III. LES PERSPECTIVES DU RÉGIME DES EXPLOITANTS AGRICOLES : TROIS DÉFIS À RELEVER
Le
régime de protection sociale des exploitants agricoles se trouve
confronté à trois défis :
- la revalorisation des retraites agricoles, qui est une question
demeurant centrale ;
- la réussite de la réforme assurance accidents, qui entrera
en vigueur au 1
er
avril 2002 ;
- la poursuite de l'effort d'adaptation de la Mutualité sociale
agricole.
A. LA REVALORISATION DES RETRAITES AGRICOLES : UNE QUESTION QUI RESTE CENTRALE
1. La faiblesse persistante des retraites agricoles
a) Le minimum vieillesse pour les carrières complètes
Le
montant minimal des retraites agricoles atteindra l'année prochaine le
minimum vieillesse. Il convient de rappeler que leur montant apparaissait
acceptable il y a encore vingt-cinq ans, en raison de différents
éléments, qui ont connu une évolution importante.
1 - Les retraites étaient, de manière
générale, d'un niveau très faible
: les
disparités apparaissaient moins importantes entre les agriculteurs et le
reste de la population.
Force est de constater que les conditions de vie des retraités ont
considérablement progressé au cours des vingt dernières
années. Le revenu moyen d'un retraité est désormais
équivalent à celui d'un actif. Dès lors, les retraites
agricoles apparaissent les seules à être très basses.
2 - Les exploitants agricoles continuaient à travailler le
plus longtemps possible
.
L'abaissement de l'âge de la retraite dans le régime
général a eu un effet indirect. Les exploitants agricoles
arrivant à l'âge de 60-65 ans au début des années
quatre-vingt-dix n'ont pas souhaité rester en activité,
contrairement aux générations précédentes.
3 - Les solidarités familiales jouaient un rôle plus
important
.
Du fait de l'évolution de la société, même en milieu
rural, ces solidarités -sans bien sûr s'effacer- jouent un
rôle moins important.
4 - Les agriculteurs, comme l'ensemble des non-salariés,
pouvaient bénéficier de la vente de leur exploitation.
Cette vente représentait un pécule important, permettant de
pallier la faiblesse des retraites. Mais la vente de ces exploitations, en
raison de la diminution du nombre d'exploitants, n'est plus possible. Les
artisans et les commerçants sont d'ailleurs dans une situation peu
différente.
Ces évolutions expliquent la volonté affichée depuis 1993
par les gouvernements de relever le niveau minimum des retraites agricoles.
Le calcul de la retraite agricole
Le chef
d'exploitation bénéficie d'une retraite de base composée
de deux éléments : le premier appelé retraite forfaitaire
est égal à l'AVTS, le second ou encore retraite proportionnelle
est constitué de points. Cette pension s'acquiert en contrepartie d'une
cotisation de taux global de 15,71 % dont 3,2 % sur une assiette qui ne peut
être inférieure à 800 SMIC horaires et plafonnée
à un revenu égal au plafond de la sécurité sociale
et 12,51 %, dont 10,97 % plafonnés, sur une assiette au moins
égale à 400 SMIC.
A 800 SMIC, l'exploitant s'acquiert une pension légèrement
supérieure au minimum contributif, soit 2,5 fois la pension
calculée d'un salarié du régime général
rémunéré à 800 SMIC ou encore équivalente
à celle d'un salarié du régime général
rémunéré au SMIC.
S'agissant des membres de la famille, ils s'acquièrent de la même
manière que les chefs d'exploitation une pension formée de deux
éléments : 1/37,5 du premier étage de la retraite de
base, l'AVTS, en contrepartie d'une cotisation de 3,2 % sur une assiette qui ne
peut être inférieure à 800 SMIC horaires. Depuis 1994, les
aides familiaux (au nombre de 14.000 au 1
er
janvier 2000) et, depuis
2000 (avec un effet rétroactif en 1999), les conjoints collaborateurs
(au nombre de 82.000) peuvent se constituer une retraite proportionnelle
-second étage de la retraite de base- à raison de 16 points par
année contre une cotisation d'environ 2 100 F assise sur une assiette
forfaitaire de 400 SMIC.
Sur 2.066.000 retraités agricoles en 1999, seuls 1.310.000
étaient bénéficiaires d'une retraite proportionnelle.
Les retraités actuels présentent une mosaïque de statuts
(chef d'exploitation, conjoint, aide familial, membre de la famille ayant une
carrière plus ou moins longue de chef d'exploitation) et un ensemble
hétérogène de durées de carrière
(carrières multiples simultanées ou successives).
Montants de retraite minima et maxima
Années |
Montant retraite forfaitaire carrière complète |
Montant minimum pour carrière complète (forfaitaire + minimum points) |
Montant maximum pour carrière complète (forfaitaire + maximum points) |
1990 |
14.770 |
25.627 |
52.804 |
1991 |
14.210 |
26.249 |
55.533 |
1992 |
15.550 |
26.972 |
58.607 |
1993 |
15.960 |
27.326 |
60.892 |
1994 |
16.251 |
28.094 |
62.690 |
1995 |
16.499 |
28.555 |
64.410 |
1996 |
16.860 |
29.110 |
66.354 |
1997 |
17.096 |
32.150 |
67.854 |
1998 |
17.289 |
35.210 |
69.351 |
1999 |
17.492 |
38.380 |
70.976 |
2000 |
17.611 |
38.570 |
72.153 |
2001 |
17.924 |
41.245 |
74.598 |
2002 (prév.) |
18.264 |
44.643 |
76.821 |
Au total, un exploitant agricole disposant d'une carrière complète, mais ayant acquis le nombre minimum de points, se situe en 2002 au niveau du minimum vieillesse.
b) Le cas des carrières incomplètes
Les
mesures de revalorisation ont privilégié le cas des
carrières longues (37,5 années et plus).
