2. Une offensive commerciale ciblée renforçant la spécialisation française sur les secteurs porteurs
Parallèlement à l'analyse des zones géographiques prometteuses, la DREE a rapproché, à la demande du ministre, la structure sectorielle des exportations françaises de la hiérarchie des secteurs mondiaux en termes de dynamisme des échanges.
Cette analyse, fondée sur l'identification des secteurs dans lesquels la France détient un avantage comparatif et des secteurs en progression dans le commerce mondial, a démontré que le commerce français obéissait à une spécialisation sectorielle relativement bonne.
D'une part, la spécialisation sectorielle de la France 17 ( * ) est conforme à ses avantages comparatifs, localisés dans les produits de haute et moyenne technologie (aéronautique, automobile), les produits agroalimentaires (céréales, produits céréaliers, vins et spiritueux), et les produits de haut de gamme (cosmétique, articles de mode).
D'autre part, seuls 17 % de nos exportations concernent des secteurs en régression dans les échanges mondiaux, alors que ces secteurs représentent 23 % du commerce mondial. A l'inverse, près de 60 % des exportations françaises sont composées de biens qui ont enregistré, au cours des deux dernières décennies, une forte croissance dans les échanges mondiaux 18 ( * ) .
In fine , le positionnement sectoriel de la France à l'exportation est relativement porteur : près de 40 % des exportations françaises sont constituées de secteurs dans lesquels la France détient des avantages comparatifs, et qui, de surcroît, sont en progression dans le commerce mondial . Il s'agit, dans l'ordre, des secteurs de l'automobile, de l'aéronautique et de l'espace, des matériels de télécommunications et des produits pharmaceutiques. Cette configuration est propice à une croissance des échanges, avec un effet favorable en termes relatifs sur la balance commerciale.
Mieux, au cours des dix dernières années, la France a accentué sa spécialisation dans des secteurs dynamiques : en effet, la part relative des biens manufacturés dans les exportations françaises s'est accrue (85 % en 2003 contre 82 % en 1994), au détriment des produits agroalimentaires, la part des produits énergétiques restant stable (voir tableau). La spécialisation des exportations françaises s'est en particulier renforcée dans les secteurs des biens d'équipement (aéronautique et équipements électroniques 19 ( * ) notamment), de l'automobile et de l'industrie pharmaceutique.
Il n'en demeure pas moins que le positionnement de la France sur les secteurs les plus dynamiques, dont les produits sont de haute technologie et à fort contenu en innovation, doit être renforcé.
Si ces produits alimentent désormais un quart des exportations françaises (données 2001 - contre 15 % à la fin des années 1980), soit un ratio supérieur à l'Allemagne (20 %), cette proportion reste inférieure à celle enregistrée par le Royaume-Uni (40 %), les Etats-Unis (38 %) et le Japon (31 %). De fait, le marché mondial des biens haute technologie 20 ( * ) est largement dominé par les Etats-Unis, qui détenaient, en 2001, plus de 25 % des parts du marché OCDE, devant le Japon (dont la part - 13 % - accuse depuis 1994 une sensible érosion). Si les positions de la France (6,5 %) restent stables, elles sont toutefois sensiblement inférieures aux parts de marché du Royaume-Uni (10 %) et de l'Allemagne (11,5 %).
C'est pourquoi le ministre délégué au commerce extérieur a également entrepris de construire des plans d'action sectoriels , venant s'ajouter aux plans d'action par pays. Ces plans sectoriels sont en cours d'élaboration, au sein du comité d'orientation des stratégies sectorielles d'exportation 21 ( * ) associant acteurs publics et privés qu'ont créé conjointement le ministre délégué au commerce extérieur et le ministre délégué à l'industrie. Leur finalisation exige d'arbitrer sur l'opportunité de porter l'effort exportateur de la France prioritairement sur les secteurs où notre pays détient déjà un avantage comparatif ou plutôt sur les secteurs en forte progression mondiale.
Le renforcement de nos positions dans ces secteurs est souhaitable, à double titre : d'une part, les biens à fort contenu en innovation, sur lesquels la concurrence est plus faible, sont moins sensibles aux prix et plus rémunérateurs ; d'autre part, les pays ayant une position en amont du cycle de vie des produits (i.e. au niveau de l'innovation) enregistrent empiriquement des gains de productivité plus élevés, qui sont les vecteurs d'une croissance plus forte. Pour une économie développée telle que la France, la capacité d'innovation , sous toutes ses formes (dans le produit, dans le process, dans l'organisation, etc.), est gage à la fois de croissance et de compétitivité commerciale.
* 17 Les exportations françaises sont dominées par les biens intermédiaires et les biens d'équipement (respectivement 30 % et près de 25 % de nos ventes en 2003), les produits de l'industrie automobile et les biens de consommation (plus de 15 % pour chaque catégorie), enfin les produits agroalimentaires (près de 13 %) et les secteurs de l'énergie (3 %).
* 18 Pour la DREE, un bien est dit « en progression » dans le commerce mondial sur la période 1980-2000, si la variation de son poids relatif a été supérieure à 0,02 point et si la croissance de son poids relatif a dépassé 20 %. Il en va inversement pour les biens « en régression ».
* 19 L'importance croissante du secteur électronique (équipements et composants) est également patente dans nos importations. C'est le signe que la France s'est insérée dans le processus global de développement des TIC.
* 20 Selon la terminologie OCDE, il s'agit des produits pharmaceutiques, des machines de bureau et du matériel informatique, des appareils de radio/télévision/télécommunications, des appareils médicaux, de précision et d'optique ainsi que de l'aéronautique et du spatial.
* 21 Ce groupe ad hoc réunit le GFI, le CLIMO, UBIFRANCE, la DREE et la DIGITIP, et, en tant que de besoin, des représentants institutionnels (MEDEF International, ACFCI).