B. L'ACTION RELATIVE AU DÉVELOPPEMENT SOCIAL APPELLE DES OBSERVATIONS CONCERNANT LES RAPATRIÉS ET LA FORMATION DES PROFESSIONS SOCIALES
L'agrégat relatif au développement social représente 44,7 milliards de francs. Il comprend essentiellement l'action relative aux handicapés qui est largement développée au II infra . Il est composé également de secteurs d'actions hétérogènes (objecteurs de conscience, droits des femmes, professions sociales, aide sociale). Deux domaines ont appelé l'attention de votre rapporteur.
1. Les crédits relatifs aux rapatriés n'envisagent pas la révision de l'article 46 de la loi du 15 juillet 1970
S'agissant des rapatriés, les crédits inscrits au budget du ministère de l'emploi et de la solidarité, soit 100 millions de francs, ne représentent qu'une fraction des crédits prévus en faveur des rapatriés et inscrits sur les budgets de différents ministères qui s'élèvent au total à 1,66 milliard de francs dans le présent budget.
Crédits relatifs aux rapatriés dans le projet de loi de finances pour 2000
(en millions de francs)
|
LFI 99 |
PLF 2000 |
Economie, Finances et Industrie |
|
|
I - (Charges communes) |
412.02 |
221,60 |
II - Services financiers |
25,00 |
24,00 |
III - Industrie |
177,12 |
|
Emploi solidarité et ville |
|
|
II - Santé solidarité, ville |
135,00 |
130,00 |
Anciens combattants |
6,20 |
56,20 |
Affaires étrangères et coopération |
0,04 |
0,04 |
Equipement, transports et logement |
748,10 |
712,37 |
Agriculture et pêche |
60,00 |
156,76 |
Total |
1.657,48 |
1.373,97 |
a) La baisse des crédits relatifs aux rapatriés
Tout
d'abord, la baisse de 17 % de l'ensemble des crédits
budgétaires relatifs à une cause largement mécanique.
D'une part, le dispositif d'indemnisation des rapatriés, relancé
par la loi du 16 juillet 1987 et financé sur le budget des charges
communes, arrive maintenant à son terme ; d'autre part, le
dispositif de contribution de l'Etat pour la garantie des retraites
afférentes à certaines périodes d'activité des
rapatriés dans le pays où ils ont résidé,
enregistre dorénavant une diminution du nombre de
bénéficiaires.
En revanche, votre rapporteur souligne que la baisse des crédits
d'action sociale inscrits au budget du ministère de l'emploi et de la
solidarité semble procéder, si l'on peut dire, d'une
démarche plus volontariste.
La réponse au questionnaire budgétaire transmise à votre
rapporteur débute ainsi :
" Le Gouvernement entend poursuivre la politique générale
en faveur des rapatriés et en rectifiant certaines anomalies ou
insuffisances qui existent dans les textes en vigueur.
" Le projet de loi de finances pour 2000 pour lequel 100 millions de
francs ont été inscrits sur le chapitre 46-31 nouveau traduit
cette volonté "
.
Cette réponse ne manque pas d'intérêt, ni de sel, dans la
mesure où le chapitre " nouveau " ainsi mis en avant
procède en fait d'un transfert interne de crédits auparavant
regroupés au chapitre 46-03, lequel faisait apparaître en
1998 un montant de crédit de ... 135 millions de francs !
De fait, le transfert interne est bien accompagné d'une mesure nouvelle
négative, dite d'ajustement, d'un montant de 35 millions de francs.
