II. LA COOPÉRATION FRANÇAISE SUR LES VOIES DU CHANGEMENT

A. LA PÉRENNITÉ DE L'ENGAGEMENT FRANÇAIS EN AFRIQUE

1. L'aide française : un effort exemplaire dans un contexte de désengagement général

a) Une « fracture sociale » à l'échelle du monde aggravée par le désintérêt des investisseurs et la baisse de l'aide publique

Si les pays les moins avancés d'Afrique -le continent compte 33 des 48 pays les plus pauvres recensés par l'organisation des Nations Unies- ont connu une croissance de 2,2 % (le continent asiatique ayant maintenu son avance avec une croissance de 4,6 %). L'écart de revenu entre les pays industrialisés et les pays en développement n'a cessé de se creuser : il a triplé entre 1960 et 1993 selon un rapport du programme des Nations Unies pour le développement.

Au cours des trente dernières années, la part des richesses détenues par les 20 % des habitants les plus pauvres de la planète s'est contractée de 2,3 à 1,4 %, tandis que la part des 20 % les plus riches s'est accrue de 70 à 85 %. La crise des années quatre-vingt a aggravé encore les inégalités : ainsi dans 70 des pays frappés par la stagnation ou la dépression, les revenus moyens n'ont pas encore retrouvé leur niveau antérieur à 1980.

Si les tendances actuelles devaient se prolonger, le revenu annuel des plus pauvres en 2030 ne devrait pas dépasser 325 dollars, tandis que celui des pays industrialisés atteindra quelque 40 000 dollars...

Ces évolutions sont-elles inéluctables ? Certes, il paraît difficile de compter sur les seuls ressorts des forces du marché pour corriger ces évolutions. L'Afrique demeure encore un continent délaissé par les investisseurs. Entre 1990 et 1995 elle n'aura reçu que 5 % des investissements étrangers dirigés vers les pays du sud. En outre, l'année 1995 s'est caractérisée par un mouvement préoccupant de retrait avec un recul d'un tiers des investissements étrangers directs. Au total, ceux-ci n'ont pas dépassé 2,2 milliards de dollars et se sont concentrés principalement sur le secteur des ressources naturelles (production de pétrole ou de minerai en Angola, au Gabon et au Nigeria).

Dans ce contexte, le soutien de la communauté internationale demeure indispensable. Or l'aide publique au développement subit une érosion constante depuis une décennie : elle ne représente plus que le tiers du flux de capitaux vers le monde en développement (investissements directs et achats de titres compris) contre la moitié en 1985. Alors que l'objectif assigné par l'ONU fixe à 0,7 % la part de richesse nationale consacrée par les pays industrialisés au développement des pays du sud, la moyenne, pour l'ensemble des pays donateurs ne dépasse pas 0,3 %. L'Afrique reçoit près de 30 % de l'aide au développement et demeure ainsi le premier continent bénéficiaire, même si par ailleurs sa part stagne d'une année sur l'autre.

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