II. À LA RECHERCHE D'UNE PLUS GRANDE EFFICACITÉ DU SYSTÈME UNIVERSITAIRE
L'ouverture de l'université au plus grand nombre et les chances de réussite inégales offertes aux bacheliers, tant au plan universitaire que pour l'insertion professionnelle des diplômés, imposent une réflexion sur l'efficacité de notre enseignement supérieur.
Après avoir rappelé les propositions de la commission Fauroux et du Gouvernement, en conclusion de la procédure des états généraux destinés à améliorer l'efficacité du système universitaire, il conviendra de détailler les principales mesures qui sont de nature à réduire l'échec à l'université : le renforcement de l'encadrement pédagogique, la réforme de la filière technologique et la mise en oeuvre d'une véritable politique d'orientation des étudiants.
A. UN CONSTAT : DES CHANCES DE RÉUSSITE UNIVERSITAIRE ET D'INSERTION PROFESSIONNELLE TRÈS INÉGALES
1. Les taux de réussite universitaire
L'inscription d'un étudiant en deuxième cycle universitaire résulte de son succès au DEUG et de son désir de poursuivre une formation supérieure au-delà de ce niveau au sein de l'université.
a) Une pause dans l'amélioration du taux de réussite
Pour un entrant en première année universitaire, les chances d'accéder au deuxième cycle universitaire, après un cursus en premier cycle pouvant aller jusqu'à 5 ans, ont fortement progressé de 1988 à 1994, passant de 52 % à 60 %. Toutefois, si les progrès ont été sensibles à la fin des années 1980 (six points en deux ans), depuis 1990 ceux-ci sont relativement faibles (deux points en quatre ans), l'année 1994 n'enregistrant pas de réelle progression par rapport à 1993. Dans ce contexte général, les sciences économiques connaissent une situation atypique, l'accès en deuxième cycle oscillant depuis 1988 autour d'un taux de 54 % sans véritable amélioration depuis lors. C'est en sciences et en lettres-sciences humaines, où les chances de parvenir en second cycle sont déjà les plus élevées, que les progrès les plus significatifs ont été enregistrés.
b) un DEUG obtenu en moyenne en 2,7 années
Si les chances d'accéder en second cycle ont fortement progressé depuis 1988, le temps mis pour y parvenir est resté à peu près le même : la durée moyenne mise par les accédants en second cycle pour franchir le cap du DEUG évolue relativement faiblement en six ans et se situe autour de 2,7 années. Parallèlement, la proportion de ceux qui parviennent en second cycle après un cursus normal de deux ans tend à se dégrader nettement depuis 1991 (moins cinq points) pour s'établir aujourd'hui à 49 %, et sans être totalement compensée par une plus grande réussite en trois ans. Si un étudiant accède en second cycle, c'est en lettres-sciences humaines qu'il a le plus de chances d'y parvenir en deux ans (57 %).
c) Les bacheliers technologiques toujours pénalisés
Les taux d'accès en second cycle général varient fortement selon la série de baccalauréat ; plus de six bacheliers généraux sur dix y parviennent, alors que ce n'est le cas que d'un peu plus du quart des bacheliers technologiques dont les études secondaires constituent à l'évidence une moins bonne préparation pour une poursuite à l'université ; cet écart dans la réussite se retrouve de façon aussi importante en ce qui concerne la proportion d'accédants en deux ans, l'année 1994 montrant toutefois une amélioration pour les seuls bacheliers technologiques. Néanmoins, que ce soit pour les bacheliers généraux ou technologiques, les dernières années ne témoignent pas d'une amélioration des performances.
Les tableaux ci-après retracent l'évolution des taux d'accès des étudiants en second cycle général, après 2, 3, 4 ou 5 ans, en fonction des disciplines choisies, de leur origine scolaire et du nombre d'années passées en premier cycle :
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d) Les poursuites d'études des diplômés d'IUT
Parmi les 35.800 étudiants qui ont obtenu leur DUT en 1994, 50,2 % d'entre eux ont poursuivi leurs études dans l'enseignement supérieur. La poursuite d'études après un IUT devient donc un phénomène majoritaire.