Or, sur les 2,1 millions bénéficiaires d'une pension de retraite
agricole au 1
er
janvier 1999, seules 622.000 personnes avaient
validé 150 trimestres ou plus en tant que non-salariés
agricoles (carrière complète) et 265.000 de 130 (32 années
et demie) à 149 trimestres. Plus d'1,2 million de personnes touchent
ainsi une retraite du régime agricole, alors que, soit elles n'ont que
marginalement ou brièvement exercé une activité agricole
et perçoivent une pension d'un autre régime (les
« polypensionnés »), soit elles ont travaillé
toute leur vie et exclusivement dans l'agriculture, mais n'ont commencé
à cotiser que très tardivement : il en est ainsi,
aujourd'hui, des veuves et des conjointes les plus âgées.
Le législateur devra ainsi se pencher, avec un souci
d'équité, sur la situation des monopensionnés et
éviter que des mesures de revalorisation n'aient pour conséquence
de donner des avantages indus aux polypensionnés.
Il semble que le « ciblage » de mesures favorables aux
titulaires de très faibles pensions de retraite agricole, et ne touchant
pas d'autres avantages vieillesse, soit difficile à mettre en oeuvre.
Votre rapporteur pour avis rappelle que l'article 27 de la loi de financement
de la sécurité sociale pour 2001 prévoit la
création d'un « répertoire national des retraites et
des pensions », mais le Gouvernement n'a toujours pas pris le
décret d'application nécessaire...
Une question peut être rapidement traitée : celle des
personnes bénéficiant de carrières comprises entre 32,5 et
37,5 années. Comme le précise le rapport du Gouvernement sur les
retraites agricoles,
« les coefficients de minoration
appliqués entre 32,5 et 37,5 années sont relativement
élevés par rapport à la valeur actuarielle et pourraient
être minorés »
21(
*
)
. En effet, ce coefficient est de
15 % les deux premières années et de 10 % pour les deux autres.
Les personnes disposant de carrières exclusives en agriculture
situées entre 27,5 et 32,5 années se voient appliquer le
même coefficient de minoration que pour 32,5 années. Il serait
plus équitable de prévoir un
« barème » de minoration pour les personnes
disposant de 37,5 années à 27,5 années de
carrière.
Le cas des personnes veuves et conjointes monopensionnées dont la
carrière est inférieure à 27,5 années reste
préoccupant.
L'article 57 du projet de loi de finances pour 2002
accorde une revalorisation aux conjoints et aides familiaux ayant exercé
au moins 17,5 années comme non-salarié agricole, mais il est
nécessaire de bénéficier de 40 années de
cotisations tous régimes.
2. La nécessité d'un régime complémentaire obligatoire pour parvenir à des retraites équivalentes à 75 % du SMIC
a) Le seul régime de base ne suffira pas
Au-delà, l'objectif généreux de parvenir
à des pensions égales à 75 % du SMIC pose des
problèmes de principe.
Cet objectif reviendrait à verser des pensions de retraite nettement
supérieures à celles de salariés ayant cotisé sur
un revenu équivalant au SMIC. Un nombre important de retraités
agricoles bénéficierait d'une retraite à un montant
supérieur à leurs revenus d'activité. De manière
générale, la détermination d'un minimum de retraite
fixé par rapport au SMIC soulève un problème qui concerne
l'ensemble des régimes sociaux.
Le seul régime de base ne suffira pas pour atteindre l'objectif de
retraites égales à 75 % du SMIC. Dans ces conditions, la solution
ne peut venir que de la création d'un régime
complémentaire obligatoire.
b) La gestation difficile d'un régime complémentaire obligatoire
L'idée d'un régime complémentaire
obligatoire
s'est imposée à la fois en raison des déboires juridiques
des contrats de capitalisation dits « COREVA » et du
rapport démographique (cotisants/retraités) particulier du
régime des exploitants agricoles.
En effet, ce rapport ne devrait guère se dégrader au cours des
vingt prochaines années (il devrait passer de 0,4 à 0,34),
contrairement aux rapports démographiques prévus dans le
régime général et les régimes spéciaux. Le
nombre de retraités agricoles devrait diminuer dans les dix prochaines
années : pour le régime agricole, le choc
démographique a déjà eu lieu.
Evolution du nombre de retraités agricoles
|
1977 |
1987 |
1997 |
2007 |
en million |
1,8 |
1,8 |
2,1 |
1,8 |
Le
nombre de bénéficiaires d'une pension de retraite versée
par le régime des non-salariés agricoles s'élève
à 2.066.000 en 1999, dont 918.000 chefs d'exploitation, 325.000
conjoints, 348.000 aides familiaux et 475.000 veuves. Mais, parmi les chefs
d'exploitation, 263.000 sont en réalité des membres de la famille
ayant exercé quelques années en qualité de chef
d'exploitation.
Pour 2000, 2001 et 2002, les effectifs devraient continuer à diminuer
pour atteindre respectivement 2.038.000, 2.003.000 et 1.967.000.
