Loi de finances pour 2002 - Tome I : Le budget de 2002 et son contexte économique et financier
MARINI (Philippe), Rapporteur général
RAPPORT GENERAL 87 - TOME I (2001-2002) - COMMISSION DES FINANCES
Rapport au format Acrobat ( 6 95 Ko )Table des matières
- INTRODUCTION
-
CHAPITRE PREMIER :
UNE CROISSANCE MENACÉE PAR LE RALENTISSEMENT AMERICAIN ?-
I. À LA RECHERCHE DE LA CROISSANCE PERDUE
- A. UNE CROISSANCE SOUTENUE DE 1998 À 2000
- B. UN ENVIRONNEMENT INTERNATIONAL DÉJÀ DÉGRADÉ AVANT LE 11 SEPTEMBRE 2001
- C. DES PRÉVISIONS POUR 2002 DONT L'IMPRUDENCE A ÉTÉ AGGRAVÉE DEPUIS LE 11 SEPTEMBRE 2001
- II. L'INCAPACITÉ DU GOUVERNEMENT À FAIRE FACE À UN RALENTISSEMENT
-
I. À LA RECHERCHE DE LA CROISSANCE PERDUE
-
CHAPITRE II :
UNE POLITIQUE BUDGÉTAIRE EN TOUT POINT CRITIQUABLE- I. LES DIFFÉRENTES PRÉSENTATIONS DE L'ÉQUILIBRE BUDGÉTAIRE
-
II. (A) HORS FMI, FSC ET Y COMPRIS FONDS DE CONCOURS
(ÉGAUX À 6,887 MILLIARDS D'EUROS EN 1999 ET
5,948 MILLIARDS D'EUROS EN 2000).LE RETOUR DU LAXISME EN MATIÈRE DE
DÉFICIT BUDGÉTAIRE
- A. L'OBJECTIF D'ÉQUILIBRE DES FINANCES PUBLIQUES D'ICI 2004 EST-IL ENCORE TENABLE ?
- B. UNE SITUATION BUDGÉTAIRE POUR 2001 GRAVEMENT COMPROMISE EN EXÉCUTION
- C. FAUTE DE RÉFORMES STRUCTURELLES, LA RÉDUCTION DES DÉFICITS BUTE SUR LA DÉGRADATION DE LA CONJONCTURE
- D. UNE DETTE DE L'ÉTAT TOUJOURS EN PROGRESSION
- III. LE RELÂCHEMENT DE LA CONTRAINTE SUR LES DÉPENSES DES ADMINISTRATIONS PUBLIQUES
-
IV. LE PROJET DE LOI DE FINANCES POUR 2002 PREND ACTE DE
L'ABSENCE DE MAÎTRISE DES DÉPENSES DE L'ÉTAT
- A. UNE NORME DE PROGRESSION DES DÉPENSES POUR 2002 PEU CRÉDIBLE
-
B. LES PRIORITÉS DU GOUVERNEMENT : DES
AFFICHAGES POLITIQUES À RELATIVISER
- 1. La priorité donnée aux budgets civils
-
2. Une impasse lourde sur la défense
- a) Le sacrifice des dépenses d'équipement militaire et d'entretien courant
- b) Le coût croissant de la professionnalisation des armées et des opérations militaires extérieures
- c) Un an de retard pour l'équipement militaire : des inquiétudes sur la « cohérence des forces »
- d) Une facture conséquente pour les prochains budgets
- 3. Le sacrifice de l'aide au développement
- C. DES CHOIX « BUDGÉTIVORES »
- D. DE NOMBREUSES « BOMBES À RETARDEMENT » BUDGÉTAIRES
-
V. DES ÉVALUATIONS DE RECETTES DICTÉES PAR
LA NÉCESSITÉ DE « BOUCLER » LE BUDGET
- A. LES RECETTES SURÉVALUÉES DU BUDGET 2001 CONDUISENT À L'ANNONCE D'UNE MOINS-VALUE DE 3,85 MILLIARDS D'EUROS
-
B. DES PRÉVISIONS DE RECETTES POUR 2002
ÉTROITEMENT DÉPENDANTES DE CELLES DE 2001
- 1. Une hausse des recettes fiscales pour 2002 témoignant d'un grand optimisme
- 2. Le pari d'une croissance « volontariste » du PIB
- 3. Des recettes non fiscales à un niveau jamais atteint : la nécessité de « boucler le budget »
- 4. L'accroissement des recettes non fiscales malgré tout insuffisant pour faire face à de nouvelles charges
- 5. Des interrogations sur l'ouverture du capital d'ASF
- VI. L'IMPASSE DU GOUVERNEMENT EN MATIÈRE FISCALE
-
CHAPITRE III :
L'APPRÉCIATION GLOBALE DES FINANCES PUBLIQUES : L'ÉTAT DE LA FRANCE SE DÉGRADE- I. LA FRANCE, TOUJOURS MAUVAIS ÉLÈVE DE L'UNION EUROPÉENNE
-
II. DES LIENS ENTRE LE PLF 2002 ET LE PLFSS 2002 TOUJOURS
PLUS COMPLEXES
- A. UN ENVIRONNEMENT MACROÉCONOMIQUE COMMUN AU PLF ET AU PLFSS
- B. LES RELATIONS FINANCIÈRES ENTRE L'ÉTAT ET LES ORGANISMES DU CHAMP DES LOIS DE FINANCEMENT DE LA SÉCURITÉ SOCIALE
- C. LES TRANSFERTS DE RECETTES ET DE DÉPENSES ENTRE LES DEUX TEXTES
- D. LES ESPOIRS NÉS DE LA NOUVELLE LOI ORGANIQUE DU 1ER AOÛT 2001
- III. LE CONTRASTE ENTRE LA GESTION DES COLLECTIVITÉS LOCALES ET LA POLITIQUE DE L'ÉTAT EN MATIÈRE DE FINANCES LOCALES
-
CHAPITRE IV :
AMÉLIORER LA PRÉSENTATION ET LE CONTENU DU BUDGET : LES PRÉCONISATIONS
DE LA COMMISSION DES FINANCES- I. FAIRE VIVRE LA LOI ORGANIQUE DU 1ER AOÛT 2001 RELATIVE AUX LOIS DE FINANCES
-
II. RÉDUIRE LA DETTE PUBLIQUE : UNE
IMPÉRIEUSE NÉCESSITÉ
- A. LES ENSEIGNEMENTS DES BUDGETS 1991 À 1993 À MÉDITER
- B. MIEUX GÉRER LES ACTIFS PUBLICS : LE CONTRE-EXEMPLE DE L'UMTS
- C. CHIFFRER INTÉGRALEMENT LES ENGAGEMENTS « HORS-BILAN »
-
D. L'INQUIÉTUDE CROISSANTE DES INSTITUTIONS
EUROPÉENNES SUR « L'EXCEPTION FRANÇAISE »
- 1. Les conclusions du Sommet de Stockholm des 23-24 mars 2001
- 2. La recommandation de la Commission européenne : « dégager des marges pour accélérer la réduction du déficit »
- 3. L'avis du Conseil européen sur le programme de stabilité français : « la situation budgétaire en 2000 aurait pu être améliorée encore davantage »
- 4. La Banque centrale européenne inquiète des conséquences d'une croissance plus faible sur l'évolution du budget
-
III. FAVORISER DAVANTAGE L'EMPLOI ET L'INITIATIVE : LES
PROPOSITIONS FISCALES
- A. FAIRE AUTREMENT POUR SOUTENIR LA CROISSANCE ET L'EMPLOI
- B. DEVELOPPER LA COMPÉTITIVITÉ FISCALE DE NOTRE PAYS
-
C. COMMENT RÉORIENTER LA FISCALITÉ VERS
L'INITIATIVE ET L'EMPLOI ?
- 1. Rendre l'emploi attractif : alléger les cotisations sociales employeurs et réformer progressivement la taxe sur les salaires
- 2. Simplifier notre système fiscal
- 3. Relancer l'initiative et l'investissement des entreprises
- 4. Accroître la stabilité de notre système fiscal : encadrer la rétroactivité
-
IV. MAÎTRISER LA DÉPENSE PUBLIQUE :
QUELQUES ENSEIGNEMENTS À TIRER DES EXPÉRIENCES PORTUGAISE ET
ESPAGNOLE
- A. UNE NOUVELLE MÉTHODOLOGIE BUDGÉTAIRE ET DES OBJECTIFS AMBITIEUX
- B. DES RÉSULTATS QUI S'APPRÉCIENT DANS LA DURÉE
- C. L'IMPÉRIEUSE NÉCESSITÉ DE RÉFORMES STRUCTURELLES DE GRANDE AMPLEUR
- V. DÉCENTRALISER DAVANTAGE : POUR UNE NOUVELLE ÉTAPE
- EXAMEN EN COMMISSION
N° 87
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 2001-2002
Annexe au procès verbal de la séance du 22 novembre 2001
RAPPORT GÉNÉRAL
FAIT
au nom de la commission des Finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la Nation (1) sur le projet de loi de finances pour 2002 , ADOPTÉ PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE,
Par M.
Philippe MARINI,
Sénateur,
Rapporteur général.
TOME I
LE BUDGET DE 2002
ET SON CONTEXTE ÉCONOMIQUE ET FINANCIER
(1) Cette commission est composée de : M. Alain Lambert, président ; MM. Jacques Oudin, Gérard Miquel, Claude Belot, Roland du Luart, Mme Marie-Claude Beaudeau, M. Aymeri de Montesquiou, vice-présidents ; MM. Yann Gaillard, Marc Massion, Michel Sergent, François Trucy, secrétaires ; Philippe Marini, rapporteur général ; Philippe Adnot, Bernard Angels, Bertrand Auban, Denis Badré, Jacques Baudot, Roger Besse, Maurice Blin, Joël Bourdin, Gérard Braun, Auguste Cazalet, Michel Charasse, Jacques Chaumont, Jean Clouet, Yvon Collin, Jean-Pierre Demerliat, Eric Doligé, Thierry Foucaud, Yves Fréville, Adrien Gouteyron, Hubert Haenel, Claude Haut, Alain Joyandet, Jean-Philippe Lachenaud, Claude Lise, Paul Loridant, François Marc, Michel Mercier, Michel Moreigne, Joseph Ostermann, Jacques Pelletier, René Trégouët.
Voir
les numéros
:
Assemblée nationale
(
11
ème
législ.) :
3262
,
3320
à
3325
et T.A.
721
Sénat
:
86
(2001-2002)
Lois de finances. |
INTRODUCTION
LE BUDGET DE 2002 : « LA GRANDE ILLUSION »
Le
premier budget en euros présenté par le gouvernement ne sera
probablement pas exécuté jusqu'à son terme et augure mal,
à ce titre, de la fin de l'actuelle législature.
Il cumule les handicaps.
Il repose tout d'abord sur une prévision de croissance initiale pour
2002 peu fiable depuis la révision à la baisse par l'INSEE de son
estimation de la croissance pour 2001, prévision qui est devenue depuis
les dramatiques attentats du 11 septembre 2001, clairement
irréaliste, sous le vocable pudique de
« volontariste ».
Sur le fond, le gouvernement semble renouer avec de vieux
démons
: il a recours à des expédients, des
ressources non fiscales qui culminent à un niveau jamais atteint, pour
« boucler » la loi de finances ; il renonce de fait,
volontairement, à l'objectif de maîtrise de la dépense
publique, procédant à des créations massives d'emplois
publics aux dépens de l'investissement, notamment militaire, tout en
s'obstinant à appliquer une législation sur les 35 heures
aux effets économiques aussi incertains que précaires et au
coût budgétaire « pharaonique ».
Dès lors, on ne saurait s'étonner d'un retour au laxisme en
matière de déficit budgétaire : pour la
première fois depuis 1997, le déficit budgétaire figurant
en loi de finances s'accroît par rapport à l'année
précédente, de même que le déficit de
fonctionnement. Le solde primaire pour sa part se rétracte
singulièrement. Au total, la dette de l'Etat, c'est-à-dire les
impôts de demain, va d'autant plus continuer à progresser que la
procédure d'attribution des licences UMTS initialement prévue
pour contribuer au désendettement public a désormais pris
l'allure d'une erreur majeure de politique économique et
budgétaire, le tout au mépris du droit élémentaire
du Parlement à l'information.
Ainsi, ce budget, qui n'est déjà plus en phase avec les
orientations contenues dans le programme pluriannuel 2002-2004, semble faire
écho, dix années après, aux sombres périodes
budgétaires 1991-1993
où la révision à la
baisse des prévisions de croissance avait entraîné une
très forte et très rapide dégradation du solde
budgétaire et de la capacité de financement des administrations
publiques. Ceci est d'autant moins admissible qu'en 4 ans d'embellie
économique, le gouvernement a eu largement la possibilité de
reconstituer des marges de manoeuvre. Bien qu'il ait affirmé en avoir
l'intention, il a gaspillé immédiatement ces surplus disponibles.
Au terme de l'actuelle législature, n'allons-nous pas, après
les budgets des occasions manquées, passer à l'ère des
budgets des illusions perdues ?
Cette situation est d'autant plus sérieuse que notre pays est
confronté à de graves défis.
Rien n'a été fait pour accroître notre
compétitivité par rapport à nos principaux partenaires
européens avec lesquels nous partageons désormais une monnaie
commune, l'euro. Rien n'a été fait non plus pour affronter les
chocs de l'avenir : réforme des retraites, réforme de l'Etat
et de la fonction publique.
A l'évidence, une politique
budgétaire plus responsable s'impose, nécessitant d'autres choix,
d'autres priorités et surtout plus de courage politique.
Le présent rapport, s'appuyant notamment sur les travaux menés
depuis plusieurs années par votre commission des finances, entend
pleinement contribuer au débat et propose à ce titre autant de
pistes d'action.
On s'y efforcera, tout en présentant les données
prévisionnelles de 2002, de les remettre en perspective par rapport
à l'ensemble des budgets exécutés par le gouvernement de
M. Lionel Jospin depuis 1997. Le lecteur trouvera donc ici l'esquisse d'un
bilan économique et budgétaire de la gestion de l'Etat au cours
de la législature qui s'achève. Votre rapporteur
général souhaite que ces données, et les
appréciations portées, permettent au futur débat national
de se dérouler en toute clarté. Depuis quatre ans et demi, votre
commission a souvent « clamé dans le
désert »... Le moment des prises de conscience approche sans
doute : l'opinion publique comprendra qu'à vivre à
crédit en période de prospérité, on risque de
connaître des lendemains particulièrement difficiles !
CHAPITRE PREMIER :
UNE CROISSANCE MENACÉE
PAR LE RALENTISSEMENT AMERICAIN ?
Depuis les attentats perpétrés aux Etats-Unis le 11 septembre 2001, les conjoncturistes ont revu à la baisse leurs prévisions de croissance pour l'économie française en 2002. Celles-ci sont désormais de l'ordre de 1,8 %. Pourtant, le gouvernement a maintenu inchangée sa prévision de croissance pour l'année 2002, à 2,5 % (avec une fourchette de 2,25 % à 2,75 %). Cette divergence conduit votre rapporteur général à s'interroger quant à la pertinence de la prévision de croissance présentée dans le présent projet de loi de finances.
I. À LA RE CHERCHE DE LA CROISSANCE PERDUE
A. UNE CROISSANCE SOUTENUE DE 1998 À 2000
1. Une croissance forte tirée par la demande intérieure
L'économie française a connu de 1998 à 2000 une croissance soutenue, supérieure à son potentiel (qu'on estime généralement compris entre 2 % et 2,5 % en volume), comme l'indique le graphique ci-après.
Croissance du PIB en France
(en points de PIB)
Source : Insee
Cette croissance a été rendue possible par l'assainissement
budgétaire effectué par les gouvernements
précédents à partir de la récession de 1993 et par
le desserrement de la politique monétaire à partir de 1995.
Elle s'est appuyée sur une demande intérieure dynamique. Celle-ci
a en effet pris le relais de la demande extérieure, à l'origine
de la reprise de l'année 1997. Le graphique ci-après permet de
mettre en évidence cette évolution.
Contributions à la croissance : le dynamisme de la demande intérieure
(en
points de PIB)
Source : rapport économique, social et financier pour 2002
2. Une croissance déjà vulnérable aux aléas extérieurs
Ainsi
que votre rapporteur général le soulignait il y a un
an, cette croissance était vulnérable aux aléas
extérieurs. Elle pouvait diminuer, notamment, du fait d'un
ralentissement de l'économie américaine ou européenne. En
particulier, le risque d'une accélération de l'inflation dans
certains pays de la zone euro, avec ses conséquences sur la politique
monétaire et sur la consommation des ménages, ne pouvait pas
être écarté.
Cependant, le gouvernement ne semblait pas tenir compte de ces incertitudes et
continuait à exprimer un optimisme de commande.
B. UN ENVIRONNEMENT INTERNATIONAL DÉJÀ DÉGRADÉ AVANT LE 11 SEPTEMBRE 2001
Les craintes de votre rapporteur général sur une éventuelle dégradation de l'environnement international se sont malheureusement révélées fondées.
1. Une dégradation de l'environnement international depuis la fin de l'année 2000
a) L'augmentation du prix du pétrole
Tout d'abord, le prix du pétrole a atteint en septembre de l'année 2000 son maximum depuis 1991, comme l'indique le graphique ci-après :
Cours du pétrole
(prix du baril de Brent en dollars)
Source : FERI
b) Le ralentissement de l'économie américaine
Ensuite, l'économie américaine connaît un net ralentissement depuis le dernier trimestre de l'année 2000, que le graphique ci-après permet de mettre en évidence.
Croissance du PIB aux Etats-Unis
(en % rythme annualisé)
Source : Bureau of Economic Analysis
Depuis le troisième trimestre de l'année 2000, la croissance trimestrielle de l'économie américaine a chuté, en rupture avec le rythme, de l'ordre de 5 %, observé auparavant. Ainsi, au troisième trimestre de l'année 2001, la croissance a été de - 0,4 %.
c) Le ralentissement de la zone euro
Enfin, en partie à cause de ces deux phénomènes, la croissance de la zone euro a connu un ralentissement marqué au cours de l'année 2000, avant de devenir presque nulle au deuxième trimestre de l'année 2001, comme l'indique le graphique ci-après.
Croissance du PIB dans la zone euro
(en % rythme annualisé)
Source : Eurostat
En effet, l'atterrissage de l'économie des Etats-Unis a surpris par son ampleur et sa rapidité. Par ailleurs, une inflation plus forte qu'anticipé au sein de la zone euro érode le pouvoir d'achat des ménages, tout en réduisant la probabilité d'un assouplissement de la politique monétaire.
2. Un ralentissement très significatif de l'économie française depuis le début de l'année 2001
En conséquence de ces phénomènes, la croissance trimestrielle de l'économie française a été plus faible en l'an 2000 qu'en 1999, avant de s'effondrer en 2001, comme le montre le graphique ci-après.
Croissance du PIB en France
(en % rythme annualisé)
Source : Insee
a) Un ralentissement de l'économie française en l'an 2000, résultant de l'augmentation du prix du pétrole
En
effet, des taux de croissance quasiment identiques du PIB français en
1999 et en 2000 (respectivement 2,9 % et 3,1 %) ne doivent pas
dissimuler un ralentissement de la croissance en l'an 2000, que traduit son
rythme d'évolution infra-annuelle.
Alors que la croissance, mesurée de trimestre à trimestre, est
passée au cours de l'année 1999 de 3,4 % à 4,4 %
en rythme annuel, elle a ensuite été inférieure à
ces taux.
Cette inflexion en l'an 2000 semble s'expliquer principalement par le
renchérissement des produits pétroliers. En effet, celui-ci a
affecté le pouvoir d'achat des ménages tout en les incitant
à épargner davantage.
b) Une diminution de la croissance française en 2001
La
croissance de l'économie française a encore diminué aux
premier et deuxième trimestres de l'année 2001, pour atteindre un
taux, en rythme annualisé, de respectivement 1,7 % et 1,1 %.
Si la croissance se maintenait en l'an 2001 au rythme du deuxième
trimestre, ce qui ne semble pas improbable, elle serait cette année de
2,1 %. Telle est la dernière prévision de croissance
avancée par l'INSEE. On peut rappeler que l'objectif du projet de loi de
finances pour 2001 était de 3,3 %.
Ce ralentissement s'explique par une dégradation du contexte
international plus marquée que prévu. Celle-ci a notamment
résulté en un recul de l'investissement au deuxième
trimestre de l'année 2001, de 0,8 % en rythme annualisé.
La consommation des ménages demeure cependant soutenue, comme l'indique
le graphique ci-après.
Investissement et consommation privée en France
(croissance trimestrielle, annualisée en %)
Source : Insee
C. DES PRÉVISIONS POUR 2002 DONT L'IMPRUDENCE A ÉTÉ AGGRAVÉE DEPUIS LE 11 SEPTEMBRE 2001
Dans ces conditions, on peut s'interroger sur la pertinence de la prévision de croissance du gouvernement pour l'année 2002, de 2,5 %.
1. Avant le 11 septembre 2001 : des prévisions gouvernementales compatibles avec celles des principaux organismes
Ces
prévisions pouvaient sembler plausibles jusqu'au 11 septembre 2001.
En effet, une prévision de 2,5 % pour l'année 2002 pouvait
s'appuyer sur l'hypothèse d'une amélioration de l'environnement
international.
Le tableau ci-après montre que les prévisions actuelles du
gouvernement étaient conformes à celles des principaux organismes
indépendants jusqu'au 11 septembre 2001
1(
*
)
.
Prévisions de croissance antérieures au 11 septembre 2001
(prévisions de croissance du PIB en %)
-
2001
2002
Gouvernement (PLF 2002)
2,3 (1)
2,5
Pour mémoire :
- objectif de la loi de finances pour 20013,3 (3,0 / 3,6)
-
- objectif de la programmation pluriannuelle des finances publiques à l'horizon 2004
3,0
- DOB pour 2002
2,9 (2,7 / 3,1) (1)
3,0 (2,8 / 3,2)
Prévisions des principaux organismes indépendants
Juillet 2001
BIPE
2,5
2,8
OCDE
2,6
2,7
Rexecode
2,4
2,2
Insee
2,3
-
Septembre 2001
BIPE (11 septembre)
2,3
2,5
(1) Le ministre de l'économie, des finances et de l'industrie a déclaré 21 octobre 2001 que « Nous devrions être autour de 2,1% ».
Ces prévisions ne semblent plus d'actualité en raison de l'appréciation récente de la conjoncture intérieure de l'année 2001, et de la montée incontestable des périls extérieurs.
a) La révision à la baisse des estimations de l'Insee pour la croissance française des premier et deuxième trimestres de l'année 2001
Tout
d'abord, l'Insee a alors revu à la baisse son estimation de la
croissance du PIB de l'économie française au premier et au
deuxième trimestres de cette année.
Les estimations, de respectivement 0,5 % et 0,4 %, ont été
ramenées à 0,4 % et 0,3 %, soit 1,7 % et 1,1 % en rythme
annualisé.
Croissance du PIB en France
(en % rythme annualisé)
Source : Insee
L'économie française connaît donc depuis le début
de l'année 2001 un ralentissement important.
b) La nette dégradation de l'environnement international
(1) Les attentats commis aux Etats-Unis
Ensuite,
les attentats commis aux Etats-Unis le 11 septembre 2001 pourraient avoir un
impact négatif sur l'économie mondiale, du fait notamment d'une
dégradation de la confiance des ménages, en particulier
américains.
Les prévisions présentées ci-avant reposent donc sur des
hypothèses de croissance de l'économie des Etats-Unis en l'an
2002 que l'on peut considérer comme optimistes. Ainsi, le gouvernement
prévoit une croissance de l'économie des Etats-Unis de 1,9 % en
l'an 2002.
Or, l'économie des Etats-Unis ralentit depuis le dernier trimestre de
l'année 2000, et a reculé de 0,4 % au troisième trimestre
de l'année 2001.
Croissance du PIB aux Etats-Unis
(en % rythme annualisé)
Source : Bureau of Economic Analysis
La reprise anticipée par le gouvernement n'allait pas de soi avant les attentats, du fait notamment des incertitudes sur l'évolution du comportement des ménages américains. Compte tenu, notamment, de l'impact vraisemblable des attentats sur la confiance de ces derniers, les principaux prévisionnistes sont moins optimistes sur la croissance de l'économie des Etats-Unis en 2002. Ils estiment que les Etats-Unis ne connaîtront pas de reprise avant le deuxième trimestre de l'année 2002. Leurs prévisions de croissance pour l'année 2002 sont donc généralement comprises entre environ 1 % et 1,5 %, comme l'indique le tableau ci-après.
Prévisions récentes de croissance de l'économie américaine (octobre 2001)
Organisme |
Prévision de croissance en 2002
|
Morgan Stanley |
1 |
Economist Intelligence Unit (EIU) |
1,4 |
Conference Board |
0,9 |
AIECE (1) |
1,7 |
OCDE (2) |
1,3 |
(1)
Organisme regroupant des instituts de conjoncture européens. Plusieurs
instituts n'avaient pas encore actualisé leurs prévisions depuis
le 11 septembre.
(2) Projet de rapport récemment transmis aux Etats membres en
prévision de la publication des prochaines « Perspectives
économiques de l'OCDE ».
Le gouvernement n'exclut pas un tel scénario. Ainsi, il estime
2(
*
)
que «
les attentats des Etats-Unis
pourraient déprimer la croissance européenne et française
de l'ordre de 0,5 point à l'horizon 2002
», comme
l'indique le tableau ci-après.
Impact
des attentats sur la croissance (2002)
En points de PIB |
PIB de l'Union européenne |
PIB des Etats-Unis |
Prévision de croissance retenue dans le PLF 2002 (1) |
2,3 |
1,9 |
Impact possible des attentats (2) |
0,5 |
0,7 |
Impact de la baisse de confiance aux Etats-Unis |
0,35 |
0,65 |
Impact de la baisse de confiance en Europe |
0,15 |
0,05 |
(1) - (2) |
1,8 |
1,2 |
Source : ministère de l'économie
Les derniers chiffres relatifs à l'économie des Etats-Unis
rendent ce scénario crédible. Ainsi, le 30 octobre 2001 l'indice
de confiance des consommateurs américains était à son
niveau le plus bas depuis février 1994. Par ailleurs, au
troisième trimestre de l'année 2001, la croissance du PIB a
été de - 0,4 %. On peut dès lors se demander si les
prévisions de croissance du gouvernement ne devraient pas être
revues à la baisse, tant pour l'économie américaine que
pour l'économie française.
(2) Une croissance allemande de l'ordre de 1,3 % en 2002 ?
De même, les six principaux instituts de conjoncture allemands ont récemment revu à la baisse leurs perspectives de croissance de l'économie allemande pour l'année 2002. En effet, celle-ci n'est plus que de 1,3 % de croissance, contre 2,2 % dans leur rapport précédent. A titre de comparaison, le gouvernement retient l'hypothèse d'une croissance de 1,7 % de l'économie allemande.
3. Une croissance française évaluée par les conjoncturistes à 1,8 % en l'an 2002
Tous ces
facteurs font que les conjoncturistes tendent à retenir des
prévisions de croissance de l'économie française moins
optimistes que celle avancée par le gouvernement.
Ainsi, la croissance de l'investissement des entreprises serait de seulement
2,8 % selon les instituts réunis au sein de la Conférence
économique de la nation (contre 3,8 % selon le gouvernement).
Cette faible confiance s'expliquerait, notamment, par les incertitudes quant
à la consommation des ménages. Du fait notamment de
l'augmentation du taux de chômage prévue pour l'année 2002,
la croissance de la consommation des ménages serait de seulement
2,2 % selon les instituts réunis au sein de la Conférence
économique de la nation (contre 2,7 % selon le gouvernement).
Ainsi, les prévisions de croissance de l'économie
française pour l'année 2002 sont aujourd'hui de l'ordre de
1,8 %, comme l'indique le tableau ci-après.
Les
principales prévisions de croissance de l'économie
française pour l'année 2002
Organisme |
Prévision de croissance
|
Gouvernement |
2,5 (2,25/2,75) |
Principaux panels de conjoncturistes |
|
Conférence économique de la nation (15 octobre) |
2,1 (instituts)/2,2 (privés) |
Consensus Forecasts (20 octobre) |
1,8 |
Enquête trimestrielle réalisée par Reuters auprès de vingt économistes (25 octobre) |
1,8 |
Principaux instituts français |
|
BIPE (septembre, prévisions actualisées après les attentats) |
1,3-1,8 |
Rexecode (septembre, prévisions actualisées après les attentats) |
1,5 |
OFCE (octobre) |
2,2 |
OCDE (rapport provisoire, octobre) |
1,6 |
Il faut
souligner que la croissance pourrait être encore plus faible que ce que
suggèrent ces prévisions si le ralentissement s'accompagnait
d'une crise financière aux Etats-Unis ou d'une augmentation du prix du
pétrole, ou si les ménages français réduisaient
leur consommation, comme ils l'ont fait pendant la guerre du Golfe.
Dans tous les cas, la croissance serait donc vraisemblablement
inférieure aux prévisions successives faites par le gouvernement,
comme l'indique le graphique ci-après.
La croissance en 2002 : évolution des prévisions du gouvernement
(en points de PIB)
II. L'INCAPACITÉ DU GOUVERNEMENT À FAIRE FACE À UN RALENTISSEMENT
A. UNE POLITIQUE INAPPROPRIÉE FACE À UN RALENTISSEMENT ÉCONOMIQUE
La politique budgétaire française se trouve aujourd'hui face à un dilemme : laisser s'accroître les déficits publics et espérer réduire ainsi, à court terme, le ralentissement de la croissance ; ou, au contraire, mener une politique rigoureuse visant à respecter les engagements de réduction du déficit public pris par la France dans le cadre de l'Union européenne.
1. Une politique longtemps trop procyclique
Comme
l'a souligné la Banque de France dans une étude publiée
l'année dernière
3(
*
)
,
«
le bon fonctionnement du Pacte de stabilité et de
croissance implique une orientation clairement contra-cyclique
4(
*
)
des politiques budgétaires nationales, dans la
mesure où il leur revient d'accommoder les éventuels chocs
asymétriques, tout en respectant l'objectif d'équilibre de la
situation budgétaire sur l'ensemble du cycle. Pourtant, la politique
budgétaire française semble actuellement
[avant le
ralentissement économique observé au début de
l'année 2001]
pouvoir être davantage qualifiée de
pro-cyclique, avec une réduction substantielle de la pression fiscale
intervenant dans un contexte de hausse déjà conséquente du
revenu des ménages
».
Le caractère insuffisamment contracyclique, voire procyclique, de la
politique budgétaire menée ces dernières années,
provient de plusieurs phénomènes.
a) Un objectif de croissance des dépenses sans cesse revu à la hausse
Tout
d'abord, les dépenses publiques ne sont pas suffisamment
maîtrisées.
Après avoir été sans cesse revu à la hausse par les
programmations pluriannuelles des finances publiques successives, l'objectif de
croissance annuelle des dépenses publiques (1,5 %) est devenu
légèrement supérieur au taux observé depuis 1994
(1,4 %), comme l'indique le graphique ci-après.
La maîtrise des dépenses publiques : un objectif de moins en moins ambitieux
(en %)
Sources : comptes nationaux, ministère de l'économie
La politique de « maîtrise » des dépenses publiques affichée par le gouvernement semble donc avoir pour objectif la stabilisation toute relative, et non la diminution, de leur croissance.
b) Des réductions d'impôts non financées de façon pérenne
Ainsi,
la maîtrise des dépenses paraît insuffisante. Elle ne permet
pas de « financer » de façon pérenne les
réductions d'impôts consenties par le gouvernement.
En effet, la politique de réduction, très significative, du
déficit structurel menée à partir de 1995 semble
interrompue depuis 1999 : on constate ainsi qu'aucun effort de
réduction de cette composante structurelle de notre solde public n'a
été mis en oeuvre sur la période 1999-2002 et même
que ce dernier tend à augmenter de 0,1 point de PIB.
Déficit structurel des administrations publiques françaises
(en points de PIB)
Sources : rapport du gouvernement préparatoire au DOB 2002,
rapport économique, social et financier pour 2002
Aussi,
comme l'indique le gouvernement dans le rapport d'orientation
budgétaire, l'amélioration du solde public prévue entre
1997 et 2002 serait imputable pour un peu moins des deux tiers au regain de
croissance économique, et pour seulement un peu plus d'un tiers à
la réduction du déficit structurel. Elle est donc excessivement
dépendante de la conjoncture.
Faute de maîtrise suffisante des dépenses, la réduction des
prélèvements obligatoires effectuée par le gouvernement en
l'an 2000 peut s'analyser comme un simple relâchement de la politique de
réduction du déficit public (et non comme une politique
structurelle de baisse des prélèvements obligatoires). Il s'agit
donc d'une politique budgétaire expansionniste venant à
contre-temps.
Le gouvernement n'a pas suffisamment profité du niveau
élevé de la croissance entre 1998 et l'an 2000 pour
réduire le déficit structurel, menant même une politique
procyclique en l'an 2000. Le retour à l'équilibre des finances
publiques en est rendu d'autant plus difficile, comme on s'en rend compte
aujourd'hui, alors que la conjoncture est devenue moins favorable.
2. L'impossibilité de laisser le déficit public s'aggraver
Du fait
du caractère insuffisamment contracyclique de la politique
budgétaire menée ces dernières années, la situation
des finances publiques en France et en Europe n'est pas aujourd'hui
suffisamment saine pour que la politique budgétaire puisse être
utilisée pour soutenir la demande.
Les perspectives d'évolution au cours des prochaines années sont
en effet préoccupantes, comme le montre le graphique ci-après.
Déficit public en France
(en points de PIB)
Sources : Insee, ministère de l'économie, Rexecode
La situation française et européenne se démarque de celle des Etats-Unis. Ceux-ci connaissent en effet un excédent budgétaire, de l'ordre de 0,5 point de PIB en 2001. Ils peuvent donc mener une politique budgétaire expansionniste, qui, selon les prévisionnistes, devrait contribuer à la reprise de leur économie au cours de l'année 2002.
B. UNE SITUATION COMPARABLE À CELLE DU DÉBUT DES ANNÉES 1990 ?
1. De forts aléas sur le niveau de la croissance
La
situation actuelle évoque fortement celle du début des
années 1990. On rappelle qu'en 1993 la croissance française a
été négative, de - 0,9 %, pour la
première fois depuis 1975 (année où la croissance avait
été de - 0,3 %). En effet, de fortes incertitudes pèsent
sur la croissance à court terme.
A titre d'illustration, on peut citer une récente étude des
experts de Goldman Sachs. Selon cette étude, il y aurait 94 % de risques
pour que le PIB européen se contracte au cours des prochains trimestres
(contre 25 % au mois de juin dernier). La détérioration de cet
indicateur est aussi rapide qu'en 1992, lorsqu'il était passé de
17 % au mois d'avril à 95 % au mois de mars.
Certes, plusieurs facteurs sont moins défavorables qu'il y a dix ans.
Tout d'abord, les banques centrales (notamment la banque centrale
américaine) ont réagi plus rapidement. Ensuite, l'inflation
devrait se tasser sous l'effet du ralentissement économique.
Cependant, l'éventualité d'une croissance faible pendant
plusieurs années ne semble pouvoir être exclue. Ainsi, l'institut
Rexecode n'écarte pas l'éventualité d'une croissance plus
faible que celle retenue dans ses prévisions (de 1,5 % en l'an 2002).
Selon les dernières prévisions de cet institut, «
le
scénario alternatif de ralentissement marqué, auquel nous avions
attribué en juin dernier environ une chance sur deux, a encore
gagné en probabilité, et cela avant même les attentats du
11 septembre. Il est facile d'imaginer le mécanisme d'un ralentissement
plus marqué et plus long : 1) Les excédents de capacité
productive et la baisse des profits conduisent à un recul un peu
prolongé de l'investissement. 2) La baisse de l'emploi (et, notamment
pour les Etats-Unis, un redressement du taux d'épargne des
ménages) entraîne une pause de la consommation privée. 3)
La croissance économique perd alors en 2002 encore un point, amenant
ainsi les Etats-Unis à une récession (taux de croissance annuel
du PIB négatif), et l'Europe et la France à un taux de croissance
de l'ordre de 1 %
».
2. De lourdes incertitudes sur le solde public
L'hypothèse d'une forte dégradation du solde
public ne
peut donc être exclue. Une croissance de l'économie
française inférieure de 1 point susciterait, selon l'OFCE,
un déficit budgétaire supérieur de 2 milliards
d'euros, pour un déficit public supérieur de 6 milliards
d'euros (soit 0,4 point de PIB).
Il existe donc un risque de renouveler les erreurs de prévision du
début des années 1990. Celles-ci avaient été
importantes, comme l'indique le tableau ci-après.
Bref retour sur les finances publiques : prévision et exécution (1990-1993)
|
1990 |
1991 |
1992 |
1993 |
Croissance (% PIB) |
|
|
|
|
- prévision (1) |
3 |
2,7 |
2,2 |
2,6 |
- exécution (2) |
2,6 |
1,1 |
1,2 |
- 0,9 |
Solde budgétaire |
|
|
|
|
- prévision (1) |
|
|
|
|
en milliards d'euros |
- 13,74 |
- 12,23 |
- 13,71 |
- 25,22 |
en % PIB |
- 1,4 |
- 1,2 |
- 1,3 |
- 2,2 |
- exécution (hors FMI et FSC) (2) |
|
|
|
|
en milliards d'euros |
- 14,24 |
- 20,68 |
- 34,5 |
- 48,11 |
en % PIB |
- 1,5 |
- 2,0 |
- 3,3 |
- 4,2 |
Capacité de financement des APU (% du PIB) |
|
|
|
|
- prévision (1) |
- 1,1 |
- 1,2 |
- 1,5 |
- 2,4 |
- exécution (3) |
- 1,6 |
- 2,2 |
- 3,8 |
- 5,8 |
Sources :
(1) rapport économique et financier du projet de loi de finances pour
l'année concernée
(2) Cour des comptes
(3) Insee
C. UNE POLITIQUE NÉGLIGENTE À L'ÉGARD DES ENTREPRISES
Les perspectives de croissance à court terme sont d'autant plus incertaines que la politique actuelle, en particulier le passage aux 35 heures, prend insuffisamment en compte la situation des entreprises.
1. L'insuffisance des mesures fiscales en faveur de la compétitivité économique de la France
Tout
d'abord, le présent projet de loi de finances semble peu soucieux de
favoriser l'investissement. Comme on l'a vu, c'est ce dernier, et non la
consommation des ménages, qui tend actuellement à diminuer.
En particulier, le présent projet de loi de finances ne comporte aucune
disposition destinée à renforcer l'attractivité de notre
pays. Les recommandations du rapport de nos collègues Denis Badré
et André Ferrand et de notre collègue député Michel
Charzat n'ont donc pas été suivies, à l'exception,
notable, du régime des fusions. Et cela alors qu'il existe un consensus
général quant à l'urgence d'instaurer de telles mesures,
au risque de pénaliser gravement la compétitivité de notre
pays.
2. L'impact très défavorable des 35 heures sur l'emploi et l'investissement
Ensuite,
on peut s'interroger sur les effets de la réduction du temps de travail.
Il est possible que les 35 heures aient, sur le court terme,
accéléré la diminution du chômage, en rendant plus
rapide celle du chômage conjoncturel. Personne n'est d'ailleurs en mesure
de livrer une appréciation chiffrée et vérifiable des
effets de cette politique sur l'emploi, alors que son coût
(16,5 milliards d'euros par an pour les seules entreprises privées)
est prohibitif pour l'économie nationale.
Cependant, sur le long terme, l'enjeu est double. Il s'agit en effet de
réduire le taux de chômage structurel, et de favoriser les
investissements sur le territoire français.
Or, les 35 heures ne vont pas en ce sens, bien au contraire. En effet, le
salaire horaire s'accélère depuis l'année dernière,
du fait notamment des 35 heures : alors que sa croissance a
été de 2,7 % en 1997, 2,1 % en 1998 et 2,5 % en 1999, elle s'est
élevée à 5,2 % en l'an 2000. Ainsi, en moyenne, alors
qu'en l'an 2000 le coût salarial horaire français était
inférieur de 19 % au coût salarial horaire allemand, sur les huit
premiers mois de l'année 2001 cet écart n'était plus que
de 15,7 %.
Le durcissement progressif de la loi sur les 35 heures risque donc
d'éroder davantage la compétitivité du site de production
français, tout en augmentant le taux de chômage structurel.
CHAPITRE II :
UNE POLITIQUE BUDGÉTAIRE EN TOUT POINT
CRITIQUABLE
La
croissance spontanée des recettes fiscales et non fiscales devrait
être en 2002, de seulement 11,7 milliards d'euros (76,75 milliards de
francs). Elle se répartirait comme suit :
- 5,2 milliards d'euros (34,11 milliards de francs) de hausse des
dépenses du budget général (soit 44,4 % du
total) ;
- 3,7 milliards d'euros (24,27 milliards de francs) de baisse des
impôts (soit 31,6 % du total) ;
- 4,8 milliards d'euros (31,49 milliards de francs) d'accroissement des
prélèvements sur recettes (soit 41 % du total).
Aussi, afin de pouvoir financer l'ensemble des priorités
affichées par le gouvernement, pour la première fois depuis 1995,
le niveau du déficit budgétaire est-il accru en loi de finances
initiale de 2 milliards d'euros
(13,12 milliards de francs) par rapport
à la précédente loi de finances initiale. Il passe ainsi
de 28,4 à 30,4 milliards d'euros (soit de 186,6 milliards de francs
à 199,6 milliards de francs).
La
« marge de manoeuvre » en 2002 et sa répartition
(par rapport à la loi de finances initiale pour 2001)
(en milliards d'euros)
* Variation
de périmètre
Source : rapport économique, social et financier pour 2002
I. LES DIFFÉRENTES PRÉSENTATIONS DE L'ÉQUILIBRE BUDGÉTAIRE
Afin d'appréhender de façon correcte et complète l'équilibre tel qu'il résulte du présent projet de loi de finances, différentes présentations complémentaires peuvent en être faites : qu'il s'agisse de celle résultant de l'article d'équilibre, ou de la présentation dite « synthétique ». Il est par ailleurs nécessaire de disposer d'un indicateur retraçant les dépenses réelles ainsi que leur progression.
1. La présentation de l'article d'équilibre
Sous forme simplifiée, l'article d'équilibre se présente comme suit :
(en millions d'euros)
|
Ressources brutes |
Dépenses brutes ou plafonds de charges |
Solde |
Budget général |
298.368 |
331.395 |
|
(hors remboursements et dégrèvements) |
(236.308) |
(268.733) |
|
Comptes d'affectation spéciale (CAS) |
9.977 |
9.970 |
|
Budgets annexes |
17.158 |
17.158 |
|
Total opérations définitives |
263.443 |
295.863 |
|
Solde opérations définitives (A) |
|
|
- 32.420 |
Total opérations temporaires (CST) |
56.910 |
54.928 |
|
Solde opérations temporaires (B) |
|
|
1.982 |
Total général |
320.353 |
350.791 |
|
Solde général (A + B) |
|
|
- 30.438 |
L'article d'équilibre fait apparaître les
opérations définitives (budget général, budgets
annexes, comptes spéciaux du Trésor) et leur solde, puis les
opérations temporaires des comptes spéciaux du Trésor et
leur solde.
L'intérêt de cette présentation est de montrer le volume
total des flux transitant par l'Etat, que ce soit de façon temporaire
(opérations d'une durée infra-annuelle et prêts) ou
définitive.
Ainsi l'Etat encaissera 320,353 milliards d'euros en
2002, et décaissera 350,791 milliards d'euros.
2. La présentation synthétique
Cette
présentation révèle trois différences essentielles
avec la précédente :
- les opérations définitives des comptes d'affectation
spéciale ne sont présentées qu'en solde (ce qui minore le
« volume » du budget) ;
- les opérations des budgets annexes ne sont retracées ni
dans le total des ressources ni dans celui des dépenses puisqu'elles
sont, par construction, équilibrées en ressources et en
emplois ;
- les dépenses du budget général sont
présentées nettes des dépenses d'ordre et des recettes
d'ordre, liées à la gestion de trésorerie de l'Etat, ainsi
que des remboursements et dégrèvements d'impôts.
Cette présentation fait apparaître, une progression des
dépenses du budget général de 1,96 %
5(
*
)
.
(en milliards d'euros)
|
LFI 2001 |
PLF 2002 |
Variation en % |
A. Titre I. Charges de la dette ; hors dépenses et recettes d'ordre |
37,0 |
37,2 |
+ 0,54 |
B. Budgets civils |
|
|
|
Titre II. Pouvoirs publics |
0,8 |
0,8 |
+ 3,07 |
Titre III. Fonctionnement des services |
98,4 |
103,5 |
+ 5,08 |
Titre IV. Interventions de l'Etat |
75,2 |
74,9 |
- 0,30 |
Titres V et VI. Investissements |
12,2 |
12,0 |
- 1,64 |
Sous-total B |
186,6 |
191,2 |
+ 2,48 |
C. Défense |
|
|
|
Titre III. Fonctionnement |
24,6 |
25,2 |
+ 2,52 |
Titres V et VI. Investissements |
12,7 |
12,4 |
- 2,53 |
Sous-total C |
37,3 |
37,6 |
+ 0,80 |
D. Total des dépenses du budget général |
260,9 |
266,0 |
+ 1,96 |
E. Solde des comptes spéciaux du Trésor |
- 1,4 |
- 2,0 |
|
F. Total des charges |
259,5 |
264,0 |
+ 1,74 |
G. Recettes nettes |
231,1 |
233,6 |
|
H. Solde général (G-F) |
- 28,4 |
- 30,4 |
+ 7,02 |
Source : ministère de l'économie
3. Le chiffrage des dépenses réelles
Cette
présentation, développée par la commission des finances de
l'Assemblée nationale depuis plusieurs années, permet de mettre
en évidence les divers agrégats qui reflètent, tous,
l'ensemble des dépenses de l'Etat.
Il convient néanmoins de la manier avec précaution, dans la
mesure où il faut également prendre en compte les changements de
périmètre qui affectent le présent projet de loi de
finances.
Charges budgétaires avant correction des changements de périmètre - Les agrégats et leur taux d'évolution (en milliards d'euros)
|
LFI 1997 |
Exécution 1997 (a) |
LFI 1998 |
Exécution 1998 (a) |
LFI 1999 |
Exécution 1999 (a) |
LFI 2000 |
Exécution 2000 (a) |
LFI 2001 |
LFI 2001/2000 |
PLF 2002 |
PLF 2002/LFI 2001 |
1. Dépenses nettes du budget général |
241,17 |
242,54 |
243,99 |
245,14 |
257,11 |
263,24 |
256,42 |
262,29 |
263,72 |
2,85 % |
268,74 |
1,90 % |
2. Pour
mémoire : don dépenses d'ordre relatives à la dette,
mais hors remboursements et dégrèvements d'impôts
|
2,74 |
2,65 |
2,11 |
3,38 |
2,44 |
2,59 |
2,62 |
3,04 |
2,82 |
|
2,72 |
|
3. Dépenses |
8,12 |
13,31 |
9,30 |
12,75 |
7,11 |
9,36 |
6,55 |
5,54 |
12,49 |
|
9,97 |
|
4. Charge nette |
- 0,53 |
- 0,30 |
0,01 |
- 0,55 |
- 0,52 |
- 0,49 |
0,00 |
- 0,33 |
- 0,01 |
|
- 0,01 |
|
5. Total des charges définitives (= 1+ 3) |
249,29 |
244,57 |
253,29 |
257,89 |
264,22 |
264,67 |
262,97 |
267,83 |
276,21 |
5,03 % |
278,70 |
0,90 % |
6. Charge nette des opérations temporaires |
0,42 |
- 0,05 |
0,70 |
- 0,13 |
0,05 |
- 0,92 |
- 0,46 |
- 0,17 |
- 1,39 |
|
- 1,98 |
|
Charges
du budget de l'Etat :
|
241,06
|
242,49
|
244,70
|
244,46
|
256,64
|
263,03
|
255,96
|
261,79
|
262,32
|
2,48 %
|
266,75
|
1,69 %
|
Charges du budget de l'Etat en termes de dette
nette :
|
238,32 |
242,08 |
242,59 |
241,08 |
254,20 |
262,63 |
253,34 |
258,75 |
259,50 |
2,43 % |
264,03 |
1,75 % |
D.
Charges définitives - dépenses d'ordre + solde temporaire
|
246,97 |
244,16 |
251,88 |
254,38 |
261,83 |
264,13 |
259,89 |
264,62 |
272,00 |
4,66 % |
274,01 |
0,74 % |
II. (A) HORS FMI, FSC ET Y COMPRIS FONDS DE CONCOURS (ÉGAUX À 6,887 MILLIARDS D'EUROS EN 1999 ET 5,948 MILLIARDS D'EUROS EN 2000). LE RETOUR DU LAXISME EN MATIÈRE DE DÉFICIT BUDGÉTAIRE
La
réduction du déficit, « les impôts de
demain »,
parent pauvre de la politique budgétaire depuis
1997
Bénéficiant entre 1997 et 2002 d'une croissance
exceptionnelle, le gouvernement français n'en a pas pour autant
profité pour réduire le déficit budgétaire, lui
préférant une politique « procyclique ».
Ainsi, selon les propres chiffres du gouvernement tels qu'ils figurent à
la page 113 du rapport économique, social et financier pour 2002,
«
la marge de manoeuvre procurée par la croissance des
recettes fiscales et non fiscales entre 1997 et 2002 (71,8 milliards
d'euros)
» a été répartie de la façon
suivante :
- 43 % pour les réductions d'impôts ;
- 37 % pour la progression des dépenses ;
- 20 % pour la réduction du déficit budgétaire.
L'affectation des fruits de la croissance entre 1997 et 2002
A. L'OBJECTIF D'ÉQUILIBRE DES FINANCES PUBLIQUES D'ICI 2004 EST-IL ENCORE TENABLE ?
1. Un programme de stabilité 2002-2004 déjà dépassé ?
Depuis
la loi de finances pour 1999, ont été instaurées de
nouvelles normes relatives aux politiques des finances publiques.
