3. Donner « un nouveau souffle créatif » à la politique de l'architecture : les enjeux pour la formation des architectes
A l'occasion de l'inauguration de la Cité de l'architecture et du patrimoine, le Président de la République a exprimé la volonté de « donner une nouvelle ambition et un nouveau souffle créatif à la politique de l'architecture » .
Par ailleurs, alors que le « Grenelle de l'environnement » ouvre de nouvelles perspectives en faveur d'un urbanisme durable, la formation des architectes est donc au centre de toutes les attentions .
Relayant ces objectifs et ambitions, Mme Christine Albanel, ministre de la culture et de la communication a récemment publié un « plaidoyer pour les architectes » 44 ( * ) : la France compte en effet deux fois moins d'architectes que la moyenne européenne par habitant, et 65 % des constructions individuelles sont réalisées sans architecte ; relevant, cependant, un réel besoin d'expertise architecturale, elle a souhaité « renforcer la présence des professionnels auprès des collectivités territoriales », afin notamment de « replacer l'homme au coeur de nos villes, réinjecter de la beauté, de la mixité ».
Cela rejoint, en partie, le constat et les propositions faits en 2004 par notre collègue Yves Dauge, dans son rapport d'information sur les métiers de l'architecture et du cadre de vie 45 ( * ) : relevant le « malaise croissant » des professionnels du secteur, il appelait notamment à sensibiliser l'opinion et les pouvoirs publics afin de diffuser une « culture de l'architecture » et de susciter goût et intérêt pour la qualité architecturale. Il soulignait, enfin, combien « la réforme des études d'architecture est un sujet crucial pour l'avenir de la profession (...) Il conviendra de mettre à profit la réforme rendue nécessaire par l'harmonisation avec le système européen LMD, pour rendre l'enseignement de l'architecture plus exigeant, pour l'ouvrir davantage à la diversité des métiers, et pour accentuer sa dimension pratique grâce au recours à des périodes de formation complémentaire professionnalisante. »
Rappelons que la formation des architectes est assurée dans 20 écoles nationales supérieures d'architecture (ENSA) relevant du ministère en charge de la culture. Ces écoles ont accueilli, en 2006-2007, près de 20 400 étudiants , dont 19 246 en formation initiale. 85 % de ces étudiants trouvent un emploi stable six mois après l'obtention de leur diplôme .
La réforme des études d'architecture, engagée depuis 2005, contribue à répondre aux exigences ainsi posées :
- d'une part, l' insertion des études au sein de l'espace européen de l'enseignement supérieur et du schéma « LMD » (Licence-Master-Doctorat) ; celle-ci s'est concrétisée avec la parution du décret n° 2005-734 du 30 juin 2005 ; ce texte a prévu une période transitoire, qui prendra fin le 31 décembre 2007, pendant laquelle le diplôme d'architecte diplômé par le gouvernement (DAPG) pouvait continuer à être délivré ;
- d'autre part, l'intégration dans les cursus de formation de la dimension du développement durable (connaissance des matériaux, techniques de contrôle, réduction des consommations, écologie urbaine...).
Le Président de la République a ouvert, au-delà, de nouvelles pistes . Il a notamment mis l'accent sur la nécessité, dans un contexte de compétition internationale accrue, de « décloisonner les écoles d'architecture et les faire participer à des pôles universitaires de niveau international , apportant des savoirs artistiques et techniques complémentaires. Un architecte-sociologue ou poète, c'est bien, un architecte-ingénieur, ce peut être mieux encore. » 46 ( * )
Lors de son audition devant la commission, la ministre de la culture a précisé que des réflexions étaient actuellement engagées en ce sens, en vue de poursuivre la professionnalisation des études et de développer les partenariats avec des écoles d'ingénieurs pour favoriser les doubles cursus.
* 44 Le Figaro, 8 novembre 2007.
* 45 « Métiers de l'architecture et du cadre de vie : les architectes en péril », rapport d'information présenté par M. Yves Dauge au nom de la commission des affaires culturelles, Sénat, n° 64 (2004-2005).
* 46 Discours prononcé par M. Nicolas Sarkozy à l'occasion de l'inauguration de la Cité de l'architecture et patrimoine, le 17 septembre 2007.