III. UN BUDGET QUI NE RÉPOND PAS AUX INQUIÉTUDES

Le projet de budget de la police pour 1999 s'élève à 29,992 milliards de francs , ce qui correspond à une progression en francs courants de 3,02% , nettement supérieure à celle de l'ensemble du budget qui est limitée à 0,9%.

Sa part dans le budget de l'Etat s'élève à 1,78% et est comparable à celle des dernières années. Sa part dans le Produit intérieur brut (0,32%) est en diminution depuis 1996.

Mais le budget de la police n'est pas le seul concerné en matière de sécurité. Certains, comme ceux de la justice ou de la ville, plus orientés vers la prévention, sont en augmentation plus importante (+10% pour la ville, + 4% pour la justice). Pour avoir une vision de l'effort consenti par la société pour sa sécurité , il serait utile de pouvoir disposer d'un état récapitulatif des crédits répartis dans les différents ministères concernés, principalement ceux de l'intérieur, de la défense, de la justice et de la ville.

Le budget de la police est avant tout conditionné par les dépenses de personnel qui représentent 82,60% des crédits , laissant peu de marge de manoeuvre budgétaire. La limitation de l'augmentation spontanée des traitements permet cependant de dégager cette année une enveloppe de mesures nouvelles un peu plus importante que les années antérieures.

Les dépenses de personnel s'élèvent à 24,78 milliards de francs et sont en augmentation de 2,23%. Les crédits de fonctionnement des services atteindront 4,064 milliard de francs, soit une augmentation de 4%, alors que les dépenses en capital s'élèveront à 1,161 milliards de francs en autorisations de programme (-8%) et à 1,152 milliards en crédits de paiement (+18,6%).

A. LES PERSONNELS

1. Les effectifs budgétaires

Les effectifs budgétaires de la police s'élèveront en 2000 à 127 806 agents , dont 113 052 personnels actifs . En incluant 2075 policiers auxiliaires et 20 000 adjoints de sécurité , on dénombrera 149 881 agents.

Depuis la loi d'orientation, les personnels actifs se répartissent en trois corps :

- le corps de conception et de direction (commissaires de police) : 2 000 agents ;

- le corps de commandement et d'encadrement (officiers : lieutenants, capitaines et commandants) : 16 000 agents ;

- le corps de maîtrise et d'application (gardiens et gradés : gardiens, brigadiers et brigadiers-majors) : 95 000 agents.

La réforme des corps et des carrières, concrétisée dans le règlement général d'emploi publié le 4 septembre 1996, s'accompagne d'une modification de la répartition des effectifs entre les trois corps de manière à aboutir à une augmentation du nombre des agents de maîtrise et d'application.

Ce changement de structure s'échelonne sur plusieurs années. En 2010, l'effectif des commissaires serait ainsi réduit à 1 600 et celui des officiers à 13 000 tandis que celui des gardiens et gradés s'élèverait à 98 000.

Le budget pour 2000 prévoit ainsi la création, par transformation de 10 emplois de commissaires et de 459 emplois d'officiers, de 469 emplois dans le corps de maîtrise et d'application .

Les principales autres variations d'effectifs concernent :

- la création de 4 150 emplois d'adjoints de sécurité qui s'ajouteront aux 15 850 autorisés par le budget 1999 ;

- la suppression de 2 075 emplois de policiers auxiliaires dans le cadre de la suppression du service national obligatoire ;

- la transformation de 35 emplois d'officiers en 36 emplois d'attachés de police ;

- la création de 100 emplois de personnels techniques (20 ingénieurs, 32 techniciens et 48 aides techniques de laboratoires), permettant le renforcement de la police technique de proximité et la mise en place du fichier automatisé des empreintes génétiques (FAEG) ;

- la création de 4 emplois contractuels de médecins du RAID gagée sur la suppression de 11 emplois administratifs.

2. Une évolution prévisionnelle inquiétante des effectifs

Du fait de la pyramide des âges des corps actifs de policiers, de nombreux départs à la retraite doivent intervenir dans les prochaines années dans les trois corps actifs de la police nationale, touchant les policiers appartenant à la génération dite " génération Marcellin ", recrutés en grand nombre à la fin des années 60 et au début des années 70.