Les autres mesures annoncées dans la réponse portent sur les
points suivants :
- mise en place de "
cellules pour l'emploi
" dans
30 départements d'ici 2000 ;
- objectifs particuliers en matière d'embauche sur les
emplois-jeunes ;
- résorption du site du Mas-Thibert près d'Arles en
facilitant l'accession à la propriété des logements ;
- versement d'une rente viagère annuelle aux anciens
supplétifs ;
- possibilité pour les harkis venus d'Allemagne à la suite
des forces françaises et y résidant encore, de pouvoir
bénéficier des aides au logement (accession et
amélioration) ;
- prorogation jusqu'au 31 décembre 2000 des mesures
prévues pour les harkis et leurs familles.
b) La question de la réparation de l'injustice causée par l'article 46 de la loi du 15 juillet 1970
Les
associations de rapatriés font valoir le caractère injuste de la
situation faite aux rapatriés réinstallés qui ont
bénéficié d'une indemnisation de leurs biens au titre de
l'article 46 de la loi du 15 juillet 1970. En effet, leur
indemnisation a été réduite, avant paiement des
annuités, par le remboursement d'office des prêts de
réinstallation qu'ils avaient dû contracter à leur
arrivée en métropole.
Or, diverses mesures sont intervenues par la suite afin d'autoriser la
liquidation des dettes non remboursées en faveur de certaines
catégories de rapatriés.
Ainsi, la loi du 30 décembre 1986 a-t-elle prévu
l'effacement des dettes (capital et intérêts) des rapatriés
réinstallés dans une profession non salarié, non
propriétaires de biens en outre-mer.
Par ailleurs, la loi du 16 juillet 1987 a permis aux rapatriés
réinstallés, propriétaires de biens en outre-mer, de
bénéficier également d'une indemnisation complète
sans déduction des prêts de réinstallation.
Le 27 octobre 1998, Mme Martine Aubry avait précisé
à l'Assemblée nationale que
" le Gouvernement
était très sensible à cette question et à cette
iniquité et qu'il travaillait à la révision de
l'article 46 de la loi du 15 juillet 1970 "
.
Votre rapporteur constate que le dossier n'a plus eu de suite à ce
jour, laissant les personnes concernées dans un sentiment d'attente.
2. Les organismes de formation des travailleurs sociaux
Bien
qu'ils soient intégrés à l'action
" développement social ", les crédits de la formation
des travailleurs sociaux participe évidemment de la lutte contre
l'exclusion : l'intervention des travailleurs sociaux est parfois
déterminante pour éviter à des personnes en
difficulté de basculer dans l'exclusion.
Sur les 304 établissements de formation de travailleurs sociaux
(EFTS) préparant à l'ensemble des certificats et diplômes
d'Etat de niveau V à II, près de 150 seulement préparent
aux formations dites " initiales " (assistant de service social,
éducateur spécialisé, éducateur de jeunes enfants,
éducateur technique spécialisé, conseiller en
économie sociale et familiale, moniteur éducateur) ; parmi
ceux-ci, 31 ont un statut de droit public sous forme d'établissements
publics, soit 19,62 %. Les autres centres ont un statut privé
d'association régie par la loi de 1901 ou de 1908.
95 établissements sont subventionnés au total par le
ministère.
Les 31 établissements publics recouvrent des lycées publics (20),
des instituts universitaires technologiques (3), des universités (1),
des hôpitaux (4) ainsi que des services ou établissements publics
rattachés à des conseils généraux ou à
l'Etat (3).
Les travailleurs sociaux, dont les employeurs, les professions et les niveaux
de qualification sont divers, représentent environ
440.000 personnes. Actuellement, 31.000 étudiants environ sont en
formation.
Nombre de diplômes de travailleurs sociaux délivrés en 1997
|
Nombre |
Evolution 97/96 |
Assistant de service social |
1.734 |
7 % |
Conseiller en économie sociale familiale |
642 |
6 % |
Éducateur spécialisé |
2.321 |
- 3 % |
Éducateur de jeunes enfants |
947 |
- 2 % |
Éducateur technique spécialisé |
319 |
23 % |
Moniteur éducateur |
1.516 |
4 % |
Aide médico-psychologique |
2.401 |
7 % |
Travailleuse familiale |
163 |
- 3 % |
Aide à domicile (CAFAD) |
2.539 |
17 % |
Total |
12.582 |
5 % |
Source : ministère de l'Emploi et de la
Solidarité
Votre rapporteur souligne le rôle important joué par
les
conseillères en économie sociale familiale
qui jouent un
rôle déterminant pour apprendre à des mères de
famille comment mieux gérer le budget familial et effectuer les
démarches administratives indispensables.
a) Les mesures prises en 1999
L'année 1999 a été marquée par la
poursuite du travail de concertation sur les décrets d'application de
l'article 151 précité de la loi du 29 juillet
1998 ; en outre, le diplôme de "
technicien de
l'intervention sociale et familiale
" remplace celui de
"
travailleuse familiale
".
