CONCLUSION
La réduction du budget de la coopération ne signifie pas un déclin de l'attachement de la France à l'Afrique, comme certains bons esprits le prétendent parfois, mais s'inscrit malheureusement dans le contexte financier difficile que connaît actuellement notre pays. Faut-il le rappeler, la France figure désormais au 2e rang des donateurs. L'efficacité de l'aide n'est pas toujours fonction des moyens disponibles. La contrainte budgétaire impose plus de rigueur dans le choix des projets, mais une intervention intelligente requiert parfois plus de patience et de persévérance que de moyens financiers. Un investissement lourd et coûteux ne répond pas toujours.aux réalités du terrain et aux attentes de la population.
L'aide au développement n'est donc pas seulement une question de chiffre : elle appelle aussi à une réflexion sur les méthodes. On l'avait un peu oublié dans le passé.
Il n'en reste pas moins que le budget du Ministère de la Coopération a désormais peut-être aujourd'hui contribué plus qu'à son tour à l'effort légitime et nécessaire de maîtrise des dépenses publiques. Les crédits, comme les effectifs de l'assistance technique, paraissent aujourd'hui à l'étiage. La coopération française a réussi au cours des décennies qui ont suivi les indépendances un savoir faire, une compétence, qui demeurent sans doute sans exemple parmi les autres contributeurs. Ces acquis doivent être sauvegardés .
N'oublions pas d'autre part que les opérateurs privés français sur le continent africain jouent un rôle essentiel tant en faveur du développement que de nos intérêts économiques et commerciaux. Or, leur situation n'a pas toujours été considérée avec suffisamment d'attention par les pouvoirs publics, notamment au lendemain de la dévaluation. La facilité d'ajustement structurel mise en place à cette occasion n'a bénéficié que de façon limitée à nos entreprises. En outre, la dévaluation a dégradé les revenus des français expatriés rémunérés en franc CFA. Les cas les plus difficiles concernent toutefois la situation des retraités dont les pensions libellées en Franc CFA ont été divisées par deux. Un rapport de l'inspection générale des affaires sociales consacré à cette question a été récemment soumis au premier ministre. Votre rapporteur souhaite vivement connaître les conclusions de ce rapport, les recommandations faites et insiste pour qu'une solution satisfaisante et rapide puisse être apportée à ce dossier -nos compatriotes concernés n'ayant déjà que trop attendu.
L'influence de la France en Afrique demeure plus que jamais un atout majeur pour notre diplomatie et notre poids sur la scène internationale. Notre politique de coopération doit certes s'adapter. Elle a su prendre à cet égard au cours des dernières années le tournant nécessaire.
Il est impératif cependant que notre aide puisse aujourd'hui être maintenue au moins à son niveau actuel. La moindre régulation budgétaire risquerait de compromettre définitivement quatre décennies d'investissements et de fidélité au continent africain au moment même où notre engagement commence enfin à porter ses fruits comme le montrent les résultats encourageants de nombreux pays de la zone franc.
Sous le bénéfice de ces observations, votre rapporteur vous propose d'émettre un avis favorable à l'adoption des crédits du ministère de la Coopération.