Anne-Sophie Romagny.
Mme Anne-Sophie Romagny. Cet amendement vise à permettre le transfert, c'est-à-dire le déménagement, d'une officine dans une commune de moins de 2 500 habitants du même bassin de vie équipée d'un pôle de santé ou d'une maison de santé pluridisciplinaire (MSP).
Sans modifier le nombre d'officines, puisque seuls seraient permis les déménagements, un tel dispositif permettrait d'assurer une meilleure coordination des parcours de santé et de renforcer l'attractivité des territoires ruraux au regard de l'installation de nouveaux médecins.
Nous tournons en rond, et je vous prie de m'en excuser, madame la rapporteure, mais je tiens à cet amendement.
Mme la présidente. Quel est l'avis de la commission ?
Mme Corinne Imbert, rapporteure. Je salue votre persévérance, ma chère collègue. (Sourires.) Je ne reviendrai pas sur les arguments qui ont été développés.
Je demande le retrait de cet amendement. À défaut, l'avis serait défavorable.
Mme la présidente. Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Stéphanie Rist, ministre. Le dispositif proposé est dérogatoire. Il s'agit, comme l'indiquait M. Lemoyne, d'un outil supplémentaire pour encourager la permanence du maillage d'officines.
Sur cet amendement, je m'en remets donc à la sagesse du Sénat.
Mme la présidente. La parole est à M. Cédric Vial, pour explication de vote.
M. Cédric Vial. Je suis pour ma part favorable à des assouplissements, car la situation actuelle n'est pas tenable.
J'estime toutefois que ce n'est pas dans le cadre d'un PLFSS, par voie d'amendement et un dimanche après-midi, qu'il convient d'adopter une telle réforme.
Madame la ministre, je vous invite à vous pencher sur la proposition de loi tendant à préserver l'accès aux pharmacies dans les communes rurales, adoptée par le Sénat, dans laquelle Maryse Carrère et ses collègues du groupe du RDSE proposent les assouplissements nécessaires en traitant le sujet de manière globale. Il serait judicieux, on le voit bien, que ce texte soit rapidement examiné par l'Assemblée nationale.
À titre personnel, je ne soutiendrai pas cet amendement, même si, dans son esprit, le dispositif qu'il tend à introduire me paraît intéressant.
Je tiens à souligner que la volonté du Sénat est de préserver l'offre de soins sans déstabiliser le maillage existant. C'est pour cela que nous avons adopté l'amendement n° 656 rectifié de la commission, qui tend à maintenir les officines existantes, que ce maintien prenne la forme d'un transfert, d'un regroupement ou de la création d'une antenne. Tel est le dispositif que nous avons adopté.
Je tiens à le préciser, parce que, dans les territoires, il arrive que certains se prévalent d'une interprétation erronée de l'intention du législateur : nous souhaitons maintenir les officines et, quand ce maintien doit prendre la forme d'un transfert, nous le soutiendrons, y compris lorsque cela va à l'encontre de l'avis consultatif de certaines organisations.
Si un tel dispositif ne fonctionnait pas – ayant attendu sept ans pour qu'un décret soit pris, nous sommes un peu échaudés, madame la ministre –, il nous faudrait nous pencher sur l'hypothèse d'une déréglementation beaucoup plus importante pour garantir que les territoires ruraux continuent, eux aussi, d'avoir accès aux médicaments.