CHAPITRE III -
LE PROJET DE BUDGET DES PME, DU COMMERCE
ET DE
L'ARTISANAT POUR 2002
I. LE SECRÉTARIAT D'ÉTAT AUX PME, AU COMMERCE ET À L'ARTISANAT : DES CRÉDITS EN BAISSE MALGRÉ UNE HAUSSE AFFICHÉE
Le total
des crédits prévus pour 2002 au titre du secrétariat
d'Etat aux PME, au commerce, à l'artisanat et à la consommation,
regroupés dans l'agrégat 25, s'élève à
61,03 millions d'euros
(400,31 millions de francs), soit une
augmentation affichée de 2,4% en niveau par rapport aux dotations
inscrites en loi de finances initiale pour 2001.
La hausse affichée n'a été rendue possible que par le
rattachement de l'agence pour la création d'entreprise au budget du
secrétariat d'Etat. Sans ce rattachement, les crédits auraient,
à structure constante
, connu une
baisse de
3,1 %
.
Il faut en outre rappeler que le secrétariat d'Etat a connu un
élargissement de ses attributions
par le décret
n° 2000-1077 du 7 novembre 2000, lui attribuant :
- la consommation et la répression des fraudes ;
- la coordination de l'Etat à l'égard des professions
libérales ;
- la simplification des formalités incombant aux entreprises,
conjointement avec le secrétaire d'Etat à l'industrie.
Enfin, le bilan de la législature est largement décevant :
les budgets exécutés depuis 1998 par le secrétariat
d'Etat sont en baisse constante
.
Le montant des crédits inscrits au titre IV -dépenses ordinaires-
s'élève à 56,77 millions d'euros, en hausse apparente de
1,7%. 4,25 millions d'euros de crédits de paiement et 5,72 millions
d'euros d'autorisations de programme sont inscrits au titre VI -dépenses
en capital-, en hausse sensible par rapport à la loi de finances
initiale pour 2001.
|
|
|
2001
|
2002
|
Evolution
|
|
|
|
|
|
|
En M€ |
En % |
44-03 |
Interventions en faveur du commerce, de l'artisanat et des services |
|
33,80 |
34,67 |
0,87 |
+2,6 |
44-03/10 |
Aides à la formation |
|
15,46 |
15,46 |
0 |
0 % |
44-03/20 |
Actions économiques |
|
14,61 |
12,20 |
-2,41 |
-16,5 % |
44-03/30 |
Contrats de plan Etat-régions |
|
3,74 |
3,74 |
0,0 |
0 % |
44-03/40 |
Agence pour la création d'entreprises (nouveau) |
|
|
3,28 |
3,28 |
|
44-95 |
Participation à divers fonds de garantie |
|
3,35 |
9,15 |
5,79 |
173 % |
44-95/20 |
Fonds de garantie d'emprunts accordés aux petites et moyennes entreprises |
|
3,35 |
9,15 |
5,79 |
173 % |
44-98 |
Bonifications d'intérêt |
|
18,75 |
12,96 |
-5,79 |
-30,9 % |
44-98/10 |
Crédit agricole |
|
5,47 |
3,78 |
-1,69 |
-30,9 % |
44-98/20 |
Banques populaires |
|
7,64 |
5,28 |
-2,36 |
-30,9 % |
44-98/30 |
Autres banques |
|
5,64 |
3,90 |
-1,74 |
-30,9 % |
|
TOTAL TITRE IV |
|
55,91 |
56,77 |
0,87 |
1,5% |
64-02 |
Aides au commerce et à l'artisanat |
AP |
3,89 |
5,72 |
1,83 |
47 % |
|
|
CP |
3,70 |
4,25 |
0,55 |
14,8 % |
64-02/30 |
Fonds d'aménagement des structures artisanales |
AP |
0,30 |
0, 30 |
0,00 |
0 % |
|
|
CP |
0,30 |
0,30 |
0,0 |
0 % |
64-02/40 |
Contrats de plan Etat-régions |
AP |
3,58 |
5,41 |
1,83 |
51 % |
|
|
CP |
3,40 |
3,95 |
0,55 |
16,1 % |
|
TOTAL TITRE VI |
AP |
3,89 |
5,72 |
1,83 |
47 % |
|
|
CP |
3,70 |
4,25 |
0,55 |
14,8 % |
|
TOTAL TITRES IV et VI |
DO+AP |
59,79 |
62,49 |
2,70 |
4,5 % |
|
|
DO+CP |
59,61 |
61,03 |
1,42 |
2,4 % |
A. L'ABSENCE DE PRISE EN COMPTE DES MOYENS DES SERVICES
En ce
qui concerne les moyens en personnel, les crédits sont fondus avec
d'autres dépenses de personnel aux chapitres 31-90
« rémunérations principales » et 31-94
« indemnités diverses », article 12
« administration centrale ». Selon la direction des
entreprises commerciales, artisanales et de services, ses effectifs
s'élevaient au 1
er
janvier 2001 à
187 agents, tous grades confondus, contre 182 au
1
er
janvier 2000.
