Premiers États généraux de la démocratie locale et de la parité



Palais du Luxembourg, 7 mars 2005

Mme Marie-France Beaufils, sénatrice d'Indre-et-Loire, maire de Saint-Pierre-des-Corps

Dans ma commission, ce qui m'a semblé très intéressant, c'est de voir que 80 % des maires s'attachent à la participation à la vie associative, qu'elles sont très attentives à la relation directe aux habitants, sous des formes diverses, qui peut être le contact individuel, mais qui est aussi le contact dans la période d'élaboration des projets. Dans la période de suivi du projet pour essayer de faire comprendre comment il avance, comment il évolue, quels sont les handicaps que l'on peut rencontrer et tout cela dans des temps d'échanges qui sont des échanges dans le cadre de rencontres. Le constat qui était fait, c'est qu'il est nécessaire d'avoir cette possibilité de s'expliquer et de faire partager la vie municipale, qui peut avoir de l'intérêt pour de futurs mandats municipaux demain. Cela veut dire qu'on fait le bilan, que l'on apprécie ce qui a été fait et que l'on peut voir comment les choses peuvent se poursuivre.

Il faut savoir rendre compte, et rendre compte pour savoir aussi comment tout ce travail en commun qui est mené est perçu par les habitants. On le disait aussi ce matin, une réunion ne permet pas d'aborder tout, et on est un peu déçu de ce qui en est traduit à l'extérieur après. Donc, il faut prendre le temps de cette construction. Tout le monde reconnaît cette nécessité de temps d'échange de plus en plus importants et les femmes qui ont témoigné, toutes les maires qui ont témoigné, ont dit qu'elles passaient beaucoup de temps dans ces moments de rencontre et d'échange au-delà des bulletins municipaux qui font partie toujours de la communication. Elles regrettent, pour un certain nombre, de ne pas encore être desservies par l'ADSL et expriment fortement qu'elles souhaiteraient que France Télécom réponde plus rapidement à leur attente dans ce domaine.

Jean Dumonteil : Pour mieux informer, pour mieux communiquer, encore faut-il avoir les moyens, merci Madame Beaufils.

Beate Weber, vous êtes maire d'Heidelberg. Vous êtes nombreuses à être des femmes maires en Allemagne ?

Mme Beate Weber, maire d'Heidelberg (Allemagne)

Non, pas beaucoup, pas comme vous. Nous n'avons pas un droit comparable au vôtre. Mais permettez-moi d'abord vraiment de remercier Monsieur le Président du Sénat d'avoir organisé cette manifestation d'aujourd'hui qui est extraordinaire, et que je rapporte chez moi, pour mon pays, et aussi permettez-moi de saluer très personnellement Mme Veil, parce que je l'ai déjà admirée profondément quand elle était élue présidente du Parlement européen, il y a plus de 25 ans. Merci bien d'avoir été présidente.

Jean Dumonteil : Beate Weber, c'est nous qui vous remercions d'être avec nous, de vous exprimer dans notre langue.

Alors, rappelez-nous la réalité municipale allemande, est-ce qu'elle est très différente de celle qu'expriment depuis ce matin vos collègues françaises ?

Beate Weber : Heidelberg est une ville universitaire, très internationale, avec presque 150 000 habitants, que vous connaissez peut-être. Nous sommes jumelés avec Montpellier, un jumelage très profond, très bon.

Je crois vraiment que changer le rôle des femmes dans les municipalités, c'est l'un des actes de la modernisation de la vie politique, de la vie économique, de la vie de la société parce que cela appartient à l'évolution vers un autre futur. Et nous le devons aux générations à suivre d'être engagées dans la parité parce que ce sont nos fils et nos filles qui vivront cette vie que nous préparons.

Et je crois aussi, c'est ce que j'ai vu à Heidelberg avec beaucoup d'institutions de recherche, que c'est aussi la compétition des sites pour attirer les meilleures têtes entre nos villes, entre nos régions, qui nous force à nous battre pour la parité et de nous battre pour les conditions de vie pour les hommes et les femmes dans nos villes, qui sont comparables, qui sont bonnes pour qu'on puisse suivre sa propre profession avec les crèches pour les petits.

En Allemagne, cette discussion a commencé beaucoup plus tard qu'ici en France. À Heidelberg, c'est un peu différent parce que quand j'étais entrée à la mairie, j'ai augmenté les crèches de 2 % jusqu'à plus de 16 %. Mais autour de nous, dans le pays, dans mon land, c'est 3 % encore aujourd'hui. Cela veut dire qu'il faut, quand on est à la mairie, comme vous le savez bien, ne pas oublier d'où nous venons. Nous venons de notre vie familiale, de notre vie professionnelle où il y a toujours eu des difficultés, des obstacles, des problèmes sérieux, où nous devions nous battre sur le plan personnel sans soutien de la société.

C'est pour cela qu'il faut aussi créer des conditions pour les jeunes femmes, afin de les aider à entrer dans la vie politique. Un de nos buts principaux dans la vie, c'est renforcer la démocratie. Nous avons créé des ateliers du futur, les, pour inciter les jeunes femmes à entrer dans la discussion politique, alors qu's'intéressaient pas du tout à la politique parce qu'elles pensaient toujours que la politique, c'était quelque chose hors de leur expérience de vie. Mais soudainement, elles voient que le transport public, les conditions des rues, les conditions des crèches, tout cela, c'est la politique.

Elles pensaient toujours que la politique, c'était quelque chose d'extérieur, et elles n'en parlaient jamais parce qu'elles pensaient qu'on ne doit pas en parler si on n'est pas expert. Elles ne voient pas qu'il y a beaucoup d'hommes qui ne sont pas experts non plus.

Jean Dumonteil : Merci Beate Weber, merci Madame le maire d'Heidelberg. Nécessité de faire naître des vocations chez les femmes pour qu'elles s'intéressent à la gestion locale.

Marie-Josée Roig, vous êtes ministre déléguée à l'intérieur mais aussi maire d'Avignon. Et votre vocation, elle est née comment d'abord ? Question personnelle, vous permettez ?

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