II. L'ÉVOLUTION SECTORIELLE
Le tableau ci-après retrace l'évolution enregistrée dans chacune des branches du secteur agro-alimentaire en 1997.
INDICATEURS D'ACTIVITÉ DES INDUSTRIES AGRO-ALIMENTAIRES EN 1997
|
PRODUCTION |
CONSOMMATION |
IMPORTATIONS |
EXPORTATIONS |
EFFECTIFS TOTAUX |
|||||||||
|
Variation 97/96 (%) |
Mil-liards |
Variation
|
Mil-liards |
Variation
|
Mil-liards |
Variation
|
Mil-liards |
Variation
|
En
1997
|
||||
|
Volume |
Prix |
de francs 1997 |
Volume |
Prix |
de francs 1997 |
Volume |
Prix |
de francs 1997 |
Volume |
Prix |
de francs 1997 |
|
|
Viandes
et conserves de viande
|
1,1
|
3,8
|
175,7
|
1
|
2,4
|
213,6
|
- 3,8
|
5,1
|
21,3
|
8
|
2,7
|
29,2
|
0,5
|
104,8
|
Ensemble des IAA |
2,2 |
1,6 |
689 |
0,6 |
2,4 |
710 |
2,9 |
2,7 |
116,1 |
8,6 |
1,4 |
156 |
0,2 |
543,6 |
Industrie manufacturière |
4,8 |
- 0,1 |
3.188,3 |
- 0,4 |
- 0,1 |
1.262,2 |
9,5 |
0,1 |
1.259 |
14,3 |
1 |
1.425,6 |
- 1,5 |
3.405,3 |
Source : comptes nationaux, INSEE.
Tous les secteurs, excepté l'industrie laitière ont
participé à la croissance de l'industrie agro-alimentaire
française. Leurs bons résultats s'expliquent souvent par la
conjugaison de l'augmentation sensible des volumes produits et par la nette
hausse des prix de vente industriels.
A. LES PRODUCTIONS ANIMALES
1. Les viandes et conserves de viande
L'année 1997 restera marquée par la forte
reprise des
prix de vente des viandes et préparations à base de viandes
(4,5 % par rapport à 1996). Elle concerne toutes les viandes
à l'exception des viandes de volailles mais elle touche plus
particulièrement les viandes bovines et ovines
4(
*
)
.
Les prix des viandes bovines, qui avaient chuté en 1996 par suite de la
baisse de consommation liée à la crise de la vache folle, se sont
redressés progressivement sous le double effet d'une reprise partielle
de la demande amorcée dès l'automne 1996 et d'une offre dont la
tendance est à la baisse.
Malgré une nouvelle baisse de prix en fin d'année, du moins pour
les gros bovins, les viandes bovines auront retrouvé pour l'ensemble de
l'année 1997 leur niveau de prix de 1995.
Les prix des viandes ovines, qui avaient augmenté très nettement
en 1996, progressent encore de 7 % en 1997 dans un contexte de repli des
abattages. Les viandes porcines, qui elles aussi avaient
bénéficié de prix en forte hausse en 1996 à la
faveur de la viande bovine, ont gardé des prix soutenus en raison de la
réduction de l'offre européenne engendrée par
l'épidémie de peste porcine. Les prix sont restés à
de bons niveaux durant une grande partie de l'année et enregistrait
même une progression de 2,6 % pour l'ensemble de l'année 1997.
En revanche les prix des viandes de volailles se sont légèrement
infléchis en 1997 (-1,2 %). La conjoncture très favorable de
1996 (report de la consommation conséquent et demande
étrangère soutenue) qui avait entraîné une forte
remontée des prix mais aussi une augmentation sensible de l'offre s'est
estompée peu à peu au cours de l'année 1997, provoquant de
nouveau une offre surabondante et des prix en légère baisse.
De même, les préparations à base de viande enregistrent des
hausses tarifaires assez importantes en 1997 (4,4 %) : grâce
à une demande interne et étrangère soutenue durant toute
l'année, les industriels ont répercuté, mais avec un
certain décalage, les hausses des cours des matières
premières.