Le rapport cotisants sur retraités ne se dégradera plus à
l'avenir, mais restera très déséquilibré pendant de
nombreuses années encore. Cette situation ne peut être
surmontée que grâce aux transferts au titre de la compensation
démographique. Les besoins de financement diminueront cependant au fur
et à mesure de la diminution du nombre de retraités, qui sera
divisé par deux d'ici 2040.
Cette période de stabilisation démographique semble favorable
à l'instauration d'un régime complémentaire obligatoire de
retraite par répartition.
A l'occasion d'un colloque du 12 octobre 1998 sur les retraites agricoles,
organisé à l'Assemblée nationale, Mme Jeannette Gros,
présidente de la Caisse centrale de la Mutualité sociale agricole
(CCMSA), s'était prononcée pour le principe d'un régime de
retraite complémentaire obligatoire.
Lors de son congrès de Versailles, la FNSEA avait approuvé, le
18 mars 1999, le projet de création d'un régime
complémentaire obligatoire.
Le Parlement avait pris ses responsabilités, à l'occasion de
l'adoption de la loi d'orientation agricole.
Comme le texte du projet de loi ne contenait initialement aucune disposition
relative à un échéancier de revalorisation des retraites
agricoles, un article prévoyant un rapport sur les retraites agricoles
avait été finalement adopté.
Le
rapport sur les retraites agricoles prévu par la loi d'orientation
agricole
Article 3
« Le Gouvernement déposera, sur le bureau
des
assemblées, dans un délai de trois mois à compter de la
publication de la présente loi, un rapport décrivant,
catégorie par catégorie, l'évolution qu'il compte imprimer
aux retraites agricoles au cours de la période du 30 juin 1997 au 30
juin 2002. Un développement particulier sera consacré aux mesures
envisagées au cours de cette période, avec un effort plus
important à son début, pour revaloriser les plus faibles pensions.
« Il étudiera les possibilités juridiques et
financières de la création d'un régime de retraite
complémentaire obligatoire pour les non-salariés exerçant
les professions énumérées à l'article 1060 du code
rural, à l'exception des artisans ruraux.
« Ce rapport présentera les modalités de financement
des différentes mesures proposées.»
M. Dominique Leclerc, rapporteur pour avis de votre commission, avait
été à l'origine de l'introduction du deuxième et du
troisième alinéas.
Le Gouvernement a toujours fait preuve d'une grande prudence sur la mise en
place d'un régime complémentaire obligatoire, même s'il en
approuvé très tôt le principe.
Les conclusions du rapport sur les retraites de M. Germinal Peiro,
député de la Dordogne, ont été rendues publiques en
octobre 1999. Elles allaient dans le sens d'un régime de retraite
complémentaire obligatoire. Mais le rapport de M. Peiro, contrairement
à ce qu'ont pu croire légitimement des acteurs du monde agricole,
n'était pas le rapport du Gouvernement prévu à l'article 3
de la loi d'orientation agricole.
Devant les organisations professionnelles, le 24 octobre 2000, M. Jean
Glavany, ministre de l'agriculture et de la pêche, s'est engagé
d'une manière plus précise.
Mais le rapport prévu à l'article 3 de la loi d'orientation
agricole, qui aurait dû être déposé sur le bureau des
Assemblées le 9 octobre 1999, a finalement été
déposé... en janvier 2001.
Ce rapport comprend du reste 2 pages et ½ sur le sujet. Quelques
paragraphes traitent prudemment des conditions de mise en oeuvre et de gestion
du nouveau régime. On apprend ainsi qu'il suffirait d'une prestation du
régime complémentaire, pour une carrière complète,
de 7.200 francs par an pour compléter le régime de base (à
savoir le minimum vieillesse, 43.280 francs annuels), et atteindre un
montant de 50.480 francs correspondant à 75 % de la
rémunération minimum annuelle (SMIC) nette en 2000... Ce calcul
était pourtant à la portée de tout le monde.
La principale difficulté posée par la création de ce
régime complémentaire obligatoire -ce qui explique probablement
le retard du Gouvernement à formuler des propositions- est celle de son
financement.
Les différents régimes complémentaires
créés, chez les non-salariés non agricoles (CANCAVA et
ORGANIC), reposent sur le seul effort des futurs bénéficiaires.
L'Assemblée plénière de l'ORGANIC vient d'adopter, le 22
octobre 2001, le principe d'un nouveau régime complémentaire
obligatoire.
Le projet du nouveau régime complémentaire obligatoire
ORGANIC
Le régime complémentaire obligatoire permet aujourd'hui, sous
certaines conditions, de majorer la retraite du titulaire de 25 à 50 %,
notamment au profit du conjoint ayant durablement assisté le chef
d'entreprise lors de l'exercice de son activité. Elle permet
également d'augmenter en cas de décès du titulaire, le
taux de la pension de réversion du conjoint survivant à partir de
65 ans.
L'objectif fixé par l'ORGANIC est de donner une retraite
complémentaire à tous les retraités, y compris à
ceux qui ont cotisé au régime des conjoints mais qui ne
bénéficieront pas des droits des conjoints.
Le niveau global de retraite (base + complémentaire) serait
équivalent à 65 % des revenus d'activité, soit 80.000
francs pour un revenu professionnel de 120.000.
Les droits seraient ouverts à partir de l'âge de soixante ans.
La cotisation serait de 6,5 %, jusqu'à trois plafonds de la
sécurité sociale.
Le régime associerait répartition et épargne pour plus de
sécurité et un meilleur niveau de retraite.
