B. UNE CONTRIBUTION BUDGÉTAIRE EN FORTE RÉDUCTION
Le
financement du BAPSA peut se décomposer en quatre agrégats :
1- cotisations professionnelles ;
2- taxes affectées ;
3- ressources provenant de la sécurité sociale ;
4- contributions budgétaires.
Une présentation du BAPSA par agrégat permet d'apprécier
la structure très particulière de financement du régime.
Evolution relative de la structure de financement du BAPSA
Comptes agrégés |
Structure 1998 |
Structure 1999 |
Structure 2000 |
Cotisations professionnelles |
18,47% |
19,02% |
18,76 % |
Taxes |
29,64% |
30,94% |
32,20 % |
C3S |
0,00 % |
1,12 % |
1,12 % |
Sécurité sociale + FSV |
42,32 % |
42,74 % |
43,28 % |
Etat |
9,57 % |
6,13 % |
4,55 % |
Recettes diverses |
0,00% |
0,06% |
0,09 % |
Total |
100,00% |
100,00% |
100,00 % |
Sur la période récente, la bonne tenue des recettes provenant des taxes affectées, et une évolution du mécanisme de compensation démographique favorable au régime agricole permet à l'Etat de réduire de manière très sensible la subvention d'équilibre.
Evolution 2000/1999 des diverses sources de financement du BAPSA
Comptes agrégés |
1999 PLF |
2000 |
Evolution |
Cotisations professionnelles |
16.955 |
16.726 |
- 1,35 % |
Taxes |
27.586 |
28.719 |
4,11 % |
C3S |
1.000 |
1.000 |
0,00 % |
Sécurité sociale + FSV |
38.105 |
38.601 |
1,28 % |
Etat |
5.466 |
4.055 |
- 25,81 % |
Recettes diverses |
50 |
80 |
60,00 % |
Total |
89.162 |
89.181 |
+ 0,02 % |
1. Le recul des contributions professionnelles
A partir
de 1990, la réforme des cotisations sociales des non-salariés
agricoles a progressivement substitué l'assiette " revenu
professionnel " (sur les trois dernières années) à
l'assiette " revenu cadastral ". Cette réforme s'est
achevée en 1996. Les cotisations professionnelles sont, par
définition, davantage sensibles à l'évolution du revenu
agricole. La mise en place de la réforme a eu pour conséquence
une baisse du financement professionnel en 1994 et 1995, prenant en compte les
années défavorables (1991, 1992 et 1993). En conséquence,
elles augmentent à nouveau depuis 1996, le revenu agricole ayant
fortement progressé en 1994 et en 1995.
La nouvelle base 1995 de la comptabilité agricole a remplacé le
" revenu brut agricole " (RBA) par le " résultat
agricole ", qui correspond à la valeur ajoutée nette du
coût des facteurs, c'est-à-dire subventions incluses et
impôts liés à la production déduits. Les
" exploitations " ont été remplacées par les
" unités de travail totales " (UTAT). La différence
tient à une moindre baisse du nombre d'UTAT, et des résultats
agricoles moyens par UTAT moins élevés.
Evolution des principales composantes du revenu agricole
(en %)
|
1996/1995 |
1997/1996 |
1998/1997 |
Résultat agricole (valeur) |
- 0,9 |
+ 2,4 |
+ 1,3 |
Nombre d'unités de travail totales (UTAT) |
- 2,4 |
- 2,5 |
- 2,5 |
RA moyen par UTAT en valeur courante |
+ 1,5 |
+ 5,0 |
+ 3,9 |
Prix du PIB |
+ 1,4 |
+ 1,4 |
+ 0,9 |
RA moyen par UTAT en valeur réelle |
+ 0,1 |
+ 3,6 |
+ 3,0 |
Source : INSEE - comptes de l'agriculture
Il ne subsiste plus aucune taxe sur les produits agricoles ; le
démantèlement des taxes supportées par les producteurs de
betteraves, céréales et oléagineux est parallèle
à la réforme des cotisations.
