B. L'EFFORT INSUFFISANT EN FAVEUR DU DÉVELOPPEMENT DES EMPLOIS PÉRENNES
(voir
tableau ci-après)
Principales mesures associées
au projet de budget 2002
Nombre d'entrées dans les dispositifs*
Mesures |
LFI 2001 |
Prévisions 2001 |
PLF 2002 |
Evolution 2001/2002 |
Stages de formation |
|
|
|
|
SIFE collectifs |
90.000 |
99.417 |
90.000 |
0,0 % |
SIFE individuels |
25.000 |
29.663 |
25.000 |
0,0 % |
Stages d'accès à l'entreprise (SAE) |
20.000 |
23.922 |
20.000 |
0,0 % |
Sous -total |
135.000 |
153.002 |
135.000 |
0,0 % |
TRACE |
|
|
|
|
Opérateurs externes |
12.500 |
- |
20.000 |
60,0 % |
Missions locales et PAIO |
60.000 |
- |
78.000 |
30,0 % |
Sous-total |
72.500 |
|
98.000 |
35,2 % |
CONTRAT DE TRAVAIL AIDES |
|
|
|
|
CIE |
125.000 |
90.850 |
90.000 |
- 28,0 % |
Contrats emploi-solidarité (CES) |
260.000 |
297.139 |
260.000 |
0,0 % |
Emplois consolidés à l'issue d'un CES |
50.000 |
48.840 |
45.000 |
- 10,0 % |
Sous-total |
435.000 |
436.829 |
395.000 |
- 9,2 % |
CONTRATS EN ALTERNANCE |
|
|
|
|
Contrats d'apprentissage |
230.000 |
240.000 |
240.000 |
4,3 % |
Contrats de qualification |
123.000 |
135.000 |
135.000 |
9,8 % |
Contrats de qualification adultes |
14.000 |
10.000 |
14.000 |
0,0 % |
Sous-total |
367.000 |
385.000 |
389.000 |
6,0 % |
AIDES A LA RECONVERSION ET A L'ADAPTATION |
|
|
|
|
Conventions de conversion |
50.000 |
80.000 |
** |
|
Allocations spéciales du FNE (ASFNE) |
7.200 |
7.200 |
7.200 |
0,0 % |
CATS |
10.000 |
10.000 |
10.000 |
0,0 % |
Préretraites progressives (PRP) |
16.000 |
11.000 |
11.000 |
- 31,3 % |
Sous-total |
83.200 |
108.200 |
28.200 |
- 10,0 % |
Chômage partiel (en millions d'heures) |
10 |
- |
9 |
- 10,0 % |
*
prévisions de flux prises en compte dans le calcul des enveloppes du PLF
2002
** suppression à compter de la nouvelle convention Etat-Unedic
1. La grande diversité des dispositifs en faveur des publics en difficultés
a) Le développement du programme TRACE
La loi
d'orientation du 29 juillet 1998
relative à la lutte contre les
exclusions
a mis en place un programme d'accompagnement personnalisé
vers l'emploi -TRACE- ouvert aux jeunes de 16 à 25 ans confrontés
à de graves difficultés sociales, familiales ou sortis du
système éducatif sans diplôme ou qualification. Ces
parcours d'insertion peuvent durer jusqu'à 18 mois.
Les résultats
27(
*
)
de ce
programme semblent ambivalents si l'on considère la situation des jeunes
entrés en TRACE en 1999 et sortis du dispositif fin février 2001.
Les sorties vers l'emploi représentent certes 50% des cas, toutefois un
tiers des jeunes connaissent une situation de chômage et seuls 31,7%
accèdent à un emploi non aidé, ce qui nuance tout de
même le bilan.
En 2002, le programme TRACE deviendrait la principale mesure du
« nouveau » programme de lutte contre la pauvreté et
l'exclusion, le nombre d'entrées devrait ainsi passer de 60.000 à
98.000. Le stock de jeunes dans le dispositif devrait s'élever à
120.000 fin 2002. La réalisation du programme est confiée au
réseau d'accueil des jeunes -missions locales et PAIO- ainsi qu'à
des opérateurs externes.
Par ailleurs, le projet de loi de finances prévoit la création
d'une bourse d'accès à l'emploi
28(
*
)
pour ces jeunes d'un montant de 300
euros par mois qui sera versée dans la limite de 900 euros par semestre,
renouvelable si nécessaire.