2. Le lait et les produits laitiers
Les
résultats dans l'industrie laitière sont en demi-teinte.
Hormis le beurre dont le prix s'est élevé sensiblement durant les
six derniers mois de l'année en raison d'un déséquilibre
entre une offre réduite et une demande toujours soutenue, les prix sont
restés assez stables.
Le prix des laits liquides malgré une revalorisation sensible au cours
des deux derniers trimestres indique une très légère
baisse pour l'ensemble de l'année par rapport à 1996.
De plus, malgré des ventes actives et la hausse des prix des
matières premières, les prix des yaourts restent orientés
à la baisse en liaison avec la forte concurrence que se livrent les
marques.
Alors que les productions de yaourts, desserts lactés, fromages frais et
crème fraîche enregistrent une progression sensible, les
fabrications des autres fromages ont pour la première fois globalement
baissé.
Notons en outre que la consommation des fromages a stagné cette
année.
Malgré ces résultats mitigés de l'industrie
laitière, le commerce extérieur laitier pour 1997 a
représenté un excédent global de 13,7 milliards de
francs.
B. LES AUTRES PRODUITS
La
croissance la plus forte en 1997 revient aux productions du secteur travail des
grains-produits amylacés (+10 %), à la faveur d'un bond
spectaculaire des fabrications de produits amylacés.
Tirés par de bons débouchés à l'exportation, mais
plus encore par une demande interne très active, le rythme de production
des produits amylacés (en particulier les glucoses et malto-dextrines)
est resté soutenu tout au long de l'année. Les productions de
farines, après un premier semestre encourageant, se sont ralenties et
terminent l'année au même niveau que celui, -du reste assez bon-,
obtenu en 1996
5(
*
)
.
Malgré une production industrielle en hausse, les prix de vente
industriels dans ce secteur ont connu une forte baisse (-3,1 %). Cette
baisse revient presque uniquement aux produits amylacés, dont les prix
ont chuté pour la première fois de 13 % par rapport à
1996. En revanche, le prix de la farine, qui n'avait pas cessé de
diminuer depuis la baisse des prix des céréales instituée
par la réforme de la PAC (-11 % entre 1992 et 1996 avec la baisse
des prix des céréales instituée avec la réforme de
la PAC) s'est stabilisé en 1997.
Dans le secteur des corps gras, après une relative stabilité
en 1996, les opérations de raffinage et de trituration se sont
sensiblement développées en 1997 (+3,3 %). Face à la
relative cherté des produits à base de soja, la demande s'est
intensifiée sur le marché interne sous l'impulsion, notamment,
des fabricants d'alimentation animale, et sur les marchés
extérieurs grâce à une demande étrangère
particulièrement dynamique en provenance principalement de la Russie et
des pays d'Afrique du Nord.
Notons que dans ce secteur, la hausse de prix des produits finis n'est
intervenue qu'au dernier trimestre pour prendre en compte le relèvement
assez important des cours des principales graines oléagineuses. Cette
hausse atteint 2,7 % pour l'année 1997.
Dans le secteur des boissons, la production progresse de 2,1 %
après deux années difficiles et un premier trimestre 1997
très défavorable
. Ce redressement, qui n'a été
perceptible qu'au second trimestre, s'explique par plusieurs facteurs. D'une
part, le prolongement de conditions climatiques clémentes en septembre
et en octobre a favorisé la consommation de boissons froides (les ventes
de bières, eaux naturelles et boissons rafraîchissantes ont
été très nettement supérieures à la normale
durant cette période). D'autre part, les fabrications ont
été stimulées par le redémarrage de nos
exportations de boissons et spiritueux vers nos marchés traditionnels
(Europe, Etats-Unis et l'Asie). Enfin, les vins et champagnes, dont la demande
s'est montrée active en France et sur les marchés
étrangers tout au long de l'année, ont connu un fort courant de
vente à l'automne.
