B. UNE NOUVELLE POLITIQUE POUR LE RÉSEAU ?
Depuis plusieurs années, les fermetures de centres se multiplient, à l'instar de ce que le ministère des Affaires étrangères est contraint de faire, pour raisons budgétaires, pour ses consulats et ses ambassades. Pour la seule année 1996, 5 fermetures ont été réalisées : La Haye, Gênes, Karlsruhe, Athènes et Aden. Dans certains cas, des regroupements peuvent être réalisés -Ainsi au Maroc Tetouan et Tanger, Meknès et Fès.
Depuis 10 ans le nombre de personnels expatriés du réseau a été réduit de plus de 22 %. Au total, aujourd'hui, les effectifs de la DGRCST s'élèvent à un total de 2045 personnes : 1706 à l'étranger -dont 1116 expatriés - et 339 en France .
Depuis dix ans, le bilan des créations et des disparitions d'établissements est le suivant :
Ouverture |
Fermeture |
1987 - Jérusalem - Stavanger - Meknès - Glasgow - Thessalonique |
Catane |
1988 - Kiel - Nazareth - Doha |
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1990 - Sanaa - Aden - Venise - Antenne Gaza de Jérusalem - Leipzig - Dresde - Iasi - Timisoara - Cluj - Moscou - Bratislava - Sofia - Kiev |
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1991 - Saint-Petersbourg - Hanoi - |
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1992 - Tallin - Erfurt - Tirana |
Bergen - Berlin-Est |
1993 - Tizi-Ouzou |
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1994 - Sarajevo - Jericho -Vientiane - Johannesbourg - Vilnius |
Rome |
1995 - Rostock |
Glasgow |
En outre, depuis 9 ans, 5 centres ont été fermés pour raisons politiques : Kaboul (1987), Bagdad et Koweit (1990), Mogadiscio (1991), 4 instituts d'Iran (1995), Téhéran, Tabriz, Ispahan et Chiraz.
Enfin, plusieurs transformations ont été opérées sur la même période.
1987 |
Intégration des Cedust de Beyrouth et de Lagos aux centres culturels - Transformation des Cedust de Bandung et de Yogyakarta en centres culturels et de celui d'Islamabad en Alliance française. |
1988 |
Transformation des Alliances françaises de Phnom Penh et Hanoi en centres culturels français - Fusion du centre culturel français de Berlin-Est et de l'Institut français de Berlin. |
1993 |
Transformation du centre culturel de Phnom Penh en centre de coopération culturelle et linguistique. |
1994 |
Transformation du centre de Katmandou en Alliance française - Transformation du BCLE de Gand en Délégation culturelle et pédagogique. |
1995 |
Conversion d'alliance et de bureau d'échanges linguistiques et pédagogiques en Instituts français - Oujda et Agadir. |
1996 |
Transformation de 50 centres ou instituts en Centres de coopération culturelle et linguistique (CCCL) |
Pourra-t-on conserver le réseau dans ses structures actuelles si la contrainte budgétaire ne se relâche pas ? Votre rapporteur considère qu'à structures inchangées, le maintien, l'entretien, l'activité du réseau culturel ne seront plus possible si les ressources continuent de se réduire.
Questionné par votre rapporteur sur les principaux axes de notre politique culturelle extérieure, le Ministère lui a fait la réponse suivante :
"Les relations culturelles extérieures de la France sont marquées par la volonté d'une présence universelle autour de quelques axes prioritaires qui tiennent compte des évolutions politiques et technologiques dans le monde.
Par l'importance et la densité de son réseau culturel, scolaire, scientifique, le souci de mener des actions de diffusion et de coopération avec l'ensemble des Etats, la nature de ses interventions qui vont des manifestations artistiques, à l'enseignement du et en français, à l'assistance technique en direction des pays les plus démunis, à la coopération technologique la plus avancée, la politique culturelle extérieure de la France vise à conforter la dimension mondiale de la diplomatie française, à donner de la France une image complète de pays de grande culture mais ouverte à la connaissance et aux influences des cultures de ses partenaires, conservant une image et une qualité traditionnelle mais à la pointe du progrès scientifique et au premier rang des puissances économiques."
Votre rapporteur fait volontiers sienne cette ambition universelle, mais la France a-t-elle encore la volonté de dégager les ressources financières nécessaires ?
Si des priorités géographiques sont bien arrêtées depuis quelques années : péninsule indochinoise, Liban, Europe centrale et orientale, Afrique du Sud, sont-elles associées à due concurrence à des réorganisations dans d'autres zones ? L'existence d'un réseau très dense en Europe occidentale, conjugué à des crédits d'intervention très faibles, est-elle encore pertinente ? Ne peut-on dans certaines régions substituer une structure combinant couverture audiovisuelle - centres de ressources - établissements de l'Agence pour l'enseignement français à l'actuel dispositif des centres ou instituts ?
Plus prosaïquement, ne pourrait-on pas encourager les manifestations culturelles "hors les murs" en louant des locaux plutôt qu'en entretenant à grand peine des établissements souvent anciens ? N'est-il pas possible pour un centre de se rapprocher d'un établissement du réseau de l'Agence pour les cours de français aux adultes, compte tenu des horaires respectifs d'ouverture et de fermeture de l'un et de l'autre ? Ne peut-on envisager, comme à Stockholm, l'hébergement commun d'un centre français et d'un Goethe institut allemand ?
Il serait également judicieux de réfléchir à la structure juridique de notre réseau. Pour reprendre une idée formulée il y a plusieurs années, ne gagnerait-il pas, à l'image de ce qui se fit, toutes choses égales par ailleurs, pour l'AEFE, à être regroupé dans une entité juridique placée sous la tutelle du Ministère des Affaires étrangères mais financièrement autonome, à l'image des Goethe Institut allemands ?
Une telle structure aurait le mérite de clarifier et sans doute de mieux préserver le soutien budgétaire annuel accordé au réseau, sachant que bien d'autres ministères -culture, tourisme, coopération- concourent à notre action culturelle extérieure, aujourd'hui encore dispersée.
Une telle réforme permettrait aussi de rendre le réseau éligible aux concours financiers de l'Union européenne dans le cadre des programmes européens comportant un volet culturel ou éducatif.
Le tableau ci-après récapitule, par grandes régions, la répartition des crédits. Il permet notamment de mesurer, par grandes régions, la part respective du coût du réseau culturel et la part des crédits d'intervention (titre IV) réservée à cette même région.
(tableau)