TRAVAUX DE LA COMMISSION
I. AUDITION DE MME ÉLISABETH GUIGOU,
MINISTRE DE L'EMPLOI ET DE LA
SOLIDARITÉ
Après avoir entendu l'exposé de votre
rapporteur le
6 novembre 2001 (voir ci-après examen de l'avis), la commission avait
décidé de réserver sa décision sur les
crédits consacrés à la formation professionnelle ainsi que
sur les articles rattachés à ce fascicule budgétaire
jusqu'après l'audition de Mme Élisabeth Guigou, ministre de
l'emploi et de la solidarité fixée le 20 novembre 2001.
Cette audition ayant dû être annulée en raison de
l'indisponibilité de la ministre, la commission s'est prononcée
définitivement le 21 novembre 2001 sans avoir pu entendre le
Gouvernement (voir ci-après examen de l'avis).
II. EXAMEN DE L'AVIS
Réunie le mardi 6 novembre 2001 sous la
présidence de M. Nicolas About, président
, la commission a
procédé à l'
examen
du rapport pour avis
de
Mme Annick Bocandé
sur le
projet de loi de
finances pour 2002
(crédits consacrés
à la
formation professionnelle).
Mme Annick Bocandé, rapporteur pour avis
, a présenté
les grandes lignes de son rapport pour avis (cf. exposé
général du présent avis).
M. Louis Souvet
a souligné la complexité
croissante des règles régissant la formation professionnelle. Il
s'est également inquiété de la progression des ruptures de
formation, précisant que celles-ci concernaient non seulement la
formation continue, mais aussi la formation initiale, comme en
témoignent, par exemple, les nombreux abandons d'études dans des
lycées professionnels.
M. Gilbert Chabroux
a relevé que le rapporteur pour
avis avait insisté sur le désengagement financier de l'Etat de la
formation professionnelle. Il a considéré qu'une telle
appréciation apparaissait excessive. Il a alors tenu à rappeler
l'importance du travail législatif accompli en ce domaine, à
l'initiative du Gouvernement, dans le projet de loi de modernisation sociale
qui ne suscite d'ailleurs pas de divergence de fond entre les deux
assemblées. Il a également insisté sur le récent
échec des négociations interprofessionnelles sur la formation
lancées par le MEDEF, soulignant ainsi que l'Etat n'était pas
seul à mettre en cause.
En réponse à M. Louis Souvet,
Mme Annick Bocandé, rapporteur pour avis
, a reconnu que
la complexité du système de formation professionnelle
était extrême. Elle a estimé, à ce propos, que
chaque tentative d'adaptation ou de simplification conduisait paradoxalement
à une complexité accrue du fait de la multiplication des
partenaires et des financeurs. Elle a regretté cette opacité,
estimant qu'elle soulevait de graves difficultés pour les entreprises et
les salariés souhaitant développer ou accéder à la
formation.
Elle a également considéré que les ruptures des parcours
de formation, qu'elle soit initiale ou continue, pour occuper un emploi non
qualifié étaient à « courte-vue », la
qualification apparaissant aujourd'hui comme une exigence fondamentale, aussi
bien pour l'entreprise que pour le salarié.
En réponse à M. Gilbert Chabroux,
Mme Annick Bocandé, rapporteur pour avis
, a
estimé que la formation des demandeurs d'emploi dans le cadre du
régime de solidarité relève à l'évidence de
la responsabilité de l'Etat et a regretté la forte diminution des
crédits budgétaires lui étant consacrés. Elle a
précisé que l'effort financier des entreprises en faveur de la
formation était devenu supérieur à celui de l'Etat depuis
1999. Revenant sur la négociation interprofessionnelle, elle s'est
félicitée que les partenaires sociaux aient pris une telle
initiative et a considéré que l'échec était un
échec des partenaires sociaux dans leur ensemble et non de tel ou tel.
Elle a alors espéré une reprise à venir des
négociations.
