C. LA PRÉPARATION DES ÉQUIPEMENTS FUTURS
Si leurs crédits d'équipement demeurent contraints au regard des besoins de financement des grands programmes d'armement, les forces terrestres bénéficieront indirectement de la forte relance des crédits d'études-amont engagée en 2005 et poursuivie en 2006. Parmi les démonstrateurs dont la réalisation est engagée ou prévue en 2006, trois projets concernent directement les forces terrestres : la « bulle opérationnelle aéroterrestre » (BOA), le missile de combat terrestre et l'hélicoptère furtif et apte au vol tout temps.
Les financements afférents à ces programmes relèvent du programme « environnement et soutien de la politique de défense ».
1. La « bulle opérationnelle aéroterrestre » (BOA)
L'année 2005 doit voir le démarrage d'un important plan d'études-amont appelé à se dérouler jusqu'en 2012 et mobilisant, sur cette durée, des financements importants (135 millions d'euros).
Derrière l'appellation de « bulle opérationnelle aéroterrestre » se trouvent un concept et un cadre de réflexion portant sur l'évolution des capacités d'action au contact , qui constituent pour les forces terrestres un domaine clef. Il s'agit d'élaborer un « système de systèmes » englobant tous les moyens intervenant dans le combat de contact, dans la logique des « opérations réseaux centrées ».
Concrètement, la notion de « bulle opérationnelle aéroterrestre » repose sur l'introduction de nouvelles technologies et une mise en réseau généralisée jusqu'au niveau des combattants élémentaires et des équipages des blindés . L'objectif est de donner à l'ensemble des acteurs du combat de contact l' accès à des capacités nouvelles (tir hors de la vue directe, frappes à effets gradués, recours à des moyens interarmes ou interarmées tels les appuis aériens...) et d'améliorer leur efficacité dans tous les contextes opérationnels (coercition, maîtrise de la violence, zone ouverte ou urbaine...).
Le concept induit une double rupture, dans les modes d'action des forces et dans la conception des matériels.
Le démonstrateur « BOA » prévu dans le cade du plan d'études-amont devra permettre de valider la maturité des technologies requises, de préciser les besoins opérationnels et les concepts d'emploi et de vérifier l'acceptation des solutions par les combattants. Il s'appuiera sur une prestation d'ingénierie, un laboratoire technico-opérationnel réunissant officiers, responsables de la DGA et ingénieurs de l'industrie, et la constitution d'un démonstrateur technologique, pour des essais réels sur des terrains de manoeuvre.
Ces études pourraient déboucher à terme sur un système de combat futur reposant en partie sur des moyens actuels faisant l'objet d'adaptations, et en partie sur des moyens nouveaux (robot du combattant, microdrones, engin blindé médian, missiles de combat terrestre, radio haut débit ...).
Il est à souligner que des échanges techniques et opérationnels sont envisagés sur ce projet entre la France et les Etats-Unis qui travaillent eux aussi sur un « Future combat system ». Ces échanges porteraient notamment sur l'interopérabilité des forces.
D'une manière générale, on peut se demander si des coopérations beaucoup plus étroites ne doivent pas être recherchées avec nos partenaires européens sur les futurs systèmes d'armement terrestre. Il existe sur ce point une communauté de besoins mais une dispersion des efforts. On peut par exemple se demander si des synergies avec d'autres partenaires européens n'auraient pas pu être développées sur un équipement comme le FELIN qui répond à des besoins opérationnels largement partagés dans les différentes forces terrestres européennes.
2. Le missile de combat terrestre
En réponse à votre rapporteur, le ministre de la défense avait annoncé le 6 décembre 2004 lors de la discussion du budget de la défense au Sénat le lancement en 2005 d'un démonstrateur de missile de combat terrestre .
Ce plan d'études-amont, qui sera finalement lancé en 2006, paraît particulièrement nécessaire pour préparer la future génération de missiles dédiés au combat de contact. L'objectif recherché, en liaison avec les systèmes d'information composant la « bulle opérationnelle aéroterrestre », est de permettre le tir à distance de sécurité au-delà de la vue directe . Cette capacité prend une importance croissante avec les engagements en milieu urbain.
Votre rapporteur tient également à souligner qu'à travers ce démonstrateur se joue le maintien des compétences françaises et européennes dans le domaine des missiles terrestres. Après les abandons successifs de plusieurs programmes, ces compétences sont menacées alors qu'elles constituaient pour notre industrie un créneau d'excellence.
3. L'hélicoptère futur
Le projet de budget permettra le lancement en 2006 d'un démonstrateur d'hélicoptère furtif et apte au vol tout temps (HECTOR).
L'objectif de ce démonstrateur est d'étendre le domaine d'emploi des hélicoptères, de réduire leur vulnérabilité et de permettre leur utilisation par tout temps. Les réflexions pourraient également intégrer la problématique des drones à voilure tournante.
Le lancement de ce plan d'études-amont est particulièrement bienvenu, compte tenu de l'importance des capacités aéromobiles dans les engagements opérationnels. Le montant des crédits d'études-amont consacré aux hélicoptères demeurait à un niveau particulièrement faible ces dernières années, se situant à moins de 5 % des crédits de recherche concernant les systèmes aéronautiques. Il importe également de préserver et de faire évoluer les compétences dans un domaine qui constitue pour l'industrie européenne un pôle d'excellence.