Seuls les crédits en personnel affectés aux
délégations régionales au commerce et à l'artisanat
font l'objet d'une individualisation au sein du « bleu »
« économie, finances et industrie ». Ils figurent
à l'article 25 des chapitres 31-90 et 31-94 et concernent
exclusivement les 47 emplois de catégorie A (25
délégués et
22 délégués-adjoints) gérés directement
par le secrétariat d'Etat. Les 47 agents de catégorie B et C -de
préfecture- relèvent, eux, du ministère de
l'Intérieur et donc de son budget.
Les autres dépenses de fonctionnement sont intégrées,
depuis 1999, au chapitre 34-98 « Moyens de fonctionnement des
services », article 12 « Administration
centrale » du « bleu »
« économie, finances et industrie ». Selon la
direction des entreprises commerciales, artisanales et des services, sa
dotation pour 2001 serait de 1,306 millions d'euros contre
1,45 millions d'euros en 2000 (année d'investissement informatique
particulier, à la suite de l'installation du secrétariat d'Etat
dans ses nouveaux locaux).
B. LES AIDES AU COMMERCE ET À L'ARTISANAT : QUATRE PRIORITÉS
Le
budget du secrétariat d'Etat aux PME, au commerce, à l'artisanat
et la consommation est avant tout un budget d'intervention. Le
secrétariat d'Etat n'intervient quasiment jamais seul, mais de concert
avec les collectivités locales, à travers les contrats de plan,
les organismes consulaires ou d'autres organismes
« relais » que sont les organisations professionnelles ou
les associations de commerçants.
Quatre priorités sont aujourd'hui clairement affichées par le
secrétariat d'Etat :
- l'aide à la formation professionnelle des commerçants et
artisans ;
- les actions économiques en direction du secteur de l'artisanat,
du commerce et des services ;
- le financement des contrats de plan ;
- l'accès au crédit des PME à travers la bonification
d'intérêts et les garanties d'emprunt.
|
2001
|
2002
|
|
||
|
En millions d'euros |
En % |
En millions d'euros |
En % |
|
Formation professionnelle |
15,46 |
25,93 |
15,46 |
26,80 |
0 % |
Actions économiques |
14,91 |
25,01 |
12,50 |
21,20 |
-16,16 % |
Contrats de plan |
7,13 |
11,96 |
7,68 |
13,30 |
+7,71 % |
Bonifications d'intérêt |
18,75 |
31,45 |
12,96 |
22,40 |
-30,88 % |
Participation à divers fonds de garantie |
3,35 |
5,62 |
9,15 |
15,80 |
+173,13 % |
Total |
59,60 |
100,00 |
57,75 |
100,00 |
-3,1 % |
1. La stabilité des crédits affectés à la formation professionnelle
Les
crédits affectés à la formation professionnelle à
l'article 44-03/10 représenteront 26,8 % du budget du
secrétariat d'Etat et resteront stables par rapport à 2001,
à 15,46 millions d'euros. Stables en valeur nominale, ils diminuent
donc légèrement en valeur réelle.
Ils devraient être consacrés à la poursuite des actions
menées actuellement, qu'il s'agisse de la sensibilisation et de
l'information des jeunes sur les métiers, de la valorisation de
l'apprentissage, de l'aide au développement des centres d'aide à
la décision des chambres de métiers, du cofinancement des stages
d'initiation à la gestion d'entreprises commerciales et des stages de
formation organisés par les instituts de promotion commerciale et par
l'institut de formation commerciale permanente (IFOCOP), ou de soutien à
l'activité du centre d'études et de formation des assistants du
commerce (CEFAC) et de l'Institut supérieur des métiers (ISM)
destiné aux artisans.
