projet de loi de finances pour 2002 - Tome VIII : Recherche scientifique et technique
LAFFITTE (Pierre)
AVIS 88 - TOME VIII (2001-2002) - commission des affaires culturelles
Rapport au format Acrobat ( 133 Ko )Table des matières
-
EXPOSÉ GÉNÉRAL
- I. PRÉSENTATION DU BUDGET DE LA RECHERCHE POUR 2001
-
II. QUELLES ORIENTATIONS POUR LA POLITIQUE DE
RECHERCHE ?
- A. POUR UNE NOUVELLE APPROCHE DES TECHNOLOGIES DE L'INFORMATION ET DE LA COMMUNICATION
- B. LA RECHERCHE EN SCIENCES DU VIVANT
- C. LA RECHERCHE EN MATIÈRE D'ENVIRONNEMENT
- D. LE SOUTIEN AUX TRANSFERTS DE TECHNOLOGIE ET AUX ENTREPRISES INNOVANTES
- E. LA NÉCESSITÉ DE DÉVELOPPER LA CULTURE SCIENTIFIQUE ET TECHNIQUE
- EXAMEN EN COMMISSION
- CONCLUSION
N° 88
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 2001-2002
Annexe au procès-verbal de la séance du 22 novembre 2001
AVIS
PRÉSENTÉ
au nom de la commission des Affaires culturelles (1) sur le projet de loi de finances pour 2002 , ADOPTÉ PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE,
TOME VIII
RECHERCHE SCIENTIFIQUE ET TECHNIQUE
Par M. Pierre LAFFITTE,
Sénateur.
(1) Cette commission est composée de : M. Jacques Valade, président ; MM. Xavier Darcos, Ambroise Dupont, Pierre Laffitte, Mme Danièle Pourtaud, MM. Ivan Renar, Philippe Richert, vice-présidents ; MM. Alain Dufaut, Philippe Nachbar, Philippe Nogrix, Jean-François Picheral, secrétaires ; MM. Jean Arthuis, François Autain, Mme Marie-Christine Blandin, MM. Louis de Broissia, Jean-Claude Carle, Jean-Louis Carrère, Gérard Collomb, Yves Dauge, Mme Annie David, MM. Fernard Demilly, Christian Demuynck, Jacques Dominati, Jean-Léonce Dupont, Louis Duvernois, Daniel Eckenspieller, Mme Françoise Férat, MM. Bernard Fournier, Jean François-Poncet, Jean-Noël Guérini, Michel Guerry, Marcel Henry, Jean-François Humbert, André Labarrère, Serge Lagauche, Robert Laufoaulu, Jacques Legendre, Serge Lepeltier, Pierre Martin, Jean-Luc Miraux, Bernard Murat, Mme Monique Papon, MM. Jack Ralite, Victor Reux, René-Pierre Signé, Michel Thiollière, Jean-Marc Todeschini, Jean-Marie Vanlerenberghe, Marcel Vidal, Henri Weber.
Voir
les numéros
:
Assemblée nationale
(
11
ème législ.) :
3262
,
3320
à
3325
et T.A.
721
Sénat
:
86
et
87
(annexe n°
33
)
(2001-2002)
Lois de finances . |
EXPOSÉ GÉNÉRAL
Mesdames, Messieurs,
Dans le budget de la France, comme dans celui de l'Europe, la recherche et la
politique d'appui à l'innovation qui doit l'accompagner constituent une
priorité absolue si l'on veut éviter le déclin.
C'est elle, en effet, qui nous permettra de nous préparer à une
mondialisation, en partie inéluctable, qui voue les produits à
faible valeur ajoutée à être élaborés
ailleurs.
Or, le projet de budget pour 2002 ne traduit pas cette nécessité.
Le budget civil de recherche et développement, qui s'établit
à 8,72 milliards d'euros, n'augmente qu'au même taux
(2,2 %) que l'ensemble du budget de l'Etat, et celui du ministère
de la recherche, que de 0,9 %, moins que l'inflation. Son poids relatif
dans le produit intérieur brut diminue, même si le
ministère gère le budget civil de recherche et
développement et dans une certaine mesure la recherche universitaire.
Dans les comparaisons internationales, la France est en position honorable pour
le nombre de chercheurs pour mille habitants, mais les données qui
cernent la progression annuelle de l'emploi scientifique sur les
dernières années de ce siècle lui sont, en revanche,
beaucoup moins favorables, ce qui est inquiétant.
Malgré la loi sur l'innovation que la commission des affaires
culturelles a beaucoup améliorée et fait adopter dès la
fin de session d'été 1998/1999, nous sommes loin d'un grand
élan, d'un grand dessein dont nous avons besoin et qui devrait
constituer un acte politique majeur, indispensable et traversant les clivages
traditionnels de notre paysage politique.
Je regrette que la recherche et l'innovation ne se manifestent pas comme une
priorité nationale, et que le projet de budget ne reflète pas les
ambitions affichées en mars 2000 par le Conseil européen de
Lisbonne qui voulait faire de l'Union l'Economie de la connaissance la plus
compétitive et la plus dynamique du monde.
Pour autant, les priorités définies par le ministre, et traduites
dans le projet de budget ne sont pas contestables : recherche dans les
sciences du vivant, technologies de l'information et de la communication,
environnement... Elles correspondent d'ailleurs bien souvent à des
orientations que nous prônions depuis longtemps. C'est donc une source de
satisfaction.
On peut aussi se féliciter de l'effort consacré par le
ministère à l'innovation et aux transferts de technologie.
La loi sur l'innovation et la recherche du 12 juillet 1999, à
l'élaboration de laquelle la commission des affaires culturelles avait
largement contribué par le dépôt d'une proposition de loi,
a donné un choc psychologique salutaire dans la communauté
scientifique.
Regrettons d'autant plus les retards pour le texte d'application, concernant
les services d'activités industrielles et commerciales (SAIC). Les
incubateurs publics sans structure professionnelle de valorisation sont bien
démunis. Le transfert et le passage de l'idée innovante au projet
d'entreprise et à son financement sont des activités
professionnelles qui ne souffrent pas l'improvisation : politique de
propriété industrielle, rédaction de brevets et de
contrats de licence, levée de fonds, commercialisation des
activités, tout ceci est de nature industrielle.
Il faut aussi saluer des initiatives comme le concours national d'aide à
la création d'entreprises, l'appel à projets
« incubation et capital amorçage des entreprises
technologiques », ou encore la constitution du Fonds public pour le
capital risque puis du Fonds de promotion pour le capital risque, dont la
gestion est confiée à la Caisse des dépôts et
consignations.
Il est clair, en outre, que le développement des entreprises innovantes
et le renforcement de leurs investissements, phénomènes encore
récents, sont dus dans une bonne mesure à l'appui qu'elles
reçoivent de l'ANVAR. Or, les aides qu'apporte l'ANVAR aux entreprises
prennent, le plus souvent, la forme d'avances remboursables.
Il faut, nous semble-t-il, envisager aussi d'autres formes d'interventions pour
permettre à l'ANVAR de participer aussi -de façon modeste mais
efficace- à la phase la plus délicate du capital risque, la phase
de l'amorçage. La transformation dans certains cas d'avance
remboursable, en participation au capital serait adaptée à des
interventions dans des secteurs à la fois risqués et très
rentables en cas de réussite.
Cette politique (concours de créations d'entreprises innovantes,
incubateurs, capital amorçage) n'est pas étrangère au
renforcement de l'effort de recherche des entreprises qui dépasse depuis
1995 l'effort de recherche public. Il convient donc de la renforcer et de
l'adapter.
Parmi les motifs de satisfaction, il faut aussi relever la timide percée
d'une fiscalité favorable avec la création, en 1998, des bons de
souscription de parts de créateurs d'entreprises, qui permet à
des entreprises de moins de 15 ans d'attirer des salariés en les
intéressant à leur croissance. Il conviendrait d'élargir
ce dispositif en mettant en place un système de stock options
transparent et s'adressant à la majorité des salariés
d'une entreprise, ou encore en permettant aux créateurs d'entreprises de
mettre dans leur plan d'épargne en actions plus du quart des actions de
leur société, bref, en promouvant une fiscalité plus
flexible et plus propice aux créations d'entreprise.
D'autres aspects de la politique de recherche, telle qu'elle résulte du
projet de budget, paraissent plus critiquables.
Il en va aussi, tout d'abord, de l'absence de politique massive de
démocratisation de la culture scientifique et technique. C'est une
grande carence. Car seule une action énergique en ce domaine permettra
à l'homme du XXI
e
siècle de participer activement au
développement durable et de ne pas céder à la tentation de
l'obscurantisme, au retour en force duquel nous sommes en train d'assister.
Certes, le ministère consacre quelques crédits à des
opérations, au demeurant sympathiques et positives, comme la fête
de la science ou le train du génome, mais ces initiatives paraissent
dérisoires rapportées aux enjeux en question.
La confiance dans un progrès maîtrisé, dans la rigueur des
sciences, élargies aux sciences humaines (trop injustement
délaissées), doit être encouragée par une large
politique de démocratisation du savoir, fortement
médiatisée et soutenue par toutes les forces vives et
institutions.
La diffusion des sciences et techniques doit concerner tous les niveaux, tous
les lieux publics et être accessible dans toutes les écoles,
toutes les mairies, les services publics et les media.
Les nouvelles structures d'organisation qu'implique l'accès
généralisé aux connaissances restent inconnues sauf de
cercles restreints.
On ne peut se contenter, en ce domaine, de quelques grands organismes parisiens
dont le coût de fonctionnement se compte en centaines de millions
d'euros, alors que le reste du territoire, dix fois plus peuplé, obtient
des crédits dix fois moindres.
Il faut donc créer d'autres centres, et utiliser d'autres
méthodes qui permettent de toucher toutes les régions, et
d'intéresser tous ceux qui, actifs ou retraités, ont le
goût de transmettre leur enthousiasme, leur compétence et leur
joie de connaître... et démontrer ainsi que seul le savoir
maîtrisé permettra à l'humanité de poursuivre un
progrès et d'éviter de retomber dans un obscurantisme
moyenâgeux.
I. PRÉSENTATION DU BUDGET DE LA RECHERCHE POUR 2001
A. LA MISE EN PERSPECTIVE DE L'EFFORT DE RECHERCHE FRANÇAIS
1. Le contexte préoccupant d'une baisse prolongée de l'effort en faveur de la recherche française
L'effort
global consacré par la France à la recherche, administrations et
entreprises confondues, subit, depuis une dizaine d'années une
évolution préoccupante, qui contraste avec les tendances plus
favorables de la décennie précédente.
Entre 1979 et 1993
, les dépenses de recherche et
développement exécutées en France ont connu une
croissance plus rapide que le produit intérieur brut
: alors
qu'elles n'en représentaient que 1,68 % en 1978, leur poids relatif
est passé à
2,40 % en 1993
.
Depuis cette date
, en revanche, la proportion de la richesse nationale
consacrée à l'effort public et privé de recherche
n'a
cessé de diminuer
pour s'établir, d'après les
dernières évaluations, à
2,14 % au tournant de
l'an 2000
. Le ministère de la recherche fait valoir qu'une
légère hausse aurait été enregistrée en
1999, mais le constat d'une nouvelle baisse en 2000 invite à ne pas en
tirer de conclusions définitives : l'avenir seul indiquera s'il
s'agissait d'une amélioration ponctuelle ou de l'amorce d'un
retournement de tendance. Cette évolution paraît
particulièrement préoccupante à votre rapporteur, qui
regrette que la recherche n'ait pas davantage bénéficié
des années de croissance économique
que les pays
industrialisés viennent de connaître. Elle lui paraît
d'autant plus regrettable que nul aujourd'hui ne peut contester le rôle
moteur joué par la recherche et par l'innovation dans la croissance des
économies modernes.