Pour les exploitants agricoles, il apparaît néanmoins difficile
d'accroître de manière significative la « pression
sociale ».
Taux de cotisations
|
Taux technique |
Complémentaire |
Global |
AMEXA |
8,130 % |
2,710 % |
10,840 % |
Veuvage |
0,100 % |
- |
0,100 % |
AVA sous plafond |
8,445 % |
2,530 % |
10,975 % |
AVA déplafonnée |
1,290 % |
0,250 % |
1,540 % |
AVI |
3,200 % |
- |
3,200 % |
PFA |
4,360 % |
1,040 % |
5,400 % |
Total |
25,525 % |
6,530 % |
32,055 % |
Le
Gouvernement évoque des premières simulations, faisant
état, pour un taux de rendement de 8 %, d'un taux de cotisation de 2,8 %
sur une assiette déplafonnée, avec une assiette minimale
égale au SMIC. Cet effort est appréciable, mais peut être
consenti par les actifs agricoles.
En revanche, pour les chefs d'exploitation déjà retraités,
ou les chefs d'exploitation en fin de carrière, l'amélioration de
leur situation nécessite d'attribuer gratuitement des points de
cotisations. Dans ce cas, la participation du budget de l'Etat, dont le rapport
du Gouvernement ne souffle mot, est indispensable.
Le Gouvernement annonçait en janvier 2001 qu'il proposerait au Parlement
« le texte nécessaire à la création d'un
régime de retraite complémentaire
obligatoire »
22(
*
)
. L'inscription à l'ordre
du jour de l'Assemblée nationale, le 11 décembre prochain, de la
proposition de loi de M. Germinal Peiro et les membres du groupe socialiste,
déposée le 26 juin 2001, montre que le Gouvernement a
décidé, d'une manière certes curieuse, de tenir sa
promesse.
Mais le financement d'un tel régime apparaît aussi flou ; il
serait dommage de renvoyer ses conditions exactes à la loi de finances
pour 2003.
Enfin, la création souhaitable de ce régime n'est pas exclusive
d'un effort individuel des agriculteurs, à travers le régime par
capitalisation dont ils bénéficient déjà. Il faut
toutefois préciser que la très grande majorité des
produits financiers présents sur le marché ne semble pas
correspondre à leurs besoins.
3. La modernisation des règles
a) La simplification : un effort à poursuivre
Depuis
1994, les mesures de revalorisation se sont entassées selon des
« strates » successives. Cette accumulation a rendu le
système extrêmement complexe pour les gestionnaires (les caisses
de MSA) et illisible pour les bénéficiaires qui ont souvent, au
cours de leur carrière, relevé successivement de plusieurs
catégories (aides familiaux, personnes veuves, conjoints, chefs
d'exploitation à carrière courte et chefs d'exploitation à
carrière longue) et se sont vues, en raison du mode de
détermination des carrières fictives et carrières
réelles variables selon les normes, soit éligibles à
plusieurs revalorisation à différents titres, soit, au contraire,
exclues de tout ou partie des revalorisations.
De ce point de vue,
l'article 57 du projet de loi de finances pour 2002
représente un véritable effort de simplification :
- il ouvre la possibilité de rachat de droits à la retraite
proportionnelle pour les aides familiaux ;
- il réécrit les dispositions de revalorisation
antérieures au 1
er
janvier 2002 ;
- il permet d'exprimer en points toutes les mesures de revalorisation
actuellement exprimées en francs, ce qui résout les
problèmes d'indexation et simplifie le travail des caisses.
L'article 57 est ainsi un premier progrès ; mais il sera
nécessaire de continuer l'effort de simplification.
b) La mensualisation : un retard dommageable
Le
régime agricole est désormais le seul régime vieillesse
à verser des pensions de retraite trimestrielles. Les régimes
vieillesse des artisans et des commerçants ont adopté tout
récemment la mensualisation.
Lorsque les anciens exploitants restaient pendant leur retraite sur
l'exploitation, dans une maison dont ils étaient propriétaires,
la mensualisation n'était effectivement pas nécessaire. Mais la
sociologie rurale montre une évolution, qu'il convient de prendre en
compte : un nombre croissant de retraités agricoles quitte
l'exploitation au moment de leur retraite, pour intégrer un logement,
éventuellement même un appartement en ville, dont ils sont
locataires.
La revalorisation des retraites agricoles explique également que la
mensualisation soit désormais une priorité.
La Caisse centrale de MSA a étudié le coût financier de la
mensualisation des retraites agricoles. En effet, la mensualisation
représente un coût de trésorerie important l'année
de sa mise en oeuvre, puisque les pensions sont actuellement versées
à trimestre échu.
Le coût a été estimé à 8,8 milliards de
francs. Il serait naturellement réduit si seules les pensions
supérieures à un montant minimum (par exemple, 1.000 francs,
voire 2.000 francs par mois) faisaient l'objet d'un versement mensuel.
Quatre hypothèses ont été envisagées :
1 - participation du Fonds de réserve pour les retraites
Cette option présente l'inconvénient d'ouvrir une brèche
dans la conception implicite du Fonds : constituer un
« sanctuaire » censé dégager en 2020, par des
placements qui restent à déterminer, 300 milliards de francs de
produits financiers ; elle est compréhensible tant le Gouvernement
fait preuve d'atermoiements dans la définition du statut et des
orientations de ce Fonds, alors même qu'il utilise à
l'excès son existence pour justifier l'absence d'une réforme des
retraites.