Les pays membres de la zone euro doivent respecter un programme de
stabilité qui fixe des objectifs en terme de besoin ou de
capacité de financement des administrations publiques, qu'il s'agisse de
l'Etat, des régimes de sécurité sociale, des
collectivités locales ou des organismes divers d'administration centrale
(ODAC). Conformément au Pacte de stabilité et de croissance, les
pays-membres de l'Union européenne doivent en effet, à terme,
tendre vers un équilibre de leurs finances publiques, voire être
en excédent. Cet objectif doit permettre aux Etats-membres de faire face
aux fluctuations conjoncturelles.
Les objectifs actuellement fixés par le programme 2002-2004 et transmis
aux autorités communautaires sont retracés dans le tableau
suivant.
Evolution de la capacité de financement des
administrations publiques d'ici 2004
Scénario de croissance à 3 %
(en points de PIB)
|
1998 |
1999 |
2000 |
2001 |
2002 |
2003 |
2004 |
Administrations publiques |
- 2,7 |
- 1,8 |
- 1,4 |
- 1 |
- 0,6 |
- 0,4 |
0,2 |
Etat |
- 3 |
- 2,5 |
- 2,3 |
- 1,9 |
- 1,6 |
- 1,6 |
- 1,1 |
Organismes divers d'administration centrale |
0,1 |
0,2 |
0,2 |
0,1 |
0,1 |
0,2 |
0,2 |
Administrations publiques locales |
0,3 |
0,4 |
0,3 |
0,4 |
0,4 |
0,4 |
0,4 |
Administrations de sécurité sociale |
- 0,1 |
0,2 |
0,4 |
0,5 |
0,6 |
0,6 |
0,8 |
Source : ministère de l'économie
2. Pour la première fois depuis 1996 le déficit budgétaire augmente en loi de finances initiale
Evolution du déficit budgétaire en
prévision
et en exécution
(en
milliards d'euros)
|
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
2001 |
2002 |
LFI |
41,94 |
43,87 |
43,42 |
39,32 |
36,05 |
32,82 |
28,45 |
30,44 |
Exécution |
49,24 |
45,03 |
40,81 |
37,73 |
31,4 |
29,15 |
32* |
? |
Différence |
+ 7,30 |
+ 1,16 |
- 2,61 |
- 1,59 |
- 4,65 |
- 3,67 |
+ 3,55 |
|
* Prévisions du MINEFI
Evolution du déficit budgétaire depuis
1995
(en milliards d'euros)
Cette situation traduit une dégradation très notable : mesuré de loi de finances initiale à loi de finances initiale, le déficit prévu s'accroîtra l'année prochaine pour la première fois depuis 1996. L'augmentation est de 2 milliards d'euros (13,1 milliards de francs) dans le projet de loi de finances 2002 par rapport à la loi de finances 2001, alors que celle-ci bénéficie à nouveau d'une amélioration notable du solde des comptes spéciaux du Trésor (+ 592 millions d'euros) soit une progression de 42,6 % par rapport à 2001 qui vient diminuer d'autant le niveau global du déficit.
Un nouvel accroissement du solde des opérations temporaires qui vient opportunément réduire le niveau du déficit global
Dans le
projet de loi de finances pour 2002, le solde des opérations
définitives devrait se dégrader de 2.589 millions d'euros par
rapport à 2001, tandis que le solde des opérations temporaires
connaît, à nouveau, une progression très significative de +
42,6 % passant de 1.390 millions d'euros à 1.982 millions d'euros.
Comme pour l'exercice budgétaire précédent, cette
amélioration résulte notamment de l'excédent prévu
du compte d'avances sur le montant des impositions locales qui passe de 594,5
millions d'euros en 2001 à 900 millions d'euros en 2000.
En l'espace de 4 années, entre la loi de finances initiale pour 1998
et le présent projet de loi de finances, le solde des opérations
temporaires sera passé de - 695,3 millions d'euros à + 1.982
millions d'euros. Il aura ainsi contribué pour 2.677,3 millions d'euros,
soit 17.561,9 millions de francs, à la réduction du
déficit budgétaire.
Evolution du solde des opérations temporaires
(En
millions d'euros)
LFI 1997 |
- 421,8 |
LFI 1998 |
- 695,3 |
LFI 1999 |
- 50,2 |
LFI 2000 |
+ 457 |
LFI 2001 |
+ 1.390 |
PLF 2002 |
+ 1.982 |
L'amélioration très significative du solde des
opérations temporaires
(en millions d'euros )
L'amélioration du solde des opérations temporaires se justifie
sur moyenne période
par la réduction de l'activité, et
donc des charges de comptes de prêts, la contribution positive du nouveau
compte de commerce de gestion active de la dette et l'inflexion très
nette du compte d'avances aux collectivités locales qui connaît
depuis 1996 des excédents croissants. Ces excédents s'expliquent
essentiellement par l'amélioration du taux de recouvrement des
impôts locaux, en raison de la compensation des
dégrèvements, d'une plus grande efficacité du service de
l'impôt, et surtout par le changement du mode de calcul de ce taux de
recouvrement, évalué non plus de manière forfaitaire mais
chiffré sur des bases réelles.
Plus ponctuellement, certains comptes bénéficient de petites
« cagnottes » qui accroissent nettement l'excédent
des opérations temporaires.
Il en sera ainsi en 2002 avec le compte
n°906-04 d'émission des monnaies métalliques qui
enregistrera à l'occasion du passage à l'euro un
bénéfice de 533 millions d'euros.
3. Aucune amélioration du besoin de financement de l'Etat entre 1999 et 2002
Mieux
que l'évolution en valeur absolue du déficit, dont la juste
appréciation est « perturbée » par le
changement de référentiel dû au passage à l'euro, on
constate que le besoin de financement de l'Etat n'a presque pas varié
entre 1999 et 2002, passant de - 2,5 à - 2,4 points de
PIB (le niveau reste d'ailleurs inchangé sur 2000-2001-2002). Ce laxisme
budgétaire de l'Etat emporte deux conséquences :
- d'une part, le besoin de financement de l'ensemble du secteur public ne
diminue que très faiblement :
sur la période
1999-2002 : il ne baisse que de 0,2 point, passant de - 1,6
à - 1,4 point de PIB ;
Décomposition du besoin de financement des comptes publics entre les administrations
(en points de PIB)
|
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
2001 |
2002 |
Ensemble des administrations |
- 3,5** |
- 2,7 |
- 1,6 |
- 1,4 |
- 1,4* |
- 1,4 |
Etat |
- 3,6 |
- 3,0 |
- 2,5 |
- 2,4 |
- 2,4 |
- 2,4 |
ASSO (régimes sociaux) |
- 0,4 |
- 0,1 |
0,3 |
0,6 |
0,4 |
0,5 |
APUL (collectivités locales) |
0,2 |
0,3 |
0,4 |
0,3 |
0,4 |
0,3 |
ODAC |
0,2** |
0,1 |
0,2 |
0,2 |
0,2 |
0,2 |
** hors
soulte France Telecom
* hors recettes UMTS (0,6 point de PIB en 2001)
Le
laxisme budgétaire de l'Etat de plus en plus patent
(évolution
des besoins ou/capacités de financement)
(en points de PIB)
- d'autre part, le scénario retenu dans le programme pluriannuel des
finances publiques 2002-2004
(publié en janvier 2001 et fondé
sur une hypothèse de croissance de 3 %) qui visait à un
retour à un excédent du secteur public d'ici 2004 apparaît
obsolète. Le décalage est d'ores et déjà
très significatif : le besoin de financement public était
estimé à - 0,6 point de PIB pour 2002 : il est
prévu à - 1,4 point par le projet de loi de finances pour
2002.
Le non-respect du programme pluriannuel des finances publiques
(en points de PIB)
|
1999 |
2000 |
2001 |
2002 (e) |
Besoin de financement secteur public prévu |
- 1,8 |
- 1,4 |
- 1 |
- 0,6 |
Besoin de financement secteur public effectif |
- 1,6 |
- 1,4 |
- 1,4 |
- 1,4 |
Besoin de financement de l'Etat prévu |
- 2,5 |
- 2,3 |
- 1,9 |
- 1,6 |
Besoin de financement de l'Etat effectif |
- 2,5 |
- 2,4 |
- 2,4 |
- 2,4 |
Besoin de financement du secteur public : prévision/réalisation
(en points de PIB)
Besoin de financement de l'Etat : prévision/réalisation
(en points de PIB)
B. UNE SITUATION BUDGÉTAIRE POUR 2001 GRAVEMENT COMPROMISE EN EXÉCUTION
Le déficit budgétaire en loi de finances initiale et en exécution
(en milliards d'euros)
|
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
2001 |
2002 |
LFI |
43,42 |
39,92 |
36,05 |
32,82 |
28,45 |
30,44 |
Exécution |
40,81 |
37,73 |
31,4 |
29,15 |
32 * |
? |
Différence |
- 2,61 |
- 1,59 |
- 4,65 |
- 3,67 |
+ 3,55 |
|
* Prévision du gouvernement
1. Un retour sur l'exécution 2000 : les « occasions manquées »
Le
budget de 2000 apparaît à bien des égards comme le budget
des « occasions manquées ». Le gouvernement avait en
effet reconnu lors de l'examen de la première loi de finances
rectificative
6(
*
)
un surplus de
7,84 milliards d'euros de recettes fiscales et non fiscales, mais
seulement 7,47 millions d'euros, soit moins de 0,098 % avaient
été affectés à la réduction du
déficit.
De même lors du second collectif budgétaire
7(
*
)
, si la progression des recettes fiscales
s'élevait à 6,19 milliards d'euros, le déficit
n'était au total, finalement, réduit que de 888 millions
d'euros. Il restait alors, dans le projet initial, supérieur en 2000
(- 31,94 milliards d'euros) au niveau exécuté en 1999
(- 31,40 milliards d'euros).
Le solde budgétaire (hors FMI) s'est finalement élevé en
exécution pour 2000 à - 29,13 milliards d'euros
(- 191,05 milliards de francs), soit une amélioration de
3,70 milliards d'euros par rapport à la prévision figurant
en loi de finances initiale pour 2000.
2. 2001 : pour la première fois depuis 1997, le déficit budgétaire s'est accru en exécution
En exécution, le déficit prévu pour 2001 s'accroît de 3,55 milliards d'euros (22,96 milliards de francs) par rapport à la loi de finances initiale pour 2001 et cela pour la première fois depuis le début de l'actuelle législature.
Pour la première fois depuis 1997, le déficit budgétaire « dérape » en exécution.
(en milliards d'euros)
L'exécution budgétaire au 30 septembre 2001
Le niveau du déficit budgétaire
(en
milliards d'euros)
|
|
|
|
Exécution cumulée au 30 septembre 2000 |
|
Exécution cumulée au 30 septembre 2001 |
40,81 |
37,73 |
31,40 |
29,15 |
22,4 |
28,45 |
27,9 |
Le
déficit mesuré au 30 septembre 2001 est :
- supérieur de 5,5 milliards d'euros à celui enregistré
l'année dernière à la même période ;
- très proche du niveau prévu au 31 décembre
2001 : le décalage n'est que de 0,55 milliard d'euros.
Il faut par ailleurs rappeler que le gouvernement a officiellement reconnu un
« dérapage » pour la fin d'année 2001 de 3,55
milliards d'euros (32 milliards d'euros de déficit prévu en
exécution).
C. FAUTE DE RÉFORMES STRUCTURELLES, LA RÉDUCTION DES DÉFICITS BUTE SUR LA DÉGRADATION DE LA CONJONCTURE
1. Un déficit de fonctionnement qui s'accroît à 4,81 milliards d'euros en 2002
Il convient en outre de remarquer que pour la première fois depuis 1997, le déficit de fonctionnement devrait s'accroître d'une année sur l'autre et passer ainsi de 2,27 milliards d'euros (14,89 milliards de francs) à 4,81 milliards d'euros (31,55 milliards d'euros), soit un quasi-doublement (une progression de 16,66 milliards de francs), ce qui montre que l'Etat continue d'emprunter pour régler ses dépenses courantes, ce qui est critiquable au plus haut point.
Un
déficit de fonctionnement qui, pour la première fois depuis 1997,
ne se réduit pas
(en milliards d'euros)
Tableau du budget en actions de fonctionnement et
d'investissement
Section de fonctionnement
(en
milliards d'euros)
|
Dépenses |
|
Recettes |
|||||||||||||
|
LFI 1998 |
LFI 1999 |
LFI 2000 |
LFI 2001 |
PLF 2002 |
|
LFI 1998 |
LFI 1999 |
LFI 2000 |
LFI 2001 |
PLF 2002 |
|||||
1. Charges à caractère général |
9,46 |
9,65 |
10,08 |
10,58 |
11,10 |
1.
Produits de gestion courante
|
20,54 |
24,58 |
26,96 |
28,10 |
34,20 |
|||||
- Matériel et fonctionnement civils |
6,07 |
6,59 |
7,04 |
7,56 |
8,02 |
|
|
|
|
|
|
|||||
- Fonctionnement des armées |
3,39 |
3,06 |
3,04 |
3,02 |
3,08 |
|
|
|
|
|
|
|||||
2. Charges de personnel |
93,11 |
99,41 |
102,78 |
104,33 |
109,13 |
2. Impôts et taxes (recettes fiscales) |
220,77 |
234,00 |
236,48 |
248,82 |
250,40 |
|||||
- RCS civiles |
56,83 |
59,36 |
60,67 |
61,28 |
64,02 |
|
|
|
|
|
|
|||||
- RCS militaires |
12,27 |
12,63 |
12,81 |
12,91 |
13,20 |
|
|
|
|
|
|
|||||
- Pensions civiles et militaires |
24,01 |
27,42 |
29,30 |
30,14 |
31,90 |
|
|
|
|
|
|
|||||
3. Autres charges de gestion courante |
83,43 |
86,62 |
82,55 |
85,79 |
85,24 |
|
|
|
|
|
|
|||||
- Pouvoirs publics |
0,67 |
0,69 |
0,72 |
0,75 |
0,77 |
|
|
|
|
|
|
|||||
- Subventions aux EPA |
8,18 |
7,44 |
7,71 |
8,11 |
8,43 |
|
|
|
|
|
|
|||||
- Interventions |
70,75 |
75,57 |
71,12 |
75,17 |
74,95 |
|
|
|
|
|
|
|||||
- Subventions d'investissement |
0,60 |
2,86 |
2,93 |
2,67 |
2,69 |
|
|
|
|
|
|
|||||
- Garanties (titre I) |
0,24 |
0,23 |
0,19 |
0,16 |
0,16 |
|
|
|
|
|
|
|||||
- Divers (titre I) |
0,29 |
0,30 |
0,34 |
0,32 |
0,23 |
|
|
|
|
|
|
|||||
- CST (hors affectation des recettes de privatisation) |
0,70 |
- 0,47 |
- 0,46 |
- 1,40 |
- 1,98 |
|
|
|
|
|
|
|||||
4. Charges financières |
37,91 |
38,61 |
38,40 |
39,36 |
39,57 |
3. Produits financiers |
3,09 |
3,35 |
3,61 |
3,79 |
3,32 |
|||||
- Charge brute de la dette |
37,91 |
38,61 |
38,40 |
39,36 |
39,57 |
- recettes liées à la dette |
2,11 |
2,44 |
2,62 |
2,82 |
2,72 |
|||||
|
|
|
|
|
|
- intérêts sur prêts du Trésor |
0,98 |
0,91 |
0,99 |
0,97 |
0,60 |
|||||
5. Charges exceptionnelles |
0,0 |
0,0 |
0,0 |
0,0 |
0,0 |
4. Produits exceptionnels |
0,0 |
0,0 |
0,0 |
0,0 |
0,00 |
|||||
6. Dotations aux amortissements et provisions |
0,0 |
0,0 |
0,0 |
0,0 |
0,0 |
5.
Reprises sur amortissements
|
0,0 |
0,0 |
0,0 |
0,0 |
0,00 |
|||||
7. Reversements sur recettes |
35,53 |
37,92 |
40,28 |
42,94 |
47,68 |
|
|
|
|
|
|
|||||
- Prélèvement CEE |
13,95 |
14,48 |
15,02 |
15,17 |
16,87 |
|
|
|
|
|
|
|||||
- Prélèvements collectivités locales |
21,58 |
23,44 |
25,26 |
27,77 |
30,81 |
|
|
|
|
|
|
|||||
|
|
|
|
|
|
Déficit section de fonctionnement |
15,04 |
10,28 |
7,04 |
2,27 |
4,81 |
|||||
Total |
259,44 |
272,21 |
274,09 |
282,99 |
292,72 |
|
259,44 |
272,21 |
274,09 |
282,99 |
292,72 |
Section d'investissement
(en milliards d'euros)
|
Dépenses |
|
Recettes |
||||||||
|
LFI 1998 |
LFI 1999 |
LFI 2000 |
LFI 2001 |
PLF 2002 |
|
LFI 1998 |
LFI 1999 |
LFI 2000 |
LFI 2001 |
2002 |
1. Dépenses d'investissement |
24,26 |
25,69 |
25,72 |
26,17 |
25,65 |
Déficit section de fonctionnement |
- 15,4 |
- 10,28 |
- 7,04 |
- 2,27 |
- 4,81 |
- Equipement civil |
11,91 |
12,58 |
13,07 |
13,45 |
13,26 |
|
|
|
|
|
|
- Equipement militaire |
12,35 |
13,11 |
12,65 |
12,72 |
12,40 |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Cessions d'immobilisations financières |
4,27 |
2,67 |
2,58 |
4,04 |
3,89 |
2. Dépenses opérations financières |
57,66 |
45,87 |
64,63 |
66,09 |
63,71 |
Ressources d'emprunt |
92,69 |
79,17 |
94,81 |
90,49 |
90,27 |
- Remboursements d'emprunts (et autres charges en trésorerie) |
53,39 |
43,20 |
62,05 |
62,05 |
59,81 |
|
|
|
|
|
|
- Participations (dotations en capital) |
4,27 |
2,67 |
2,58 |
4,04 |
3,89 |
|
|
|
|
|
|
- Fonds de provisionnement des charges de retraite et de désendettement de l'Etat |
|
|
|
? |
? |
|
|
|
|
|
|
- Autres immobilisations financières (désendettement) |
0,0 |
0,0 |
0,0 |
0,0 |
|
|
|
|
|
|
|
TOTAL |
81,92 |
71,56 |
90,35 |
92,26 |
89,36 |
|
81,92 |
71,56 |
90,35 |
92,26 |
89,36 |
Source : ministère de l'économie
En 2002,
le gouvernement empruntera 90,27 milliards d'euros (592,13 milliards
de francs) sur les marchés financiers qui serviront pour
59,81 milliards d'euros (392,33 milliards de francs) à
rembourser des emprunts contractés antérieurement pour
25,65 milliards d'euros (168,25 milliards de francs) à
financer des investissements, et pour 4,81 milliards d'euros
(31,55 milliards de francs) à régler des dépenses
courantes.
Il convient par ailleurs de relever que, contrairement à
l'année précédente, aucune ligne consacrée au
« Fonds de provisionnement des charges de retraite et de
désendettement de l'Etat » ne figure plus au sein des
« dépenses opérations financières » de
la section d'investissement
: en poursuivant sa « politique
de la cigale » et suite à l'échec de la
procédure d'attribution des licences UMTS, aucun bénéfice
en terme de désendettement de l'Etat ne semble plus en être
attendu (le produit escompté en 2001 s'élevait pourtant à
4,95 milliards d'euros soit 32,5 milliards de francs). En outre,
ainsi que la secrétaire d'Etat au budget l'a elle-même
souligné, les engagements au titre des charges de retraite des
fonctionnaires de l'Etat représentent entre 595 et 685 milliards
d'euros (entre 3.900 et 4.500 milliards de francs). Or, cet engagement
« hors-bilan » ne fait l'objet nulle part dans le budget de
l'Etat d'un quelconque provisionnement.
Affectation des 90,27 milliards d'euros empruntés
sur les marchés financiers en 2002
2. Les deux tiers de l'amélioration relative des déficits publics entre 1997 et 2002 sont dus à la conjoncture
La persistance d'un déficit structurel important montre que les charges de structure restent trop lourdes et que le secteur public vit « au-dessus de ses moyens ».
La détermination du solde structurel et du solde conjoncturel
Le solde
des administrations publiques fluctue avec la position de l'économie
dans le cycle. On observe un déficit de recettes et un surplus de
dépenses (notamment celles qui sont liées à
l'indemnisation du chômage) lorsque le PIB est inférieur à
son niveau potentiel, et à l'inverse un surplus de recettes et une
diminution des dépenses quant il lui est supérieur.
Le solde
des administrations publiques corrigé des effets de la conjoncture est
appelé « solde structurel ». La partie du solde
effectif qui fluctue avec la conjoncture est qualifiée de
conjoncturelle.
Les évolutions qui affectent le solde structurel des administrations
publiques reflètent la politique économique menée.
L'amélioration du solde structurel traduit soit le ralentissement des
dépenses par rapport au PIB, soit l'augmentation durable des
recettes.
L'évaluation du solde structurel repose sur la définition d'un
taux de croissance « potentiel » de l'économie
française. Ce dernier est actuellement évalué à
environ 2,5 % par an. Plusieurs facteurs -enrichissement de la croissance
en emploi, diffusion des nouvelles technologies, ampleur des mesures
d'allégements d'impôts- pourraient être de nature à
élever le potentiel de croissance de l'économie française.
Dans cette perspective, le solde structurel se trouverait réduit par
rapport aux évaluations courantes.
Source : rapport économique, social et financier pour 2002
Dans le rapport préparatoire au débat d'orientation
budgétaire pour 2002, le gouvernement indiquait que
l'amélioration du solde des administrations publiques entre 1997 et 2002
tient pour «
un peu moins des deux tiers au regain de croissance
économique et pour un peu plus d'un tiers à des facteurs
structurels
».
Selon les informations complémentaires figurant dans le rapport
économique, social et financier annexé au présent projet
de loi de finances, le niveau du déficit structurel des administrations
publiques ne devrait que peu évoluer entre 1999 et 2002 et même
s'aggraver passant de 1,3 % de PIB à 1,4 % à l'issue de
la période. Pendant le même temps le solde conjoncturel
s'améliorerait passant d'un déficit de - 0,3 point de PIB
à un excédent de + 0,5 point de PIB tel que le gouvernement
le prévoyait initialement en juin 2001
8(
*
)
.
Cela montre bien que l'amélioration des
déficits publics résulte pour l'essentiel de causes
exogènes, et non de la politique suivie par le gouvernement.
Evolution du solde conjoncturel /solde structurel des administrations publiques (hors UMTS)
(en
points de PIB)
|
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
2001 |
2002 |
Solde structurel |
- 2,2 |
- 1,9 |
- 1,3 |
- 1,5 |
- 1,4 |
- 1,4 |
Solde conjoncturel |
- 1,3* |
- 0,8 |
- 0,3 |
+ 0,1 |
0 |
0 |
Solde total |
- 3,5 |
- 2,7 |
- 1,6 |
- 1,4 |
- 1,4 |
- 1,4 |
* non
compris 0,5 point au titre de la soulte France Telecom
Source : rapport préparatoire au DOB 2002
complété
par le rapport économique, social et
financier pour 2002
Une réduction des déficits publics due pour les 2/3 à la conjoncture
(en points de PIB)
Par ailleurs, on observe une situation similaire s'agissant du seul budget
de l'Etat et cela depuis 1998
: le solde structurel n'a
été amélioré que de 0,2 point de PIB passant
de - 2,6 % à - 2,4 % tandis que le solde global
était lui réduit de 0,6 point de PIB passant de
- 3,0 % à - 2,4 %.
L'amélioration relative
du besoin de financement de l'Etat sur la période 1998-2002 provient
donc bien, pour les 2/3, de l'amélioration de la conjoncture et non de
réformes de structure.
3. L'Etat reste toujours la seule collectivité publique déficitaire
Capacité ou besoin de financement au sens de Maastricht
(en
points de PIB)
|
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
2001 |
2002 |
Etat |
- 3,6 |
- 3,0 |
- 2,5 |
- 2,4 |
- 2,4 |
- 2,4 |
Sécurité sociale |
- 0,4 |
- 0,1 |
+ 0,2 |
+ 0,6 |
+ 0,4 |
+ 0,5 |
ODAC |
+ 0,7 |
+ 0,1 |
+ 0,2 |
+ 0,2 |
+ 0,2 |
+ 0,2 |
Collectivités locales |
+ 0,2 |
+ 0,3 |
+ 0,4 |
+ 0,3 |
+ 0,4 |
+ 0,3 |
Depuis 1999, l'Etat est la seule collectivité publique déficitaire. Il présente ainsi un besoin de financement pérenne d'un niveau toujours très important et qui ne se réduit pas : sur la période 1999-2002, il n'aura ainsi diminué que de 0,1 point de PIB.
Evolution du déficit par catégorie d'administrations publiques entre 1997 et 2002
(en points de PIB)
D. UNE DETTE DE L'ÉTAT TOUJOURS EN PROGRESSION
La part de la dette publique dans le PIB a été stabilisée et commence même à décroître à partir de 1999. Au sein de celle-ci, il convient cependant de relever que la progression rapide de ces dernières années est pour l'essentiel imputable à l'Etat et que, au demeurant, ne sont pas retracés les engagements « hors bilan » de l'Etat au premier rang desquels figurent les engagements au titre des retraites des fonctionnaires.
La
dynamique de la dette publique (hors UMTS)
|
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
2001 |
2002 |
Part de la dette dans le PIB (en %) |
57,1 |
59,3 |
59,5 |
58,5 |
57,6 |
57,1 |
56,3 |
Coût apparent de la dette (en %) |
7,4 |
6,7 |
6,3 |
5,8 |
5,8 |
5,9 |
5,8 |
Solde primaire effectif (en point de PIB) |
- 0,2 |
0,7 |
0,9 |
1,7 |
1,9 |
1,8 |
1,8 |
Solde primaire stabilisant (en point de PIB) |
2,6 |
1,9 |
1,1 |
1,4 |
1,0 |
1,1 |
0,8 |
Charges de la dette (en points de PIB) |
3,9 |
3,7 |
3,6 |
3,3 |
3,3 |
3,2 |
3,2 |
Solde effectif (en point de PIB) |
- 4,2 |
- 3,0 |
- 2,7 |
- 1,6 |
- 1,4 |
- 1,4 |
- 1,4 |
Solde stabilisant (en point de PIB) |
- 1,4 |
- 1,8 |
- 2,5 |
- 2,0 |
- 2,3 |
- 2,2 |
- 2,3 |
Source : rapport économique, social et
financier pour
2002
Cette situation est d'autant plus préoccupante que l'endettement
directement issu des déficits publics antérieurs acquiert une
dynamique autonome très difficile à maîtriser (effet
« boule de neige »).
Le
« carré budgétaire » : évolution
du déficit public et de la dette publique
entre 1992 et 2002
(en points de PIB)
Solde stabilisant de la dette publique
La dette
des administrations publiques s'accroît sous l'effet d'un processus
auto-entretenu : la charge d'intérêt qu'elle
génère conduit à augmenter le déficit
budgétaire. Le financement du déficit par l'emprunt augmente
l'encours de dette, ce qui se traduit par une nouvelle progression des charges
d'intérêt.
Quand le taux d'intérêt réel moyen de la dette est
supérieur au taux de croissance de l'économie, la stabilisation
de l'endettement, en part de PIB, suppose que le budget dégage un
excédent primaire. Ceci signifie que les recettes doivent
excéder les dépenses hors charges d'intérêt.
L'excédent primaire doit être d'autant plus
élevé que l'encours de la dette est important et que les taux
d'intérêt sont élevés par rapport au taux de
croissance. Formellement, à encours de dette et taux
d'intérêt donnés, il existe un excédent primaire qui
conduit à stabiliser la part de la dette dans le PIB.
Cet
excédent primaire, que l'on qualifie de stabilisant, dépend de la
croissance nominale du PIB
. Il est d'autant plus faible que la croissance
est forte (avec une croissance nulle, cet excédent serait strictement
égal à la charge d'intérêt).
Source : rapport économique, social et financier pour 2002
1. Le solde primaire de l'Etat se dégrade en 2002 de 1,7 milliard d'euros
Solde primaire du budget de l'Etat
(en milliards d'euros)
|
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
LFI 2001 |
PLF 2002 |
Montant du solde en exécution* |
- 34,5 |
- 48,11 |
- 45,60 |
- 49,24 |
- 45,03 |
- 40,81 |
- 37,73 |
- 31,40 |
- 32,82 |
- 28,44 |
- 30,44 |
Charge nette de la dette |
23,95 |
24,32 |
28,29 |
31,37 |
33,46 |
33,92 |
34,76 |
34,71 |
35,69 |
36,54 |
36,84 |
Solde primaire (A + B) |
- 10,55 |
- 23,80 |
- 17,30 |
- 17,87 |
- 11,57 |
- 6,89 |
- 2,97 |
+ 3,31 |
+ 6,54 |
+ 8,10 |
+ 6,4 |
* Solde général des opérations définitives et temporaires, hors opérations avec le FMI et le fonds de stabilisation des changes
Evolution du déficit budgétaire et du solde primaire (hors privatisations)
(en milliards d'euros)
Seule
collectivité publique durablement déficitaire pour des montants
significatifs, toujours proches de 32 milliards d'euros
(209,91 milliards de francs), l'Etat est cependant revenu depuis 1999
à une situation d'excédent primaire
9(
*
)
, et ce pour la première fois depuis 1991.
Néanmoins, en 2002, pour la première fois depuis le début
de la législature, l'amélioration du solde primaire va
connaître un coup d'arrêt : l'excédent primaire va
baisser de 1,7 milliard d'euros (11,15 milliards de francs) et
devrait donc retrouver en 2002 son niveau de 2000.
Par ailleurs, on constate que si la progression de la charge brute de la dette
de l'Etat se ralentit quelque peu en 2002, elle représentera toujours
39,6 milliards d'euros (+ 196 millions d'euros par rapport à 2001)
soit 14,7 % du total des dépenses du budget général.
Or ces charges dépendent non seulement du stock de dette
(« l'effet volume ») mais également du niveau des
taux d'intérêt (« effet prix »). Si l'Etat
peut bénéficier de la réduction significative du niveau
des taux d'intérêt ainsi que des effets d'une politique plus
active de la gestion de son endettement, le volume global de la dette de l'Etat
continue toujours à s'accroître très notablement sous
l'effet des déficits passés et présent cumulés.
Evolution de la charge brute de la dette de l'Etat en valeur absolue et en valeur relative depuis 1992
(en milliards d'euros)
|
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
2001 |
PLF 2002 |
Charges brutes de la dette |
23.500 |
25.903 |
31.857 |
32.947 |
37.082 |
38.201 |
37.907 |
36.608 |
38.397 |
39.360 |
39.556 |
Total du budget général |
201.516 |
208.845 |
221.580 |
226.776 |
237.544 |
241.174 |
243.992 |
257.115 |
256.423 |
263.721 |
268.735 |
Poids relatif des charges brutes de la dette dans le budget général |
11,66 |
12,40 |
14,38 |
14,53 |
15,61 |
15,84 |
15,54 |
14,24 |
14,97 |
14,92 |
14,72 |
2. La dette négociable de l'Etat augmente de 171,2 milliards d'euros sur 1997-2002
Structure de la dette publique au sens du traité de Maastricht (1)
(en milliards d'euros et en points de PIB)
|
Administrations |
Sous-secteurs |
|||
Années |
publiques |
Etat |
Organismes divers d'administration centrale |
Administrations publiques locales |
Administrations de sécurité sociale |
2000 |
809,2 |
642,4 |
51,0 |
101,8 |
12,4 |
en points de PIB, en % |
|||||
1995 |
54,6 |
40,2 |
2,8 |
8,9 |
2,8 |
1996 |
57,1 |
42,5 |
4,2 |
8,8 |
1,6 |
1997 |
59,3 |
44,2 |
4,6 |
8,5 |
2,0 |
1998 |
59,5 |
46,0 |
4,3 |
8,2 |
1,1 |
1999 |
58,5 |
46,1 |
3,8 |
7,8 |
0,9 |
2000 |
57,6 |
45,7 |
3,6 |
7,4 |
0,9 |
Sources : INSEE bases 1980 et 1995 des Comptes nationaux ; Banque de France ; calculs direction de la prévision avant 1995
(1) La
dette au sens de Maastricht est la dette de l'ensemble des administrations
publiques au sens de la comptabilité nationale à trois
niveaux : il s'agit d'une dette consolidée, exprimée en
valeur nominale et elle exclut certaines formes d'endettement (crédits
commerciaux, décalages comptables).
Le poids de l'ensemble de la dette publique dans le PIB a diminué en
2000 de 0,9 point et ce après une diminution d'un point en 1999. Selon
les informations fournies par le gouvernement ce mouvement devrait se
poursuivre en 2001 et 2002 conformément au tableau ci-dessous :
Evolution de la dette brute des administrations publiques
(en points de PIB)
|
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
2001 |
2002 |
Ratio d'endettement y.c. UMTS |
59,3 |
59,5 |
58,5 |
57,6 |
56,9 |
56,0 |
Ratio d'endettement hors UMTS |
59,3 |
59,5 |
58,5 |
57,6 |
57,1 |
56,3 |
S'agissant de la dette de l'Etat 10( * ) , stricto sensu , on doit relever que pour la première fois en 2000 son poids relatif dans le PIB a décru de 0,4 point, expliquant ainsi, pour une part seulement, la baisse du poids de l'ensemble de la dette publique. Néanmoins la dette de l'Etat augmente toujours significativement en valeur absolue à la différence de celle des autres collectivités publiques.
L'encours de la dette des collectivités publiques
(autres
que l'Etat) au sens de Maastricht
entre 1995 et 2000
(en milliards d'euros)
La persistance d'un niveau élevé de déficit budgétaire (32 milliards d'euros - 209,9 milliards de francs - pour 2001 selon les chiffres fournis par le gouvernement) contribuera encore à accroître le poids de la dette de l'Etat 11( * ) . Cet accroissement est particulièrement significatif s'agissant de la dette négociable de l'Etat qui représente près de 90 % de la dette totale de l'Etat : elle augmentera de 32,72 milliards d'euros (214,63 milliards de francs) en 2001 et de 37 milliards d'euros (242,70 milliards de francs) en 2002.
Evolution de la dette totale de l'Etat
(en milliards d'euros)
|
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
2001 (p) |
2002 (p) |
Dette négociable |
270,85 |
325,11 |
378,13 |
430,77 |
474,33 |
514,82 |
560,20 |
583,92 |
616,28 |
649 |
686 |
Dette non négociable |
51,02 |
50,03 |
6.466 |
64,89 |
65,56 |
62,72 |
52,97 |
70,45 |
67,18 |
- |
- |
Dette totale de l'Etat |
321,87 |
375,14 |
442,79 |
495,65 |
539,89 |
577,53 |
613,17 |
654,37 |
699,11 |
- |
- |
Source : direction du trésor
L'explosion de la dette négociable de l'Etat :
+ 171,2 milliards d'euros
entre 1997 et 2002
(en milliards d'euros)
Ainsi au total entre 1997 et 2002, la croissance de la dette négociable
de l'Etat aura été de 171,18 milliards d'euros
(1.122,87 milliards de francs), soit une progression de 33,25 %.
III. LE RELÂCHEMENT DE LA CONTRAINTE SUR LES DÉPENSES DES ADMINISTRATIONS PUBLIQUES
A. LA RÉVISION À LA HAUSSE DE L'OBJECTIF DE DÉPENSES PUBLIQUES
1. Une progression de 4,5 % en volume sur 2002-2004
Le
programme pluriannuel de finances publiques pour la période 2002-2004
repose notamment sur la définition d'un objectif de progression des
dépenses de l'ensemble des administrations publiques.
Ces
dépenses progresseraient de 4,5 % en volume sur la période, soit
1,5 % par an.
Si le gouvernement, dans le programme de stabilité qu'il a
présenté en décembre 2000 aux instances communautaires,
indique que «
l'actualisation de la programmation pluriannuelle
[...]
confirme le choix d'une évolution maîtrisée
des dépenses publiques
», il n'en pas moins vrai que
«
cette évolution est légèrement plus
rapide que celle retenue dans la programmation
précédente
».
Le tableau ci-dessous illustre le relâchement de la contrainte sur les
dépenses des administrations publiques :
Croissance cumulée des dépenses en volume entre 2002 et 2004
|
Programmation 2001-2003 |
Programmation 2002-2004 |
Écart |
Administrations publiques |
4,0 % |
4,5 % |
+ 0,5 pt |
Etat (en comptabilité budgétaire) |
1,0 % |
1,0 % |
- |
Administrations sociales |
4,2 % |
4,8 % |
+ 0,6 pt |
- dont maladie |
4,5 % |
5,5 % |
+ 1 pt |
- dont retraites |
5,8 % |
5,8 % |
- |
Administrations publiques locales |
5,8 % |
5,2 % |
- 0,6 pt |
Source : programmes pluriannuels de finances publiques
2. Une dérive au fil des ans
Le
programme 2001-2003 supposait une augmentation de 1,3 % par an, et le
programme 2000-2002 prévoyait une hausse de 1 % par an en volume.
Il y a donc, au fil des programmes pluriannuels, un relâchement de la
contrainte pesant sur l'évolution des dépenses, alors que le
gouvernement ne cesse de proclamer que la « progression
maîtrisée » de la dépense constitue la base de sa
stratégie budgétaire.
La plus forte croissance programmée des dépenses résulte
de
l'absence de maîtrise
des dépenses des
administrations de sécurité sociale
, dont la progression est
portée de 4,2 % à 4,8 % sur la période,
des
dépenses de santé en particulier
, dont l'évolution est
révisée de 1 point à la hausse en un an, passant de 4,5 %
à 5,5 %.
B. LA RÉDUCTION DU POIDS DES DÉPENSES PUBLIQUES DANS LE PIB COMPROMISE
1. Les doutes de votre commission des finances
Le
gouvernement, dans le même document, affirme que «
la
maîtrise des dépenses des administrations publiques permet de
réduire leur poids dans le PIB
», précisant que
«
la baisse du poids des dépenses publiques dans le PIB
serait de 1,5 à 2,3 points de PIB sur trois ans
suivant le
scénario de croissance
», ce dernier reposant, dans les
prévisions du gouvernement, sur une croissance de 3 % qui est loin
d'être certaine. Il convient de rappeler que, dans le programme de
stabilité précédent, le poids des dépenses des
administrations publiques dans le PIB devait se réduire de 2,6 points.
Le graphique ci-après retrace l'évolution de la part des
dépenses dans le PIB pour chacun des sous-secteurs des administrations
publiques :
Évolution des dépenses d'administrations
publiques
de 1998 à 2004
Scénario de croissance à 3 %
(en points de PIB)
Source : programme pluriannuel de finances publiques
Il convient pourtant de s'interroger sur la capacité du gouvernement à respecter ses engagements, non seulement en raison des incertitudes qui pèsent sur la croissance mais également du fait de la révision à la hausse, année après année, des programmations pluriannuelles.
2. Des comparaisons internationales défavorables à la France
Si le gouvernement se targue de faire passer le niveau des dépenses publiques en-dessous de 50 % du PIB, en 2004, il convient néanmoins de rappeler que l'Italie, longtemps considérée comme le mauvais élève de l'Union européenne en matière de finances publiques, est passé sous cette barre depuis 1997, et que la majorité de nos principaux partenaires ne l'a de toute façon jamais franchie , comme le montre le graphique ci-après :
Évolution des dépenses publiques
(en points de PIB)
Source : OCDE (Insee pour la France)
*Estimation OCDE
IV. LE PROJET DE LOI DE FINANCES POUR 2002 PREND ACTE DE L'ABSENCE DE MAÎTRISE DES DÉPENSES DE L'ÉTAT
Dans le
rapport économique, social et financier annexé au présent
projet de loi de finances, le gouvernement présente son objectif en
matière de dépenses de la façon suivante :
«
le financement des priorités du gouvernement reste
assuré dans le cadre d'une maîtrise globale des dépenses de
l'Etat
». Il précise : «
le cadrage des
dépenses pour 2002 s'inscrit dans le cadre d'une maîtrise
raisonnable des dépenses de l'Etat
».
Ces formulations, pour votre commission, mettent en évidence le
caractère paradoxal
du volet dépenses
du
présent projet de loi de finances :
- le gouvernement entend, légitimement, financer ses
priorités ;
- ce financement sera réalisé dans le respect de la
maîtrise des dépenses mais d'une maîtrise
« globale » et « raisonnable »,
c'est-à-dire que
l'évolution des dépenses de l'Etat ne
constitue plus une véritable priorité pour le gouvernement
,
puisqu'il pourrait se satisfaire de quelques accommodements avec le
caractère maîtrisé des dépenses, si des motifs
« raisonnables » l'exigent ;
- or, les priorités gouvernementales sont excessivement coûteuses
et donc peu accessibles à la maîtrise.
En réalité, le volet dépenses du présent projet
de loi de finances s'inscrit dans la continuité d'une forte propension
à dépenser, tout en étant motivé par des
considérations pré-électorales.
A. UNE NORME DE PROGRESSION DES DÉPENSES POUR 2002 PEU CRÉDIBLE
Alors que le gouvernement entend « faire une pause » dans la réduction des déficits, s'affranchissant ainsi des dispositions du Pacte de stabilité et de croissance 12( * ) , et qu'il met l'accent sur le respect de la norme de progression des dépenses, il a délibérément choisi de présenter cette dernière à la hausse.
1. Un objectif d'évolution des dépenses de l'État plus lâche en 2002
a) Une exécution budgétaire 2001 défavorable
En 2001,
la progression des dépenses de l'Etat devait s'établir à
0,3 % en volume, soit + 1,5 % en valeur.
Or,
l'évolution des dépenses de l'Etat en 2001 participe
à la dégradation du solde budgétaire en 2001
, comme en
témoigne l'analyse des situations mensuelles :
Situation mensuelle budgétaire :
les
dépenses à la fin du mois de janvier à septembre, en 1999,
2000 et 2001
(en milliards d'euros cumulés)
Source : ministère de l'économie
Ces résultats évoluent donc dans un sens clairement défavorable : au 30 septembre, les dépenses du budget général atteignent 191,5 milliards d'euros (1.256,2 milliards de francs), au lieu de 185,1 milliards d'euros (1.214,2 milliards de francs) à la même date, l'année précédente, soit une hausse de + 3,5 %, à rapprocher de l'objectif d'une progression de 1,5 % en valeur sur l'année.
b) La norme retenue pour 2002 prend donc acte de cette incapacité à respecter un objectif d'évolution des dépenses « modéré »
L'absence de maîtrise des dépenses qui peut
être
constatée en 2001 a conduit le Premier ministre, dans sa lettre de
cadrage datée du 13 avril dernier, à fixer une
norme de
progression des dépenses de l'Etat de
0,5 % en volume
(2 % en valeur, compte tenu d'une prévision d'inflation de 1,5 %),
soit environ 5,2 milliards d'euros (34,1 milliards de francs)
supplémentaires à structure constante, ce qui correspond à
la moitié, sur une seule année, de l'objectif triennal
d'augmentation des dépenses de l'Etat en volume (+ 1 % dans la
programmation 2002-2004).
Le montant brut des dépenses du budget général
s'élève à 331,4 milliards d'euros (2.173,8 milliards
de francs), dont il convient de retrancher les remboursements et
dégrèvements d'impôts ainsi que les recettes en
atténuation des charges de la dette pour en obtenir le montant net :
Passage des dépenses brutes aux dépenses
nettes
dans le projet de loi de finances pour 2002
(en
milliards d'euros)
Montant brut des dépenses du budget
général
|
331,4
|
Dépenses nettes du budget général |
266,0 |
Source : ministère de l'économie
Ce montant de 266,0 milliards d'euros tient compte de changements de
périmètre, toutefois limités dans le projet de loi de
finances pour 2002, puisqu'ils portent sur un montant de - 99,3 millions
d'euros (651,4 millions de francs), contre + 2,4 milliards d'euros
(15,5 milliards de francs) dans le projet de loi de finances pour 2001.
Le tableau suivant présente les modifications prévues en
2002 :
Passage des dépenses brutes aux dépenses
nettes
dans le projet de loi de finances pour 2002
(en
millions d'euros)
Dépenses |
||||||
Budget |
Objet |
Fonds
de
|
Suppression
|
Suppression
|
Relations
|
Relations
|
Justice |
Frais
d'état civil et d'abonnement
|
|
|
|
-1,3 |
|
Emploi |
Exonérations spécifiques contrat
|
|
|
|
|
- 68,6 |
Economie |
Frais des
conservateurs
|
+ 4,3 |
|
|
|
|
Agriculture |
Haras nationaux |
|
+ 31,9 |
|
|
|
Santé et
|
Stages
hospitaliers des médecins
|
|
|
|
|
- 35,4 |
Ecoles
publiques de formation
|
|
|
|
|
- 25,6 |
|
Divers budgets |
Transfert
de compétences
|
|
|
|
-4,6 |
|
+ 4,3 |
+ 31,9 |
|
- 5,9 |
- 129,6 |
||
Totaux |
-99,3 millions d'euros |
Ces
modifications résultent de plusieurs opérations de nature
différente :
- la rebudgétisation de la subvention aux Haras nationaux,
consécutive à la suppression du compte d'affectation
spéciale n° 902-19 « Fonds national des haras et des
activités hippiques », accroît les dépenses du
budget de l'Etat de 31,9 millions d'euros (209,3 millions de
francs) ;
- de même, la rebudgétisation, sur le budget du ministère
de l'économie, des finances et de l'industrie, des frais des
conservateurs des hypothèques entraîne l'accroissement du budget
général de 4,3 millions d'euros (28,2 millions de francs) ;
- en sens inverse, divers mouvements viennent réduire le montant des
dépenses de l'Etat de 135,5 millions d'euros (888,8 millions de
francs) : 68,6 millions d'euros au titre de la suppression des
exonérations spécifiques des contrats initiative-emploi (CIE) et
des contrats de qualification-adultes, avec transferts de charges au fonds de
financement de la réforme des cotisations patronales de
sécurité sociale (FOREC) ; le transfert du financement des
indemnités de stages extrahospitaliers des médecins
résidents, pour 35,4 millions d'euros et celui des écoles
publiques de formation paramédicale, pour 25,6 millions
d'euros ; 4,6 millions d'euros suite au transfert de
compétences à la Corse ; 1,3 million d'euros, au titre
du transfert des frais d'état civil et d'abonnement au Journal officiel.
Ainsi, les dépenses du budget général passeront de
260,9 milliards d'euros (1.711,4 milliards de francs) en 2001
à
266 milliards d'euros
(1.744,9 milliards de francs)
en 2002
, et, à structure constante 1998, de 254,4 milliards
d'euros (1.668,8 milliards de francs) à 259,6 milliards
d'euros (1.702,9 milliards de francs).
Compte tenu de l'excédent de 2 milliards d'euros (13,1 milliards de
francs) dégagé par les comptes spéciaux du Trésor,
les charges budgétaires nettes totales s'élèveront
à 264 milliards d'euros
(1.731,7 milliards de francs)
en 2002
.
Le tableau ci-dessous retrace l'évolution, à structure constante,
des dépenses entre 2000 et 2002 :
2. De fortes interrogations quant au respect de cette norme de progression des dépenses
Il
convient de s'interroger sur la crédibilité de cette norme de
progression des dépenses.
Elle avait, en effet, été initialement prévue à
0,3 % : l'arbitrage du Premier ministre semble tirer les
conséquences de l'extrême difficulté du gouvernement
à maîtriser l'évolution des dépenses, tant dans le
passé que dans l'exercice en cours.
Du reste, le gouvernement n'a jamais respecté, par le passé, la
norme de progression des dépenses qu'il s'était fixée,
comme le montre le graphique ci-dessous :
Si le gouvernement paraît avoir atteint son objectif en matière de dépenses en 2000, il convient d'apprécier cet affichage à l'aune des observations qu'a faites la Cour des comptes dans son rapport relatif à l'exécution des lois de finances pour 2000.
Les réserves de la Cour des comptes sur la présentation par le gouvernement de la norme de progression des dépenses de l'Etat en 2000
Dans son
rapport préliminaire relatif à l'exécution des lois de
finances pour 2000, la Cour indique que «
la hausse moyenne des
prix ayant été de 1,6 %, la progression des dépenses
brutes du budget général, soit 1,6 % en valeur, correspond
à une stabilité en volume
», et que
«
dans la présentation faite par le MINEFI
13(
*
)
, le calcul d'un montant de dépenses nettes
conduit au même résultat
».
Ainsi, pour la première fois depuis 1998, le gouvernement aurait
respecté la norme de progression des dépenses de l'Etat qu'il
avait annoncée en loi de finances initiale.
Toutefois, la Cour des comptes, par ses trois observations, apporte de
sérieux tempéraments à cette présentation faite par
le ministère de l'économie, des finances et de
l'industrie :
- elle s'interroge sur les recettes relatives à la dette, puisqu'il est
procédé à une contraction entre des recettes et des
dépenses, qui, le plus souvent, n'ont pas lieu au cours des mêmes
exercices ;
- surtout, elle «
note que c'est grâce à l'inflation
que le résultat de 0 % en volume a pu être
affiché
», le taux d'inflation constaté en
exécution, soit 1,6 %, étant « moins bon »
que celui annoncé en loi de finances initiale, soit 0,9 % ;
- enfin, elle pose la question de la sincérité de la
présentation retenue par le ministère : «
les
résultats peuvent être présentés de
différentes manières, relativement techniques, avec des
« ajustements » divers et variés, qui peuvent
alimenter, au plan interne, le débat récurrent sur
l'opacité des comptes de l'Etat, consolidés ou
non
», la Cour déplorant «
l'absence
dommageable d'un « référentiel » de normes
comptables applicables à l'Etat, qu'il paraît impératif
d'élaborer sans délai
».