En 2002, les moyens consacrés à ce programme (réseau
d'accueil, TRACE et bourse d'accès à l'emploi) devraient
augmenter de 128 % à 174,4 millions d'euros.
La diminution des crédits consacrés aux emplois ville et au CRE
Les
emplois villes créés par le pacte de relance pour la ville de
1996 ont été supprimés en 1998 pour être
intégrés au programme « nouveaux services-nouveaux
emplois ».
La dotation pour 2002 qui s'établira à 6,7 millions d'euros est
donc destinée à couvrir les dépenses correspondants aux
contrats conclu avant 1998.
Par ailleurs, les crédits destinés au paiement des contrats de
retour à l'emploi, supprimés en 1995, seront reconduits en 2002
à hauteur de 9,91 millions d'euros.
b) Un recentrage à poursuivre des contrats aidés dans le secteur non marchand
-
-
-
- • Les contrats emploi-solidarité (CES)
Cet objectif a commencé à se traduire dans la réalité dès 1999 puisque cette année, les publics les plus en difficulté représentaient 73 % des entrées. Dans les faits, ce recentrage a été réalisé au moyen de la baisse du nombre de conventions signées (542.000 en 1997 contre 447.000 en 1999). Le stock de CES est passé de même de 284.000 en 1997 à 223.000 en 1999. Cette évolution était prévisible compte tenu de la très bonne conjoncture économique et du nombre très important de créations d'emplois intervenu depuis 1998.
En 2001, 298.000 contrats devraient être signés sur les 310.000 budgétés (260.000 plus 50.000 intervenus en cours de gestion). Pour 2002, 260.000 contrats sont prévus, 80 % d'entre eux étant réservés aux publics prioritaires au taux d'aide maximum, pour un coût estimé à 1.016 millions d'euros.
Le maintien d'un nombre élevé de contrats emploi-solidarité en 2002 pose néanmoins la question de l'avenir des bénéficiaires et de la capacité de ce dispositif à réinsérer durablement dans l'emploi en particulier dans le cadre des emplois consolidés à l'issue d'un CES.
-
-
-
- • Les contrats emploi consolidé
En 2002, le Gouvernement a prévu 45.000 nouvelles entrées dans le dispositif. Les crédits consacrés à ce programme devraient s'élever à près de 1 milliard d'euros en 2002, cette hausse s'expliquant par des primes plus importantes et un effort de formation accru. A l'issue de cette législature, le bilan du recentrage des CES et CEC apparaît ambivalent.
Certes, le volume des contrats a baissé, ce qui a permis de concentrer davantage les efforts sur les publics en difficulté. Mais les résultats de cette politique ne sont pas sans limites car, faute de réformes ambitieuses du marché du travail, un nombre important de salariés semble prisonnier de ce qu'il faut bien appeler des « emplois de substitution ».
Les dernières données 29( * ) rassemblées par la DARES laissent penser que le bilan est encourageant en termes de réinsertion puisqu'elles établissent qu'une année après la fin de leur CEC, près de six personnes sur dix occupent un emploi ou sont à la recherche d'un emploi.
Situation des bénéficiaires d'un CEC un an
après leur sortie
Source : DARES
Toutefois, tous n'ont pas la même probabilité d'accéder
à l'emploi, les personnes âgées de plus de 40 ans sont plus
souvent au chômage et celles de plus de 55 ans basculent massivement dans
la préretraite ou la retraite.
Par ailleurs, les jeunes basculent souvent sur un autre dispositif aidé
à l'issue de leur contrat. En mars 2000, plus du quart des
bénéficiaires d'un CEC de moins de 30 ans, recrutés par
leur employeur à l'issue de leur contrat, l'étaient en
emploi-jeune.
Plus généralement, on constate que l'écrasante
majorité de ceux qui restent dans l'emploi à l'issue d'un CEC
demeurent dans le secteur public ou parapublic. Parallèlement, le
non-renouvellement des contrats s'explique le plus souvent par les
difficultés rencontrées par les employeurs du secteur non
marchand comme les associations pour supporter le coût de ces emplois.
Le bilan de ces contrats aidés et donc d'une certaine manière de
la loi d'orientation et de lutte contre les exclusions reste donc très
partagé puisque, selon la DARES
« seulement 40 % (des
demandeurs d'emploi) trouvent que le CEC leur a permis d'améliorer leur
situation personnelle contre 61 % des salariés en mars 2000.
Près de la moitié des demandeurs d'emploi rejettent même
le dispositif en déclarant qu'il n'a servi à rien ».