2 - augmentation de la subvention d'équilibre la
première année
Cette solution est apparemment la plus rationnelle. Elle présente
seulement l'inconvénient de déplaire au ministère de
l'économie et des finances, qui ne souhaite pas que les dépenses
soient « gonflées », surtout sans avantage financier
supplémentaire pour les bénéficiaires.
3 - recours à un emprunt sur cinq ans, avec remboursement
annuel par cinquième, par une augmentation de la subvention
d'équilibre d'environ 1,8 milliard de francs, pendant cinq ans
Cette option apparaît bien compliquée. De surcroît, elle
apparaît peu conforme au principe d'annualité des lois de finances.
4 - relèvement du plafond mensuel de l'ouverture en compte
courant
Cette solution, qui consiste à financer une mesure par l'emprunt,
pourrait sembler absurde. Or, le BAPSA fonctionne déjà, une
majeure partie de l'année, selon le principe de l'emprunt, ce qui
explique les frais financiers retracés dans ses dépenses. Au taux
de 5,5 %, le coût annuel supplémentaire serait de 245 millions de
francs, ce qui pourrait inciter l'Etat à améliorer la
trésorerie du régime des exploitants agricoles, qu'il a
contribué tout récemment à détériorer, le
plafond d'avances de trésorerie étant de 8,5 milliards de
francs (loi de financement de la sécurité sociale pour 1997) pour
s'établir finalement à 14,5 milliards de francs (projet de loi de
financement de la sécurité sociale pour 2002).
Votre rapporteur pour avis regrette que cette réforme n'ait pas pu
être entreprise. En première lecture du projet de loi de finances
pour 2002, l'Assemblée nationale a adopté le principe d'un
rapport
du Gouvernement, qui -espérons-le- ne sera pas suivi d'un
nouveau
report
.
B. LA RÉFORME DE L'ASSURANCE ACCIDENTS DU TRAVAIL : TENIR LES OBJECTIFS FIXÉS
Après une certaine inertie, le Gouvernement a accéléré le processus de réforme, par l'utilisation peu adroite d'une proposition de loi, assortie d'une déclaration d'urgence ne laissant que peu de chance à un accord entre les deux assemblées.
1. Un consensus sur les objectifs
A
défaut de parvenir à un accord, les deux assemblées se
sont rejointes sur le constat d'un système déficient, ainsi que
sur les objectifs de la nouvelle réforme.
Les objectifs en sont les suivants :
- assurer l'intégralité des exploitants agricoles, une part
non négligeable d'exploitants agricoles se dispensant aujourd'hui de
l'obligation de contracter une assurance privée ;
- améliorer la réparation du risque accidents du
travail ;
- développer la prévention, ce qui nécessite de
séparer entre les accidents de la vie privée et les accidents du
travail.
2. Un débat sur les modalités
En
suivant les conclusions de sa commission des Affaires sociales, et de son
rapporteur, M. Bernard Seillier, le Sénat avait essayé, le 20
juin 2001, de dégager une formule de « compromis »,
permettant de conserver la liberté de tarification, sous la
réserve de deux garde-fous : la fixation d'un
« plafond » de cotisations, ainsi que le maintien du
système proposé de catégories de risques. Par ailleurs, il
n'avait pas souhaité que la MSA joue le rôle de « caisse
pivot ».
Votre rapporteur pour avis, favorable à titre personnel au texte issu
des travaux de l'Assemblée nationale, ne considère pas moins tout
l'intérêt de la solution proposée en son temps par votre
commission des Affaires sociales.
L'adoption définitive de la loi par l'Assemblée nationale le
5 novembre 2001 dessine une réforme profonde, qui
nécessitera plusieurs décrets d'application.
Les grands traits de la réforme AAEXA
- maintien d'un régime concurrentiel incluant la
MSA et
les assureurs privés, mais dans un cadre réglementé,
puisque les taux de cotisations ne seront plus libres, mais fixés de
manière uniforme par catégories de risques ;
- rôle de « caisse pivot » confié
à la MSA, qu'elle ne jouait pas du tout jusqu'à présent,
seules trois caisses locales ayant jusqu'ici décidé de
gérer ce risque ;
- séparation des accidents de la vie privée du champ de
l'assurance accidents du travail, le premier ressortissant au nouveau
régime et le second à l'assurance maladie (AMEXA) ;
- définition de l'assiette des cotisations sous une forme
forfaitaire, et non liée au revenu professionnel ;
- création d'indemnités journalières ;
- création d'un fonds de réserve national spécifique,
géré uniquement par la MSA, destiné à provisionner
les risques.
3. Une exigence de réussite
Le
débat étant désormais tranché, il importe de
« réussir
» la réforme, qui sera jugée
à l'aune de la réalisation des objectifs précités.
Le système finalement retenu pour assujettir l'ensemble des exploitants
agricoles apparaît pertinent : dans un premier temps, les organismes
assureurs enverront un bulletin d'adhésion à leurs
assurés ; dans un second temps, les caisses de MSA
« relanceront » ceux qui n'ont pas souscrit au nouveau
régime et ceux, inscrits dans les fichiers AMEXA, qui ne faisaient
l'objet d'aucune couverture. Ainsi sera réalisé le contrôle
de l'obligation d'assurance.
Il convient désormais d'éviter « les effets
pervers » de la réforme.
Ainsi, les prestations invalidité servies en AMEXA devront être
rapidement alignées sur les nouvelles prestations AAEXA, même si
le coût budgétaire n'est pas négligeable.
