II. VERS UNE NOUVELLE GESTION PUBLIQUE ?
La loi organique du 1 er août 2001 relative aux lois de finances pose l'exigence d'une nouvelle gestion publique. Le ministère de l'économie et des finances, en tant que maître d'oeuvre de la réforme, se doit d'être exemplaire.
A. LE CALENDRIER ET LES MODALITÉS DE LA NOUVELLE GESTION PUBLIQUE
La loi
organique du 1
er
août 2001 dispose en ses articles 7 et
51 :
Article 7 :
« Un programme regroupe les crédits destinés à
mettre en oeuvre une action ou un ensemble cohérent d'actions relevant
d'un même ministère et auquel sont associés des objectifs
précis, définis en fonction de finalités
d'intérêt général, ainsi que des résultats
attendus et faisant l'objet d'une évaluation ».
Article 51 :
Le « projet annuel de performances de chaque programme » joint au
projet de loi de finances de l'année, précise notamment « la
présentation des actions, des coûts associés, des objectifs
poursuivis, des résultats obtenus et attendus pour les années
à venir mesurés au moyen d'indicateurs précis dont le
choix est justifié ».
Ces articles seront pleinement applicables au plus tard pour le projet de loi
de finances 2006. Ils permettront de rendre plus lisible les politiques de
l'Etat et de mieux les évaluer.
Ils auront une influence
déterminante sur la présentation des documents budgétaires.
Le découpage du budget en programmes devra faire émerger les
finalités des politiques poursuivies. Ces programmes devront
également être structurés en fonction des acteurs, afin que
ceux-ci soient davantage responsabilisés et qu'ils puissent
bénéficier de la fongibilité des crédits
associée au nouveau dispositif.
Cette structuration par
finalités et par acteurs demandera des compromis. En effet, le cas le
plus simple se présentera quand un acteur unique recouvrira le champ
d'une politique publique. Quand les deux ne coïncideront pas, soit parce
que plusieurs acteurs concourent à la même politique, soit parce
qu'une structure administrative participe à plusieurs actions, la
présentation par programme devra arbitrer entre les deux logiques,
acteur ou finalité, à moins qu'elle induise des réformes
de structure, ce que votre rapporteur spécial considère comme
souhaitable.
S'agissant des objectifs et des indicateurs de performance, trois axes doivent
être dégagés :
-l'efficacité socio-économique
-la qualité du service rendu aux usagers
-l'efficacité de la gestion
Votre rapporteur spécial insiste tout particulièrement pour que
ces indicateurs soient
lisibles
.
B. UNE PRISE EN COMPTE PARTIELLE DE LA NOUVELLE GESTION PUBLIQUE DANS LA PRÉSENTATION BUDGÉTAIRE POUR 2002
Le fascicule budgétaire pour 2002 s'efforce d'ores et déjà, imparfaitement, mais de manière anticipée, de prendre en compte un certain nombre de dispositions prévues par la loi organique. Cet exercice paraît judicieux, dans son principe, à votre rapporteur spécial.
1. Un manque de réflexion véritable sur les programmes
Le
budget du ministère de l'économie et des finances est tout
aujourd'hui sauf un budget de missions et de programme. Il reflète un
organigramme qui accorde une position privilégiée aux directions
traditionnelles et occulte les directions nouvellement créées ou
rattachées.
Il ne permet pas, surtout, de discerner ce qui fonde les missions du
ministère. La plupart des agrégats sont aujourd'hui
créés sur une base organique.
Les intitulés de certains, s'ils paraissent plus fonctionnels, posent
également des problèmes de cohérence. Votre rapporteur
spécial ne peut distinguer entre « relations
économiques extérieures » (agrégat 16) et
« action internationale » (agrégat 26), entre
« action sur l'environnement et le développement de la
compétitivité des entreprises (agrégat 23)» et
« action économique » (agrégat 27). Ces
agrégats, malgré leurs intitulés, recouvrent non pas un
programme mais une direction particulière du ministère.
2. Un travail réel, mais imparfait, sur les objectifs et les indicateurs
Votre
rapporteur spécial se félicite de l'effort fourni pour mettre en
place à chaque agrégat un certain nombre d'objectifs et
d'indicateurs pour les mesurer.