Une analyse plus fine de l'évolution de la
dépense
intérieure de recherche et développement (DIRD)
traduit une
évolution significative de ses composantes. Cet agrégat
statistique, qui mesure l'ensemble des financements consacrés à
la recherche et développement sur le territoire national, quelle que
soit l'origine de leur financement, comporte en effet deux composantes :
- la
dépense de recherche des entreprises
(DIRDE) qui
représentait 43 % de l'effort national de recherche en 1982, en
constitue aujourd'hui 56 % ; elle dépasse, depuis 1995, celle
des administrations ; il est encourageant de constater que les entreprises
ont, sur les dix dernières années, maintenu, voire accru leur
activité de recherche-développement ; cette nouvelle
tendance mérite d'être relevée, et encouragée, dans
un pays traditionnellement marqué par une certaine faiblesse de son
effort de recherche privée ;
- la
dépense de recherche des administrations
(DIRDA) n'a en
revanche, mise à part la timide embellie de 1999, cessé de
diminuer, et son poids relatif par rapport au PIB est retombé de
0,92 % en 1993 à 0,80 % en 1999 et pourrait même
atteindre 0,77 % en 2000.
LE
FINANCEMENT DE LA RECHERCHE
DANS LES PRINCIPAUX PAYS
Sources : OCDE/MEN-MR-DPD/C3
|
Part en % de la BIRD financée par : |
||
Année 1999 |
les entreprises |
l'administration |
l'étranger |
Etats-Unis |
66,8 |
33,2 |
|
Japon |
72,2 |
27,4 |
0,4 |
Allemagne |
64,3 |
33,4 |
2,3 |
France |
53,2 |
40,2 |
5,6 |
Royaume-Uni |
49,4 |
33,0 |
17,6 |
Italie |
43,9 |
51,1 |
5,0 |
2. La place de la recherche française dans la compétition mondiale
L'effort
de recherche est un atout essentiel dans la compétition
économique internationale où sont engagés les grands pays
industrialisés.
Les statistiques réalisées par l'OCDE montrent en effet que
les dépenses de recherche sont principalement le fait de sept
pays
qui, à eux seuls, représentent 86 % de la
dépense intérieure de recherche et développement de
l'ensemble des pays membres.
Avec une dépense évaluée, en 1999, à
29 milliards de dollars, la France se situe au quatrième rang, loin
derrière les Etats-Unis (244 milliards de dollars) le Japon
(95 milliards de dollars) et même l'Allemagne (48 milliards de
dollars) ; elle se situe juste devant le Royaume-Uni (25 milliards de
dollars) et la Chine (24 milliards de dollars).
Une
récente enquête menée par le commissaire
européen
à la recherche Philippe Busquin, et intitulée
« Key figures 2001 : towards a European Research
Area » est venue corroborer en grande partie ces conclusions.
D'après la batterie d'indicateurs qu'il publie, la France, qui consacre
2,17 % de son produit national brut à la recherche, se situe au
sixième rang mondial, derrière la Suède, la Finlande, le
Japon, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne.
Plus inquiétant, l'indicateur qui apprécie l'évolution de
cet effort national de recherche sur les quatre ou cinq dernière
années du siècle place la France en 17è et avant
dernière position, juste devant le Luxembourg.
3. Le poids de l'emploi scientifique
C'est
peut-être dans le domaine de l'emploi scientifique que les comparaisons
mettent en évidence l'importance des moyens dont disposent certains de
nos partenaires. Même si ces statistiques doivent être
abordées avec quelques précautions, les Etats-Unis emploieraient
plus de un million de chercheurs, le Japon de l'ordre de 600 000,
l'Allemagne 240 000, la Grande-Bretagne 159 000 et la France
158 000.
Dans ce domaine encore, les
indicateurs rendus publics par Philippe
Busquin
permettent d'affiner ces appréciations.
Un premier indicateur, qui mesure la proportion du nombre de chercheurs pour
mille habitants, montre que la France se situe encore en bonne position parmi
les pays industrialisés. Avec un taux de 6,14 %, elle se situe
cependant loin derrière la Finlande (10,4 %), le Japon
(9,26 %), la Suède (8,44 %), les Etats-Unis (8,08 %) ou
le Danemark (6,46 %), mais devance cependant la Belgique (6,11 %),
l'Allemagne (6,07 %) ou le Royaume-Uni (5,54 %).
Plus préoccupantes cependant sont les conclusions que l'on peut tirer de
l'indicateur qui mesure la progression moyenne annuelle du nombre de chercheurs
sur les dernières années du siècle : la France n'y
figure qu'en quinzième position, certes devant l'Allemagne et l'Italie.
Ces chiffres devront être conservés en mémoire, lorsque
l'on analysera la politique en faveur de l'emploi scientifique conduite, cette
année, par le ministère de la recherche. Celle-ci ne peut prendre
tout son sens que si elle correspond à un effort soutenu dans la
durée.
B. LE BUDGET CIVIL DE RECHERCHE ET DÉVELOPPEMENT
1. L'évolution du budget civil de recherche et développement
Le
budget civil de recherche et développement (BCRD) pour 2002
s'élève à
8 725 millions d'euros
(soit
57 232 millions de francs) en dépenses ordinaires et
crédits de paiements (DO + CP) soit une
hausse de 2,2 %
par
rapport à la loi de finances initiale pour 2001.
Avec un montant de 3 835 millions d'euros (soit
25 156 millions de francs) les autorisations de programmes inscrites
au projet de budget 2002 connaissent une progression un peu plus soutenue,
d'environ 2,9 % par rapport à la loi de finances initiales pour
2001.
Cet effort financier, comparable à celui qui a été
effectué l'année dernière, n'est certes pas
négligeable, mais est-il suffisant pour redonner à la recherche
française la place qui est la sienne dans la recherche mondiale, et pour
lui permettre d'irriguer notre économie des innovations technologiques
nécessaires à son dynamisme ?
Votre rapporteur ne le pense pas et regrette qu'en dépit d'une solution
positive de ses priorités, le projet de budget de la recherche pour 2002
ne soit pas à la hauteur des ambitions, exprimées lors du conseil
européen de Lisbonne, de faire de l'Europe « l'économie
la plus compétitive et la plus dynamique du monde ».
Il ne reconnaît pas le souffle de cette vaste ambition dans le projet de
budget qui nous est proposé, alors que les données qu'il vient de
citer montrent que la situation de la recherche, et en particulier de la
recherche publique reste préoccupante.
2. La contribution des différents ministères au BCRD
La contribution des différents ministères est résumée dans le tableau suivant :
CONTRIBUTION DES DIFFÉRENTS MINISTÈRES AU BCRD (DO+CP)
(en millions d'euros)
|
LFI 2001 |
PLF 2002 |
Variation |
Affaires étrangères |
140,78 |
145,76 |
+ 3,5 % |
Agriculture, pêche |
21,35 |
21,22 |
- 0,6 % |
Culture |
113,76 |
116,75 |
2,6 % |
Recherche |
6 157,16 |
6 213,37 |
0,9 % |
Education nationale |
418,02 |
479,69 |
14,8 % |
Défense |
190,56 |
190,56 |
0 % |
Environnement |
215,88 |
252,20 |
16,8 % |
Equipements et transports |
320,33 |
342,28 |
6,9 % |
Logement |
26,43 |
26,98 |
2,1 % |
Industrie |
908,09 |
913,42 |
0,6 % |
Divers |
23,03 |
23,07 |
0,17 % |
Total BCRD |
8 535,39 |
8 725,28 |
2,2 % |
La
participation du ministère de la recherche représente 71 %
de l'ensemble du BCRD mais croît moins vite que son enveloppe
globale
. Le poids relatif du ministère de l'industrie reste
significatif, légèrement supérieur à 10 %,
ainsi que celui de l'Education nationale, au titre de l'enseignement
supérieur (près de 5,5 %). La contribution du
ministère de l'environnement est en forte croissance, du fait de la
forte progression des crédits consacrés à l'Institut de
radioprotection et de sécurité nucléaire (IRSN), qui
passent de 203 à 242 millions de francs en 2002 (30,95
à 36,89 millions d'euros).
L'effort de recherche duale
porte pour l'essentiel sur le domaine
spatial. Il est pris en compte dans le BCRD à deux titres
différents :
- la contribution du ministère de la défense, qui doit
s'élever en 2001 comme en 2002 à 190,56 millions d'euros
(1 250 millions de francs) et qui bénéficie
principalement au centre national d'études spatiales (CNES) ;
- la participation des organismes de recherche et principalement du CNES
à la poursuite d'objectifs liés à la défense qui a
été évalué en 2000 à 420 millions
d'euros (2,75 milliards de francs).
3. Les grands domaines scientifiques couverts par le BCRD
Lors de
son audition devant la commission, le ministre de la recherche a indiqué
son intention de privilégier, dans le projet de budget pour 2002, trois
champs disciplinaires prioritaires.
* Avec un budget, en dépenses ordinaires et autorisations de
programme, de 8 779,5 millions d'euros (57 590 millions de
francs) les
sciences du vivant
représentaient, en 2001
près du quart du BCRD. Après une progression de 5,3 % en
2001, cette enveloppe financière devrait encore augmenter de 4,6 %
en 2002.
* Avec 772 millions d'euros (5 064 millions de francs) en
2001, les moyens consacrés aux recherches sur les
sciences et
techniques de l'information et de la communication
(STIC) ont
représenté 8,8 % du BCRD. Ils devraient progresser de
7,1 % en 2002 et s'élève à plus de 823 millions
d'euros (5 400 milliards de francs).
* Les
recherches sur l'environnement, l'énergie et le
développement durable
disposeront en 2002 de
1 445 millions d'euros (9 478 millions de francs) et
représenteront désormais le deuxième poste de
dépenses du BCRD, avec 16 % de son enveloppe globale. La
progression des moyens financiers qui leur seront consacrés en 2002 est
de 3,3 % par rapport à 2001.
Votre rapporteur se félicite de cette réorientation claire des
priorités, qui rejoint les positions qu'il a régulièrement
défendues, notamment en faveur des sciences et technologies de
l'information.
Il convient cependant de ne pas oublier d'autres domaines, qui conservent un
poids relatif important.
*
La recherche spatiale
restait en 2001 le deuxième poste de
dépenses du BCRD avec une enveloppe de 1 427 millions d'euros
(9 360 millions de francs).
Bénéficiant en 2002 d'une légère progression de ses
crédits en valeur absolue avec 1 428,6 millions d'euros
(9 371 millions de francs), elle connaît cependant une nouvelle
diminution de son poids relatif, proche de 15,8 % et dispose
dorénavant de moyens financiers inférieurs à ceux de la
recherche environnementale.
L'essentiel de la recherche spatiale est réalisé par le
centre
national
d'études spatiales
, dont le budget est reconduit au
même niveau qu'en 2001 avec 1 152,5 millions d'euros
(7 560 millions de francs) (DO + CP).
* Les
sciences humaines et sociales
mobilisent près de
10 % du BCRD et leur budget pour 2002 est en augmentation de
4 % ; il s'établit à 870 millions d'euros
(5,7 milliards de francs).