Les contributions professionnelles sont ainsi constituées en
totalité par les cotisations professionnelles, la CSG et les droits sur
les alcools reversés et la cotisation de solidarité. Elles
devraient représenter 16,7 milliards de francs en 2000, soit plus
de 18 % des recettes du BAPSA. Cette baisse de 1,35 % est beaucoup plus
marquée pour la CSG maladie et les droits sur les alcools que pour les
cotisations professionnelles
stricto sensu
.
Les contributions professionnelles
(en millions de francs)
|
1999 PLF |
2000 PLF |
Evolution |
Cotisations professionnelles |
16.955 |
16.726 |
- 1,35 % |
dont compensation CSG |
4.428 |
4.239 |
- 4,27 % |
dont cotisations |
12.527 |
12.474 |
- 0,32 % |
Le sous-total des cotisations donne le tableau suivant :
Les cotisations professionnelles
(en millions de francs)
|
1999 PLF |
2000 PLF |
Evolution |
Cotisations |
12.527 |
12.474 |
- 0,32 % |
Cotisations prestations familiales |
2.071 |
2.060 |
- 0,53 % |
Cotisations AVI (art. 1123 a et 1003-8 code rural) |
1.666 |
1.627 |
- 2,34 % |
Cotisations AVA (art. 1123 b et 1003-8 code rural) |
4.283 |
4.361 |
1,82 % |
Cotisations AMEXA |
4.182 |
4.140 |
- 1,00 % |
Cotisations d'assurance veuvage |
47 |
49 |
4,26 % |
Cotisations d'assurance volontaire et personnelle |
1 |
1 |
0,00 % |
Cotisations acquittées dans les DOM |
13 |
13 |
0,00 % |
Cotisations de solidarité |
264 |
236 |
- 10,61 % |
Les
cotisations connaissent une variation inégale ; les cotisations AVA
(retraite proportionnelle) progressent de 1,82 %, par rapport à une base
qui avait été surestimée
(cf. ci-dessus)
.
Le BAPSA ne retrace pas l'ensemble de l'effort contributif des exploitants
agricoles :
1) Le BAPSA ne prend pas en compte les cotisations
complémentaires ;
Il convient de rappeler que le BAPSA ne retrace pas véritablement la
contribution des non-salariés agricoles au financement de leur
régime, puisqu'il ne prend pas en compte les cotisations dites
" complémentaires ", dues au titre de la gestion et de
l'action sanitaire et sociale des caisses de mutualité sociale agricole.
Ces cotisations complémentaires représenteraient un montant de
3,1 milliards de francs en 2000.
2) Le BAPSA prend en revanche en compte les cotisations de
solidarité, qui ne sont pas génératrices de droit.
Elles visent respectivement :
- les personnes affiliées à un autre régime mettant
en valeur une exploitation agricole comprise entre 2 ou 3 hectares et la
moitié de la surface minimale d'installation ;
- les associés non exploitants de sociétés
agricoles ;
- les travailleurs indépendants mettant par ailleurs en valeur,
à titre secondaire, une exploitation supérieure à la
moitié de la surface minimum d'installation (SMI).
Le projet de loi de finances pour 2000 évalue à 236 millions de
francs le rendement de ces cotisations de solidarité.
2. La progression des taxes affectées
Les
recettes de taxes, principalement celles de TVA, ont été
évaluées à 28,7 milliards de francs pour 2000, soit une
augmentation de 4,11 % (32,2 % des recettes).
La cotisation additionnelle à la taxe foncière sur le
non-bâti a été supprimée par la loi de finances pour
1999.
Le Gouvernement a présenté à l'Assemblée nationale
un amendement conduisant à une " réestimation " de 200
millions de francs de la TVA affectée au BAPSA. Cette TVA apparaît
désormais davantage conforme avec la prévision globale.
Il n'en demeure pas moins que cette " réestimation " est tout
à fait étonnante : comment peut-on expliquer que la
prévision de départ du BAPSA n'était pas conforme à
la prévision globale ?