Les résultats sont à nuancer.
Votre rapporteur spécial a pu constater une grande
hétérogénéité dans les objectifs, certains
exclusivement quantitatifs (nombre de rapports sur l'accès au
marché, agrégat 16), d'autres plus qualitatifs (taux de respect
spontané des échéances déclaratives en
matière d'impôt sur le revenu, agrégat 13), d'autres
inexistants (agrégat 27). Certains indicateurs s'avèrent peu
pertinents (frais de déplacement : coût moyen par agent,
agrégat 17). D'autres indicateurs ne font pas figurer les objectifs pour
les années à venir, mais mesurent seulement la réalisation
des objectifs pour les années passées et n'effectuent aucune
prévision (nombre d'article publiés, agrégat 15). Quelques
indicateurs affichent des objectifs en baisse pour les années à
venir (part des cycles homologués au sein de l'offre globale de
formation, agrégat 25).
Enfin, votre rapporteur spécial souligne que les services
chargés du recouvrement de l'impôt n'ont pas retenu les
mêmes indicateurs de performance.
Il considère que la
lisibilité des missions du ministère ne pourra être obtenue
qu'au prix d'une grande rigueur. Il remarque que la nouvelle gestion
budgétaire ne doit pas être une « nouvelle gestion de
papier », promue uniquement dans les documents de présentation
budgétaire, mais qu'elle doit induire des réformes de structure.
Votre rapporteur spécial voit mal comment la création au sein du
budget du ministère d'une mission « recouvrement de
l'impôt » pourrait s'accommoder de la persistance de deux
structure dédiées à cette mission.
C. PRÉPARER LA NOUVELLE GESTION PUBLIQUE PAR DES CONTRATS-OBJECTIFS MOYENS
Votre
rapporteur spécial constate que les directions qui réussissent le
mieux l'exercice de présentation de leurs crédits en fonction
d'un certain nombre d'indicateurs de performance sont celles qui ont
signé des contrats d'objectifs-moyens
: direction
générale des impôts et direction des relations
économiques extérieures.
Votre rapporteur spécial insiste particulièrement sur les
réalisations de la direction générale des impôts car
elle est au coeur du ministère et pourrait, compte tenu de l'avance
qu'elle a prise, constituer le pivot de la réforme du service public de
l'impôt.
Dans son contrat d'objectifs et de moyens actualisé pour 2001 et 2002,
la direction générale des impôts a, en effet,
formalisé, en échange d'une souplesse budgétaire accrue,
un certain nombre d`objectifs qui paraissent correspondre aux exigences de la
loi organique du 1
er
août 2001. Ce contrat pose comme principe
fondamental que la direction générale des impôts promeut le
civisme fiscal, c'est à dire l'accomplissement volontaire de leurs
obligations fiscales par les contribuables
. Les indicateurs chiffrés
de cette action en faveur du civisme fiscal figurent ci-dessous :
Sur le contrôle fiscal, la direction générale des impôts a fixé les indicateurs suivants :
Indicateur |
Taux de contrôle des dossiers à forts enjeux sur trois ans |
1998 |
Non défini |
1999 |
Non défini |
2002 |
100 % |
Indicateur |
Taux net de recouvrement DGI en N+2 des droits et pénalités suite à contrôle fiscal |
1998 |
59,5 % |
1999 |
60,5 % |
2002 |
63,5 % |
Indicateur |
Part des opérations présentant un caractère répressif |
1998 |
Non défini |
1999 |
13,8 % |
2002 |
16 % |
Les
autres directions chargées du recouvrement de l'impôt, direction
générale de la comptabilité publique et direction
générale des douanes et des droits indirects ne disposent pas
encore d'un contrat objectifs-moyens
. Ces directions indiquent y travailler
mais le contrat de la direction générale des douanes et des
droits indirects ne devrait être opérationnel que pour la
période 2003-2005.
Votre rapporteur spécial suggère que, de plus, les trois
directions du service public de l'impôt se coordonnent pour choisir,
quand cela est possible, des objectifs et indicateurs communs.