Dans les cinq prochaines années sont ainsi attendus plus de 24 000 départs, soit par atteinte de la limite d'âge, soit par départ anticipé. Seront concernés 480 commissaires, 4 300 officiers et 19 500 gradés et gardiens, soit un effectif représentant le quart du corps pour les commissaires et les officiers et plus du cinquième pour les gardiens et gradés.

En application du paragraphe II de l'article 2 de la loi n° 57-444 du 8 avril 1957, les départs à la retraite anticipée peuvent être sollicités cinq ans avant la limite d'âge de leur grade par les agents ayant accompli 25 ans de service, à savoir à partir de 50 ans pour les gardiens et gradés.

Les demandes de départ à la retraite anticipée ont été longtemps sous-évaluées. Or, en raison des conditions de plus en plus difficiles de l'exercice de leurs fonctions, une grande majorité de fonctionnaires a demandé à bénéficier de cette disposition. Ainsi les départs anticipés ont-ils concerné les années précédentes plus de la moitié des commissaires et officiers et les deux tiers des gardiens et gradés .

La situation sera encore plus tendue pour les gardiens et gradés qui doivent voir leurs effectifs augmenter du fait du repyramidage des corps actifs. Compte tenu de la durée de formation, il existe un décalage d'un an entre le recrutement d'un agent et sa prise de poste. Pour éviter une désorganisation totale des services, il est impératif de prévoir des recrutements de personnels par anticipation , sous peine de manquer cruellement d'effectifs, ne serait-ce que pour encadrer les adjoints de sécurité.

Une politique de proximité, exige en effet la présence d'un maximum de personnels sur le terrain. Les effectifs globaux de la police ont stagné depuis 1995 . On ne peut prendre le risque, du fait des départs à la retraite, de faire reposer la sécurité des Français sur des emplois-jeunes inexpérimentés, peu formés et recrutés dans des conditions telles que la qualité de leur action n'est pas assurée.

Le gouvernement a procédé à 492 recrutements anticipés en 1998 et à 1664 en 1999. Pour l'année 2000, le ministre de l'intérieur a annoncé à votre commission, lors de son audition du 16 novembre, qu'il venait d'obtenir l'accord du Premier ministre pour un nouveau recrutement en surnombre de 941 agents qu'il espérait pouvoir recruter dans les premiers mois de l'année 2000.

Le budget 2000 essaie par ailleurs, dans le cadre des mesures catégorielles nouvelles, de limiter les départs à la retraite anticipée en améliorant les fins de carrière des agents.

3. Les mesures catégorielles

Le budget prévoit des mesures catégorielles nouvelles, pour un montant de 96,7 millions de francs . Il convient de noter que cette enveloppe est d'un montant supérieur à l'accroissement des dépenses résultant de la mise en oeuvre de l'accord salarial de février 1998 dont l'incidence se limite à 43,8 millions de francs.

Plusieurs mesures améliorent la fin de carrière des agents afin d'éviter qu'ils sollicitent un départ à la retraite anticipée et de diminuer ainsi le rythme des départs à la retraite :

- attribution à 600 fonctionnaires supplémentaires de l'échelon exceptionnel de gardien de la paix (3,1 MF). Ces échelons seront acquis automatiquement à 52 ans ;

- transformation de 300 emplois de gardiens de la paix en 150 emplois de brigadiers et 150 emplois de brigadiers majors (15,8 MF) ;

- transformation de 40 emplois de commandants en emplois de commandants fonctionnels (1,6 MF).

Par ailleurs une expérimentation va être conduite dans deux arrondissements parisiens et deux départements pour indemniser les heures supplémentaires des agents du corps de maîtrise et d'application sur la base de 55 F l'heure plutôt que d'en prévoir la récupération sous forme de repos compensateurs. Cette forme de récupération grève en effet considérablement la capacité opérationnelle sur le terrain, les agents capitalisant les heures en fin de carrière, bénéficiant ainsi d'une retraite avancée sans pouvoir être remplacés.