La plus grande part d'entre eux se réoriente dans une filière générale universitaire (54,2 % de ceux qui ont poursuivi des études), généralement en entrant directement en second cycle ; 2.265 sont entrés dans une école d'ingénieur, le mode de recrutement dans cette filière étant en progression au cours des dernières années.
Le tableau ci-après distingue les choix d'études ultérieures effectuées par les diplômés d'IUT :
Enfin, une étude effectuée par le CEREQ sur les diplômés d'IUT portant sur une cohorte des lauréats de 1989 fournit des indications intéressantes sur leur devenir, même si ces données sont aujourd'hui sans doute un peu dépassées du fait que la poursuite d'études s'est amplifiée de manière importante au cours des dernières années.
Cette étude a cependant permis de constater, que deux ans après leur diplôme :
- 10 % des titulaires d'un DUT secondaire passent en premier cycle, 42 % de ces derniers obtenant le DEUG et 25 % étant en licence ;
- 34 % passent en deuxième cycle, 90 % d'entre eux obtenant la licence ou la maîtrise ;
- 24 % passent en écoles d'ingénieurs et sont en cours d'études ;
- 10 % passent en année post-DUT, 80 % d'entre eux obtenant un diplôme ;
- 22 % intègrent une autre école.
S'agissant des titulaires de DUT tertiaire :
- 16 % passent en premier cycle, 24 % de ces derniers obtenant le DEUG ou étant en licence ;
- 32 % passent en second cycle, 86 % d'entre eux obtenant la licence ou la maîtrise ;
- 18 % passent dans une école, et 36 % d'entre eux sortent avec le diplôme de cette école ;
- 5 % passent en année post-DUT, 78 % d'entre eux obtenant un diplôme ;
- 18 % s'engagent dans d'autres études.
Ces indications témoignent ainsi d'un fort taux de poursuite d'études des diplômés d'IUT et d'un taux d'entrée non négligeable pour les « secondaires » dans les écoles d'ingénieurs.
Afin de conforter ce mouvement, dans le droit fil des propositions de sa mission d'information sur les premiers cycles, votre commission souhaiterait que le problème de l'accès des diplômés technologiques aux grandes écoles fasse l'objet d'une étude avant que ne soit engagée la réforme de la filière technologique supérieure.
Sur un plan général, elle estime que la fonction des IUT et la place des instituts dans la réforme de la filière technologique devront être précisément définies. Votre commission se félicite par ailleurs de l'accord intervenu récemment avec les directeurs d'IUT, sur le problème des modalités de passage en deuxième année.
e) Le problème de la poursuite d'études des bacheliers professionnels
Les poursuites d'études supérieures concernent aujourd'hui environ 15 % des bacheliers professionnels (hors apprentissage ou alternance).
L'université accueille le plus grand nombre d'entre eux (6 %), les classes de STS n'étant choisies que par 4 % de ces bacheliers. Les autres optent pour diverses formations supérieures, 1 % entrant dans un IUT.
Leur taux de réussite à l'université, mesuré en termes d'accès au second cycle universitaire reste très faible ; en 1994, il s'établissait à environ 14 %, soit une hausse de plus de trois points par rapport à l'année précédente. C'est en économie-AES qu'ils sont les plus nombreux, leur taux de réussite y étant de 12 %, dont seulement la moitié à l'issue d'un cursus de deux ans.
En revanche, les bacheliers professionnels obtiennent des résultats honorables en classe de BTS, même s'ils restent inférieurs à ceux de leurs homologues des séries générales ou technologiques, puisqu'ils sont 45 % à obtenir leur BTS, 39 % l'obtenant au bout de deux ans.
Il convient enfin de remarquer que sur les 35.438 DUT qui ont été délivrés en 1995, seulement 229 l'ont été à des bacheliers professionnels (hors formation par apprentissage ou alternance).