Le
centre national de la recherche scientifique
(CNRS) est le principal
intervenant dans ce domaine et représente à lui seul 40 % de
cette enveloppe globale, à côté d'un très grand
nombre d'organismes de taille plus réduite.
C. LES CRÉDITS DU MINISTÈRE DE LA RECHERCHE
Le
projet de budget du ministère de la recherche pour 2002
représente, avec 6 213 millions d'euros
(40 754,61 millions de francs),
71 % de l'ensemble du budget
civil de recherche et développement
. Alors que ce dernier affiche
une croissance honorable de 2,2 %, présentée non sans
emphase par le ministre comme une rupture par rapport à la stagnation
passée, le projet de budget pour 2002 du ministère de la
recherche ne peut revendiquer qu'une
croissance médiocre de
0,9 %.
Cette faible progression n'est guère encourageante,
particulièrement si l'on considère que le budget du
ministère constitue le
coeur de notre effort de recherche
. Il est
en effet consacré pour l'essentiel au financement des organismes de
recherche, alors que le BCRD, dont il ne s'agit pas de contester ici la
pertinence globale, ne dispose pas nécessairement d'un
périmètre aussi défini.
Le « bleu » du ministère de la recherche distingue,
au sein de son budget,
deux agrégats
:
- un agrégat correspondant aux
interventions directes du
ministère
qui s'élèvent à 557 millions
d'euros (3 653,68 millions de francs),
en hausse de 1,8 %
par rapport à 2001 et qui représentent 9 % des
crédits du ministère ;
- un agrégat regroupant les
crédits des organismes de
recherche
qui s'élèvent à 5 656 millions
d'euros (37,1 milliards de francs),
en hausse de 0,8 %
et
qui représentent 91 % des crédits du ministère.
1. Les interventions directes du ministère
a) Les moyens de fonctionnement des services : un poids marginal
Les
moyens de fonctionnement des services du ministère n'occupent, dans cet
agrégat, qu'une place marginale. Avec 8,5 millions d'euros
(55,76 millions de francs), en progression de 1,9 % par rapport
à 2001, ils ne représentent qu'à peine 0,14 % du
budget du ministère, répartis à raison de :
- 7,8 millions d'euros (51,16 millions de francs) pour les services
centraux ;
- 0,68 millions d'euros (4,46 millions de francs) pour les
délégations régionales à la recherche et à
la technologie.
Il convient d'y ajouter les crédits du comité national
d'évaluation de la recherche reconduit à hauteur de
0,68 millions d'euros (4,46 millions de francs) en 2002.
La faiblesse de ces dépenses s'explique en partie par le fait que les
crédits de personnel du ministère de la recherche demeurent
inscrits au fascicule « enseignement scolaire ».
Il s'élèvent dans le projet de budget pour 2002 à
12,3 millions d'euros (80,68 millions de francs).
Les mesures d'économie et de transferts au profit de l'enseignement
supérieur ont entraîné de nombreuses suppressions d'emplois
entre 1996 et 2000. Le projet de loi de finances pour 2001, qui comportait
la création de 30 emplois dans les services centraux a porté
leurs effectifs à 3 500 ; la création de 31 emplois
nouveaux est prévue dans le projet de budget pour 2002.
Dotées de 79 emplois, les 26 délégations régionales
à la recherche et à la technologie -il en existe une par
région, et une dans chaque département d'outre-mer-, travaillent
en collaboration avec les services extérieurs des différents
ministères concernés, et en particulier avec les directions
régionales du ministère de l'industrie auxquels ils sont
rattachés. Ils sont également, depuis le 10 janvier 2001,
conseillers auprès des recteurs d'académie.
Ils remplissent une mission essentielle, puisqu'ils sont chargés de
coordonner l'action des établissements publics et des organismes du
ministère de la recherche, de développer des actions en faveur de
l'innovation dans l'entreprise et d'encourager la diffusion de la culture et de
l'information scientifique.
b) Le soutien à la formation : une légère reprise
Les
crédits consacrés à la
formation à la
recherche,
et à la
formation
par
la recherche
sont regroupés sur le chapitre 43-80. Ils s'élèvent dans
le projet de loi pour 2002 à 255 millions d'euros
(1 672,69 millions de francs), et connaissent une progression de
3,6 %, après la baisse de 7,4 % qu'ils avaient
enregistrée en 2001.
Ces crédits ont vocation à financer tout un ensemble de
mesures :
*
Les allocations de recherche
sont attribués sous forme de
contrat à durée déterminée à des
étudiants titulaires d'un diplôme d'études approfondies
(DEA) qui préparent une thèse. L'effort engagé par le
ministère a d'abord porté sur l'augmentation du nombre des
allocataires, et le flux annuel des allocataires est ainsi passé de
3 600 en 1996 à 4000 en 2001. Il sera maintenu à ce niveau
en 2002, avec un stock global de 12 000 allocations. Le montant de ces
allocations maintenu à 1 128,12 euros (7 400 F) pendant
de nombreuses années, fera, en 2002, l'objet d'une première
revalorisation, qui le fera passer à 1 190,17 euros
(7 807 F). Cette mesure, qui représente 14,56 millions
d'euros (95,54 millions de francs) fera passer le montant de l'enveloppe
consacrée à ces allocations à 215,65 millions d'euros
(1 414 millions de francs).
Une proportion appréciable de ces nouveaux allocataires de recherche
-67 % en 2001 bénéficient, en outre, d'une
rémunération de moniteur d'un montant de 335,39 euros
(2 200 F) par mois, en contrepartie d'un service d'enseignement de 64
heures par an.
*
Les bourses d'information scientifiques et techniques
(BIST) d'un
montant de 329 euros (2 160 F) sont attribuées aux
allocataires de recherche de deuxième année. Le nombre des
bénéficiaires devrait passer de 3 750 en 2001 à
3 900 en 2001.
*
Les conventions de recherche pour les techniciens
supérieurs
(CORTECHS) permettent d'assister les PME-PMI dans le
recrutement, pour un an, d'un jeune technicien supérieur auquel elles
confient un projet de développement technologique. Le projet de budget
devrait permettre, comme en 2001, d'en financer 400, dotées d'une
enveloppe unitaire de 13 000 euros (85 274 F).
* Les diplômes de recherche technologique (DRT
) sont des
diplômes nationaux de troisième cycle, qui visent à
favoriser la formation et le recrutement dans les PME de jeunes
ingénieurs-maîtres ou ingénieurs. Les subventions
accordées à l'entreprise, d'un montant de 11 000 euros
(72 155 F) couvrent 50 % du salaire, et des charges. Leur nombre
passera de 60 à 70 en 2002.
* La procédure des post-doctorants (POST-DOC)
permet
à des PME ou à des établissements publics industriels et
commerciaux de recruter pour un an un jeune docteur qui mènera un projet
de recherche soutenu par un laboratoire public. Le nombre de leurs
bénéficiaires sera porté, en 2002, de 205 à 250
pour un coût unitaire maintenu à 27 000 euros
(177 108 F).
* Les stages de longue durée
sont destinés à
favoriser l'accès des étudiants vers les PME-PMI. Au nombre de
400, comme en 2001, ils bénéficieront d'un appui financier de
4 573 euros (30 000 F).
*
Les conventions industrielles de formation par la recherche
(CIFRE)
s'adressent à de jeunes diplômés
désireux d'entreprendre un doctorat dans le cadre d'une entreprise. Le
nombre de ses bénéficiaires, -800-, et son coût unitaire
-14 635 euros (96 000 F)- restent constants en 2002.
c) La montée en puissance progressive du Fonds national de la science
Le
Fonds national de la science
a été institué par la
loi de finances pour 1999, afin de renforcer les moyens d'incitation du
ministère en faveur de la recherche fondamentale. Il est à la
fois un
instrument de financement et un instrument de coordination
, qui
permet de faire collaborer différents laboratoires sur des secteurs
jugés prioritaires. Il est destiné à des organismes
publics et à des organismes privés sans but lucratif.
Il intervient ordinairement dans le cadre des
actions concertées
incitatives
(ACI). Celles-ci doivent permettre le développement de
travaux pour lesquels l'appareil de recherche public n'est pas suffisamment
adapté.
Les
crédits de paiement
du Fonds national de la science
poursuivent en 2001 leur progression. Après la hausse de 27 %
qu'ils ont enregistrée en 2001, ils connaissent encore une
croissance
de 4,5 %
dans le projet de budget pour 2002 et s'établissent
à 114 millions d'euros (750 millions de francs). Les
autorisations de programme
connaissent une progression encore plus
forte, d'environ
13 %
qui leur fait atteindre le seuil symbolique
du milliard de francs (152,5 millions d'euros).
En 2000, lors de sa seconde année de fonctionnement, ses crédits
ont été attribués :
- à des établissements d'enseignement supérieur pour des
unités mixtes Université-CNRS (30 %) ;
- aux établissements de recherche (37 %) et principalement aux
établissements publics scientifiques et techniques ;
- à des groupements d'intérêt public constitués dans
le domaine de la génomique (27 %) ;
- à des institutions privées, comme les instituts Pasteur de
Paris et de Lille (4 %).
En termes de programmes scientifiques
, près de la moitié
des financements -50 millions d'euros, 330 millions de francs ont
été alloués au programme
« Génomique ». D'autres actions concertées
incitatives ont porté sur les recherches menées sur les agents
infectieux (12,2 millions d'euros ; 80 millions de francs).
Enfin, 9,15 millions d'euros (60 millions de francs) ont
été accordés à des équipes de recherche afin
de concourir au développement des champs disciplinaires nouveaux,
associant sciences humaines et sciences exactes.
Votre rapporteur tient à souligner
l'intérêt crucial qui
s'attache, aujourd'hui, à ce type de recherches
. Il est
incontestable que les nouvelles technologies vont entraîner dans tous les
domaines de la vie économique et sociale des mutations d'envergure dont
nous ne pouvons encore prendre la mesure.
L'effort qui a été consacré au développement de ces
technologies dont l'intérêt n'est plus contesté aujourd'hui
par personne doit maintenant être relayé par
un effort portant
sur les utilisations de ces technologies
.
Certes, un certain nombre de projets ont déjà été
lancés, en ce domaine, par le ministère : une ACI
« Cognitique » développe la collaboration entre les
neuro-sciences, l'informatique et la psychologie, pour rattraper le retard pris
par la recherche française dans le domaine des sciences de la
cognition ; une ACI « villes » associe les sciences
humaines et sociales, l'urbanisme, et les transports. Mais ces actions sont
encore insuffisamment nombreuses, et il est indispensable d'accentuer les
efforts en ce domaine. Les crédits consacrés à ce type de
recherche, qui s'élevaient à 9,63 millions d'euros
(63,17 millions de francs) en 2000 devraient atteindre 11,13 millions
d'euros (73 millions de francs) en 2001. La programmation pour 2002 ne
sera arrêtée qu'en début d'exercice.
d) La stabilisation des crédits du Fonds de la recherche technologique
Le
Fonds de la recherche technologique
(FRT) est un instrument financier au
service du partenariat entre recherche publique et recherche privée. Il
a en effet pour objet de permettre un transfert technologique des organismes de
recherche publique vers le monde économique. A ce titre, il
privilégie le développement de produits et de services reposant
sur les nouvelles technologies.
Les crédits du Fonds de la recherche technologique
s'élèvent dans le projet de budget pour 2002 à
104,4 millions d'euros (685 millions de francs), en hausse de
0,9 %,
alors que les autorisations de programme sont reconduits au
même niveau qu'en 2001 à hauteur de 152,45 millions d'euros
(1 milliard de francs).