Les taxes affectées au BAPSA
(en millions de francs)
|
1999 |
PLF 2000 |
Evolution |
Taxe sur les farines |
341 |
344 |
0,88% |
Taxe sur les tabacs |
479 |
483 |
0,89% |
Taxe sur les corps gras alimentaires |
659 |
665 |
0,91% |
Prélèvement sur le droit de consommation sur les alcools |
117 |
118 |
0,85% |
Cotisations assises sur les polices d'assurance automobile |
376 |
379 |
0,80% |
Cotisation incluse dans la taxe sur la valeur ajoutée |
30.799 |
32.241 |
4,03% |
Restitutions de TVA |
-5.185 |
- 5.511 |
6,29% |
TVA après restitution |
25.614 |
26.730 |
4,36% |
Total taxes |
27.586 |
28.719 |
4,11% |
3. L'évolution contrastée des transferts des organismes de sécurité sociale
Ces transferts comprennent à la fois la compensation démographique, la contribution de la CNAF et les versements du FSV et du FSI. Le FSV est un " organisme concourant au financement des régimes obligatoires de base de sécurité sociale " . Tous les régimes bénéficient ainsi du Fonds de solidarité vieillesse (FSV), qui prend en charge les avantages non contributifs. Le régime agricole est un bénéficiaire important du FSV en raison de la faiblesse des pensions d'assurance vieillesse.
Versements des organismes de sécurité sociale
(en millions de francs)
|
LFI 1999 |
PLF 2000 |
Evolution |
Versements compensation |
34.001 |
35.302 |
3,83% |
Contribution CNAF |
1.400 |
1.318 |
- 5,86% |
Versements FSV |
2.704 |
1.981 |
- 26,74% |
Total |
38.105 |
38.601 |
1,28 % |
Les
transferts de compensation démographique
sont estimés
à 35,3 milliards de francs, en progression de 3,83 % par rapport
à la loi de finances pour 1999 (% des recettes).
Ces transferts se divisent entre compensation maladie (7 milliards de francs)
et compensation vieillesse (28 milliards de francs).
Compte tenu de l'intégration financière de la branche famille,
la CNAF verse au BAPSA une contribution couvrant la différence entre
les cotisations familiales des exploitants et les prestations familiales dont
ils bénéficient
(hors bourses et allocations aux adultes
handicapés). Le déclin rapide et continu de cette contribution
depuis 1995 s'explique donc tout à la fois par la bonne tenue des
cotisations, corrélées à l'évolution du revenu
agricole, et la diminution des prestations versées, du fait de la baisse
des effectifs de bénéficiaires.
Les remboursements du fonds de solidarité vieillesse
baissent
à un rythme très important (- 26,7 %).
Le financement des majorations pour enfants du régime agricole par le
FSV, qui représentent 2.167 millions de francs, n'est pas pris en compte
dans le budget annexe. Dans ces conditions, les 1.981 millions de francs
proposés pour 1999 correspondent essentiellement au financement du
minimum vieillesse pour les exploitants agricoles. La diminution très
importante des dépenses liées au minimum vieillesse rend compte
de l'effort entrepris depuis cinq ans pour revaloriser les retraites agricoles
: ces dépenses représentaient encore 4.402 millions de
francs en 1995.
La poursuite du recul des transferts du FSV s'explique également par le
renouvellement des générations de retraités agricoles, les
" jeunes " retraités ayant en principe acquis plus de points
de retraite que leurs aînés.
4. La diminution très sensible des contributions du budget général
Les évolutions des précédentes ressources expliquent le recul de la subvention du budget de l'Etat.
Etat |
LFI 1999 |
PLF 2000 |
Evolution
|
Remboursement AAH |
456 |
422 |
- 7,46% |
Versements FSI |
107 |
96 |
- 10,28 % |
Subvention d'équilibre |
4.903 |
3.537 |
- 27,86% |
Total |
5.466 |
4.055 |
- 25,81% |
La subvention d'équilibre représente désormais 4 % des recettes du BAPSA.