Malgré cette reprise en fin d'année, les fabrications de
plusieurs filières sont en repli par rapport à l'an dernier : le
malt (-1,8 %), les eaux de vie (-3,4 %) et les bières (-0,3%
après -0,6 % en 1996) en raison d'un début d'année
difficile lié en partie aux hausses de taxe sur les alcools.
Au niveau des prix, les progressions enregistrées sur les vins
(+2,9 %) et champagnes (+1,7 %) sous l'impulsion de ventes actives en
France et à l'étranger, sur les bières (+2,9 %) et
sur les eaux minérales (+3,2 %) suffisent tout juste à
compenser les baisses intervenues sur les spiritueux (-1,8 % par suite de
ventes difficiles en début d'année) et sur le malt (-10 %).
Rappelons pour mémoire que le prix du malt a baissé de 25 %
depuis la réforme de la PAC.
Comme en 1996, on constate en 1997 une érosion lente mais
régulière des prix des produits à base de fruits et
légumes amorcée depuis 1992
. Ce phénomène est
dû, d'une part à une baisse durable de la consommation des
produits appertisés et d'une concurrence très vive entre les
très grandes marques sur tous les produits nouveaux plus
recherchés.
En ce qui concerne plus spécifiquement les légumes
transformés, pour la première fois depuis plusieurs
années, leur chiffre d'affaires est à la hausse. La bonne tenue
de la filière des légumes transformés n'est pas le fait de
la consommation des ménages en légumes appertisés qui
continue de s'effriter en 1997 (consommation des ménages en baisse de
2 %), mais moins cependant qu'en 1996 (-3 %). En fait, les prix au
détail ont remonté (3 %) sous l'effet conjugué des
opérations marketing et de la loi " Galland " qui a interdit
certaines pratiques commerciales. En conséquence, le chiffre d'affaires
de la production a augmenté de 1 %. Pour les surgelés, le
phénomène est inverse : la consommation a poursuivi son
développement avec une hausse de 8 % mais les prix se sont
tassés et le chiffre d'affaires ne gagne que 7 %. En restauration
hors foyer (RHF), la tendance est la même : baisse de la demande en
appertisé et légère hausse en surgelé.
D'autre part, les stocks qui s'étaient constitués en 1996 (du
fait d'une baisse de la demande et d'une hausse des surfaces cultivées),
se sont résorbés en 1997 suite à une baisse de 4 000
hectares des surfaces cultivées à 77 700 hectares. Le
bilan 1997 s'avère donc plutôt positif.
Repères :
Produits appertisés
: production 556.700 tonnes (-2 %) et
chiffre d'affaires 5,22 milliards de francs (dont 926 millions en
RHF).
Produits surgelés
: volumes produits 332 000 tonnes
(-20 000 tonnes liées au pois), chiffre d'affaires de
3,61 milliards (dont 1,52 milliards en RHF).
Exportations
: 398 062 tonnes de produits appertisés (pour
2,011 milliards de francs) et 137 754 tonnes de produits
surgelés (7,68 millions de francs).
Importations
: 123 021 tonnes de produits appertisés
(8 millions de francs) et 241 547 tonnes de produits
surgelés (1 milliard).
Cette embellie est nécessaire pour une filière qui a besoin
d'investir et qui n'échappera pas aux débats sur la
sécurité alimentaire, sur le développement des cahiers des
charges, sur les problèmes environnementaux ou sur la certification
qualité de l'amont avec Agri-confiance.
Les autres industries alimentaires, qui globalement progressent
légèrement (+1,1 %), connaissent des situations très
diverses. A la forte croissance des fabrications de sucre (+11,5 %)
liées à l'abondante récolte de betteraves sucrées
et aux bonnes performances des produits alimentaires divers (+8 %
recouvrant les levures, sugro de sucre, additifs et épaississants) ou
des aliments pour enfants (+6,6 %), s'opposent des productions en chute
sensible telles que celles de la chocolaterie-confiserie (-9,6 %) et des
pâtes alimentaires (-3,2 %).