Les moyens du FRT privilégient les sciences du vivant, les technologies
de l'information et le soutien direct à la création et au
développement de jeunes entreprises innovantes.
• Le montant des crédits consacrés aux technologies
liées aux
sciences du vivant
sont passés de
18,45 millions d'euros (121 millions de francs) en 1999 à
38,11 millions d'euros (250 millions de francs) en 2000, et
à 38,11 millions d'euros (250 millions de francs) en
2001. Ils seront reconduits à ce niveau en 2002.
Dans ce domaine, le fonds de la recherche technologique intervient en
complément du Fonds national de la science mais en privilégiant
les projets de recherche orientés vers la demande sociale et les
technologies applicables.
• Les financements consacrés au développement des
nouvelles technologies de l'information et de la communication (NTIC)
devraient passer de 27,44 millions d'euros (180 millions de francs) en
2000, à
38,11 millions d'euros (250 millions de francs) en
2001
; ils sont accordés principalement :
- via le
Réseau national de recherche en
télécommunications (RNRT)
qui regroupe les laboratoires
publics, les industriels, et les opérateurs du secteur, en vue de
développer les projets relatifs à l'internet haut débit,
aux téléphones mobiles multimédia et aux installations de
satellites ;
12,96 millions d'euros
(85 millions de
francs) ont été consacrés à ces actions en
2001 ;
- via le
Réseau national de recherche et d'innovation en technologies
logicielles (RNTL)
qui lance des appels à projets dans le domaine
des technologies de l'information et de la communication, et notamment dans le
domaine des logiciels ;
12,96 millions d'euros
(85 millions de francs) lui ont été consacrés en
2001 ;
- via le
Réseau des nano et micro technologies (RMNT)
dont une
partie des
9,15 millions d'euros
(60 millions de francs) est
consacrée aux NTIC ;
- via le
Réseau national « audiovisuel et
multimédia »
qui a été créé en
2001 et a été doté de
3,05 millions d'euros
(20
millions de francs) ;
• Parmi les
autres secteurs
qui bénéficient de
l'appui du FRT, on mentionnera notamment :
- le programme de recherche et de développement pour l'innovation
technologique dans les transports (PREDIT) qui a reçu, en 2000, 3,81
millions d'euros (25 millions de francs) et devait recevoir 6,86 millions
d'euros (45 millions de francs) en 2002 ;
- le réseau de recherche sur la pile à combustible (3,81
millions d'euros ; 25 millions de francs en 2001) ;
- le nouveau réseau « matériaux et
procédés » (4,57 millions d'euros ;
30 millions de francs) ;
- le réseau de recherche génie civil et urbain (1,52 million
d'euros ; 10 millions de francs) ;
- le réseau « eau et environnement » (2,29
millions d'euros ; 15 millions de francs) ;
- le réseau « pollutions accidentelles » (2,29
millions d'euros ; 15 millions de francs) ;
- le réseau « supersonique » (2,29 millions
d'euros ; 15 millions de francs) ;
- le réseau terre-espace (4,57 millions d'euros ; 30 millions
de francs) ;
- le financement de projets transnationaux retenus dans le cadre de la
procédure européenne Eurêka (6,86 millions d'euros ;
45 millions de francs).
• Les deux procédures mises en oeuvre en 1999 sur le FRT pour
soutenir directement la création et le développement
d'entreprises innovantes seront poursuivies en 2002 :
- le
concours national d'entreprises innovantes
sera de nouveau
doté de 30,5 millions d'euros (200 millions de francs) dont 12,20
millions d'euros (80 millions de francs) en provenance de l'ANVAR et du Fonds
social européen.
- les
engagements financiers sur les incubateurs
seront, comme en 2001,
maintenus au niveau de 1,52 million d'euros (10 millions de francs) en
complément des financements dédiés à cette
opération en 1999 et 2000 (24,70 millions d'euros ; 162
millions de francs) qui ont permis, sur trois ans, la mise en place de 31
incubateurs régionaux.
• La réorientation dans la
répartition des crédits
entre ses principaux bénéficiaires
s'est poursuivie en 2000.
La part des subventions allouées aux grands groupes, qui
représentait 70 % de l'ensemble en 1996 n'en représentait
plus que 21 % en 1999, pourcentage ramené à 8 % en
2000. Cette diminution s'est faite principalement au
bénéfice
des PME
, qui ont perçu en 2000 près de la moitié des
aides versées par le fonds,
et des établissements
d'enseignement supérieur et de recherche
qui en ont perçu
près de 35 %. Le commissariat à l'énergie atomique,
le centre national de la recherche scientifique et l'institut national de
recherche en informatique et en automatique en ont été les
principaux bénéficiaires.
Cette réorientation de l'aide vers les PME innovantes joue un rôle
favorable qui rencontre le plein soutien de votre rapporteur. Mais celui-ci
déplore
le caractère excessivement centralisateur des
procédures d'octroi et de suivi des aides des fonds
, source de
difficulté de gestion dont le rapport de la Cour des comptes s'est fait
l'écho.
La Cour des comptes relève que la répartition des crédits
entre les différents programmes et le lancement des appels d'offres
s'effectuent en début d'année, mais que plus des deux tiers des
décisions d'attribution d'aide sont prises dans les trois derniers mois
de l'année. « Ce calendrier tendu, ajouté au rattrapage
des crédits de paiement intervenu dans les dernières lois de
finances, explique que l'on soit passé d'une situation de dette du FRT
envers ses attributaires, à une situation de reports de crédits
en fin de gestion. Les crédits de paiement non consommés
atteignent 59 millions d'euros (387 millions de francs) fin 1999,
soit une hausse de 190 % et les autorisations de programme
16 millions d'euros (105 millions de francs), soit deux fois plus
qu'en 1998 ».
2. Les organismes de recherche
Les
moyens financiers consacrés par le projet de budget pour 2002 du
ministère de la recherche aux organismes de recherche
s'élèvent à
5 656 millions d'euros
(37,1 milliards de francs) en crédits de paiements, en hausse de
0,8 %
par rapport à 2001, et à 1 960 millions
d'euros (1,28 milliard de francs) en autorisation de programmes, en hausse
de 1,9 %.
Ces moyens financiers couvrent à la fois les dépenses de
personnel, de soutien de base aux unités de recherche, et les
crédits d'investissement destinés aux équipements moyens
et lourds des laboratoires.
Ces organismes de recherche, variés par leur champ d'intervention et par
leur dimension, sont traditionnellement répartis en trois grandes
catégories, en fonction de leur statut juridique :
* Les 9 établissements publics à caractère
scientifique et technologique
(EPCST) bénéficieront en 2002
de 3,5 milliards d'euros (23 milliards de francs) de crédits
de paiement, en hausse de 1,4 %.
Le centre national de la recherche scientifique
(CNRS) qui exerce son
activité dans tous les champs de la connaissance, et compte 1200
unités de recherche est à lui seul doté d'un budget de
2,17 milliards d'euros (14,23 milliards de francs) qui
représente 60 % de l'ensemble.
Avec des budgets respectifs d'environ 550 et 450 millions d'euros (3,6 et
2,95 milliards de francs),
l'Institut national de la recherche
agronomique
(INRA) et
l'Institut national de la santé et de la
recherche médicale
(INSERM) pèsent également d'un
poids relatif très significatif.
Pour être dotés d'enveloppes financières plus modestes,
l'Institut de recherche pour le développement (IRD),
l'Institut de la
recherche en informatique et en automatique
(INRIA), le Centre national du
machinisme agricole, du génie rural, des eaux et forêts
(CEMAGREF), le Laboratoire central des points et chaussées (LCPC),
l'Institut national de recherche sur les transports et leur
sécurité (INRETS) et l'Institut national d'études
démographiques (INED) n'en jouent pas moins un rôle
essentiel ;
*
Les 6 établissements publics à caractère
industriel et commercial
(EPIC) auxquels s'ajoute un groupement
d'intérêt public, bénéficieront en 2002 de
2 milliards d'euros (13,12 milliards de francs), en diminution de
0,2 %.
Les crédits destinés au
centre national d'études
spatiales
(CNES) -1,15 milliard d'euros (7,54 milliards de
francs)- représentent plus de 57 % de l'ensemble et couvrent
à la fois la réalisation des programmes nationaux et la
participation aux programmes de l'Agence spatiale européenne.
Avec près de 500 millions d'euros (3,28 milliards de francs),
le
Commissariat à l'énergie atomique
(CEA)
représente près du quart de cette enveloppe globale.
L'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie
(ADEME), le centre de coopération internationale en recherche
agronomique pour le développement (CIRAD), l'Institut français de
recherche pour l'exploitation de la mer (IFREMER), le bureau de recherches
géologiques et minières (BRGM) et le groupement
d'intérêt public qu'est l'Institut français pour la
recherche et la technologie reçoivent des dotations plus modestes.
• Une enveloppe de 110 millions d'euros (721 millions de francs)
est destinée à plusieurs
fondations et organismes
privés
: instituts Pasteur, Institut Curie, ...
Les enveloppes financières globales consacrées à ces
différentes catégories d'organismes connaissent, dans le projet
de budget pour 2002, une assez grande stabilité. Une analyse plus
poussée fait cependant apparaître un traitement
différencié tant en matière de créations d'emplois
que d'attribution de crédits qui traduisent des priorités assez
fortement marquées.
a) Les créations d'emplois
Le
projet de loi de finances pour 2001
avait créé
305
emplois
, dont 265 dans les établissements publics scientifiques et
technologiques. Ces créations d'emplois avaient été
principalement attribuées à l'Institut national de la recherche
en informatique et en automatique (INRIA) qui avait
bénéficié à lui seul de 116 créations
de postes, ainsi qu'à l'Institut national de la santé et de la
recherche médicale (INSERM) pour 74 postes, ainsi qu'au Centre national
de la recherche scientifique (CNRS) pour 70 postes.
Le
projet de budget pour 2002
accentue cet effort et prévoit la
création de 500 emplois
, dont 463 dans les
établissements publics scientifiques et technologiques.
Ces créations d'emplois se répartissent entre :
- 100 emplois de chercheurs ;
- 163 emplois d'ingénieurs et techniciens auxquels s'ajoutent
200 emplois gagés sur les ressources propres des
établissements.
Ces créations d'emplois présentent l'avantage d'être
très volontairement
ciblées sur les organismes qui
correspondent aux priorités
sectorielles du ministère et
de récompenser des établissements qui ont fait la preuve de leur
efficacité
.
Elles bénéficient en effet principalement :
- à l'Institut national de la recherche en informatique et en
automatique (INRIA) : 110 postes ;
- à l'Institut national de la recherche agronomique (INRA) :
100 postes ;
- à l'Institut national de la santé et de la recherche
médicale (INSERM) : 80 postes.
|
Emplois de chercheurs |
Emplois d'ingénieurs, techniciens et administratifs |
Emplois gagés |
INRIA |
50 |
50 |
10 |
CNRS |
20 |
35 |
85 |
INSERM |
15 |
25 |
40 |
INRA |
11 |
41 |
48 |
IRD |
2 |
8 |
10 |
INRETS |
2 |
2 |
3 |
CEMAGREF |
- |
2 |
2 |
INED |
|
|
2 |
TOTAL |
100 |
163 |
200 |
Le
coût global de ces créations d'emplois
n'est pas excessif
au regard de l'importance stratégique des secteurs dont elle renforcera
le potentiel de recherche un peu moins de
5 millions d'euros
(32,8
millions de francs). L'étude du commissaire européen Philippe
Busavin, citée précédemment, montre que la France a pris
du retard en terme de nombre de chercheurs par habitant, même s'il est
vrai que cette constatation reflète un moindre financement de la
recherche par le secteur privé, conséquence de la lourdeur des
prélèvements fiscaux et sociaux.