Les principales autres mesures concernent :

- l'extension et la revalorisation de la prime de fidélisation destinée aux gradés et gardiens (45,4 MF). Cette prime sera versée aux personnels exerçant en zone difficile à partir de la deuxième année révolue de présence au lieu de la cinquième année et son montant sera aligné sur celui de la prime versée aux officiers (5 280 F par an) ;

- extension du versement de l'indemnité pour charges d'habitation à l'ensemble des fonctionnaires du corps de maîtrise et d'application affectés dans le secrétariat général pour l'administration de la police (SGAP) de Paris (22,7 MF) ;

- extension en année pleine de la revalorisation de la prime de commandement intervenue en 1999 (9 MF) et inscription d'une provision de 14 millions de francs destinée au corps des officiers. A cet égard, votre rapporteur tient à souligner le malaise profond qui semble actuellement régner dans le corps des officiers . Ces derniers sont appelés à exercer et exercent déjà des responsabilités de plus en plus lourdes du fait du repyramidage des corps. Plusieurs circonscriptions de sécurité publique ont ainsi actuellement à leur tête un commandant. Ce corps, qui a du mal à trouver sa place entre les commissaires et les gradés et gardiens, estime avoir été lésé à plusieurs titres à travers la réforme des corps et carrières, notamment du fait de l'institution en février 1998 de la prime unifiée de commandement. Ses représentants syndicaux souhaitent que la dotation de 14 MF vienne entièrement abonder cette prime ;

- extension de la prime de qualification, dite " OPJ 16 " à 1000 agents supplémentaires du corps de maîtrise et d'application qui se verraient attribuer la qualification d'officier de police judiciaire en application de la loi n° 98-1035 du 18 novembre 1998 (40 000 F uniquement car la mesure n'interviendrait qu'à la fin de l'année 2000). On rappellera que cette prime est d'un montant de 220 F mensuel, sachant cependant que le gain réel n'est que de 80 F, les agents concernés perdant le bénéfice de la prime d'agent de police judiciaire, dite " APJ 20 ". A cet égard, votre rapporteur considère qu'un montant supplémentaire mensuel de 80 F de prime présente une incitation dérisoire au regard des importantes responsabilités découlant de l'attribution de la qualification d'officier de police judiciaire ;

- revalorisation de l'allocation de la médaille d'honneur de la police nationale (1,9 MF) ;

- revalorisation du régime indemnitaire des fonctionnaires administratifs de catégorie C (4,4 MF).

B. LE FONCTIONNEMENT ET L'ÉQUIPEMENT

Un accent est nécessairement mis sur la formation. Les programmes informatiques et de transmission bénéficient de dotations qui permettent leur poursuite dans de bonnes conditions. En revanche, la situation des équipements, des services et des investissements immobiliers demeure très préoccupante.

1. Un accent mis nécessairement sur la formation

La formation des personnels est annoncée à juste titre comme un objectif prioritaire. Une direction de la formation a été créée par le décret n° 99-57 du 29 janvier 1999 au sein de la direction générale de la police nationale. Des assises nationales de la formation se sont tenues à la Villette et le Conseil national de la formation a approuvé, le 14 juin 1999, un schéma directeur de la formation pour les années 1999-2002.

Les priorités retenues sont l'adaptation à la police de proximité ainsi que la formation aux technologies nouvelles, la sensibilisation aux questions internationales et l'intégration de la déontologie.

Les contraintes en matière de formation initiale, principalement dans le corps de maîtrise et d'application, sont considérables, compte tenu des recrutements massifs intervenant du fait des départs à la retraite, du repyramidage des corps et des recrutements anticipés. Près de 25 000 agents devront être formés dans les cinq prochaines années.

Au 1 er janvier 2000, seront intégrés dans les écoles 6131 agents pour le seul corps de maîtrise et d'application, soit un nombre trois fois plus important qu'en 1995 .

La capacité des écoles a dû être augmentée. L'école d'Oissel a été portée à 1150 places, celle de Nîmes aura 483 places supplémentaires en 2000. Deux écoles supplémentaires seront ouvertes en 1999, Aix-Les-Milles (250 places) et Sainte-Foy-Lès-Lyon (100 places), et l'école de Montbéliard (200 places) devrait être ouverte en 2000.

Il convient également de former les adjoints de sécurité et leur tuteurs. La durée de formation des adjoints de sécurité a été allongée de deux semaines. Elle est maintenant fixée à dix semaines d'apprentissage théorique complétées par deux semaines de stage.