En effet, les pensions en 2001, pour une invalidité à 100 %,
étaient de 23.227 francs annuels et, dans le cas d'une invalidité
à 66 %, de 18.021 francs annuels. Une simple modification des articles
19 et 20 du décret n° 61-294 du 31 mars 1961 suffit.
Par ailleurs, il n'existe pas d'indemnités journalières, ni de
capital décès, ce qui nécessite cette fois une
intervention législative.
Cet effort budgétaire se justifie : si l'aboutissement de la
réforme de l'assiette des cotisations des non-salariés agricoles
en 1996 a permis d'atteindre une parité dans l'effort contributif entre
régime maladie des non-salariés agricoles et régime
général, il n'en va pas de même pour les prestations,
contrairement au principe « à cotisations égales,
prestations égales ». Or, lors du basculement des cotisations
maladie vers la CSG, les exploitants agricoles n'ont pas
bénéficié du gain de pouvoir d'achat retenu pour les
régimes maladie des salariés.
Dès lors, l'effort contributif des non-salariés agricoles au
financement de protection sociale doit trouver sa juste contrepartie dans
l'amélioration des prestations servies par l'AMEXA.
L'Assemblée nationale s'est contentée, en première
lecture, d'adopter un article 58 bis, accordant aux conjoints collaborateurs
reconnus totalement ou partiellement inaptes le bénéfice d'une
pension d'invalidité moyennant le paiement d'une cotisation forfaitaire,
alors que l'aide familial ou l'associé d'exploitation ne peut
bénéficier que d'une pension d'invalidité pour
incapacité totale. Or, le chef d'exploitation acquitte pour eux une
cotisation AMEXA calculée par référence à ses
revenus professionnels ; dès lors, il convient également
d'étendre le droit à pension d'invalidité aux aides
familiaux et associés d'exploitation pour une invalidité
réduisant des deux tiers leur capacité à l'exercice de
leur activité agricole sans augmentation de cotisations.
Sur un plan strictement financier, il sera nécessaire d'assurer le
financement du Fonds commun des accidents du travail (FCATA), chargé de
verser les revalorisations des rentes d'accidents du travail accordées
aux exploitants qui ont souscrit à l'assurance complémentaire
créée par la loi du 25 octobre 1972. En raison de la surtaxation
de ces contrats, cette assurance a connu un rapide déclin. Le FCATA ne
survit depuis 1995 que grâce à une subvention de l'Etat.
C. LA MUTUALITÉ SOCIALE AGRICOLE : MAINTENIR LA SPÉCIFITÉ DU RÉGIME, S'ADAPTER DE MANIÈRE PERMANENTE AUX BESOINS DES ASSURÉS
Deuxième régime de protection sociale, le
régime agricole s'est toujours efforcé d'apporter une
qualité de service à ses assurés. Une enquête de
satisfaction vient d'être réalisée ; son
résultat est positif : le taux de satisfaction globale est de 93,5
%.
Pour prendre l'exemple des feuilles de soins papier, la MSA paie actuellement,
sous moins de trois jours, pour un tiers des caisses, sous moins de cinq jours
pour la moitié des caisses et sous moins de huit jours pour 75 % des
caisses. Quant aux feuilles de soins électroniques (Sesam-Vitale), dont
le volume varie entre un tiers et 50 % des caisses, le résultat est
encore meilleur : les cotisants sont remboursés en moins de trois
jours dans près de 40 % des caisses et en dessous de cinq jours dans 80
% des caisses. Autant de résultats à faire pâlir d'envie le
régime général.
A la grande différence du régime général, le
régime agricole est « élu », ce qui lui
permet d'assurer -par construction- une plus grande proximité.
1. Le faux débat de la « parité »
Lors de
la première lecture du projet de loi de modernisation sociale, en
janvier 2001, l'Assemblée nationale avait adopté un amendement
assurant « la parité » entre exploitants et
salariés au sein des conseils d'administration des caisses de
Mutualité sociale agricole.
Une telle mesure niait la spécificité du régime et
risquait d'ouvrir la porte à une scission, les salariés
rejoignant alors le régime général.
Heureusement, votre commission des Affaires sociales et son rapporteur, M.
Bernard Seillier, a proposé un dispositif équilibré et
simplifié, adopté par l'Assemblée nationale en
deuxième lecture : neuf administrateurs pour le premier
collège, douze pour le second et six pour le troisième.
2. L'élan incontestable donné par la convention d'objectifs et de gestion 1999-2001
La convention d'objectifs et de gestion conclue le 23 décembre 1998 entre l'Etat et la caisse centrale de la mutualité sociale agricole a défini pour les années 1999 à 2001 les orientations en matière de protection sociale des salariés et des non-salariés des professions agricoles, pour le service des prestations, la maîtrise médicalisée des dépenses d'assurance maladie, le recouvrement des cotisations sociales agricoles, la politique de prévention et d'action sanitaire et sociale et la gestion des caisses de mutualité sociale agricole.