Plus généralement, elle note que «
la lenteur de
l'amélioration
[de la situation budgétaire]
s'explique
aussi par des dépenses de l'Etat qui résistent à la
baisse
», et souligne «
la difficulté
à diminuer structurellement les dépenses de
l'Etat
».
Le respect de l'engagement fixé pour 2002 obligerait le gouvernement
à ne pas dépenser davantage en 2003 et 2004 qu'en 2002 !
Le gouvernement manque donc, une fois de plus, de sincérité
lorsqu'il écrit, dans le dossier de presse de présentation du
projet de loi de finances pour 2002, que «
la dépense
globale de l'Etat est maîtrisée, avec une norme d'évolution
de 0,5 % en volume pour l'année 2002 comparable aux années
précédentes
».
En effet, les normes d'évolution des années
précédentes étaient les suivantes :
- 1998 : stabilisation en volume ;
- 1999 : progression de 1 % en volume ;
- 2000 : stabilisation en volume ;
- 2001 : progression de 0,3 % en volume.
Si l'on retient l'hypothèse que le gouvernement alternait jusqu'à
présent stabilisation et légère progression des
dépenses,
l'année 2002 constitue une rupture puisque les
dépenses augmenteront également, et que leur progression à
venir est même déjà programmée !
B. LES PRIORITÉS DU GOUVERNEMENT : DES AFFICHAGES POLITIQUES À RELATIVISER
1. La priorité donnée aux budgets civils
Le
présent projet de loi de finances pour 2002 met en avant, comme les
années passées, pas moins de
six priorités
:
- l'environnement : + 6,3 % ;
- la justice : + 5,7 % ;
- la sécurité : + 4,5 % ;
- l'éducation : + 3,8 % ;
- la culture : + 2,1 % ;
- l'emploi : - 1,4 % !
Ces priorités, sur l'ensemble de la législature, ont
évolué de la manière suivante :
Evolution des budgets prioritaires depuis 1997
(en milliards d'euros)
En réalité, il convient de relativiser ces
priorités.
Depuis 1997, le budget de l'environnement est celui qui a connu la plus forte
progression, soit + 58 %. Pourtant, le montant de ses dotations est
relativement modique, puisqu'elles représentent moins de 0,3 % des
dépenses de l'Etat en 2002. Elles sont toutefois probablement encore
trop importantes, puisque le ministère ne parvient pas à les
utiliser, la Cour des comptes ayant insisté sur la faiblesse de leur
taux de consommation
14(
*
)
.
En revanche, le budget de l'éducation nationale a progressé de 19
% sur la législature, mais de 9 milliards d'euros (59 milliards de
francs), ce qui représente 56,3 % du total de l'augmentation des
dotations allouées aux secteurs prioritaires. Or, il s'agit, pour
l'essentiel, de crédits de rémunérations.
A l'inverse, les budgets de la justice et de l'intérieur ont
progressé de façon sensible sur la période, respectivement
+ 25 % et + 14 %, mais n'ont augmenté chacun que de 1 milliard d'euros
(6,6 milliards de francs) en valeur. La croissance des crédits de
l'intérieur est du reste la plus faible des budgets
« prioritaires ».
En d'autres termes, lorsque l'Etat a pu consacrer depuis 1997 près de
9,15 milliards d'euros (60 milliards de francs) supplémentaires
pour le personnel de l'éducation nationale, il n'en a
dégagé que 1,98 milliard d'euros (13 milliards de
francs) de plus pour la justice et la sécurité
cumulés !
Enfin, si l'emploi reste la « priorité n° 1 »
du gouvernement , ce dernier, une fois encore, a décidé de
diminuer les crédits qui lui sont alloués en 2002. Il a donc
tablé sur la poursuite de la baisse du chômage, ou tout au moins
sur sa stabilisation, alors que le nombre des chômeurs augmente de
façon continue depuis le mois de mai dernier (+ 77.800 chômeurs en
cinq mois), et que les conséquences de la conjoncture actuelle sur
l'emploi seront probablement globalement défavorables.
C'est sans doute la Cour des comptes qui, dans son rapport sur
l'exécution des lois de finances pour 2000, a le mieux
résumé l'appréciation qu'il convient de porter sur les
priorités du gouvernement : «
les affichages actuels
manquent de vraisemblance
».
2. Une impasse lourde sur la défense
Le
budget 2002 ne fait que confirmer une tendance lourde constatée sur
l'ensemble de la législature : le sacrifice des dépenses
d'équipement militaire et la régression de l'aide au
développement.
Une telle dérive, si peu cohérente d'ailleurs avec le discours
tenu, risque de placer la France en bien médiocre position face aux
enjeux que les attentats du 11 septembre viennent d'illustrer si gravement.
Le budget de la défense pour 2002 s'élève à
37,6 milliards d'euros (247 milliards de francs), soit un montant
hors pensions de 28,9 milliards d'euros (189 milliards de francs).
Par rapport au budget voté 2001, l'évolution stagne à
0,2 % en francs courants, contre 2,5 % pour l'ensemble des budgets
civils : le budget militaire reste le parent pauvre, ou plutôt la
variable d'ajustement favorite de l'équilibre du budget
général.
a) Le sacrifice des dépenses d'équipement militaire et d'entretien courant
Pour
2002
,
la priorité du budget militaire est « la
condition militaire »
. De fait, le titre III progresse de
2,3 %, soit un taux néanmoins inférieur de moitié
à celui des budgets civils : + 5,1 %.
En 2002, les dépenses d'équipement militaire font donc, plus
que jamais, les frais de l'ajustement budgétaire.
A
12,4 milliards d'euros (81,4 milliards de francs),
les
crédits demandés diminuent de 2,5 % par rapport à 2001
(les dépenses d'investissement civil ne diminuent, elles,
« que » de 1,7 %).
En 2002,
le budget militaire représentera le cinquième poste de
dépenses de l'Etat, moins de 11 % du budget général,
et moins de 2 % du PIB. Depuis 1996, la part de l'effort de défense
dans le budget de l'Etat aura diminué de 1,4 point (5 points
depuis 1980) et la part de l'effort de défense dans le PIB de
0,5 point (2 points depuis 1980).
En réalité, le budget 2002 ne fait que confirmer une tendance
constamment renforcée au cours de l'actuelle législature.
Depuis 1992, la structure du budget militaire s'est radicalement
modifiée, avec
une inversion absolue du poids relatif des
crédits de fonctionnement et des dépenses d'équipement
.
Évolution des dépenses militaires
(en milliards d'euros)
|
1992 |
1995 |
2000 |
2001 |
2002 |
Titre III |
14,08 |
15,14 |
16,01 |
16,09 |
16,46 |
Titres V et VI |
15,69 |
14,47 |
12,65 |
12,72 |
12,39 |
De
façon constante sur la législature, les dépenses du
titre III ont été privilégiées au
détriment des dépenses d'équipement du titre V, qui ont
systématiquement servi de variable d'ajustement budgétaire, tant
en loi de finances initiale qu'en exécution budgétaire.
Le mouvement est accentué en effet par les conditions d'exécution
budgétaire, qui se traduisent généralement par un
gonflement des dépenses du titre III et une réduction des
crédits des titres V et VI.
Annulations intervenues en exécution sur les titres V et VI
(en
milliards d'euros)
- 1997
|
0,76
|
(1) Arrêtés d'annulation du 21 mai et du 8 octobre 2001, avant collectif de fin d'année
Au total, sur la période 1997-2002, les annulations de crédits sur les dépenses d'équipement militaire ont atteint 4,88 milliards d'euros (32,01 milliards de francs). Ceci représente exactement le prix de deux nouveaux porte-avions ou d'un deuxième porte-avions accompagné de trois frégates Horizon...
b) Le coût croissant de la professionnalisation des armées et des opérations militaires extérieures
Si les
dépenses du titre III ont été quasi constamment
supérieures aux crédits initiaux, c'est à cause de la
sous-estimation du coût de la professionnalisation et de l'impact des
mesures fonction publique d'une part, et des modalités de financement
des opérations extérieures d'autre part (dépenses du titre
III financées en cours d'exécution budgétaire par
prélèvement sur le titre V).
De fait, au sein même du titre III, ce sont les seules
dépenses de rémunérations et de charges sociales qui se
sont accélérées, les dépenses de fonctionnement et
d'entretien courant ayant elles-mêmes fait l'objet d'importantes
réductions, qui se traduisent aujourd'hui par une sensible
détérioration des taux d'activité des forces et de
disponibilité des équipements.
Au total, sur la période 1997-2002, la restructuration des
armées françaises aura représenté un coût
de
2,5 milliards d'euros
: 0,81 milliard d'euros pour les
aides au départ et à la reconversion des personnels militaires,
1,1 milliard d'euros pour les aides au départ et à la
mobilité des personnels civils, 0,5 milliard d'euros pour la
reconversion des personnels de DCN (Direction des constructions navales), 0,2
milliard d'euros pour limiter l'impact des restructurations sur le tissu
économique local.
Liées à des considérations de préservation de
l'emploi et d'aménagement du territoire, ces dépenses ont
été entièrement prises en charge par le budget de la
Défense, dont ce n'est pas la vocation
15(
*
)
.
La réforme considérable que représente la
professionnalisation des armées a été effectuée
avec succès et surtout discrétion. Mais
sans
économies potentielles, bien au contraire
.
De fait, les prochains budgets de défense devront impérativement
tenir compte des coûts élevés nécessaires pour
conserver au sein des armées les militaires professionnels
.
Pour préserver au moins le niveau acquis et faire vivre dans la
durée l'armée professionnelle, un effort financier
supplémentaire considérable devra être consenti
.
Les personnels ayant fait le choix de servir dans une armée
professionnelle se montreront en effet nécessairement plus exigeants
à l'égard de leurs conditions de rémunération et de
fonctionnement.
Aujourd'hui, le taux de croissance moyen des dépenses de
rémunération et de fonctionnement des armées
américaines et britanniques est de 2 % par an en termes
réels. Ces deux armées restent pourtant confrontées
à des manques de personnel dans certaines unités (unités
de combat, ou métiers spécifiques comme les informaticiens ou les
atomiciens, dont le niveau de rémunération dans le secteur
privé est sans équivalent).
c) Un an de retard pour l'équipement militaire : des inquiétudes sur la « cohérence des forces »
Le montant total de l'enveloppe initialement définie par la loi de programmation militaire pour les dépenses d'équipement militaire avait été fixée à 82,47 milliards d'euros sur 1997-2002.
Evolution de la loi de programmation militaire
Crédits d'équipement
(en
milliards d'euros)
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
2001 |
2002 |
TOTAL |
|
- Loi de programmation initiale |
13,77 |
13,77 |
13,77 |
13,77 |
13,77 |
13,77 |
82,62 |
- LPM amendée par la « revue de programmes » |
- |
- |
13,13 |
13,13 |
13,13 |
13,13 |
80,06 |
- Lois de finances initiales |
13,77 |
12,50 |
13,11 |
12,65 |
12,61 |
12,41 |
77,06 |
- dont B.C.R.D. |
- |
0,08 |
0,14 |
0,23 |
0,19 |
0,19 |
0,83 |
- Exécution hors BCRD |
12,99 |
11,74 |
11,74 |
11,53 |
11,48 (1) |
11,30 (1) |
70,78 (1) |
Sources : - lois de règlement 1997 à 2000
- loi de finances initial 2001, projet de loi de finances 2002
Bilan
en fin de programmation
(écarts en milliards d'euros par
rapport à l'objectif global de la LPM)
-
Effet de la revue de programmes : - 2,56
- Crédits inscrits en LFI : - 5,56
- Dépenses exécutées (hors BCRD) : - 11,84
En fin de programmation, les conditions d'exécution des crédits
d'équipement militaire sur la législature conduisent à un
écart qui peut être estimé à 11,84 milliards
d'euros par rapport aux objectifs de la loi de programmation initiale, soit
l'équivalent d'environ une année de crédits
d'équipement
16(
*
)
.
De fait, fin 2001, les plus hauts responsables militaires reconnaissent
désormais qu'il y a d'ores et déjà
« érosion des matériels »,
« dégradation du contenu du modèle d'armée
2015 » et surtout, ce qui est plus grave,
« inquiétude sur la cohérence des forces ».
Les armées devront dès lors aborder la prochaine loi de
programmation militaire avec une double difficulté : une
réalisation en termes physiques moins favorable que prévue, et
une dotation en autorisations de programme, comme en crédits de
paiements, qui présente un écart sensible avec les dotations
prévues pour 2003.
d) Une facture conséquente pour les prochains budgets
Certes,
l'actuelle loi de programmation est une loi essentiellement de
développement et d'études (et donc de commandes). M. Alain
Richard, ministre de la défense, se félicite d'ailleurs d'avoir
lancé un important programme de commandes fin 2000, et, de ce fait, de
«
tenir globalement les objectifs de la LPM
».
En réalité, si les objectifs de commandes sont, à peu
près, tenus, quoique bien tardivement et en fin de législature,
au moment où la conjoncture se détériore, la
réalisation physique des objectifs n'est pas respectée.
De fait, il faudra prévoir dès les prochains exercices
budgétaires, voire peut-être dès l'exécution 2000,
une augmentation conséquente des crédits de paiement pour honorer
les commandes ainsi passées.
L'actuelle législature a été en effet marquée par
un décalage croissant entre les engagements et les paiements ; sur
chaque exercice, les autorisations de programme ouvertes par la loi de finances
initiale ont été constamment supérieures aux montants
votés en loi de finances initiale (du fait de l'importance du stock
d'autorisations de programme disponibles à l'affectation).
Parallèlement, les crédits de paiement disponibles ont
été constamment inférieurs aux montants votés en
loi de finances initiale (du fait des annulations intervenues en cours
d'exercice).
Ainsi, sur le dernier exercice connu, soit 2000, les autorisations de programme
engagées se sont élevées à 16,37 milliards
d'euros (contre 13,34 milliards d'euros votées en loi de finances
initiale), tandis que les crédits de paiement consommés n'ont
atteint que 11,63 milliards d'euros (contre 12,64 milliards d'euros
votés en loi de finances initiale) : l'écart, qui devra bien
être couvert, au moins partiellement, au cours des prochains exercices
budgétaires, atteint plus de 4,57 milliards d'euros...
Cette
impasse, considérable, va apparaître dès la
prochaine loi de programmation
, qui devra être une loi de fabrication
(et de livraisons).
Ceci, s'ajoutant à l'effet des retards et décalages constants des
études et des commandes, sans parler des annulations, qui ont
marqué la législature, ne pourra que se traduire par
d'importantes « ruptures capacitaires » pour certains
équipements parfois majeurs. Certaines d'ailleurs sont d'ores et
déjà « avouées » : avions de
transport, véhicules d'infanterie au sol, appareils Rafale au standard
F2 (capables de tirer des missiles air-sol), frégates
anti-aériennes.
On ne peut enfin que s'inquiéter, d'ores et déjà, de
l'écart conséquent (plus de 0,91 milliard d'euros) entre
l'annuité 2002
: 12,4 milliards d'euros hors reports (81,4
milliards de francs),
et le montant
retenu par la prochaine loi de
programmation pour 2003
: 13,34 milliards d'euros
(87,5 milliards de francs).
Hors dépenses dites de « bourrage », c'est à
dire contribution du budget de la défense au BCRD et financement des
compensations accordées à la Polynésie au titre de
l'arrêt des essais nucléaires, la
« marche » budgétaire qu'il faudra franchir
dès 2003 est de l'ordre de 1,52 milliard d'euros (près de
10 milliards de francs).
Concrètement, il sera dès lors difficile d'échapper
à un débat de grande ampleur sur la politique de défense
de la France.
3. Le sacrifice de l'aide au développement
Le
même type d'« impasse lourde » peut être
relevé sur le budget des Affaires étrangères
.
En 2002 et dans le contexte actuel, qui ne peut être qualifié de
« purement conjoncturel », le budget des affaires
étrangères ne prévoit en effet aucun moyen nouveau pour
les contributions obligatoires aux opérations de maintien de la paix,
pour l'aide humanitaire, l'aide d'urgence et l'aide aux sorties de crise, pour
la coopération militaire, pour les concours financiers aux pays en
développement et pour l'aide au développement en
général, dont les crédits sont en chute libre depuis 1996.
Répondant peut-être à des préoccupations plus
immédiates, les priorités du ministère des Affaires
étrangères sont en effet les suivantes : les
établissements culturels, l'audiovisuel extérieur, les ONG, les
étudiants étrangers, les Français de l'étranger, le
traitement des demandes d'asile, le personnel du ministère.
Au-delà du seul budget des Affaires étrangères,
l'effort global de la France en matière d'aide publique au
développement
17(
*
)
aura été
amputé de 0,5 milliard d'euros (3,3 milliards de francs) entre
1996 et 2001
, passant de 5,09 milliards d'euros en 1996 (soit 0,42 %
du PIB) à 4,59 milliards d'euros en 2001 (soit 0,32 % du PIB).
C. DES CHOIX « BUDGÉTIVORES »
Au-delà de ces affichages, les choix du gouvernement sont en réalité très coûteux, notamment pour l'avenir.
La
hausse des dépenses du budget général entièrement
« captée »
par la dette et la fonction
publique
(en milliards d'euros)
1. La fonction publique, véritable priorité du gouvernement tout au long de la législature
a) Toujours plus de fonctionnaires
Au
début de la législature, le gouvernement avait affirmé
vouloir « geler » l'emploi public, cette bonne
résolution étant motivée tant par des
considérations budgétaires que par un souci affiché de
bonne gestion. Sa position officielle consistait ainsi à stabiliser le
nombre de fonctionnaires, tout en procédant à des
redéploiements d'effectifs en direction des secteurs prioritaires comme
la justice ou la sécurité
18(
*
)
.
Inversement, l'administration fiscale et celle de l'équipement devaient
voir leurs effectifs diminuer.
Cette ambition s'est brisée - rapidement - sur des résistances de
nature syndicale, qu'il n'était du reste ni étonnant ni
illégitime de voir se manifester, mais auxquelles le gouvernement n'a
pas eu le courage de faire face,
préférant, par
facilité, renouer avec une politique qui, faute d'être
réformatrice, a au moins le mérite de la lisibilité :
créer des emplois supplémentaires.
Le graphique ci-après traduit bien l'abandon par le gouvernement de son
objectif initial de « geler » l'emploi public :
C'est
à partir de la loi de finances pour 2001 que le gouvernement a fait le
choix de créations massives d'emplois publics telles qu'il n'y en avait
plus eu depuis le début des années 1990
19(
*
)
. Le présent projet de loi de finances confirme
ce choix, en l'amplifiant, puisqu'il prévoit la
création de
15.892 emplois budgétaires supplémentaires
, dont 14.611
au sein des services de l'Etat et 1.281 dans les établissements publics.
Le tableau ci-après présente ces créations d'emplois par
section budgétaire :
Source : ministère de l'économie
- • Ces arbitrages sont évidemment critiquables, et suscitent quelques interrogations.
Il paraît légitime de se demander jusqu'où va aller ce mouvement, d'autant plus que le nombre des élèves comme des étudiants diminue désormais très régulièrement, et que les projections démographiques montrent bien que cette décrue va se poursuivre.
Certes, le gouvernement indique que ces créations d'emplois s'inscrivent dans un plan pluriannuel ayant vocation à anticiper les départs importants à la retraite des enseignants. Ne paraît-il pas plus urgent - mais c'est aussi bien plus difficile - de réfléchir à la façon d'adapter le format de l'Etat à cette occasion historique que constitue une telle évolution ?
Part
de l'éducation nationale dans le total
des créations
d'emplois budgétaires en 2001 et 2002
-
Source : ministère de l'économie
Cette question fondamentale
, à laquelle le gouvernement n'a
jamais donné d'autre réponse que quantitative,
se pose plus
généralement pour l'ensemble de la fonction publique
, tant il
est vrai que, comme le lui suggérait du reste un rapport du Commissariat
général du Plan l'année dernière,
il semble
inconcevable de remplacer chaque fonctionnaire partant à la retraite.
En effet, non seulement cela entraînerait un coût budgétaire
considérable, mais cela paraît également contradictoire
avec les gains de productivité que les nouvelles technologies de
l'information et de la communication sont susceptibles d'engendrer dans les
services, permettant ainsi de réduire les effectifs et surtout
d'enrichir le contenu de certains emplois publics.
- • Par ailleurs, des mesures « d'ordre » (c'est-à-dire de remise en ordre des personnels) sont prévues :
- l'inscription de 6.917 emplois au titre de la régularisation d'emplois « Berkani », soit 2.335 emplois au ministère de la défense, 2.106 à celui de l'intérieur, 1.452 au ministère de l'économie, des finances et de l'industrie, 962 à l'équipement, 35 à l'emploi, 20 à l'outre-mer, et 7 à la mer ;
- 2.500 régularisations de surnombres, dont 1.500 enseignants stagiaires et 1.000 policiers, auxquelles il convient de retrancher 120 emplois pour solde des diverses autres mesures d'ordre.
Soit un total de 13.293 emplois au titre de l'ensemble des mesures d'ordre.
Si le gouvernement indique que ces mesures interviennent « à effectifs constants », il convient bien de garder à l'esprit qu'elles n'en emportent pas moins des conséquences budgétaires, le versement d'une pension par exemple.
Comme les emplois « régularisés » ont été en fait créés sans autorisation du Parlement par les différentes administrations qui continuent à se gérer « au fil de l'eau », on voit bien que l'actuel gouvernement ne fait peser aucune véritable contrainte sur le niveau des effectifs de ses services. Les 13.293 emplois à régulariser en 2002 démontrent l'hypocrisie des pratiques actuelles.
Au total, ce seront donc 29.185 emplois budgétaires supplémentaires qui sont créés par le projet de loi de finances pour 2002 (après 20.820 en 2001).
b) Le coût croissant des rémunérations publiques
Dans
le projet de loi de finances pour 2002
, l'ensemble des principales
composantes des dépenses de fonction publique du budget
général progresse de
4,6 %
par rapport à la loi de
finances initiale de 2001, soit
4,79 milliards d'euros
(31,45 milliards de francs)
supplémentaires
,
les
dépenses du budget général devant augmenter de 2 % en
2002.
Elles s'élèvent donc à
109,13 milliards d'euros
(715,85
milliards de francs), répartis de la façon
suivante :
Il convient de souligner la
très vive progression des pensions
,
soit près de
+ 6 %
en une année, et près de + 7 %
pour les pensions civiles.
Les dépenses de fonction publique représentent ainsi 43,3 % du
budget général en 2002
, contre 42,2 % en 2001.
Les dépenses « induites » de
fonction publique
Si l'on
intègre les dépenses induites, notamment les subventions à
l'enseignement privé et les pensions des anciens combattants,
ces
dépenses étaient, en 2000, de 116,14 milliards d'euros
(761,85 milliards de francs)
dans leur ensemble
- y compris
1,09 milliard d'euros (7,14 milliards de francs) de
rebudgétisations, dont 770 millions d'euros (5,03 milliards de francs)
sur le chapitre des pensions -
soit 115,10 milliards d'euros
(755 milliards de francs)
hors modifications de
périmètre
20(
*
)
.
En 1999, elles étaient de 111,71 milliards d'euros (733 milliards
de francs), soit une
progression à champ constant de 3 %.
Le graphique ci-dessous présente l'évolution des dépenses
induites de fonction publique depuis 1991
21(
*
)
:
L'évolution des dépenses « induites » de fonction publique de 1991 à 200
(en milliards d'euros)
Près de 92 % des dépenses induites par la
fonction
publique sont indexées sur la valeur du point en 2000, contre 90 % en
1991. Ainsi une revalorisation de 1 % du point fonction publique
engendre-t-elle un coût de l'ordre de 1,07 milliard d'euros (7 milliards
de francs) pour le budget de l'Etat.
La création de près de 16.000 emplois nouveaux va alourdir le
poids des dépenses de fonction publique, et réduire davantage
encore les marges de manoeuvre du budget de l'Etat.
Votre rapporteur général rappelle que les dépenses de la
fonction publique représenteront
43,3 % du budget
général en 2002
, après 42,2 % en 2001.
L'histogramme ci-dessous retrace l'évolution de la part des
dépenses de fonction publique au sein du budget général,
qui traduit une rigidification croissante de la dépense publique :
Part des dépenses de fonction publique dans le budget général de 1997 à 2002
Source : ministère de l'économie
Outre les créations d'emplois budgétaires nouveaux
réalisées essentiellement depuis deux ans, la progression de la
rémunération des fonctionnaires résulte en partie de
l'accord salarial du 10 février 1998, qui s'est établi, au
cours de ses trois années d'application (1998-2000), à
6,30 milliards d'euros (41,3 milliards de francs) dans l'ensemble des
trois fonctions publiques.
Les différents facteurs d'évolution des dépenses de fonction publique entre 1997 et 2002
Source : ministère de l'économie
Or, il convient de rappeler que les négociations salariales dans la
fonction publique visant à couvrir la période suivante ont
échoué, ce qui a amené le gouvernement à prendre
des mesures unilatérales. Nul doute que les sacrifices ainsi consentis
doivent être rapprochés de la difficile mise en application des
35 heures dans la fonction publique. Cette désastreuse
réforme se traduit à la fois, et malgré les
dénégations embarrassées du gouvernement, par des
embauches supplémentaires et par une dérive salariale.
De nouvelles revalorisations salariales coûteuses
Le
ministre de la fonction publique a ainsi annoncé, en avril dernier, les
mesures de revalorisation suivantes, qui viennent s'ajouter à la
revalorisation du point fonction publique au 1
er
décembre
20000, déjà décidée :
- + 0,5 % au 1
er
mai 2001 ;
- + 0,7 % au 1
er
novembre 2001 ;
- + 0,5 % au 1
er
mars 2002 ;
- + 0,7 % au 1
er
décembre 2002.
Au total, pour la seule fonction publique d'Etat, ces mesures emportent un
coût de 2,98 milliards d'euros
(19,52 milliards de francs), dont 46
millions d'euros en 2000, 930 millions d'euros en 2001, 1,25 milliard
d'euros en 2002, et 750 millions d'euros en 2003. Elles concerneront
3,9 millions de fonctionnaires, dont 2,2 millions d'actifs et 1,7 million
de retraités.
Par ailleurs, le ministre a annoncé la distribution de points d'indice
différenciés jusqu'à l'indice nouveau majoré 350
(soit l'équivalent de 1,4 SMIC), ces mesures ayant un coût de
132,63 millions d'euros (870 millions de francs), dont 54,88 millions
d'euros (360 millions de francs) en 2001. Ces mesures concernent environ
615.000 fonctionnaires en activité et 350.000 retraités.
Toutes fonctions publiques confondues, le coût de l'ensemble des
mesures annoncées par le ministre de la fonction publique
s'établira à environ 5,18 milliards d'euros (environ 34 milliards
de francs).
Enfin, il convient de préciser que, afin de maintenir le pouvoir d'achat
des fonctionnaires, compte tenu d'une inflation plus importante que
prévu (1,6 % au lieu de 1,2 %), le ministre a annoncé un
« coup de pouce » supplémentaire de 0,4 % au
1
er
mars 2002, soit un coût de 445 millions d'euros
(près de 3 milliards de francs).
Les
négociations salariales dans la fonction publique :
un champ d'application extrêmement large
Au-delà des 2,2 millions d'agents civils de l'Etat
et de
ses établissements publics, il faut en effet comptabiliser dans l'emploi
public :
- les 455.000 agents des exploitants publics de la Poste et de France
Telecom ;
- les 321.000 militaires (hors appelés du contingent) ;
- les 1,507 million d'agents de la fonction publique territoriale ;
- les 857.000 agents de la fonction publique hospitalière (hors
médecins) ;
- ainsi que 148.000 enseignants des établissements
privés sous contrat et 125.000 salariés des
établissements de santé privés à but non lucratif
tarifés en dotation globale.
Au total, on recense donc 5,5 millions d'agents publics
22(
*
)
pour une population active de 22,4 millions,
soit plus d'un actif sur cinq
.
C'est la totalité de cette population qui est concernée par la
négociation salariale dans la fonction publique, même si seule une
partie de ses effets apparaît dans le budget de l'Etat.
c) Le budget général va-t-il devenir un budget de rémunération des fonctionnaires ?
Cette
progression des dépenses traduit la très forte inertie des
dépenses de rémunération de la fonction publique.
La part croissante des dépenses de personnel accentue en effet la
rigidité du budget de l'Etat.
Dans son rapport sur
l'exécution des lois de finances pour 1998, la Cour des comptes notait
que «
la part des dépenses de personnel et des
dépenses obligatoires dans le budget de l'Etat n'a cessé
d'augmenter au cours des derniers exercices. La rigidité du budget s'en
trouve accentuée et les efforts de réduction des dépenses
seront à l'avenir plus difficiles
».
La Cour des comptes note, par ailleurs,
la forte concentration de ces
dépenses.
Cinq ministères
23(
*
)
représentent
89,9 % (comme en 1999 et après 89,4 % en 1998) de l'ensemble des
rémunérations d'activité versées par l'Etat en
2000. A eux seuls, le budget de l'enseignement scolaire et celui de
l'enseignement supérieur regroupent plus de 50 % des dépenses
salariales du budget général, et 64,3 % de
celles des
ministères civils.
Le plus grave est sans doute que les dépenses de fonction publique
s'accroissent de façon largement automatique
, du fait du
mécanisme du glissement-vieillesse-technicité (GVT).
Ainsi, l'essentiel de la progression des dépenses de l'Etat
résulte des dépenses de fonction publique, comme le montre le
tableau ci-après, qui provient du rapport économique, social et
financier annexé au présent projet de loi de finances :
Ainsi, de 1997 à 2002, les dépenses de la fonction publique, qui ont augmenté de 15,9 % depuis le début de la législature, ont représenté plus de 70 % de la progression des dépenses au titre des dix premiers postes du budget général, soit 15 milliards d'euros (98,39 milliards de francs) sur 21 milliards d'euros (137,75 milliards de francs) 24( * ) .
2. Le prix de l'insuffisante réduction des déficits
Le
coût de la dette, c'est-à-dire le prix à payer pour avoir
très insuffisamment réduit les déficits, va continuer de
croître.
Ainsi, la charge de la dette publique nette passera de 36,54 milliards d'euros
(239,69 milliards de francs) en 2001 à 36,84 milliards d'euros
(241,65 milliards de francs) en 2002, soit une augmentation de 0,8 %.
L'augmentation avait été plus importante l'année
dernière, soit + 2 %, mais il paraît extrêmement difficile
de procéder à des prévisions crédibles sur
l'évolution des taux d'intérêt dans la conjoncture
internationale présente.
Depuis 1997, la charge nette de la dette a évolué de la façon suivante :
D. DE NOMBREUSES « BOMBES À RETARDEMENT » BUDGÉTAIRES
Une dangereuse « épée de Damoclès budgétaire » est suspendue au-dessus de la situation des finances publiques françaises, au vu de plusieurs « bombes à retardement » budgétaires.
1. L'explosion programmée du coût des pensions
Votre
commission s'en était déjà inquiétée
l'année dernière : la question du financement des retraites
des fonctionnaires de l'Etat va se poser rapidement, l'explosion du
coût des pensions de la fonction publique étant déjà
programmée.
Le rapport économique, social et financier annexé au projet de
loi de finances pour 2001 comportait des développements
extrêmement intéressants sur ce point
25(
*
)
. Votre rapporteur général
déplore que ce type d'informations, extrêmement utile au cours des
débats budgétaires, soit absent du rapport économique,
social et financier annexé au présent projet de loi de finances.
Les chiffres dont il s'agit étaient apparemment gênants...
Le « papy boom » dans la fonction publique aura, si rien
n'est fait, des conséquences dramatiques sur le budget de l'Etat.
Les
engagements au titre des retraites des fonctionnaires :
entre 595 et 686 milliards d'euros
Dans son
rapport relatif à l'exécution des lois de finances pour 2000, la
Cour des comptes a approfondi son analyse des engagements hors-bilan de l'Etat.
Depuis 1999, en effet, le compte général de l'administration des
finances (CGAF) chiffre certains de ces engagements, en particulier dans le
cadre des dispositifs d'épargne-logement, soit 7,62 milliards d'euros
(50 milliards de francs) fin 2000, et au titre de l'assurance-crédit au
commerce extérieur, soit 81,7 milliards d'euros (536,1 milliards de
francs).
Il évoque également les engagements de retraite de l'Etat envers
ses propres agents, mais aucun chiffrage n'était fourni, seule une
méthodologie étant indiquée.
Or, «
la Cour a souhaité que lui soit communiqué le
chiffrage des engagements de l'Etat au titre des pensions des
fonctionnaires
», dans le cadre du contrôle de
l'exécution des lois de finances.
La Cour des comptes a ainsi été destinataire d'un courrier de la
secrétaire d'Etat au budget, dont il ressort que, «
en
fonction du taux d'actualisation retenu (6 ou 5 %), l'ordre de grandeur des
engagements hors bilan de l'Etat au titre des retraites des fonctionnaires peut
être estimé comme s'inscrivant dans une fourchette
d'évaluation comprise entre 594,55 milliards d'euros (3.900 milliards de
francs) et 686,02 milliards d'euros (4.500 milliards de
francs)
».
Or, le gouvernement n'a pris aucune mesure à même d'engager la
moindre réforme. Il s'est contenté d'installer un Conseil
d'orientation des retraites (COR), dont les premiers travaux, empreints de
sérieux et d'objectivité, concluent à la
nécessité d'agir, et mettent en exergue les écarts entre
le régime vieillesse des salariés du privé et celui des
fonctionnaires, à l'avantage des seconds.
Dans une des notes rédigées à l'occasion de la
réunion du COR du 4 juillet dernier, on peut lire que
«
l'allongement à 40 ans de la durée de cotisation
pour les fonctionnaires diminuerait les besoins de financement pour les
retraites des fonctionnaires et irait dans le sens d'une réduction des
inégalités entre les salariés du secteur privé et
ceux du secteur public
».
Par ailleurs, le COR a également souligné que
ces
disparités entre les retraites publiques et privées vont
s'accroître en l'absence de modification législative
. Les taux
de remplacement (rapport entre le dernier salaire et la pension versée)
sont aujourd'hui relativement proches entre les secteurs public et
privé, puisqu'ils varient de 55 % à 72 % du salaire brut
dans le premier, et de 55 % à 70 % dans le second (retraites
complémentaires comprises). Si rien n'est fait, le taux de remplacement
se situera en 2040 entre 45 % et 57 % dans le secteur privé, mais entre
55 % et 75 % pour les fonctionnaires.
Votre commission est favorable à un alignement de la durée de
cotisation des fonctionnaires, aujourd'hui de 37,5 années, sur le droit
commun applicable aux salariés du secteur privé, soit 40 ans
depuis la réforme courageuse de 1993.
2. Les 35 heures : un coût exorbitant ; un piège dans la fonction publique
Suite
à l'échec, à la fin de l'hiver 2000, des
négociations engagées avec les organisations syndicales en vue de
parvenir à un accord-cadre national relatif à la mise en oeuvre
de la réduction du temps de travail dans la fonction publique, le
gouvernement avait renvoyé les négociations au niveau
ministériel, et a publié un décret relatif à
l'aménagement et à la réduction du temps de travail dans
la fonction publique de l'Etat
26(
*
)
, qui entrera
en vigueur au 1
er
janvier 2002.
Le gouvernement a toutefois affirmé à plusieurs reprises,
notamment au Sénat lors de l'examen des crédits de la fonction
publique et de la réforme de l'Etat, que la réduction du temps de
travail dans la fonction publique serait réalisée à
effectifs constants.
Or, il semble que le gouvernement soit confronté à de très
grandes difficultés au cours de ces négociations, qui, pour
l'instant, n'ont abouti que dans deux ministères : celui de la
défense et celui de l'environnement. Par ailleurs, il devrait y avoir,
selon l'expression du ministre, «
un non accord non
conflictuel
», aux ministères de l'équipement et de
l'agriculture.
Ces négociations donnent lieu à des conflits sociaux,
précisément en raison du refus de la part du gouvernement
d'assortir la réduction du temps de travail de créations
d'emplois. Il est vrai que, de ce point de vue, le gouvernement s'est
placé lui-même dans une situation pour le moins paradoxale :
répéter à l'envi que les 35 heures créent beaucoup
d'emplois... sauf dans la fonction publique ! Il est vrai que le rapport
Roché sur le temps de travail dans les trois fonctions publiques avait
montré que le passage aux 35 heures demanderait, dans certaines
administrations, de travailler plus...
Pour sortir de ces difficultés, le gouvernement est donc
contraint :
- de s'affranchir de la réglementation qu'il a lui-même
édictée :
par exemple, au ministère de
l'économie, des finances et de l'industrie, certains agents pourraient
bénéficier d'une durée annuelle de travail de
1.530 heures, voire de 1.420 heures (au lieu des 1.600 heures
prévues) ;
- de créer des emplois, malgré ses engagements
réitérés en sens contraire :
il a ainsi
prévu la création de 45.000 emplois sur trois ans dans la
fonction publique hospitalière, pour un coût de 1,52 milliard
d'euros (10 milliards de francs). Ainsi, les personnels hospitaliers de
nuit, qui sont déjà aux 35 heures, devraient progressivement
passer, d'ici au 1
er
janvier 2004, à une semaine de travail
de 32 heures 30, ce qui ne peut évidemment qu'inciter les syndicats de
la fonction publique à prendre ce cas en exemple pour en demander la
généralisation à l'ensemble des fonctionnaires soumis
à des sujétions professionnelles particulières.
Toutefois, l'«
expérience malheureuse
» du
FOREC, selon l'expression de la Cour des comptes, a montré combien les
dépenses liées aux 35 heures pouvaient
« déraper ». Par ailleurs, il est intéressant
d'établir une comparaison entre l'évolution du coût, depuis
2000 - année de mise en oeuvre effective des 35 heures -, de la
réduction du temps de travail et celle des dépenses en capital,
civiles et militaires, de l'Etat :
3. Les emplois-jeunes : un dossier laissé au prochain gouvernement
Pour la
première fois depuis le lancement du dispositif, les dotations
allouées aux emplois-jeunes diminuent, de 3,6 %, s'établissant
à 3,23 milliards d'euros (21,19 milliards de francs)
27(
*
)
.
Votre commission ne peut manquer, toutefois, de s'interroger, d'une part,
sur la capacité du gouvernement à atteindre les objectifs qu'il
s'est fixés en matière d'embauches d'emplois-jeunes, et, d'autre
part, sur le nombre réel d'emplois-jeunes.
En effet, le gouvernement a régulièrement modifié ses
objectifs en matière d'emplois-jeunes. Au départ, notamment lors
de l'examen de la loi du 16 octobre 1997, il avait affiché
l'ambition de parvenir, à la fin 2002, au recrutement de 350.000
emplois-jeunes. Puis cet objectif a été avancé à la
fin 2000, puis de nouveau repoussé, en renvoyant la réalisation
à la date initialement fixée, soit fin 2002 ! Il convient de
rappeler que, l'année dernière, le gouvernement avait
affirmé qu'il parviendrait à atteindre son objectif de 350.000
emplois-jeunes à la fin 2001...
Désormais, son objectif a changé de nature : il ne s'agit
plus de mesurer le dispositif en stock mais en flux.
Ainsi les documents
budgétaires pour 2002 indiquent-ils que ce dispositif doit viser
à «
porter à 360.000 à la fin 2002, le nombre
des jeunes qui auront bénéficié du programme depuis sa
création
»
28(
*
)
.
Le tableau ci-dessous indique le nombre d'emplois-jeunes embauchés au 30
juin dernier, sans que l'on ne sache plus très bien s'il s'agit d'un
stock ou d'un flux :
Nombre d'emplois-jeunes
Il
convient par ailleurs de garder à l'esprit que le budget de l'emploi ne
regroupe pas l'ensemble des crédits destinés au financement des
emplois-jeunes.
Le tableau ci-dessous récapitule l'ensemble des sections
budgétaires qui supportent le coût des emplois-jeunes en
2002 :
Le coût total des emplois jeunes en 2002 s'élève donc à 3,67 milliards d'euros (24,05 milliards de francs). Sur l'ensemble de la législature, ce dispositif aura coûté 13,24 milliards d'euros (86,85 milliards de francs).
Quel avenir pour les emplois-jeunes ?
La
question essentielle concerne toutefois le devenir des jeunes ainsi
recrutés.
Le 6 juin dernier, le gouvernement a annoncé un plan de
« consolidation » visant à pérenniser le
dispositif.
Différentes mesures sont prévues en fonction des secteurs
concernés : les associations, les collectivités
territoriales, les entreprises et les établissements publics.
Il s'agit généralement d'accorder des aides modulables au cas par
cas en fonction des besoins des services et des activités, plus ou moins
solvabilisables. D'une manière générale, ces dispositions,
visiblement non finalisées, sont d'une grande complexité, et vont
très certainement se traduire par une intense activité
administrative...
En outre, certaines de ces mesures d'aides financières,
entraîneront des dépenses nouvelles, non pas en 2002 mais à
compter de 2003.
Bref, les emplois seront consolidés - et les dépenses
pérennisées ! - mais on ne sait toujours pas ce que
deviendront les jeunes.
Il faut d'ailleurs probablement voir dans cette
incertitude quant à leur avenir la raison de la récente
manifestation des aides-éducateurs...
Votre commission en vient donc une fois encore à s'inquiéter de
la
probable intégration d'une part conséquente des
emplois-jeunes dans la fonction publique
, d'autant plus que de très
fortes pressions syndicales ne manqueront probablement pas de s'exercer en ce
sens. Du reste, dans la fonction publique territoriale notamment, il est
déjà prévu que les cadres d'emploi seront adaptés
afin d'offrir un débouché statutaire aux emplois-jeunes, tandis
que des concours spécifiques, dits de « troisième
voie », seront organisés dans le même but.
V. DES ÉVALUATIONS DE RECETTES DICTÉES PAR LA NÉCESSITÉ DE « BOUCLER » LE BUDGET
Les prévisions de recettes du budget de l'Etat sont fondées sur deux éléments : d'une part la réévaluation des recettes de l'année en cours, d'autre part l'estimation de la dynamique des recettes pour l'année suivante, reposant sur les données macro-économiques et les mesures fiscales proposées par le gouvernement.
A. LES RECETTES SURÉVALUÉES DU BUDGET 2001 CONDUISENT À L'ANNONCE D'UNE MOINS-VALUE DE 3,85 MILLIARDS D'EUROS
1. L'impact du ralentissement économique dès avant le 11 septembre 2001
a) Des doutes dès la préparation de la loi de finances pour 2001
S'agissant du budget de l'année en cours, votre
rapporteur
général avait émis des réserves sur les
évaluations de recettes lors de la préparation de la loi de
finances pour 2001.
Le gouvernement avait construit son projet de loi de finances sur une
hypothèse de croissance de 3,3 %. Dans son exposé
attaché au programme pluriannuel des finances publiques, il indiquait
que «
pour 2001, les récentes enquêtes
conjoncturelles laissent prévoir une croissance soutenue,
supérieure ou égale à
3 %
»
.
Les recettes fiscales nettes avant modifications de périmètre et
avant impact des allégements d'impôts étaient
évaluées à 254,8 milliards d'euros (1.671,4 milliards de
francs), soit une progression tendancielle de 5,4 % par rapport aux estimations
révisées pour 2000.
Hors prise en compte des mesures fiscales, l'impôt sur le revenu
progressait spontanément de 5,6 % pour atteindre 54,9 milliards d'euros
(360 milliards de francs), le produit de l'impôt sur les
sociétés augmentait de 16 % en raison de la croissance des
bénéfices des sociétés et la TVA progressait de 5,2
%.
Votre rapporteur général avait alors estimé que par
rapport à la progression constatée en 1998 (+ 2,5 %) et en
1999 (+ 7,8 %) pour les recettes fiscales nettes, le chiffre retenu pour
2001 semblait «
relativement optimiste
». Il
ajoutait :
«
de fortes incertitudes pèsent sur
l'hypothèse de croissance retenue par le gouvernement pour 2001
(3,3 %) en raison des aléas de la conjoncture internationale.
Evidemment, tout essoufflement de la croissance aurait un impact direct sur les
rentrées fiscales en 2001
».
Les estimations
apparaissaient en effet plus volontaristes que basées sur la
réalité.
b) Des doutes confirmés par la conjoncture
Malheureusement les aléas de la conjoncture
internationale se
sont confirmés.
Dans un premier temps, le gouvernement a laissé entendre que la France
serait miraculeusement épargnée par le ralentissement
économique mondial. Distinguant d'une part «
la vigueur de
la demande intérieure
» et d'autre part, «
la
dégradation de l'environnement international lié au
ralentissement sensible de l'économie
américaine
» le ministre de l'économie, des
finances et de l'industrie parlait encore en
mars 2001 «
du
cercle positif de la croissance française
», pour ne pas
parler « d'exception
française »
29(
*
)
.
Il a fallu malheureusement déchanter sur « l'exception
française » : la croissance du PIB n'a atteint que 0,4 %
au premier trimestre et 0,3 % au second trimestre 2001, conduisant le
gouvernement à réviser à 2,3 % la croissance pour
l'année.
Cette révision très significative de la croissance (un point de
PIB) se traduit directement sur les rentrées de recettes fiscales.
Si
les impôts directs sont relativement épargnés car
dépendants pour l'essentiel des revenus et bénéfices de
l'année n-1, les impôts indirects sont touchés de
manière significative
. Au 30 septembre 2001, les recettes de
l'Etat progressent de 1,5 %, en dessous de la progression annuelle
prévue par la loi de finances initiale (+ 3,7 %). La TVA
recule de 0,3 % alors que la progression prévue en loi de finances
initiale est de 4 %. De même, la TIPP recule de 6,5 % alors qu'elle
devait progresser sur l'année de 4,3 %. Compte tenu des montants en jeu
(108,9 milliards d'euros de TVA soit 714 milliards de francs attendus en
loi de finances initiale, 25,3 milliards d'euros soit milliards de francs
pour la TIPP), on peut s'attendre à un « trou »
important en fin d'année, sans doute de plusieurs dizaines de milliards
de francs.
L'importance du ralentissement des recettes a d'ailleurs conduit le ministre
de l'économie, des finances et de l'industrie à annoncer
relativement tôt dans l'année une moins-value de 3,85 milliards
d'euros soit 25 milliards de francs pour l'année 2001
.
En effet, dans un communiqué de presse publié le 19 juillet 2001,
ces moins-values, représentant 2 % des recettes collectées par le
budget de l'Etat ont été précisées : le
ralentissement de l'activité économique expliquerait une
moins-value de 10 milliards de francs sur l'impôt sur les
sociétés et le mécanisme de TIPP stabilisatrice
coûterait 10 milliards de francs de plus que prévu.
L'évolution de la TVA n'est pas clairement expliquée :
«
la TVA " brute " progresse conformément aux
prévisions, voire légèrement au-dessus, en raison de la
bonne tenue de la demande des ménages, tandis que les remboursements de
TVA aux entreprises apparaissent particulièrement dynamiques. Ceux-ci,
fin juin, dépassent d'une dizaine de milliards la prévision.
Cette progression résulte sans doute d'une accélération
des rythmes de remboursements par les services du ministère. Ces deux
évolutions contradictoires laissent persister une incertitude sur le
montant total de la TVA en 2001
»
.
2. Les révisions de recettes 2001 associées au projet de loi de finances pour 2002
Les
révisions de recettes du projet de loi de finances pour 2002
correspondent aux déclarations du ministre de l'économie et des
finances en juillet.
Les moins-values fiscales
s'élèvent à 3,85
milliards d'euros (25 milliards de francs) dont 1,65 milliard d'euros sur
l'IS, 2,13 milliards d'euros sur la TIPP et 3 milliards d'euros sur la TVA.
Quelques plus-values notamment sur l'impôt sur le revenu (943 millions
d'euros soit 6 milliards de francs), les autres impôts directs (790
millions d'euros soit 5,2 milliards de francs) et les produits d'enregistrement
(1,14 milliard d'euros, soit 7,5 milliards de francs) réduisent
les pertes fiscales.
S'agissant des
recettes non fiscales
, hors recettes d'ordre, les
plus-values s'élèvent à 1,35 milliard d'euros (8,8
milliards de francs). Elles proviennent pour l'essentiel du versement de 1,07
milliard d'euros (7 milliards de francs) de l'UNEDIC, alors que le gouvernement
avait promis qu'ils seraient «
destinés à soutenir
des actions de politique de l'emploi
30(
*
)
».
Enfin,
les prélèvements au profit de l'Union européenne
et des collectivités locales
sont revus à la baisse à
hauteur de 0,5 milliard d'euros (3,3 milliards de francs).
Les
révisions de recettes en 2001
|
En milliards d'euros |
En milliards de francs |
Recettes fiscales |
- 3,85 |
- 25,2 |
Recettes non fiscales |
+ 1,35 |
+ 8,8 |
Prélèvements |
+ 0,5 |
+3,3 |
Total
recettes nettes budget général
|
- 2,0 |
13,1 |
Au
total, les recettes nettes du budget général sont revues à
la baisse de 2 milliards d'euros en 2001 soit 13 milliards de francs.
La révision à la baisse des rentrées fiscales devrait
avoir un impact sur les perspectives de recettes de l'année 2002.
B. DES PRÉVISIONS DE RECETTES POUR 2002 ÉTROITEMENT DÉPENDANTES DE CELLES DE 2001
1. Une hausse des recettes fiscales pour 2002 témoignant d'un grand optimisme
Pour 2002, le gouvernement retient une hypothèse de croissance en volume de 2,5 % (4,2 % en valeur). Les recettes nettes du budget général devraient progresser de 2,3 % à structure constante, avec une hausse spontanée de 2,5 % pour les recettes fiscales nettes 31( * ) et un bond presque sans précédent de 13,4 % pour les recettes non fiscales. Les recettes du budget général hors recettes d'ordre s'élèveraient ainsi à 233,6 milliards d'euros (1.532,3 milliards de francs), soit 4,6 milliards d'euros (30 milliards de francs) de plus que l'exécution prévue pour 2001.
a) Les prévisions pour les impôts indirects
La
hausse des recettes fiscales nettes
de 2,5 %, soit en valeur
6,2 milliards d'euros (40,7 milliards de francs)
s'expliquerait
presque entièrement par le dynamisme de la TVA
. Le projet de loi de
finances retient une hypothèse de 5 % de croissance de la TVA nette des
remboursements en 2002 : son produit augmenterait de 5,3 milliards d'euros
(35 milliards de francs) pour s'établir à 111,3 milliards d'euros
(730 milliards de francs).
