C. LES ÉQUIPEMENTS SCIENTIFIQUES À VOCATION EUROPÉENNE
La
récente décision du ministre, M. Claude Allègre, de
renoncer à l'édification en France d'un nouveau synchrotron
-équipement destiné à souder les diverses
propriétés des matériaux par l'action d'un rayonnement
spécifique, dit " synchrotron "-, ce qui aboutissait à
l'abandon du projet élaboré à l'échelle nationale,
et dénommé " Soleil ", a fait l'objet de nombreux
commentaires. Ceux-ci portaient surtout sur les espoirs concurrents de
localisation de cet équipement car les régions Ile-de-France,
Nord-Pas de Calais et Provence-Alpes-Côte d'Azur étaient sur les
rangs.
Cette contestation est accentuée par la décision d'opter pour une
solution alternative localisée en Grande-Bretagne (projet
" Diamond ").
Sur le plan des principes, la position du ministre repose sur de solides
arguments et nombre de scientifiques sont favorables à ce que la charge
financière du programme soit partagée ; ce qui a
été contesté tenait aux modalités de la
décision et à son manque de transparence.
Votre rapporteur pense qu'il convient de mettre en perspective l'ensemble de
ces éléments, et c'est d'ailleurs ce qui a conduit le Parlement
à saisir l'office parlementaire d'évaluation des choix
scientifiques et technologiques d'une étude sur cette question.
Votre rapporteur a, pour sa part, évoqué auprès du nouveau
commissaire européen chargé de la recherche la nécessaire
prise en compte du financement des grands équipements par la Commission
européenne, aux côtés des gouvernements
intéressés.
Le ministère de la recherche rappelle que les grands équipements
scientifiques français sont les suivants : GANIL (Grand
accélérateur national à ions lourds), ORPHEE (flotte
océanographique). Ceux édifiés sur financement bi ou
tri-national sont plus nombreux : JET (Joint european torus), ESO
(European southern observatory), CERN (Centre européen pour la recherche
nucléaire), ESRF (European synchrotron radiation facility), et ILL
(institut Laüe-Langevin).
Le gouvernement annonce souhaiter construire les prochains équipements
dans le cadre de coopérations européennes, pour réaliser
des économies d'échelle, tout en assurant aux chercheurs
français un accès aux équipements les plus performants
dans un environnement scientifique international de haut niveau.
Dans les domaines des sciences de la terre, de l'univers et de l'environnement
existent des agences internationales telles l'ESA (European space agency) ou
des consortiums tels l'ESO (European southern observatory), dans lesquels la
participation de la France s'élève respectivement à
26,75 % et 17,31 %. Ces équipements permettent la mise en
place de programmes scientifiques internationaux comme l'observation de la
terre, ou le retour d'échantillons martiens.
La physique des particules se développe essentiellement en s'appuyant
sur des projets internationaux, en particulier européens, avec une bonne
implication de l'IN2P3 (institut national de physique nucléaire et de
physique des particules). La construction du collisionneur à protons du
CERN de Genève, le Large Hadron Collider (LHC) a été
décidée par les Etats membres du CERN en 1996, sa construction se
terminera en 2005, avec un coût global évalué à 2,5
milliards de francs suisses (10 milliards de francs français environ).
Dans le domaine de la physique nucléaire, la France possède
à Caen un équipement ouvert à la coopération
internationale, le grand accélérateur à ions lourds
(GANIL), qui vient d'être doté d'un dispositif
d'accélération d'ions radioactifs.
Pour les sources de neutrons, il existe deux réacteurs de recherche
permettant des études de physique, de chimie et de biologie :
ORPHEE, situé à Saclay, et le réacteur de l'Institut
Laue-Langevin, situé à Grenoble : ce dernier est commun
à la France, au Royaume-Uni et à l'Allemagne. Ces
réacteurs sont parmi les plus performants au monde, et placent la
recherche française dans une situation privilégiée. Leur
durée de vie est estimée en moyenne entre quinze et vingt ans.