Il faut y ajouter
3,4 millions d'euros (22,30 millions de francs)
de mesures catégorielles
et de transformations d'emplois,
destinées à améliorer les perspectives de carrière
et à requalifier des emplois, ainsi qu'une mesure nouvelle de
5,5 millions d'euros (36,08 millions de francs) pour l'abondement des
crédits indemnitaires des personnels ingénieurs, techniciens et
administratifs.
b) Les dotations financières des organismes de recherche
L'évolution des moyens de paiement et des autorisations de programme des établissements publics industriels et commerciaux est retracée dans les tableaux suivants :
EVOLUTION DES MOYENS DE PAIEMENT DES ÉTABLISSEMENTS SCIENTIFIQUES ET TECHNIQUES (EPST)
|
DO
LFI
|
DO
PLF
|
|
LP PLF 2001 |
CP PLF 2002 |
|
DO + CP 2001 |
DO + CP 2002 |
|
INRETS |
28,1 |
28,8 |
+2,3 |
7,33 |
6,76 |
8,4 |
34,8 |
35,5 |
2,1 |
LCPC |
34,8 |
34,7 |
-0,3 |
7,4 |
7,1 |
-4,3 |
42,3 |
41,8 |
-1 |
CNRS |
1 743 |
1 760 |
+1 |
411 |
412 |
+0,2 |
2 153 |
2 172 |
+0,9 |
INRA |
453 |
466 |
+2,7 |
96,4 |
87,2 |
-9,5 |
550 |
553 |
+0,5 |
CEMAGREF |
34,5 |
35,4 |
+2,6 |
5,97 |
5,90 |
-1,1 |
40,5 |
41,3 |
1,9 |
INRIA |
59,4 |
66,3 |
+ 11,6 |
28,1 |
30,6 |
+8,5 |
87,6 |
96,9 |
+10,7 |
IRD |
135,5 |
136 |
+0,4 |
29,4 |
30,3 |
+3,4 |
165 |
166,3 |
0,8 |
INSERM |
316 |
326 |
+3,1 |
113,9 |
119,4 |
+5,3 |
430 |
445,6 |
+3,6 |
INED |
10 |
10,3 |
+2,5 |
3,9 |
4 |
3 |
13,9 |
14,3 |
2,6 |
(en millions d'euros)
EVOLUTION DES AUTORISATIONS DE PROGRAMME DES EPST
|
AP LFI 2001 |
AP PLF 2002 |
Evolution en % |
INRETS |
6,7 |
7,3 |
+9 |
LCPC |
7,4 |
7,9 |
+6 |
CNRS |
427 |
457 |
+7 |
INRA |
100,3 |
96,9 |
-3,4 |
CEMAGREF |
6,15 |
6,61 |
+7,4 |
INRIA |
29 |
37,6 |
+30 |
IRD |
29,8 |
31,3 |
+5 |
INSERM |
116,7 |
124,7 |
+6,8 |
INED |
3,98 |
4,1 |
+3 |
(en millions d'euros)
Ces
chiffres appellent un certain nombre de remarques.
Comme en 2001, la volonté affichée du gouvernement de
procéder à un « renforcement très significatif
des moyens des laboratoires publics de recherche » se traduit par
une progression plus importante des autorisations de programme que des
crédits de paiement
. Votre rapporteur avait déjà
souligné, l'année dernière, que cette volonté
devrait être confirmée par les projets de budgets des prochains
exercices, qui devront inscrire les crédits de paiement
nécessaires à la réalisation de ces autorisations de
programme. L'analyse du projet de budget pour 2002 montre cependant que ce
rattrapage des crédits de paiement tarde dans la plupart des cas
à se concrétiser.
Dans ces conditions, votre rapporteur met en garde le gouvernement contre le
risque d'une nouvelle inflation des autorisations de programme
« dormantes » déjà dénoncée,
dans le passé par la Cour des comptes. Dans le rapport que celle-ci a
rendu en juin 2000 sur l'exécution du projet de loi de finances pour
1999, elle avait salué l'effort d'apurement accompli par le
ministère, pour un montant de près de 144,83 millions
d'euros (950 millions de francs) qui ont été annulés.
Elle avait cependant estimé qu'il restait des stocks importants
d'autorisations de programme à l'INSERM, au CNRS et à l'INRA.
En revanche, l'examen détaillé des crédits montre
effectivement un
traitement différencié des
établissements et des priorités marquées :
- la progression de 10,7 % des moyens de paiement et de 30 % des
autorisations de programme de l'INRIA traduit une
priorité
très opportune en faveur des sciences et technologies de
l'information ;
- la priorité en faveur des sciences du vivant
conduit à
privilégier l'Institut national de la santé et de la recherche
médicale (INSERM) dont les crédits de paiement progressent de
5,3 % et les autorisations de programme de 6,8 %.
- le centre national du machinisme agricole, du génie rural, des eaux et
forêts (CEMAGREF) bénéficie d'une augmentation de
7,4 % de ses autorisations de programme, alors que ses crédits de
paiement diminuent de 1 %.
EVOLUTION DES MOYENS DE PAIEMENT DES EPIC
(en millions
d'euros)
|
DO LFI 2001 |
DO PLF 2002 |
|
CP LFI 2001 |
CP PLF 2002 |
|
DO+CP 2001 |
DO+CP 2002 |
|
IFRTP |
10,9 |
11,1 |
+1,8 |
5 |
5,3 |
5,3 |
16 |
16,5 |
+3,1 |
BRGM |
19,3 |
19,3 |
- |
14 |
14,9 |
1,3 |
52,4 |
52,6 |
+ 0,4 |
CIRAD |
89,8 |
91,6 |
+2 |
23,8 |
24,4 |
2,5 |
113,6 |
116 |
+2,2 |
CEA |
449 |
442,4 |
-1,5 |
62,5 |
57,1 |
-8,6 |
511 |
499 |
-2,3 |
CNES |
139,5 |
139,5 |
- |
1 013 |
1 013 |
- |
1 152,5 |
1 152,5 |
- |
IFREMER |
80,2 |
81,5 |
+1,5 |
66 |
70 |
+6 |
146,5 |
151,7 |
+3,6 |
ADEME |
7,6 |
7,7 |
+1 |
20 |
19 |
-3,5 |
27,3 |
26,6 |
-2,5 |
EVOLUTION DES AUTORISATIONS DE PROGRAMME DES EPIC
(en
millions
d'euros)
|
AP LFI 2001 |
AP PLF 2002 |
Variation en % |
IFRT |
5,26 |
5,36 |
+1,9 |
BRGM |
14,9 |
14,9 |
- |
CIRAD |
24 |
24,4 |
+1,6 |
CEA |
62,5 |
57,1 |
-8,6 |
CNES |
640 |
675 |
+5,6 |
IFREMER |
72,5 |
68,9 |
-5 |
ADEME |
19,6 |
19,6 |
- |
II. QUELLES ORIENTATIONS POUR LA POLITIQUE DE RECHERCHE ?
A. POUR UNE NOUVELLE APPROCHE DES TECHNOLOGIES DE L'INFORMATION ET DE LA COMMUNICATION
Depuis plusieurs années, le Sénat a insisté sur le caractère fondamental pour notre pays de la recherche sur les nouvelles technologies de l'information et de la communication, qui doivent lui permettre d'entrer dans la société de l'information. Aussi peut-on se féliciter de voir le gouvernement se rallier à cette analyse, et la compter au nombre de ses priorités. Il apparaît toutefois utile, dorénavant, de ne plus se focaliser exclusivement sur ces recherches proprement dites, mais de développer une approche plus transversale sur les conséquences qu'auront les applications de ces technologies.
1. Une priorité régulièrement défendue par le Sénat
Depuis
longtemps déjà, les travaux du Sénat et de l'Office
parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques
insistent sur le fait que, dans les années à venir, la croissance
économique de la France dépendra du succès de son
entrée dans la société de l'information. Il ne s'agit pas,
bien entendu, d'affirmer que ce domaine est le seul à mériter un
effort de recherche : les recherches dans le domaine des biotechnologies,
de la santé, de l'environnement et de l'énergie, qui figurent
également parmi les priorités affichées par le
ministère sont importantes et à juste titre distinguées.
Mais le secteur de l'informatique et de la communication, par son
caractère transversal, recouvre tous les autres et les progrès y
sont à la fois fulgurants et déterminants pour l'avenir.
C'est pourquoi, il importe que notre pays ne soit pas réduit au statut
de consommateur de nouvelles technologies, mais qu'il participe, en tant
qu'acteur, à la croissance industrielle qui découlera de la
société de l'information.
Votre rapporteur insiste depuis longtemps sur le fait que la maîtrise de
ces technologies constitue désormais un enjeu stratégique majeur.
Elle déterminera, en effet, pour une large part la
compétitivité des économies, la qualité des
réseaux de communication, l'efficacité administrative et donc
l'attractivité du territoire national pour les investisseurs
étrangers. Il s'agit donc de déjouer un risque de sujétion
non seulement économique mais également scientifique et
culturelle.
Il a toujours insisté sur le potentiel que représente ce secteur
comme moteur de la croissance et source de création d'emplois.
Aussi s'était-il félicité en particulier de l'adoption,
par le conseil européen qui s'est tenu à Lisbonne les 23 et 24
mars 2000, d'une déclaration qui fixe à l'Union l'ambition de
devenir l'économie de la connaissance la plus compétitive, et
incite à ce titre à promouvoir le développement des
technologies de l'information et des réseaux de
télécommunications les plus modernes.
2. Une priorité transcrite dans le projet de budget pour 2002
Le
conseil interministériel pour la société de l'information
qui s'est tenu le 10 juillet 2000 a reconnu le caractère
stratégique des sciences et technologies de l'information, et a
décidé un effort important pour favoriser la recherche en ce
domaine. Il a annoncé, en particulier, son intention d'augmenter de
25 % en cinq ans les effectifs de la recherche publique qui leur sont
consacrés, et sa décision d'augmenter de 50 % dès
2001 les crédits que leur consacre le fonds national de la science et le
fonds de recherche technologique.
Certaines de ces annonces trouvent une traduction dans le projet de budget pour
2002.
a) Le renforcement des moyens et des effectifs de l'INRIA
L'institut national de recherche en informatique et en
automatique
(INRIA) est au coeur du dispositif de recherche publique français dans
le domaine des nouvelles technologies de l'information et de la communication.
Il a pris, au sein de la communauté internationale une place de
choix : son excellence scientifique, son rayonnement et le dynamisme de sa
politique de transfert de technologies sont unanimement reconnus et
appréciés.
Disposant en 2001 de 882 emplois budgétaires, dont 406 postes de
chercheurs, l'INRIA accueille dans ses unités environ 2 400
personnes grâce à une politique active de partenariat
développée avec de nombreux organismes de recherche, en France et
à l'étranger.