Sur proposition de
M. Nicolas About, président
, la
commission a alors décidé de
réserver son vote sur les
crédits du budget de la formation professionnelle et sur
l'article 70
qui lui est rattaché jusqu'à l'audition de
la ministre de l'emploi et de la solidarité.
*
* *
Au cours
d'une seconde réunion tenue le 21 novembre 2001, sous la
présidence de M. Nicolas About, président
, la commission
s'est prononcée sur les crédits de la formation professionnelle
et sur l'article 70 rattaché qu'elle avait précédemment
réservés.
M. Nicolas About, président,
a rappelé que lors de sa
réunion du 6 novembre 2001 la commission avait décidé
de réserver sa décision sur les crédits du travail et de
l'emploi et ceux de la formation professionnelle jusqu'après l'audition
de Mme Elisabeth Guigou, ministre de l'emploi et de la solidarité,
fixée, de longue date, le mardi 20 novembre.
Il a constaté que l'annulation de cette audition par la ministre en
raison de « contraintes d'agenda incontournables et de
dernière minute », l'impossibilité de se faire
remplacer, de façon impromptue, par un secrétaire d'Etat comme
elle l'avait fait le 7 novembre devant la commission des finances,
conduisait ces deux commissions à délibérer de l'important
projet de budget de l'emploi et de la solidarité sans avoir pu entendre
le Gouvernement.
Il a précisé que cette situation, à sa connaissance sans
guère de précédent, avait été
évoquée lors de la conférence des présidents du
20 novembre, à son initiative et à celle de M. Alain
Lambert, président de la commission des finances.
M. Nicolas About, président
, a indiqué qu'à la
suite probablement de l'intervention de M. le ministre des relations avec le
Parlement, Mme Elisabeth Guigou avait accepté le principe d'une
audition conjointe par les commissions des finances et des affaires sociales
à une date qui restait à déterminer, mais qui allait
nécessairement interférer avec la discussion en séance
publique du projet de loi de finances pour 2002, débutant le jeudi
22 novembre à 10 heures 30.
M. Jean Chérioux
a constaté qu'une audition de
« rattrapage » se déroulerait, à un moment
où la commission des finances saisie au fond du projet de loi de
finances et la commission des affaires sociales auraient déjà
arrêté leur position définitive sur les crédits de
l'emploi et de la solidarité, qu'il ne pouvait pas en être
autrement compte tenu des contraintes de l'ordre du jour et des délais
d'impression des rapports pour la séance publique. Il a observé
que, dans ces conditions, l'audition de la ministre présenterait un
caractère particulièrement « irréel ».
Il a estimé que la seule solution aurait été que la
ministre propose immédiatement une autre date avant la fin de la
présente semaine. Or, telle n'avait pas été son intention
comme en témoigne le dernier paragraphe de sa lettre, jointe à
l'annulation de la réunion de la commission, faisant état des
« débats approfondis et constructifs » que la
ministre se proposait d'avoir avec la commission « lors de l'examen
en séance publique, le vendredi 7 décembre 2001 ».
M. Alain Gournac
a considéré que la date de l'audition de
Mme Elisabeth Guigou, arrêtée depuis début octobre,
s'inscrivait dans la logique des travaux de la commission et de ceux du
Sénat en séance publique. Rappelant que le Gouvernement
était à la disposition du Parlement, il a émis la crainte
d'un précédent fâcheux qui verrait les ministres
déplacer à leur guise la date de leur audition devant les
commissions permanentes du Sénat.
M. Gilbert Chabroux
a rappelé que Mme Elisabeth Guigou avait
souhaité venir en personne devant la commission des affaires sociales et
qu'il lui avait été dès lors impossible de se faire
remplacer au dernier moment par un ministre délégué ou un
secrétaire d'Etat. Il a observé que l'audition de la ministre
avait pour objet de lui permettre de répondre aux questions des
commissaires, mais il a déclaré ne pas se faire d'illusion quant
à l'effet de ces réponses sur la position de la commission sur le
projet de budget qui lui semblait largement prédéterminée.