La formation continue ne doit pas pour autant être négligée si l'on veut permettre l'adaptation dans de bonnes conditions des agents à la police de proximité.

Il convient en particulier d'assurer la formation des agents du corps de maîtrise et d'application à la fonction d'officier de police judiciaire en application de la loi du 18 novembre 1998. Un arrêté du 11 juin 1999 a fixé les modalités de l'examen technique d'aptitude. 8 000 fonctionnaires seraient concernés à terme. Un premier cycle de formation avait été organisé en 1998 à l'intention de 950 ex-enquêteurs ou gradés et gardiens titulaires d'un diplôme d'étude universitaire générale. Le premier examen s'est déroulé en juin 1999. Un nouveau cycle de formation a été mis en place en septembre 1999, à l'intention de 1240 agents, consistant en une formation d'une soixantaine de jours sur un an, assortie d'un contrôle continu donnant accès à l'examen. Compte tenu des responsabilités importantes exercées par les officiers de police judiciaire, votre commission attache une importance particulière à la formation des personnels du corps de maîtrise et d'application susceptibles de recevoir cette qualification.

Considérant par ailleurs que 40% des places offertes aux concours de gardiens de la paix seront réservées aux adjoints de sécurité en application d'un décret du 19 octobre 1999, alors que le niveau d'études des premiers est très inférieur à celui des seconds (40% des adjoints de sécurité ont un niveau inférieur ou égal au BEP-CAP et 45% le niveau Bac alors que 80% des gardiens de la paix ont le niveau Bac), votre commission souligne la nécessité de prévoir des cycles de formation des adjoints de sécurité permettant d'assurer la qualité de ce recrutement spécifique de gardien de la paix .

2. La poursuite des programmes d'informatique et de transmissions

a) Les programmes informatiques

Les crédits de fonctionnement informatique s'élèvent à 231,87 millions de francs. La baisse de 11% de ces crédits ne devrait pas remettre en cause la poursuite des grands programmes informatiques s'inscrivant dans le cadre du schéma directeur 1999-2003.

Trois grands projets sont actuellement en cours de développement.

Le système de traitement des infractions constatées (STIC), précédemment dénommé système de traitement de l'information criminelle, est un chantier essentiel qui, prévu dans la loi d'orientation de 1995, n'a pourtant à l'heure actuelle toujours pas d'existence réglementaire . Il regroupe l'intégralité des fichiers judiciaires de la police nationale. Il est scindé en deux sous-systèmes : d'une part le logiciel de rédaction de procédures (LRP) et, d'autre part, une base de données nationale permettant la saisie et la recherche d'informations. La base nationale reprend les signalements introduits dans le système d'information Schengen ainsi que les images du système CANONGE.

Par une délibération en date du 24 novembre 1998, la Commission nationale de l'informatique et des libertés a donné un avis favorable au fichier sous réserve de certaines adaptations.

Elle a en premier lieu souhaité que la dénomination du système soit modifiée. Mais elle a principalement préconisé que soient fixées des durées de conservation des données nominatives enregistrées, variant entre cinq et quarante ans en fonction de la nature de l'infraction et de l'âge de son auteur. Elle a demandé que le fichier ne puisse pas être consulté à des fins d'enquêtes administratives sauf dans le cas où la sécurité des personnes est en jeu et elle a préconisé qu'il soit gardé trace des consultations effectuées de manière à ce que puisse être effectué un contrôle a posteriori. Elle a également souhaité que le fichier soit placé sous le contrôle du procureur de la République et mis à jour en fonction des décisions de justice intervenues. Elle a enfin voulu que soit garanti, à l'issue d'une procédure judiciaire, le droit d'accès direct des personnes inscrites dans le fichier.

Dans son avis rendu au mois de février 1999, le Conseil d'Etat a souhaité que soient intégrées au fichier les décisions de classement sans suite, de non-lieu, de relaxe ou d'acquittement dont auraient bénéficié les personnes inscrites dans le fichier. Il a par ailleurs demandé qu'il soit imposé aux policiers de consulter le procureur de la République avant tout usage administratif du fichier. Ces procédures apparaissent assez lourdes à mettre en oeuvre, tant pour les policiers gestionnaires ou utilisateurs du fichier que pour les autorités judiciaires.