On peut s'interroger sur les raisons d'une telle hausse, alors que les
estimations révisées du projet de loi de finances montrent que la
TVA devrait progresser de 1 % seulement cette année
, soit un surplus
de 1,2 milliard d'euros (7,8 milliards de francs). Quelles raisons
permettent de penser que les rentrées de TVA, beaucoup plus faibles que
prévu cette année, retrouveraient un dynamisme l'an
prochain ? L'exposé des motifs du présent projet de loi de
finances explique que la progression attendue de la TVA suivrait la
prévision de consommation des ménages en 2002 (+ 4,3 %). Le
gouvernement fait donc le pari d'une consommation soutenue des ménages
l'an prochain, malgré la dégradation de l'indice de confiance de
ces ménages au cours de ce dernier trimestre 2001.
Par ailleurs, mais pour des montants plus faibles,
la TIPP
pour laquelle
on attend une baisse de 4,5 % en 2001 (1,1 milliard d'euros, 7,2 milliards
de francs en valeur)
devrait progresser de 4 % l'an prochain soit un gain de
918 millions d'euros (6 milliards de francs).
Cette prévision
s'appuie sur l'hypothèse d'un abandon, courant 2002, de la
réduction des tarifs consécutive à la mise en place du
mécanisme dit de « TIPP flottante » par la loi de
finances pour 2001. Cet abandon résulterait de l'évolution du
prix du baril. Il est vrai que l'évolution à la baisse des cours
pétroliers est un constat qui peut légitimement se traduire par
l'abandon d'un mécanisme créé pour compenser la
flambée du prix du baril au cours de l'année 2000.
b) Les prévisions pour les impôts directs
De
même,
l'impôt sur le revenu progresserait de 1,2 % en 2002
,
soit 617 millions d'euros en valeur (4 milliards de francs)
malgré la réduction des taux d'imposition
décidée par l'article 2 de la loi de finances pour 2001 dont
le coût fiscal est estimé à 1,98 milliard d'euros
(13 milliards de francs) et les mesures du présent projet de loi de
finances dont le coût s'élève à 1,348 milliard
d'euros (8,8 milliards de francs), soit au total 3,3 milliards
d'euros (21,6 milliards de francs) d'aménagements.
Le gouvernement annonce que la progression tendancielle attendue de
l'impôt sur le revenu s'établirait à 5,6 %, ce qui
reflète le maintien d'une progression dynamique des revenus des
ménages en 2001 et notamment de la masse salariale. On peut rappeler que
l'impôt sur le revenu devrait pourtant connaître une progression
limitée à 135 millions d'euros cette année
(885 millions de francs).
S'agissant de
l'impôt sur les sociétés
, le produit
net devrait diminuer de 1,1 milliard d'euros (7 milliards de francs) en 2002,
pour s'établir à 40,08 milliards d'euros (263 milliards de
francs) sous l'effet du ralentissement de la croissance du
bénéfice fiscal des entreprises en 2001 qui se traduirait, par le
jeu de soldes et acomptes par une stabilité des recouvrements
prévisionnels en 2002, et sous l'effet des conséquences de la
suppression progressive de la majoration de 10 % instaurée en 1995.
Les recettes du budget de l'Etat en 2002
(en millions d'euros)
Désignation des recettes |
Résultats 2000 |
LFI 2001 |
Evalua-tions révisées pour 2001 |
PLF 2002 à structure constante |
Evolution à structure constante |
Variation de périmètre |
PLF 2002 |
Evolution 2002/2001 |
A. Recettes fiscales brutes |
296.179 |
304.839 |
305.187 |
318.820 |
2,8 % |
- 760 |
313.060 |
2,6 % |
Impôt sur le revenu |
52.253 |
52.445 |
53.388 |
54.005 |
1,2 % |
|
54.005 |
1,2 % |
Autres impôts directs perçus par voie d'émission de rôles |
8.269 |
8.278 |
8.842 |
9.000 |
1,8 % |
|
9.000 |
1,8 % |
Impôt sur les sociétés |
45.147 |
49.826 |
49.698 |
49.530 |
- 0,3 % |
|
49.530 |
- 0,3 % |
Impôt sur les sociétés net des restitutions |
37.702 |
42.814 |
41.161 |
40.080 |
- 2,6 % |
|
40.080 |
- 2,6 % |
Autres impôts directs et taxes assimilées |
14.544 |
15.707 |
15.931 |
16.354 |
2,7 % |
|
16.354 |
2,7 % |
Taxe intérieure sur les produits pétroliers |
24.271 |
25.305 |
23.172 |
24.090 |
4,0 % |
|
24.090 |
4,0 % |
Taxe sur la valeur ajoutée |
133.265 |
137.475 |
137.204 |
143.610 |
4,7 % |
|
143.610 |
4,7 % |
Taxe sur la valeur ajoutée nette des remboursements |
104.750 |
108.967 |
105.952 |
111.300 |
5,0 % |
|
111.300 |
5,0 % |
Enregistrement, timbre, autres contributions et taxes indirectes |
17.430 |
15.803 |
16.952 |
17.231 |
1,6 % |
- 760 |
16.471 |
- 2,8 % |
B. Remboursements et dégrèvements |
- 56.133 |
- 56.017 |
- 60.217 |
- 62.660 |
4,1 % |
0 |
- 62.660 |
4,1 % |
Restitutions d'impôt sur les sociétés |
- 7.445 |
- 7.012 |
- 8.537 |
- 9.450 |
10,7 % |
|
- 9.450 |
10,7 % |
Remboursements de TVA |
- 28.515 |
- 28.508 |
- 31.252 |
- 32.310 |
3,4 % |
|
- 32.310 |
3,4 % |
Autres remboursements et dégrèvements |
- 20.173 |
- 20.497 |
- 20.428 |
- 20.900 |
2,3 % |
|
- 20.900 |
2,3 % |
A'. Recettes fiscales nettes (A + B) |
240.046 |
248.822 |
244.970 |
251.160 |
2,5 % |
- 760 |
250.400 |
2,2 % |
C. Recettes non fiscales (hors fonds de stabilisation des charges) |
30.487 |
31.897 |
33.039 |
37.473 |
13,4 % |
42 |
37.515 |
13,5 % |
Recettes d'ordre |
3.039 |
2.820 |
2.613 |
2.716 |
3,9 % |
|
2.716 |
3,9 % |
C'. Autres recettes non fiscales (hors fonds de stabilisation des charges) |
27.448 |
29.077 |
30.426 |
34.757 |
14,2 % |
42 |
34.799 |
14,4 % |
D. Prélèvements sur les recettes de l'Etat |
- 43.512 |
- 46.838 |
- 46.339 |
- 51.607 |
11,4 % |
0 |
- 51.607 |
11,4 % |
Au profit des collectivités locales |
- 28.852 |
- 31.669 |
- 31.643 |
- 34.737 |
9,8 % |
|
- 37.737 |
9,8 % |
Au profit des communautés européennes |
- 14.660 |
- 15.169 |
- 14.696 |
- 16.870 |
14,8 % |
|
- 16.870 |
14,8 % |
Recettes du budget général (A+C+D) |
283.154 |
289.898 |
291.887 |
299.686 |
2,7 % |
- 718 |
298.968 |
2,4 % |
Recettes nettes du budget général (A'+C+D) |
227.021 |
233.881 |
231.670 |
237.026 |
2,3 % |
- 718 |
236.308 |
2,0 % |
dont recettes fiscales nettes des prélèvements (A' + D) |
196.534 |
201.984 |
198.631 |
199.553 |
0,5 % |
- 760 |
198.793 |
0,1 % |
Recettes nettes du budget général, hors recettes d'ordre (A'+C'+D) |
223.982 |
231.061 |
229.057 |
234.310 |
2,3 % |
- 718 |
233.592 |
2,0 % |
2. Le pari d'une croissance « volontariste » du PIB
a) Une élasticité des recettes fiscales à la croissance égale à l'unité
D'une manière générale, votre rapporteur général note que le gouvernement met en valeur le fait qu'il retient une « évaluation prudente » des recettes fiscales, avec une élasticité des recettes au PIB ramenée à 1 contre 1,6 en 2001 et 1,9 en 2000. La baisse de l'élasticité en 2002 résulterait largement de l'évolution de l'impôt sur les sociétés.
Les prévisions de recettes fiscales 2000-2002
|
2000 |
2001 |
2002 |
Elasticité au PIB nominal |
1,9 |
1,6 |
1,0 |
PIB (variation aux prix courants) |
4,0 % |
3,9 % |
4,2 % |
Evolution à législation et périmètre constants |
7,9 % |
6,4 % |
4,0 % |
Recettes fiscales nettes à législation de l'année n-1 (en Mds d'euros) |
|
255,5 |
254,9 |
Impact des mesures nouvelles (en Mds d'euros) |
|
- 10,5 |
- 4,5 |
Recettes fiscales nettes à législation constante (en Mds d'euros) |
240,0 |
245,0 |
250,4 |
Evolution à législation courante |
2,5 % |
2,0 % |
2,2 % |
Source : rapport économique, social et financier pour 2002
Comme le souligne le tableau ci-dessus, issu du rapport économique, social et financier associé au présent projet de loi de finances pour 2002, la variation du PIB aux prix courants et l'élasticité au PIB nominal sont les deux données essentielles pour l'évaluation des recettes fiscales tendancielles, avant d'intégrer les aménagements de droit (qui représenteront 4,5 milliards d'euros en 2002).
b) Le pari d'une croissance « volontariste » du PIB
Si
la
prévision d'élasticité est jugée
« prudente », il est évident que celle du PIB
nominal a un caractère plus « volontariste » comme
l'a souligné le ministre de l'économie, des finances et de
l'industrie lui-même, puisque la progression du PIB en valeur serait de
4,2 % en 2002 contre 4,0 % en 2001 et 3,9 % en 2000
. Dans ces conditions,
la variable essentielle, qui fonde les prévisions de recettes fiscales,
est davantage l'évolution du PIB pour l'année à venir que
la prévision d'élasticité.
De surcroît,
si l'élasticité en volume des recettes
fiscales s'est révélée bien supérieure à 1
depuis 1999, elle était comprise entre 0,4 et 0,6 de 1994 à 1996
et plus récemment en 1998
. Sans remonter aux années
d'élasticité négative (1992 et 1993), pour lesquelles une
comparaison n'est sans aucun doute pas de mise, force est de constater que
l'affaiblissement de la croissance s'est souvent accompagné d'une
diminution sensible de l'élasticité des recettes fiscales alors
que la période de forte croissance en 1999 et 2000 a vu au contraire une
« explosion » du coefficient d'élasticité
fiscale.
Dans ces conditions, il apparaît effectivement raisonnable à
votre rapporteur général de ne pas
« exagérer » le niveau d'élasticité
fiscale des recettes au PIB, compte tenu, de surcroît d'une
prévision de croissance « volontariste ».
3. Des recettes non fiscales à un niveau jamais atteint : la nécessité de « boucler le budget »
Les recettes non fiscales devraient progresser fortement en 2002, avec une hausse attendue de 13,4 % par rapport au révisé 2001, soit 4,4 milliards d'euros en valeur (29 milliards de francs). Compte tenu de la révision à la hausse des recettes non fiscales en 2001, la hausse par rapport à la loi de finances initiale 2001 s'élève dans le projet de loi de finances 2002 présenté par le gouvernement à 5,6 milliards d'euros soit 36,5 milliards de francs (+ 17,6 %). Après l'examen en première lecture à l'Assemblée nationale, la hausse s'élève à 5,8 milliards d'euros, soit 38 milliards de francs.
Evolution des recettes non fiscales 1997-2002
(en millions d'euros)
Cette
hausse substantielle montre clairement que les recettes non fiscales seront
utilisées dès 2002 pour « boucler » le volet
recettes du budget de l'Etat, alors même que les hypothèses de
croissance retenues par le gouvernement (+ 2,5 % en volume) sont
supérieures pour 2002 à ce que sera l'exécution 2001
(+ 2,1 %).
Il y a donc là un signe inquiétant de l'utilisation des
« marges de manoeuvre » que l'on pourrait justifier en
temps de crise mais qui s'explique difficilement alors que le projet de loi de
finances pour 2002 anticipe une bonne tenue des recettes fiscales tendancielles
en 2002. L'utilisation massive des recettes non fiscales montre que les
allégements d'impôts promis par le gouvernement ne sont
financés que par le recours à des recettes non
pérennes
32(
*
)
. Il en résultera
inéluctablement de graves problèmes d'équilibre
budgétaire dans les années à venir.
a) Les produits des entreprises du secteur public
Les ressources provenant des entreprises industrielles et commerciales et des établissements publics à caractère financier devraient ainsi s'élever à 5,67 milliards d'euros (37,2 milliards de francs) contre 3,42 milliards d'euros (22,4 milliards de francs) prévus dans la loi de finances de l'an dernier. Il y aura donc un quasi-doublement des prélèvements avec une hausse importante des produits des participations de l'Etat dans les entreprises financières (de 815 millions d'euros à 1,4 milliard d'euros) et encore plus significative dans les entreprises non financières (de 1 milliard d'euros à 2,6 milliards d'euros).
Produit des exploitations industrielles et commerciales et établissements publics à caractère financier
(en millions d'euros)
Les
entreprises plus particulièrement touchées par l'augmentation du
produit des participations devraient être celles appartenant au secteur
de l'énergie (EDF-GDF).
Dans un premier temps, le ministère de l'économie, des finances
et de l'industrie n'a pas souhaité détailler les produits de la
ligne 116 en expliquant que «
le produit prévisionnel
des participations de l'Etat dans les entreprises cotées en bourse
(Renault, France Telecom etc..) dépend directement du dividende attendu,
dont la fixation est du ressort du conseil d'administration des
sociétés. Il constitue donc une donnée sensible
. Dans
ces conditions, l'estimation des recettes attendues par l'Etat au titre de ses
participations dans les entreprises non financières ne fait plus l'objet
que d'une estimation globale
en loi de
finances
afin
d'éviter la divulgation d'informations individuelles non publiques aussi
bien directement (affichage de la donnée) qu'indirectement
(donnée obtenue par recoupement de résultats
agrégés)
»
33(
*
)
.
Dans un second temps, votre rapporteur général a reçu de
Mme Florence Parly, secrétaire d'Etat au budget, la réponse
selon laquelle EDF versera 1.219,5 millions d'euros (8 milliards de
francs) en 2002, contre 217,85 millions d'euros (1,4 milliard de
francs) en 2001. Selon les informations obtenues par votre rapporteur
général, en l'absence de conclusion du nouveau contrat de groupe,
EDF aurait versé 656 millions d'euros (4,3 milliards de
francs) de moins au budget de l'Etat.
En effet, les nouveaux contrats de
groupe signés en 2001 pour la période 2001-2003 entre l'Etat et
les entreprises EDF et GDF modifient le mode de rémunération de
l'Etat
en déterminant, comme seul mode de
rémunération, le dividende dû à l'Etat comme
représentant 35 % du résultat net part du groupe pour GDF et
37,5 % du résultat net du groupe pour EDF. Ces contrats rendent
obsolètes les dispositions actuelles du décret
n° 56-493 du 14 mai 1956 modifié qui prévoient
jusqu'à présent que les dotations en capital d'EDF et GDF
donnaient lieu à l'attribution au profit de l'Etat d'un
intérêt ainsi que d'une rémunération
complémentaire fixée sur la base du résultat.
Par ailleurs, votre rapporteur général a également obtenu
du ministère de l'économie, des finances et de l'industrie
des
explications sur le dividende versé par la Caisse des
dépôts et consignations
. Celui-ci s'élèvera
à 915 millions d'euros pour 2002 dont 465 millions d'euros
(3 milliards de francs) résultant de dividendes versés
à l'occasion de la constitution entre le groupe CDC et le groupe des
caisses d'épargne, d'ici la fin de l'année, d'une
société commune.
Enfin, votre rapporteur général regrette que la
société Gaz de France, légalement tenue de fournir les
informations en cause, n'ait pas souhaité répondre de
manière chiffrée à ses questions.
b) Les autres recettes non fiscales
Les
produits et revenus du domaine de l'Etat
s'établiraient à
425,4 millions d'euros (2,8 milliards de francs) soit une hausse de
25 % par rapport aux prévisions de la loi de finances initiale pour
2001.
Les taxes, redevances et recettes assimilées
devraient
légèrement baisser dans le projet de loi de finances pour 2002,
à 6,67 milliards d'euros contre 6,84 milliards d'euros dans la loi de
finances initiale pour 2001. Cette baisse s'expliquait en particulier par la
diminution pour 252 millions d'euros (1,6 milliard de francs) des
recettes perçues au titre de la participation des employeurs à
l'effort de construction, conformément aux termes de la convention
conclue en 1998 entre l'Etat et l'Union d'économie sociale du logement
(UESL). Cependant, la conclusion d'une convention entre l'Etat et l'UESL le 11
octobre 2001 a conduit à réviser à la hausse les
contributions des associés collecteurs de l'UESL, avec la
création d'une ligne nouvelle dotée de 427 millions d'euros.
Les intérêts des avances, des prêts et dotations en
capital
chuteront fortement en 2002, passant de 973,5 millions d'euros (6,4
milliards de francs) à 602,6 millions d'euros (3,9 milliards de francs).
La raison essentielle est la quasi-disparition des intérêts des
dotations en capital et des avances d'actionnaires accordées par l'Etat
(passés de 294 millions d'euros soit 1,9 milliard de francs
à 17,1 millions d'euros soit 112 millions de francs) et de la baisse des
intérêts des prêts du Trésor qui passent de 594,5
millions d'euros (3,9 milliards de francs) à 488 millions d'euros (3,2
milliards d'euros).
Les retenues et cotisations sociales au profit de l'Etat
passent de
9 milliards d'euros (59,6 milliards de francs) à 9,37 milliards
d'euros (61,5 milliards de francs) en raison de la hausse des retenues
pour pensions 42 millions d'euros soit 932 millions de francs et des
contributions aux charges de pensions de la Poste.
Les recettes provenant de l'extérieur
progressent de 259 à
832 millions d'euros, en raison de la hausse du remboursement par les
communautés européennes des frais d'assiette et de perception des
impôts et taxes perçus au profit de son budget (+ 573
millions d'euros, soit 3,75 milliards de francs).
Les opérations entre administrations et services publics
s'élèvent à 87,7 millions d'euros, ce qui est
équivalent à l'année précédente.
c) Les recettes diverses
La
rubrique « divers »
sert une fois de plus de variable
d'ajustement.
Elle passe de 10,8 milliards d'euros (71 milliards de francs) à
12 milliards d'euros (79 milliards de francs), soit une hausse de 11 %
dans le projet de loi de finances.
La hausse essentielle se situe sur le
prélèvement de la CADES pour 3 milliards d'euros (19,7
milliards de francs) soit 1,1 milliard d'euros de plus que le versement en
2001 (+ 7 milliards de francs).
Il est en effet proposé de
raccourcir le calendrier des versements de la CADES de 2008 à 2005 et de
porter ainsi le versement annuel à 3 milliards d'euros. Il est difficile
de croire le gouvernement lorsqu'il explique que cet avancement du calendrier
est neutre pour la CADES : dès 2002, il est à craindre que
l'augmentation du versement à l'Etat aura pour conséquence de
dégrader la crédibilité de la CADES pour ses
opérations d'emprunts auprès des marchés financiers.
Par ailleurs, les prélèvements sur les fonds d'épargne
gérés par la Caisse des dépôts et consignations
s'élevaient à 3,2 milliards d'euros (21,1 milliards de
francs) dans le projet de loi de finances pour 2002 mais ils ont
été ramenés à 2,9 milliards d'euros après le
vote de la première partie de la loi de finances à
l'Assemblée nationale. Dans le même temps, une ligne nouvelle a
été créée en recettes non fiscales (dans la
catégorie taxes, redevances, et recettes assimilées) pour
accueillir une contribution des associés collecteurs de l'Union
d'économie sociale du logement pour 427 millions d'euros.
Ces deux mouvements ont en réalité une seule explication,
décrite ci-dessous.
La contribution des collecteurs du 1 % logement au budget 2002 ou comment ne pas respecter ses engagements sans se faire remarquer
Pour
boucler son budget 2002, le gouvernement souhaitait que les organismes
collecteurs du 1 % logement
contribuent, d'une manière ou d'une
autre, à hauteur de près de 732 millions d'euros (4,8 milliards
de francs) au budget de l'Etat.
Mais le gouvernement était tenu de respecter la convention conclue entre
l'Etat et les collecteurs le 3 août 1998, qui prévoyait un
prélèvement sur les collecteurs du 1 % logement à
hauteur de 274,4 millions d'euros en 2002 (1,8 milliard de francs) avant une
extinction totale du prélèvement en 2003. L'article 3 de la
convention énonçait explicitement que «
l'Etat
s'engage sur la durée de la convention
(c'est-à-dire jusqu'au
31 décembre 2003)
à n'effectuer aucun
prélèvement sur les associés collecteurs de l'UESL en sus
de la contribution prévue au présent article
».
L'idée du projet de loi de finances pour 2002 était donc de
faire passer un prélèvement qui taisait son nom par
l'intermédiaire des fonds d'épargne gérés par la
Caisse des dépôts
. Le 1 % logement versait une dotation aux
fonds d'épargne ce qui leur permettait de reprendre un montant
équivalent de provisions passées sur les prêts
accordés en deçà du coût de la ressource en faveur
du renouvellement urbain et du logement social. Les prélèvements
de l'Etat étaient alors augmentés d'autant sur les fonds
d'épargne, avec une grande discrétion
34(
*
)
et sans que les ressources supplémentaires
soient perçues comme un prélèvement direct sur le 1 %
logement.
Outre l'aspect, fort peu transparent, de cette méthode, il faut noter
que le prélèvement de l'Etat sur les fonds d'épargne n'est
sensé être réalisé qu'au titre de la
rémunération de la garantie qu'il leur accorde
. Ainsi, un
allègement des charges pesant sur les fonds d'épargne aurait eu
pour conséquence d'augmenter le prélèvement de l'Etat au
titre de la garantie qu'il accorde à ces mêmes fonds...Preuve,
s'il en était encore besoin, puisque votre commission l'a maintes fois
dit, que les modalités de prélèvements de l'Etat sur les
fonds d'épargne sont particulièrement archaïques et
relèvent bien davantage de la rente que de la rémunération
d'une garantie.
Mais cette opération ne s'est pas confirmée. En
définitive, après d'importantes négociations, les
organismes collecteurs ont signé une convention le 11 octobre 2001 avec
l'Etat dans laquelle ils s'engagent à participer à la politique
de démolition-reconstruction pour 460 millions d'euros par an (3
milliards de francs) et 430 millions d'euros (2,8 milliards de
francs) dès 2002 sous forme de versement au budget de l'Etat en recettes
non fiscales sous la ligne « taxes, redevances et recettes
assimilées ». Compte tenu du principe de non affectation des
recettes du budget général aux dépenses, il n'est
évidemment pas question d'affecter directement ce versement aux
démolitions, et ce nouveau prélèvement en 2002, en plus du
versement contractuel de 1,8 milliard de francs, est donc bien en contradiction
avec les termes de la convention du 3 août 1998.
4. L'accroissement des recettes non fiscales malgré tout insuffisant pour faire face à de nouvelles charges
Un
certain nombre de déconvenues, en particulier sur le produit des
licences UMTS et l'apparition de charges nouvelles liées au
« plan de relance décidé par le gouvernement
» (300 millions d'euros, soit 2 milliards de francs), ont
manifestement
amené le gouvernement à réfléchir
à la mobilisation de nouvelles ressources disponibles
.
« L'idée trouvée » a été
l'ouverture partielle du capital d'Autoroutes du Sud de la France (ASF), pour
un montant pour le moment estimé par le secrétaire d'Etat
à l'industrie à 1,54 milliard d'euros qui seront versés
pour l'essentiel au Fonds de réserve des retraites (1,24 milliard
d'euros), le reste allant à égalité au secteur
aérien (150 millions d'euros) et à la Banque de
développement des petites et moyennes entreprises BDPME (150 millions
d'euros).
5. Des interrogations sur l'ouverture du capital d'ASF
Si votre commission n'est évidemment pas opposée, sur le principe, à une telle ouverture de capital, il est légitime de s'interroger sur le montant de ressources qui en est attendu et sur les modalités suivant lesquelles elle sera réalisée . Concernant le montant de ressources tirées de l'ouverture du capital, le chiffre de 1,54 milliard d'euros est très en retrait des estimations des acteurs économiques, et les ressources potentielles sont plutôt évaluées à 2,3 milliards d'euros (15 milliards de francs). De fait, le ministre chargé des transports a annoncé que 762 millions d'euros iront à un fonds pour l'intermodalité sans que les crédits soient inscrits nulle part.
La répartition du produit de l'ouverture du capital d'ASF
(en milliards d'euros)
|
Ressources |
Affectation |
|
Évaluation PLF 2002 |
1,54 |
1,240 |
Fonds de réserve des retraites |
|
|
0,150 |
Secteur aérien |
|
|
0,150 |
BDPME |
Déclarations devant l'AN et le Sénat du ministre chargé des transports |
0,762 |
0,762 |
Versement au budget des transports |
Total |
2,3 |
2,3 |
|
Par
ailleurs, l'Etat est en cours de renégociation complète de ses
relations contractuelles avec les sociétés d'autoroutes et doit
signer des contrats de plan qui engageront l'avenir de ces
sociétés en fixant les montants d'investissement, les
évolutions de tarifs... Il a entièrement modifié le
régime comptable de ces sociétés, en supprimant le
mécanisme des amortissements différés, et le régime
fiscal en soumettant les péages autoroutiers à la taxe sur la
valeur ajoutée, selon des modalités pour le moment très
défavorables aux sociétés d'autoroutes.
Il est
dès lors possible de constater qu'une ouverture du capital d'ASF
interviendrait au plus mauvais moment si le contrat de plan, le cadre comptable
et le régime fiscal de la société n'étaient pas
clarifiés au plus tôt.
Surtout,
les ressources tirées de l'ouverture du capital d'ASF, qui
abonderont le compte spécial des privatisations, devraient en toute
logique servir à des dotations en capital
, ce qui n'est pas
l'objectif principal du gouvernement, qui entend surtout respecter formellement
le montant annoncé de crédits pour le fonds de réserve des
retraites en 2002, soit 2,48 milliards d'euros.
VI. L'IMPASSE DU GOUVERNEMENT EN MATIÈRE FISCALE
A. LE CHOIX TARDIF ET MAL ASSUMÉ DES BAISSES D'IMPÔTS
1. Une conversion contrainte par l'envolée des prélèvements fiscaux
Alors
que la France connaît depuis maintenant 4 années une
période de forte croissance,
le gouvernement n'a fait que très
tardivement le choix de baisser les impôts
, après avoir
atteint les limites de l'acceptable pour les contribuables en 1999 (70 % de
l'augmentation de la richesse nationale aura été cette
année, captée par la sphère publique).
Il faut rappeler que notre pays a connu une augmentation significative des
prélèvements fiscaux sur la période 1997-2001.
Le produit fiscal net aura ainsi augmenté de 29 milliards d'euros
(190 milliards de francs) sur la période 1997-2001
, malgré le
transfert d'importantes recettes pour le financement de la
Sécurité sociale (13 milliards d'euros de recettes fiscales
alimentent désormais la Sécurité sociale).
Evolution du produit fiscal net
(en
milliards d'euros)
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
Révisé 2001 |
2001/1997 |
2001/1997 en % |
|
Produit fiscal net |
216,0 |
221,4 |
238,7 |
240,0 |
245,0 |
29,0 |
+ 13,4% |
Evolution du produit fiscal net 1997-2001
(en milliards d'euros)
Compte tenu des transferts de l'Etat à la
Sécurité sociale, de la création ou de la modification de
prélèvements spécifiques à la sphère
sociale, les prélèvements obligatoires apparaissent toutefois
comme l'indicateur le plus pertinent de l'évolution des charges fiscales
et sociales pesant sur les entreprises et sur les ménages
.
Ces prélèvements auront augmenté de 16,4 % sur la
période 1997-2001 soit 92,6 milliards d'euros en valeur (607
milliards de francs).
Evolution du montant des prélèvements obligatoires
(en
milliards d'euros)
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
Révisé 2001 |
1997/2001 |
1997/2001 |
|
Total PO |
562,3 |
584,5 |
615,6 |
634,3 |
654,9 |
92,6 |
+ 16,4 % |
Source : rapport économique, social et financier pour 2002
Evolution des prélèvements obligatoires
1997-2001
(en milliards d'euros)
C'est donc dans le contexte d'une forte pression fiscale et sociale que le
ministre de l'économie, des finances et de l'industrie a annoncé
un plan de baisses d'impôts en août 2000, avec des premières
mesures dans le projet de loi de finances pour 2001.
Mais, le gouvernement a choisi le « saupoudrage » plutôt que la
réforme, au risque d'ailleurs d'oublier de nombreux Français et
de fragiliser encore la compétitivité des entreprises.
2. Un programme fiscal sans orientation claire
La multiplication des mesures fiscales montre l'hésitation du gouvernement sur les arbitrages fiscaux à réaliser, comme en témoigne la liste - non exhaustive - de tous les impôts concernés par des baisses et celle des objectifs poursuivis.
Le programme fiscal du gouvernement
|
Réduction des inégalités/distorsions |
Soutien du pouvoir d'achat |
Soutien de l'emploi |
Soutien de l'investissement |
TVA |
x |
X |
x |
|
IR |
x |
X |
|
|
IS |
|
|
|
x |
Prime pour l'emploi |
x |
X |
x |
|
TP |
x |
|
x |
|
TH |
x |
X |
x |
|
DMTO |
x |
|
x |
x |
Vignette |
|
X |
|
|
Source : rapport du gouvernement préparatoire
au DOB
2002
Le choix du gouvernement n'était pas celui de la réforme.
Pour preuve, il n'a pas touché aux caractéristiques
fondamentales de notre système fiscal : des assiettes
étroites à taux élevé (impôt sur le revenu,
impôt de solidarité sur la fortune), une progressivité
excessive de l'impôt sur le revenu qui le rend spoliateur et
décourage l'initiative, l'empilement d'impôts sur une même
assiette (impôts sur le patrimoine notamment).
L'impôt sur le revenu est un cas exemplaire.
L'impôt sur le revenu : en attendant la
réforme...
L'allègement de l'impôt sur le revenu a
été présenté comme la mesure
« phare » du programme de baisses d'impôt du
gouvernement.
Or,
la France a l'impôt sur le revenu le plus archaïque qui
soit.
Bien que le taux marginal maximum de l'IRPP reste l'un des plus
élevés du monde, sa part dans le total des recettes fiscales est
l'une des plus faibles car la moitié seulement des Français
paient cet impôt.
La part de l'impôt sur le revenu dans le total des recettes fiscales
représente 17,4 % en France, contre 25 % en Allemagne, 27,5 % au
Royaume-Uni et 40,5 % en Grande-Bretagne (Source : OCDE - 1998).
La vraie réforme consisterait à élargir l'assiette de
l'IR et à en réduire le taux
. De nombreux pays ont fait cette
démarche dans les années passées. La loi de 1986 (Tax
reform Act) aux Etats-Unis a permis de réduire considérablement
les taux d'imposition en compensant par un élargissement de l'assiette
des impôts (suppression des abattements et déductions,
intégration des gains en capital dans le revenu imposable), la
Grande-Bretagne a fait de même au cours des années 80. L'Allemagne
a également entrepris une vaste réforme de l'impôt sur le
revenu, consistant à en élargir l'assiette et à en
réduire le taux, en trois étapes (1986,1988,1990). Très
récemment, l'Allemagne a mis en oeuvre une réforme,
adoptée définitivement en juillet 2000, ramenant le taux plancher
de l'impôt sur le revenu à 15 % d'ici à 2005. Les Pays-Bas
ont également mené une réforme en 1990 afin
d'élargir la base et réduire les taux d'imposition. De son
côté, la France refuse une réflexion approfondie sur ce
sujet.
B. LE BUDGET 2002 ENTRE « IMMOBILISME FISCAL » ET « NON-RÉFORME »
1. Une série de mesures hétéroclites
Le présent projet de loi de finances ne comprend pas de mesures fiscales nouvelles significatives mais tire les conséquences de mesures déjà votées l'an dernier , qui auront un impact de 6 milliards d'euros (39,4 milliards de francs) sur les recettes en 2002.
Mesures votées ayant un impact sur le budget
2002
|
En milliards d'euros |
En milliards de francs |
Allègement d'IR |
2,0 |
13,1 |
Prime pour l'emploi |
1,1 |
7,2 |
Aménagement de l'impôt sur les sociétés dont fin majoration 10 % |
1,6 |
10,5 |
Suppression de la part salariale dans le calcul de la taxe professionnelle |
1,3 |
8,5 |
Total |
6,0 |
39,4 |
Par
contre,
il comprend une série de « petites
mesures » relativement nombreuses et très peu
coûteuses
, parmi lesquelles :
- l'amélioration du plafond de déduction des dons aux
associations (18 millions d'euros, 118 millions de francs) ;
- des mesures en faveur du logement social (non chiffrées) ;
- un crédit d'impôt pour les dépenses d'isolation thermique
et l'amélioration du crédit d'impôt pour l'achat de
véhicules neufs (6 millions d'euros, 39 millions de francs) ;
- des mesures de simplification du paiement des impôts ;
- l'ouverture du plan d'épargne en actions (PEA) et la modernisation du
régime des fonds commun de placement pour l'innovation.
2. Des allègements sur le travail en trompe l'oeil
Selon le
gouvernement,
la prime pour l'emploi
marque la priorité
donnée à la reprise d'activité et à la lutte contre
l'exclusion. Le coût de la prime pour l'emploi devrait s'élever
à 2,3 milliards d'euros en 2002, contre 1,3 milliard d'euros en 2001,
8,5 millions de foyers fiscaux bénéficiant de la mesure pour
un montant moyen de 280 euros environ. Les bénéficiaires sont
majoritairement des foyers à revenus modestes puisque 70 % d'entre
eux appartiennent à la moitié la moins aisée des
contribuables.
Le gouvernement fait également valoir que la réduction de 3
points des taux sur les deux premières tranches du barème de
l'impôt sur le revenu
entre 1999 et 2002, de 2 points sur les deux
suivantes et de 1,25 point sur les deux dernières
«
apportera une contribution significative à la
réduction des trappes à inactivité
». La
baisse serait de nature à réduire le « coin social et
fiscal » pesant sur le travail peu qualifié.
Or,
chacun sait que c'est surtout le « coin
social » qui pèse sur le travail peu qualifié en raison
du niveau très important des cotisations sociales en France
. Aucune
action d'envergure n'a été prise récemment pour
réduire ce « coin social ». Les allègements
de charges accordés dans le cadre de la réduction du temps de
travail devraient se traduire par une réduction de 7,3 milliards d'euros
du coût du travail en 2002 par rapport à 1997, selon les termes du
gouvernement, qui n'envisage donc des allégements que pour compenser de
manière tout à fait insuffisante le poids extraordinairement
lourd pour les entreprises de la nouvelle législation sur la
durée du travail. Il y a bien, dans ce domaine, alourdissement du
coût du travail pour les entreprises.
Surtout, le rapport économique, social et financier rappelle à
juste titre que le taux implicite d'imposition du travail a progressé de
37 % en 1980 à 42 % en 1990 jusqu'à près de 46 %
en 2000
. Cette évolution constante à la hausse n'est pas le
fait d'un seul gouvernement mais d'un enchaînement de décisions
fiscales qui ont conduit à un taux d'imposition manifestement trop
élevé. Une diminution du taux d'imposition est envisagée
sur la période 2000-2002 sans évidemment qu'il soit possible de
la vérifier. Quoiqu'il en soit, le mouvement prévu à la
baisse consisterait à revenir à un taux un peu inférieur
à 45 % d'imposition implicite du travail, soit l'équivalent du
taux constaté en 1997.
De fait, l'évolution de l'impôt sur le revenu entre 1997 et 2000,
même si elle ne mesure qu'une partie de la fiscalité pesant sur
les revenus du travail, montre combien les prélèvements sur les
revenus d'activité des Français ont été un
élément important de la hausse formidable des rentrées
fiscales de l'Etat pendant cette période. Après une hausse en
1999 qualifiée par la Cour des comptes elle-même
«
d'exceptionnellement rapide
» (+ 9,8 %)
l'augmentation de l'impôt sur le revenu est resté dynamique en
2000 avec une progression de 4,7 %, malgré les aménagements
de droits.
Au total, et malgré les allégements en 2000 et 2001,
l'impôt sur le revenu aura progressé de 19 % sur la période
1997-2001, soit 8,7 milliards d'euros en valeur.
Evolution de l'impôt sur le revenu
(en milliards d'euros)
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
Révisé 2001 |
2001/1997 |
2001/1997 en % |
|
Impôt sur le revenu |
44,73 |
46,34 |
50,86 |
53,25 |
53,39 |
+ 8,66 |
+ 19,4% |
Evolution de l'impôt sur le revenu 1997-2001
(en milliards d'euros)
3. Aucune forme d'allègement pour les entreprises
L'activité des entreprises dépend à la
fois des
actions menées pour favoriser la demande des ménages et des
actions en faveur de l'investissement des entreprises.
Pendant la période 1998-2000,
le taux implicite d'imposition de la
consommation
aura très légèrement diminué
(- 0,3 point environ) pour s'établir à 17,7 %, après
une période de progression de 1993 à 1997. Pour 2001-2002, selon
les projections du gouvernement, une baisse d'environ 0,7 point
interviendrait, en raison principalement de l'effet de la diminution du taux
normal de TVA décidée en avril 2000. Pour le moment, force est de
constater que si globalement, le gouvernement n'a pas augmenté le taux
d'imposition de la consommation dans une période de forte croissance de
la demande des ménages (une telle augmentation aurait d'ailleurs
été particulièrement illogique en période de
croissance soutenue et de rentrées fiscales abondantes) les timides
mesures d'allégements prises en 2000 n'ont pas encore produit d'effets.
Sur la période 1997-2001, la TVA aura ainsi augmenté, du fait de
la croissance de la consommation, de 11 % , soit 10 milliards d'euros.
Evolution de la TVA nette
(en milliards d'euros)
|
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
Révisé 2001 |
97/2001 |
97/2001 |
TVA nette |
95,45 |
97,86 |
102,31 |
104,75 |
105,95 |
10,5 |
11,0% |
Evolution de la TVA nette
(en milliards d'euros)
En
choisissant de baisser d'un point le taux de TVA en avril 2000, dans une
période de croissance de la demande, le gouvernement n'a fait
qu'accompagner un mouvement déjà à l'oeuvre, et,
même si les évaluations ne sont pas encore disponibles, il est
vraisemblable que cette mesure fiscale n'ait eu d'impact que sur les prix.
L'autre élément important en direction des entreprises est
l'imposition du capital.
Or, il faut constater
l'évolution
significative à la hausse du taux d'imposition du capital
. Celle-ci
est passée de 42 % à 44 % entre 1997 et 2000, en raison de
multiples mesures, en premier lieu la contribution de 15 % votée dans le
cadre de la loi portant mesures urgentes de réforme à
caractère économique et financier. Pour 2001, le taux
d'imposition serait sensiblement identique mais une forte réduction est
prévue pour 2002, du fait de l'arrivée à terme de la
contribution de 15 % en 2000 et de la réduction à 3 % de la
surtaxe d'impôt sur les sociétés.
En définitive, le gouvernement aura sensiblement accru les
prélèvements sur les entreprises dans la période
1997-2000, accumulant ainsi d'importantes recettes fiscales amplifiées
par l'évolution à la hausse des résultats de ces
entreprises.
L'impôt sur les sociétés aura progressé de 57 %
sur la période 1997-2001, passant de 26 milliards d'euros à 41
milliards d'euros (+ 15 milliards d'euros soit 100 milliards de
francs).
Evolution de l'impôt sur les sociétés
(en milliards d'euros)
|
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
Révisé 2001 |
97/2001 |
97/2001 |
Impôt sur les sociétés |
26,25 |
28,16 |
35,03 |
37,7 |
41,16 |
14,91 |
57 % |
Impôt sur les sociétés net 1997-2001
(en milliards d'euros)
4. Aucune mesure n'a été prise pour améliorer l'attractivité fiscale de la France
Les
baisses d'impôts n'ont pas changé la nature de notre
système fiscal qui décourage l'initiative, le travail, et
l'investissement des entreprises.
La preuve de la frilosité gouvernementale : les propositions du
rapport de nos collègues Denis Badré et André
Ferrand
35(
*
)
ou de la mission conduite par notre
collègue député Michel Charzat n'ont pas été
prises en compte, alors qu'elles étaient de nature à
améliorer la compétitivité de notre économie. Et
pourtant, le ministre de l'économie, des finances et de l'industrie,
M. Laurent Fabius avait annoncé en juillet dernier, lors de la
réunion annuelle de Paris-Europlace, qu'il souhaitait donner suite aux
propositions Charzat !
Parmi les propositions du « rapport Charzat », on peut
citer :
- en matière d'innovation,
l'extension du crédit
d'impôt recherche
, et l'élargissement du régime de
souscription de parts de créateurs d'entreprises,
- le
raccourcissement des délais de remboursement des crédits
de TVA
,
-
la réduction du coût fiscal des créations
d'entreprise
,
-
une réflexion sur le niveau d'imposition globale des
entreprises
, avec la mise à niveau de l'impôt sur les
sociétés, une réforme du régime fiscal des
distributions et de l'imposition des plus-values sur les titres de
participation, une réforme de la taxe professionnelle, la suppression ou
la déductibilité de la contribution des institutions
financières, la suppression du taux marginal de la taxe sur les salaires,
- pour favoriser la venue et le maintien en France des impatriés
,
l'extension du régime des quartiers généraux et
l'exonération d'une prime d'impatriation
à l'impôt sur
le revenu, ainsi qu'un abattement de 20% sur l'impôt sur le revenu,
- l'actualisation du
barème de l'impôt de solidarité sur
la fortune
(ISF).
Seules deux mesures ont été intégrées dans le
présent projet de loi de finances
: un assouplissement du
régime fiscal applicable aux PEA et une modernisation du régime
des FCPR et des FCPI. L'actualisation du barème de l'ISF en 2002 ne
recouvre que la hausse des prix en 2002 et ne suit donc pas les propositions du
rapport Charzat qui souhaitait une actualisation après plusieurs
années d'absence de revalorisation du barème. En outre, comme les
années précédentes, cette actualisation a
été supprimée à l'Assemblée nationale en
première lecture afin de donner des gages à la majorité
plurielle.
Le
« rapport Charzat » : un coup de semonce auquel le
gouvernement reste sourd
Tout en
refusant l'alarmisme, le rapport de notre collègue député
Michel Charzat n'hésite pas à
souligner les difficultés
auxquelles s'expose la France du fait de son absence d'initiative en
matière d'attractivité du territoire français.
Il parle des atouts « menacés » dans la recherche
et l'innovation et constate que «
seule une action volontariste,
à l'échelle européenne comme à l'échelle
française, peut nous éviter d'être définitivement
distancés
» dans le domaine des nouvelles technologies.
Estimant les pratiques administratives trop complexes, il estime que
«
le chantier de la simplification doit être
repris
».
Le rapport souligne également qu'à moyen terme «
on
ne pourra faire l'économie d'une réflexion globale sur le niveau
d'imposition des entreprises, dans un contexte européen et international
radicalement modifié par la réforme allemande
».
Alors que l'on sait que le gouvernement a repoussé ses projets de
modernisation, le rapport rappelle que «
le risque
d'affaiblissement de la place financière de Paris n'est pas
négligeable
».
Le rapport souligne que «
neuf pays européens sur
quinze
» ont pris des mesures pour faciliter l'accueil des
impatriés et que la France est le seul pays, avec l'Allemagne et les
pays méditerranéens à n'avoir rien fait.
Enfin, le rapport reconnaît que la fiscalité du patrimoine, et en
particulier l'impôt de solidarité sur la fortune, peut être
perçue comme confiscatoire.
C. LE RÉSULTAT : UNE PRESSION FISCALE TOUJOURS ÉLEVÉE
Les mesures prises par le gouvernement en 2001 devaient ramener le taux de prélèvements obligatoires au niveau auquel le gouvernement l'avait trouvé en 1997.
1. Un prochain retour au taux de prélèvements obligatoires de 1997
Le
gouvernement prévoyait un taux de prélèvements
obligatoires de 44,7 % en 2001 mais il a revu sa prévision d'un point
à la hausse à l'occasion du débat d'orientation
budgétaire pour 2002 (44,8 %) puis encore d'un point à la hausse
dans le rapport économique, social et financier associé au
présent projet de loi de finances, pour atteindre 44,9 %.
Cette
révision s'explique par une progression du PIB plus faible que
prévue (au dénominateur) qui n'est pas entièrement
compensée par la révision à la baisse des recettes
fiscales (au numérateur). Le différentiel de
prélèvement constaté (+ 0,2 point) porte sur les
prélèvements au profit de la Sécurité sociale, qui
devraient voir leur poids augmenter de nouveau dans l'ensemble des
prélèvements obligatoires.
Pour 2002, le taux de prélèvements serait ramené
à 44,5 % du PIB.
Les prélèvements obligatoires
(en points de PIB)
|
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
2001 (e) |
2002 (e) |
Etat |
17,3 |
17,2 |
17,8 |
17,1 |
16,9 |
16,6 |
ODAC |
0,8 |
0,8 |
0,8 |
0,8 |
0,8 |
0,8 |
APUL |
5,7 |
5,7 |
5,5 |
5,2 |
5,1 |
4,9 |
Sécurité sociale |
20,5 |
20,5 |
20,9 |
21,4 |
21,6 |
21,7 |
Union européenne |
0,7 |
0,6 |
0,6 |
0,6 |
0,6 |
0,5 |
Total PO |
44,9 |
44,8 |
45,6 |
45,2 |
44,9 |
44,5 |
2. Les prélèvements ne pourront se réduire en l'absence de maîtrise de la dépense
Ces
annonces sont trompeuses : en l'absence de maîtrise de la
dépense, la seule manière de ne pas laisser
« filer » le déficit est le maintien d'une pression
fiscalo-sociale élevée. Malgré plusieurs années de
forte croissance,
la lourdeur de nos prélèvements n'a pas
été remise en cause,
mais au contraire utilisée pour
financer des dépenses budgétaires et sociales toujours plus
importantes.
Il y a fort à douter qu'une période de croissance moins
soutenue, comme celle qui s'annonce en 2002, permette une diminution durable
des prélèvements
. Déjà, avec une
prévision de croissance de 2,5 % pour 2002, le gouvernement souhaite
ponctionner 5,8 milliards d'euros (38 milliards de francs)
supplémentaires de recettes non fiscales. On peut légitimement
s'interroger sur les autres prélèvements qui ne manqueraient pas
d'advenir en cas de frein plus prononcé sur la croissance.
CHAPITRE III :
L'APPRÉCIATION GLOBALE DES FINANCES
PUBLIQUES : L'ÉTAT DE LA FRANCE SE DÉGRADE
Conformément à la démarche initiée lors de l'examen des deux derniers projets de loi de finances, votre rapporteur général estime qu'il est indispensable de porter un regard d'ensemble sur la gestion des finances publiques françaises et, dans le cadre de l'actuel programme pluriannuel des finances publiques, de les comparer utilement avec celles de nos principaux partenaires économiques.
I. LA FRANCE, TOUJOURS MAUVAIS ÉLÈVE DE L'UNION EUROPÉENNE
A. DES DÉFICITS PUBLICS SUPÉRIEURS À LA MOYENNE DE LA ZONE EURO ET À CELLE DES PAYS DE L'OCDE
Cette situation déjà dénoncée par votre rapporteur fait l'objet dans le rapport de la Cour des comptes sur l'exécution des lois de finances en 2000 de remarques très critiques. Elle relève en effet que « toutefois, le redressement est moins rapide que par le passé, et au sein de l'Union européenne, la France rétablit ses comptes moins vite que les autres Etats. Le besoin de financement des administrations publiques (1,3 % du PIB) de la France se compare à des résultats souvent meilleurs chez nos partenaires de la zone euro qui affichent un besoin de financement de 0,7 % ou de l'Union européenne dont le besoin est de 0,2 % (s'il est tenu compte des vents de licence UMTS, importantes notamment en Allemagne, au Royaume-Uni et en Italie, l'écart se creuse) ».