La recherche est organisée en groupes de petite taille, appelés
« projets de recherche », qui présentent une forte
unité thématique et disposent d'une grande autonomie. Ces projets
sont évalués tous les quatre ans, et leur rythme de
renouvellement est très élevé. Il en résulte un
renouvellement des responsables de projets de recherche qui favorise
l'autonomie des jeunes chercheurs. Plus de la moitié de ces projets sont
communs avec d'autres établissements.
La
stratégie de développement
de l'INRIA repose sur trois
convictions fondamentales :
1) « le cercle vertueux » qui relie la recherche de base et
les applications impose de raccourcir les délais de transferts de
technologie ;
2) il existe des synergies très profondes entre l'informatique, les
mathématiques appliquées et les autres sciences (sciences
physiques, sciences du vivant, sciences économiques et sociales) ;
3) les partenariats et les échanges, au niveau national et
international, sont d'une importance capitale.
Le
contrat quadriennal
passé entre l'Etat et l'INRIA,
signé le 18 juillet dernier, formalise leurs engagements respectifs
pour la période 2000-2003. Il prévoit que les
effectifs
de
l'INRIA seront portés de 755 à 1 180 personnes d'ici
2003, et que les
crédits
accordés à l'Institut lui
permettront d'accompagner l'augmentation de ses effectifs.
En contrepartie de l'effort consenti par l'Etat, l'INRIA s'est engagé
à réaliser
cinq objectifs
définis avec
précision :
• Contribuer au meilleur niveau mondial à la
résolution
des grands défis scientifiques
dans le domaine des sciences et
technologies de l'information et de la communication, mais également
dans les secteurs où il joue un rôle clé, comme les
sciences du vivant, avec la bio informatique ;
• Obtenir des
succès de renom international en matière de
transfert technologique
, que ce soit par la valorisation des
résultats de recherche en milieu industriel, par la création de
sociétés de technologie, ou par la diffusion de logiciels, en
renforçant notamment ses partenariats avec le monde industriel, son
implication dans les incubateurs et les fonds d'amorçage, ou dans les
centres nationaux de recherche technologique (CNRT) proches de ses
thématiques de recherche, récemment créés ;
• Amplifier son
effet d'entraînement et renforcer notablement ses
partenariats
pour favoriser la réussite de l'ensemble du dispositif
national de recherche et d'enseignement supérieur dans le domaine des
sciences et technologies de l'information et de la communication ; doubler
ses partenariats au sein de projets communs de recherche, tripler le nombre de
ses projets de recherche localisés en dehors de ses unités de
recherche ;
• Accroître son
rayonnement international
et contribuer
à renforcer la communauté scientifique européenne dans le
domaine des sciences ;
• Mettre en place une
politique de ressources humaines dynamique
,
améliorer le fonctionnement interne de l'Institut et renforcer son
attractivité.
L'INRIA développe en outre une politique de
transferts vers
l'industrie
particulièrement active. Ceux-ci peuvent prendre quatre
formes principales :
- des
associations avec des partenaires régionaux
, en particulier
des entreprises de technologie -principalement des PME- permettant
d'échanger des informations, de détecter en amont et
d'approfondir les besoins en recherche des entreprises et de leur offrir des
services ;
- des coopérations bilatérales et ponctuelles sous forme de
contrats de recherche ou d'expertise
, parfois intégrés
dans des accords de partenariat définissant sur une base pluriannuelle
les relations avec les grands groupes ;
- des
« actions de développement »
,
opérations finalisées à coût partagé
constituées pour trois à cinq ans en association avec des grands
acteurs ou usagers des STIC ; parmi celles-ci, la plus visible au plan
international est le pilotage par l'INRIA, aux côtés du MIT aux
Etats-Unis et de l'université Keio au Japon, du consortium W3C qui
regroupe plus de 500 organisations dans le monde et a pour but, en
développant des spécifications ou des logiciels de
référence, de préserver l'interopérabilité
des produits et des services du web ;
-
l'essaimage
: plus de 50 sociétés de technologie,
rassemblant au total près de 1 500 salariés, ont
été créées à partir de l'INRIA ;
l'Institut s'est doté en 1998 d'une filiale, INRIA-Transfert, dont la
vocation est de favoriser, notamment sur le plan du financement initial (fonds
d'amorçage), la création d'entreprises à fort contenu
technologique dans le secteur des STIC.
b) Le rôle joué par les réseaux de recherche et d'innovation technologique
Les
réseaux de recherche et d'innovation technologiques (RRIT) en
technologies de l'information et de la communication sont un instrument
essentiel des actions menées par le ministère de la recherche en
ce domaine.
Quatre réseaux portant sur les technologies de l'information et de la
communication ont été mis en place :
• Le réseau national de recherche en
télécommunications (RNRT)
a été
créé en 1998 et a lancé en 2001 son cinquième appel
à proposition. Les orientations prioritaires qui lui sont fixées
pour 2001 portent autour de la notion d'environnement privé. Son budget
prévisionnel qui s'est élevé à 12,96 millions
d'euros (85 millions de francs) contre (8,74 millions d'euros)
57,3 millions de francs attribués en 2000 a été
entièrement affecté. L'analyse des aides 2000 montre que
32 % des fonds ont été attribués à des
laboratoires publics, 35 % à de grands groupes et 33 %
à des PME dont la part est en forte augmentation ;
•
Le réseau micro et nano-technologies (RMNT)
a
été créé en 1999 et sa logistique est
assurée par le CEA-LETI. Aucun thème particulier n'est mis en
position prioritaire, parmi les domaines couverts par le réseau, mais
l'analyse des projets en cours montre que les secteurs
privilégiés sont la micro-électronique,
l'optoélectronique et les microcomposants.
• Le réseau national en technologies du logiciel
(RNTL) a
été lancé en 2000 et son deuxième appel à
proposition en 2001 a mis l'accent sur la recherche sur les logiciels libres.
Son budget qui est passé de 10,2 millions d'euros (67 millions
de francs) en 2000 à 12,96 millions d'euros (85 millions de francs) en
2001, est totalement affecté. L'analyse des financements montre une
répartition de 45 % pour les laboratoires publics et de 55 %
pour les industriels.
• Le réseau de recherche et d'innovation sur l'audiovisuel et le
multimédia (
RIAM) a été créé le 21
février 2001 pour amener une composante « contenu »
et « création » dans le dispositif global.
3. La nécessité d'une réflexion sur les usages des nouvelles technologies
Les
nouvelles technologies vont provoquer, dans tous les domaines du fonctionnement
de nos sociétés, des bouleversements dont nous ne pouvons pas
encore mesurer toute l'importance.
Celles-ci influenceront les sciences de l'organisation, car l'internet oblige
à repenser les structures hiérarchiques en privilégiant le
développement des structures du réseau. Elles affecteront les
sciences de l'éducation, en facilitant le recours au
télé-enseignement, et auront des conséquences
révolutionnaires sur les politiques éducatives qui pourront
être réalisées, par exemple, en direction du pays du Sud,
ou au sein de l'espace francophone. Leur apport peut également
être considérable en matière de biologie. Le programme du
génome humain supposera la constitution de mégabanques de
données, bien sûr, mais aussi les neurosciences qui peuvent,
elles, apporter des contributions aux structures des ordinateurs du futur et
réciproquement. Les géographes devraient être
particulièrement concernés par les conséquences
prévisibles du développement du télétravail sur
l'aménagement du territoire. Les sciences et technologies de
l'information devraient, bien sûr, également intéresser les
psychologues, les sociologues et les spécialistes de la cognitique.
La création, le 5 octobre 2000, d'un
nouveau département au
sein du CNRS
qui a vocation à regrouper différentes
équipes travaillant en matière de sciences et de technologies de
l'information constitue une première réponse à ce besoin
fondamental. De par son caractère pluridisciplinaire, le CNRS
paraît en effet l'organisme le mieux adapté à ce type de
recherches transversales par nature.
Toutefois, ce type de recherche qui doit constituer aujourd'hui, un axe de
recherches prioritaires doit concerner aussi les autres acteurs de la recherche.
Il est significatif, à cet égard, que
l'INRIA
dont le
domaine de compétences est relativement ciblé sur le plan
disciplinaire, s'attache également aux relations que ces technologies
entretiennent avec les autres sciences, avec un effort particulier en direction
des sciences du vivant : bio-informatique, neurosciences, technologies
médicales, modélisation des éco-systèmes, ...
Le
réseau national de recherche en
télécommunications
, a d'ailleurs également
lancé à la fin 2000 un appel à proposition
spécifique sur les usages de ces technologies en coopération avec
les sciences humaines et sociales : 18 projets ont été
proposés, et cinq labellisés en mars 2001 pour un montant de
0,46 million d'euros (3 millions de francs).
Ces efforts doivent être poursuivis et accentués à
l'avenir.
B. LA RECHERCHE EN SCIENCES DU VIVANT
Le
projet de budget pour 2002 renforce les moyens alloués aux sciences du
vivant, à travers l'augmentation du budget de l'INSERM qui
bénéficie de 80 créations d'emplois et de crédits
en hausse de 3,6 % ; de celle du budget de l'INRA qui
bénéficie de 100 créations d'emplois, et de l'enveloppe du
Fonds national de la science (FNS).
Un effort particulier a été réalisé dans le domaine
de l'étude du génome humain, grâce aux infrastructures
lourdes mises en place à Evry : Centre national de
séquençage (CNS), Centre national de génotypage (CNG),
Centre de développement bio-informatique (Infobiogen) qui sont
subventionnés par le programme Génomique, doté de
68,60 millions d'euros (450 millions de francs) en 2001.
Le réseau de recherche technologique
« Génoplante », créé en 1998, associe
quatre établissements publics (l'INRA, le CNRS, le CIRAD et l'IRD) et
trois structures industrielles regroupant les entreprises semencières
nationales.
Les programmes couvrent un champ allant des ressources génétiques
à l'analyse génomique des espèces végétales.
Les recherches sur les maladies infectieuses font également l'objet d'un
renforcement de leurs moyens. Le budget du fonds national de la science pour
l'étude des maladies à prion, doté initialement de 3
millions d'euros (20 millions de francs) a été abondé
par 21,4 millions d'euros (140 millions de francs) supplémentaires
par la loi de finances pour 2001.
C. LA RECHERCHE EN MATIÈRE D'ENVIRONNEMENT
Les recherches portant sur l'environnement occupent une place croissante dans les moyens du ministère de la recherche ; elles disposeront en 2002 de 1 445 millions d'euros (10 milliards de francs) et représentent le deuxième poste du BCRD .
1. La nouvelle problématique de la sécurité environnementale
Celles-ci s'organisent autour de
trois grandes
problématiques
, qui ont été définies lors de la
conférence de Rio et qui correspondent à l'émergence d'une
nouvelle exigence en matière de sécurité
environnementale :
- les changements planétaires (effet de serre, évolutions
climatiques) ;
- la biodiversité et la gestion des ressources renouvelables ;
- le cadre de vie et les relations environnement-santé.
2. Un dispositif de recherche éclaté
Le
potentiel de recherche sur l'environnement est réparti entre les
établissements publics, les universités et les grandes
écoles. Aucun d'entre eux, toutefois, ne couvre l'ensemble de ce
champ :
- les aspects liés à l'agriculture relèvent de l'INRA, du
CIRAD et de CEMAGREF ;
- les zones littorales, océaniques, les questions relatives au climat et
à l'atmosphère relèvent principalement du CNRS, de
l'IFREMER, de l'IRD du CNES et de Météo France ;
- les questions urbaines et sociologiques relèvent notamment du CNRS, du
BRGM et du LCPC ;
En outre, les ministères techniques jouent également un
rôle important d'animation et d'orientation. Pour remédier
à l'éclatement de ce dispositif, le ministère de la
recherche a institué un
conseil de la recherche sur le changement
climatique et le développement durable
chargé de la
réflexion prospective, de l'analyse stratégique et de la
coordination des programmes.