• L'article 151 de la
loi du 29 juillet 1998
a
clarifié et consolidé les fondements juridiques, administratifs
et financiers des centres de formation et a amélioré la
reconnaissance des droits des étudiants.
Cinq orientations ont été définies pour mettre en oeuvre
la loi contre les exclusions :
- L'élaboration des
schémas des formations sociales
au niveau national et régional : un arrêté du
11 mai 1999 et une circulaire de même date ont précisé
le cadre de l'élaboration du schéma national des formations
sociales et une circulaire a fixé celui des schémas
régionaux des formations sociales ;
- La détermination d'un
contrat-type pluriannuel
entre
l'Etat et les organismes responsables d'établissements de
formation : un projet de décret relatif au contrat et à
l'aide financière de l'Etat a été rédigé en
concertation avec les DRASS dans le cadre d'un groupe de travail qui s'est
réuni à quatre reprises de décembre 1998 à mai 1999.
Ce texte s'articule autour de quatre chapitres : le contrat-type, les
formateurs exerçant dans les établissements sous contrat, pris en
compte pour le calcul de l'aide financière ; le contrôle des
établissements sous contrat ; la détermination de l'aide
financière de l'Etat.
Cette aide prendra deux formes :
.
une subvention qui couvre les dépenses liées aux
charges de personnels formateurs en fonction du nombre de formateurs
nécessaires au regard des effectifs d'étudiants ;
.
un forfait national annuel par étudiant pour financer les
charges administratives et pédagogiques.
- L'accompagnement de la
déconcentration des
agréments
des organismes responsables d'établissements de
formation : pour mettre fin à la multiplicité des textes
relatifs aux agréments des établissements (plus de 50 textes
réglementaires), un projet de décret devrait établir des
conditions plus homogènes pour le début 2000.
- La fixation d'une
liste d'aptitude nationale des directeurs et
formateurs
, se substituant aux agréments jusqu'alors individuels. Un
projet de décret, s'appuyant sur un travail mené en
étroite collaboration avec le secteur professionnel prévu d'ici
la fin 1999, devrait permettre tant une simplification administrative qu'une
plus grande mobilité professionnelle.
- L'amélioration de la
situation financière des
étudiants en travail social
par l'attribution d'aides sous forme de
bourse d'Etat.
Par ailleurs, le programme de prévention et de lutte contre les
exclusions prévoit diverses réformes de la formation des
travailleuses familiales, des conseillers en économie sociale et
familiale, des assistants de service social et la formation préparant au
certificat d'aptitude aux fonctions de directeur d'établissement social
(CAFDES).
• Le décret n° 74-146 du 15 février 1974
relatif à la formation des travailleuses familiales a été
modifié par le
décret n° 99-779 du 9 septembre
1999 relatif à la formation et à l'emploi de technicien de
l'intervention sociale et familiale
.
La réforme, concertée avec les partenaires sociaux, vise à
adapter le contenu de la formation aux exigences nouvelles de la prise en
charge des publics bénéficiaires et à harmoniser son
organisation et son financement avec l'ensemble des formations de travailleurs
sociaux. Elle supprime la formation de travailleuse familiale et crée un
nouveau diplôme, celui de technicien de l'intervention sociale et
familiale.
En outre, elle modifie profondément le financement de la formation
jusqu'alors assuré à parité par le ministère de
l'emploi et de la solidarité et la CNAF. Désormais, à
compter de 2000, cette formation sera financée sur les crédits
affectés au fonctionnement des établissements de formation
préparant aux formations initiales. La formation de technicien de
l'intervention sociale et familiale rentre dans le droit commun des formations
en travail social.