Dans un contexte où de nombreuses entreprises artisanales sont
confrontées à une pénurie de main d'oeuvre
qualifiée, ces crédits destinés à la formation et
à la valorisation de l'image des métiers de l'artisanat
auprès des jeunes et de leur famille prennent toute leur importance.
2. Des crédits d'action économique en forte baisse
Les
crédits inscrits à l'article 44-03/20 connaissent une
forte baisse de 16,2 %
-par rapport à la loi de finances
initiale pour 2001- et s'élèveront à 12,5 millions
d'euros, ce qui remet en cause une partie des actions traditionnelles en la
matière.
L'article 44-03/20 finance des actions très disparates (soutien aux
métiers d'art, subvention aux réseaux d'appui aux entreprises
pour la création d'entreprises, le conseil ou l'exportation ; aides
aux groupements de commerçants d'artisans) mais il est en majeure partie
consacré à l'animation économique.
L'animation économique
, dont les modalités ont
été profondément remaniées par la circulaire du
24 janvier 2000, comprend deux volets :
- d'une part, le soutien à l'action économique de base,
correspondant pour l'essentiel aux services collectifs non facturés
rendus par les
chambres de métiers
et les
organisations
professionnelles
;
- d'autre part,
des actions structurantes
tendant à la
modernisation, au développement et à la rationalisation des
structures et des
méthodes de production
et de commercialisation.
Le budget de l'animation économique, en recul depuis trois ans,
atteint dans le projet de loi de finances 2002 un niveau notoirement
insuffisant.
Les petites entreprises ont, par nature, un besoin tout
particulier d'actions collectives, qui sont menées par les organisations
professionnelles et les chambres de métiers. Depuis plusieurs
années, les organisations professionnelles et les chambres de
métiers jouent un rôle important d'accompagnement des entreprises
par la mise en oeuvre des politiques publiques (passage à l'an 2000,
Euro, sécurité sanitaire...).
Votre rapporteur pour avis regrette que la baisse des crédits
d'animation économique ignore cette spécificité des
petites entreprises et contribue aux difficultés financières
rencontrées par les chambres de métiers, alors que ces
crédits représentent la seule aide directe de l'Etat en direction
des corps intermédiaires de l'artisanat.
En outre, il déplore la manière dont ce budget amaigri est
géré
: d'une part, les organisations professionnelles et
chambres de métiers ne se voient notifier l'affectation des
crédits leur revenant qu'en octobre, voire novembre de l'exercice
budgétaire, ce qui n'est pas admissible.
D'autre part, ce budget est géré de façon opaque :
les subventions départementales ne sont pas présentées
avec transparence et les critères d'affectation des crédits sont
peu visibles, notamment pour le deuxième volet de l'animation
économique (« actions structurantes »), dont les
contours excessivement vagues autorisent le financement d'actions fort
éloignées de l'artisanat.
Au regard des difficultés soulevées par les crédits
d'animation économique, le prélèvement exceptionnel de
105 millions d'euros sur l'excédent de la taxe d'aide au commerce
et à l'artisanat (TACA) paraît choquant. Cette taxe,
créée par la loi n° 72-657 du
13 juillet 1972, instituant des mesures en faveur des
commerçants et artisans âgés ou dans le besoin, est assise
sur la superficie des grandes surfaces construites depuis le
1
er
janvier 1960 (surface de vente supérieure
à 400 m²). L'objet premier de la taxe, le financement de
l'indemnité de départ des commerçants, ne
représente plus qu'une infime partie des dépenses. D'autres
objectifs, tels le soutien à l'artisanat et au commerce par le FISAC, se
sont superposés. Les excédents persistant, le Gouvernement
prévoit un prélèvement
« exceptionnel » (mais pas inédit) de
105 millions d'euros, bien supérieur au budget du
secrétariat d'Etat aux PME.
Votre rapporteur pour avis estime qu'au moins une partie -15% ?- de ce
prélèvement pourrait être affectée à
l'animation économique du secteur
, ce qui le rendrait plus
acceptable et plus conforme à l'esprit originel de la taxe.
3. Un léger renforcement des moyens dévolus aux contrats de plan Etat-régions
94,5 millions d'euros devraient être
affectés au
commerce et à l'artisanat sur la durée du XII
e
plan
(2000-2006), mais seuls 53,5 millions d'euros (soit 7,6 millions
d'euros par an) ont fait l'objet d'une programmation budgétaire.