3. Les actions du ministère de la recherche
Les
actions propres du ministère de la recherche se partagent entre les
actions concertées incitatives et les réseaux de recherche et
d'innovation technologiques.
Les
actions concertées incitatives
du domaine de l'environnement
s'intitulent :
- eau et environnement (0,76 million d'euros ; 4,99 millions de
francs) ;
- écologie quantitative (1,37 million d'euros ;
8,99 millions de francs) ;
- prévention des catastrophes naturelles (1,37 million
d'euros ; 8,99 millions de francs) ;
- action planète-océan-atmosphère (0,6 million
d'euros ; 3,94 millions de francs) ;
- observation de la terre (0,6 million d'euros ; 3,94 millions
de francs).
Les
réseaux de recherche et d'innovation technologiques
portant
sur ce même secteur sont :
- le réseau « terre et espace » (4,5 millions
d'euros par an) ;
- le réseau « Eau et technologie de
l'environnement » (5,5 millions d'euros par an);
- le réseau « Pollutions marines accidentelles » (3
millions d'euros par an).
Le soutien apporté par le ministère aux projets EUREKA, ou les
actions conduites par l'ADEME sont également susceptibles de se
rattacher à ce domaine de recherche.
4. La nécessité de renforcer et d'élargir l'étude des risques.
Les
recherches en matière d'environnement, qui tournent autour de la notion
de sécurité environnementale, témoignent de
la prise de
conscience
,
par nos sociétés, de la place centrale que
doit occuper l'évaluation des risques et de leurs
conséquences
.
La question de l'évaluation de ces risques est déjà
devenue un élément clef dans l'approche de la
sécurité environnementale. Elle ne doit pas cependant se limiter
au seul impact environnemental, mais s'étendre aux domaines les plus
variés : qu'il s'agisse de l'étude des risques sociaux,
politiques, épidémiologiques.
Cette étude, transversale par nature, doit naturellement
s'intégrer au champ de réflexion de la plupart des chercheurs.
D. LE SOUTIEN AUX TRANSFERTS DE TECHNOLOGIE ET AUX ENTREPRISES INNOVANTES
Le
soutien aux transferts de technologie et aux entreprises innovantes est un des
axes de la politique de recherche en faveur duquel la commission des affaires
culturelles du Sénat s'est le plus régulièrement
engagée depuis plusieurs années.
Elle a d'ailleurs largement contribué à l'élaboration puis
à l'adoption de la loi du 12 juillet 1999 sur l'innovation et la
recherche, qui a rencontré un puissant appui au Sénat.
Aussi votre rapporteur se félicite-t-il des dispositions
financières et fiscales prises en faveur de la création
d'entreprises innovantes, même s'il estime que les dispositifs actuels
doivent encore être améliorés et étendus.
1. L'application de la loi sur l'innovation et de recherche
La loi sur l'innovation et la recherche du 12 juillet 1999 a pour objet d'encourager les organismes de recherche et les universités à valoriser les résultats de leur recherche, et de permettre aux chercheurs et aux étudiants chercheurs de participer à la création d'une entreprise qui valorise leurs recherches.
a) La valorisation des résultats de la recherche publique
La loi
du 12 juillet 1999 encourage les organismes de recherche et les
universités à valoriser les résultats de leur recherche
grâce à trois séries de dispositions :
- des dispositions qui les autorisent à assurer, par convention, des
prestations de services, à exploiter des brevets et licences, à
commercialiser les produits de leur activité, et pour les
établissements publics à caractère scientifique et
technique, à gérer des contrats de recherche ;
- des dispositions qui les autorisent, par convention et pour une durée
limitée, à fournir à des entreprises ou à des
personnes physiques, des moyens de fonctionnement, et notamment des locaux, des
équipements et des matériels ; bref à créer
des
« incubateurs ».
- des dispositions qui précisent que l'ensemble de ces activités
peuvent être gérées par des
services d'activités
industrielles et commerciales (SAIC).
Si le décret précisant les modalités de création
des incubateurs a été publié dès le mois de
septembre 2000, les textes précisant le régime financier et
comptable des SAIC et les conditions dans lesquelles ils pourront recruter des
agents non titulaires sur des contrats de droit public à durée
indéterminée, ne sont toujours pas sortis. Ce retard inacceptable
entrave le fonctionnement des incubateurs.
En effet, le transfert de technologie, et le passage de l'idée innovante
au projet d'entreprise et à son financement sont des activités de
nature industrielle qui ne souffrent pas l'improvisation, que ces
activités aient trait à la politique de propriété
industrielle, à la rédaction des brevets et des contrats de
licence, à la levée des fonds, ou encore à la
commercialisation des activités, qui nécessitent une approche
très professionnelle.
Compte tenu du caractère interministériel de la rédaction
de ces décrets d'application, le ministère de la recherche ne
peut être tenu pour responsable de ce retard qui incombe plutôt au
gouvernement.
b) L'encouragement à la mobilité et à la création d'entreprises
La loi
n° 99-587 du 12 juillet 1999 a prévu trois séries de
dispositions pour développer les liens entre les chercheurs et les
entreprises qui valorisent leurs recherches. Ces dispositions sont contenues
dans les articles nouveaux 25-1, 25-2 et 25-3 insérés par la loi
de 1999 dans le dispositif de la loi n° 82-610 rectifiée du 15
juillet 1982 d'orientation et de programmation pour la recherche et le
développement technologique.
L'article 25-1 autorise les personnels de recherche à participer
à titre personnel, en qualité d'associé ou de dirigeant,
à la création d'une entreprise dont l'objet est d'assurer la
valorisation de leurs travaux de recherche ;
L'article 25-2 autorise ces mêmes personnels de recherche à
apporter leur concours scientifique, pendant une période de cinq ans
renouvelable, à une entreprise qui assure la valorisation de leurs
travaux de recherche ;
L'article 25-3 autorise ces personnels de recherche à être,
à titre personnel, membres du conseil d'administration ou du conseil de
surveillance d'une société anonyme afin de favoriser la diffusion
des résultats de la recherche publique.
Une circulaire en date du 7 octobre 1999 est intervenue rapidement pour
préciser les modalités de mise en oeuvre de ces dispositions. Les
décrets relatifs aux plafonds de rémunérations des
chercheurs participant à des actions de transfert de technologies, ont
été pris dans l'année.
Il reste cependant, dans un souci de cohérence juridique, à
inscrire dans les statuts des différents personnels concernés,
les droits que leur reconnaît la loi sur l'innovation et la recherche.
Le premier bilan que l'on peut tirer de ces dispositions est encourageant
puisque, entre le 2 décembre 1999 et le 22 février 2001, la
commission de déontologie chargée d'examiner les demandes, a
reçu 130 dossiers, dont 111 ont, au 1
er
mars 2001 obtenu un
avis favorable.
2. Le soutien apporté à la création d'entreprises innovantes
Ces dispositions législatives sont complétées par des mesures financières destinées à favoriser la création d'entreprises innovantes.
a) L'appel à projet « incubation et capital amorçage des entreprises technologiques ».
Le
ministère de l'éducation nationale, de la recherche de la
technologie et le ministère de l'économie, des finances et de
l'industrie ont lancé en mars 1999 un appel à projets
« Incubation et capital-amorçage des entreprises
technologiques » à destination des établissements
d'enseignement supérieur, des organismes de recherche, des
professionnels de l'accompagnement des entreprises et des professionnels du
capital-risque afin d'encourager la création d'entreprises
technologiques innovantes susceptibles de valoriser le potentiel de recherche
des laboratoires publics.
Dans sa partie
« incubation »
l'appel à
projets vise à susciter la mise en place de nouvelles structures
d'incubation émanant d'établissements d'enseignement
supérieur ou de recherche. Le soutien du ministère s'est
dirigé vers des projets nouveaux organisés en partenariat entre
plusieurs établissements et bénéficiant du concours des
collectivités locales.
Le volet
« amorçage »
vise à apporter
aux établissements d'enseignement supérieur et de recherche une
avance en capital qui leur permettra de constituer, avec des partenaires
publics et privés, des fonds destinés à investir dans des
entreprises en création.
L'appel à projets était initialement doté de
100 millions de francs (15,25 millions d'euros) pour le volet
« incubateurs » et de 100 millions de francs
(15,25 millions d'euros), mais compte tenu du nombre de projets
présentés, ces enveloppes financières ont
été portées respectivement à 161 millions de
francs (24,5 millions d'euros) et à 150 millions de francs
(22,86 millions d'euros).
En avril 2001, 31 incubateurs avaient été
sélectionnés, soit au minimum un par région
métropolitaine avec l'objectif d'accueillir, sur trois ans, 900 porteurs
de projets de création d'entreprises innovantes, soit un potentiel de
750 créations effectives.
A la même date, les 10 fonds d'amorçage sélectionnés
-3 fonds nationaux thématique et 7 fonds régionaux-
représentaient un montant cible d'environ 887,8 millions de francs
(135,35 millions d'euros), l'engagement de l'Etat représentant
81 % de l'enveloppe budgétaire.
L'investissement moyen d'un fonds d'amorçage national thématique
est de 6,5 millions de francs (1 million d'euros) et celui d'un fonds
d'amorçage régional peut atteindre 2 millions de francs
(0,30 million d'euros).
b) Le concours national d'aide à la création d'entreprises innovantes
Lancé en 1999, le concours national d'aide à la
création d'entreprises innovantes a connu, en 2001, sa troisième
édition.
Son budget a été fortement renforcé : de
100 millions de francs (15,25 millions d'euros) en 1999, il a
été relevé à 200 millions de francs
(30,50 millions d'euros) en 2000 et 2001.
Il a permis de sélectionner 778 lauréats sur trois ans dont
462 sur des projets en émergence, et 316 en
« création-développement », permettant, au
total, la création de 280 entreprises.
c) Le rôle de l'ANVAR : un soutien essentiel dont les modalités sont à redéfinir.
Le
développement des entreprises innovantes et le renforcement de leurs
investissements, phénomènes encore récents, sont dus, dans
une bonne mesure, à l'appui qu'elles reçoivent de l'ANVAR. Or ces
aides prennent le plus souvent, la forme d'avances remboursables.
C'est ainsi qu'en 2000, son soutien s'est élevé à
217,8 millions d'euros (1 425 millions de francs)
répartis entre 3 240 projets.
Ces montants sont appréciables, mais cette forme d'intervention n'est
pas nécessairement la plus satisfaisante.
Comme tout responsable adapte son comportement aux critères suivant
lesquels il sera jugé, cette forme d'intervention pourrait conduire les
délégués régionaux de l'ANVAR à se focaliser
trop exclusivement sur les seuls taux de réussite et d'échec,
sans prendre en compte les très grandes réussites. Or, celles-ci
peuvent se traduire par une envolée de la valorisation au centuple de la
mise initiale mais sont au départ plus risquées.
Pour cette raison, il conviendrait que l'ANVAR puisse participer aussi -de
façon modeste mais efficace- à la phase la plus délicate
du capital risque, la phase de l'amorçage. Une intervention sous la
forme, non plus d'avance remboursable, mais de participation au capital serait
plus adaptée à des interventions dans des secteurs à la
fois plus risqués et plus rentables en cas de réussite.
d) Les fonds publics pour le capital risque
Pour
renforcer l'offre de capitaux à risque, encore insuffisante en France,
deux fonds ont été créés et confiés à
la caisse des dépôts et consignations.