Solde des administrations publiques des principaux pays
de la zone euro et
des autres pays du G7
(en points de PIB)
Années |
France |
Allemagne |
Italie |
Zone euro |
Royaume-Uni |
Etats-Unis |
OCDE |
1993 |
- 6,0 |
- 3,1 |
- 9,4 |
- 5,6 |
- 8,0 |
- 5,0 |
- 4,9 |
1994 |
- 5,5 |
- 2,4 |
- 9,1 |
- 5,0 |
- 6,8 |
- 3,6 |
- 4,1 |
1995 |
- 5,6 |
- 3,3 |
- 7,6 |
- 5,0 |
- 5,8 |
- 3,1 |
- 3,9 |
1996 |
- 4,1 |
- 3,4 |
- 7,1 |
- 4,3 |
- 4,4 |
- 2,2 |
- 3,2 |
1997 |
- 3,0 |
- 2,7 |
- 2,7 |
- 2,6 |
- 2,0 |
- 0,9 |
- 1,7 |
1998 |
- 2,7 |
- 2,1 |
- 2,8 |
- 2,2 |
0,4 |
0,3 |
- 1,3 |
1999 |
- 1,6 |
- 1,4 |
- 1,8 |
- 1,3 |
1,3 |
1,0 |
- 0,8 |
2000 |
- 1,3 |
- 1,5* |
- 0,3 |
0,3* |
1,9 |
2,2 |
0,4 |
2001 (p) |
- 0,5 |
- 1,7 |
- 1,3 |
- 0,6 |
1,2 |
2,1 |
0 |
2002 (p) |
- 0,8 |
- 1,2 |
- 1,2 |
- 0,4 |
0,9 |
1,4 |
- 0,3 |
Source : OCDE
* y.c. UMTS
Evolution comparée du déficit public français (1993-2002)
(en points de PIB)
1. Un déficit structurel toujours supérieur à la moyenne de la zone euro
Le déficit structurel de notre pays a été très significativement réduit entre 1993 et 1997 passant de - 5 à - 1,6 points de PIB. Depuis 1997, son évolution est plus contrastée : non seulement sa réduction a été faible entre 1997 et 1999 (amélioration de 0,4 point de PIB) mais il s'est accru en 2000 de 0,2 point. De ce fait, il devrait être en 2002 au niveau atteint en 1999, ce qui signifie qu'aucun effort n'aura été accompli en ce domaine. Par ailleurs, l'écart entre le solde français et le solde moyen de la zone euro ne se réduit toujours pas. La France connaît toujours un déficit structurel supérieur à celui de la moyenne de la zone euro : le décalage est de 0,8 point pour 2000, et devrait être de 0,6 point en 2001 et de 0,7 point en 2002.
Solde structurel des administrations publiques
(en points de PIB potentiel)
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Prévisions |
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1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
2001 |
2002 |
Etats-Unis |
- 4,4 |
- 3,5 |
- 2,8 |
- 2,1 |
- 1,0 |
0,1 |
0,7 |
1,7 |
2,1 |
1,5 |
Allemagne |
- 2,1 |
- 1,7 |
- 2,7 |
- 2,4 |
- 1,6 |
- 1,1 |
- 0,4 |
- 0,5 |
- 1,3 |
- 1,0 |
France |
- 5,0 |
- 4,6 |
- 4,6 |
- 2,8 |
- 1,6 |
- 1,8 |
- 1,2 |
- 1,4 |
- 1,3 |
- 1,2 |
Italie |
- 7,8 |
- 7,9 |
- 7,2 |
- 6,4 |
- 2,0 |
- 2,0 |
- 0,8 |
- 0,9 |
- 0,8 |
- 0,8 |
Royaume Uni |
- 5,9 |
- 5,7 |
- 5,0 |
- 3,8 |
- 2,0 |
0,3 |
1,2 |
1,6 |
1,0 |
0,7 |
Zone Euro |
- 4,3 |
- 3,9 |
- 4,1 |
- 3,0 |
- 1,5 |
- 1,3 |
- 0,6 |
- 0,6 |
- 0,7 |
- 0,5 |
Source : OCDE
Des déficits structurels toujours nettement supérieurs à la moyenne européenne
(en points de PIB)
2. Des déficits publics à nouveau parmi les plus élevés d'Europe
La
France s'inscrit depuis 1997 dans le mouvement général de
réduction des déficits publics rendu nécessaire par la
mise en place des critères de convergence. Ces déficits demeurent
néanmoins parmi les plus élevés de l'Union
européenne.
Ainsi, selon les chiffres fournis au 1
er
semestre 2002 par la
Commission européenne, la France devrait connaître l'un des
déficits par rapport au PIB les plus élevés avec un niveau
de - 0,5 point de PIB alors que la moyenne de l'Union
européenne devrait être de + 0,3 point de PIB. Il
convient de relever que notre situation relative s'est encore
dégradée au cours du second semestre : selon les propres
chiffres du gouvernement
36(
*
)
, le besoin de
financement de la France s'élèverait pour les années
2000-2002 à - 1,4 point de PIB, soit en fin de période
un niveau supérieur à celui de l'Allemagne.
Solde financier des administrations publiques
(en points de PIB nominal)
|
|
|
|
Prévisions |
||||
|
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
2001 |
2002 |
Allemagne |
- 3,5 |
- 3,4 |
- 2,7 |
- 2,1 |
- 1,4 |
1,4* |
- 1,5 |
- 1,2 |
France |
- 5,5 |
- 4,1 |
- 3,0 |
- 2,7 |
- 1,8 |
- 1,4 |
- 1,1 |
- 0,5 |
Italie |
- 7,6 |
- 7,1 |
- 2,7 |
- 2,8 |
- 1,9 |
- 0,1 |
- 1,1 |
- 1,0 |
Royaume-Uni |
- 5,8 |
- 4,4 |
- 2,0 |
0,4 |
1,3 |
4,5* |
2,0 |
2,0 |
Union européenne |
- 5,2 |
- 4,2 |
- 2,4 |
- 1,5 |
- 0,7 |
1,2* |
0,2* |
0,3 |
*
y.c. UMTS
Source : commission européenne
Evolution comparée des déficits publics français, allemand et de l'Union européenne
(en points de PIB)
Un « décrochage » très net à partir
de 1997
L'évolution comparée des besoins de financement
de la
France par rapport à ceux de la moyenne de l'Union européenne ou
de la zone euro telle qu'elle ressort des chiffres fournis par Eurostat est
riche d'enseignements.
Elle montre en effet un décrochage significatif à compter de
1997. En 1996, le besoin de financement de la France s'élevait ainsi
à 4,2 points de PIB, soit un niveau identique à celui de la
moyenne tant des 15 pays de l'Union européenne, que des
11 pays de la zone euro.
Quatre années plus tard, force est de constater que l'écart
s'est très significativement creusé, en notre
défaveur
: la France connaît ainsi en 2000 un besoin de
financement de 1,3 point de PIB alors que la moyenne de l'Union
européenne est désormais proche de l'équilibre
(- 0,1 point de PIB) et que celle de la zone euro se situe à
un niveau intermédiaire (- 0,8 point de PIB), soit
malgré tout un avantage comparatif de 0,5 point de PIB par rapport
à la France.
Evolution comparée du besoin de financement (hors UMTS)
(en points de PIB)
Source : Eurostat juin 2001
3. Un décalage encore plus net s'agissant des seules administrations centrales
Le décalage est encore plus patent si l'on se limite aux seules administrations centrales telles que l'OCDE les définit. La situation de la France demeure beaucoup moins favorable que celle de ses principaux partenaires y compris dans les statistiques intégrant les recettes issues de la vente de licences de téléphonies mobile qui ne seront pourtant pas perçues en 2001.
Solde financier des administrations centrales
(en points de PIB)
|
|
|
|
Prévisions |
||||
|
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
2001 |
2002 |
Canada |
- 3,9 |
- 2,0 |
0,5 |
0,5 |
0,6 |
1,4 |
1,0 |
0,8 |
France |
- 4,2 |
- 3,7 |
- 2,8 |
- 3,0 |
- 2,5 |
- 2,4 |
- 1,6 |
- 1,9 |
Allemagne |
- 1,4 |
- 2,2 |
- 1,7 |
- 1,5 |
- 1,3 |
1,3 |
- 1,2 |
- 1,0 |
Italie |
- 7,7 |
- 6,9 |
- 2,9 |
- 2,7 |
- 1,3 |
0,2 |
- 0,8 |
- 0,7 |
Japon |
- 3,9 |
- 4,2 |
- 3,7 |
- 5,2 |
- 6,8 |
- 5,9 |
- 5,5 |
- 5,9 |
Royaume Uni |
- 5,5 |
- 4,7 |
- 2,0 |
0,2 |
1,1 |
1,9 |
1,1 |
0,8 |
Etats-Unis |
- 2,6 |
- 1,9 |
- 0,6 |
0,6 |
1,3 |
2,4 |
2,5 |
1,9 |
Note : le solde financier des administrations centrales
comprend les recettes ponctuelles provenant de la vente de licences de
téléphonie mobile
Source : OCDE
Evolution comparée (y.c. UMTS) des déficits des
administrations centrales
en France, Allemagne et au Royaume-Uni
(en points de PIB)
B. UNE SITUATION EN MATIÈRE DE DETTE PUBLIQUE BEAUCOUP MOINS FAVORABLE QUE PAR LE PASSÉ
Le
niveau d'endettement de la France la situait, avec 59,3 % du PIB, en 1997
au 4
ème
rang
37(
*
)
au sein
de l'Union européenne dont le ratio d'endettement moyen était
alors de 71,1 %. Néanmoins, sa situation relative par rapport
à l'ensemble de ses principaux partenaires, qu'il s'agisse des pays
membres de l'Union européenne ou de la zone euro, naguère
favorable, a continué depuis de se dégrader très
régulièrement.
En 2002, la France ne devrait se situer qu'au
9
ème
rang avec un poids de la dette rapportée au
PIB de 55,7 % contre une moyenne de 57,9 % au sein de l'Union
européenne.
1. Une situation correcte seulement en apparence
En 2002, la France devrait compter parmi les 11 pays sur les 15 que comporte l'Union européenne à avoir une dette des administrations publiques inférieure au plafond de 60 % du PIB fixé par le traité de Maastricht. En outre, la part de la dette publique française rapportée au PIB reste encore inférieure tant à la moyenne des pays de l'Union européenne qu'à celle des pays de la zone euro.
Dette brute consolidée des administrations publiques
(en points de PIB)
|
|
|
|
|
|
|
Prévisions |
|
|
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
2001 |
2002 |
Allemagne |
57,1 |
59,8 |
60,9 |
60,7 |
61,1 |
60,0 |
57,8 |
56,6 |
Espagne |
64,0 |
68,1 |
66,7 |
64,6 |
63,3 |
61,0 |
58,1 |
55,6 |
France |
54,0 |
57,1 |
59,3 |
59,7 |
58,9 |
58,3 |
56,9 |
55,7 |
Italie |
123,3 |
122,1 |
119,8 |
116,2 |
115,1 |
110,7 |
105,8 |
102,3 |
Pays-Bas |
77,0 |
75,2 |
70,0 |
66,6 |
62,9 |
56,9 |
52,7 |
47,5 |
Royaume-Uni |
52,1 |
52,7 |
51,1 |
48,0 |
45,7 |
38,8 |
34,8 |
30,9 |
Moyenne de l'Union européenne |
70,2 |
72,2 |
71,1 |
69,0 |
67,5 |
63,9 |
60,7 |
57,9 |
Zone euro-11 |
72,3 |
74,8 |
74,6 |
73,0 |
72,1 |
69,8 |
66,9 |
64,5 |
Zone euro-12* |
72,9 |
75,4 |
75,3 |
73,6 |
72,7 |
70,4 |
67,5 |
65,2 |
Source : commission européenne
* La zone euro-12 inclut l'ensemble des pays de l'Union européenne sauf
le Royaume-Uni, le Danemark et la Suède.
2. Une dégradation très nette par rapport à la moyenne de nos partenaires en Europe
La France connaît encore un niveau de dette publique légèrement inférieur à la moyenne de ses principaux partenaires. Cet écart longtemps important en faveur de notre pays s'est réduit significativement : l'effort qu'accomplit notre pays pour réduire ses déficits publics et son endettement est moins net et volontariste que celui de ses principaux partenaires. Comme le montre le graphique ci-après, notre « différentiel » s'est ainsi très significativement réduit : il était en 1995 de 18,3 points de PIB par rapport à la moyenne de l'Union européenne. Il ne devrait plus être, en 2002, que de 2,2 points de PIB. De même, l'écart par rapport à la moyenne de la zone euro-11 s'est, lui aussi, considérablement réduit en notre défaveur : il était de 20,4 points de PIB en 1995 et est estimé à 8,5 points pour 2002.
L'évolution de la dette publique
française
par
rapport à la moyenne de nos partenaires européens
(en points de PIB)
|
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
2001 |
2002 |
France |
51,9 |
57,1 |
59 |
59,3 |
58,6 |
58,2 |
57,1 |
55,7 |
Moyenne de l'Union européenne |
70,2 |
72,2 |
71,1 |
69 |
67,5 |
63,9 |
60,7 |
57,9 |
Moyenne de la zone euro-11 |
72,3 |
74,8 |
74,6 |
73 |
72,1 |
69,8 |
66,9 |
64,5 |
Moyenne de la zone euro-12 |
72,9 |
75,4 |
75,3 |
73,6 |
72,7 |
70,4 |
67,5 |
65,2 |
Ecart France/moyenne de l'Union européenne |
-18,3 |
-15,1 |
-12,1 |
-9,7 |
-8,9 |
-5,7 |
-3,6 |
-2,2 |
Ecart France/moyenne de la zone euro-11 |
-20,4 |
-17,7 |
-15,6 |
-13,7 |
-13,5 |
-11,6 |
-9,8 |
-8,5 |
Ecart France/moyenne de la zone euro-12 |
-21 |
-18,3 |
-16,3 |
-14,3 |
-14,1 |
-12,2 |
-10,4 |
-9,5 |
Source : commission européenne
L'avantage comparatif de la France en terme de dette publique se réduit très sensiblement
(en points de PIB)
II. DES LIENS ENTRE LE PLF 2002 ET LE PLFSS 2002 TOUJOURS PLUS COMPLEXES
Le
projet de loi de finances et le projet de loi de financement de la
Sécurité sociale constituent deux textes financiers de nature
complètement différente, mais qui entretiennent des relations
étroites qui, année après année, conduisent
à rendre délicate l'appréhension globale de l'état
de nos finances publiques comme des conséquences réelles des
décisions proposées par le gouvernement à l'approbation du
Parlement.
Si, par rapport aux années précédentes, il existe pour
2002 peu de dispositifs miroirs entre les deux textes, votre rapporteur
général tient à souligner d'une part que la
complexité intrinsèque porteuse d'obscurité et de
manipulations demeure, d'autre part que le jeu combiné des deux textes
ne peut faire oublier que les dépenses sociales ne se maîtrisent
pas, que les prélèvements sociaux augmentent, et que le
rééquilibrage des comptes de la Sécurité sociale
n'est que fruit d'un dynamisme des recettes que la fragilité de
l'environnement international pourrait remettre en cause.
A. UN ENVIRONNEMENT MACROÉCONOMIQUE COMMUN AU PLF ET AU PLFSS
La loi de finances et la loi de financement de la Sécurité sociale partagent les hypothèses macroéconomiques et constituent, l'une comme l'autre, un élément des engagements européens de la France en matière de finances publiques.
1. L'importance des hypothèses
a) Le cadrage macroéconomique
Les deux
textes sont construits sur les mêmes hypothèses
macroéconomiques, à savoir un taux de croissance du PIB pour 2002
de 2,5 %, un taux de croissance de la masse salariale du secteur
privé de 5 % et un taux de croissance des effectifs salariés
de 1,7 %.
Comme pour le budget de l'État, l'influence de ces hypothèses sur
les résultats des régimes sociaux est très importante.
Par exemple, une variation d'un point de la masse salariale se traduit par une
différence de 1,22 milliard d'euros (7,87 milliards de francs)
de recettes de cotisations sociales, par une perte totale de ressources de
1,687 milliard d'euros (11,07 milliards de francs) pour le
régime général de sécurité sociale. L'effet
de la croissance économique sur les recettes de CSG est encore plus
fort. En prenant pour hypothèse une élasticité de 1,2 de
la CSG à la croissance
38(
*
)
, ce qui se
trouve en deçà de la réalité, alors une erreur de
0,5 point sur la prévision de croissance économique se
traduirait par une perte de 0,6 point de CSG, soit 360 millions d'euros
(2.361 millions de francs).
Évolution du produit de la CSG
(en millions d'euros)
2000 |
2001 |
Écart 2000/2001 |
2002* |
Écart 2001/2002 |
57.923 |
60.850 |
+ 5,05 % |
62.665 |
+ 3 % |
* Hypothèses du gouvernement
D'après une projection réalisée par
l'OFCE pour
votre commission des finances dans le cadre du premier collectif
budgétaire pour 2001, une erreur d'un point de croissance se traduirait
par une moins-value de recettes sociales de 3,1 milliards d'euros
(20,33 milliards de francs).
De même, une erreur sur le taux d'inflation se répercute, par les
mécanismes d'indexation, sur de nombreuses prestations sociales,
amorçant un effet de ciseaux dangereux.
b) Le rôle de l'ONDAM
Le
gouvernement, dans le projet de loi de financement de la sécurité
sociale, détermine l'objectif national des dépenses d'assurance
maladie (ONDAM). Celui-ci devrait relever de la volonté politique, mais,
faute de mécanisme efficace de maîtrise des dépenses
d'assurance maladie, il constitue en réalité une hypothèse
macroéconomique.
Il n'existe aucune raison de penser que l'ONDAM prévu pour 2002 (112,62
milliards d'euros soit 738,74 milliards de francs) sera respecté.
D'une part, l'exécution des années 1998 à 2001 montre une
progression des dépenses d'assurance maladie sur un rythme
systématiquement supérieur à celui qui avait
été prévu dans les lois de financement de la
Sécurité sociale. D'autre part, l'analyse par composante de
l'ONDAM laisse entrevoir des tendances de fond de progression des
dépenses d'assurance maladie dont on comprend mal comment elles
pourraient s'inverser par le seul biais de la « marche tranquille des
événements » : protocole hospitalier, passage aux
35 heures dans les établissements hospitaliers publics et privés
et dans les établissements médico-sociaux, apparition de besoins
médicaux nouveaux, financement des innovations thérapeutiques,
etc.
Or cette progression des dépenses d'assurance maladie porte en elle,
à terme, des besoins d'ajustement des recettes de l'assurance maladie,
sous forme de prélèvements obligatoires supplémentaires,
qui constituent de ce point de vue un élément d'ensemble du
cadrage macroéconomique dans lequel s'inscrivent la loi de finances
comme la loi de financement de la Sécurité sociale. Un point de
dérapage de l'ONDAM représente 1 milliard d'euros de
dépenses en plus pour l'assurance maladie.
2. Les finances sociales, partie intégrante des engagements européens de la France
Comme
son nom l'indique, le programme pluriannuel de finances publiques concerne
l'ensemble du champ des finances publiques, c'est-à-dire autant les
finances sociales que celles de l'État.
Du point de vue des prélèvements obligatoires, les
administrations de Sécurité sociale prélèvent
chaque année une part croissante de la richesse nationale qui contraste
avec le discours du gouvernement sur la baisse des prélèvements.
Evolution comparée des prélèvements sociaux et des prélèvements de l'Etat
(en points de PIB)
Parallèlement, les dépenses sociales progressent
elles
aussi sur un rythme élevé, de 3,1 % en 2001 et,
d'après les prévisions du gouvernement, de 2,4 % en 2002.
Les différentes mesures du projet de loi de financement de la
Sécurité sociale pour 2002 (congé parental, revalorisation
des prestations, hausse des cotisations au fonds pour l'emploi hospitalier,
affectations de recettes au FOREC, etc.) tout comme les autres mesures en
matière sociale décidées par le gouvernement (APA, CMU par
exemple) ou l'absence de mécanismes de régulation ne
contribueront pas à ralentir la hausse des dépenses sociales,
sans compter les conséquences d'un éventuel ralentissement de
l'économie.
Le solde des administrations de Sécurité sociale, qui
dégageait un excédent de 0,6 % du PIB en 2000, ne serait
plus excédentaire, en 2001, que de 0,4 % du PIB.
Ce
résultat encore positif ne vient pas des organismes composant le champ
de la loi de financement de la Sécurité sociale, mais, en grande
partie, des résultats de l'assurance chômage, ainsi que du
dynamisme des recettes dans un contexte de forte croissance
économique
.
Ainsi les prévisions de ressources et les objectifs de charges inclus
dans le champ de la loi de financement sont-ils sujets à caution car
fondés sur des hypothèses macroéconomiques
exagérément optimistes, qui fragilisent ainsi le respect, par la
France, de ses engagements européens en matière de finances
publiques.
B. LES RELATIONS FINANCIÈRES ENTRE L'ÉTAT ET LES ORGANISMES DU CHAMP DES LOIS DE FINANCEMENT DE LA SÉCURITÉ SOCIALE
1. 56,2 milliards d'euros de charge nette pour l'Etat
En 2002, le budget de l'État comprendra 56,2 milliards d'euros (368,65 milliards de francs) de dépenses entrant dans le champ de la loi de financement de la Sécurité sociale, soit 150 millions d'euros (983,9 millions de francs) de moins qu'en 2001.
2. L'Etat employeur, l'Etat puissance publique
L'État versera, comme employeur, 42,1 milliards
d'euros
(276,16 milliards de francs) en 2002, correspondant aux charges de
pensions, aux charges de compensation vieillesse et aux autres charges.
Comme puissance publique, l'État contribuera à hauteur de
20,7 milliards d'euros (135,8 milliards de francs) aux recettes de la
Sécurité sociale, sous forme de prises en charge en cotisations,
de prestations, de subventions à divers régimes de protection
sociale, dont il convient de déduire les reversements des organismes
sociaux.
Synthèse des charges nettes du budget de l'État en
matière de protection sociale
(en millions d'euros)
|
2000 |
Prévision 2001 |
2002 |
Etat-employeur |
32 651 |
33 117 |
35 490 |
Engagements sociaux |
38 907 |
39 579 |
42 086 |
Cotisations des assurés |
- 4 454 |
- 4 625 |
- 4 741 |
Recettes atténuatives diverses |
- 1 802 |
- 1 837 |
- 1 854 |
Etat-puissance publique |
26 994 |
23 251 |
20 723 |
Cotisations prises en charge |
4 710 |
3 056 |
2 972 |
Prestations prises en charge |
19 290 |
18 649 |
18 157 |
Subventions aux régimes |
4 900 |
4 465 |
3 917 |
Reversements des organismes sociaux |
- 1 906 |
- 2 919 |
- 4 325 |
Total |
59 645 |
56 367 |
56 213 |
Source : bilan des relations financières entre l'État et la protection sociale, annexe au projet de loi de finances pour 2002
C. LES TRANSFERTS DE RECETTES ET DE DÉPENSES ENTRE LES DEUX TEXTES
Les deux projets de loi pour 2002 contiennent plusieurs dispositions communes ou étroitement liées, sous forme de transferts de recettes et de dépenses.
1. Les transferts de recettes de l'État vers le champ de la loi de financement de la Sécurité sociale
a) L'équilibrage du FOREC
Pour les
besoins de l'équilibrage du fonds de réforme des cotisations
sociales patronales (FOREC), c'est-à-dire du financement des 35 heures,
le gouvernement souhaite transférer à nouveau à ce fonds
des recettes fiscales, à hauteur de 765 millions d'euros
(4.959 millions de francs) au titre de la taxe sur les conventions
d'assurance
39(
*
)
.
Il convient de rappeler que le projet de loi de financement de la
Sécurité sociale pour 2002 prévoit, au titre de 2001, des
transferts de ressources fiscales à hauteur de 457 millions d'euros
(2.997 millions de francs) en provenance de la même taxe sur les
conventions d'assurance
40(
*
)
.
b) Des licences UMTS au fonds de réserve pour les retraites
(a) Les projets de loi initiaux
Lors de
leur présentation, les projets de loi de finances et de financement de
la Sécurité sociale pour 2002 prévoyaient
41(
*
)
l'affectation au Fonds de réserves pour les
retraites (FRR) de 2,47 milliards d'euros (16,20 milliards de francs)
provenant de la cession par l'Etat des licences de téléphonie
mobile de 3
ème
génération, dites licences UMTS.
La décision du gouvernement, par voie d'amendement à l'article
17, de ramener à 620 millions d'euros (4.067 millions de francs)
par opérateur ce versement et d'y ajouter une redevance en fonction des
résultats des entreprises attributaires a pour conséquence de
minorer très fortement les recettes du Fonds de réserve des
retraites, en les ramenant à 1,24 milliard d'euros.
(b) L'affectation d'une partie du produit des privatisations
Afin de
compenser cette perte de recettes déjà subie par le FRR - qui
serait venue s'ajouter à toutes celles précédemment subies
par le biais d'affectation au FOREC de ressources fiscales destinées
à alimenter le FRR par le biais du Fonds de solidarité vieillesse
(FSV) - le gouvernement a décidé d'alimenter pour 1,24 milliard
d'euros (8,13 milliards de francs) le FRR à partir des
excédents prévisionnels du compte n° 902-24
retraçant le produit des privatisations
42(
*
)
.
En pratique, cela signifie que le projet de loi de finances organise le
transfert vers le FRR, outre du produit de la vente les licences UMTS, d'une
partie du produit des cessions à venir des parts détenues par
l'Etat dans plusieurs entreprises : Thomson CSF, Thomson
Multimédia, Compagnie financière Hervet, Banque Hervet, fonds de
capital investissement, Société des autoroutes du sud de la
France.
2. Un transfert de recettes de la Sécurité sociale vers l'Etat
L'article 18 du projet de loi de finances pour 2002
prévoit
l'affectation au BAPSA, au titre de 2002, de 520 millions d'euros de produit de
la C3S destinée à financer le déficit du régime
vieillesse des exploitants agricoles et, notamment la dernière
étape du plan pluri-annuel de revalorisation des petites retraites
agricoles
43(
*
)
.
La conséquence de ce prélèvement est double :
- la subvention d'équilibre versée par le budget
général, donc les dépenses budgétaires, se voit
minorée d'autant ;
- la part de C3S destinée au Fonds de réserve des retraites se
voit aussi minorée d'autant, l'excédent de C3S étant
affecté à ce dernier.
En conséquence, l'article 18 du projet de loi de finances pour 2002
opère, par une voie détournée, un
prélèvement indirect du Fonds de réserve des retraites
afin de minorer le déficit budgétaire de l'Etat.
3. Les transferts de dépenses de l'État vers le champ de la loi de financement de la Sécurité sociale
a) Les transferts de dépenses budgétaires : 61 millions d'euros
Le
budget de la santé et de la solidarité a prévu pour 2002
un transfert de dépenses de l'État vers l'assurance maladie de 61
millions d'euros (400 millions de francs) correspondant à la prise
en charge des dépenses des écoles de formation relevant d'un
établissement public de santé et des dépenses liées
aux stages extrahospitaliers des résidents.
Ce transfert de dépenses fait suite à des mouvements similaires
réalisés depuis 1998 qui tendent, au nom de la clarification des
relations financières avec la Sécurité sociale, à
débudgétiser des dépenses de l'État.
b) L'inconnue du financement du protocole hospitalier : 305 millions d'euros
Le
gouvernement a signé, le 14 mars 2000, un protocole d'accord sur la
fonction publique hospitalière avec plusieurs organisations syndicales
représentatives.
Parmi les nombreuses dispositions de ce protocole, la plus importante en termes
financiers concerne l'accroissement des moyens budgétaires pour la prise
en charge des dépenses liées aux remplacements. 2 milliards de
francs par an soit 304,9 millions d'euros étaient ainsi
prévus, sous forme de crédits «
pérennes au
niveau national
». Ils furent inscrits dans le budget de
l'État, par voie de collectif budgétaire, en juin 2000.
Texte du protocole hospitalier du 14 mars 2000 relatif aux remplacements
«
Les hôpitaux rencontrent, à des degrés
divers, des difficultés de fonctionnement qui tiennent en particulier
à l'insuffisance des possibilités de remplacement des agents
absents. Des moyens seront dégagés à ce titre et
répartis en enveloppes régionales. L'attribution aux
établissements se fera après examen de leur situation existante.
2.000 millions de francs seront attribués aux établissements pour
faire face aux remplacements des congés maternité, maladie, de
formation, congés bonifiés et pour activité syndicale,
ainsi que ceux résultant de la mise en oeuvre des temps partiels ;
30 % de ces crédits seront spécifiquement affectés aux
remplacements des agents en formation au titre de la promotion
professionnelle ;
les crédits ainsi dégagés sont
pérennes au niveau national ;
Ils ont vocation à évoluer, pour chaque établissement, en
fonction de sa situation et des actions qui y sont
menées
».
En revanche, s'agissant de 2001, le gouvernement s'était engagé
lors de la discussion du projet de loi de finances pour 2001 à les
inscrire en collectif budgétaire. Le projet de loi de finances
rectificative n'ayant pas encore été déposé, votre
rapporteur général ne peut pour l'instant que constater que les
établissements hospitaliers, donc le champ de la loi de financement de
la Sécurité sociale, supportent sur leur trésorerie ces
305 millions d'euros manquants.
S'agissant de l'exercice 2002, il n'existe pour l'instant aucune
déclaration du gouvernement explicitant la manière dont il entend
tenir son imprudente promesse.
Il existe donc 305 millions d'euros (2 milliards de francs) de
dépenses hospitalières certaines pour 2002 dont on ne sait
où les trouver, dans le projet de loi de finances ou dans le projet de
loi de financement de la sécurité sociale.
D. LES ESPOIRS NÉS DE LA NOUVELLE LOI ORGANIQUE DU 1ER AOÛT 2001
1. Des améliorations possibles dès l'exercice 2003
Dans ce
« sombre » tableau, la réforme de l'ordonnance
n° 59-2 du 2 janvier 1959 portant loi organique relative
aux lois de finances, apporte quelques lueurs d'espoir quant à des
améliorations possibles dès l'exercice 2003.
En effet, si lors de l'élaboration de la loi organique du 1
er
août 2001 relative aux lois de finances il avait été
clairement posé comme principe que la réforme s'arrêterait
aux frontières constitutionnelles, plusieurs dispositions ont
été introduites, principalement à l'initiative du
Sénat, afin d'apporter des clarifications quant à l'articulation
des deux textes :
• introduction d'une limite à l'affectation d'impositions de
toute nature, ces dernières ne pouvant être attribuées
à un tiers qu'à raison des missions de service public
confiées à lui
44(
*
)
;
• annexion au projet de loi de finances de la liste et
l'évaluation, par bénéficiaire ou catégorie de
bénéficiaires, des impositions de toute nature affectées
à des personnes morales autres que l'État
45(
*
)
;
• introduction d'un rapport sur les prélèvements
obligatoires déposé avant l'examen par le Parlement du projet de
loi de finances et du projet de loi de financement de la Sécurité
sociale, et pouvant faire l'objet d'un débat
46(
*
)
.
2. Des intentions aux faits !
Cependant, la différence demeure éclatante entre
les
propos tenus à l'occasion de la réforme de la loi organique, par
exemple sur le thème de la nécessaire transparence des comptes,
et les mesures mises en place par le gouvernement qui, cette année
encore, brouillent un peu plus le paysage des finances publiques. Il suffit de
rappeler la réouverture des comptes 2000 de la Sécurité
sociale, la création du fonds de financement de l'allocation prestation
d'autonomie (APA), les transferts d'impositions de toutes natures entre le
FOREC d'une part, l'État, la Sécurité sociale et le FSV
d'autre part, les « impasses budgétaires », les
« tours de passe-passe » autour du Fonds de réserve
des retraites, pour prendre la mesure des progrès à
réaliser.
En ce domaine, comme dans d'autres, il conviendra de s'assurer que les faits
correspondent effectivement aux intentions affichées.
III. LE CONTRASTE ENTRE LA GESTION DES COLLECTIVITÉS LOCALES ET LA POLITIQUE DE L'ÉTAT EN MATIÈRE DE FINANCES LOCALES
Les
collectivités locales devraient une fois de plus dégager un
excédent budgétaire en 2002, notamment grâce à leur
politique de modération des dépenses de fonctionnement.
Ce résultat contraste avec les conséquences budgétaires de
la politique de l'Etat consistant à remplacer certains impôts
locaux par des dotations budgétaires, qui aboutit à augmenter
significativement les dépenses de l'Etat sans pour autant ni
accroître les ressources locales, ni réduire significativement la
pression fiscale pesant sur les ménages.
A. LES COLLECTIVITÉS LOCALES DEVRAIENT ENCORE DÉGAGER UN EXCÉDENT BUDGÉTAIRE EN 2002
1. De bonnes performances unanimement saluées
Les
bonnes performances des collectivités locales en matière de
gestion financière depuis le début des années 1990
(maîtrise des dépenses de fonctionnement et politique de
désendettement), réalisées dans un contexte de fort
accroissement des charges, ont été
« récompensées » en 1996 par l'apparition
d'une capacité de financement des administrations publiques locales. En
2001, pour la sixième année consécutive, les
administrations publiques locales seront excédentaires.
Cet excédent budgétaire, sans lequel la France n'aurait pas
satisfait aux critères de convergence requis par le Traité de
Maastricht pour participer à la monnaie unique, s'est confirmé en
dépit du redémarrage de l'investissement local entre 1997 et
2000. Cependant, le dynamisme de l'investissement local a réduit la
capacité de financement des collectivités locales de
4,8 milliards d'euros (31,5 milliards de francs) en 1999 à
3,8 milliards d'euros (24,9 milliards de francs) en 2000.
Capacité ou besoin de financement des administrations publiques
(en milliards d'euros et en points de PIB)
|
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
2001 |
2002 |
Etat |
- 48,9
|
- 45,1
|
- 44,7
|
- 39,0
|
-33,5
|
- 33,7
|
- 0,4 ? |
- 0,4 ? |
ODAC |
- 6,2
|
+ 0
|
+ 9,2
|
+ 1,5
|
+ 3,2
|
+ 2,4
|
+ 0,0 ? |
+ 0,0 ? |
Administrations publiques locales |
- 2,1
|
+ 0,7
|
+ 2,9
|
+ 4,0
|
+ 4,8
|
+ 3,8
|
+ 0,1 ? |
+ 0,0 ? |
ASSO |
- 8,0
|
- 6,2
|
- 5,4
|
- 1,4
|
+ 3,8
|
+ 8,3
|
+ 0,1 ? |
+ 0,1 ? |
Total APU (SEC 14) |
- 65,1
|
- 50,3
|
- 38,0
|
- 34,9
|
- 21,7
|
- 19,1
|
- 0,2* ? |
- 0,2 ? |
Source : les finances des collectivités locales en 2000, observatoire des finances locales, 2001 ; rapport économique, social et financier pour 2002
* hors recettes UMTS (0,6 point de PIB en 2001)
Evolution du solde de financement de l'Etat et des administrations publiques locales depuis 1995
(en milliards d'euros)
2. Une progression des dépenses plus rapide que celle des recettes
La
réduction de l'excédent des collectivités locales entre
2000 et 2001 serait attribuée à la progression des
dépenses, plus rapide que celle des recettes (+ 3,6 % contre +
2,8 %).
La progression des dépenses serait notamment liée aux
conséquences des tempêtes de décembre 1999, qui ont
occasionné un surcoût de
dépenses de fonctionnement
estimé à 0,8 milliard d'euros. Enfin, les dépenses de
gestion des collectivités locales augmentent, depuis plusieurs
années, compte tenu de l'absence de maîtrise de leurs
frais de
personnel
. En 2000, ces frais ont augmenté de 5,7 %. En 2001, ils
devraient augmenter de 5 %, soit un rythme conforme à la moyenne
d'évolution constatée au cours des cinq dernières
années.
Les frais de personnel devraient cependant croître davantage à
l'avenir, avec la mise en oeuvre de la réduction du temps de travail,
pour laquelle aucune mesure spécifique d'accompagnement n'est
prévue par l'Etat.
Ainsi, pour l'année 2001, la progression des dépenses de
personnel constitue le principal facteur d'augmentation des charges courantes
dans les budgets locaux. Dans sa note de conjoncture de juillet 2001, Dexia
Crédit local de France indique que cette hausse est inférieure
à celle des années précédentes, compte tenu, d'une
part, de « l'effet report », constaté en 2000, des
mesures d'accompagnement du protocole salarial de 1998, qui ne joue plus en
2001, et, d'autre part, du ralentissement des embauches d'emplois-jeunes. En
revanche, la poursuite de la hausse des frais de personnel s'expliquerait par
le glissement vieillesse technicité (GVT) qui engendre une progression
« automatique » de ces frais, l'augmentation du point
d'indice de la fonction publique (+ 0,5 % au 1
er
mai 2001 et
+ 0,7 % au 1
er
novembre 2001), l'augmentation d'un
demi-point des cotisations « employeur » à la
CNRACL, et les conséquences financières de la mise en place des
35 heures.
S'agissant des dépenses de fonctionnement, la progression des achats de
biens et de services serait de 5,3 %, compte tenu de la hausse du prix de
certains biens. Les autres dépenses de gestion progresseraient de
4,9 %, soit un rythme conforme aux années précédentes.
L'année 2000 avait été marquée par une progression
exceptionnelle des dépenses d'investissement des collectivités
locales (+ 16 %). Le contexte post-électoral se traduit
généralement par une contraction de l'investissement. Cependant,
les besoins d'investissement dans les domaines de l'eau et des déchets
notamment, et l'importance des marges de manoeuvre dont disposent les
collectivités locales, devraient conduire à une stabilisation en
volume de l'investissement local. L'épargne brute provenant des marges
de manoeuvre dégagées par la gestion courante constitue la
principale ressource interne de financement des investissements locaux. Par
ailleurs, les collectivités locales ont continué de se
désendetter grâce à leur excédent de financement.
Ainsi,
entre 1997 et 2000, près de 5,2 milliards d'euros
(34,11 milliards de francs) ont été consacrés
à la réduction de leur dette
.
Pour l'année 2002, le moindre dynamisme de l'investissement local
devrait être compensé par l'effet d'entraînement des
contrats de plan Etat-régions, s'agissant notamment des dépenses
d'équipement du volet routier.
Les ressources courantes des collectivités locales augmentent de
5 % en 2001. Le poids des recettes fiscales (75,61 milliards d'euros soit
496 milliards de francs) n'augmente que de 1,8 %, compte tenu des
suppressions de la vignette automobile et de la part régionale de la
taxe d'habitation (en ajoutant les compensations fiscales au titre de la
vignette et de la taxe d'habitation régionale, elles sont, à
périmètre constant, en hausse de 5,7 %). En contrepartie de
ces suppressions, les contributions de l'Etat (26,98 milliards d'euros
soit 177 milliards de francs) sont en progression de 15 %.
La progression des recettes est principalement liée au dynamisme des
bases.
Les bases des trois taxes « ménages »
évoluent de près de 3 %, soit un rythme proche de celui de
l'année 2000. Celles de la taxe professionnelle augmentent de 4 %
(hors suppression de la part « salaires »), compte tenu du
dynamisme des investissements des entreprises en 1999. La pression fiscale
devrait être pratiquement stable en 2001, les taux d'imposition
enregistrant une hausse moyenne d'environ 0,2 %.
Le produit voté des quatre taxes (47,87 milliards d'euros soit
314 milliards de francs) est cependant en diminution de 1,6 %, sous
l'effet de la poursuite de la réforme de la taxe professionnelle et de
la suppression de la part régionale de la taxe d'habitation. En incluant
les compensations versées par l'Etat au titre de ces deux
réformes, le produit perçu des quatre taxes est en progression,
à périmètre constant, de 3,8 %, soit un taux proche
de celui de l'année 2000 (+ 4 %).
B. LA SUPPRESSION DES IMPÔTS LOCAUX ENTRAÎNE UNE RIGIDIFICATION DES DÉPENSES DE L'ÉTAT
1. D'importants transferts de charges vers le contribuable national, qui n'allègent pas la pression fiscale globale
Le
gouvernement mène une politique de réduction du pouvoir fiscal
des collectivités locales, par suppression totale ou partielle de
certains impôts (taxe professionnelle, taxe d'habitation, vignette,
droits de mutation des régions) ou par suppression de la
possibilité pour les collectivités de voter les taux de certains
impôts (droits de mutation des départements).
Cette politique ne se traduit pas par un allégement de la pression
fiscale mais par un transfert de charge du contribuable local vers le
contribuable national
, puisque l'Etat verse aux collectivités des
compensations budgétaires.
Le contribuable national n'est pas forcément conscient que
l'augmentation des dépenses de l'Etat qui en résulte aurait pu se
traduire par une baisse de ses impôts. Le contribuable local, en
revanche, se satisfait de l'allégement de ses prélèvements.
Le coût de cette politique est particulièrement
élevé pour le budget de l'Etat : le montant des compensations
d'exonérations fiscales versées par l'Etat est passé de
4,53 milliards d'euros (29,71 milliards de francs) en 1998 à 16,49
milliards d'euros (108,17 milliards de francs) pour l'année 2002.
Evolution du montant des compensations et des dotations entre 1998 et 2002
(en millions d'euros)
NB : le montant des compensations tient compte de la compensation de la suppression de la vignette et de la réforme des droits de mutation à titre onéreux, qui figurent au sein de la DGD des départements. Ces montants sont déduits de celui des dotations.
2. Depuis 1998, 85 % de l'augmentation des concours pour financer les compensations
Le projet de loi de finances pour 2002 prévoit que l'Etat consacrera 16,49 milliards d'euros (108,17 milliards de francs) à remplacer des ressources fiscales locales par des ressources budgétaires. Ce montant a été multiplié par 3,6 depuis 1998 : il s'élevait alors à 4,53 milliards d'euros (29,71 milliards de francs). Il augmentera encore de 23,3 % entre 2001 et 2002, sous l'effet de la réforme de la taxe professionnelle.
Evolution des compensations d'exonérations
fiscales
(en millions d'euros)
Compensations |
1998 |
1999 |
2000 |
2001 |
2002 |
41-51-50 Contrepartie de l'exonération d'impôt foncier |
68,6 |
45,0 |
30,5 |
107,9 |
96,0 |
41-51-80 Contrepartie de l'exonération de taxes sur les propriétés non bâties |
3,8 |
3,8
|
3,8
|
3,8
|
4,0
|
41-23 Compensation aux départements des réductions de taxe de publicité foncière |
|
|
|
|
|
41-55 Dotation de compensation aux régions des pertes de recettes fiscales immobilières |
|
|
|
|
|
DCTP |
2 643,9 |
2 107,6 |
1 814,0 |
1 755,9 |
1 544,0 |
Exonérations fiscalité locale |
1 814,1 |
1 827,9 |
1 917,5 |
1 946,5 |
1 918,0 |
Suppression de la part salariale de la TP |
|
1 798,9 |
3 483,5 |
5 389,1 |
7 804,0 |
Total |
4 533,5 |
6 556,8 |
8 034,2 |
10 132,7 |
13 187,3 |
Total avec compensation DMTO et vignette des départements |
4 534,0 |
7 060,0 |
9 239,0 |
13 379,0 |
16 493,0 |
Au terme de la réforme de la taxe professionnelle, lorsque l'Etat compensera la suppression de l'intégralité de la part « salaires » de l'assiette de cet impôt, le montant des compensations d'exonérations d'impôts locaux sera supérieur à celui de la dotation globale de fonctionnement (DGF).
Coût de la réforme de la taxe professionnelle pour l'Etat
(en milliards d'euros)
Incidence cumulée |
2000 |
2001 |
2002 |
Compensation de la part « salaires » aux collectivités |
- 4,04 |
- 5,78 |
- 8,07 |
Perte de recettes au titre des frais d'assiette et de dégrèvement |
- 0,31 |
- 0,46 |
- 0,66 |
Baisse du montant des dégrèvements |
+ 0,20 |
+ 0,28 |
+ 0,36 |
Diminution de la compensation REI |
+ 0,39 |
+ 0,39 |
+ 0,39 |
Impact compte d'avances aux collectivités locales |
+ 0,27 |
+ 0,32 |
+ 0,43 |
Recettes supplémentaires d'impôt sur les sociétés et gains sur les dividendes |
+ 0,43 |
+ 0,86 |
+ 1,44 |
Baisse du coût du plafonnement en fonction de la valeur ajoutée |
+ 0,00 |
+ 0,03 |
+ 0,23 |
Relèvement de la cotisation de péréquation |
+ 0,41 |
+ 0,47 |
+ 0,52 |
Relèvement de la cotisation minimale assise sur la valeur ajoutée |
+ 0,23 |
+ 0,35 |
+ 0,50 |
TOTAL |
- 2,42 |
- 3,54 |
- 4,86 |
Source : ministère de l'économie
Votre rapporteur général s'inquiète de cette
progression rapide des dépenses de transfert de l'Etat, d'autant plus
que les compensations d'exonérations fiscales constituent des
dépenses difficilement compressibles,
même si le
ministère des finances a su par le passé faire la preuve de sa
grande imagination en ce domaine. Il est clair que
cette évolution ne
va pas dans le sens d'une amélioration de son solde primaire
.
Il convient de remarquer ainsi que les dépenses de transfert de l'Etat
vers les collectivités locales sont devenues largement
supérieures aux crédits figurant dans le budget du
ministère de la défense pour l'année 2002.
On rappellera par ailleurs que cet accroissement des dépenses de l'Etat
ne se traduit pas par une augmentation des ressources des collectivités
locales puisqu'il s'agit de remplacer une recette par une autre.
Enfin, il faut s'interroger sur la logique d'une politique consistant à
consacrer depuis 1998,
85 % de l'augmentation des dépenses de
l'Etat en faveur des collectivités locales à remplacer les
anciennes ressources fiscales desdites collectivités par des concours
budgétaires
47(
*
)
, tandis que
seulement 15 % ont servi à augmenter le montant des dotations de
l'Etat aux collectivités locales. De 1998 à 2002, les dotations
de l'Etat ont augmenté de 8,3 %, tandis que le montant des
compensations était multiplié par 3,6. Par ailleurs, le montant
des dégrèvements s'est réduit, sur la même
période, passant de 8.979 millions d'euros (58.898,4 millions
de francs) à 8.264 millions d'euros (54.208,3 millions de
francs).
Utilisation de l'augmentation du montant des concours
financiers
versés par l'Etat aux collectivités locales entre 1998 et 2002
Les dotations versées en contrepartie de la suppression de la vignette et des droits de mutation à titre onéreux sont intégrées ici dans la partie « compensations », leur origine étant la suppression d'impôts perçus par les collectivités locales.
CHAPITRE IV :
AMÉLIORER LA PRÉSENTATION ET LE
CONTENU DU BUDGET : LES PRÉCONISATIONS
DE LA COMMISSION DES
FINANCES
I. FAIRE VIVRE LA LOI ORGANIQUE DU 1ER AOÛT 2001 RELATIVE AUX LOIS DE FINANCES
Le
succès de la réforme de l'ordonnance organique de 1959 ouvre,
ainsi que chacun l'avait prévu, un vaste chantier pour l'ensemble des
administrations de l'État, mais aussi pour le Parlement.
Ayant présentes à l'esprit les conditions particulières
d'adoption de cette loi - cette conjonction extraordinaire ayant permis de
dégager une quasi-unanimité institutionnelle et politique - votre
rapporteur général entend s'attacher désormais d'une part
à rappeler que cette réforme correspond à l'expression
d'une forte volonté démocratique en faveur de la réforme
de État, d'autre part à montrer que le Sénat
considère comme un devoir de suivre avec la plus extrême attention
la mise en place du nouveau cadre budgétaire et comptable dans lequel
tant d'espoirs ont été mis, le Parlement ayant été
à l'origine de cette réforme.
A. UNE ENTRÉE EN VIGUEUR PROGRESSIVE
1. L'horizon : la loi de finances pour 2006
Les
conséquences pratiques de la réforme sont telles que les mesures
les plus porteuses de changements dans la procédure budgétaire
même n'interviendront qu'à l'occasion de la préparation du
projet de loi de finances pour 2006.
Néanmoins, plusieurs dispositions de la loi organique ne
nécessitent pas de dispositions réglementaires, ni ne
requièrent la mise en place d'applications informatiques lourdes ou de
procédures administratives nouvelles, et entreront ainsi en vigueur
dès le 1
er
janvier 2002 : c'est le cas notamment de
l'ensemble des dispositions relatives au contrôle, ou de l'application du
principe de sincérité des lois de finances.
2. 2002, an I de la réforme budgétaire
L'année 2002 verra aussi la préparation de la
mise en
place du nouveau mécanisme réglementant le dépôt des
disponibilités des collectivités locales auprès du
Trésor.
De même, d'ici au 31 décembre 2003, le gouvernement devra proposer
au Parlement et aux professions concernées un dispositif précis
de substitution au mécanisme des taxes parafiscales, qui
nécessite une étude approfondie pour chacune d'entre elles.
Au 1
er
janvier 2005, toutes les dispositions de la loi organique
seront en vigueur et l'ordonnance organique de 1959 abrogée, sauf en ce
qui concerne l'exécution des lois de finances relatives à
l'exercice 2005.
Calendrier d'application des dispositions de la loi organique n° 2001-692 du 1 er août 2001 relative aux lois de finances
1 er janvier 2002 |
Régime des annulations de crédits.
|
|
Rapport DOB
(sauf la liste des missions, des programmes et des indicateurs de performance).
|
1 er janvier 2004 |
Réforme des taxes parafiscales |
1 er janvier 2005 |
Autorisation par le Parlement des garanties octroyées
par
l'État (annexe au projet de loi de règlement 2004 pour
récapituler les garanties déjà octroyées et non
autorisées).
|
B. UN LOURD TRAVAIL PRÉPARATOIRE POUR LES ADMINISTRATIONS CENTRALES ET LES SERVICES DÉCONCENTRÉS DE L'ÉTAT
1. Un immense chantier pour l'administration
La
nouvelle loi organique relative aux lois de finances ne constitue pas, pour les
administrations, une perspective lointaine mais, bien au contraire, se situe au
premier rang de leurs préoccupations. C'est pourquoi votre rapporteur
général, conscient de l'ampleur du chantier ouvert pour les
quatre années à venir, souhaite en esquisser quelques volets. Il
se réjouit d'ailleurs de la mise en place, sous l'égide de la
direction du budget et de la délégation interministérielle
à la réforme de l'État, de groupes de travail, de la
parution d'une lettre relative à la « Nouvelle gestion
publique », de l'ouverture d'un site Internet dédié, de
l'organisation des premiers colloques destinés tout à la fois
à mobiliser les acteurs, à envisager l'ensemble des champs du
travail et à évoquer les inquiétudes suscitées par
la réforme.