Les lois de finances initiales pour 2000 et 2001 ont été bien
en-deçà des 7,6 millions d'euros annuels nécessaires
au respect des engagements de l'Etat (6,37 et 7,14 millions d'euros
respectivement, en cumulant l'article 44-03/30 et les crédits de
paiement inscrits au 64-02/40).
Les crédits affectés aux contrats de plan Etat-régions
augmentent légèrement en prévision pour 2002. Ce sont les
autorisations de programme qui augmentent le plus. Elles sont dotées de
5,41 millions d'euros, en hausse de 1,82 millions d'euros par rapport
à l'année précédente.
Ainsi, si un léger rattrapage a lieu en 2002 (le total des
crédits prévus atteignant 7,68 millions d'euros), il ne sera
pas suffisant pour que les engagements de l'Etat soient tenus sur la
période.
Les nombreux reports intervenus en 2000 et 2001 manifestent les
difficultés de démarrage des nouveaux contrats de plan.
Le choix des actions qui constitueront les priorités des nouveaux
contrats de plan s'est effectué sur la base des enseignements
tirés de la mise en oeuvre des précédents contrats. La
priorité devrait être accordée aux actions de
transmission-reprise de l'artisanat et du commerce (ATRAC), aux aides aux
investissements matériels et immatériels, aux fonds
régionaux d'aide au conseil (FRAC), aux aides au recrutement des cadres
et aux aides aux créations d'entreprises.
4. L'accès aux crédits des PME : le redéploiement des actions de bonification des taux d'intérêt vers la garantie d'emprunts
En
raison de la baisse très importante du coût du crédit
constatée au cours des dernières années, la politique de
bonification d'intérêt a perdu une partie de son
efficacité. C'est pourquoi le secrétariat d'Etat aux PME, au
commerce et à l'artisanat avait annoncé, lors des débats
parlementaires sur le projet de loi de finances 2000, la mise en place
d'un nouveau dispositif de garantie remplaçant la bonification
d'intérêt.
L'accès au crédit pour les petites et très petites
entreprises reste, en effet, difficile. Les raisons sont à rechercher,
au moins en partie, dans les coûts de traitement des petits dossiers et
à la faiblesse des garanties.
L'atout du dispositif dit Fonds de garantie d'emprunts des petites et moyennes
entreprises, financé sur le chapitre 44-95/20, est la
disponibilité d'un acteur national, la SOFARIS, qui peut offrir aux
banques un partage du « risque PME », puisque les petites
entreprises présentent un taux de défaillance
particulièrement élevé.
Il a été demandé à la SOFARIS de négocier,
avec les réseaux bancaires, des conventions de délégation
de sa garantie, en faveur des TPE, sur des critères simplifiés.
Il s'agit, en effet, d'encourager les banques à octroyer plus facilement
des crédits. De même, des conventions ont été
proposées par la SOFARIS aux sociétés de cautionnement
mutuel afin d'instaurer des mécanismes de co-garantie qui leur
permettent, à elles aussi, de prendre plus de risques en faveur des TPE.
Le fonds de garantie d'emprunts devrait bénéficier de moyens
nouveaux grâce au
redéploiement des crédits
dévolus au mécanisme de bonification d'intérêts, en
décroissance depuis 2000
.
Pour 2002, la
baisse des crédits dédiés à la
bonification d'intérêts (-5,8 millions d'euros)
est
intégralement
compensée par
la hausse
(+5,8 millions d'euros)
des crédits dévolus au fonds
de garantie
, ce qui préserve intégralement l'effort consenti
en faveur de l'accès au crédit des PME, contrairement à ce
qui s'était passé en loi de finances initiale pour 2000.
Votre rapporteur pour avis se félicite de l'abondement de ce fonds,
qui devrait permettre d'améliorer l'accès des petits
entrepreneurs au crédit. Il regrette néanmoins l'abandon des
prêts bonifiés, que les artisans considèrent comme plus
accessibles et plus adaptés à leurs besoins. Le monde de
l'artisanat, que la récente remontée des taux
d'intérêt inquiète légitimement, se demande si on
n'aurait pas lâché la proie pour l'ombre. Le secrétariat
d'Etat devra donc démontrer le bien-fondé de son choix, car
l'accès au financement est une clef du développement et de la
pérennité des petites entreprises.