On ne peut, dans ces conditions, que regretter que le Gouvernement n'ait pas
entrepris un effort pour réinsérer davantage les demandeurs
d'emploi en situation d'exclusion dans le secteur marchand afin de leur donner
davantage de perspectives. Il a même privilégié une
démarche inverse comme en témoigne le développement du
programme emploi-jeune et les restrictions apportées au CIE.
c) Le regrettable amoindrissement du CIE
Le
contrat initiative-emploi a été créé en 1995 afin
de favoriser l'insertion professionnelle durable dans le secteur marchand des
personnes en difficulté. L'embauche dans le cadre d'un CIE ouvre droit,
pendant 24 mois, le cas échéant, à une aide dont le
montant est modulé en fonction des difficultés rencontrées
par la personne recrutée.
Les crédits consacrés au contrat initiative-emploi
s'établiront en 2002 à 781 millions d'euros
(- 28 %) à raison de 353 millions d'euros au titre des
primes (aide forfaitaire de l'Etat, aide à la formation et aide au
tutorat) et de 428 millions d'euros pour les exonérations de
charges.
La baisse de cette dotation s'explique par la suppression de
l'exonération spécifique de cotisations sociales
décidée par le Gouvernement dans le présent projet de loi
de finances
30(
*
)
à
l'article 68.
Le recentrage du contrat initiative-emploi sur les publics les plus en
difficulté a commencé dès 1996. Un décret du
25 mai 1996 en a ouvert l'accès aux jeunes de faible niveau alors
qu'un autre décret du 20 août 1996 a permis de moduler les
aides en fonction de la situation des bénéficiaires.
La part des publics prioritaires est ainsi passée de 68 % en 1997
à 84 % en 1999
31(
*
)
alors même que le nombre de contrats diminuait, du fait en particulier du
retour de la croissance (158.000 en 1999, 196.000 en 1998 et 212.000 en 1997).
Cette tendance s'est traduite par un net repli des jeunes de moins de
26 ans (17 % en 1999 cotre 25 % en 1997) et surtout une baisse
de la part des jeunes sans diplôme (10,8 % en 1999 contre
13,8 % en 1998).
Cette évolution est confirmée par des données plus
récentes
32(
*
)
sans pour
autant que des raisons très satisfaisantes aient été
apportées.
Certes, les jeunes ont pu bénéficier davantage que les
chômeurs âgés du retour de la croissance, mais une autre
cause mériterait d'être examinée : le rôle du
dispositif emplois-jeunes.
La parfaite coïncidence entre la moindre proportion de jeunes
bénéficiant d'un contrat initiative-emploi et la montée en
puissance du dispositif emplois-jeunes laissent penser à un
phénomène de « vases communicants ».
Par ailleurs, la spécialisation du contrat initiative-emploi sur les
publics les plus éloignés de l'emploi illustre également
un effet d'éviction dont aurait pu être à l'origine le
«
dispositif phare
» du Gouvernement en faveur des
jeunes.
La confirmation d'une telle hypothèse -les jeunes formés ayant
davantage accès au dispositif « emplois-jeunes » que
les jeunes en difficulté qui eux seraient orientés vers un
contrat initiative-emploi- aurait de quoi surprendre. Au-delà des
interrogations légitimes qu'elle pourrait susciter -est-il bien
nécessaire de consacrer autant de moyens au dispositif emplois-jeunes
alors que des pénuries de main-d'oeuvre subsistent dans certains
secteurs ?-, cette situation serait fort instructive quant aux
capacités du secteur marchand à assurer un rôle moteur dans
l'insertion des jeunes sur le marché du travail.
La modification du régime financier du contrat initiative-emploi
apparaît, dans ces conditions, comme d'autant plus
incompréhensible qu'il s'agirait également de
« sanctionner » le succès du dispositif. En effet,
le recentrage du dispositif augmente le coût moyen des contrats qui est
passé de 12.000 francs en 1997 à plus de 15.000 francs
en 2000 pour un contrat à durée déterminée de
12 mois et de 25.000 francs à 32.000 francs pour un
contrat à durée déterminée de 24 mois ou un
contrat à durée indéterminée. Par ailleurs, la
réduction des aides pourrait pénaliser particulièrement
les PME qui sont devenues au fil des années les principaux utilisateurs
du dispositif et qui sont très sensibles au montant de l'aide
financière.