Les orientations de la convention d'objectifs et de gestion 1999-2001
Les
orientations définies dans ces différents domaines doivent
conduire pendant la période d'application de la convention d'objectifs
et de gestion à :
- une évolution du régime des retraites agricoles et de la
couverture des risques professionnels,
- une amélioration de la gestion du risque maladie et un
renforcement de la prévention médicale et dentaire,
- un développement de l'action sanitaire et sociale,
- une amélioration du taux de recouvrement des cotisations sociales
agricoles,
- une meilleure efficacité du service aux ressortissants par une
information régulière des employeurs sur leurs obligations
sociales et une mesure de la qualité du service rendu,
- une modernisation de la gestion des caisses de mutualité sociale
agricole par une généralisation de la comptabilité
analytique, la mise en place de plans de contrôle interne, la
stabilisation des dépenses de gestion administrative et le
développement de la mise en commun des moyens des caisses,
- un rapport renouvelé entre le ministère de l'agriculture
et de la pêche et la caisse centrale de la mutualité sociale
agricole par des rencontres périodiques et la transmission en temps
utile des documents préparatoires aux décisions du conseil
central et des projets de textes.
Les contrats pluriannuels de gestion qui ont été conclus entre la
caisse centrale de la mutualité sociale agricole et chacune des caisses
de mutualité sociale agricole, conformément à l'article L.
723-12 du code rural modifié par la loi d'orientation agricole du 9
juillet 1999, déclinent la convention d'objectifs et de gestion
nationale en tenant compte du contexte local.
L'évaluation de la convention d'objectifs et de gestion n'a
été réalisée par le comité
d'évaluation
23(
*
)
que le
2 mai 2001. L'évaluation finale aurait lieu en avril 2002.
Votre rapporteur pour avis regrette que cette évaluation de la
convention d'objectifs et de gestion n'ait pas été transmise au
Parlement.
La nouvelle convention d'objectifs et de gestion, qui débutera à
partir de 2002, devrait permettre l'association du ministère de l'emploi
et de la solidarité.
3. Un effort de maîtrise des dépenses de gestion
Cet
effort s'est effectué tout d'abord au niveau de la Caisse
centrale : le redressement de celle-ci a été confirmé
par le résultat excédentaire sur l'exercice 2000 de 28,4 millions
de francs.
Les dépenses des caisses de MSA comprennent les charges administratives,
les dépenses d'action sanitaire et sociale et les frais de
contrôle médical.
La comparaison avec les dépenses de gestion du régime
général est délicate pour deux raisons :
- les caisses effectuent à la fois le paiement des diverses
prestations et le recouvrement des cotisations pour l'ensemble des
salariés et des non-salariés agricoles ;
- la politique d'action sanitaire et sociale des caisses est
centrée sur les besoins de la population agricole, passant davantage par
l'intervention de personnels spécialisés que par l'attribution de
prestations en espèces.
Le ratio charges/prestations est passé de 5,5 % en 1997 à
5,1 % en 2000, ce qui montre les efforts réalisés dans les
caisses : l'augmentation du volume des prestations versées sur la
période 1996-2000 (+ 9,1 %) est sans commune mesure avec
l'évolution des dépenses de gestion (+ 2,6 %).
L'augmentation de 0,1 point entre 1999 et 2000 présente un
caractère exceptionnel lié à la hausse des charges de
gestion de + 3,2 %, conséquence du changement de convention collective
en 2000.
Charges de gestion des caisses de MSA
hors compensation et
hors charges exceptionnelles
(en millions de francs)
Années |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
Charges |
7.260,4 |
7.606,6 |
7.550,3 |
7.389,3 |
7.629,4 |
Prestations |
137.219 |
139.407 |
144.818 |
147.629 |
149.724 |
Ratio charges/prestations |
5,3 % |
5,5 % |
5,2 % |
5,0 % |
5,1 % |
Un
accord-cadre sur la réduction du temps de travail a été
conclu le 15 décembre 1998. Il s'applique à l'ensemble des
caisses départementales et pluridépartementales de MSA ainsi
qu'à la CCMSA.
L'accord a été décliné en 77 accords locaux, dont
60 conclus dans le cadre du volet offensif de la loi du 13 juin 1998, 11 dans
le cadre du volet défensif de la loi, 1 dans le cadre des deux
volets offensif et défensif et 5 dans un cadre neutre,
c'est-à-dire sans recourir aux aides de l'Etat.
Cet accord national a prévu notamment la suspension des augmentations
générales de salaires jusqu'au 31 décembre 2001 et le
gel de la prime d'ancienneté.
Les accords conclus qui sont entrés en application au cours de
l'exercice 1999 ont conduit à l'embauche de 816 personnes à temps
plein en 1999 et 2000 dans les caisses de MSA.
Compte tenu des aides de l'Etat auxquelles ouvrent droit 72 des caisses de
mutualité sociale agricole concernées et des créations
d'emplois réalisées à coût moindre, le coût
globalisé de l'application des accords sur la réduction du temps
de travail est évalué à 139,8 millions de francs,
correspondant au coût des salariés nouveaux, dont il faut
retrancher les 134,7 millions de francs d'allégements de charges.
Le ratio effectifs des caisses/assurés est comparable au régime
général.
Dans le souci de réaliser des économies, dès 1994, les
caisses de mutualité sociale agricole ont entamé, sans qu'il y
ait de disposition législative l'imposant, une politique de regroupement
des caisses.
Regroupements des caisses de Mutualité sociale agricole (1994-2000)
Années |
1994 |
1995 |
1998 |
2000 |
Nombre de caisses |
85 |
82 |
81 |
78 |
Regroupements |
|
Aveyron-Tarn ;
|
Meurthe et Moselle - Vosges |
Bas-Rhin
- Haut-Rhin
|
La
politique de regroupement ne donne pas nécessairement de meilleurs
résultats de gestion. La convention d'objectifs et de gestion
prévoit que des études préalables seront désormais
faites avant des opérations de fusion, et que des bilans
réguliers sur les gains obtenus seront effectués.