Le financement de cette formation doit être assuré par un
redéploiement des crédits consacrés jusqu'alors aux
travailleuses familiales, ainsi que sur une partie des mesures nouvelles pour
2000.
Par ailleurs, les étudiants pourront bénéficier des aides
financières versées par l'Etat aux étudiants en travail
social.
b) La question de la formation des emplois-jeunes de l'éducation nationale
La
question de la formation et la professionnalisation des emplois-jeunes dans le
secteur social a donné lieu à la remise d'un rapport en juillet
1999 qui préconise de favoriser l'accès des
intéressés aux formations sociales par une prise en compte de
leur parcours professionnel.
Un accord-cadre a été signé en ce sens entre le
ministère de l'emploi et de la solidarité et le ministère
de l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie le
23 juillet 1999.
Les emplois-jeunes embauchés se voient ainsi offrir une formation, sur
trois ans, au diplôme d'Etat d'éducateur de jeunes enfants qu'ils
peuvent suivre sur leurs périodes de service.
La formation de ces emplois-jeunes intervient en plus des quotas
d'étudiants prévus dans le cadre des filières classiques.
Le financement de ces formations est assuré par des conventions conclues
entre les DDASS et le ministère de l'éducation nationale :
cette dernière assure en principe les deux tiers de la coût de la
formation, le solde étant à la charge du ministère de
l'emploi et de la solidarité.
L'attention de votre rapporteur a été appelée sur le fait
que ces formations spécifiques ont été définies sur
la base de modules spécifiques basés sur 900 heures de
formation alors que la mise à niveau des intéressés, en
particulier lorsqu'ils n'ont pas atteint le niveau d'un diplôme
équivalant au baccalauréat, supposerait une formation de
1.290 heures au minimum selon les responsables d'établissements.
La formation ainsi délivrée aux emplois-jeunes est un
élément important pour leur permettre de s'insérer dans le
monde du travail à l'expiration de leur contrat : il serait
regrettable de prévoir une formation " à coût
réduit " qui risquerait de diminuer l'efficacité de la
mesure d'accompagnement à la formation.
c) L'évolution des crédits
Pour ce
qui concerne les dépenses de fonctionnement, les crédits relatifs
à la formation des professions sociales passent de 594,6 millions
de francs en 1999 à 615 millions de francs en 2000.
Ils sont abondés par des moyens nouveaux à hauteur de
20,39 millions de francs qui se décomposent :
- en une mesure d'ajustement de 8,7 millions de francs pour couvrir
l'évolution de la masse salariale des centres en 2000 ;
- et en une mesure nouvelle de 11,69 millions de francs
destinée à couvrir les augmentations des effectifs
d'étudiants.
L'ONFTS, entendue par votre rapporteur, s'inquiète sur deux points :
- tout d'abord, la mise en oeuvre de la réduction du temps de
travail représenterait un coût pour les EFTS estimé
à 6 % de la masse salariale : il semble que la mesure nouvelle
d'ajustement sur les salaires n'ait pas intégré de crédits
particuliers pour tenir compte des surcoûts éventuels ;
- par ailleurs, en plus de l'augmentation des effectifs
d'étudiants, la mesure nouvelle devrait tenir compte des surcoûts
imputables à la mise en oeuvre de la réforme des formations des
assistantes de service social et des techniciens de l'intervention sociale et
familiale ; si la réforme de certaines formations devait être
prise en charge sur les crédits relatifs à l'accueil de nouveaux
étudiants, il risque d'en résulter des dépenses
supplémentaires pour les établissements.
Le budget comprend également 77 millions de francs de
crédits, d'un montant inchangé, pour le financement des bourses
des étudiants en travail social. 4.097 étudiants ont
reçu une bourse scolaire au titre de l'année scolaire 1998-1999.
Le montant unitaire de la bourse est de 2.682 francs. Il devrait
être d'un même montant à la rentrée 1999-2000.