Le ministre de l'intérieur s'est engagé à prendre en compte les observations de la CNIL et du Conseil d'Etat, les adaptations nécessaires étant en cours.

4,3 MF seront consacrés à ce système en 2000, sur un total de 88,4 MF depuis 1992.

Le fichier automatisé des empreintes digitales (FAED) est un important outil d'identification des personnes mises en cause dans le cadre des procédures judiciaires, commun à la police et à la gendarmerie nationales. Fin juin 1999, la base centrale contenait plus d'un million de références. Ce fichier a fait la preuve de son utilité en permettant d'accroître notablement le nombre d'affaires résolues, 3067 affaires ayant été élucidées grâce à sa consultation en 1998. En l'an 2000 seront équipés les trois derniers sites régionaux d'identité judiciaire n'ayant pas encore accès au système (Nancy, Clermont-Ferrand et les Antilles) et devrait débuter l'équipement des services locaux de police technique.

20 MF devraient être consacrés à ce programme en 2000, sur un total de 103,8 MF depuis 1996.

Le système d'information Schengen (SIS) résulte des accords de Schengen. Il vise à la mise en commun de données policières relatives à des personnes recherchées et à des véhicules ou objets (armes à feu, documents d'identité, billets de banque). Il comporte un système central situé à Strasbourg dont la France assure la gestion pour l'ensemble de ses partenaires (C.SIS) et, dans chaque pays, une partie nationale (N.SIS) assurant la consultation de la copie nationale du fichier Schengen ainsi qu'une unité de support (SIRENE) répondant aux besoins d'informations complémentaires pour mener une procédure.

Après un début difficile, la base, devenue opérationnelle en 1995, est désormais alimentée par les dix pays participant à l'accord et fonctionne de manière satisfaisante. Au 27 juillet 1999, elle comprenait plus de 9 millions de références, la France, l'Allemagne et l'Italie en ayant chacune intégré plus de 2 millions. En 1998, la France a découvert sur son territoire 11 139 signalements intégrés au SIS par nos partenaires, tandis que 3 074 signalements français étaient découverts par eux.

A court terme, le SIS doit subir d'importantes adaptations pour assurer le passage du système à l'an 2 000 et intégrer d'ici la fin de l'année 2000 les cinq états nordiques. A l'heure actuelle le système permettrait la connexion de 18 pays. A l'échéance de 2005, est envisagé le passage à une nouvelle génération du système (SIS II).

Mais ces changements techniques sont appelés à se développer dans des structures juridiques en évolution , puisque depuis l'entrée en vigueur du traité d'Amsterdam, le 1 er mai 1999, les acquis de Schengen ont été intégrés dans l'Union européenne. Faute d'accord entre tous les partenaires, la gestion du système SIS continue cependant de relever du domaine intergouvernemental comme l'avait souhaité votre commission dans sa résolution adoptée par le Sénat le 28 avril dernier. Les modalités de financement du SIS ou le rôle de la France pourraient néanmoins être remis en question concernant le système SIS II.

Pour 2000, le total de la dotation consacrée à ce programme s'établirait à 18 MF , ce montant résultant, pour la part concernant le système central, d'une quote-part décidée au niveau européen s'élevant à 20,62 % en 1999 .

• L'année 2000 verra également la poursuite de la mise en oeuvre du système DIALOG de gestion du personnel et de l'important programme CHEOPS permettant la refonte des architectures informatiques utilisées dans le domaine policier.

b) Le programme ACROPOL

Le programme ACROPOL , réseau de communications cryptées numérique destiné à assurer à 100 % la confidentialité des transmissions de la police, sera poursuivi à un rythme permettant son achèvement pour l'essentiel en 2007 (une hypothèse de développement plus rapide aurait permis l'achèvement du réseau en 2004).

Le réseau couvre à l'heure actuelle huit départements, à savoir, le Rhône, l'Isère, la Loire, l'Aisne, la Somme, L'Oise, la Seine-Saint-Denis et les Hauts-de-Seine. Le réseau du Val-de-Marne devrait être opérationnel à la fin de l'année et celui de Paris et des deux départements corses, dans le courant de l'année 2000.