Par ailleurs, rien n'empêche les caisses de subsister, mais
d'opérer des mises en commun de moyens de fonctionnement :
équipes de direction, services techniques, contrôle
médical, etc. Le nouveau schéma directeur informatique de la MSA
a reçu l'approbation administrative par arrêté
ministériel du 11 décembre 2000, permettant d'améliorer la
coordination des moyens de traitement informatique de masse.
Depuis l'article 48 de la loi d'orientation agricole n° 99-574 du
9 juillet 1999, les regroupements de caisse doivent avoir lieu dans le
cadre de la région administrative, sauf dérogation
accordée par le ministre de l'Agriculture. Cette disposition a
été justifiée par l'importance du cadre régional
dans la politique d'assurance maladie : unions régionales des
caisses d'assurance maladie, agences régionales d'hospitalisation.
4. Un régime conscient de ses responsabilités
La
Mutualité sociale agricole a défini en mai 2001 des
« orientations stratégiques ». Par cette vision
prospective, il s'agit non seulement de répondre aux engagements de la
convention d'objectifs et de gestion, visant à stabiliser les
dépenses administrative et à diminuer les coûts de gestion,
mais également d'offrir aux adhérents une
« démarche client ». Cette véritable
« charte » propose la création d'un échelon
régional, coordonnant les efforts des caisses et organismes
départementaux et tend à renforcer le rôle de
« tête de réseau » de la Caisse centrale.
Votre rapporteur pour avis se plaît également à souligner
que la MSA a utilisé avec dynamisme les possibilités ouvertes par
l'ordonnance du 24 avril 1996 relative à la maîtrise des
dépenses de soins.
Elle a lancé très rapidement deux projets de réseaux de
soins expérimentaux :
- un dispositif de prévention et de soins dentaires
« Prophylaxie et soins dentaires chez l'enfant » : ce
dispositif a d'ores et déjà donné d'excellents
résultats ;
- un dispositif de réseau de soins gérontologiques,
proposé en avril 1997 et approuvé par la « commission
Soubie » à la fin de l'année 1998 ; 19 sites
locaux ont été agréés par le ministère de
l'emploi et de la solidarité par arrêté du 30 mars
2000
24(
*
)
.
Le réseau de soins gérontologiques
L'objectif est de permettre le maintien à domicile, le
plus
longtemps possible, dans des conditions sanitaires et sociales optimales, du
plus grand nombre de personnes âgées dépendantes. Le
dispositif met en place une véritable coordination de soins autour de la
personne âgée, une véritable liaison ville-hôpital,
le médecin généraliste étant le
« pivot » du système. Il crée enfin des
« outils médicalisés de coordination ».
Depuis mai 2000, l'action expérimentale connaît une montée
en charge progressive. Cette montée en charge se traduit par :
- une mobilisation très forte des professionnels de
santé ; les médecins généralistes ont
largement adhéré au dispositif (le taux d'adhésion est de
88 % par rapport aux médecins potentiellement concernés) ;
- une progression de l'adhésion des personnes âgées.
Au 1
er
juin 2001, 319 personnes âgées ont
été admises dans le réseau pour l'ensemble des
régimes d'assurance maladie ;
- la mise en place des instances de suivi de l'expérimentation
(comité national de suivi, comité scientifique et comité
de pilotage).
Le Bureau national de gestion du Fonds d'aide à la qualité des
soins de ville (FAQSV) a donné un avis favorable, le 20 décembre
2000, pour le financement, à compter du 1
er
janvier 2001, des
frais de fonctionnement des associations locales et des frais relatifs à
l'évaluation de l'action expérimentale.
Le ministère de l'emploi et de la solidarité a donné, fin
1999, son accord à l'action expérimentale de Groupama et de la
MSA « Groupes partenaires santé », qui vise la
maîtrise des dépenses de santé dans certains cantons des
départements de l'Allier, des Côtes-d'Armor et des
Pyrénées-Atlantiques, sur dix-huit mois. Il s'agit d'un
partenariat entre les médecins généralistes, les patients
relevant du régime agricole, la MSA et la complémentaire
santé Groupama. Les assurés bénéficient de l'avance
globale des frais, tandis que les médecins travaillent en réseau
pour établir des diagnostics et les réponses médicales les
plus efficaces.
Il aura fallu plus de deux ans pour que ce projet aboutisse.
En outre, la caisse de Mutualité sociale agricole des
Hautes-Pyrénées a souhaité participer à la mise en
place d'un réseau expérimental de soins palliatifs à
domicile. Ce projet est conduit par la caisse primaire d'assurance maladie des
Hautes-Pyrénées. La caisse de Mutualité sociale agricole
de Haute-Loire s'est associée à un projet identique, mené
par la caisse primaire d'assurance maladie du même département.
Ainsi, le lancement par la Mutualité sociale agricole de
« projets autonomes » d'une très grande
qualité n'empêche pas des coopérations fécondes sur
le terrain.
Votre commission ne peut que se féliciter de ce dynamisme,
malgré le peu d'empressement du Gouvernement en la matière, alors
que l'ordonnance du 24 avril 1996 vise à expérimenter de
nouveaux modes d'exercice de la médecine libérale, à la
fois pour améliorer les soins et en diminuer les coûts.
*
* *
Sous le bénéfice de ces observations, votre commission des Affaires sociales a émis un avis favorable à l'adoption du projet de BAPSA pour 2002.