Mme Nelly Olin
a tenu à rappeler qu'en dépit des
divergences profondes qui la séparait de la majorité de la
commission, Mme Martine Aubry avait, lorsqu'elle était ministre de
l'emploi et de la solidarité, toujours fait preuve d'une parfaite
courtoisie et d'une grande disponibilité.
Mme Annick Bocandé, rapporteur pour avis,
a regretté
l'annulation de l'audition de Mme la ministre de l'emploi et de la
solidarité, estimant qu'une telle audition aurait pu contribuer à
lever certaines craintes exprimées par la commission sur le budget de la
formation professionnelle, lors de la présentation des crédits le
6 novembre dernier.
Elle a rappelé que le projet de budget de la formation professionnelle
pour 2002 se caractérisait par deux évolutions qu'elle a
jugées inquiétantes. La première concerne les formations
en alternance, le financement des contrats de qualification n'étant plus
garanti du fait de la dégradation de la trésorerie de
l'Association de gestion du fonds des formations en alternance (AGEFAL) et de
la réforme du financement des contrats de qualification adultes. La
seconde porte sur la formation des demandeurs d'emploi, fragilisée par
le désengagement budgétaire massif de l'Etat et par les retards
préjudiciables de mise en oeuvre de l'allocation de fin de formation.
Elle a également observé que le projet de budget ne
prévoyait pas la reconduction du crédit d'impôt pour
dépenses de formation. Elle a regretté son absence de
prorogation, estimant qu'il s'agissait d'un dispositif souple et efficace qui
permettait d'encourager l'accroissement de l'effort de formation des
entreprises pour un coût fiscal très modique.
M. Roland Muzeau
a souligné les difficultés d'application
de la nouvelle convention d'assurance chômage, notamment en
matière de formation. Il a jugé que ces difficultés
n'étaient pas une surprise et qu'elles avaient été
anticipées par les syndicats non signataires de la convention.
Mme Annick Bocandé, rapporteur pour avis,
a estimé que la
difficulté principale tenait à l'absence de publication du
décret instituant l'allocation de fin de formation et a
précisé que cette carence réglementaire avait pour
conséquence d'empêcher ou de retarder l'entrée en formation
des demandeurs d'emploi, ceux-ci n'étant pas assurés de
bénéficier d'une rémunération tout au long de leur
formation. Elle a alors indiqué que ce retard était exclusivement
imputable au Gouvernement, et non aux partenaires sociaux.
La commission a alors, sur proposition du rapporteur pour avis, donné
un avis défavorable à l'adoption des crédits relatifs
à la formation professionnelle.
A l'article 70
(réforme des contrats de qualification
adultes), la commission a adopté un amendement, présenté
par le rapporteur pour avis, tendant à maintenir le régime actuel
d'exonération de charges sociales.
Après l'article 70
, la commission a adopté un
amendement portant
article additionnel
, présenté par le
rapporteur pour avis, autorisant le Comité paritaire du congé
individuel de formation (COPACIF) à verser 100 millions de francs
à l'AGEFAL pour lui permettre de garantir ses engagements de financement
du contrat de qualification.
A cet égard,
M. Claude Domeizel
s'est demandé si une
circulaire n'aurait pas été suffisante pour une telle mesure.
En réponse,
Mme Annick Bocandé, rapporteur pour avis,
a
indiqué que les relations financières entre les fonds de la
formation professionnelle étaient régies par la loi et qu'en
conséquence l'autorisation d'un transfert financier entre ces fonds
exigeait une disposition législative.
Après l'article 70
, la commission a enfin adopté un
amendement portant
article additionnel
, présenté par le
rapporteur pour avis, tendant à reconduire, pour une période de
trois ans, le crédit d'impôt pour dépenses de formation.