Un des volets les plus urgents réside certainement dans la
définition précise des nouveaux concepts. Si les travaux
préparatoires de la loi organique offrent le cadre de
référence, il apparaît qu'il est parfois difficile de
passer des concepts à leur mise en place effective. Les contours des
missions et des programmes, la réflexion sur les indicateurs, la
définition de la performance constituent autant de sujets de
réflexion actuellement pour les gestionnaires de crédits. Les
parlementaires ont largement fait part de leurs idées sur ces termes,
mais il reste à leur donner corps. De ce point de vue,
l'expérience menée dans le cadre du projet de loi de finances
2002 de présenter les crédits relatifs à la charge de la
dette publique sous forme de programme constitue une initiative
intéressante.
D'autres questions surgissent, plus floues ou qui avaient été
abordées au cours du débat et laissées de
côté car sans conséquence normative dans la loi organique
elle-même. Le lien entre la loi organique et la gestion des ressources
humaines dans l'administration, la question de la sanction -positive ou
négative- du respect des objectifs, la réflexion sur l'avenir du
contrôle financier (et donc de l'actualité de la loi de 1922 qui
l'établit), l'aspect précis de la nomenclature infra-programme,
l'articulation des objectifs des programmes avec d'éventuels
sous-objectifs et actions, la mise en oeuvre de la réforme au niveau
déconcentré sont autant de questions importantes qui se posent
désormais aux administrations. Or, force est de constater que chacune ne
se trouve pas au même stade d'avancement de ses travaux.
Il convient
ainsi que le gouvernement veille à ce que les administrations les moins
engagées dans ce processus n'accusent pas un retard trop important
.
2. L'indispensable réforme comptable et patrimoniale
Les
réformes comptables ne constituent pas le chantier le moins important de
ce point de vue. Si l'expérimentation du logiciel comptable ACCORD
fournit une bonne base pour étudier des développements futurs, le
travail à réaliser, ne serait-ce que d'un point de vue technique,
impressionne. Et pourtant, il s'agit ici de la clef de la réussite de la
réforme : sans comptabilité d'engagement, l'objectif de
transparence ne sera pas atteint ; sans comptabilités analytiques,
l'objectif de budgétisation orientée vers les résultats
restera un voeu pieux.
De la même façon une attention
très soutenue doit être apportée à la
comptabilité patrimoniale :
sans elle en effet l'objectif
d'image fidèle des comptes de l'Etat se limitera désormais
à de beaux discours. Le travail commence certainement par la mise en
place d'un référentiel comptable. Votre rapporteur
général se réjouit d'ailleurs de ce que le présent
projet de loi de finances contienne les dispositions législatives
nécessaires à l'élaboration de ce
référentiel.
Il importe aussi, de ce point de vue comme sur d'autres sujets comme la
certification des comptes par exemple, que la Cour des comptes
accélère sa réflexion sur les conséquences de la
réforme de la loi organique du point de vue de ses moyens, de son
organisation et de ses méthodes de travail.
Enfin, au-delà de ces aspects, la réforme de l'ordonnance
organique doit avoir une double traduction concrète immédiate.
La première traduction devra rapidement se voir dans les
premières dispositions applicables. Il conviendra ainsi d'arrêter
d'ici à l'été 2002 le nouveau mode de dépôt
des disponibilités des collectivités locales. Il conviendra
également, dès le projet de loi de finances pour 2003, de
commencer le travail de transition en matière de taxes parafiscales.
La seconde traduction est plus délicate, mais au moins aussi importante.
Elle concerne l'esprit même de la loi et les changements de comportements
qu'elle devrait provoquer. La dénonciation de l'obscurité et de
la complexité des comptes était commune. Il en va de même
pour l'analyse des relations, en matière budgétaire, entre le
Parlement et les services du ministère des finances, entre ce dernier et
les ministères gestionnaires, entre le Parlement et la Cour des comptes,
etc. Occasion de dialoguer dans un esprit républicain, occasion aussi de
remettre à plat des procédures et manières de travailler
vieilles de plusieurs décennies, la nouvelle loi organique doit
inaugurer un esprit nouveau dans le travail budgétaire, gage de plus
d'efficacité et de démocratie. Votre rapporteur
général espère que, trois mois après la publication
du nouveau texte organique, les vieilles habitudes n'ont pas déjà
repris le dessus.
C. DES CONSÉQUENCES IMPORTANTES POUR LES TRAVAUX DU PARLEMENT
1. De nouveaux droits, notamment au profit des commissions des finances
La
nouvelle loi organique relative aux lois de finances va obliger les
ministères à mettre en oeuvre des réformes importantes,
tant au niveau des administrations centrales que des services
déconcentrés. La réforme souhaitée par le
législateur organique ne pourra produire pleinement ses effets que si
le gouvernement et l'administration y mettent de la bonne volonté et
engagent les importants efforts d'adaptation nécessaires. Mais si le
nouveau texte confère des nouveaux devoirs au gouvernement, il donne
également de nouveaux droits au Parlement. Il convient que les
assemblées, comme l'administration, se donnent les moyens de tirer tout
le profit de la réforme dont elles ont été à
l'origine, et prennent en compte les conséquences du texte sur leurs
moyens et leurs méthodes de fonctionnement.
L'impact de la nouvelle loi organique relative aux lois de finances sera
particulièrement important pour les commissions parlementaires, et, au
premier chef, pour les commissions des finances des deux assemblées.
Celles-ci se voient en effet confier de nouvelles attributions, en
matière d'information et de contrôle notamment, nombre de ces
compétences entrant d'ailleurs en vigueur dès le 1
er
janvier 2002. Les commissions permanentes devront se mettre en mesure
d'exploiter ces nouvelles possibilités offertes par la loi organique
relative aux lois de finances.
2. Ériger le contrôle en « seconde nature » du Parlement
La
structure des projets de loi de finances sera profondément
transformée, et les obligations de compte-rendu des gestionnaires seront
renforcées, en contrepartie d'un assouplissement des contraintes de
gestion pesant sur eux. Par ailleurs, la loi organique relative aux lois de
finances développe et sanctuarise les moyens de contrôle dont
disposent les rapporteurs spéciaux. La nature du contrôle qui sera
exercée par eux sera différente de celle du passé :
l'évaluation de la dépense publique se fera au regard des
objectifs associés par le gouvernement à chaque programme, en
utilisant les indicateurs de performance et les coûts retracés par
la comptabilité analytique. Il s'agira également, le cas
échéant, de remettre en question tant les objectifs que la
pertinence des indicateurs retraçant la performance de l'action
publique.
Afin de prendre la mesure du nouveau contexte créé par la loi
organique du 1
er
août 2001 relative aux lois de finances, le
Sénat devra s'approprier la réforme et développer ses
techniques de contrôle, afin que, conformément aux voeux du
Président Christian Poncelet, le contrôle devienne une
« seconde nature » du Sénat. De même, il
conviendra, bien en amont, de réfléchir aux conséquences
de la réforme sur la discussion des lois de finances en séance
publique.
Votre rapporteur général insiste pour que le Parlement, et le
Sénat en particulier, se montre, comme lors de la préparation et
la discussion de la proposition de loi organique relative aux lois de finances,
en première ligne dans la mise en oeuvre concrète de la
réforme.
II. RÉDUIRE LA DETTE PUBLIQUE : UNE IMPÉRIEUSE NÉCESSITÉ
Pour
votre commission des finances, l'orthodoxie budgétaire consistant
à réduire prioritairement le déficit budgétaire et
à diminuer le poids de la dette publique n'est pas un dogme absolu
s'imposant
erga omnes
.
Elle estime cependant que la situation actuelle marquée par la non
réduction du déficit budgétaire, et partant,
l'accroissement du montant de la dette publique, n'est pas acceptable. Cette
situation n'est pas, au demeurant, compatible avec les engagements pris au
titre du pacte de stabilité et compromet ainsi gravement l'objectif
affiché par le gouvernement d'un retour à l'équilibre des
finances publiques d'ici 2004. Elle fait enfin écho aux sombres
périodes du début des années 1990 où, faute d'avoir
procédé, pendant les années de forte croissance à
une réforme des structures publiques, le gouvernement avait
été frappé de plein fouet par le retournement de la
conjoncture.
A. LES ENSEIGNEMENTS DES BUDGETS 1991 À 1993 À MÉDITER
1. Une explosion du déficit et de l'endettement publics du fait du ralentissement brutal de la croissance
Entre 1990 et 1993, la France a connu un niveau de croissance en exécution, inférieur à celui prévu en loi de finances initiale. Le décalage « limité » à 0,4 point de PIB en 1990 s'est fortement accru au point de s'élever en 1993 à 3,5 points de PIB (2,6 % de croissance en prévision, - 0,9 % réalisé en exécution).
La croissance entre 1990 et 1993 : de la prévision à l'exécution
(en points de PIB)
|
1990 |
1991 |
1992 |
1993 |
Prévision |
3 |
2,7 |
2,2 |
2,6 |
Exécution |
2,6 |
1,1 |
1,2 |
- 0,9 |
Ecart |
- 0,4 |
- 1,6 |
- 1 |
- 3,5 |
Le ralentissement brutal de la croissance entre 1990 et 1993
(en points de PIB)
L'impact de ce ralentissement a été immédiat et significatif, tant sur le niveau du déficit budgétaire que sur le montant de l'endettement public : ainsi, en 1992 et en 1993, le solde budgétaire exécuté a été plus de deux fois supérieur à celui prévu en loi de finances initiale .
La forte dérive des déficits publics entre 1990 et 1993
1990 |
1991 |
1992 |
1993 |
|
Solde budgétaire |
||||
Prévision (1) |
||||
en Mds d'euros |
- 13,74 |
- 12,23 |
- 13,71 |
- 25,22 |
en % PIB |
- 1,4 |
- 1,2 |
- 1,3 |
- 2,2 |
Exécution (hors FMI et FSC) (2) |
||||
en Mds d'euros |
- 14,24 |
- 20,68 |
- 34,5 |
- 48,11 |
en % PIB |
- 1,5 |
- 2,0 |
- 3,3 |
- 4,2 |
Capacité de financement des APU |
||||
Prévision (1) |
- 1,1 |
- 1,2 |
- 1,5 |
- 2,4 |
Exécution (2) |
- 1,6 |
- 2,2 |
- 3,8 |
- 5,8 |
Sources :
(1) rapport économique et financier du projet de loi de finances pour
l'année concernée
(2) Insee
L'explosion du déficit budgétaire (1990-1993)
(en milliards d'euros)
L'effet a été immédiat et très significatif sur l'endettement public : exprimée en terme de dette brute des administrations publiques, au sens de Maastricht, celle-ci a augmenté du fait de cette dérive du solde budgétaire entre 1991 et 1994 de près de 13 points de PIB, passant de 35,7 % en 1991 à 48,5 % du PIB en 1994. L'évolution est tout aussi significative s'agissant de l'évolution de la dette totale de l'Etat, qui est passée de 284,63 milliards d'euros (1.867 milliards de francs) en 1991 à 445,44 milliards d'euros (2.922 milliards de francs) en 1994 soit une progression de 160,81 milliards d'euros (1.055 milliards de francs) : + 56,5 % 48( * ) .
L'augmentation de la dette brute des administrations publiques françaises
(en points de PIB)
2. Dès lors, des perspectives toujours lointaines de résorption significative de la dette publique
Cette
forte augmentation de l'endettement public entre 1990 et 1994 a eu pour
conséquence de réduire très significativement l'avantage
comparatif en terme de dette publique dont notre pays a longtemps
bénéficié
. Ainsi, eu égard au laxisme
budgétaire des années 1990-1993, la perspective
affichée par le gouvernement d'un retour d'ici 2030 au niveau de dette
publique des années 1980 paraît, à tout le moins,
très optimiste.
En effet, dans le programme pluriannuel de finances publiques 2002-2004,
après avoir constaté que la France avait longtemps
bénéficié d'un niveau d'endettement relativement bas, le
gouvernement estime qu'elle «
s'est engagée plus
tardivement dans la stratégie de réduction de cet
endettement
». Afin d'éviter un effet d'éviction
des charges d'intérêt aux dépens d'autres dépenses
« plus utiles », et pour «
alléger le
fardeau de la dette léguée aux générations
futures
», il plaide pour une accélération de ce
mouvement.
A cette fin, il esquisse deux scénarii de réduction de la dette
publique. Le premier, dans lequel le solde des administrations publiques se
maintient à l'équilibre à partir de 2004, ne permettrait
une réduction dudit endettement que grâce à
l'activité économique.
Dans ce cas, la décrue serait
lente : ce n'est qu'à l'horizon 2030 que le poids de la dette
dans le PIB retrouverait son niveau des années 1980,
c'est-à-dire 20 points de PIB.
Dans la seconde hypothèse où, après le retour à
l'équilibre en 2004, «
la capacité de financement
des administrations publiques continuerait de s'améliorer d'environ
0,3 point de PIB par an
», le ratio d'endettement
retrouverait le niveau précité des années 1980 avant
l'horizon 2015, le gouvernement envisageant de voir la dette
entièrement remboursée avant 2020.
Force est de constater que ces hypothèses semblent pêcher par un
grand optimisme.
Selon le gouvernement, la réalisation de ces scénarii repose tout
d'abord sur «
l'évolution maîtrisée des
dépenses publiques
». On peut s'étonner que
l'ampleur de cette maîtrise ne soit pas chiffrée. En outre, le
scénario le plus optimiste table sur un excédent des finances
publiques d'environ trois points de PIB en 2015. Si votre rapporteur
général partage bien évidemment cet objectif, il constate
que, en la matière, les faits auront des difficultés à se
mettre en conformité avec les intentions !
Enfin, il ressort de ces deux scénarii que, si le solde des
administrations publiques redevenait négatif après 2004,
même de manière temporaire, le retour au niveau d'endettement de
1980 ne pourrait être atteint en 2030. Autant dire que le reflux de
l'endettement n'est pas une sérieuse priorité pour le
gouvernement !
B. MIEUX GÉRER LES ACTIFS PUBLICS : LE CONTRE-EXEMPLE DE L'UMTS
1. L'importance des sommes initialement en jeu : un double dividende de 1,1 point de PIB
Le
montant total du produit des licences UMTS tel que prévu initialement
par le gouvernement dans la loi de finances pour 2001 s'élevait à
19,82 milliards d'euros (130 milliards de francs), soit
1,1 point de PIB. La répartition proposée consistait
à affecter en deux années, 2001 et 2002, 4,27 milliards
d'euros (28 milliards de francs) à la réduction de la dette
de l'Etat.
A l'issue de cette période, la part de la dette de l'Etat dans le PIB
devait être mécaniquement réduite de près de
0,3 point. De plus, la charge nette supportée chaque année
par le budget de l'Etat devait être également minorée. Il y
aurait donc eu un « double dividende » pour l'Etat, que ce
soit, d'une part, au titre de la moindre progression du stock de la dette et de
la baisse de son poids dans le PIB, ou, d'autre part, au titre de la
réduction du coût annuel des charges d'intérêt
supportées par le budget. A ce titre, dans sa présentation du
programme pluriannuel 2002-2004, le gouvernement en faisait l'un de ses
axes de maîtrise de la dette publique puisqu'il indiquait que
«
la baisse du déficit de l'Etat permettra dans un contexte
de stabilité des taux d'intérêt à long terme, de
contenir l'augmentation de la charge de la dette à un peu moins de
2 % par an, en termes réels.
Cette évolution est
également le produit de l'affectation d'une partie des recettes
résultant de la vente des licences UMTS au désendettement de
l'Etat
».
Force est de constater que cet objectif n'est plus aujourd'hui
d'actualité.
2. En moins d'un an, le scénario initial du gouvernement emporté par la tourmente
Aujourd'hui, tant l'affectation que le produit de la vente de ces licences ont été très fortement modifiés et revus significativement à la baisse. Les dispositions contenues dans le présent projet de loi de finances consistent en effet à diviser par huit le prix des licences qui est désormais fixé à 619,2 millions d'euros (4,06 milliards de francs) contre 4,95 milliards d'euros (32,5 milliards de francs) dans le schéma initial qui avait été soumis au Parlement. A cette somme devrait s'ajouter, selon des modalités qui restent encore à définir « une part variable, versée annuellement, calculée en pourcentage du chiffre d'affaires réalisé au titre de l'utilisation desdites fréquences » .
Scénario initial du gouvernement à 4 licences
(en milliards d'euros)
|
Montant des redevances versées |
Cumul général |
||
|
CADEP |
FRR |
Total |
|
2001 |
2,13 |
2,82 |
4,95 |
4,95 |
2002 |
2,13 |
2,82 |
4,95 |
9,91 |
2003 à 2016 |
---- |
0,71 |
0,71 |
19,82 |
Total |
4,27 |
15,55 |
19,82 |
19,82 |
Le schéma actuel : deux licences à « taux super-réduit »
(en milliards d'euros)
|
Montant de la redevance |
Cumul général |
||
|
CADEP |
FRR |
Total |
|
2001 |
- |
1,24 |
1,24 |
1,24 |
2002-2020 ( ?) |
- |
« Pourcentage du chiffre d'affaires » |
? |
? |
Total |
- |
1,24 + ? |
? |
? |
Si le
principe d'une telle part variable apparaît excellent à votre
rapporteur général (qui l'avait lui-même
préconisé au début de 2000), il n'est pas acceptable que
le Parlement soit appelé à se prononcer sans disposer des
éléments de calcul de cette contribution. La
constitutionnalité de cette démarche paraît sujette
à caution.
Le produit escompté par le gouvernement des licences UMTS est donc
passé en moins d'un an de 19,82 milliards d'euros
(130 milliards de francs), à 1,24 milliard d'euros
(8,13 milliards de francs) ! A l'évidence, ce naufrage
budgétaire est le reflet d'une erreur majeure de politique
économique et industrielle du gouvernement français.
C. CHIFFRER INTÉGRALEMENT LES ENGAGEMENTS « HORS-BILAN »
1. Des louables efforts pour mieux en cerner les contours
Depuis quelques années, votre commission rappelle en
effet
qu'il convient d'ajouter à la dette actuelle de l'Etat les engagements
« hors-bilan »
, qui pour une part sont conditionnels
(les garanties accordées aux établissements publics, aux
crédits à l'exportation, à certaines formes
d'épargne, etc...) et pour d'autres sont certains (les structures de
défaisance, les primes d'épargne-logement, ou les charges de
remboursement de la dette de Réseau ferré de France), mais
également, et surtout, les engagements en assurance-vieillesse et en
assurance-maladie liés au vieillissement de la population.
A ce titre, la question du coût des pensions de la fonction publique
illustre le problème budgétaire majeur auquel l'Etat sera
confronté dans un avenir finalement très proche : celui du
« hors-bilan », ou de la « dette publique
invisible ». A l'évidence la préoccupation de votre
commission des finances a été entendue, car le gouvernement a
effectivement pris des mesures destinées à améliorer la
connaissance de la réalité de la situation financière de
l'Etat
49(
*
)
.
Par ailleurs, pour la seconde année consécutive, le compte
général de l'administration des finances (CGAF) pour 2000
annexé au projet de loi de règlement pour ladite année
comporte des éléments d'information, non négligeables
répondant à ces objectifs.
Les éléments d'information figurant dans le CGAF
Depuis
1999, le CGAF a été substantiellement enrichi
d'éléments permettant de mieux appréhender tant l'encours
de la dette garantie par l'Etat
stricto sensu
, que les engagements
« hors-bilan » même si à l'évidence en
ce domaine des améliorations sont souhaitées et possibles.
1/ La dette garantie
La dette garantie de l'Etat englobe les engagements de sociétés
françaises, entreprises nationales, collectivités,
établissements publics, organismes bancaires qui
bénéficient de la garantie de l'Etat, c'est-à-dire ceux
pour lesquels l'Etat s'est engagé, dans l'hypothèse d'une
éventuelle défaillance du débiteur véritable,
à effectuer lui-même le règlement des intérêts
ou le remboursement des échéances d'amortissement
périodiques prévues au contrat.
La garantie peut porter sur des emprunts ou autres engagements souscrits tant
en France qu'à l'étranger.
L'encours de la dette garantie par l'Etat s'élève au 31
décembre 2000 à 28,43 milliards d'euros au lieu de 37,72
milliards d'euros au 31 décembre 1999 soit une diminution de 24,6 % et
se décompose en dette intérieure (- 19,6 %) et en dette
extérieure ( - 49,6 %).
Composantes de la dette garantie Décembre 2000
Décembre 1999
Dette intérieure 25,47
31,68
Dette gérée (1)
0,02 0,20
Dette extérieure 2,94
5,84
Total 28,43
37,72
(1) Elle correspond aux emprunts de l'ex budget annexe des P & T
2/ Les engagements et risques hors bilan
Comme le souligne le CGAF, «
l'information financière sur
les compte de l'Etat ne comprend pas à ce stade de document recensant
les engagements dits « hors-bilan » à l'instar des
annexes du bilan des entreprises privées
».
Aussi, «
en vue d'améliorer l'information du
Parlement
», trois types d'engagement ont été pris
en compte.
- les engagements de retraite : les retraites des fonctionnaires et agents
publics relevant de régimes spéciaux constituent une charge du
budget général qui est compensée en partie par les
contributions des agents (système de la retenue pour pension) et par des
contributions « employeurs ». Les droits à pension
constituent une dette implicite.
Si le champ de cette dette et ses
méthodes d'évaluation sont détaillés, aucun
chiffrage n'est cependant fourni
.
- les engagements liés à des garanties octroyées :
l'Etat est amené à accorder sa garantie à un certain
nombre d'opérateurs économiques pour favoriser le
développement des exportations (assurance commerce extérieur
à travers la COFACE) ou de toute autre activité économique
(emprunts). Comme l'indique le CGAF, «
la totalisation des
engagements ainsi souscrits ne constitue pas une charge à payer au sens
du plan comptable et ne relève donc pas d'une comptabilisation au
bilan : la mise en jeu de la garantie suppose en effet une
défaillance qui n'a nullement un caractère
systématique
».
- les engagements liés à l'épargne logement :
certains engagements plus spécifiques ne sont pas recensés dans
le bilan de l'Etat et notamment ceux en matière d'épargne
logement (PEL et CEL) qui résultent de l'obligation que l'Etat a de
payer à la clotûre des plans et comptes une prime. Cette dette est
certaine au plan juridique mais son montant et la date de son dénouement
sont déterminés par une série de paramètres
exogènes dont le niveau de la collecte, le rythme de clôture des
plans et comptes, la durée effective d'ouverture, le taux de
rémunération, etc...
2. Une lacune majeure : le coût exact de l'impasse des retraites dans la fonction publique (entre 595 et 685 milliards d'euros)
Ainsi
que le déplore d'ailleurs la Cour des comptes, le contenu actuel du CGAF
analyse les méthodes de calcul possibles pour les engagements de
retraite de l'Etat envers ses propres agents, mais n'en fournit aucun
chiffrage, ce que l'on ne peut que très vivement déplorer au nom
de la nécessaire et élémentaire transparence.
Une première indication en ce sens figure cependant dans le rapport de
la Cour des comptes sur l'exécution des lois de finances pour 2000
lorsqu'elle fait état d'un échange de correspondance avec la
secrétaire d'Etat au budget. Cette dernière, après avoir
détaillé les différentes méthodes de chiffrage de
tels engagements précise ainsi que : «
En fonction du
taux d'actualisation retenu (6 ou 5 %),
l'ordre de grandeur des
engagements hors bilan de l'Etat au titre des retraites des fonctionnaires peut
être estimé comme s'inscrivant dans une fourchette
d'évaluation comprise entre 3.900 milliards de francs et
4.500 milliards de francs
50(
*
)
(...)
».
D. L'INQUIÉTUDE CROISSANTE DES INSTITUTIONS EUROPÉENNES SUR « L'EXCEPTION FRANÇAISE »
1. Les conclusions du Sommet de Stockholm des 23-24 mars 2001
Afin de
contribuer au «
plein emploi dans une économie
exportatrice
», le Conseil européen de Stockholm des 23 et
24 mars dernier a adopté un certain nombre de conclusions
destinées, notamment, à tracer les grandes orientations de
politique économique. Prenant acte de la détérioration de
la conjoncture économique extérieure ainsi que de son impact sur
la croissance au sein de l'Union, la déclaration finale souligne
très opportunément que «
les politiques
budgétaires devraient continuer de tendre vers des finances publiques
proches de l'équilibre ou excédentaires. Elles devraient en outre
tenir compte de la nécessité d'éviter les politiques qui
risquent d'entraîner des fluctuations excessives de l'activité
économique et des équilibres structurels fragiles. Cette
stratégie contribue à la stabilité des prix et favorise
l'existence de conditions monétaires propices à la croissance
économique et à la poursuite de la création
d'emplois
»
.
Elle s'inquiète par ailleurs des conséquences de
l'évolution démographique sur l'équilibre global des
finances publiques et indique que «
le Conseil devrait faire
périodiquement le point de la viabilité à long terme des
finances publiques, y compris des difficultés auxquelles il faut
s'attendre en raison de l'évolution démographique. Il devrait
procéder à la fois conformément aux orientations et dans
le contexte des programmes de stabilité et de
convergence
».
2. La recommandation de la Commission européenne : « dégager des marges pour accélérer la réduction du déficit »
A l'initiative du commissaire chargé des affaires économiques et monétaires, M. Pedro SOLBES, la Commission européenne a adressé le 24 janvier 2001 une recommandation au Conseil portant sur la mise à jour du programme de stabilité de la France estimant que celui-ci était « conforme aux exigences du pacte de stabilité et de croissance ». Après avoir fait état « de bonnes performances macro économiques », elle relève qu' « il aurait cependant été possible d'obtenir de meilleurs résultats budgétaires en 2000, compte tenu de l'évolution favorable de l'économie et des finances publiques ». Elle relève ainsi que « de fait, le rythme de résorption du déficit s'est ralenti en 2000, malgré des rentrées fiscales supérieures aux attentes, ce qui s'explique par la politique d'allègements fiscaux mise en oeuvre par les autorités françaises pour réduire la pression fiscale, et n'est pas totalement conforme aux recommandations des grandes orientations des politiques économiques pour 2000, selon lesquelles une croissance plus forte que prévu devrait être mise à profit pour accélérer la réduction du déficit public ». Elle souligne par ailleurs que « les autorités françaises devraient opérer un contrôle plus strict des dépenses publiques afin de dégager des marges pour accélérer la réduction du déficit. (...) Toute marge budgétaire supplémentaire devrait être utilisée en priorité pour consolider la situation budgétaire et se préparer aux défis de l'avenir, et notamment à la charge financière qu'entraînera le vieillissement de la population ».
Une communication de la Commission critique pour les finances publiques françaises contestée par le gouvernement 51( * )
Au mois
de juillet 2001, M. Laurent Fabius, ministre de l'économie, des finances
et de l'industrie s'était publiquement étonné des
conclusions de la commission européenne sur l'état des finances
qui tendaient à assimiler la situation de la France, à celle de
l'Allemagne, de l'Italie et du Portugal.
Il est vrai en effet que le contenu de ce rapport se révelait
particulièrement critique à l'égard de la politique suivie
par les autorités françaises
. Il indiquait en effet en
préambule que « l'objectif fixé par le pacte de
stabilité et de croissance (PSC) d'une position
budgétaire
proche de l'équilibre ou
excédentaire , est un objectif important que plusieurs Etats
membres n'ont pas encore atteint.../... La réalisation de cet objectif
est essentielle au bon fonctionnement de l'UEM, car elle garantirait le respect
du plafond de déficit de 3 % du PIB et permettrait aux stabilisateurs
automatiques de jouer à plein en cas de ralentissement
économique. Compte tenu de la dégradation des soldes
budgétaires prévue pour cette année et de la montée
des risques de détérioration de la situation économique,
elle reste un objectif budgétaire essentiel pour les pays qui
présentent encore d'importants déficits
structurels
».
Puis ce rapport évoquait tout à fait explicitement la
situation de la France qui était clairement rangée du
côté des « mauvais élèves ».
« Les développements récents et les perspectives
d'évolution de la politique budgétaire sont mitigés
.
D'un côté, le déficit budgétaire de la zone euro
s'est encore contracté pour tomber à 0,7 % du PIB en 2000 (en
excluant le produit de la vente des licences UMTS), ce qui représente
une baisse de 0,5 % du PIB par rapport à 1999.../... .D'un autre
côté, quatre pays de la zone euro (Allemagne, France, Italie et
Portugal) devraient enregistrer un déficit non négligeable en
2001.
Ces pays n'ont pas tiré parti d'un environnement favorable en
matière de croissance pour atteindre l'objectif du Pacte de
stabilité et de croissance et disposent donc de moins de marge de
manoeuvre dans le contexte du ralentissement économique actuel. De
manière générale, les résultats budgétaires
pour 2000 auraient dû être meilleurs puisque certains
gouvernements, face à des dividendes de la croissance
supérieurs aux prévisions en ont utilisé une partie pour
réduire les impôts ou accroître les dépenses
.
En outre, les soldes budgétaires des pays de la zone euro devraient
légèrement se détériorer en 2001, tant en termes
effectifs que corrigés du cycle, marquant ainsi le premier reversement
de tendance en matière d'assainissement budgétaire depuis 1993.
S'il est vrai que cette évolution est en grande partie due à un
allègement souhaitable de la pression fiscale, les mesures de
réforme des dépenses destinées à accompagner cet
allègement ont été reportées ou revues à la
baisse dans certains pays, notamment les mesures visant à moderniser les
systèmes de retraite ».
La Commission tient alors à insister sur les risques que court la
France, dans l'hypothèse d'un ralentissement du niveau de la
croissance :
« les risques de détérioration
s'accumulent et la croissance donne des risques de ralentissement dans la
plupart des pays. Dans ce contexte, il conviendrait de laisser les
stabilisateurs budgétaires automatiques jouer à plein dans les
pays qui ont déjà atteint une position budgétaire conforme
à l'objectif du PSC, c'est à dire proche de l'équilibre ou
excédentaire.. En revanche, les stabilisateurs automatiques risquent de
ne pas pouvoir être pleinement exploités dans les Etats membres
où cet objectif n'a pas encore été atteint, car cela
pourrait porter les déficits à un niveau proche du plafond de 3 %
du PIB ».
Elle préconise ainsi des budgets équilibrés en termes
structurels, ce qui n'est pas le cas de la France .
3. L'avis du Conseil européen sur le programme de stabilité français : « la situation budgétaire en 2000 aurait pu être améliorée encore davantage »
Le 12 janvier 2001, le Conseil de l'Union européenne, lors de l'examen du programme de stabilité française, a réitéré les critiques déjà adressées par la Commission européenne en considérant que « le gouvernement français devait s'efforcer d'atteindre l'équilibre budgétaire dès 2004, y compris dans le cadre du scénario prudent, et de se fixer une échéance plus proche que 2004 pour parvenir à l'excédent dans le cadre du scénario favorable ». Ainsi conclut-il en indiquant qu'il « est d'avis qu'une augmentation moins importante des dépenses serait souhaitable pour permettre de réduire plus rapidement le déficit public ».
4. La Banque centrale européenne inquiète des conséquences d'une croissance plus faible sur l'évolution du budget
Dans le
bulletin mensuel de la Banque centrale européenne (BCE) de
septembre 2001, celle-ci prend acte de la perspective d'une croissance
plus faible mais estime «
essentiel que cette perspective
n'affecte pas la détermination des gouvernements au sein de la zone euro
à respecter strictement le pacte de stabilité et de croissance,
dont il n'y a pas lieu d'envisager une nouvelle
interprétation
». Elle souligne à ce titre que
«
dans la phase actuelle de ralentissement économique, les
pays dont les budgets sont encore en déséquilibre doivent veiller
à ce que les écarts constatés par rapport aux objectifs
fixés dans la dernière version de leur programme de
stabilité restent limités. Il n'existe de marge de manoeuvre
permettant de laisser agir pleinement les stabilisateurs automatiques que dans
les pays dont la situation budgétaire est proche de l'équilibre
ou en excédent
».
Ce jugement a été réitéré dans son bulletin
d'octobre 2001 où elle estime
« qu'il est normal qu'un
ralentissement économique ait une incidence défavorable sur les
situations budgétaires des Etats membres. Toutefois, pour les pays dont
la situation budgétaire n'est pas encore proche de l'équilibre,
il est important qu'ils respectent leurs programmes d'assainissement à
moyen terme
»
.
III. FAVORISER DAVANTAGE L'EMPLOI ET L'INITIATIVE : LES PROPOSITIONS FISCALES
A. FAIRE AUTREMENT POUR SOUTENIR LA CROISSANCE ET L'EMPLOI
1. Baisser les cotisations sociales des employeurs plutôt que la TVA
Comme
elle l'avait souligné lors de l'examen du projet de loi de finances pour
2001, la commission des finances du Sénat souhaitait un véritable
programme fiscal, de caractère pluriannuel, seul en mesure de
libérer véritablement l'initiative et l'emploi.
A ce titre, le 14 mars 2000, votre président et votre rapporteur
général avaient rappelé leurs priorités :
«
plus loin, plus vite, plus fort
».
Il
s'agissait d'une part, de corriger les hausses d'impôts
décidées depuis 1997 et d'autre part, d'entamer une
réforme structurelle de notre système de
prélèvements obligatoires.
S'agissant des ajustements à réaliser, votre commission avait
estimé indispensable de lutter contre toutes les formes de
prélèvements rampants ou de doubles impositions qui, de
façon insidieuse, accroissent la charge fiscale pesant sur les
Français. En outre, dans une économie ouverte et de plus en plus
mondialisée, elle avait considéré que mettre fin à
l'alourdissement continuel depuis 1997 de la pression fiscale était une
priorité pour nos entreprises : ce sont elles qui tirent la croissance
et qui assuraient l'embellie conjoncturelle que l'on enregistrait alors.
De ce fait, la commission des finances du Sénat avait demandé
au Centre d'observation économique (COE) de simuler une diminution des
prélèvements obligatoires de 2,9 points de PIB à l'horizon
2003, assortie d'un retour à l'équilibre des comptes publics
à cette même date.
A ce titre, elle avait demandé au COE de simuler trois modalités
de baisse des prélèvements obligatoires :
- une baisse de 1 point de TVA accompagnée d'une baisse de l'impôt
sur le revenu de 8 % environ ;
- une baisse de l'impôt sur le revenu de 8 % associée
à une baisse des cotisations sociales employeurs de l'ordre de 40
milliards de francs ;
- une baisse de 1,5 point de TVA combinée à une réduction
de l'impôt sur les bénéfices de 5 %.
Il était ressorti de cette étude que l'impact favorable sur la
croissance de la combinaison « baisse de l'impôt sur le revenu
+ baisse des cotisations sociales employeurs » était nettement
supérieur à celui des deux autres combinaisons.
2. Réduire les dépenses publiques pour baisser les prélèvements obligatoires
On peut
rappeler qu'il fallait tirer deux conclusions de l'étude du COE :
-
une réduction des prélèvements obligatoires est
extrêmement favorable en termes de croissance et d'emploi dès lors
qu'on y intègre une baisse des cotisations sociales employeurs.
Celle-ci a en effet un impact direct sur l'emploi et le chômage
(grâce à une diminution du coût du travail), un impact
désinflationniste qui permet d'améliorer la
compétitivité et un effet accélérateur sur
l'investissement des entreprises ;
-
la simulation du COE montre clairement qu'il est possible de conduire une
baisse des prélèvements obligatoires financée par une
baisse des dépenses publiques
sans détérioration du
solde public, tout en favorisant la croissance et l'emploi.
Mais le gouvernement avait alors choisi une solution différente avec une
diminution d'un point du taux normal de la TVA qui n'a pas eu d'effet sur la
consommation mais sur les prix, et le refus de baisser les dépenses
publiques qui devait entraîner à court terme une
détérioration du solde public.
B. DEVELOPPER LA COMPÉTITIVITÉ FISCALE DE NOTRE PAYS
1. La France en mauvaise position au sein de l'Union européenne
La France est ainsi l'un des pays où la pression fiscale est la plus élevée en Europe. Ce diagnostic établi il y a déjà 10 ans par votre commission 52( * ) a encore récemment été mis en lumière par les travaux menés par votre rapporteur général sur « La concurrence fiscale en Europe : une contribution au débat ».
La
concurrence fiscale en Europe :
une contribution au débat de
votre commission des finances
Le
rapport (n° 483 ; 1998-1999) publié en juillet 1999 a
pour objectif d'alimenter la réflexion et le débat sur les
questions posées par la concurrence fiscale en Europe. Il rend compte
des conclusions d'une étude commandée par votre commission des
finances à l'Observatoire français des conjonctures
économiques (OFCE).
Il s'agissait d'identifier plus précisément les
aspérités associées à un état paradoxal de
la construction européenne. Celle-ci est en effet
caractérisée par une intégration de plus en plus
complète des marchés (biens, services, capitaux), par les
progrès réalisés dans le domaine des libertés
d'aller et de venir (libertés d'établissement, de
circulation...), par une unification monétaire très largement
accomplie mais aussi par une harmonisation fiscale si limitée que des
phénomènes de concurrence fiscale ont tout lieu d'être
redoutés.
La complexité technique des problèmes abordés appelle
approfondissements et prolongements mais elle ne doit pas occulter la dimension
politique du sujet : des précisions s'imposent donc pour que la
volonté du législateur s'exerce en pleine clarté.
De ce dernier point de vue, l'un des enseignements forts de l'étude doit
être médité. La concurrence fiscale entre Etats
européens appelle naturellement un meilleur dialogue international. Mais
elle réclame aussi d'entreprendre sans tarder des réformes
internes. Notre pays a beaucoup à faire. Il serait vain et dangereux
pour lui d'espérer imposer son exception fiscale à ses
partenaires.
De ce fait, votre commission des finances souhaite faire progresser la
réflexion en la matière en s'appuyant sur le constat sans appel
fait par cette étude :
la situation de la France au regard de la
concurrence fiscale apparaît globalement mauvaise.
En effet, notre pays apparaît comme l'un de ceux où la pression
fiscale est la plus élevée en Europe en occupant, impôt par
impôt, une position souvent moyenne au regard de cet indicateur.
Cette situation n'est d'ailleurs pas vraiment surprenante, car elle ne fait que
traduire l'absence de choix stratégiques en politique fiscale des
gouvernements successifs, qui ont cumulativement fait usage de toutes les
assiettes fiscales concevables, en application de raisonnements en
général plus politiques ou budgétaires
qu'économiques.
Le niveau des prélèvements obligatoires est, de fait, en
France, particulièrement préoccupant au regard de la
compétitivité fiscale et place notre pays en mauvaise situation
pour affronter une recrudescence éventuelle de la concurrence
fiscale.
Cette situation se vérifie dans le domaine des impôts indirects
où, avec le Danemark, la Suède, la Finlande, la Belgique,
l'Autriche et l'Italie, la France est parmi les pays qui taxent le plus la
consommation.
Mais on le vérifie surtout dans le domaine des
impôts directs et des prélèvements sociaux.
2. Le rapport du Sénat sur l'expatriation des compétences et des capitaux
Dans
leur rapport sur l'expatriation des compétences, des capitaux et des
entreprises
53(
*
)
, nos collègues
André Ferrand et Denis Badré ont parfaitement souligné en
trois volets les archaïsmes de notre système fiscal :
-
une fiscalité des personnes et du patrimoine qui pénalise
l'initiative
: un impôt sur le revenu très progressif, un
impôt sur la fortune arbitraire, des droits de mutation relativement
lourds, une imposition des stocks-options instable et illisible etc..
-
une fiscalité des entreprises globalement renforcée par une
floraison de taxes additionnelles
: les moyennes et grandes
entreprises sont surtaxées, la France est mal placée par rapport
au reste de l'Union européenne avec des impôts spécifiques
sur le secteur financier et une fiscalité pénalisante pour les
restructurations ;
-
un coût du travail globalement accru au détriment de l'image
du « site France
» : il faut citer le poids
écrasant des charges sociales sur les salaires des cadres et l'impact
des trente-cinq heures sur le coût du travail.
Ces archaïsmes sont de nature à
« disqualifier » la France dans sa compétition avec
les autres pays de l'Union européenne.
Le rapport de nos collègues propose ainsi :
-
d'atténuer certaines particularités françaises en
matière de fiscalité des personnes
: favoriser un
impôt de solidarité sur la fortune moins confiscatoire, modifier
les droits de mutation pour garantir la liberté de transmettre ses biens
aux proches, retenir un régime des plus-values de cession qui tienne
compte de l'enrichissement réel, alléger et simplifier
l'impôt sur le revenu ;
- de
rapprocher la fiscalité des entreprises de la norme
européenne avec des mesures à court terme
(amortissements des
actifs incorporels et suppression du taux supérieur de la taxe sur les
salaires) et des mesures à moyen terme (exonération des
plus-values sur cession de titres de participation et suppression de l'avoir
fiscal tout en poursuivant l'harmonisation européenne de la
fiscalité des entreprises) ;
- de
simplifier, clarifier, stabiliser, les règles et pratiques
fiscales.
C. COMMENT RÉORIENTER LA FISCALITÉ VERS L'INITIATIVE ET L'EMPLOI ?
Comme
cela vient d'être souligné,
les mesures fiscales prises par le
gouvernement ne sont de nature ni à modifier le poids des
prélèvements pesant sur le travail ni à relancer
l'initiative et l'investissement des entreprises.
Votre commission ne peut toutefois que prendre acte des mesures
décidées par le gouvernement et, dans un esprit de
responsabilité motivé par la prise en compte de la
fragilité grandissante de nos finances publiques, ne peut
présenter un nouveau plan dont le coût serait évidemment
ajouté à celui des mesures déjà prises.
1. Rendre l'emploi attractif : alléger les cotisations sociales employeurs et réformer progressivement la taxe sur les salaires
Outre la
préférence qu'elle a déjà exprimée, pour un
plan d'allégement d'impôts combinant les cotisations sociales
employeurs et l'impôt sur le revenu,
votre commission souhaite
apporter quelques éclairages sur la nécessité de
réformer progressivement des impôts particulièrement
néfastes pour l'emploi et pour la croissance de notre
économie
.
Parmi ces prélèvements, particulièrement dissuasifs pour
l'emploi, figure notamment
la taxe sur les salaires, pour laquelle notre
commission souhaite que des réformes soient entreprises à moyen
terme.
Faut-il supprimer la taxe sur les salaires ?
Le mardi
9 octobre 2001, la commission des finances du Sénat a adopté un
rapport d'information d'Alain Lambert, président, relatif à la
taxe sur les salaires
54(
*
)
.
Cette publication
a été l'occasion de rappeler l'existence de cet impôt
très peu connu mais qui rapporte pourtant environ 50 milliards de francs
chaque année au budget de l'Etat et concerne quelques 350.000 redevables
(principalement dans les secteurs hospitalier, associatif, bancaire et des
assurances).
L'analyse de l'impact économique de la taxe sur les salaires sur ses
différents redevables a fait apparaître des effets potentiellement
très négatifs. Taxe assise sur les rémunérations,
la taxe sur les salaires constitue un véritable
frein à
l'embauche
dans de nombreux secteurs et notamment dans le secteur des
associations. C'est aussi, dans les secteurs bancaire et des assurances,
très concurrentiels, une incitation pour les entreprises redevables
à se délocaliser puisque la taxe sur les salaires est un
impôt sans équivalent en Europe
. Enfin, le rapport de la
commission des finances met en évidence que 41 % du produit de la taxe
sur les salaires est acquitté à l'aide de financements d'origine
publique (budgets des hôpitaux, subventions publiques aux associations,
budgets des caisses de sécurité sociale, etc.) :
la
puissance publique lève alors un impôt sur
elle-même !
Plusieurs propositions de réforme sont évoquées dans le
rapport, parmi lesquelles, compte tenu du poids budgétaire de cet
impôt la piste de sa suppression progressive et prudente est
privilégiée.
C'est dans cette optique que
votre commission vous proposera
d'alléger progressivement le poids budgétaire de la taxe sur les
salaires, en réduisant le premier taux de son barème.
2. Simplifier notre système fiscal
Puis,
votre commission souhaite poursuivre la simplification de notre système
fiscal.
En matière d'impôt sur le revenu, votre commission demandera au
gouvernement de remettre dans les meilleurs délais un rapport sur les
modalités de passage au
prélèvement à la
source
.
L'impôt sur le revenu : en attendant la
réforme...
L'allègement de l'impôt sur le revenu a
été présenté comme la mesure
« phare » du programme de baisses d'impôt du
gouvernement.
Or,
la France a l'impôt sur le revenu le plus archaïque qui
soit.
Bien que le taux marginal maximum de l'IRPP reste l'un des plus
élevés du monde, sa part dans le total des recettes fiscales est
l'une des plus faibles car la moitié seulement des Français
paient cet impôt.
La part de l'impôt sur le revenu dans le total des recettes fiscales
représente 17,4 % en France, contre 25 % en Allemagne, 27,5 % au
Royaume-Uni et 40,5 % en Grande-Bretagne (Source : OCDE - 1998).
La vraie réforme consisterait à élargir l'assiette de
l'IR et à en réduire le taux
. De nombreux pays ont fait cette
démarche dans les années passées. La loi de 1986 (Tax
reform Act) aux Etats-Unis a permis de réduire considérablement
les taux d'imposition en compensant par un élargissement de l'assiette
des impôts (suppression des abattements et déductions,
intégration des gains en capital dans le revenu imposable), la
Grande-Bretagne a fait de même au cours des années 80. L'Allemagne
a également entrepris une vaste réforme de l'impôt sur le
revenu, consistant à en élargir l'assiette et à en
réduire le taux, en trois étapes (1986,1988,1990). Très
récemment, l'Allemagne a mis en oeuvre une réforme,
adoptée définitivement en juillet 2000, ramenant le taux plancher
de l'impôt sur le revenu à 15 % d'ici à 2005. Les Pays-Bas
ont également mené une réforme en 1990 afin
d'élargir la base et réduire les taux d'imposition. De son
côté, la France refuse une réflexion approfondie sur ce
sujet.
Enfin,
votre commission des finances estime que la France devrait engager
une réflexion sur le prélèvement à la
source
et proposera que le gouvernement remette un rapport sur les
modalités de passage à ce type de prélèvement.
Elle proposera également, dans un souci de simplification fiscale, de
supprimer complètement la vignette sur les véhicules à
moteur
.
Afin de
rétablir
l'équité entre les titulaires
de bénéfices non commerciaux employant moins de cinq personnes et
les autres contribuables
-qui ont bénéficié de la
suppression progressive de la part salariale de l'assiette de la taxe
professionnelle
-, votre commission vous proposera également, comme
l'an dernier, un dispositif simple réduisant progressivement la fraction
des recettes prise en compte dans les bases de taxe professionnelle des
titulaires de bénéfices non commerciaux employant moins de cinq
salariés.
3. Relancer l'initiative et l'investissement des entreprises
Enfin,
votre rapporteur général estime que l'action fiscale devrait
se concentrer davantage sur l'aide à l'investissement des
entreprises.
A moyen terme, cela suppose évidemment, comme le soulignait le rapport
précité de notre collègue député Michel
Charzat, de «
mettre à niveau l'impôt sur les
sociétés
». En effet, comme le précise ce
rapport «
le taux effectif marginal d'imposition nous place en
dernière position des quinze pays de l'union européenne
...
[or]
un taux trop élevé d'imposition sur les
bénéfices pénalise des entreprises installées en
France par rapport aux entités étrangères dans la
compétition internationale : il réduit les moyens
disponibles pour financer la croissance de l'entreprise et assurer sa
compétitivité
».
Cela suppose aussi
d'harmoniser
davantage l'assiette de l'impôt
sur les sociétés à l'échelle européenne
comme la Commission européenne vient encore récemment d'en
rappeler la nécessité.
La
Commission européenne propose une assiette consolidée
unique
de l'impôt sur les sociétés
Les
conseils européens de Lisbonne (mars 2000) et Stockholm (mars 2001) ont
fixé un objectif stratégique pour l'Union
européenne : en faire l'économie la plus compétitive
et la plus dynamique du monde à l'horizon 2010. La politique
communautaire en matière de fiscalité des sociétés
doit contribuer à remplir cet objectif ; elle constitue même,
selon la Commission, l'une des conditions essentielles de réalisation de
cet objectif.
Dans sa
communication
intitulée « Vers un marché
intérieur sans entraves fiscales » publiée le
23
octobre 2001
, la Commission européenne trace les grands lignes de sa
«
stratégie pour permettre aux entreprises d'être
imposées sur la base d'une assiette consolidée de l'impôt
sur les sociétés couvrant l'ensemble de leurs activités
dans l'Union européenne
».
La Commission européenne est en effet convaincue que les régimes
d'imposition des sociétés dans les différents
Etats-membres de l'Union européenne ne se sont pas adaptés
à la mondialisation, au marché intérieur, ni à
l'Union économique et européenne et que la coexistence de
quinze corps de règles fiscales différentes
et d'une
multitude de conventions fiscales engendrent des coûts
considérables. Elle a également identifié un certain
nombre d'obstacles fiscaux entravant l'activité économique
transfrontalière (imposition des opérations de restructuration,
rares possibilités de compensation transfrontalière des pertes,
limites des mécanismes visant à atténuer la double
imposition, etc.).
Elle a constaté que des
écarts importants -jusqu'à 30
%- existaient dans les taux effectifs d'imposition
des
sociétés mais a reconnu que la fixation des taux relevait de la
compétence des Etats-membres et n'a donc pas proposé d'action
communautaire en cette matière.
Les axes d'action de la Commission seront les deux suivants :
- des
initiatives ciblées
(modification des directives
« mères-filiales » et
« fusions », nouvelle proposition de directive sur les
pertes transfrontalières, création d'un « Forum
conjoint de l'Union européenne sur les prix de transfert »,
objectif de parvenir à une version communautaire de la convention
modèle de l'OCDE en matière de double imposition, etc.) ;
- la
définition d'une base consolidée d'imposition des
sociétés
couvrant l'ensemble de leurs activités dans
l'Union européenne (soit par l'imposition selon les règles de
l'Etat de résidence, soit une base d'imposition consolidée
commune conformément à un nouveau code commun de l'impôt
des sociétés qui serait applicable dans la totalité de
l'Union européenne).