Le
« Fonds public pour le capital risque »
(FPCR)
est abondé par l'Etat, par la caisse des dépôts, et par la
banque européenne d'investissement (BEI) à hauteur de
45,7 millions d'euros (300 millions de francs) chacun. Il a pour
objectif d'investir dans des fonds de capital risque privés en
exerçant un effet de levier. Au premier semestre 2001, l'engagement
total du fonds se situait à environ 123,5 millions d'euros
(810 millions de francs) sur un montant de 137,9 millions d'euros
(905 millions de francs). Il privilégie des sociétés
liées aux secteurs des biotechnologies et des technologies de
l'information et de la communication.
Au dixième fonds public, le
« Fonds de promotion pour le
capital risque »
répondant aux mêmes objectifs et
d'un montant global de 150 millions d'euros (984 millions de francs)
devrait être prochainement créé.
3. La percée d'une fiscalité favorable
a) Le crédit d'impôt recherche
Le
crédit d'impôt recherche est une mesure fiscale d'ordre
général, créée en 1983 et qui est en application
jusqu'en 2003.
Elle consiste en l'attribution d'un allégement fiscal, qui est de droit,
et fonctionne, pour les entreprises qui en sont les
bénéficiaires, comme un apport de trésorerie.
En 2000, 6 623 entreprises ont souscrit une déclaration de
crédit d'impôt au titre de l'année 1999. Parmi celles-ci,
3 271 ont déclaré un crédit positif pour un montant
de 3 350 millions de francs (510 millions d'euros). Il est
à noter que cette mesure profite particulièrement aux PME. Les
entreprises de moins de 200 millions de francs de chiffre d'affaires
réalisent en effet 15 % des dépenses globales de recherche
et développement, mais obtiennent 35 % des crédits
d'impôts consentis au niveau national. Les entreprises de plus de
500 millions de francs de chiffres d'affaires, qui totalisent 77,5 %
des frais de recherche, ne bénéficient, en revanche, que de
55 % du crédit d'impôt.
b) La fiscalité du capital risque
Les
souscriptions de parts de fonds commun de placement dans l'innovation (FCPI),
effectués par les particulier depuis le 1
er
janvier 1997,
donnent droit à une réduction d'impôt de 25 % du
montant investi. Le projet de loi de finances pour 2002 propose de relever le
plafond de cette réduction d'impôt de 75 000 francs
(11 433 euros) à 78 714,80 francs
(12 000 euros) pour les célibataires, et de
150 000 francs (22 870 euros) à
157 430 francs (24 000 euros) pour les couples.
De plus, les fonds communs de placement dans l'innovation étant des
fonds communs de placement à risques, les personnes physiques peuvent,
sous certaines conditions, être exonérées d'impôt sur
le revenu pour les sommes auxquelles ces parts donnent droit.
c) Les bons de souscription de parts de créateurs d'entreprise (BSPCE)
Ces
bons, créés par la loi de finances pour 1998, permettent à
de jeunes entreprises de moins de quinze ans, d'attirer des salariés en
les intéressant à leur croissance. Le régime fiscal et
social qui s'attache aux plus-values réalisées grâce
à ces bons, est justifié par le fait que ces salariés
prennent un risque en allant travailler dans des entreprises encore fragiles et
qui ne peuvent leur offrir la rémunération auxquelles ils
pourraient prétendre dans des sociétés plus mûres.
Ces bons sont réservés aux entreprises françaises
passibles de l'impôt sur les sociétés, non cotées ou
dont les titres sont cotés sur le nouveau marché, ou sur un
marché similaire de l'espace européen, qui sont détenues
de manière continue, pour au moins 25 % de leur capital par des
personnes physiques, ou par des personnes morales elles-mêmes
détenues par des personnes physiques.
Ce dispositif ouvre des perspectives intéressantes, mais est encore trop
étroit. Il conviendrait de le compléter par un nouveau
système de stock-options, plus transparent, qui pourrait consister en
distribution d'actions s'adressant à la majorité des
salariés d'une entreprise.
Il pourrait également être envisagé de permettre aux
créateurs d'entreprises de mettre plus de 25 % de leurs actions
propres dans les plans d'épargne en action.
E. LA NÉCESSITÉ DE DÉVELOPPER LA CULTURE SCIENTIFIQUE ET TECHNIQUE
Le recul
de la culture scientifique et technique dans notre pays est préoccupant
pour la recherche et pour le débat public. Il est préoccupant
pour la recherche car il s'accompagne d'une certaine désaffection des
jeunes pour les études et les filières scientifiques. Il est
préoccupant pour le débat public car la démocratie suppose
une bonne appréhension des savoirs nécessaires à notre
temps.
Le ministère indique que les
moyens prévus en 2002 pour des
actions comme la fête de la science
, ou l'animation d'ateliers
scientifiques en milieu scolaire, s'élèvent à 2,35
millions d'euros (15 millions de francs) ; 4,4 millions d'euros (29
millions de francs) sont en outre consacrés au soutien des centres de
culture scientifique et technique implantés en région.
Ces montants paraissent cependant dérisoires si on les rapproche des
dépenses qui sont consacrées à la Cité des sciences
et de l'Industrie de la Villette, au Muséum national d'Histoire
naturelle, ou encore au Palais de la Découverte, qui sont tous les
trois, pour l'essentiel implantés à Paris.
Un comité interministériel devrait imposer la
décentralisation d'une partie de ces organismes -à l'instar de ce
qui a été commencé au Muséum national d'histoire
naturelle. Il faut en effet aider fortement à la naissance de sites en
province, notamment auprès des technopoles les plus dynamiques, qui
peuvent constituer des réservoirs de compétences pour les faire
vivre. Une partie des crédits du FRT -et de la DATAR- devrait être
mobilisée à cet effet.
Sans culture scientifique et technique démocratisée il n'y aura
pas de vocations scientifiques chez les jeunes ; l'action actuelle de
centres de culture scientifique et technique n'est pas à la hauteur des
besoins et leur localisation dans les grandes métropoles
régionales est parfois inadaptée dans la mesure où ils ne
diffusent rien hors de leur localisation.
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* *
Je
terminerai par deux propositions.
La première est de rechercher une répartition des
responsabilités plus claire en matière de financement public de
la recherche :
- à l'échelon européen, la réalisation des
grands programmes, le financement de grands équipements transnationaux,
et l'incitation à une mobilité internationale des
chercheurs ;
- à l'échelon de l'Etat, une politique de recherche
appuyée sur des moyens plus importants que ceux dont il dispose
aujourd'hui ;
- enfin, aux régions, départements et communautés
d'agglomération ou communautés urbaines, l'appui donné aux
centres d'excellence et aux technopoles, adossé au soutien de l'Etat.
Les collectivités territoriales françaises seraient heureuses
d'avoir, à l'image des Länder allemands, de plus gros moyens pour
intervenir, de façon efficace, dans des domaines vitaux pour leur avenir.
La seconde est d'inciter les pouvoirs publics à mieux prendre en compte
un axe de recherche transversal dont l'importance ne me semble pas avoir
été encore appréciée à sa juste dimension.
Je veux parler de la
gestion des risques
qui est au coeur de la
fragilité de nos sociétés modernes. Il ne me semble plus
possible de se contenter de les envisager a posteriori, à travers des
plans ORSEC ; il faut envisager leur étude systématique, en
amont, avec des équipes de recherche pluridisciplinaires, et en y
associant des gens de terrain et les professionnels concernés, notamment
les compagnies d'assurance, en s'appuyant sur les moyens des Fonds de la
recherche technologique (FRT).
En conclusion, le projet de budget de la recherche pour 2002 n'est pas
dépourvu de mérites :
- il confirme une clarification des priorités de la recherche
salutaire ;
- il amorce une politique de l'emploi scientifique qui est indispensable
dans le contexte démographique actuel, caractérisé par
l'imminence de nombreux départs en retraite de chercheurs ;
Mais il présente aussi des insuffisances qui tiennent à la
fois :
- à la faible progression de ses crédits qui ne permet
même pas le maintien, hors inflation, de ses moyens ;
- et à l'absence de véritable politique de diffusion de la
culture scientifique alors que la démocratisation du savoir est un des
enjeux de l'avenir.
Pour ces raisons, je vous proposerai de vous en remettre à la sagesse du
Sénat, dans l'attente des réponses que le ministre voudra bien
donner à nos interrogations.
*
* *
EXAMEN EN COMMISSION
Au cours
d'une séance tenue le
mardi 20 novembre 2001
, sous la
présidence de M. Jacques Valade, la commission a examiné
le rapport pour avis de M. Pierre Laffitte sur les crédits de la
recherche pour 2002
.
Un débat a suivi l'exposé du rapporteur.
M. Philippe Richert
a estimé, en accord avec le rapporteur
pour avis, que la démocratisation de la culture scientifique constituait
un enjeu essentiel, et que l'avenir de nos sociétés
dépendrait beaucoup de l'intérêt que les jeunes
générations éprouveraient pour les sciences. Il a
déploré qu'il existe si peu de données disponibles sur les
politiques qui sont accomplies en ce domaine dans les régions, et sur
l'appui que l'Etat serait capable de leur apporter.
M. Jacques Valade, Président
, faisant référence aux
responsabilités qu'il avait exercées à la tête de ce
ministère, a estimé que si des moyens certains étaient
effectivement consacrés à cette politique, il était en
revanche très difficile d'obtenir des services une définition
d'objectifs qui permette effectivement de prendre la mesure des actions
conduites, et que cela constituait en effet une grave carence.
M. Pierre Laffitte, rapporteur pour avis
, a estimé que la
décentralisation et la démocratisation de la culture scientifique
devraient s'appuyer sur des structures d'interface, des associations ou des
fondations, susceptibles d'organiser de façon continue des
activités comparables à celles qui sont réalisées
épisodiquement à l'occasion de la « Fête de la
science ».
Citant l'exemple des actions menées à Sophia Antipolis qui
suscitent régulièrement des vocations scientifiques, il a
indiqué que ce genre d'initiatives, qui fait appel à la bonne
volonté des chercheurs, doit s'appuyer sur des structures souples, pour
permettre en particulier de régler les problèmes de
responsabilité.
M. Philippe Nogrix
a estimé que l'accès au monde de
la recherche scientifique n'était pas possible sans un sens du travail
et de la rigueur qui n'est, aujourd'hui, pas nécessairement très
répandu et qu'il faut donc encourager. Il s'est demandé si les
insuffisances du système français ne résidaient pas
davantage dans le domaine de l'application des recherches et de la technologie,
que dans celui de la recherche proprement dite.
M. Pierre Laffitte, rapporteur pour avis
, a rappelé que ce
constat avait précisément motivé l'adoption de la loi
du 12 juillet 1999 sur l'innovation et la recherche, et que celle-ci
avait incité les chercheurs à s'intéresser à
l'usage de leurs découvertes. Il a jugé important de promouvoir
aujourd'hui l'idée, que la science peut aussi se donner pour objectif le
développement durable, pour combattre le préjugé trop
répandu qui condamne toute forme d'innovation.
Au terme de ce débat, suivant les propositions de son rapporteur pour
avis, la commission a décidé de s'en remettre à
la
sagesse du Sénat pour l'adoption des crédits de la recherche pour
2002
.
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