Pour les bénéficiaires, cette réforme ne saurait, par
ailleurs, être considérée comme satisfaisante car le
succès du dispositif est aussi qualitatif ; il est, en effet,
maintenant démontré qu'il permet une insertion durable dans
l'économie de marché de publics en situation difficile. En 2000,
82 % des 138.000 personnes ayant signé un contrat
initiative-emploi ont bénéficié d'un contrat à
durée indéterminée.
Autant d'éléments qui devraient plaider en faveur du
développement de ce dispositif, et non dans son amoindrissement. C'est
pourquoi votre commission vous proposera de refuser l'amoindrissement du
contrat initiative-emploi proposé par le Gouvernement avec l'accord de
l'Assemblée nationale.
2. Les dispositifs en faveur de l'insertion professionnelle des publics fragilisés
a) Les stages et l'insertion par l'économique
-
-
-
- • Les stages d'insertion et de formation à l'emploi (SIFE)
En 2001, 120.000 SIFE collectifs ont été notifiés. Le projet de budget pour 2002 prévoit de reconduire à l'identique le programme Chômage de longue durée avec 90.000 places de stages SIFE collectifs, 25.000 places de stages SIFE individuels et 20.000 places de stages d'accès à l'emploi. Les crédits devraient augmenter pour atteindre près de 395 millions d'euros en 2002.
-
-
-
- • L'insertion par l'économique
Votre rapporteur pour avis observe que la nécessité de revaloriser l'aide au poste s'explique par l'application des 35 heures qui risquait de supprimer l'avantage comparatif des exonérations de charges dont bénéficiait l'insertion par l'économique. En l'espèce, ce sont plus de 11 millions d'euros sur les 18 qui augmenteront la dotation de l'insertion par l'économique qui serviront seulement à maintenir l'incitation à recourir à ce dispositif.
b) L'effort en faveur de l'insertion professionnelle des personnes handicapées
A la fin
de 1999, plus d'un demi-million de travailleurs handicapés sont dans
l'emploi
33(
*
)
. Les deux tiers
d'entre eux sont employés dans le secteur privé, en milieu
ordinaire. Le dernier tiers se répartit entre la fonction publique et le
milieu protégé. Mais 171.000 autres actifs handicapés sont
au chômage (24%) ce qui appelle des mesures adaptées pour
favoriser l'emploi de ce public spécifique.
En 2002, la dotation déconcentrée, destinée notamment aux
plans départementaux d'insertion est reconduite à hauteur de 7,33
millions d'euros.
Par ailleurs, les crédits correspondant à la subvention de
développement des ateliers protégés sont portés
à hauteur de 38,7 millions d'euros afin de permettre la création
de 500 place en ateliers protégés.
En 2002, on comptera ainsi 92.450 place de CAT, 15.600 en ateliers
protégés et 12.800 en milieu ordinaire, soit un total de 120.850
places.
Insertion professionnelle des travailleurs
handicapés
(chapitre 4471, articles 10, 30 et 50)
Article |
Libellé |
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
2001 |
2002 |
4471-10 |
Aide aux travailleurs handicapés |
5,90 |
7,50 |
7,47 |
7,77 |
7,33 |
7,33 |
4471-30 |
Ateliers protégés |
21,88 |
22,15 |
23,64 |
24,39 |
31,40 |
38,73 |
4471-50 |
Equipes de préparation et de suivi |
7,62 |
8,14 |
8,38 |
0,00 |
0,00 |
0,00 |
TOTAL |
35,39 |
37,79 |
39,49 |
32,17 |
38,73 |
46,06 |
(en
millions d'euros)
Le mécanisme de la garantie de ressources (GRTH) met à la charge
de l'Etat un complément de rémunération , versé aux
travailleurs handicapés et permettant d'obtenir une
rémunération globale équivalente à celle d'un
travailleur valide.
Les moyens mobilisés à ce titre s'élève à
910 millions d'euros en 2002. Ils doivent permettre de prendre en compte la
hausse du SMIC, la création de 500 nouvelles places d'accueil en
ateliers protégés et de 500 nouvelles places de CAT.
La
garantie de ressources des travailleurs handicapés
(chapitre
4471, article 40)
Libellé |
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
2001 |
2002 |
GRTH |
718,42 |
759,44 |
792,66 |
821,05 |
853,17 |
911,10 |
Evolution en ME |
- 10,67 |
41,02 |
33,22 |
28,39 |
32,12 |
57,93 |
Evolution en % |
- 1,49 |
5,40 |
4,19 |
3,46 |
3,91 |
6,79 |
(en millions d'euros)