Suite à cette communication, la Commission envisage d'organiser une
conférence européenne sur la fiscalité des
sociétés en 2002 puis de rédiger un rapport en 2003 sur
ses conclusions quant aux politiques à mettre en oeuvre.
A court terme, votre rapporteur général s'inquiète
d'une lacune majeure du « programme fiscal » du
gouvernement : il ne prévoit pratiquement rien pour favoriser
l'investissement des entreprises.
Certes, dans le cadre du « plan de relance », le
gouvernement a annoncé un amortissement exceptionnel de 30 % pour les
immobilisations acquises entre le 17 octobre 2001 et le 31 mars 2002, mais il
s'agit d'une simple « mesure de calendrier » sans effet
réel durable. Le remboursement annoncé par l'Etat du reliquat de
la dette due à la suppression du décalage d'un mois de la TVA est
également une simple mesure de trésorerie, sans impact
significatif sur les résultats des entreprises.
C'est en raison de l'absence quasi-totale d'initiatives en direction des
entreprises, dont les projets d'investissement et les initiatives sont pourtant
considérablement ralentis et pourraient freiner la croissance, que votre
rapporteur général
proposera, dans la ligne des propositions
formulées par le rapport Charzat
des mesures destinées
à soutenir l'initiative et les créations d'entreprises.
Dans cet esprit, il proposera par exemple d'aménager le régime
du crédit d'impôt-recherche
, en tenant compte des
propositions faites par le rapport Charzat. De même, il proposera
d'étendre le dispositif proposé par le gouvernement
d'incitation à la recherche médicale
, dont la
portée est actuellement insignifiante. En outre il proposera d'augmenter
les plafonds des réductions d'impôts pour les
souscriptions de
parts des fonds communs de placement à risques
(FCPR) et
de fonds
communs de placement dans l'innovation
(FCPI) afin de soutenir le
financement des entreprises innovantes.
Bien évidemment, il proposera également de
revenir sur la
décision de l'Assemblée nationale qui a refusé la
revalorisation du barème de l'impôt de solidarité sur la
fortune
, décision d'autant plus paradoxale que notre collègue
député Michel Charzat en avait à juste titre
souligné tout l'intérêt ainsi d'ailleurs que celle de
mettre fin au « plafonnement du plafonnement » en
matière de cotisation d'impôt sur le revenu et d'ISF.
Enfin, afin d'adresser à l'investissement un signal qui ne soit pas un
« feu de paille » et de l'inscrire dans une dynamique de
long terme, votre rapporteur général vous proposera de revenir
sur l'une des mesures les plus fâcheuses prises par le gouvernement en
2001 :
la baisse des taux de l'amortissement dégressif.
En tentant d'en endiguer temporairement les effets nocifs dans le cadre de son
« plan de relance », le gouvernement donne d'ailleurs
implicitement raison à votre rapporteur général qui avait
souligné que cette mesure de rendement défavorable à
l'investissement, était particulièrement inopportune.
4. Accroître la stabilité de notre système fiscal : encadrer la rétroactivité
Le
principe de sécurité juridique est une condition essentielle de
bon fonctionnement des sociétés. Il implique que chaque citoyen
puisse connaître, à l'avance et de manière précise,
les avantages et les inconvénients de ses actes eu égard aux
règles juridiques qui s'imposent à lui.
Concrètement, la sécurité juridique implique que la norme
juridique soit accessible, claire et prévisible.
Elle garantit donc
la stabilité des situations juridiques, notamment en s'opposant à
leur remise en cause par des normes rétroactives.
Les
propositions de votre rapporteur général pour limiter le
recours
aux dispositions fiscales rétroactives
Le
principe de sécurité juridique est une condition essentielle de
bon fonctionnement des sociétés.
Or, la multiplication, au
cours de ces dernières années, de dispositions fiscales soit
rétroactives, soit rétrospectives (comme l'abrogation par
anticipation d'avantages fiscaux concernant des opérations
étalées sur plusieurs années) a contribué à
développer un sentiment d'insécurité juridique fort parmi
les contribuables.
Cette situation entraîne deux effets pervers.
D'une part, elle altère l'esprit d'entreprise des contribuables :
si l'environnement juridique de l'entreprise ou du patrimoine devient instable,
toute prévision tend à devenir impossible et les agents
économiques ne sont plus encouragés à développer
leurs activités.
D'autre part, l'utilisation intempestive de la rétroactivité
affaiblit la crédibilité et l'efficacité de la politique
fiscale. En effet, les contribuables sont moins réceptifs aux
incitations fiscales de l'Etat dès lors que celles-ci peuvent être
effacées ou remises en cause après quelques années.
Certes, la jurisprudence joue un rôle pour limiter le recours aux
dispositions rétroactives. Toutefois, cette évolution serait
facilitée si un principe général du droit relatif à
la non rétroactivité était introduit dans la
Constitution.
C'est la raison pour laquelle votre rapporteur général a
souhaité faire évoluer l'état du droit applicable.
Il
a, à ce titre, déposé deux propositions de loi,
n° 53 et n° 54 (1999-2000), pour limiter le recours aux
dispositions fiscales rétroactives.
En effet,
aucune disposition constitutionnelle ne fait
référence au principe de non rétroactivité. C'est
la raison pour laquelle une proposition de loi constitutionnelle a
été déposée qui modifie le sixième
alinéa de l'article 34 de la Constitution qui dispose que la loi fixe
les règles concernant l'assiette, le taux et les modalités de
recouvrement des impositions de toutes natures.
Il s'agit de préciser
que les règles relatives à l'assiette et au taux ne sont pas
rétroactives sauf dans les conditions et sous les réserves
prévues par une loi organique.
Par ailleurs, votre rapporteur général a également
déposé une proposition de loi organique qui tend à
circonscrire, en droit, les cas où le recours à une loi
rétroactive est admissible tout en tenant compte non seulement de la
tradition juridique de la France, mais aussi de la spécificité de
la technique fiscale. Ainsi, les règles d'application dans le temps des
dispositions incluses dans les lois de finances sont maintenues. Le vecteur
juridique retenu est une loi organique afin que le champ d'application de la
présente proposition s'étende aux dispositions fiscales contenues
non seulement dans les lois, mais également dans les lois de finances et
dans les lois de financement de la sécurité sociale.
IV. MAÎTRISER LA DÉPENSE PUBLIQUE : QUELQUES ENSEIGNEMENTS À TIRER DES EXPÉRIENCES PORTUGAISE ET ESPAGNOLE
Votre
commission n'a pas, vis-à-vis de la dépense publique, une
attitude doctrinaire ou dogmatique consistant à la rejeter en
bloc : en effet, à l'évidence, actuellement, des ajustements
sectoriels s'imposent, un effort significatif doit être
réalisé en faveur de secteurs prioritaires, tels que la
sécurité, la santé, ou l'investissement public, qu'il soit
civil ou militaire.
Soucieux de contribuer effectivement à ce débat
55(
*
)
, votre rapporteur général s'est
attaché à étudier concrètement deux
expériences de réduction de la dépense publique
menées par des pays de la zone euro, ayant des gouvernements de
sensibilité politique différente et leur rythme propre de
développement.
Qu'il s'agisse de la volonté actuelle du gouvernement portugais de
diminuer les dépenses publiques ou des efforts mis en oeuvre avec
succès depuis 1996 par le gouvernement espagnol, un constat semble, par
delà les dissemblances pouvant exister avec la situation de notre pays,
s'imposer à l'évidence :
la réduction
significative de la dépense publique est une entreprise de longue
haleine qui nécessite du courage politique et de la détermination
afin de pouvoir mener, dans la durée, des réformes de structure
ambitieuses et indispensables.
A. UNE NOUVELLE MÉTHODOLOGIE BUDGÉTAIRE ET DES OBJECTIFS AMBITIEUX
1. Contenir la dépense, un défi nécessaire mais difficile pour le gouvernement portugais
a) Une nouvelle loi-cadre budgétaire promulguée en août 2001
Celle-ci définit plus clairement les règles relatives à l'approbation et au contrôle de l'exécution du budget et met en place pour cela une batterie d'indicateurs autour des concepts d'objectifs et de programmes. Elle instaure également au début du mois de mai un débat d'orientation budgétaire. De nouvelles règles ont par ailleurs été élaborées s'agissant des possibilités de report de crédits d'un exercice budgétaire sur l'autre. Désormais, ceux-ci doivent être centralisés au sein du ministère des finances qui est le seul habilité à en décider, le cas échéant, le report. Cette loi-cadre a été complétée par le vote d'une loi relative à la stabilisation et à la coordination entre les différents niveaux d'administrations, qu'elles soient centrales, régionales ou locales, afin de permettre une appréciation d'ensemble du niveau du déficit public.
La nouvelle loi du cadre budgétaire
La loi
n 91/2001 du 20 août 2001 établit le nouveau cadre des
budgets et des comptes de l'ensemble des administrations publiques. Cette loi
s'applique aux services sans autonomie administrative et financière
(appelés par la loi services intégrés), aux services et
fonds autonomes et au système de solidarité et
sécurité sociale
(1)
.
La nouvelle loi, composée de 82 articles, est plus complète et
détaillée que la précédente (n 6/91 du 20
février) qui ne comptait que 32 articles. Hormis les principes
déjà inclus dans la loi n 6/91 (unité et
universalité, équilibre, non consignation, et
spécificité), la nouvelle loi budgétaire ajoute les
principes suivants :
- annualité
: le principe qui établit une
fréquence annuelle pour les budgets a été
renouvelé, précisant que la préparation des budgets doit
s'inscrire dans une perspective pluriannuelle ;
- non-compensation
: toutes les recettes doivent êtres
estimées par leur montant intégral, sans que les charges de
collectes ou d'autres natures leurs soient déduites ;
- instruments de gestions :
les organismes des administrations
publiques doivent se soumettre au Plan Officiel de Comptabilité
Publique ;
- publicité :
le gouvernement doit garantir la divulgation
et transparence du processus budgétaire et de son exécution.
Le budget de l'État (composé par les budget des services
intégrés, des services et fond autonomes et du système de
solidarité et Sécurité Sociale) comporte les dotations des
dépenses et les prévisions des recettes relatives à la
période concernée. Le principe de l'équilibre
présuppose que les recettes prévues soient, au moins,
égales aux dépenses. Les budgets doivent être
élaborés, approuvés et exécutés de
façon à :
- contenir les dotations nécessaires à la réalisations des
dépenses obligatoires ;
- respecter les obligations dérivant du Traité de l'Union
Européenne ;
- prendre en compte les lignes directrices du gouvernement en matière de
planification et de programmation financière pluriannuelle.
La date de présentation du projet de loi des finances a
été anticipé au 1er octobre (sauf pour certains cas
définis) et un délai de 45 jours est prévu pour la
votation
(2)
. Le contenu et la structure de la loi des
finances, ainsi que les processus d'exécution budgétaire et
d'introduction de changements obéissent, de façon
générale, à la loi précédente.
(1) Les budgets des régions autonomes des Açores et
Madère sont indépendants du budget de l'État.
(2) Selon la loi budgétaire précédente, le projet de loi
devait être présenté le 15 octobre et le vote devait avoir
lieu avant le 15 décembre.
En ce qui concerne le contrôle budgétaire, la nouvelle loi
prévoit la réalisation d'un débat politique pendant la
première moitié du mois de mai. À cette occasion, le
gouvernement devra, en particulier, présenter l'état
d'exécution du budget, les révisions au Programme de
Stabilité et Croissance et les grandes orientations des politiques
économiques qui seront présentes dans le Conseil ECOFIN de mai.
La loi n 91/2001 introduit un autre élément nouveau qui
consiste à soumettre les budgets et les comptes à une
systématisation complémentaire par objectifs (la gestion par
objectifs) qui tienne compte des activités et objectifs de chaque
organisme, de leurs centres de coûts respectifs et des ressources qui
leurs sont affectées. Cette mesure prétend améliorer les
décisions sur la réorientation et le contrôle des
dépenses publiques. Les développements par objectif seront
introduits progressivement, commençant par accompagner le projet de loi
des finances et les comptes à titre informatif.
Source : direction générale des études,
ministère portugais des finances
Le gouvernement portugais a ainsi souhaité adopter des mesures claires
destinées à baisser le poids de la dépense publique qui
devront produire leur effet à l'horizon 2002-2004.
b) Une mesure emblématique : ne remplacer qu'un départ à la retraite de fonctionnaire sur quatre
Le
gouvernement portugais a affiché son intention de principe de ne
remplacer qu'un fonctionnaire seulement sur quatre partant à la
retraite. Cette disposition doit s'appliquer à l'administration centrale
et locale.
Le ministère des finances, en liaison avec le ministère de la
réforme de l'Etat, a été chargé de mettre en
application ce dispositif qui exclut cependant deux secteurs : la
santé et l'éducation. L'objectif avoué est de
réduire très sensiblement le nombre des fonctionnaires qui a
effectivement augmenté de près de 10 % au cours des cinq
dernières années, passant de 650.000 à
700.000 personnes entre 1995 et 2000.
c) « Débusquer » les rigidités et pesanteurs du système administratif : les 50 mesures de la commission ECORDEP
Prenant acte de la difficulté d'une diminution ambitieuse de la dépense sans éliminer les rigidités du système administratif, les autorités portugaises se sont attachées à rechercher une meilleure efficience des deniers publics, particulièrement dans les secteurs de l'éducation et de la santé. Une structure spécifique de coordination de la réforme de la dépense publique (ECORDEP), créée à cet effet, a fait des propositions qui ont débouché sur la présentation par le ministre des finances d'un programme de réforme de la dépense publique pour les années 2002-2004 comprenant 50 mesures dont la plus spectaculaire est la fixation d'un plafond annuel de 4 % pour la croissance de la dépense courante. Ce seuil pourrait se traduire par une diminution en termes réels si l'inflation se révélait être supérieure à la prévision du gouvernement, hypothèse qui n'est pas à exclure dans la mesure où le Portugal connaît toujours un niveau d'inflation plus élevé que la moyenne de la zone euro.
2. Une politique drastique de réduction de la dépense mise en oeuvre par le gouvernement espagnol depuis 1996
a) Des mesures urgentes et immédiates de réduction de la dépense
Dès son arrivée au pouvoir en 1996, le
gouvernement
espagnol a entrepris de réduire les dépenses dans l'ensemble des
secteurs, à l'exception de celui de la défense.
Les premières mesures urgentes se sont donc traduites par la diminution
très sensible de l'investissement public ainsi que par la diminution des
dépenses courantes de fonctionnement (« le train de
vie » de l'Etat).
b) Un programme complet de limitation des dépenses, notamment des rémunérations publiques
Dans un
second temps, l'effort a porté de façon pérenne sur les
différents et principaux postes de dépenses du budget de l'Etat.
Il s'est agi tout d'abord d'ériger en principe le non remplacement de
trois fonctionnaires sur quatre partant à la retraite, et cela hors
« cas exceptionnels ». Cette règle de base
s'applique à toutes les administrations publiques, y compris
régionales ou municipales, à l'exception des filières
d'activité définies lors de la discussion budgétaire. Ont
ainsi été épargnés par ces mesures des secteurs
tels que la justice, l'enseignement ou les professions de santé. Aussi,
pour l'essentiel, ces mesures ont-elles concerné les services centraux
des administrations, soit 15 à 20 % des effectifs totaux, plus que
les fonctionnaires des services extérieurs, directement en contact avec
le public.
Parallèlement, ont été supprimés des organismes
publics jugés inutiles tandis qu'étaient réalisées
des économies dans le domaine social consistant notamment à
renforcer les contrôles et fixer des règles plus strictes pour
l'indemnisation du chômage afin de réduire la fraude. De
même, ont été mis en concurrence systématiquement
les fournisseurs des administrations afin de réduire les dépenses
courantes et les frais généraux.
c) La nécessité actuelle de fixer un nouveau cadre aux relations entre l'Etat et les collectivités locales
Une
loi-cadre sur la stabilité budgétaire concernant l'ensemble des
administrations publiques est actuellement en cours de discussion au Parlement.
Elle vise à fixer pour les régions et les villes des
règles quant au niveau de leur déficit public ou de leur
endettement. Il est ainsi prévu de leur appliquer des critères
plus stricts que ceux du traité de Maastricht en leur interdisant de se
trouver en situation de déficit, ce qui suscite d'ores et
déjà de nombreux débats quant à l'application
desdits critères aux régions au motif que cela limiterait leur
autonomie statutaire.
S'agissant de l'Etat, elle a pour objet d'encadrer l'évolution de la
dépense. Par ailleurs, afin de compléter ce dispositif et
d'améliorer l'information budgétaire, un nouveau système
comptable plus complet devrait être mis en place de sorte que
l'évolution du patrimoine de l'Etat puisse être mieux
appréhendée à l'occasion de l'examen de la loi de
finances.
B. DES RÉSULTATS QUI S'APPRÉCIENT DANS LA DURÉE
1. Le gouvernement portugais souhaite adopter des mesures « réalistes » de baisse des dépenses
a) Des premiers résultats positifs en 2001
Les mesures visant à assurer un contrôle plus strict de la dépense publique par le ministère portugais des finances ont déjà produit leurs premiers résultats positifs dans la mesure où, selon les informations obtenues par votre rapporteur général, le niveau de la dépense exécutée à ce jour en 2001 serait inférieur au niveau défini en prévision budgétaire.
b) Un effort à poursuivre en 2002 et lors des années ultérieures
Pour
2002, le gouvernement s'est assigné pour tâche de limiter la
progression des dépenses courantes à 4 % et celle des
salaires à 3,7 %, soit une stabilisation, voire une
légère diminution en termes nominaux, si la prévision
initiale du gouvernement en matière d'inflation n'était pas
respectée. Par contre, les autres dépenses du budget
général, hors les rémunérations, devront, elles,
toutes baisser. A ce titre, le ministre des finances a été
chargé de s'assurer du respect de cette norme et a mis en place un
contrôle strict de l'activité des autres ministères afin de
s'assurer du réalisme de leurs prévisions budgétaires
figurant dans le projet de budget pour 2002.
Parallèlement, même si le contenu exact du rapport de la
commission ECORDEP qui a été remis au gouvernement n'a pas encore
été intégralement rendu public, ce dernier a
souhaité compléter ce plan dans une optique de réduction
résolue, à moyen terme, du poids de la dépense publique.
Malgré cette absence de publication officielle de l'ensemble des
conclusions du rapport ECORDEP, ladite commission aurait également
préconisé, selon les informations recueillies par votre
rapporteur général, de stopper la progression des dépenses
courantes de petit équipement (« le train de vie »),
de modifier les règles de calcul des pensions de retraite des
fonctionnaires qui bénéficient en effet, à ce jour, d'un
régime souvent avantageux, ou de mettre en place dans chaque
ministère un contrôleur financier chargé de vérifier
que les consignes du ministère des finances sont bien
appliquées.
c) Un volontarisme de pur affichage ?
S'il
semble exister au Portugal un assez large consensus quant à la
nécessité d'une telle réforme, nombre d'interlocuteurs
rencontrés restent sceptiques quant à l'efficacité
réelle des dispositifs préconisés, mais aussi et surtout
quant à la capacité du gouvernement portugais à tenir les
objectifs ambitieux qu'il s'est assignés et qui à ce jour ne sont
assortis d'aucune contrainte juridique.
Il s'agit d'un engagement sans force normative. Ainsi la limitation à
3,7 % de la progression pour 2002 des dépenses de
rémunérations entraînera très vraisemblablement une
perte nette de pouvoir d'achat pour les fonctionnaires compte tenu du niveau de
l'inflation et du GVT
56(
*
)
. Elle suscite d'ores
et déjà des réactions de vive hostilité de la part
des syndicats de la fonction publique. Et cela d'autant plus que le Portugal
s'est longtemps caractérisé, notamment pendant les
années 1970-1980 par un poids de la dépense de fonction
publique rapportée au PIB parmi les plus élevés
d'Europe
57(
*
)
, non pas tant en raison d'un
nombre plus élevé de fonctionnaires, qu'en raison des nombreuses
concessions alors faites aux syndicats en matière de politique
salariale.
2. Les efforts très significatifs accomplis par le gouvernement espagnol depuis 1996
a) Une réduction impressionnante des déficits publics
En 1995,
le solde financier des administrations publiques espagnoles s'élevait
à - 6,6 points de PIB, soit un niveau supérieur de
1,6 point à celui de la zone euro (- 5 % de PIB) et de
2,7 points à la moyenne des pays de l'OCDE (- 3,9 % du
PIB).
En 2000, ces mêmes administrations étaient proches de
l'équilibre avec un besoin de financement de seulement 0,3 point de
PIB, soit un niveau comparable à celui de la zone euro.
Solde financier des administrations publiques en France, en Espagne et dans la zone euro
(en points de PIB)
Années |
France |
Espagne |
Zone euro |
1995 |
- 5,6 |
- 6,6 |
- 5,0 |
1996 |
- 4,1 |
- 4,9 |
- 4,3 |
1997 |
- 3,0 |
- 3,2 |
- 2,6 |
1998 |
- 2,7 |
- 2,6 |
- 2,2 |
1999 |
- 1,6 |
- 1,3 |
- 1,3 |
2000 |
- 1,3 |
- 0,3 |
- 0,3 |
Source : OCDE
On constate ainsi que l'Espagne a non seulement rattrapé son retard
par rapport à la France, mais présente désormais, à
la différence de notre pays, un solde public proche de
l'équilibre.
Evolution comparée des déficits publics en France et en Espagne (1995-2000)
(en points de PIB)
En outre, selon les informations communiquées à votre rapporteur général, ce mouvement devrait se poursuivre en 2001 et 2002 puisque les administrations publiques ne devraient plus être déficitaires : le déficit budgétaire de l'Etat (- 0,5 point de PIB) est compensé par l'excédent des organismes de sécurité sociale (entre 0,5 et 0,6 point de PIB), les collectivités locales étant, elles, en situation de quasi-équilibre.
b) Une diminution obtenue pour l'essentiel grâce à une réduction du poids de la dépense
Sur la
période 1996-2000, la réduction du niveau des déficits
publics correspond en effort pour les 4/5
ème
à une
diminution du poids des dépenses et pour le reliquat, soit 20 %,
à un accroissement du montant des recettes, et cela alors que l'Espagne
connaissait un taux de chômage historiquement élevé :
il représentait 22,7 % de la population active en 1995 et
22,2 % en 1996. Le gouvernement espagnol a donc réussi à
mettre en oeuvre, à compter de 1996, un programme de réduction
drastique de la dépense publique, dans un contexte de fort chômage.
Ainsi a notamment été strictement contrôlée la
progression des dépenses de rémunération. Les
négociations salariales dans la fonction publique d'Etat et dans celle
des régions relèvent en effet d'un bureau unique qui
établit les paramètres généraux d'évolution
car la même grille s'applique à l'ensemble des fonctionnaires,
sous réserve d'aménagements locaux ou ponctuels
décidés au plan local. Les dépenses ont ainsi pu
être contrôlées, grâce à des périodes de
gel des salaires, et cela malgré de fortes tensions avec les syndicats.
Dans ce contexte, le gouvernement espagnol est ainsi en mesure d'afficher pour
2002 une norme de progression des rémunérations de 2 %,
correspondant comme en 2001 au niveau anticipé de l'inflation.
Parallèlement, compte tenu du poids important des dépenses de
transfert courant
58(
*
)
, en raison de
l'importance des sommes versées par le budget de l'Etat au régime
de sécurité sociale mais aussi aux budgets régionaux et
municipaux, la priorité du gouvernement a été de limiter
de tels transferts.
En outre, le retour rapide à l'équilibre des comptes publics a
permis une réduction significative du poids de la dette publique dans le
PIB qui est passé entre 1996 et 2002 de 67 % à 59 % et,
partant, une diminution du poids des charges d'intérêt y
afférant. On estime ainsi que la diminution du poids des dépenses
publiques a permis une économie au titre des charges
d'intérêt de 1,2 milliard de pesetas entre 1996 et 2002.
Part des dépenses publiques totales en France, en Espagne et dans la zone euro
(en points de PIB)
Années |
France |
Espagne |
Zone euro |
1995 |
53,5 |
44,0 |
49,0 |
1996 |
53,8 |
42,8 |
49,2 |
1997 |
52,8 |
41,3 |
47,8 |
1998 |
52,3 |
40,6 |
47,0 |
1999 |
52,1 |
39,4 |
46,6 |
2000 |
51,4 |
38,7 |
44,7 |
Source : OCDE
On remarque ainsi que l'écart entre la France et l'Espagne s'est
significativement accru : en 1995, il était de 9,5 points en
défaveur de notre pays ; il est, en 2000, de 12,7 points, soit
une progression de 3,2 points en cinq années.
Evolution comparée des dépenses publiques en France et en Espagne (1995-2000)
(en points de PIB)
c) La volonté actuelle de ne pas « gâcher » les efforts accomplis depuis 1996
Confrontée, à l'instar de l'ensemble des autres
pays
de l'Union européenne, à une diminution notable du taux de
croissance, même si celui-ci demeure sensiblement plus
élevé que dans le reste de l'Union européenne, de l'ordre
d'un point (la prévision gouvernementale est de 2,9 % de croissance
du PIB pour 2002), la volonté du gouvernement espagnol est de maintenir
pour 2001, et surtout pour 2002, un budget neutre et équilibré.
Il s'agit d'un choix délibéré, excluant donc
a
priori
tout plan de relance de la dépense publique, laissant jouer
les stabilisateurs économiques et cela, afin de ne pas
« gâcher » les efforts entrepris depuis 1996, portant
principalement sur le niveau de la dépense, et destinés à
permettre un retour à l'équilibre global des finances
publiques.
C. L'IMPÉRIEUSE NÉCESSITÉ DE RÉFORMES STRUCTURELLES DE GRANDE AMPLEUR
1. Les préalables indispensables à une réduction durable du poids de la fonction publique au Portugal
a) Rénover les instruments de gestion notamment des effectifs de la fonction publique
Les
documents budgétaires soumis au Parlement portugais ne comportent pas de
tableaux d'effectifs de la fonction publique mais mentionnent simplement une
dotation pour chaque ministère ainsi qu'une dotation globale
prévisionnelle, au sein du budget du ministère des finances, afin
de couvrir les dépenses liées aux augmentations
générales des traitements dans la fonction publique. En outre,
ils ne permettent pas d'apprécier la qualité du service fourni,
d'autant plus que les moyens de contrôle du Parlement en ce domaine sont
très faibles, voire inexistants. Par ailleurs il n'existe toujours pas
à ce jour de comptabilité patrimoniale au Portugal. De
même, si le régime général de retraite a
été réformé en août 2000 afin d'y
« instiller » une dose de capitalisation, aucune mesure
similaire n'est actuellement envisagée pour le secteur public.
Autant d'éléments amenés à évoluer, comme
bon nombre d'interlocuteurs rencontrés par votre rapporteur
général l'ont souligné, si le gouvernement portugais
souhaite effectivement inscrire dans la durée sa volonté de
réduction de la dépense publique
b) Réformer les secteurs potentiellement budgétivores : l'éducation et la santé
Seuls deux secteurs, l'éducation et la santé, sont actuellement « épargnés » par la politique de non-remplacement de trois départs à la retraite sur quatre. Or selon les informations obtenues, ces deux secteurs sont précisément ceux pour lesquels une réforme d'ensemble des structures s'impose. Ainsi, s'agissant du secteur de la santé, qui de l'avis général n'offre pas une qualité de soins satisfaisante, d'aucuns préconisent d'y réduire significativement le nombre des organismes publics ou parapublics et de développer parallèlement le recours à des structures privées de soins ou d'hospitalisation.
c) Quelques expériences ponctuelles de modernisation encore trop limitées
Afin de
contribuer à cette réduction structurelle de la dépense,
le ministère des finances a mis en place un important effort de
modernisation de ses structures informatiques, notamment pour ce qui concerne
les modalités d'acquittement des principaux impôts (TVA et
impôt sur le revenu) ou, par exemple, la délivrance des cartes
grises, les expériences pilotes qui seront reprises dans le cadre d'un
projet ambitieux portant sur les années 2002-2005 de
développement de l'Intranet (
administration on line
) auraient
d'ailleurs d'ores et déjà permis de limiter les recrutements de
nouveaux fonctionnaires et sont à ce titre souvent citées et
mises en exergue.
En tout état de cause, le vote au cours de l'été 2001 d'un
premier collectif budgétaire comprenant une réduction de
750 millions d'euros (4,9 milliards de francs) des dépenses
courantes afin d'atteindre l'objectif de réduction du déficit
fixé en loi de finances initiale aurait d'ores et déjà
contribué à faire prendre conscience à l'opinion publique
portugaise, non seulement du coût instantané de la fonction
publique, mais aussi de la nécessité de la réformer en
profondeur et dans la durée.
2. Les mesures structurelles de libéralisation des différents secteurs de l'économie espagnole
Ces mesures portant sur le secteur public mais aussi sur la sphère privée de l'économie sont jugées essentielles et expliquent dans une large proportion, par le surcroît de transparence qu'elles ont apporté au fonctionnement global de l'économie espagnole, la réussite de son plan d'assainissement des finances publiques. Elles ont en effet créé les conditions d'une croissance plus saine et durable du secteur concurrentiel venue accompagner et suppléer la baisse de la dépense publique.
a) Les dispositions déjà adoptées
A compter de 1996, le gouvernement espagnol a mis en place un programme de privatisations, notamment dans le secteur financier et dans celui des télécommunications, qui a eu un effet bénéfique sur le fonctionnement de l'économie. De même, a été accrue la flexibilité du marché du travail par le développement du travail à temps partiel et des négociations ont été engagées avec les syndicats, destinées à assouplir les règles en matière de licenciement au profit des nouveaux contrats conclus.
b) Un effort à poursuivre
Ces
réformes structurelles connaissent actuellement une nouvelle
étape : ainsi au printemps 2001 a été signé un
accord sur les retraites qui doit constituer un « premier
pas ». Il s'est agi, compte tenu des particularités
démographiques espagnoles, de faire porter l'effort sur les petites
pensions de retraite, de modifier les règles de cumul entre une pension
et une rémunération d'activité ou de développer des
formes de retraites privées, notamment par l'ouverture de
négociations collectives au sein des entreprises.
De la même façon, et sans préjudice, à l'heure
actuelle, de l'extension de ces dispositions au secteur public, le gouvernement
espagnol a entamé avec les syndicats de difficiles négociations
portant sur les termes mêmes de la négociation collective afin de
la rapprocher de la base car actuellement les évolutions salariales
apparaissent tout à la fois automatiques et trop
« centralisées ». Les négociations n'en sont
encore qu'aux avants-projets eu égard aux vives oppositions qu'elles
rencontrent, tant des syndicats que du patronat, mais un accord semble se
dessiner à défaut d'une négociation
« collective » au niveau des entreprises autour de
l'adoption d'un accord-cadre qui fixerait notamment une fourchette
d'augmentations salariales valable au niveau national, mais se prononcerait
également sur les heures de travail, la mobilité des travailleurs
ou la stabilité de l'emploi.
V. DÉCENTRALISER DAVANTAGE : POUR UNE NOUVELLE ÉTAPE
A. DE LA RÉFLEXION À L'EXPÉRIMENTATION : LE GOUVERNEMENT REFUSE L'OBSTACLE ?
1. Les contributions à la réflexion sont nombreuses
Les
trois dernières années se caractérisent à la fois
par l'enclenchement d'une mécanique de recentralisation des ressources
des collectivités locales et l'accélération de la
réflexion sur l'avenir de la décentralisation.
Dès le printemps 1999, le Sénat a constitué une mission
d'information chargée de «
dresser le bilan de la
décentralisation et de proposer les améliorations de nature
à faciliter l'exercice des compétences locales »,
qui a rendu son rapport
59(
*
)
en juin 2000. Peu
après, le gouvernement a confié à notre collègue
Pierre Mauroy et à une commission composée d'élus le soin
de réfléchir à l'avenir de la décentralisation, qui
a rendu son rapport au Premier ministre le 17 octobre 2000
60(
*
)
. Le Sénat et l'Assemblée nationale ont
également adopté des propositions de loi visant à relancer
la décentralisation. La proposition de loi constitutionnelle relative
à la libre administration des collectivités territoriales et
à ses implications fiscales et financières, signée par le
président Christian Poncelet et nos collègues Jean-Paul Delevoye,
Jean-Pierre Fourcade, Jean Puech et Jean-Pierre Raffarin, adoptée par le
Sénat, qui propose d'inscrire dans la Constitution le principe d'un
financement majoritaire des collectivités locales par la
fiscalité ; la proposition de loi présentée par notre
collègue député Pierre Méhaignerie, adoptée
par l'Assemblée nationale, vise à instituer un droit à
l'expérimentation au bénéfice des collectivités
locales.
Ces démarches n'ont pas encore abouti, mais elles ont conduit le Premier
ministre à annoncer une « grande réforme »
des finances locales, avec la présentation à la fin de
l'année 2001, d'un rapport contenant des propositions. Une note
d'étape a été communiquée au Comité des
finances locales et aux commissions parlementaires le 12 juillet 2001. Les
membres du comité ont réagi à ce document lors d'un
séminaire au mois de septembre.
Ces différentes contributions cernent les mêmes enjeux, sans
pour autant toujours aboutir aux mêmes préconisations.
Il convient désormais d'en finir avec l'incantation et de se donner les
moyens d'engager enfin des réformes en expérimentant des
nouvelles formules
. Pour cela, il est urgent de
« tester » les différentes pistes
suggérées par les uns et les autres, car, en matière de
finances locales, rien ne peut se faire sans des simulations préalables.
Malheureusement, le gouvernement n'y semble pas prêt. Votre commission
regrette particulièrement que des demandes en la matière,
formulées en vue de l'examen du présent projet de loi de finances
soient restées sans suite, comme si le gouvernement souhaitait conserver
le monopole de l'initiative des réformes.
2. Le gouvernement a pris des libertés avec l'esprit de la décentralisation
Depuis
1997, le gouvernement a cherché à
réduire les
inégalités résultant du caractère obsolète
de la fiscalité locale non pas en la réformant, mais en
multipliant les suppressions partielles ou totales d'impôts locaux, et,
plus rarement, en élargissant le champ des dégrèvements.
Cette solution est sous-tendue par un argument de principe : il
considère que la libre administration des collectivités
territoriales dépend plus de leur faculté de dépenser que
de leur faculté d'agir sur l'évolution de leurs recettes.
Il a en outre, avec le soutien de l'Assemblée nationale,
recentralisé certaines compétences
auparavant
confiées aux collectivités locales, s'agissant par exemple de
l'aide médicale (mise en oeuvre de la couverture maladie universelle) ou
du remplacement de la prestation solidarité dépendance (PSD) par
l'allocation personnalisée d'autonomie (APA).
Des charges nouvelles
sont confiées aux collectivités locales sans que celles-ci
bénéficient en compensation des ressources
correspondantes
: la réforme des services départementaux
d'incendie et de secours (SDIS), le financement des universités,
l'application des dispositions de la loi sur les gens du voyage, le transfert
aux régions du transport par rail des passagers, l'augmentation des
cotisations employeurs à la caisse nationale des agents des
collectivités locales, le transfert aux communes de la distribution des
pièces d'identité, pour n'en citer que quelques-unes.
Ces exemples permettent de juger déplacés les propos tenus par la
secrétaire d'Etat chargée du budget lors de l'examen de la
première partie du présent projet de loi de finances, lorsqu'elle
relevait que «
la DGF a progressé de 16 % en cinq ans
alors que les dépenses de l'Etat ont crû de 8 % sur la
même période. La DGF aura donc progressé deux fois plus
vite que les dépenses de l'Etat depuis 1998
». Cette
comparaison est d'autant plus maladroite qu'elle met en parallèle
l'évolution des dépenses de l'Etat avec celle d'une ressource des
collectivités locales, ressource dont il est avéré que sa
progression ne permet pas de couvrir le coût des charges nouvelles
transférées
61(
*
)
.
Pour les départements, le passage de la prestation spécifique
dépendance (PSD) à l'allocation personnalisée d'autonomie
(APA) se traduira, en coût net, par une augmentation des dépenses
de l'ordre de 1,7 milliard d'euros en régime de croisière.
A cela s'ajoutent les revalorisations des traitements des agents de la fonction
publique territoriale et la mise aux normes des équipements et des
bâtiments accueillant du public, pour lesquels les collectivités
locales ne disposent pas plus d'une compensation financière que d'une
possibilité de faire entendre leur voix.
Les trois dernières années ont ainsi été
marquées par l'abandon du principe, hérité des lois de
décentralisation, d'un financement par l'impôt des
compétences transférées. Les collectivités locales
ne peuvent plus voter les taux des droits de mutation à titre
onéreux et la vignette automobile a été largement
supprimée.
La part « salaires » de la taxe professionnelle, qui
représente un tiers de l'assiette du principal impôt local, est en
voie d'extinction.
Enfin, pour remédier aux inégalités résultant de
l'obsolescence des valeurs locatives, le gouvernement a
préféré supprimer la part régionale de la taxe
d'habitation ou étendre les dégrèvements de la taxe
foncière sur les propriétés bâties plutôt que
de s'attaquer au problème de la révision des bases, ne souhaitant
pas assumer la
responsabilité politique d'une réforme
entraînant d'importants transferts de charges.
Cette politique de l'Etat, présentée sous l'angle de la
générosité aux contribuables, a eu des conséquences
particulièrement néfastes, pour les collectivités locales
comme pour l'Etat. Pour les collectivités locales,
la
réduction de leur autonomie fiscale distend le lien entre les
élus et les contribuables locaux, qui est le coeur même de la
décentralisation
.
De son côté, le budget de l'Etat comporte un montant croissant de
dotations et de dégrèvements en faveur des collectivités
locales, conséquence des allègements et des suppressions
d'impôts. La marge de manoeuvre de l'Etat, déjà fort
réduite par l'importance croissante des dépenses de
fonctionnement dans son budget, s'en trouve encore diminuée :
depuis 1997, la part des dépenses
« incompressibles » n'a cessé de croître, au
détriment de ses dépenses d'investissement.
La politique menée par le gouvernement depuis 1997 va donc à
l'encontre de l'esprit de la décentralisation, traditionnellement
associée en France au financement des collectivités locales par
des ressources propres. Elle rend d'autant plus indispensable une
réforme d'ensemble des finances locales.
B. AUTONOMIE FISCALE ET PÉRÉQUATION : DEUX OBJECTIFS À CONCILIER
1. L'autonomie fiscale des collectivités locales ne doit plus reposer sur des impôts archaïques
L'assiette de l'impôt local a vieilli et est à
l'origine de nombreuses inégalités entre les citoyens comme entre
les collectivités
. De plus, les bases faussent également les
mécanismes de péréquation financière entre les
collectivités locales dès lors que ceux-ci sont essentiellement
déterminés par des critères qui dépendent
directement de ces bases, comme le potentiel fiscal. Or, plus le temps passe,
plus le décalage des bases locatives avec la réalité
s'accroît.
L'existence de bases d'imposition justes et régulièrement
actualisées permettrait au contraire de maintenir durablement une
fiscalité locale vivante
et de réduire les charges
incompressibles pesant sur le budget de l'Etat. La révision des bases
locatives constitue donc le corollaire indispensable de l'autonomie des
collectivités locales. En la matière, si l'hypothèse du
transfert aux communes de la possibilité de réviser les
bases paraît séduisante, il convient d'en mesurer toute la
complexité, dès lors que les impôts locaux sont
partagés entre plusieurs niveaux de collectivités locales. En
tout état de cause, la révision des valeurs locatives ne pourra
être réalisée que dans les conditions définies par
le Comité des finances locales en 1996.
2. La simplification des impôts locaux
La
fiscalité locale est caractérisée par une grande
complexité, en raison notamment du partage du produit des impositions
entre plusieurs niveaux de collectivités.
L'idée d'une spécialisation des impôts locaux avait
été reprise à son compte par la commission pour l'avenir
de la décentralisation présidée par notre collègue
Pierre Mauroy. Cette solution doit cependant être regardée avec
prudence. Appliquée de manière stricte, elle ferait
dépendre les ressources d'un niveau de collectivité d'une seule
base fiscale, ce qui pourrait compromettre leur stabilité. Il
apparaît par ailleurs que la répartition des impôts
existants entre les niveaux de collectivités, telle qu'elle est
généralement proposée, n'est pas compatible avec le
maintien des ressources existantes.
La spécialisation « de fait », par le biais de
mécanismes tels que la taxe professionnelle unique, sur la base de
l'adhésion libre des communes, semble à la fois plus souple et
plus opérationnelle. De même, l'affectation au profit de certaines
collectivités d'impôts spécifiques pourrait les conduire
à ne plus souhaiter percevoir l'un des impôts existants.
Enfin, si la possibilité d'affecter aux collectivités locales une
fraction du produit d'un ou plusieurs impôts d'Etat doit être
examinée, il reste que, si cette solution a le mérite de lier
les revenus des collectivités locales à l'évolution d'une
base fiscale donnée, elle peut s'assimiler à une dotation,
dès lors que les collectivités locales n'auraient pas la
possibilité de faire varier le taux de cette fraction.
Deux
conditions devraient être respectées pour ne pas porter atteinte
à l'autonomie financière locale : une base susceptible
d'être territorialisée et un taux susceptible d'être
modulé par la collectivité bénéficiaire.
3. Le développement de la péréquation
L'inégale répartition des bases d'imposition sur le territoire justifie la mise en oeuvre d'une péréquation accrue. Cependant, il convient de circonscrire le champ des dotations de l'Etat ayant une vocation péréquatrice. En particulier, les dotations de compensation d'exonérations fiscales ne doivent pas être utilisées pour faire de la péréquation, dès lors que leur existence ne se justifie que par la compensation stricte d'une perte de ressource fiscale. Remettre en cause ce principe reviendrait à revenir sur le principe même de la compensation. A cet égard, l'intégration de la compensation de la suppression de la part salariale de la taxe professionnelle dans la DGF a suscité, à bon droit, l'inquiétude de votre commission .
C. REPENSER L'ARCHITECTURE DES CONCOURS DE L'ÉTAT AUX COLLECTIVITÉS LOCALES
1. Maintenir une enveloppe normée, gage de stabilité et de prévisibilité pour les exécutifs locaux
S'agissant des dotations de l'Etat aux collectivités locales proprement dites, il convient de souligner les progrès effectués avec la mise en place de l'enveloppe normée. Votre rapporteur général souhaite que ce principe soit reconduit, mais avec une indexation permettant aux collectivités locales de bénéficier davantage du partage des fruits de la croissance : l'indexation devrait être portée de 33 à 50 % de la croissance du produit intérieur brut. Le maintien de la dotation de compensation de la taxe professionnelle (DCTP) dans le rôle de variable d'ajustement de l'enveloppe normée doit également être réexaminé.
2. Simplifier les concours de l'État aux collectivités locales
Une
simplification des concours de l'Etat, ainsi qu'une globalisation d'une partie
d'entre eux permettrait aux élus locaux d'avoir une vision claire de
leurs ressources. Le mode de répartition de certains concours, tels que
le Fonds national de péréquation de la taxe professionnelle
(FNPTP), est devenu illisible. Cependant, si une globalisation des concours de
l'Etat semble souhaitable, il convient de ne pas dénaturer certains
concours spécifiques en les intégrant à des dotations plus
vastes. A titre d'exemple, une fusion entre la DGE et le FCTVA, parfois
évoquée, ne paraît pas souhaitable, dès lors que ces
dotations répondent à des logiques différentes.
Une condition nécessaire de la réussite du processus de
simplification est l'interruption de la pratique consistant à financer
à partir d'une même enveloppe des actions sans cesse plus
nombreuses. Le FNPTP et le FNP en sont les meilleurs exemples.
D. LE FINANCEMENT DE L'INTERCOMMUNALITÉ : UNE RÉFORME NÉCESSAIRE
1. Maintenir un lien entre la DGF des communes et celle des EPCI dont elles sont membres
Le
développement remarquable de l'intercommunalité depuis la loi
d'orientation relative à l'administration territoriale de la
République du 6 février 1992 et son
accélération avec celle du 12 juillet 1999 relative au
renforcement et à la simplification de la coopération
intercommunale, a bouleversé l'équilibre de la dotation globale
de fonctionnement (DGF). La politique consistant à financer en partie
l'intercommunalité par des concours extérieurs à la DGF,
afin de ne pas pénaliser la dotation de solidarité urbaine (DSU)
et la dotation de solidarité rurale (DSR), atteint ses limites et ne
parvient d'ailleurs pas toujours à garantir à ces dotations une
progression convenable.
Pour remédier à cette difficulté, la création d'une
enveloppe spécifique destinée au financement de
l'intercommunalité au sein de la DGF constitue une piste de
réflexion souvent évoquée. Il convient cependant d'avoir
en mémoire le lien existant entre les dépenses des communes et
celles des établissements publics de coopération intercommunale
dont elles sont membres. Il pourrait donc être envisagé de
remplacer le lien actuel entre la dotation d'intercommunalité et la DSU
et la DSR par un lien entre la dotation forfaitaire des communes et celle des
EPCI.
De plus, la solution consistant à créer une troisième
enveloppe au sein de la DGF aurait pour conséquence de supprimer toute
contrainte budgétaire pour l'évolution du montant de la DGF.
La réforme du financement de la dotation d'intercommunalité doit
s'accompagner d'une réflexion sur les critères de
péréquation, utilisés pour sa répartition.
Aujourd'hui, les budgets et les compétences des structures
intercommunales sont tels que celles-ci ne peuvent plus s'accommoder
d'attributions de DGF dont le montant peut fluctuer dans des proportions
importantes d'une année sur l'autre du fait de l'évolution des
coefficients d'intégration fiscale (CIF) des EPCI au sein d'une
même catégorie. La réforme du mode de calcul du CIF devient
d'ailleurs prioritaire : les modalités de prise en compte des
dépenses de transfert sont devenues ingérables et susceptibles de
nombreuses contestations.
2. Améliorer les mécanismes de péréquation au sein de la DGF
La DSU
et la DSR représentent moins de 10 % de la DGF des communes. La
dotation d'intercommunalité est en revanche très
péréquatrice, puisque 85 % de son montant est réparti
en tenant compte du potentiel fiscal des structures intercommunales.
Le montant des crédits consacré à la
péréquation pourrait être accru en ramenant la part de
l'augmentation de la DGF d'une année sur l'autre consacrée
à la dotation forfaitaire à moins de 50 % (contre 50 %
à 55 % aujourd'hui). Le Comité des finances locales pourrait
par exemple décider de consacrer entre 45 et 55 % de l'augmentation
de la DGF d'une année sur l'autre à la dotation forfaitaire.
Assurer une meilleure péréquation entre les collectivités
locales nécessite surtout une refonte des critères de
répartition des dotations, ceux-ci étant trop nombreux d'une
part, et de moins en moins pertinents d'une part, s'agissant en particulier du
potentiel fiscal, qui est calculé à partir de bases d'imposition
obsolètes et se trouve considérablement affecté par la
croissance des compensations fiscales.
Votre rapporteur général considère donc que le
renforcement de la péréquation doit être effectué en
améliorant la pertinence des critères de répartition des
dotations de l'Etat, s'agissant notamment du potentiel fiscal (PF) et du
coefficient d'intégration fiscale (CIF), qui ne permettent plus une
répartition stable et véritablement péréquatrice
des dotations de l'Etat. Le potentiel fiscal repose en effet sur des bases
obsolètes, qui faussent les mécanismes de
péréquation. L'intégration de la compensation de la part
« salaires » de l'assiette de la taxe professionnelle dans
le potentiel fiscal l'a également rendu très largement virtuel et
déconnecté de la réalité.
En revanche, le recours à des mécanismes de
péréquation entre les collectivités locales doit
être examiné avec prudence et dans le cadre d'un respect
scrupuleux du principe de libre administration des collectivités
locales.
EXAMEN EN COMMISSION
I. MERCREDI 7 NOVEMBRE 2001 : EXAMEN DES PRINCIPAUX ÉLÉMENTS DE L'ÉQUILIBRE
Au cours
d'une réunion tenue dans la matinée du
mercredi 7 novembre 2001 sous la présidence de M. Alain
Lambert, président, la commission a procédé à
l'examen des principaux éléments de l'équilibre du projet
de loi de finances pour 2002, sur le rapport de M. Philippe Marini,
rapporteur général.
M. Philippe Marini, rapporteur général, procédant à
l'aide d'une vidéo-projection, a rappelé que le cycle
budgétaire actuel était marqué par des conditions
particulières. Il s'agit d'abord du dernier budget de la
législature, ce qui nécessite de récapituler l'ensemble de
la gestion budgétaire depuis 1997 en procédant à des
appréciations rétrospectives. Il s'agit ensuite du premier budget
en euros, qui implique de s'habituer aux ordres de grandeur exprimés
dans la monnaie unique européenne. Enfin, il a rappelé que le
projet de loi de finances pour 2002, s'il avait été
élaboré selon le calendrier habituel donnant lieu à des
arbitrages au cours de l'été dernier, était marqué
par une conjoncture économique différente depuis le 11 septembre.
Les dramatiques événements intervenus aux Etats-Unis auraient
dû conduire le Gouvernement à modifier le cadrage
macro-économique sous-tendant le projet de loi de finances. Il a
ajouté que le taux de croissance associé au présent projet
de loi de finances pouvait être qualifié de volontariste avant le
11 septembre mais d'« illusoire » depuis lors.