Les prochains déploiements concernent, à partir de 2000, la grande couronne parisienne, en 2001, la région Nord Pas-de-Calais, puis, en 2002, la région Provence Alpes Côte d'Azur et le complément de la région Rhône Alpes. En 2002 devrait ainsi être équipé un territoire regroupant 80% de la criminalité. Il apparaîtrait cependant que quatre départements ne pourraient pas être équipés avant 2008.

La dotation correspondante s'élève en 2000 à 400 MF en autorisations de programme et en crédits de paiement. Le ministère des finances s'est engagé à accorder annuellement une enveloppe identique jusqu'en 2003.

L'interopérabilité du système ACROPOL et du système de communication RUBIS mis en place par la gendarmerie nationale, principe auquel votre commission est très attachée, devrait être totalement réalisée en 2002.

3. Des retards persistants dans l'équipement matériel et immobilier

La situation du parc automobile léger reste très inquiétante. Sur 26 912 véhicules en service au début de l'année 1999, 13% ont dépassé leur critère de réforme. Les services évaluent à 266 millions de francs les besoins théoriques résultant des retards accumulés ces dernières années.

Les dotations consacrées au renouvellement du parc automobile sont en effet des variables d'ajustement de crédits de fonctionnement globalisés qui continuent à être fortement mis à contribution, pour le fonctionnement du plan vigipirate par exemple.

Par ailleurs, L'Union des groupements d'achats publics (UGAP) a remis en cause en 1998 les marchés de véhicules, ce qui a généré des retards dans les renouvellements. A cet égard, votre rapporteur a constaté que les voitures Ford Fiesta sélectionnées ne permettaient pas en l'état d'installer les terminaux de télétransmissions (TESA) de manière satisfaisante pour la sécurité des passagers, ces terminaux n'étant pas compatibles avec le maintien de l'airbag.

Les services évaluent à 110 MF le besoin annuel permettant le renouvellement sur plusieurs années de l'équipement des services en véhicules lourds et permettant de rattraper un retard cumulé évalué à 206 millions de francs en 1999. Or, les crédits inscrits au projet de loi de finances pour 2000 ne s'élèvent qu'à 65 millions de francs en crédits de paiement comme en autorisations de programme et ne permettront donc pas de rattraper ce retard.

Le retard dans les équipements immobiliers est également patent. Le parc immobilier affecté à la police nationale porte sur une superficie hors oeuvre de plus de 3 millions de m². Les services évaluent à 1,3 milliards de francs la dotation annuelle minimale permettant de poursuivre les opérations engagées, d'assurer la maintenance du parc existant et d'étudier le lancement de nouveaux projets. Or, la loi de finances ne prévoit que 593 millions de francs d'autorisations de programme et 571 millions de francs de crédits de paiement qui devraient être consacrés à des aménagements rendus nécessaires par la politique de police de proximité.

Le retard est tel que le Gouvernement en est conduit à souhaiter la participation des collectivités locales pour l'aménagement des locaux de police, ce à quoi certaines collectivités se sont déclarées prêtes moyennant redevance.

Lors de son audition par la commission des Lois, le ministre de l'intérieur a annoncé qu'une dotation de 500 millions de francs en autorisations de programme et 250 millions de francs en crédits de paiement serait ouverte au titre des grands hôtels de police. Pourraient ainsi être financés en 2000 les travaux de construction des nouveaux hôtels de police de Bordeaux et de Montpellier et être lancée la procédure pour celui de Lille.

Concernant le logement des policiers , les dotations sont nettement en baisse. Les crédits permettant la réservation de logements sociaux sont divisés par deux (50 MF en autorisations de programme et en crédits de paiement) et seul 1 million de francs est inscrit en autorisations de programme pour l'acquisition de logements. La politique de location de logements à taux préférentiel par des bailleurs privés moyennant la garantie du ministère de l'intérieur se poursuivra en région parisienne et sera étendue à la région lyonnaise. Une prise de participation dans une société d'HLM est intervenue par le biais de la fondation Jean Moulin.

Votre commission constate donc encore une fois que l'effort en matière de fonctionnement et d'équipement des services est insuffisant pour permettre à la police d'accomplir normalement ses missions.

Les thèmes associés à ce dossier

Page mise à jour le

Partager cette page