Abordant le cadrage macro économique, le rapporteur
général a rappelé que la croissance observée au
cours de cette année ne répondait pas aux attentes du
Gouvernement puisqu'au moins un point d'écart était
constaté par rapport aux prévisions de la loi de finances
initiale. Pour 2002, l'hypothèse de croissance retenue par le
Gouvernement se situe dans une fourchette de 2,25 % à 2,75 %,
alors que les conjoncturistes prévoient une croissance de 1,8 %
l'année prochaine, et le Fonds monétaire international (FMI),
dans une récente publication, l'estime à 1,6 %. Il a
rappelé que, de 1998 à 2000, la croissance avait
été élevée, même si elle avait rapidement
atteint un palier situé à 3 %, le décrochage intervenant
entre la fin 2000 et le début 2001. L'Institut national de la
statistique et des études économiques (INSEE) prévoit
ainsi un taux de croissance de 1,1 % cette année, de telle sorte
que les objectifs fixés par la loi de finances initiale ne seront pas
atteints. Il a attribué cette évolution au ralentissement brutal
de l'économie américaine perceptible dès avant le
11 septembre, estimant que, depuis cette date, l'évolution
observée était davantage de degré que de nature, et a
considéré que l'impact du retournement américain sur la
croissance française pouvait être estimé à
0,5 point du produit intérieur brut (PIB) à l'horizon 2002,
cette évolution n'ayant pas été prise en compte par le
présent projet de loi de finances.
M. Philippe Marini, rapporteur général, a noté que
l'équilibre du projet de budget de l'année prochaine ne pouvait
être atteint que grâce à un accroissement du déficit
budgétaire. En termes de besoins de financement, il a indiqué que
l'impact du plan triennal de réduction des impôts s'élevait
à 3,7 milliards d'euros en 2002, tandis que la hausse des
prélèvements sur recettes, notamment au profit du financement de
l'Union européenne, entraînait un besoin supplémentaire de
4,4 milliards d'euros, et la progression des dépenses du budget
général, de 5,2 milliards d'euros. En termes de moyens de
financement, il a constaté que les recettes fiscales progresseraient de
6 milliards d'euros en 2002 et les recettes non fiscales,
c'est-à-dire des recettes exceptionnelles, de 5,7 milliards
d'euros, un accroissement du déficit de 2 milliards d'euros
étant également nécessaire.
Il a estimé que les prévisions de recettes relatives aux recettes
fiscales étaient particulièrement optimistes, concernant
notamment le produit de la taxe intérieure sur les produits
pétroliers (TIPP) et celui de la taxe sur la valeur ajoutée
(TVA), + 5 % en 2002, soit une hypothèse qui paraît peu
réaliste. Il a enfin insisté sur la très forte progression
des recettes non fiscales, en particulier les prélèvements
opérés par l'Etat actionnaire sur les entreprises publiques, qui
constituent un moyen indispensable au Gouvernement pour boucler son projet de
budget. A ce propos, il a vivement regretté les difficultés qu'il
avait rencontrées pour obtenir des informations plus précises sur
ces prélèvements tant auprès du ministère de
l'économie, des finances et de l'industrie que de Gaz de France (GDF).
Enfin, il a souligné le dynamisme des recettes engendrées par
l'impôt sur les sociétés, dont le rendement a
augmenté de 57 % depuis 1997, et de l'impôt sur le revenu,
dont le rendement a augmenté de 19,4 % durant la même
période. Au total, les prélèvements obligatoires, au cours
de la législature, ont été accrus de 92 milliards
d'euros.
M. Philippe Marini, rapporteur général, a ensuite
présenté l'évolution des dépenses du budget
général. Il a noté qu'en 1998 et 1999, la norme
prévisionnelle de progression des dépenses n'avait pas
été respectée et que, selon la Cour des comptes, elle ne
l'avait été en 2000 qu'au prix de manipulations comptables. Il a
rappelé que, depuis 1997, les dépenses liées à la
fonction publique avaient crû de 15 milliards d'euros, soit le
premier poste de dépenses de l'Etat. La part des dépenses de
fonction publique au sein du budget général n'a cessé
d'augmenter, passant de 40,7 % en 1997 à 43,3 % dans le
présent projet loi de finances, cette évolution traduisant un
resserrement des marges de manoeuvre au sein du budget.
Il a ensuite insisté sur l'inflexion à la hausse de l'emploi
public, marqué par la création de plus de 27 200 emplois
budgétaires supplémentaires au cours des deux dernières
années, le Gouvernement rompant ainsi ses engagements initiaux de
« geler » l'emploi public. Il a également
rappelé que le projet de loi de finances pour 2001 prévoyait
aussi au titre de la résorption de l'emploi précaire dans la
fonction publique ainsi que des régularisations d'emplois et de
surnombres, des mesures de « remise en ordre » des
personnels, portant sur un total de 13 293 emplois. Par ailleurs, il
prévoit également le remplacement des
54 700 départs à la retraite de fonctionnaires
prévus pour l'année prochaine, le remplacement poste pour poste
étant lourd de conséquences tant en termes budgétaires
qu'au niveau de la nécessaire réflexion sur la
réorganisation du service public. Il a ainsi vivement regretté
que la progression des dépenses soit quasi entièrement
« captée » par la fonction publique et la charge de
la dette.
M. Philippe Marini, rapporteur général, s'est ensuite
interrogé sur la pertinence de certains choix effectués par le
Gouvernement. Il a par exemple montré que la réduction du temps
de travail, bien que financée en loi de financement de la
sécurité sociale grâce à des affectations de
recettes fiscales, avait été systématiquement
privilégiée par rapport aux dépenses civiles et militaires
en capital. Il a indiqué que les emplois-jeunes avaient
coûté depuis 1998 plus de 13,20 milliards d'euros, alors que
l'avenir de ces jeunes reste très incertain. Dans le domaine militaire,
les dépenses d'investissement ont constamment été
sacrifiées au fonctionnement courant des armées de telle sorte
qu'il est aujourd'hui évident que la loi de programmation militaire ne
pourra être respectée. Il a indiqué à cet
égard que le simple respect de la loi de programmation militaire
révisée à la baisse aurait permis à la France de se
doter d'un second porte-avions nucléaire, accompagné de trois
frégates anti-aériennes.
M. Philippe Marini, rapporteur général, a ensuite relaté
un déplacement effectué en Espagne et au Portugal, le premier de
ces pays ayant un gouvernement de centre-droit et le second un gouvernement
socialiste. Or, ces deux Etats de la péninsule ibérique ont
engagé une véritable politique de réduction de la
dépense publique grâce à la fixation d'objectifs ambitieux
en termes de progression des dépenses, au remplacement d'un
départ à la retraite de fonctionnaires sur quatre et à la
conduite de réformes structurelles courageuses. Il a estimé que
ces pays constituaient pour la France un exemple à méditer.
M. Philippe Marini, rapporteur général, a ensuite vivement
déploré le retour au laxisme budgétaire que traduisent les
choix gouvernementaux en matière de déficit. Il a, à cet
égard, rappelé que 2001 sera la première année
depuis 1997 à présenter un déficit exécuté
supérieur aux prévisions initiales, et que, en 2002, pour la
première fois depuis 1995, le déficit prévu en loi de
finances initiale augmentera. Il en a conclu que le scénario fixé
par le programme pluriannuel de finances publiques, qui prévoit un
retour à l'équilibre budgétaire en 2004, ne pourra plus
être respecté et s'est interrogé sur les
conséquences de cette évolution sur la crédibilité
de la France en Europe, et, plus généralement, sur celle de la
zone euro et de la monnaie unique. Il a expliqué que l'année 2002
donnera lieu à un recours important à l'emprunt, pour un total
supérieur à 90 milliards d'euros ainsi
répartis : 60 milliards d'euros au titre du remboursement des
emprunts précédents, 25,6 milliards d'euros pour le
financement des investissements, et 4,8 milliards d'euros au titre du
paiement des dépenses courantes. Il a déploré le
« désavantage compétitif » de notre pays par
rapport à la moyenne de la zone euro, les déficits structurels
français étant largement supérieurs à la moyenne
européenne. Un décrochage très net est en effet apparu en
1997, la situation de la France n'ayant alors cessé de se
détériorer par rapport à la moyenne de l'Union
européenne comme à celle de la zone euro.
M. Philippe Marini, rapporteur général, a considéré
que la situation de la France en matière de dette publique était
moins favorable que par le passé. En effet, si la situation
française, en termes relatifs, était globalement meilleure que
celle des autres pays européens, cet avantage s'est sensiblement
réduit, l'écart ne cessant de s'amenuiser avec le reste de
l'Europe. Il a ainsi rappelé que la dette négociable de l'Etat
passerait de 515 milliards d'euros en 1997 à 686 milliards
d'euros en 2002. Il a formé le souhait que la France ne renoue pas avec
le cercle vicieux de déficits budgétaires venant accroître
le stock de dette publique comme cela avait été le cas au cours
des années 1991 à 1993. Il a en effet rappelé que les
perspectives d'évolution de la dette sont toujours lointaines, notamment
depuis que le gain escompté de la cession des licences Universal Mobile
Telecommunication System (UMTS) était passé de
19,82 milliards d'euros à 1,23 milliard d'euros. Il a par
ailleurs rappelé que l'Etat était également
confronté à des engagements « hors-bilan »,
dont la plus grosse part est constituée des pensions publiques, dont le
montant s'établit, selon la secrétaire d'Etat au budget, entre
595 et 685 milliards d'euros.
M. Philippe Marini, rapporteur général, a ensuite observé
qu'une part croissante des concours de l'Etat aux collectivités
territoriales était consacrée à la compensation des
exonérations et des suppressions d'impôts décidées
par le gouvernement, et a ainsi estimé que l'autonomie financière
des collectivités avait été réduite depuis le
début de la législature. Il a conclu sur le fait que le
Gouvernement, depuis 1997, n'avait pas mis à profit la période de
croissance dont il avait bénéficié pour engager les
indispensables réformes de structure dont notre pays a besoin.
M. Alain Lambert, président, a souligné la qualité de la
présentation du rapporteur général et lui a demandé
si sa conclusion n'était pas que le Gouvernement décidait de
baisses d'impôt à crédit.
M. Michel Charasse est revenu sur la comparaison entre la situation actuelle du
budget de l'Etat et les années 1991-1993. Il a tout d'abord
souligné que le déficit de l'année 1991 s'élevait
seulement à 130,8 milliards de francs contre plus de
200 milliards de francs pour l'année 2001 et que les
prévisions n'avaient été légèrement
dépassées qu'en raison du ralentissement des recettes fiscales
à partir du second trimestre de 1991. En 1992, le déficit avait
atteint 193,6 milliards de francs du fait d'une moins-value fiscale de
l'ordre de 40 milliards de francs. Il a rappelé qu'une commission
du bilan réunie par le Premier ministre de l'époque, M. Edouard
Balladur, avait conclu que la dégradation du solde budgétaire
entre 1991 et 1993 ne résultait pas d'un dérapage des
dépenses, mais d'une chute brutale des recettes. Il a ajouté que
lors de la préparation de la loi de finances pour 1993, tous les grands
instituts de prévision avaient sous-estimé l'ampleur de la
dégradation de la situation économique qui se constatait pourtant
dans le niveau des rentrées fiscales. Il en a conclu que l'objectif
essentiel d'un gouvernement devait être de lutter contre la hausse des
dépenses, puisque le pilotage du montant des recettes était
impossible.
M. Bernard Angels, tout en soulignant les qualités pédagogiques
de la présentation du rapporteur général, a
souligné qu'il aurait été également très
simple de tirer des chiffres de la période 1997-2001 des conclusions
entièrement différentes sur la pertinence de la politique
budgétaire menée par le Gouvernement. Il a fait observer que,
globalement, les résultats enregistrés par la France en
matière de dépenses, de déficit ou de dette ne variaient
pas depuis une dizaine d'années. S'agissant du taux de croissance du
produit intérieur brut (PIB) pour 2002, il a déclaré qu'il
croyait en l'action politique et en ses effets sur l'économie, et il a
estimé que l'importante croissance qu'avait connue la France depuis
quatre ans était au moins pour partie liée à l'action du
Gouvernement. Il a évoqué le plan de relance décidé
aux Etats-Unis, qui n'était pas différent dans ses objectifs de
celui décidé en France. S'agissant de la perception de recettes
exceptionnelles en 2002, il a évoqué la
« soulte » de France Télécom versée au
budget de l'Etat en 1997. Il a également estimé que
l'exposé du rapporteur général devrait comporter des
considérations sur l'évolution du pouvoir d'achat des
ménages et de l'investissement industriel depuis 1997. Enfin, il a
demandé s'il pouvait avoir communication des chiffres des
dernières rentrées fiscales qui faisaient l'objet de situations
hebdomadaires transmises par le ministère de l'économie, des
finances et de l'industrie au rapporteur général et au
président de la commission.
M. Joël Bourdin s'est interrogé sur la prévision de
croissance associée au projet de loi de finances pour 2002 et sur les
conséquences budgétaires d'une révision à la baisse
de ce taux de croissance.
M. Aymeri de Montesquiou a souligné l'impact de la gestion
budgétaire de la France sur l'euro, en rappelant qu'il existait
désormais un droit de regard de nos partenaires européens sur la
conduite de nos finances publiques.
M. Gérard Miquel a estimé qu'il était paradoxal de faire
référence aux observations de l'organisation pour la
coopération et le développement économique (OCDE) et du
fonds monétaire international (FMI), alors même que les Etats-Unis
choisissaient de relancer leur économie par des dépenses
publiques supplémentaires en contradiction avec les
préconisations de ces organismes. Il a également souligné
que l'exposé du rapporteur général manquait
d'éléments de comparaison des performances de l'économie
française avec celles des autres pays européens. Il a
regretté qu'en 1999, alors que les comptes publics se redressaient, le
débat ait porté sur une répartition des fruits de la
croissance plutôt que sur la réduction du déficit
budgétaire. Enfin, il a rappelé que la France avait
déjà traversé deux périodes difficiles en 1997 et
1999 et que le Gouvernement s'était employé depuis 1997 à
augmenter de 20 % les dotations au budget de l'éducation nationale,
de 25 % les crédits à la justice et de 18 % les
crédits pour la sécurité.
M. Yves Fréville a demandé quelle était la politique du
Gouvernement pour faire face à une éventuelle dégradation
de la conjoncture économique, compte tenu des incertitudes pesant sur le
taux de croissance. Il s'est interrogé sur les prévisions de
recettes pour l'année 2002, et notamment les prévisions de taxe
sur la valeur ajoutée (TVA,) et sur les dépenses publiques, qui
pourraient augmenter de manière beaucoup plus importante que la norme de
progression retenue jusqu'à présent. Il a demandé au
rapporteur général s'il lui était possible de
présenter le déficit du budget de l'Etat en solde structurel et
en solde conjoncturel et il l'a interrogé sur la combinaison entre la
politique budgétaire du Gouvernement et la politique monétaire de
la Banque Centrale Européenne (BCE).
M. Eric Doligé, constatant l'effet de ciseaux entre la diminution des
recettes de l'Etat et l'augmentation des dépenses, s'est demandé
si l'Etat ne comptait pas transférer davantage de dépenses aux
collectivités locales. Il a déclaré que les
prévisions montraient que 80 % des départements seraient
contraints d'accroître leur fiscalité de 5 à 15 % dans
les années à venir afin de compenser les charges nouvelles pesant
sur eux. Il a souhaité qu'il soit bien noté que la situation du
budget de l'Etat serait encore plus dégradée si les
collectivités locales ne contribuaient pas à de nombreux
financements publics.
M. Jacques Oudin a expliqué que face aux aléas conjoncturels, la
France ne disposait pas de marge de manoeuvre. Il a regretté que
l'emprunt serve à hauteur de 4,81 milliards d'euros à des
dépenses de fonctionnement. Il a évoqué la chute des
investissements publics qui handicape l'avenir économique de la France
et la nécessaire restructuration des services publics, seul
véritable préalable à la maîtrise des
dépenses.
M. Yann Gaillard a souhaité que le rapporteur général
puisse définir un « bloc » de dépenses
politiques, en évoquant la réduction du temps de travail à
35 heures ou les emplois jeunes, afin de démontrer que l'action
gouvernementale avait une entière responsabilité dans la
dérive de nos finances publiques.
M. Philippe Marini, rapporteur général, a répondu au
président que les baisses d'impôt décidées par le
Gouvernement l'étaient bien à crédit, car le budget pour
2002 ne pouvait être présenté qu'avec une hausse
significative du déficit budgétaire. S'agissant de la chute des
recettes et de l'absence de marge de manoeuvre évoquée par M.
Jacques Oudin, il a expliqué que celle-ci résultait de la
rigidité des dépenses et qu'il conviendrait donc de changer de
méthodologie en matière de dépenses. Il a
évoqué des expériences étrangères, notamment
aux Pays-Bas et en Nouvelle-Zélande, qui consistaient à voter des
dépenses conditionnelles qui ne se réalisaient que si la
croissance le permettait. Il a estimé que le Gouvernement ne pouvait
plus être un spectateur passif des évolutions économiques,
alors que toutes les entreprises trouvaient les facultés de s'adapter
à la conjoncture.
En réponse à M. Michel Charasse, et s'agissant de la comparaison
de la période actuelle avec celle de 1993, il a souligné trois
facteurs objectifs de différence : des incertitudes encore plus
fortes sur la croissance économique, mais aussi sur la politique
internationale, une rigidité accrue de la dépense publique
puisque la part des dépenses de fonction publique n'a cessé
d'augmenter depuis dix ans, enfin, une dette encore plus importante qu'à
l'époque considérée.
Au sujet des performances de l'économie française depuis 1997
évoquées par MM. Bernard Angels et Gérard Miquel, il a
estimé qu'une augmentation plus faible des prélèvements
obligatoires sur la période aurait sans doute permis à l'emploi
de progresser davantage, mais que de toute manière, aucun gouvernement
ne pouvait se targuer d'avoir trouvé la clé de la croissance
économique. Il a ajouté qu'il fallait en réalité
juger la performance de l'économie française par rapport au cycle
conjoncturel qu'elle avait connu, et il a cité les critiques de la
Commission européenne, qui a estimé que la politique
française sur la période récente avait été
procyclique alors qu'elle aurait dû être contracyclique. Il a
rappelé l'importance des dépenses sociales depuis 1997 et
l'absence complète de provisions pour réduire l'endettement
public dans la perspective d'un ralentissement de la croissance
économique. Il a également souligné que les Etats-Unis
pouvaient se permettre de lancer un plan d'investissement massif car ils
avaient profité de leur période de croissance pour dégager
un excédent budgétaire.
En réponse à M. Joël Bourdin, s'agissant de l'impact d'un
ralentissement de la croissance sur le budget de l'Etat, le rapporteur
général a expliqué que, selon les méthodes de
calcul de l'Observatoire français des conjonctures économiques
(OFCE), 0,5 point de croissance en moins entraînerait environ 7
milliards d'euros de moins-values fiscales, auxquelles il faudrait ajouter des
moins-values sur les prélèvements sociaux et les
prélèvements des collectivités locales.
S'agissant du regard de nos partenaires européens, évoqué
par M. Aymeri de Montesquiou, M. Philippe Marini, rapporteur
général, a expliqué que la France et l'Allemagne, compte
tenu de leur situation financière actuelle, s'éloignaient de
l'objectif de retour à l'équilibre des finances publiques en
2004. Il a ajouté que ce laxisme budgétaire conduisait à
des observations de la Commission européenne et à des remarques
de certains de nos partenaires comme l'Espagne, qui enregistrait des
performances bien meilleures que les nôtres.
En ce qui concerne les priorités budgétaires du Gouvernement
évoquées par M. Gérard Miquel, il a expliqué que la
vraie priorité avait été la hausse des dépenses de
fonction publique, celles-ci ayant représenté 70 % de la
progression des dépenses de l'Etat depuis 1997. Il a ajouté qu'au
sein des dépenses de fonction publique, les dépenses pour le
personnel de l'éducation nationale avaient le plus progressé,
sans aucune mesure d'efficacité, si bien qu'il a parlé de
« fuite en avant » du système éducatif
français. Il a ajouté que les priorités gouvernementales
ne figuraient pas uniquement dans le projet de loi de finances, puisque la
réduction du temps de travail à 35 heures coûtait
75 milliards de francs et que ce coût figurait essentiellement en
dehors du budget de l'Etat.
En réponse à M. Yves Fréville et s'agissant de la
présentation du déficit de l'État en solde structurel et
conjoncturel, il a expliqué que celle-ci figurerait dans son rapport
écrit. Il a affirmé que le Gouvernement n'avait pas assez
utilisé les recettes de la croissance pour réduire le
déficit structurel et que depuis 1997, les deux tiers de la
réduction du déficit étaient liés à
l'amélioration de la conjoncture.
S'agissant de l'évolution récente des recettes fiscales, en
réponse à M. Bernard Angels, il a précisé que
la situation hebdomadaire du budget de l'État n'était transmise
qu'au rapporteur général et au président de la commission
des finances et faisait dès lors l'objet d'une diffusion très
limitative. Il a toutefois ajouté que selon les dernières
informations dont il disposait, les recettes de TVA nettes étaient en
repli de 1,2 % par rapport à l'année précédente.
Enfin, il a approuvé les propos de M. Yann Gaillard sur l'existence d'un
« bloc » de dépenses politiques.
II. JEUDI 8 NOVEMBRE 2001 : AUDITION DE MME FLORENCE PARLY, SECRÉTAIRE D'ÉTAT AU BUDGET
Au cours
d'une réunion tenue le jeudi 8 novembre 2001, sous la présidence
de M. Alain Lambert, président, la commission a procédé
à l'audition de Mme Florence Parly, secrétaire d'État au
budget, sur le projet de loi de finances pour 2002.
Mme Florence Parly, secrétaire d'État au budget, a tout d'abord
évoqué les incertitudes qui pèsent sur la conjoncture de
l'économie depuis les attentats du 11 septembre 2001. Elle a
indiqué que l'Institut national de la statistique et des études
économiques (INSEE) prévoyait en 2001 une croissance
légèrement supérieure à 2 % et que le
dynamisme de la consommation des ménages devrait compenser l'atonie de
la demande des entreprises et le ralentissement de la demande externe. Elle a
observé que les baisses d'impôt survenues en septembre et
l'allocation de rentrée scolaire, qui ont représenté au
total 6 milliards d'euros, avaient encouragé en France la bonne tenue de
la consommation. Elle a rappelé que les derniers indicateurs montraient
que la production industrielle avait nettement progressé durant
l'été. S'agissant de la croissance pour 2002, elle a
qualifié la situation de complexe, mettant en évidence deux
tendances opposées. Elle a d'une part souligné que les
fondamentaux de l'économie étaient solides, notant que le
ralentissement de près d'un point de l'inflation sur douze mois
était favorable au pouvoir d'achat des salaires. Elle a exprimé
l'espoir d'une consommation des ménages robuste et d'une reprise
modérée de l'investissement en 2002. Elle a évoqué
d'autre part les conséquences sur la conjoncture des attentats du
11 septembre et les risques immédiats que constituent le risque
pétrolier, le risque boursier et le risque psychologique. Elle a
manifesté la conviction qu'il ne fallait pas, par ailleurs, dissocier le
risque sur la consommation et le risque sur l'investissement.
Mme Florence Parly, secrétaire d'État au budget, a indiqué
qu'il fallait en cette période incertaine garder le cap en
réaffirmant les choix budgétaires et économiques du
gouvernement. Elle a noté que le budget 2002 avait été
construit en dégageant des marges et en ciblant les priorités.
Elle a précisé que le gouvernement avait redéployé
chaque année depuis 1997 près de 5 milliards d'euros et que ce
mouvement serait poursuivi en 2002 avec un redéploiement de 6 milliards
d'euros. Elle a souligné qu'au terme de cette gestion active de la
dépense, plus de 80 % de la progression du budget de l'État ont
pu être affectés aux priorités que sont l'éducation,
l'emploi et la lutte contre les exclusions, la sécurité, la
justice, la culture ainsi que l'environnement dont les budgets ont
progressé en valeur depuis 1997 de 17,2 % contre 3,2 % pour les
autres.
Mme Florence Parly, secrétaire d'État au budget, a
souligné que les dépenses du budget de l'État
s'élèveraient en 2002 à 266 milliards d'euros, en
croissance de 0,5 % en volume, présentant trois priorités :
l'éducation nationale, dotée de 400 milliards de francs (61,4
milliards d'euros), la sécurité et la justice, dont les
crédits progresseront respectivement de 4,5 % et de 5,7 % en 2002
et permettront l'embauche de 3.000 policiers, 1.000 gendarmes et 930 juges
supplémentaires, et enfin l'environnement dont les crédits seront
en hausse de 6,3 %. Elle a constaté que cette dernière
priorité constituait un engagement fort de la majorité plurielle
et qu'il avait été tenu. En ce qui concerne les recettes, elle a
déclaré que le mouvement de baisse et de réforme des
impôts serait poursuivi en 2002, évoquant un allègement de
5,95 milliards d'euros qui portera le montant total du plan pluriannuel de
baisse d'impôts à 18,9 milliards d'euros. Elle a cité
dans ce cadre le doublement de la prime pour l'emploi, qui atteindra 458 euros
au niveau d'un salaire minimum interprofessionnel de croissance (SMIC), la
baisse des taux du barème de l'impôt sur le revenu, de - 0,75 %
pour les 4 premières tranches et de - 0,5 % pour les deux
dernières, une nouvelle réduction de la surtaxe de l'impôt
sur les sociétés qui sera ramené à 34,33 % et la
poursuite du plan de suppression de la part salariale de la taxe
professionnelle, le montant de l'abattement sur cette part passant de
152.444 euros à 914.694 euros.
Mme Florence Parly, secrétaire d'État au budget, a insisté
ensuite sur l'hypothèse de croissance du Gouvernement, évoquant
pour 2002 un chiffre de 2,25 % ou 2,5 %. Elle a reconnu que toute
hypothèse économique, surtout en période
bouleversée, était discutable. Elle a indiqué toutefois
avoir décidé, avec le Premier ministre et le ministre de
l'économie et des finances, de maintenir une approche volontaire tout en
soulignant la nécessité de rester prudent et pragmatique par
rapport à une estimation. Elle a rappelé que les fondamentaux
étaient bons, notamment pour le taux d'inflation, et que les autres pays
européens formulaient en général des hypothèses de
croissance supérieures à 2 % alors même que leurs
performances étaient voisines ou inférieures à celle de
la France. Elle a souligné que le gouvernement se devait d'être
à la fois réaliste et volontaire, expliquant ainsi l'origine du
plan de consolidation de la croissance.
Mme Florence Parly, secrétaire d'État au budget, a alors
détaillé le plan de consolidation de la croissance qui consiste
à mobiliser la politique monétaire, à conforter la demande
des ménages, à stimuler l'investissement des entreprises et
à aider certains secteurs comme le transport aérien
touchés par les attentats. Elle a ainsi exprimé sa conviction
qu'il existe des marges de manoeuvre pour la politique monétaire. Elle a
expliqué que reprise de l'investissement et dynamisme de consommation se
nourrissaient mutuellement, évoquant, en ce qui concerne la
consolidation de la demande des ménages, le doublement anticipé
de la prime pour l'emploi dès la fin 2001 et, s'agissant de
l'investissement, un amortissement exceptionnel de 30 % pour les biens acquis
entre le 17 octobre 2001 et le 31 mars 2002, complété par un
effort pour soulager la trésorerie des entreprises consistant dans le
remboursement intégral, dès le début 2002, de la dette
née de la suppression du décalage d'un mois dans le remboursement
de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA). Elle a jugé
nécessaire un effort particulier en direction des petites et moyennes
entreprises (PME) qui éprouvent depuis quelques semaines davantage de
difficultés dans leurs relations avec les banques, cet effort de
150 millions d'euros passant par une dotation en capital exceptionnelle de
la Banque de développement des petites et moyennes entreprises (BDPME)
destinée à augmenter la capacité d'engagement des fonds de
garantie gérés par la société française de
garantie des financements des PME (SOFARIS) et à conforter l'action du
Crédit d'Équipement des PME, par la création au sein de la
BDMPE d'un fonds spécifique qui garantira les prêts à long
terme souscrits par les sociétés « biotech »
et par un fonds de co-investissement pour les jeunes entreprises
technologiques. Elle a enfin annoncé un programme de soutien au
transport aérien de 300 millions d'euros, dont le premier objectif,
la sûreté, mobilisera 80 % des moyens affectés et dont le
second vise à compenser les pertes d'exploitation immédiates
supportées par les compagnies françaises en raison de la
fermeture du ciel américain. Elle a précisé que ce plan
serait financé par une augmentation des taxes d'aéroport
supportées par l'usager et destinées au Fonds d'intervention pour
les aéroports et le transport aérien (FIATA) et par des dotations
en capital aux aéroports fournies par l'État.
Mme Florence Parly, secrétaire d'État au budget, a
souhaité ensuite indiquer les mesures prises au cours des débats
à l'Assemblée nationale sur la partie recettes. Elle a
indiqué que dans le domaine social avaient ainsi été
adoptées des mesures complémentaires en faveur du logement
social, des organismes sans but lucratif, qu'avaient été
actées une extension de l'exonération de la redevance
audiovisuelle et une nouvelle tranche de dégrèvement de la taxe
foncière sur les propriétés bâties. Elle a
annoncé que l'Assemblée nationale avait adopté avec
l'accord du Gouvernement une nouvelle extension de l'exonération de la
vignette pour les personnes physiques et morales, une extension du
régime simplifié d'imposition des revenus fonciers, une mesure de
simplification sur les modalités de paiement de la taxe sur la valeur
ajoutée et de la taxe sur les salaires pour les très petites
entreprises, une prorogation pour 5 ans du régime des provisions pour
investissement des entreprises de presse et l'exonération pour les
locaux administratifs des établissements d'enseignement public de la
taxe sur les bureaux. Elle a enfin signalé que les travaux
réalisés par les collectivités locales en
réparation des dégâts causés par les tempêtes
de décembre 1999 et payés en 2001 seraient éligibles au
Fonds de compensation de la taxe sur la valeur ajoutée (FCTVA) et que
les sociétés assujetties à la taxe exceptionnelle sur les
entreprises de raffinage et de distribution pétrolières seraient
soumises à une taxe complémentaire de 8,33 % de l'assiette de la
taxe exceptionnelle.
Mme Florence Parly, secrétaire d'État au budget, a pour terminer
présenté les dispositions relatives aux collectivités
locales dans le projet de loi de finances pour 2002. Elle a souligné que
la dotation globale de fonctionnement (DGF) avait progressé deux fois
plus vite que les dépenses de l'État depuis 1998 et que les
collectivités locales avaient ainsi été associées
aux fruits de la croissance. Elle a relevé que, au total, les concours
de l'État aux collectivités avaient crû de près de
8 % par an depuis 1997, notant que cette tendance serait poursuivie en
2002 : l'enveloppe normée des concours de l'État
progresserait de 2,9 %, soit 1,5 fois plus vite que les dépenses de
l'État. Elle a indiqué que l'article 22 du projet de loi de
finances proposait la consolidation au sein de la DGF du financement des
communautés d'agglomération et l'article 23 un aménagement
du financement de la garantie des communautés urbaines. Elle a
jugé que la dotation de solidarité rurale (DSR) bourg centre
pourrait connaître une évolution insuffisamment satisfaisante et
que les articles 24 et 25 proposaient dès lors deux abondements
exceptionnels permettant d'atteindre un objectif de progression de 5 % en
2002. Elle a enfin évoqué la procédure visant à
régler définitivement un contentieux ancien, communément
baptisé du nom de la commune de Pantin, et lié aux compensations
d'abattement de taxe professionnelle sur les rôles
supplémentaires. Elle a souligné que 133 millions d'euros
seraient mobilisés dès 2002 au sein d'une enveloppe globale de
300 millions d'euros sur 4 ans.
M. Philippe Marini, rapporteur général, a posé plusieurs
questions à Mme Florence Parly, secrétaire d'État au
budget. Il lui a tout d'abord demandé de justifier la prévision
de croissance du produit intérieur brut (PIB) retenue dans le projet de
loi de finances pour 2002. Il s'est ensuite interrogé sur la
possibilité de parvenir à un équilibre des comptes publics
en l'an 2004. Abordant la question des recettes, il a demandé à
Mme Florence Parly si elle était certaine que les moins-values de
recettes fiscales en l'an 2001 seraient bien de 25 milliards de francs,
conformément aux estimations indiquées par le gouvernement, et
quelle était la part, dans l'augmentation des recettes non fiscales
prévues pour l'année 2002, de chacune des entreprises publiques
mises à contribution. Il a ensuite souligné que si les
créations nettes d'emplois indiquées par le projet de loi de
finances pour 2002 s'élevaient à 16.000, il fallait y ajouter
30.000 emplois, correspondant à des réintégrations,
régularisations et remises en ordre, et a interrogé Mme Florence
Parly sur l'existence d'éventuelles prévisions à moyen
terme au sujet de ces dernières. Enfin, il a souligné que
l'augmentation de la dotation globale de fonctionnement ne devait pas faire
oublier l'alourdissement des charges des collectivités locales.
En réponse, Mme Florence Parly, secrétaire d'État au
budget, a estimé que, contrairement aux conjoncturistes
indépendants, le Gouvernement se devait d'être volontaire dans ses
prévisions, compte tenu de sa capacité à agir sur la
situation économique. Elle a indiqué que la prochaine
programmation pluriannuelle des finances publiques serait
présentée au Parlement avant la fin de l'année 2001. Elle
a affirmé que la prévision de moins-values fiscales de 25
milliards de francs en 2001 était toujours valable, mais qu'elle
présentait une marge d'incertitude non négligeable. Elle a
considéré que les prélèvements non fiscaux que le
projet de loi de finances pour 2002 envisageait d'effectuer sur certaines
entreprises publiques étaient conformes aux contrats conclus avec ces
dernières, et a indiqué que, pour l'année 2002, les
dividendes prévisionnels d'Electricité de France (EDF)
s'élevaient à 1,219 milliard d'euros. Elle a estimé que le
coût de la réduction du temps de travail dans le secteur
privé était difficile à calculer, compte tenu de la
nécessité de prendre en compte l'impact sur les finances
publiques de la réduction du nombre de chômeurs en
résultant. Elle a jugé que ce coût était faible dans
la fonction publique, et a souligné qu'il n'y aurait pas de
créations d'emplois supplémentaires dans la fonction publique du
fait du passage aux 35 heures. Elle a considéré que les
30.000 nouveaux emplois dans la fonction publique indiqués par M.
Philippe Marini, rapporteur général, correspondaient à des
chiffres d'emplois budgétaires mais que 16.000 seulement de ces
créations correspondaient à des effectifs réellement
nouveaux. Enfin, mentionnant le développement de
l'intercommunalité, elle a estimé que la politique menée
depuis 1997 vis-à-vis des collectivités locales avait
été à la hauteur des enjeux.
M. Alain Lambert, président, a souligné l'ampleur des
augmentations des charges pesant sur les collectivités locales. Il a
déploré la divergence des estimations, par différentes
administrations publiques, de l'impact sur l'emploi de la réduction du
temps de travail.
Un large débat s'est ouvert.
M. François Trucy a estimé que les crédits du
ministère de la défense étaient insuffisants.
M. Roland du Luart a demandé à Mme Florence Parly,
secrétaire d'État au budget, quelle proportion du personnel
enseignant n'exerçait pas de fonction d'enseignement. Il a
regretté que les postes budgétaires actuels ne soient pas tous
pourvus dans le cas des magistrats, et a interrogé Mme Florence Parly
sur l'intention du Gouvernement de respecter, pour l'année 2001,
certaines des règles de transparence que la législation actuelle
prévoit en matière de fonds spéciaux.
M. Michel Charasse a souligné l'ampleur de l'augmentation des charges
des collectivités locales et le coût de l'intercommunalité.
Abordant la question des fonds spéciaux, il a estimé que le
Parlement se devait de jouer un rôle exemplaire en matière de
transparence des rémunérations.
M. Jacques Oudin a demandé à Mme Florence Parly,
secrétaire d'État au budget, quelles étaient ses
propositions afin de favoriser le développement du transport ferroviaire
et de réduire sa dette.
M. Éric Doligé a souhaité savoir si les dispositions
prévues par le projet de loi de finances pour 2002 au sujet des
attributions du FCTVA relatives aux investissements visant à
réparer les dommages causés par les tempêtes de 1999
s'appliquaient également dans le cas des inondations. Il a
exprimé son doute quant à la possibilité de réduire
le temps de travail dans la fonction publique sans accroître les
effectifs en conséquence, et demandé à la ministre quelle
était sa position sur la question du troisième aéroport.
M. Yann Gaillard s'est interrogé sur les raisons pour lesquelles le
gouvernement avait retenu une prévision de croissance selon lui
optimiste, et a souhaité savoir si les services de MmeFlorence Parly
avaient évalué l'impact qu'une croissance plus faible que
prévue aurait sur les finances publiques.
En réponse, Mme Florence Parly, secrétaire d'État au
budget, a déclaré que le gouvernement n'était pas en
mesure d'évaluer l'impact sur la croissance des attentats commis le 11
septembre 2001 aux Etats-Unis. Elle a estimé que l'augmentation des
charges des collectivités locales était justifiée,
précisant par ailleurs qu'elles étaient en grande partie
décidées dans le cadre de l'Union européenne. Elle a
souligné que l'actuelle loi de programmation militaire avait
été exécutée à un taux plus
élevé que les lois de programmation antérieures. Elle a
déclaré que le Gouvernement avait eu depuis 1997 le souci
constant d'accroître la proportion d'enseignants effectivement
chargés de fonctions d'enseignement, et a rappelé que le
gouvernement avait pris des engagements en matière d'augmentation du
nombre de magistrats. Elle a reconnu qu'aucun gouvernement n'avait
respecté certaines des principales obligations de transparences
imposées par l'actuelle législation relative aux fonds
spéciaux, et a indiqué que M. François Logerot, Premier
président de la Cour des comptes, devait prochainement remettre au
Premier ministre une note relative à la réforme du contrôle
de ces fonds. Elle a considéré que le question du coût de
l'intercommunalité méritait d'être posée, et qu'une
étude à ce sujet pourrait être utile. Elle a
estimé que le développement du transport ferroviaire, en
particulier de marchandises, était favorisé par la politique
menée par le gouvernement en ce domaine. Elle a indiqué que la
prorogation d'une année de la période au cours de laquelle les
investissements visant à réparer les dommages causés par
les tempêtes de 1999 pourraient faire l'objet d'attributions du FCTVA ne
concernait pas le cas des inondations. Elle a estimé ne pas pouvoir se
prononcer sur la question du troisième aéroport, le Gouvernement
n'ayant pris aucune décision en la matière.
1
Le pessimisme de Rexecode pour
l'année
2002 s'expliquant par la prévision d'un recul
(- 0,3 %) de
l'investissement des entreprises.
2
Réponse au questionnaire adressé au gouvernement par
votre commission des finances dans le cadre de l'examen du présent
projet de loi de finances.
3
« Une évaluation de l'orientation conjoncturelle
des finances publiques en France depuis les années
quatre-vingt », Bulletin de la Banque de France, n° 80,
août 2000.
4
Une politique contracyclique est une politique qui atténue
le cycle économique (par exemple par des mesures d'allégements
fiscaux dans une période de croissance faible). Une politique
procyclique accentue le cycle économique (par exemple par des mesures
d'allégements fiscaux dans une période de croissance forte).
5
A structure constante cette progression est de 1,95 %, les
changements de périmètres opérés en 2002 portant
sur 99,3 millions d'euros de dépenses des budgets civils.
6
Loi de finances rectificative n° 2000-656 du
13 juillet 2000.
7
Loi de finances rectificative n° 2000-1353 du
30 décembre 2000
8
Ce taux a été révisé à la
baisse dans le rapport économique, social et financier pour 2002 :
le solde conjoncturel ne serait plus selon le gouvernement que de 0 % en 2002
comme en 2001, attestant ainsi indirectement de la dégradation de la
conjoncture par rapport aux prévisions initiales.
9
Le solde primaire correspond à la différence entre
les recettes et les dépenses (hors prise en compte de la charge de la
dette sous forme d'intérêts). Lorsque ce solde devient
excédentaire, cela signifie que l'Etat n'emprunte plus pour financer les
intérêts de sa dette.
10
La part de l'Etat dans la dette brute des administrations
publiques est prépondérante et s'accroît : elle
représente 79,3 % en 2000 contre 73,6 % en 1995.
11
La dette de l'Etat se décompose en deux principales
rubriques : la dette négociable à long terme (OAT, emprunts
d'Etat) ou à court terme (BTAN et BTF) et la dette non négociable
(bons du Trésor et emprunts anciens).
12
L'objectif fixé est le retour à l'équilibre
des comptes publics d'ici 2004.
13
Ministère de l'économie, des finances et de
l'industrie.
14
Le rapport de notre collègue Philippe Adnot sur l'ADEME
montre parfaitement que cette progression est essentiellement un affichage
politique (« ADEME : la grande illusion », rapport
n° 236 ; 2000-2001).
15
Cette méthode ne peut être indéfiniment
prolongée. Votre commission souhaite vivement à cet égard
que la recapitalisation du GIAT, annoncée pour le collectif de fin
d'année à hauteur de 4 milliards de francs environ, ne se
fasse pas au prix d'un nouveau prélèvement sur les crédits
d'équipement militaire.
16
Cette hypothèse est cohérente avec les chiffres
avancés par le chef d'Etat-major des armées et le
délégué général pour l'armement, qui
évaluent à 10,4 milliards d'euros l'insuffisance cumulée
des crédits d'équipement fin 2001 : cf. audition du
Général Jean-Pierre Kelche, chef d'Etat-major des armées
(Commission de la défense et des forces armées de
l'Assemblée nationale - 2 octobre 2001), cf. audition de
M. Yves Gleizes, délégué général pour
l'armement (ibid - 18 octobre 2001).
17
Source : jaunes annexés aux projets de loi de
finances 1998 et 2002 (état récapitulatif des crédits
concourant à la coopération avec les Etats en voie de
développement).
18
L'ancien ministre de l'économie, des finances et de
l'industrie, M. Christian Sautter, avait par exemple affirmé, devant la
commission des finances de l'Assemblée nationale, qu' « il
existe un risque d'hypertrophie de certaines administrations centrales que le
gouvernement entend corriger ».
19
Il convient bien de préciser qu'il s'agit de
créations nettes d'emplois, intervenant en dehors du remplacement des
60.000 fonctionnaires qui partiront à la retraite en 2002.
20
Encore ces chiffres n'incluent-ils pas les dépenses de
personnel des établissements publics subventionnés par l'Etat.
21
Les données pour 2001 et 2002 ne sont pas encore
disponibles.
22
Enfin, environ 4,3 millions de personnes voient leur
pension directement indexée sur la rémunération des
fonctionnaires : 1,81 million de personnes bénéficiant
d'une pension civile ou militaire de retraite et
587.000 bénéficiaires d'une pension versée par la
CNRACL, 1,39 million de bénéficiaires du régime
de retraite complémentaire IRCANTEC ainsi que 500.000 personnes
ayant droit à une pension d'invalidité.
23
Il s'agit de l'éducation nationale (enseignement scolaire
et supérieur), de l'économie et des finances, de
l'intérieur, et de l'équipement, des transports et du logement.
24
Les dernières informations relatives à
l'exécution de la loi de finances initiale de 2001 laissent
présager une accentuation de cette tendance. Au 30 septembre 2001,
les rémunérations, pensions et charges sociales
s'établissaient à 68,48 milliards d'euros
(449,2 milliards de francs), contre 66,85 milliards d'euros
(438,5 milliards de francs) à la même date de 2000, et
à 64,78 milliards d'euros (424,9 milliards de francs) en 1999.
En un an, ces dépenses ont augmenté de 2,4 %.
25
Il présentait notamment un compte simplifié du
régime vieillesse des fonctionnaires de l'Etat, c'est-à-dire ce
que serait l'équilibre emplois-ressources du régime des
fonctionnaires de l'Etat si ce dernier existait en tant que tel. Ce compte
simplifié montrait que, de 1998 à 2001, la charge
budgétaire des pensions de la fonction publique s'est accrue de
près de 3,17 milliards d'euros (20,8 milliards de francs), soit une
progression de 12 % en quatre ans. Or, l'Etat supporte l'essentiel de ce
coût : 71,5 % en 2001. Sur cette même période, les
cotisations salariales n'augmentent que de 4,5 %, tandis que le
contribution de l'Etat hors compensation progresse de 15,3 %.
26
Décret n° 2000-815 du 25 août 2000, paru au
Journal Officiel du 29 août 2000.
27
Il convient toutefois de noter que ce chapitre budgétaire
fait traditionnellement l'objet d'une importante surdotation, puis d'une
régulation non moins importante en cours d'exercice. Ainsi, la Cour des
comptes, dans son rapport sur l'exécution des lois de finances pour
2000, note que « les dépenses nettes ont été
inférieures de plus de 610 millions d'euros (4 milliards de francs)
aux crédits ouverts en LFI 2000 ». L'année 2001 ne fait
pas exception à la règle, puisque, jusqu'à présent,
environ 230 millions d'euros n'ont pas été consommés.
28
Dans son rapport sur l'exécution des lois de finances pour
2002, la Cour des comptes note que « il avait été
prévu en 1997 que 350.000 emplois à temps plein serait
créés d'ici 2002. Selon la direction du budget, ce chiffre n'est
plus considéré comme un objectif de postes à créer
mais de jeunes à faire transiter par le dispositif ».
29
Communiqué de presse du ministère de
l'économie, des finances et de l'industrie,
jeudi 22 mars 2001, « Perspectives de
l'économie française en 2001 et 2002 ».
30
Exposé des motifs du projet de loi portant diverses
dispositions d'ordre social, éducatif et culturel (DDOSEC).
31
Hors transfert d'une fraction supplémentaire de la taxe
sur les conventions d'assurance pour 0,76 milliard d'euros. La progression
des recettes fiscales nettes après transfert est ramenée à
2,2 %.
32
De fait, l'augmentation des recettes non fiscales
(+ 5,8 milliards d'euros) en 2002 compense presque exactement les
aménagements de droits issus du présent projet de loi de finances
et des textes antérieurs.
33
Réponse citée par notre collègue
député Didier Migaud, rapporteur général du budget
à l'Assemblée nationale, dans son rapport général
n° 3320 sur le projet de loi de finances pour 2002 - tome 1, volume 2
- pages 166-167.
34
Le tome I du fascicule « voies et moyens »
parle simplement d'un gain « structurel » de
0,7 milliard d'euros permis par la prise en charge par d'autres supports
que les fonds d'épargne des bonifications d'intérêts de
prêts octroyés en dessous du coût de la ressource. Il ne
fait pas mention du 1 % logement.
35
« Mondialisation : réagir ou subir ?
La France face à l'expatriation des compétences, des capitaux et
des entreprises ». Rapport d'information n° 386 (2000-2001).
36
Tels qu'ils figurent dans le rapport économique, social et
financier pour 2002.
37
Ex-aequo avec le Portugal.
38
La hausse du produit de la CSG prévue entre 2002 et 2001
serait de 3 % pour une croissance du PIB de 2,5 %, soit un rapport de
1,2.
39
Article 19 du projet de loi de finances pour 2002 et I de
l'article 6 du projet de loi de financement de la sécurité
sociale pour 2002.
40
I de l'article 6 du projet de loi de financement de la
sécurité sociale et article à venir du futur projet de loi
de finances rectificative pour 2001.
41
Article 17 du projet de loi de finances, chiffres compris dans
les prévisions de recettes du projet de loi de financement de la
sécurité sociale pour 2002.
42
II de l'article 17 bis du projet de loi de finances pour 2002,
adopté par l'Assemblée nationale en première lecture.
43
Cette dernière étape est prévue par
l'article 57 du projet de loi de finances pour 2002.
44
Second alinéa de l'article 2.
45
1° de l'article 51.
46
Article 52.
47
Le montant des compensations d'exonérations fiscales
serait encore plus élevé si la dotation de compensation de la
taxe professionnelle (DCTP) n'était pas la variable d'ajustement de
l'enveloppe normée, ce qui provoque une réduction annuelle de son
montant (-6,5 milliards de francs depuis 1998).
48
Sur l'ensemble de ces questions, on se reportera très
utilement au rapport « L'évolution de la dette publique en
France entre 1980 et 1997. Les leçons d'une
dérive » n° 413 (1998-1999).
49
Adopté à l'initiative de votre commission,
l'article 117 de la loi de finances pour 1999 prévoit ainsi que le
« jaune » budgétaire relatif à
l'évolution des traitements dans la fonction publique doit
désormais comporter des développements substantiels sur les
retraites publiques.
50
Soit entre 595 milliards d'euros et 685 milliards d'euros.
51
Communication du 27 juin 2001 au Conseil et au Parlement
européen sur « les finances publiques dans l'UEM -
2001 ».
52
Etude sur « La fiscalité en Europe »
commandée à l'OFCE et à « l'Institute for fiscal
studies » ; avril 1990.
53 « Mondialisation : réagir ou subir ? La France face à l'expatriation des compétences, des capitaux et des entreprises », rapport d'information n° 386 (2000-2001).
54
« La taxe sur les salaires ou comment
s'en
débarrasser », par le président Alain Lambert au nom de
la commission des finances, rapport n° 8 (2001-2002).
55
Sur cette question, on se reportera très utilement au
rapport de notre collègue Gérard Braun sur la réforme de
l'Etat à l'étranger n° 348 (2000-2001).
56
Glissement vieillesse-technicité.
57
Selon les services de la Banque centrale du Portugal, si les
fonctionnaires ne représentent que 14,8 % de la population active
contre une moyenne de 17 % dans l'OCDE, leur niveau de
rémunération serait, en valeur relative, le plus
élevé de l'OCDE.
58
En 2001, la structure du budget espagnol est la suivante :
15,6 % de dépenses de personnel ; 15,8 % de charges
d'intérêt ; 12,3 % d'investissement public et
54,3 % de transferts courants.
59
« Pour une république territoriale -
l'unité dans la diversité », Jean-Paul Delevoye,
président, Michel Mercier, rapporteur, n° 447, 1999-2000.
60
« Refonder l'action publique locale »,
rapport remis le 17 octobre 2000 au Premier ministre Lionel Jospin par Pierre
Mauroy, président de la commission.
61
Par exemple, la progression totale de la DGF est
inférieure au coût pour les collectivités locales de
l'accord salarial dans la fonction publique du 10 février
1998.